mercredi 6 septembre 2017

Actualité islamisme et politique 06.09.2017

Deux hommes interpellés à Villejuif lors d'une opération antiterroriste (06.09.2017)

  • Par   Le figaro.fr  AFP, Reuters Agences 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 18:12 
  • Publié le 06/09/2017 à 15:53
Leur arrestation intervient après la découverte, dans un appartement, de composants pouvant entrer dans la fabrication d'explosifs. Une enquête a été ouverte pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle».


Une opération antiterroriste a été menée à Villejuif (Val-de-Marne), ce mercredi, au cours de laquelle deux hommes ont été arrêtés. Ces deux arrestations ont eu lieu après que les démineurs de la préfecture de police ont découvert des composants pouvant entrer dans la fabrication d'explosifs, dans un appartement.

La police a été appelée peu après 11 heures, mercredi, «par un homme qui travaillait dans l'immeuble pour signaler des produits suspects dans un appartement» de cette banlieue au sud de Paris, selon la préfecture de police de Paris. D'après BFMTV et Le Parisien , il s'agit d'un plombier qui intervenait pour une fuite d'eau. L'appartement était alors vide de tout occupant.

Parmi les éléments découverts par les démineurs figurent notamment des bonbonnes de gaz, du fil électrique et des ingrédients entrant dans la composition du TATP, un explosif artisanal instable, souvent utilisé par Daech lors de ses attentats. Des feuillets en langue arabe ont également été retrouvés. Les démineurs du laboratoire central de la préfecture de police de Paris étaient toujours en cours d'intervention en milieu d'après-midi, mercredi.

Des photos présentées comme étant celles de l'intérieur de l'appartement ont été diffusées par LCI. On y voit des ustensiles servant à mélanger différents produits chimiques.

Un périmètre de sécurité a été mis en place autour de l'immeuble et la mairie de Villejuif a invité les habitants à éviter le quartier. La station de métro Kremlin-Bicêtre a par ailleurs été fermée.

L'un des deux hommes est le propriétaire du logement

Les deux hommes, âgés de 36 et 47 ans, ont été interpellés en début d'après-midi au Kremlin-Bicêtre, une commune voisine de Villejuif. L'un des deux hommes interpellés est le propriétaire du logement. Inconnus des services de police, ils ont été placés en garde à vue.

La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête, confiée à la brigade criminelle parisienne (SAT) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle, détention, transport et fabrication de substances explosives en relation avec une entreprise terroriste et en bande organisée», selon une source judiciaire.

Gérard Collomb salue un «réflexe citoyen»

Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a salué «le réflexe citoyen de l'artisan qui a permis» une information rapide des forces de l'ordre. Adressant «sa gratitude» aux policiers qui ont permis l'interpellation des deux hommes, il a souligné leur «réactivité» ainsi que celle des démineurs.

Le maire de Villejuif, Franck Le Bohellec (LR), qui s'est rendu sur place, a affirmé à la presse qu'il était «essentiel de mettre en sécurité le quartier et les habitants. «Le périmètre restera en place tant que la lumière ne sera pas totalement faite», a-t-il ajouté.

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Rohingyas : Aung San Suu Kyi dénonce la désinformation des «terroristes» (06.09.2017)

  • Par  Fanny Laurent 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 17:54 
  • Publié le 06/09/2017 à 16:56
VIDÉO - La prix Nobel de la paix birmane a accusé mercredi des «terroristes» de diffuser massivement de la désinformation concernant les exactions commises par l'armée et les milices bouddhistes contre la minorité musulmane.

Dans un entretien téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan mercredi , la chef du régime birman a dénoncé «l'iceberg de désinformation»donnant selon elle une vision trompeuse de la crise des musulmans rohingyas. D'après elle, cette désinformation ambiante vise à «créer un tas de problèmes entre différents pays dans le but de promouvoir les intérêts des terroristes». C'est le premier commentaire officiel de la dirigeante, prix Nobel de la paix, depuis le début des troubles fin août.

Ses détracteurs ne manqueront pas de dénoncer l'escalade verbale d'Aung San Suu Kyi et son manque de sensibilité quant au sort des Rohingyas. La prix Nobel de la Paix ne mentionne pas la situation actuelle de la minorité musulmane dans l'État d'Arakan (Rakhine), dans l'ouest du pays. Ils sont des dizaines de milliers à fuir les affrontements violents qui se déroulent dans cette zone pour rejoindre le Bangladesh voisin. Leur nombre atteint désormais environ 146.000 d'après l'ONU dans la région de Cox's Bazar au Bangladesh, pour un total de 233.000 arrivants depuis le début des troubles au mois d'octobre. Certains tentent de traverser la rivière Naf, frontière entre la Birmanie et le Bangladesh mais sont abattus par les soldats birmans.

«Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans rohingyas de Birmanie»
Malala Yousafza , prix Nobel de la paix 2014

Le sort de ces réfugiés, souvent démunis de tout, inquiète fortement les responsables des Nations unies sur place. À New York mardi, le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a - fait rare - écrit au Coneil de sécurité, exprimant la crainte que la situation ne débouche sur «une catastrophe humanitaire». Selon l'ONU, 37.000 personnes auraient passé la frontière dans les dernières vingt-quatre heures. Si l'État de Rakhine est le théâtre depuis quelques années de ces face-à-face sanglants entre musulmans et bouddhistes, majoritaires à 90% en Birmanie, la crise atteint des sommets vertigineux avec l'épuration ethnique orchestrée par les autorités birmanes ces dernières semaines. Depuis l'attaque du 25 août menée par les rebelles de l'Armée du Salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA) sur une vingtaine de postes de police pour défendre les droits de la minorité musulmane, les affrontements entre le gouvernement, épaulé par des milices bouddhistes, et les rebelles ont fait 400 morts, dont 370 Rohingyas.

La «Dame de Rangoun», qui exerce le pouvoir bien qu'elle n'ait pas pu se faire élire directement à la tête de l'État en raison d'un empêchement constitutionnel, ne cesse de nier les accusations de nettoyage ethnique de l'ethnie des Rohingyas et assure que le gouvernement «a déjà entamé la protection de toute la population de Rakhine de la meilleure manière possible». Ce silence sur ces crimes de guerre est d'autant plus dérangeant qu'il émane de la lauréate du prix Nobel de la paix de 1991 pour son combat contre la junte militaire. L'armée continue d'encadrer de très près le pouvoir. Et les critiques se multiplient contre la dirigeante birmane, accusée de soutenir les méthodes violentes de l'armée à l'encontre des Rohingyas. Une pétition avec pour objet le retrait de son prix Nobel circule et a déjà recueilli plus de 300.000 signatures. La Turquie, elle, sous l'égide du président Erdogan, a annoncé mercredi l'envoi de 10.000 tonnes d'aides aux Rohingyas en exil.

La jeune pakistanaise Malala Yousafzai figure également parmi les principaux détracteurs d'Aung San Suu Kyi. L'icône mondiale du combat pour l'éducation des filles a pris fait et cause pour la communauté des Rohingyas. «Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans rohingyas de Birmanie», s'est émue Malala sur son compte Twitter. La plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix (2014) exhorte son homologue birmane à sortir du silence pour condamner le «traitement honteux dont [les Rohingyas] font l'objet». Malala appelle également la communauté des pays, y compris le Pakistan, à suivre l'exemple du Bangladesh dans l'accueil des réfugiés birmans «qui fuient la violence et la terreur».

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Syrie: l'ONU désigne les responsables de l'attaque au gaz sarin d'avril dernier (06.09.2017)
Damas avait expliqué que l'aviation syrienne avait bombardé des stocks d'armements d'un entrepôt terroriste, contenant des substances chimiques. Le gaz avait tué plus de 80 personnes, la plupart étant des femmes et des enfants.

Depuis le début du conflit en 2011, le régime syrien a été accusé à de nombreuses reprises d'avoir eu recours à des armes chimiques. L'attaque meurtrière au gaz sarin de Khan Cheikhoun, en Syrie, le 4 avril, ne fait pas figure d'exception. Pour la première fois, des enquêteurs de l'ONU désignent le régime de Bachar Al-Assad comme responsable de ces frappes aériennes qui avaient tué 87 personnes, dont de nombreux enfants. Soutenu par son allié russe, Damas a toujours démenti en être à l'origine. L'attaque avait provoqué une riposte américaine dans la nuit du 6 au 7 avril, sur la base syrienne d'al-Chayraate.

