mardi 11 juillet 2017

Crise dans les Balkans

L’Europe va-t-elle perdre les Balkans ? (01/07/2017)
Massacre de Srebrenica : une «claque juridique pour l’Etat néerlandais» (29/06/2017)

L’Europe va-t-elle perdre les Balkans ? (01/07/2017)
Miljenko Jergović, écrivain croate de Bosnie, met en garde contre un nouveau conflit et invite l’Union européenne à se réengager.

LE MONDE | 01.07.2017 à 13h00 • Mis à jour le 01.07.2017 à 14h37 | Par Miljenko Jergovic, Ecrivain croate de Bosnie et (L'intégralité de ce texte est parue dans la revue New Eastern Europe) (Dernier ouvrage traduit en ...

Lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a marié sa fille, au mois de mai 2016, on a pu remarquer dans l’assistance trois invités étrangers dont la présence était révélatrice : les premiers ministres albanais et pakistanais, Edi Rama et Nawaz Sharif, et le représentant de la communauté bosniaque au sein du gouvernement collégial de Bosnie-Herzégovine, Bakir Izetbegovic.

Sharif soutient sans réserve Erdogan dans sa volonté de se positionner comme le dirigeant mondial des musulmans, un calife moderne qui allierait l’autorité d’un président américain avec celle d’un pape romain. Rama, lui, a une vision du monde très éloignée et une compréhension de la démocratie parlementaire très différente de celle du président turc.

Sharif et Rama ont cependant des intérêts pragmatiques communs. La Turquie tient absolument à se présenter comme le protecteur de l’Albanie dans les Balkans – ce dont le premier ministre albanais ne perd pas une occasion de tirer profit. Et Erdogan lui-même rappelle souvent que le père d’Izetbegovic, Alija Izetbegovic, a déclaré sur son lit de mort qu’il plaçait la Bosnie-Herzégovine sous la tutelle de la Turquie.

Ce legs est un fréquent sujet de conversation à Sarajevo, même si ces discussions négligent trop souvent le fait que la Bosnie-Herzégovine est un pays composé de trois ethnies et trois religions, et qu’il serait difficile de trouver, parmi les deux autres ethnies, une seule personne qui accepterait la Turquie comme ange gardien.

Retour de l’influence russe
Recep Tayyip Erdogan est de loin le politicien le plus populaire chez les Bosniaques. Ce qui ne froisse apparemment pas Izetbegovic. Au contraire, la popularité du président turc renforce la position d’Izetbegovic et fournit aux Bosniaques un puissant appui moral dans leurs querelles avec leurs voisins serbes et croates. Les Bosniaques se sentent protégés par la faveur que leur témoigne le « sultan du Bosphore » et sont prêts à le suivre avec le même...



Massacre de Srebrenica : une «claque juridique pour l’Etat néerlandais» (29/06/2017)
Par Charles Delouche — 29 juin 2017 à 13:17
Le 10 juillet 1995, l'un des postes tenus par le bataillon néerlandais dans l'enclave de Srebrenica.
Le 10 juillet 1995, l'un des postes tenus par le bataillon néerlandais dans l'enclave de Srebrenica. Photo Peter van Bastelaar. AFP 
Les Pays-Bas devront payer une compensation financière aux familles des victimes du massacre de Srebrenica. Le rôle obscur joué par l'ONU pendant la guerre de Bosnie et le génocide des 8 000 musulmans est pointé du doigt par cette décision de la cour d'appel de La Haye.

  Massacre de Srebrenica : une «claque juridique pour l’Etat néerlandais»
Il aura donc fallu attendre plus de vingt ans. La cour d’appel de La Haye a confirmé mardi la responsabilité partielle des Pays-Bas dans la mort de 350 musulmans lors de la guerre de Bosnie. Ils avaient été expulsés d’une base néerlandaise en 1995 dans le secteur de Srebrenica, dans l’est de la Bosnie-Herzégovine. Livrés à eux-mêmes, ils sont immédiatement abattus par les forces serbes. «La cour juge que l’Etat néerlandais a agi illégalement et condamne l’Etat à verser une compensation partielle aux familles des victimes, a déclaré la juge Gepke Dulek. Les Casques bleus ont facilité la séparation des hommes et des garçons musulmans, tout en sachant qu’il y avait un risque réel qu’ils subissent un traitement inhumain, ou qu’ils soient exécutés par les Serbes de Bosnie.»

Toutefois, les Pays-Bas ne verseront que 30% des dommages et intérêts réclamés par les familles des victimes, la cour ayant jugé qu’il n’était pas certain que les victimes auraient évité la mort si elles étaient restées dans l’enclave. Ce qui n’a pas satisfait les familles des victimes présentes au moment de l’annonce. Au micro de Radio Free Europe, Marina Subasic, de l’association Les Mères de Srebrenica, s’est emportée contre un «verdict discriminatoire», tout en soulignant que néanmoins une «forme de responsabilité avait été établie». L’avocat des familles a défini cette décision comme une «claque juridique pour l’Etat néerlandais», rappelant au passage que ses clients réclamaient une compensation de 22 000 euros chacun. Jacques Rupnik, politologue et spécialiste des problématiques de l’Europe centrale et orientale, rappelle que «le verdict ne se prononce pas sur l’ensemble des responsables du génocide, mais bien sûr cet aspect particulier qui concerne les Pays-Bas.»

Une page noire de l’Histoire des Pays Bas et de l’ONU
Cette décision de la cour d’appel lève un peu le voile sur l’une des pages les plus sombres de l’histoire des Pays-Bas, de l’ONU et de la guerre de Bosnie, qui s’est déroulée de 1992 à 1995. Après le démantèlement de la Yougoslavie et la prise sous contrôle de la majeure partie de la Bosnie orientale par les forces serbes du général Mladic, une campagne de nettoyage ethnique est lancée contre les Bosniaques musulmans de la région.

Srebrenica, petite bourgade de 5 000 habitants, perchée sur les collines de la Bosnie orientale et ancienne station thermale, fait figure de bastion pour les populations persécutées. Pas moins de 40 000 Bosniaques musulmans des régions alentour se réfugient derrière les murs de la ville, encerclés par les forces serbes. Si bien que dès 1993, Srebrenica est décrétée «zone protégée» par le Conseil de sécurité de l’ONU.

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Environ 600 Casques bleus néerlandais de la Force de protection des Nations unies (Forpronu) sont déployés pour protéger la ville et les réfugiés musulmans. Mais les moyens militaires mis en œuvre ne sont pas assez importants pour éviter le massacre. Le problème de la gestion de Srebrenica ne relève pas uniquement de la responsabilité des Néerlandais. «C’est l’ensemble du dispositif de l’ONU de "zone sécurisé", à l’époque de Kofi Annan, qui était mauvais. Certains responsables politiques et militaires voulaient par-dessus tout éviter un affrontement avec les Serbes. Alors à force de faire des concessions, on a involontairement créé les conditions qui ont permis le massacre, explique Rupnik.


A l’issue de la décision de la cour d’appel de La Haye, plus de 200 anciens Casques bleus néerlandais ont demandé des dommages et intérêts au gouvernement. Ils mettent en avant «une mission irréaliste, dans des circonstances impossibles», selon les mots prononcés l’année dernière par Jeanine Hennis-Plasschaert, la ministre de la Défense. «Eux-mêmes étaient menacés et craignaient pour leur vie. Ils étaient vulnérables, déclare Rupnik. Mais la responsabilité du massacre ne leur revient pas. Ce sont les Serbes et le général Mladic qui ont commis le génocide. Pas les soldats néerlandais.»



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