L'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) avait ouvert une enquête. Les experts de l'OIAC avaient confirmé fin juin l'utilisation de gaz sarin, sans pouvoir accuser les forces du régime syrien. Disposée à prouver qu'elle n'était pas impliquée, la Syrie avait même annoncé mi-août qu'elle souhaitait coopérer avec ces experts. Mais le régime n'aura pas réussi à dissiper les soupçons. Selon le 14e rapport de la Commission d'enquête de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Syrie publié ce mercredi, «le 4 avril, dans le cadre d'une campagne aérienne (...) les forces aériennes syriennes ont utilisé du gaz sarin, tuant plus de 80 personnes, la plupart étant des femmes et des enfants».

Un «crime de guerre»

Le rapport de l'ONU permet d'éclaircir le scénario de cette attaque, qui était encore flou. La rumeur publique, confirmée par Damas et Moscou, racontait que l'aviation syrienne aurait bombardé des stocks d'armements d'un grand entrepôt terroriste, contenant des substances chimiques. La Commission de l'ONU rejette cet argument. «Au contraire, toutes les preuves disponibles permettent de conclure qu'il existe des motifs raisonnables de croire que les forces aériennes ont lancé une bombe dispersant du gaz sarin», écrivent les enquêteurs, soulignant que l'utilisation d'armes chimiques est interdite par le droit international humanitaire. «L'utilisation du gaz sarin à Khan Cheikhoun le 4 avril par les forces aériennes syriennes constitue des crimes de guerre», ajoutent-ils.

La Commission, créée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en 2011, n'a jamais reçu le feu vert de Damas pour se rendre en Syrie. Elle n'est pas la seule à se pencher sur cette attaque du 4 avril. Une commission conjointe de l'ONU et l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) est également sur le dossier.

La Syrie, récidiviste

Le premier lien entre Damas et les armes chimiques remonte à juillet 2012, date à laquelle le régime reconnaît pour la première fois en posséder. Il menace même de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale, mais pas contre sa population. Mais le 21 août 2013, plus de 1000 personnes meurent lors d'une attaque menée par le régime contre des rebelles. En septembre, l'ONU publiera un rapport confirmant les accusations de l'opposition, par lequel elle assure avoir des «preuves flagrantes» de l'utilisation de gaz sarin.

En 2014, une commission d'enquête de l'ONU accuse les autorités syriennes d'avoir utilisé des armes chimiques, «probablement du chlore», à huit occasions dans l'Ouest. Quelques semaines plus tard, l'OIAC confirme que le chlore a été utilisé en tant qu'arme chimique de manière «systématique et répétée» dans différentes attaques. D'autres rapports accuseront encore le régime de Bachar Al-Assad. L'ONU tente alors de faire passer une résolution afin de prévoir des sanctions contre la Syrie pour son utilisation d'armes chimiques. Mais le 28 février 2017, la Russie et la Chine mettent leur veto.

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Louvre Abu Dhabi: Françoise Nyssen «éblouie» par la beauté de l'immense coupole (06.09.2017)

  • Par   Claire Bommelaer 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 15:14 
  • Publié le 06/09/2017 à 08:45
EN IMAGES - Né dans la suspicion voire la contestation d'une partie du milieu culturel, ce projet à la fois technique et diplomatique a véritablement pris son envol début 2013. Le musée ouvrira ses portes le 11 novembre et attend des touristes du monde entier.
Des photos du musée du Louvre Abu Dhabi conçu par Jean Nouvel avaient circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, aiguisant les appétits. Mercredi à 11h30 (9h30 heure française), les Émirats Arabes unis ont annoncé que le «Louvre des sables» ouvrira finalement ses portes au public le 11 novembre.

De quoi laisser encore deux mois aux équipes pour réaliser l'accrochage des œuvres, et permettre à la chaleur d'atteindre un niveau acceptable.

Mercredi, juste avant l'annonce et à peine débarquée de son avion, la ministre de la culture Françoise Nyssen, a visité rapidement ce nouvel édifice, sous un soleil de plomb et par 40 degrés. Elle s'est dite justement «éblouie» par la beauté de l'immense coupole (180 mètres) plongeant dans l'eau. Le bâtiment de Jean Nouvel est une prouesse technique et esthétique, puisant dans la culture arabe le blanc de ses murs, la résille de son toit et le jeu d'ombres et de lumière.

Un accord de coopération entre les Émirats Arabes Unis et le gouvernement français a été signé en mars 2007 et court sur 30 ans. Il prévoit la cession de la marque Louvre et l'expertise de treize institutions françaises - dont Versailles, la BNF, le musée Guimet, Chambord, le musée Rodin -, pour un montant d'un milliard d'euros.

Projet depuis 2003
Né dans la suspicion voire la contestation d'une partie du milieu culturel, ce projet a véritablement pris son envol début 2013. Il a fallu beaucoup de pourparlers et d'énergie de part et d'autre pour y parvenir. «Le Louvre a mis 800 ans à devenir ce qu'il est. Une décennie pour ce projet franco émirien n'était pas de trop» a indiqué Jean Luc Martinez, président du Louvre qui s'est donné sans compter pour la réussite de ce projet très politique.

Désormais, Le Louvre Abu Dhabi incarne la capacité de la France à rayonner dans le monde, grâce à ses musées et ses architectes stars comme Nouvel, et celle des Émirats à ouvrir le premier grand musée universel dans le monde arabe. Les œuvres présentées dans les salles (8 600 m²) seront en effet consacrées à tous types de périodes, d'origines et de civilisations.

Des œuvres de Gauguin, Magritte, Manet, Yves Klein et Cy Twombly

Lors d'une présentation de la collection du Louvre Abou Dabi, à Abou Dabi en 2013, puis à Paris en 2014, on avait vu des œuvres de Gauguin, Magritte, Manet, Calder, Paul Klee, Yves Klein et Cy Twombly mais aussi un Christ en bois du XVIe siècle et une torah ancienne du Yémen.

L'inauguration de ce bâtiment somptueux devrait être grandiose, avec son lot d'officiels -dont Emmanuel Macron- , de musique et de fêtes. Elle sera, pour les Emirats arabes unis, un symbole, certes éclatant, d'une stratégie d'ouverture au monde et d'investissements massifs en direction du tourisme. «La meilleure réponse à la barbarie qui envahie le monde est celle de l'éducation» indique Sheik Mohamed Khalifa Al Mubarak, président de l'autorité pour le tourisme et la culture.

Le musée espère accueillir des touristes du monde entier, à commencer par ceux du Golfe, de l'Inde et de la Chine. Abu Dhabi est situé à une heure de Dubaï - qui organisera l'exposition Universelle de 2020, pour laquelle 25 millions de visiteurs sont attendus. Les Emirats arabes Unis mettent en avant leur stabilité politique, une pratique de l'Islam modéré et un niveau de sécurité «considéré comme un des plus élevés au monde».

Le bâtiment de Jean Nouvel est situé sur l'île de Saadiyat, sur laquelle se trouvent déjà des habitations, un golf, une antenne de la New York University et des hôtels. Autrefois atteignable en bateau, elle est desservie par une route. Dans la foulée de l'exposition universelle, une ligne circulaire devrait relier Dubai et Abu Dhabi. L'ile accueillera également, dans les années à venir, le Musée national Sheikh Zayed consacré à l'histoire des Émirats, confié à Norman Foster et un Guggenheim dédié à l'art contemporain (Frank Gerhy).

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Yvelines: un policier dans un état critique (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 13:40 
  • Publié le 06/09/2017 à 11:54
Un policier contractuel a été grièvement blessé ce matin par le conducteur d'une voiture volée qui a pris la fuite pour éviter son interpellation à Verneuil-sur-Seine (Yvelines), a-t-on appris de source policière.

Peu avant 10H00, la police a tenté d'interpeller un individu au volant d'un pick-up Toyota gris clair signalé volé, avec à son bord au moins un passager, a indiqué la même source, confirmant une information de RTL. Refusant le contrôle, le véhicule a tenté de prendre la fuite mais a percuté un muret.

Ensuite, "au moment où ils allaient procéder à l'interpellation, la voiture a reculé à vive allure et percuté un collègue qui se trouvait derrière le véhicule", a précisé la source policière.
Le pronostic vital du policier contractuel de 22 ans, qui travaille au commissariat de la commune voisine des Mureaux, est "engagé", selon elle. Il a été transporté à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine).

Un passager du pick-up a pu être interpellé et placé en garde à vue avant que la voiture ne prenne à nouveau la fuite. Elle a ensuite été retrouvée en bordure de forêt dans la commune de Verneuil-sur-Seine. Une cinquantaine de policiers, un hélicoptère et un chien pisteur ont été déployés pour retrouver le conducteur.

Malgré le démantèlement de la jungle, l'inexorable retour des migrants à Calais (06.09.2017)

EN IMAGES - Entre 450 et 700 migrants errent actuellement à Calais. Tandis que les associations et l'État leur apportent une aide matérielle, les forces de l'ordre tentent d'empêcher la reconstitution d'un campement sauvage comme celui de la jungle.

Malgré la fermeté affichée par l'État et la mairie, les migrants sont de retour à Calais. Ils sont entre 450 et 700, disséminés entre le centre-ville et la périphérie, à camper dehors ou sous les ponts. Les forces de l'ordre interviennent systématiquement pour empêcher la constitution de campement et confisquer les tentes, bâches et couvertures. Les associations d'aide aux migrants dénoncent ce qu'elles considèrent comme du harcèlement, qui rend leur travail très difficile.

Parallèlement, des maraudes sont organisées par les agents de l'Ofii pour proposer aux migrants de rejoindre l'un des deux Centres d'accueil et d'examen des situations (CAES) situés à Belval et Bailleul. Ces deux structures d'hébergement temporaire ont été conçues par le ministère de l'Intérieur pour faire baisser la pression migratoire sur Calais. Mais sur le terrain, difficile de convaincre les migrants de rejoindre les CAES. Beaucoup restent convaincus qu'ils pourront passer en Angleterre. Sans compter les «dublinés» et les déboutés venus d'Allemagne, de Belgique ou de Suisse. Tout aussi nombreux, ils savent que leurs chances d'obtenir l'asile en France sont quasi nulles.

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À Troisvaux, un centre d'accueil pour migrants ouvert dans un ancien monastère (06.09.2017)

  • Par  Edouard de Mareschal 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 12:58 
  • Publié le 06/09/2017 à 11:16
REPORTAGE - Les dernières sœurs de l'abbaye de Belval, dans le Nord-Pas-de-Calais, ont quitté les lieux en 2013. Une partie des bâtiments accueille désormais un centre d'hébergement d'urgence d'une centaine de lits, ouvert en août par le gouvernement pour faire baisser la pression migratoire à Calais.

Autour de l'abbaye de Belval, le chant du coq se mêle aux éclats de voix en tigrigna. C'est l'un des nombreux dialectes érythréens parlés par certains des migrants qui vivent désormais dans cet ancien monastère situé à Troisvaux, un hameau du Nord-Pas-de-Calais. Dans la campagne vallonnée des Hauts-de-France, à une heure de route de Calais, le gouvernement a ouvert début août ce centre d'accueil et d'examen des situations (CAES). Avec celui de Bailleul, ce nouveau dispositif d'hébergement a été imaginé pour faire baisser la pression migratoire à Calais.

L'abbaye a été construite au début du XXe siècle pour recevoir 80 sœurs cisterciennes trappistines. Puis la communauté a vieilli, les vocations ont manqué et les religieuses ont quitté les lieux en 2012. Une association s'est alors montée pour pérenniser leur activité - notamment leur production de fromage -, développer des projets d'insertion et exploiter ce qui est devenu un patrimoine à valoriser. Le noviciat, jusqu'ici non utilisé, accueille désormais des lits superposés qui peuvent recevoir jusqu'à 100 migrants.

Difficile de convaincre les dublinés et les déboutés

«Ici, ils peuvent se poser, dormir, manger correctement et faire un point sur leur situation», explique Claude Picarda, directeur de l'établissement géré par l'association La Vie active. Le CAES a été conçu pour proposer une solution de logement aux migrants qui errent à Calais. Ils ont vocation à être accueillis huit à quinze jours, le temps de les convaincre de s'enregistrer en préfecture pour étudier leur cas.

Il s'agit de distinguer les migrants en deux catégories: d'un côté, les personnes éligibles à demander l'asile en France, qui seront ensuite orientées en Centre d'accueil et d'orientation (CAO) pour faire leurs démarches. De l'autre, les déboutés et les «dublinés», c'est-à-dire ceux qui ont déjà été enregistrés dans un autre pays d'Europe où ils ont vocation à être réadmis.

Sur le terrain à Calais, difficile de convaincre les migrants de rejoindre le centre de Belval. «Beaucoup restent convaincus qu'ils vont réussir à passer en Angleterre», explique Claude Picarda. Sans compter les «dublinés» et les déboutés venus d'Allemagne, de Belgique ou de Suisse. Tout aussi nombreux, ils savent que leurs chances d'obtenir l'asile en France sont quasi nulles. Ils préfèrent donc rester à Calais pour tenter de passer illégalement en Angleterre.

Parmi ceux qui ont accepté d'intégrer le CAES, il y a Samuel, un Érythréen de 26 ans. Il est arrivé en Europe en août 2016 par l'Italie, où il a déposé ses empreintes. Mais Samuel les a enregistrées une nouvelle fois ici, en France, où il veut faire sa demande d'asile. «On m'a dit en préfecture que j'aurai une décision dans un mois pour savoir si je peux rester», explique-t-il. En attendant, il passe le plus clair de sa journée à conjurer l'ennui, les yeux sur son portable, comme la plupart des hôtes de Belval.
Certains réussissent mieux à organiser leur quotidien pendant l'attente. Ibrahim, 22 ans, partage ses journées entre la course à pied, le dessin et l'apprentissage du français en autodidacte. Il vient d'Arabie saoudite où il a grandi, mais il est originaire du Tchad. «J'ai pu me faire enregistrer à la préfecture en trois jours», explique-t-il. «À Calais, ça m'aurait pris trois mois.» Il est optimiste sur sa demande d'asile, et prend son séjour au CAES comme une chance. «On est bien reçus ici, c'est bien mieux qu'à Calais. On a des douches et des toilettes, et on a trois repas servis chaque jour.»


D'autres sont désabusés. Ils vivent mal l'isolement du lieu. «Il n'y a pas de réseau, pas d'internet, et la première ville est à une heure de marche», lâche Ahmed, un jeune somalien arrivé il y a deux semaines. «C'est comme une prison ici». Après quelques jours à l'abbaye, certains repartent pour Calais en train. Rien ne les retient. «C'est important que leur venue ici reste volontaire», justifie Claude Picarda. «Si on entre dans une démarche contrainte, les personnes fuiront le dispositif.» De leur côté, les policiers regrettent un dispositif qui peut vite tourner en rond. «Ce sont autant de personnes que l'on va retrouver dans les camions à Calais», s'agace Gilles Debove, de SGP Police. Ils sont débordés par la hausse constante des découvertes de migrants dans les camions. Dans 60% des cas, les étrangers sont simplement reconduits hors du site.

À Troisvaux, l'arrivée des migrants a été diversement appréciée. Le maire a reçu quelques coups de fil de riverains inquiets. Mais il n'a pas rencontré d'opposition frontale. Quelques mauvaises langues ont relevé que dans le hameau, qui compte une cinquantaine d'âmes, il y a désormais plus de migrants que d'habitants. Mais les deux populations ne se croisent pas tellement, et tout se passe dans une forme d'indifférence mutuelle. «J'ai été un peu méfiant au début, explique Jean-Paul, un riverain qui habite au bout du hameau. Mais là, je dois avouer que je suis assez rassuré car tout se passe bien, ils ne se font pas remarquer. Après, c'est tout de même bizarre qu'on ait fait ça dans une ancienne abbaye, certains ne sont pas de notre religion». Même remarque à quelques rues de là. Sur le pas-de-porte de son pavillon, une mère de famille explique que la cohabitation ne se passe pas trop mal, avant d'ajouter: «Ils dorment dans les anciennes cellules des sœurs. Et pour monter dans leurs chambres, ils doivent passer par l'entrée de l'église. Moi ça me choque un peu.»

Togo: marée humaine dans les rues de Lomé (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 17:26 
  • Publié le 06/09/2017 à 17:18
Des centaines de milliers de partisans de l'opposition manifestaient aujourd'hui à Lomé et dans d'autres villes du Togo pour réclamer une alternance politique et des réformes, selon des estimations recueillies par l'AFP.

L'ONG Amnesty International a estimé à "au moins 100.000" le nombre de manifestants dans la capitale, selon son directeur au Togo, Aimé Adi. "C'est du jamais vu, je pense qu'il y a plus d'un million de personnes à Lomé", a de son côté affirmé  le chef de file de l'opposition, Jean-Pierre Fabre. Ces chiffres n'ont pu être confirmés de sources indépendantes.

Gaza: Netanyahou veut l'aide du CICR (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 17:33 
  • Publié le 06/09/2017 à 17:27
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a demandé aujourd'hui au chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer son aide pour récupérer les dépouilles de deux soldats et la libération de trois Israéliens que détiendrait le mouvement islamiste Hamas à Gaza.


Les deux soldats ont été tués durant la guerre de l'été 2014 dans la bande de Gaza, et les trois autres Israéliens --dont deux souffriraient de troubles mentaux-- se sont infiltrés dans l'enclave ces dernières années. Depuis 2014, le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, entretient l'ambiguïté sur le sort du sergent Oron Shaul et du sous-lieutenant Hadar Goldin, sans contester qu'il détiendrait leur dépouille. Israël les considère comme morts.

Le Hamas n'a également fourni aucune information sur les Israéliens infiltrés dans la bande de Gaza. "J'apprécierais tout aide de votre part dans les efforts humanitaires déployés face à la cruauté dont fait preuve le Hamas", a affirmé Benjamin Netanyahu à Peter Maurer durant une rencontre à Jérusalem, selon un communiqué du bureau du Premier ministre.

"Je suis persuadé que vous pouvez obtenir la restitution les dépouilles de nos soldats tués et la libération des Israéliens détenus par le Hamas en violation de toutes les normes internationales et de toute les valeurs sur lesquelles est fondée la Croix Rouge", a ajouté le Premier ministre.

Peter Maurer avait rencontré mardi le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinouar. Le négociateur israélien chargé de ce dossier, Lior Lotan, avait démissionné fin août, un départ qui a été largement interprété par la presse comme un constat d'impuissance.

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Somalie: trois islamistes tués suite à frappe (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 16:25 
  • Publié le 06/09/2017 à 16:16
L'armée américaine a mené hier, en conjonction avec l'armée somalienne, une frappe aérienne dans le centre de la Somalie, qui a fait trois morts parmi les islamistes du groupe Al Chebab, a fait savoir aujourd'hui le commandement américain pour l'Afrique.


"En coordination avec le gouvernement fédéral somalien, le département de la Défense a procédé à une frappe aérienne chirurgicale dans le centre de la Somalie, contre des activistes d'Al Chabaab, le 5 septembre(...), tuant trois terroristes", a indiqué l'armée américaine.

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Turquie: les déclarations allemandes rappellent le "nazisme" (Erdogan) (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 14:54
  • Publié le 06/09/2017 à 14:51
Les déclarations des responsables politiques allemands sur la Turquie renvoient au "nazisme", a estimé aujourd'hui le président turc Recep Tayyip Erdogan, sur fond de vives tensions entre Ankara et Berlin.

"C'est du nazisme. C'est du fascisme. Vous faites cela", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara, réagissant à des déclarations de la chancelière allemande Angela Merkel et de son rival Martin Schulz sur la Turquie, lors d'un débat télévisé dimanche en vue des législatives du 24 septembre en Allemagne.

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Migrations: la France se dote d'un ambassadeur (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 14:43 
  • Publié le 06/09/2017 à 14:40
Pascal Teixeira da Silva a été nommé ambassadeur de France des migrations et sera notamment chargé de travailler en amont avec les pays d'origine et les pays de transit des migrants, a annoncé aujourd'hui le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. Agé de 59 ans, Pascal Teixeira da Silva a été notamment ambassadeur au Portugal entre 2010 et 2013 et ambassadeur en Autriche de 2014 à 2017

La création de ce poste "un peu atypique" avait été annoncée par Emmanuel Macron le 28 août dernier lors d'un mini-sommet euro-africain à Paris qui avait débouché sur une nouvelle feuille de route sur la question des migrations.

"Il y a eu ce choix d'avoir une fonction nouvelle mais qui est essentielle pour travailler avec les pays de transit des populations migrantes mais aussi avec des pays d'origine", a dit Christophe Castaner lors du compte rendu du conseil des ministres.

"Nous savons que c'est dans l'amont qu'il convient d'oeuvrer afin de gérer les situations de tension que nous connaissons, (notamment) à la frontière libyenne", a-t-il ajouté. Il est essentiel "que nous puissions le plus en amont possible accompagner ces femmes et ces hommes qui se laissent enfermer dans une logique de migration qui est une impasse très souvent".

Maroc: des islamistes s'entraînaient à la décapitation (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 12:46 
  • Publié le 06/09/2017 à 12:27
Cinq Marocains et un Espagnol soupçonnés d'appartenir à une cellule islamiste dont les membres s'entraînaient à la décapitation ont été arrêtés lors d'une opération conjointe des polices marocaine et espagnole, a annoncé aujourd'hui le ministère espagnol de l'Intérieur.

Les arrestations ont toutes eu lieu au Maroc, à l'exception d'une dans l'enclave nord-africaine espagnole de Melilla. L'un des Marocains arrêtés avait un permis de résidence en Espagne. Le ressortissant espagnol est d'origine marocaine.

Les membres de cette cellule dormante tenaient des réunions la nuit au cours desquelles ils préparaient des attaques de grande envergure, dit le ministère, et simulaient des séances de décapitation.

Ces arrestations sont les premières à être signalées en Espagne depuis les attentats survenus en Catalogne à la mi-août qui ont fait 16 morts, la plupart à Barcelone.
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Quotas UE de réfugiés: une décision "irresponsable" (Hongrie) (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 12:25 
  • Publié le 06/09/2017 à 12:21
Le gouvernement hongrois a dénoncé aujourd'hui la décision "irresponsable" de la justice européenne qui a débouté la Hongrie et la Slovaquie de leur recours contre le mécanisme de quotas obligatoires d'accueil de réfugiés adopté au plus fort de la crise migratoire.

"La décision de la Cour de justice de l'UE est irresponsable" et a un caractère "politique", a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto, ajoutant que Budapest continuerait de "se battre" contre tout quota, son pays étant fermement opposé à une telle mesure.
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Rohingyas: des milliers de musulmans manifestent en Indonésie (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 11:33 
  • Publié le 06/09/2017 à 11:29
Des milliers de musulmans ont manifesté aujourd'hui devant l'ambassade de Birmanie et dans des rues adjacentes au centre-ville, à Jakarta pour exiger la fin des violences contre la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie, pays à majorité bouddhiste, alors que s'accélère l'exode de cette population persécutée qui se réfugie au Bangladesh.


Environ 4.000 au total, selon la police, les participants ont scandé "Dieu est le plus grand" et exhibé des banderoles sur lesquelles était écrit "Arrêtez de tuer des musulmans rohingyas". Ils ont également dénoncé la dégradation de la situation humanitaire dans l'Etat de Rakhine, en Birmanie, à la frontière avec le Bangladesh.

Quelque 6.000 policiers et militaires indonésiens ont été déployés pour protéger les abords de l'ambassade de Birmanie, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police de Jakarta. Par ailleurs, la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, est revenue hier de Birmanie, où elle a rencontré notamment la cheffe du gouvernement birman, Aung San Suu Kyi, et appelé les autorités birmanes à contribuer à résoudre la crise

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Afghanistan: l'armée américaine s'excuse après un tract "offensant" (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 10:37 
  • Publié le 06/09/2017 à 10:32
Les forces américaines en Afghanistan ont présenté leurs excuses aujourd'hui pour avoir diffusé localement des tracts représentant un chien portant la profession de foi musulmane sur son corps, une image jugée très offensante par de nombreux musulmans. Une photo du supposé tract circulant sur les réseaux sociaux montre un lion pourchassant un chien blanc - la couleur du drapeau des talibans - sur le corps duquel est superposée la profession de foi musulmane: "Il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et Mohammad est son messager".

Les chiens sont perçus par certains musulmans comme des créatures impures et l'association de l'un de ces animaux avec l'islam a provoqué la colère de nombreuses personnes en Afghanistan, pays très pieux. "Reprenez votre liberté de ces chiens. Aidez les forces de sécurité à éliminer ces ennemis. Reprenez votre liberté et assurez votre sécurité", proclame le tract, qui a été diffusé dans la province centrale de Parwan, proche de Kaboul.

Les forces de l'Otan recourent fréquemment au largage de tracts sur de grandes parties de l'Afghanistan pour tenter de dissuader la population de soutenir les insurgés. Sur les réseaux sociaux, de nombreux usagers condamnaient ce tract. "Mort aux infidèles, mort à leurs serviteurs", a écrit l'un d'eux sur Facebook.

"Le design des tracts contenait par erreur une image très offensante pour les musulmans et pour la religion d'islam. Je présente mes sincères excuses. Nous avons le plus profond respect pour l'islam et nos partenaires musulmans dans le monde", indique le major-général James Linder, en charge des opérations spéciales des États-Unis et de l'Otan en Afghanistan.

Philippines: une alliance entre armée et rebelles contre l'EI (06.09.2017)


  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 09:26 
  • Publié le 06/09/2017 à 09:18
L'armée philippine a annoncé une alliance avec ses anciens ennemis de la rébellion musulmane pour tenter de mater un groupe djihadiste qui a pris les armes dans le sud de l'archipel. Les forces de sécurité sont engagées sur plusieurs fronts sur l'île de Mindanao, dans le sud des Philippines, contre des mouvements islamistes. Elles luttent notamment toujours dans la grande ville de Marawi contre des djihadistes se réclamant du groupe État islamique qui y sont retranchés depuis fin mai.

L'armée est également confrontée, au sud de Marawi, dans les environs de la localité de Datu Salibo, à une soixantaine de combattants emmenés par Esmael Abdulmalik, alias Abu Turaifi. Cet ancien leader de la guérilla du Front Moro islamique de libération (Milf) dirige désormais le Jama'at al-Muhajirin wa al-Ansar bi al-Filibin (JMAF), une faction dissidente à l'idéologie proche de celle du groupe État islamique.

Le Milf, qui compte 10.000 combattants, est le principal groupe rebelle musulman des Philippines avec lequel le gouvernement a lancé des négociations de paix. Cette rébellion a fait 100.000 morts selon le gouvernement philippin.

En dépit de l'accord de paix de 2014, le Milf n'a toujours pas été désarmé. Il attend auparavant le vote d'une loi censée reconnaître une autonomie aux zones musulmanes de l'archipel à majorité catholique. Plusieurs factions continuent de se battre, capitalisant sur la frustration grandissante face à la lenteur du processus de paix.

L'armée a annoncé avoir uni ses forces avec le Milf contre le groupe d'Abu Turaifi qui a profité du fait que les forces philippines se concentraient sur Marawi pour se renforcer et lancer des attaques début août. Le général Dela Vega a affirmé que l'accord avec le Milf était "gagnant-gagnant".

Poutine met la culture russe au pas (05.09.2017)


Par Pierre Avril 

Publié le 05/09/2017 à 19h13


REPORTAGE - À l'approche de la présidentielle russe de 2018, le pouvoir accroît sa mainmise sur les milieux artistiques. Mais la récente arrestation du metteur en scène Kirill Serebrennikov a causé une onde de choc dans le pays, qui se souvient de l'époque où Pouchkine était persécuté par Alexandre Ier, et Pasternak censuré par Staline, Khrouchtchev et Brejnev.

De notre correspondant à Moscou

Même en Chine, à 7 000 km de Moscou, Vladimir Poutine commente l'affaire judiciaire numéro un de son pays, qui a conduit à l'arrestation, le 22 août, du metteur en scène Kirill Serebrennikov. Lundi, un tribunal moscovite a refusé la levée de l'assignation à domicile du directeur artistique du Centre Gogol, soupçonné de détournement de fonds publics. Le monde culturel s'émeut, exige sa libération… le chef du Kremlin s'agace. «Les pouvoirs n'ont qu'une seule question à l'égard de Serebrennikov: le respect de la loi dans l'utilisation du budget. Il faudrait tous les libérer au motif qu'ils travaillent dans la sphère culturelle. C'est ça?» a lancé mardi, sur un ton cinglant, le président russe, au sommet des Brics, à Xiamen.

La chute brutale de cet artiste, célébré aussi bien à Moscou qu'à Cannes, Avignon ou Berlin, a déclenché une onde de choc. Il semblait intouchable. Au printemps, le régisseur était ovationné par le Tout-Moscou pour son adaptation au Golikon Opera de la pièce d'Alexandre Griboïedov, Du malheur d'avoir de l'esprit. Censuré en 1821, le texte, d'une actualité brûlante, narre l'histoire d'un jeune libéral qui, de retour d'un voyage en Occident, se heurte à l'intégrisme de la société russe et s'interroge sur «l'oppression d'un gouvernement cruel, pervertissant l'esprit d'un peuple». Un personnage nu traversait les planches. Le spectacle était sponsorisé par Interros, le holding de Vladimir Potanine, l'un des oligarques les plus riches de Russie. Deux semaines plus tard, dans le prestigieux Bolchoï, un autre milliardaire, Roman Abramovitch, applaudissait à la répétition générale du biopic théâtral consacré à Rudolf Noureïev, également mis en scène par Serebrennikov, où le danseur étoile apparaissait dans le plus simple appareil.

«C'est comme sous l'Allemagne nazie»

Dans la mémoire du pays, les déboires du metteur en scène rappellent l'époque où Alexandre Pouchkine était persécuté par Alexandre Ier, et Boris Pasternak censuré par Staline, Khrouchtchev et Brejnev. Comme ses illustres prédécesseurs, Serebrennikov n'est pas un opposant politique. Il n'a jamais revendiqué son homosexualité et, à la différence de plusieurs de ses collègues, met un point d'honneur à travailler en Russie où il se consacre exclusivement à son œuvre. «La dernière fois où l'on a arrêté un metteur en scène reconnu, c'était Vsevold Meyerhold en 1939», rappelle l'écrivain Boris Akounine, qui accuse Poutine - comme Staline avant lui - d'avoir directement ordonné l'opération. Bolchevique convaincu, Meyerhold fut directeur du théâtre de la Révolution avant de disparaître dans les purges staliniennes. «C'est comme sous l'Allemagne nazie, on a d'abord éliminé les opposants et mis au pas la presse avant de s'attaquer à la culture, Fritz Lang ou Stefan Szweig», renchérit le cinéaste comédien Andreï Smirnov.

La proximité de la présidentielle de 2018 autorise tous les parallèles, ainsi que la faiblesse des charges judiciaires pesant sur Serebrennikov. Pour étayer son accusation de détournement de fonds, le comité d'enquête affirme qu'il n'a pas mis en scène Songes d'une nuit d'été. Problème: la pièce en question a fait l'objet… de critiques de presse. «L'arrestation de Serebrennikov a valeur d'exemple, mais il faut se garder d'établir des liens avec la période stalinienne. La disparition dans les années 1930 de la fine fleur de la culture a provoqué un tel traumatisme dans la société russe - jamais surmonté - qu'on voit aussitôt surgir dans le pays ce genre d'analogies. Mais elles ne doivent pas être prises à la lettre», nuance l'historienne Cécile Vaissié, spécialiste de la culture soviétique.

«Il est humiliant de voir un grand réalisateur se battre pour son film contre les députés et les popes, tout en épargnant soigneusement Poutine»
Ivan Vyrypaev

La littérature, si influente à l'époque de Boris Pasternak ou d'Alexandre Soljenitsyne, n'est plus du tout un enjeu politique. En 1958, le premier avait dû décliner son Nobel pour Le Docteur Jivagoafin d'éviter de sévères représailles. Le second a reçu le trophée suédois après son expulsion d'URSS. Si ces deux auteurs sont à nouveau célébrés en Russie, l'édition nationale s'est repliée sur les thèmes patriotiques dans l'indifférence générale. Formellement, les artistes ne se voient attribuer aucune mission, contrairement à celle que leur assigna le communisme pour fabriquer un Homme nouveau. En revanche, l'Église orthodoxe, naguère pourchassée, conquiert une influence culturelle prépondérante. Au sommet, le contrôle de l'État se fait plus subtil et s'exerce, via le très conservateur ministre de la Culture, Vladimir Medinski, sur le cinéma et le théâtre. Avec une carotte et un bâton: l'argent public.

Depuis 2010, près de 3 milliards de roubles (environ 43 millions d'euros) sont attribués chaque année par un Fonds du cinéma à des metteurs en scène proches du pouvoir, en particulier Nikita Mikhalkov. L'auteur de Soleil trompeur, oscarisé en 1995, est le fils de Sergueï, celui-là même qui a eu le privilège de récrire par trois fois les paroles de l'hymne soviétique, puis russe, sous Staline, Brejnev et Poutine. Dans le cadre d'une stratégie de «soft power», l'actuel parrain du cinéma russe a bénéficié de gros budgets publics afin de tourner des films patriotiques destinés à l'exportation. En dehors du filon nationaliste, c'est la disette.

«Le problème, c'est de trouver de l'argent», confirmait en 2011 auFigaro le metteur en scène Pavel Lounguine, autre figure du cinéma russe. Auteur vedette de la perestroïka, avecTaxi Blues, primé à Cannes en 1990, il a pu notamment rebondir grâce à L'Île, un film religieux qui a eu l'heur de plaire à l'Église orthodoxe, suivi par Tsar, qui décrit les tourments spirituels d'Ivan le Terrible. Jusqu'à commettre «l'irréparable», selon certains de ses collègues. Le 11 mars 2014, dans la plus parfaite tradition soviétique, Pavel Lounguine cosignait une lettre de 400 personnalités de la culture soutenant l'annexion de la Crimée par Vladimir Poutine. Une initiative comparable, selon Cécile Vaissié, aux pétitions des écrivains soviétiques des 22 novembre 1956 et 28 août 1968, soutenant la répression par les troupes soviétiques des insurrections de Budapest et du printemps de Prague. «Avec la Crimée, les artistes se sont retrouvés face à un choix humiliant. Et parmi les signataires, beaucoup dépendaient du ministère de la Culture, explique l'éditrice Irina Prokhorova.Or, si l'on perd l'aide de l'État en Russie, il est très difficile de trouver de l'argent privé.»

«Tout le monde doit faire attention»

Quelques jours après avoir signé la pétition, Nikita Mikhalkov demandait au gouvernement russe de prendre le contrôle des studios de Yalta. Pour sa part, Pavel Lounguine a pu récemment tourner une série télévisée, éreintée par la critique mais qui a reçu le soutien d'une partie de ses pairs. La même mésaventure arrive à Alexeï Outchitel, également signataire. Le metteur en scène a trouvé de l'argent public pour tourner Mathildeet obtenu in extremis une autorisation de diffusion. Mais il essuie parallèlement une violente campagne menée par l'ex-procureure de Crimée et députée Natalia Poklonskaïa, ainsi que par les milieux orthodoxes.

Son long-métrage évoque la liaison adultère de l'ex-danseuse étoile du Bolchoï, Matilda Kchesinskaïa et du tsar Nicolas II, figure iconique de l'Église. Un thème sacrilège. «Je ne pense pas que le but de ces opérations soit de m'intimider. Je n'ai pas de problème de production avec les organes d'État. Il s'agit simplement d'une demande particulière formulée par une personne à la Douma», minimisait cet été le réalisateur. Mais, tout récemment, un activiste religieux a tenté de mettre le feu à un théâtre d'Iekaterinbourg suspecté de vouloir projeter le film, tandis que le diocèse de Carélie dénonce dans ce long-métrage un «second meurtre rituel» du tsar.

Ivan Vyrypaev

Depuis l'arrestation de Serebrennikov, les contorsions d'Alexeï Outchitel suscitent un malaise dans la profession. «Le fait pour ces gens d'avoir signé la pétition de la Crimée ne les met pas à l'abri des ennuis», constate le cinéaste Andreï Smirnov. Dans une lettre ouverte de soutien à Serebrennikov, le dramaturge Ivan Vyrypaev se montre encore plus sévère pour l'auteur de Mathilde, lui reprochant d'ignorer la responsabilité du Kremlin. «Il est humiliant de voir un grand réalisateur se battre pour son film contre les députés et les popes, tout en épargnant soigneusement Poutine», écrit le dramaturge.
Comme ses collègues, Kirill Serebrennikov a aussi profité de l'argent public, allant jusqu'à mettre en scène une pièce attribuée à un proche conseiller de Vladimir Poutine, Vladislav Sourkov. «Il n'a pas à se plaindre, il a toujours été gâté par le pouvoir», explique le ministre de la Culture, Vladimir Medinski. Néanmoins, dès le printemps 2013, l'ouverture de son Théâtre Gogol s'était accompagnée d'une inspection policière, après la plainte d'une obscure «Coalition pour la moralité».
En 2016, son film Le Disciple, qui a obtenu le prix François Chalais, décrivait la radicalisation chrétienne d'un adolescent, de quoi déplaire à l'Église. En juillet, la représentation de son Noureïev au Bolchoï a été annulée. Le jour de son arrestation, il tournait un long-métrage consacré à un rockeur vedette de la perestroïka. «Aujourd'hui, on ne peut plus parler, ni de religion, ni de politique, ni de sexualité, conclut le producteur Pavel Kaplevitch, collaborateur de Serebrennikov. Tout le monde doit faire attention.»

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Correspondant à Moscou
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Politique immobilière: les raisons d'un échec qui dure depuis quarante ans (05.09.2017)



Mis à jour le 05/09/2017 à 21h06 | Publié le 05/09/2017 à 20h24


Ce constat est largement partagé par la Cour des comptes, l'Inspection générale des finances et les parlementaires depuis des années.

«Nous dépensons 2 points de PIB pour le logement. Sommes-nous mieux logés qu'ailleurs? Non, nous avons même quatre millions de mal-logés. Les prix sont également particulièrement élevés.» Qui est l'auteur de ce constat sans appel sur l'échec des politiques du logement depuis des décennies? Emmanuel Macron, dans son interview récente au Point. Ce constat sévère est en réalité largement partagé. Cour des comptes, Inspection générale des finances, parlementaires… pas une année ne se passe sans la publication d'un rapport sur le sujet… avec des conclusions identiques.

«Au vu des fonds publics engagés, les résultats de la politique du logement ne sont pas aujourd'hui à la hauteur des attentes», résumaient de façon explicite les auteurs d'un rapport réalisé en 2015 conjointement par le CGEDD (Conseil général de l'environnement et du développement durable), l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) et l'IGF (Inspection générale des finances).

Plusieurs indicateurs illustrent cette faillite: depuis une quinzaine d'années, les prix de l'immobilier ont grimpé de 170 % à Paris et de plus de 150 % à Lyon quand le smic n'a progressé que de 53 %. Parallèlement, les expulsions ont explosé, passant de 6300 en 2001 à 14.400 en 2015. Bref, qu'on appartienne aux couches populaires ou qu'on fasse partie des CSP +, le logement est toujours vécu comme un problème en France. Mais le sujet ne concerne pas que les particuliers: il affecte aussi les entreprises. Selon un rapport parlementaire, la hausse des prix de la pierre a contribué dans les années 2000 à renchérir le coût du travail.

Ajoutons que les sommes englouties pour de si mauvais résultats n'en finissent pas de gonfler. L'année dernière, l'État aura consacré près de 40 milliards d'euros au logement. Deux fois plus qu'il y a vingt ans. Quatre fois plus qu'en Allemagne. Et, s'il n'y a pas un vrai changement de cap, l'inflation des coûts continuera inexorablement.

Depuis les années 1970, la France a mis le paquet pour solvabiliser la demande de logements, mais a oublié de doper l'offre

Certains chiffres donnent le vertige. Les seules aides au logement, placées sous le feu des projecteurs cet été après l'annonce de la baisse de 5 euros des APL (aides personnelles au logement) chaque mois à partir d'octobre pour les 6,5 millions de bénéficiaires, auront mobilisé près de 18 milliards d'euros cette année. La note se monte à près de 1 milliard d'euros pour l'exonération d'impôt sur les sociétés dont bénéficient les organismes HLM.

Les raisons de cet échec sont connues. Depuis les années 1970, la France a mis le paquet pour solvabiliser la demande de logements, mais a oublié de doper l'offre. Les pouvoirs publics ont ainsi multiplié les carottes financières en tous genres pour aider les ménages à acheter ou à louer un appartement ou une maison. En revanche, ils n'ont pas fait grand-chose pour inciter à construire plus. «Résultat, comme l'offre de logements est restée insuffisante, les aides aux ménages ont souvent contribué à faire grimper les prix», estime Christophe Caresche, un ex-député PS spécialiste du logement qui est devenu en mai le PDG de la Foncière publique solidaire. La France fait face à une spirale infernale où les dispositifs ont l'effet inverse de celui qui est recherché: plus on injecte de l'argent dans le système, plus les prix montent.

«Effet inflationniste»

C'est particulièrement le cas pour les APL. L'Insee a analysé cet effet pervers dans une note parue en 2014. «Si l'offre de logements ne s'adapte pas, alors ces aides, au lieu de bénéficier aux ménages allocataires, peuvent entraîner une hausse du prix des loyers», expliquait l'Institut d'études économiques avant de poursuivre: «Cet effet inflationniste serait d'autant plus fort que les bailleurs ont la capacité de connaître les locataires éligibles et perçoivent parfois directement ces aides.»

«Si la baisse des APL de 5 euros ne sera pas un drame à Charleville-Mézières, elle aura beaucoup plus d'impact en région parisienne»
Un expert du secteur

Selon l'économiste Gabrielle Facke, un euro versé par l'État aux allocataires entraîne une hausse de loyer entre 50 et 80 centimes.

Même cercle vicieux pour les neuf dispositifs d'investissement locatif qui se sont succédé depuis trente ans (Besson, Périssol, Robien…). Selon une étude réalisée il y a cinq ans, le dispositif de l'époque appelé Scellier a provoqué une augmentation de 5 € à 30 €/m² du prix des terrains. Aujourd'hui, le Scellier a disparu et c'est le Pinel qui permet aux ménages de bénéficier d'une réduction d'impôt significative lors de l'achat d'un bien neuf qu'ils mettent en location. Ces coups de pouce sont particulièrement onéreux: les 58.000 logements neufs vendus avec le Pinel en 2016 coûteront plus d'un milliard d'euros à l'État en réduction d'impôt étalée sur six à douze ans.

Autre critique: ces dispositifs ne sont pas suffisamment modulés suivant les territoires. «On donne le même niveau d'aide aux ménages, qu'ils vivent en région parisienne, une zone tendue où il est très cher de se loger, ou à Charleville-Mézières, où c'est beaucoup moins coûteux, explique un expert du secteur. Or, si la baisse des APL de 5 euros ne sera pas un drame à Charleville-Mézières, elle aura beaucoup plus d'impact en région parisienne.»

L'approche est aussi trop uniforme pour le dispositif d'investissement locatif. Certes, sur le papier, il est censé être réservé aux zones tendues où l'on ne construit pas assez. En fait, on peut en bénéficier dans des petites villes classées en zone B2, où la dynamique économique n'est pas au rendez-vous. Avec le risque d'encourager, sur fonds public, la construction de logements locatifs qui ne trouveront pas preneur.

Pour sortir de ce cercle vicieux, Emmanuel Macron veut en finir avec ces subventions à tout va et souhaite enclencher une politique de l'offre où les pouvoirs publics aideront à produire plus de logements pour en faire baisser les prix. Tout le défi sera que ce choc de l'offre produise ses effets rapidement. Car, en cas de retard à l'allumage, dès lors que les subventions seront réduites, cela pourrait être un cocktail détonant avec une baisse dramatique de la production de logements et la perte des emplois non délocalisables qui va avec.

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Chantal Delsol : «La réalité, ce n'est pas l'islamophobie, mais l'occidentophobie» (06.09.2017)



Publié le 06/09/2017 à 17h16


TRIBUNE - Pour la philosophe*, il est vain de chercher des causes économiques ou psychiatriques au terrorisme. La matrice idéologique des djihadistes est la haine de la civilisation occidentale. Le problème est que nous non plus ne nous aimons pas.

Le terrorisme qui nous frappe s'impose à nous comme un objet non identifié. Nous sommes capables de mettre en place l'état d'urgence, de détenir des services secrets performants qui sans aucun doute nous évitent bien d'autres attentats. Mais nous sommes incapables de mettre le doigt sur les causes. Au début, à partir du 11 Septembre, on a commencé par prétendre que des raisons économiques poussaient ces jeunes garçons au meurtre de masse et au suicide. L'empreinte marxiste est déterminante dans les sociétés occidentales du tournant du siècle: on pense encore que le crime ne provient que du chômage et du mal-être social. Puis on s'est rendu compte qu'il n'en était rien, puisque les coupables étaient parfaitement intégrés et instruits. Aujourd'hui une nouvelle explication, non moins risible, court sur les antennes: les terroristes seraient des malades mentaux. On installe des «cellules de déradicalisation» aussi ridicules qu'inutiles, comme si on pouvait lutter contre des croyances avec les armes de la raison bureaucratique. La seconde explication a aussi peu de sens que la première. Car la véritable raison est étalée sous nos yeux, pendant que nous refusons de la voir, comme la lettre volée.

Qu'on le croie ou non, l'aveuglement des ex-communistes vis-à-vis des crimes de Lénine/Staline a été encore dépassé par l'aveuglement de nos contemporains devant les meurtres de masse auxquels nous sommes pratiquement habitués…

Le déni de réalité est tel qu'on voit ces jours-ci des Espagnols défiler contre le terrorisme aux cris de «non à l'islamophobie», comme si la raison de tout cela n'était pas, évidemment, l'occidentophobie. Qu'on le croie ou non, l'aveuglement des ex-communistes vis-à-vis des crimes de Lénine/Staline a été encore dépassé par l'aveuglement de nos contemporains devant les meurtres de masse auxquels nous sommes pratiquement habitués…

On ne parle pas de l'occidentophobie. Et probablement, il est suspect d'en parler, parce que c'est une manière de mettre en cause une branche de l'islam. Pourtant, les attentats qui secouent nos villes à intervalles de plus en plus rapprochés, sont bien le fruit de l'occidentophobie. Il s'agit d'une récusation profonde de notre culture telle qu'elle se déploie dans nos sociétés, Europe et Amérique confondues. L'Américain John Updike a bien décrit cela dans son roman Terroriste: son héros, le jeune Ahmad Mulloy, ne supporte pas le spectacle de la vie quotidienne américaine: la consommation permanente et la passion des choses superflues ; les filles offertes dans un abus de nudité et de laxisme, où plus rien n'est interdit ; la vulgarité, la bagatellisation de tout, le refus de toute spiritualité.

Un certain pourcentage de musulmans hébergés par l'Occident hait l'Occident. C'est un fait. Ils ont été accueillis ici mais se révoltent contre leur culture d'adoption.

Au fond, ce qui est mis en cause ici, c'est l'athéisme, la sécularisation générale, l'égalité des sexes, le matérialisme, la priorité du plaisir. Les terroristes sont d'abord des gens qui ne supportent pas les droits égaux pour les femmes, la laïcité, la fin du machisme patriarcal.

Un certain pourcentage de musulmans hébergés par l'Occident hait l'Occident. C'est un fait. Ils ont été accueillis ici mais se révoltent contre leur culture d'adoption. Ce sont des choses qui arrivent, et ce n'est pas la première fois dans l'histoire. Il ne s'agit pas d'un simple dégoût, sinon nos terroristes pourraient aller vivre dans des pays où le gouvernement est musulman et les femmes voilées. Il s'agit d'une haine, d'une volonté de faire disparaître une culture: une idéologie - cet islam veut le monde. Beaucoup d'Occidentaux croient naïvement que les idéologies, après l'enfer puis après le communisme, ont été supprimées. En réalité nous nous trouvons devant une nouvelle «guerre contre l'Ouest», héritière de celle dont parlait le Hongrois Aurel Kolnai en parlant du nazisme.

Les Occidentaux ont énormément de mal à admettre que des gens commandités par l'islam (même si évidemment aucun islam n'est tout l'islam) ont désigné l'Occident comme ennemi au point d'y commettre des massacres de masse. Car les musulmans, comme anciennes minorités opprimées, ont toujours raison: tel est notre mode de pensée. Incriminer des causes économiques ou psychiatriques des attentats, est chaque fois un moyen d'en rejeter la faute indirectement sur nous.

Cet aveuglement a des raisons intéressantes, et des conséquences non négligeables. Nous sommes parfaitement capables d'expliquer pourquoi nous, Occidentaux, devons être occidentophobes: toute la culture de la déconstruction nous le répète à satiété depuis un demi-siècle. Nous sommes capables d'expliquer comment la culture occidentale, responsable des guerres de religions et des guerres mondiales, est haïssable. Mais nous sommes bien incapables de comprendre et d'expliquer pourquoi un jeune musulman d'aujourd'hui, abrité et éduqué par l'Occident, va haïr la laïcité et l'émancipation des femmes: nous n'avons pas encore accepté cette réalité, tant elle nous insupporte, parce qu'elle déprécie une minorité que nous avons opprimée, c'est-à-dire un groupe de héros.

Faire l'apologie de la culture occidentale, nous pensons que c'est vichyssois, voilà tout

Nous avons depuis longtemps perdu l'habitude de défendre notre culture, de plaider pour elle. Faire l'apologie de la culture occidentale, nous pensons que c'est vichyssois, voilà tout. Aussi demeurons-nous pétrifiés et impuissants, incapables de comprendre avant même de répondre. Il faudrait justifier nos propres racines, que nous passons notre temps à ridiculiser depuis cinquante ans. Nous ne savons même plus où elles sont. La tâche est pour nous effrayante. Elle nous demande un retournement complet.

On ferait bien de cesser de pleurnicher sur la soi-disant islamophobie, qui n'existe que dans la mauvaise conscience, en ce cas mauvaise conseillère. La vraie réalité, qui se compte en nombre de morts, et cela est bien réel, c'est l'occidentophobie (qu'il vaudrait mieux appeler misoccidentie, si le mot n'était dissonant): la haine de l'Occident. Il est probable qu'à force de vouloir nous déconstruire nous-mêmes, nous avons donné des armes à ceux qui déjà ne nous aimaient pas beaucoup - quand on bat sa coulpe en permanence, on finit par apparaître comme un raté. Mais enfin le mal est fait. Il nous faut tenter de comprendre, quand nous serons parvenus à prononcer ce mot, pourquoi pullulent les occidentophobes, habités par la nostalgie d'une société religieuse, patriarcale et machiste. Il ne nous suffira pas de les traquer physiquement, car c'est une bataille de croyances - on n'embastille pas des croyances. Où sont nos croyances? Nous pourrions, avec profit, les rattraper dans le ruisseau où nous les avions imprudemment abandonnées.

*Membre de l'Institut, fondatrice de l'Institut Hannah Arendt, Chantal Delsol est philosophe et historienne des idées. Elle a dernièrement publié «Un personnage d'aventure. Petite philosophie de l'enfance» (Éditions du Cerf).

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La France arme ses drones et fait tomber un tabou (05.09.2017)


Mis à jour le 05/09/2017 à 19h38 | Publié le 05/09/2017 à 18h56


La décision annoncée par Florence Parly illustre le rôle devenu clé de ces aéronefs dans les opérations.

«Armons nos drones, tout de suite, sinon il y aura d'autres Uzbin», s'alarmait lundi Cédric Perrin, sénateur (LR) du Territoire de Belfort, lors des 15es universités d'été de la défense à Toulon. Le parlementaire, coauteur avec Gilbert Roger (PS), en mai dernier, d'un rapport sur les «drones d'observation et drones armés», évoquait l'embuscade survenue en août 2008 en Afghanistan, lors de laquelle 10 soldats français avaient perdu la vie. La tournure de ce dramatique événement - un traumatisme pour l'armée française - eût été différente, peut-être, si la patrouille avait été appuyée par des drones capables d'ouvrir le feu.

Ces universités d'été étaient particulièrement attendues après les fortes turbulences provoquées, en juillet, par la démission du chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers

Mardi, Florence Parly a annoncé que la France allait armer ses drones d'observation et de surveillance. «Nos modes d'action et nos équipements doivent s'adapter pour garder le temps d'avance qui est décisif pour atteindre nos objectifs», a déclaré la ministre de la Défense en clôturant le rendez-vous annuel des acteurs de la défense (chefs militaires, parlementaires, industriels, experts…) qui se déroulait sur la base navale varoise.

Ces universités d'été étaient particulièrement attendues après les fortes turbulences provoquées, en juillet, par la démission du chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers. Les interventions de son successeur, le général François Lecointre, ont donc été attentivement décryptées. Avant la remise d'une «revue stratégique» le mois prochain et le vote d'une loi de programmation militaire (LPM) au premier semestre 2018, le nouveau «Cema» a posé ses premières marques. Taclant au passage la «régulation sauvage de Bercy», le général Lecointre a plaidé pour une armée retrouvant des marges de manœuvres et qui ne soit plus systématiquement employée à 100 % de ses «contrats opérationnels» - actuellement, le «suremploi» est évalué à 130 %. Il est nécessaire de retrouver de la flexibilité, une capacité de remonter en puissance, là où des interventions seraient nécessaires dans les années à venir, a expliqué en substance le Cema. Cela impliquera des «choix» pour la régénération et le renouvellement des forces, a-t-il indiqué, sans préciser par ailleurs quels ajustements pourraient intervenir dans le déploiement des militaires français au Sahel, au Levant ou sur le «théâtre national». Une révision de l'opération «Sentinelle» doit être annoncée dans quelques jours.

«Ce nouvel usage permettra aussi d'optimiser l'emploi des aéronefs, avions de combat et leurs ravitailleurs ou hélicoptère»
Florence Parly

La décision d'armer les drones concernera dans un premier temps les 12 Reaper MQ-9 de type MALE (moyenne altitude longue endurance) que la France a achetés aux États-Unis. Six exemplaires ont déjà été livrés - cinq sont actuellement déployés au Sahel - et six autres doivent l'être avant la fin 2019. Ultérieurement, il s'agira d'armer le futur drone européen dont les études sont en cours entre la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, et qui est attendu pour 2025.

Endurants, discrets, les drones sont devenus des capacités incontournables, au Sahel notamment, pour suivre et surveiller l'adversaire grâce à une présence permanente sur le «théâtre» - l'autonomie du Reaper est de 24 heures -, mais aussi pour guider les avions de chasse ou les hélicoptères chargés de neutraliser ces cibles. Or, dans l'immensité du désert ou parmi les populations civiles, les «fenêtres de tirs» sont souvent très brèves, tandis que, par ailleurs, les moyens aériens peuvent être insuffisamment disponibles.

«Ce nouvel usage permettra aussi d'optimiser l'emploi des aéronefs, avions de combat et leurs ravitailleurs ou hélicoptères», a souligné Florence Parly.

«L'homme reste au cœur de la boucle décisionnelle d'usage de la force»
Le ministère de la Défense

Autre argument, ce tournant majeur a déjà été négocié par d'autres pays, une douzaine dans le monde, dont les États-Unis et le Royaume-Uni. En Europe, l'Italie et l'Allemagne ont également sauté le pas. Après avoir raté le coche du drone européen il y a vingt ans, il faut veiller à ne pas louper cette étape clé avec nos partenaires de l'UE, explique-t-on en substance dans l'entourage de Florence Parly.
L'annonce ministérielle, courageuse, n'allait pas de soi, l'armement des drones ayant longtemps suscité des réticences dans l'opinion et au sein même des armées. «Non, un drone armé n'est pas un robot tueur», a-t-elle affirmé, en expliquant que sa décision «ne change rien aux règles d'usage de la force», qui seront les mêmes que celles qui s'appliquent pour un avion chasseur ou un canon. «L'homme reste au cœur de la boucle décisionnelle d'usage de la force», fait-on valoir au ministère de la Défense. Une nouvelle doctrine d'emploi devra néanmoins être élaborée au sein de l'état-major des armées.

L'armement par la France de ses drones Reaper exige néanmoins un préalable: le feu vert du Congrès américain, comme c'est l'usage pour l'exportation de ce type de matériels. La procédure pourrait prendre un an, ce qui permettrait de voir les premiers drones armés voler en 2019. Entre-temps se poseront d'autres questions - quels armements? quelles munitions? -, comme le relève le sénateur Cédric Perrin en plaidant pour le «made in France».

Reprise des vols d'essais du nEUROn

Florence Parly a assisté lundi sur la base d'Istres (Bouches-du-Rhône) à la reprise des vols d'essais du nEUROn, le «démonstrateur technologique de drone de combat» développé par la France (avec Dassault Aviation* pour maître d'œuvre), la Suède (SAAB), l'Italie (Alenia), la Suisse (Ruag), la Grèce (HAI) et l'Espagne (Airbus-Casa). Le projet nEUROn est né en 2003, son premier vol a eu lieu en décembre 2012. En 2016, une campagne de quinze vols a été réalisée en France pour évaluer le comportement de l'aéronef dans un environnement aéronaval, après une campagne initiale de 123 vols réalisés de 2012 à 2015. Une troisième vague d'essais est à l'étude. «Le nEUROn témoigne du développement de technologies nouvelles dans deux domaines principaux, la furtivité et l'autonomie, mais aussi de notre capacité à mener une coopération européenne dans la perspective du futur système de combat aérien», souligne le président de Dassault Aviation, Éric Trappier, présent à Istres aux côtés de la ministre.
* Le groupe Dassault est propriétaire du «Figaro».

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