mardi 29 janvier 2019

L’Italie de Salvini face aux lobbies immigrationnistes, aux milieux européistes et à la France de Macron

Matteo Salvini. Photo © Alberto PIZZOLI / AFP

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L’Italie de Salvini face aux lobbies immigrationnistes, aux milieux européistes et à la France de Macron
Par Auteur Alexandre del Valle / Lundi 28 janvier 2019 à 10:02 8
Matteo Salvini. Photo © Alberto PIZZOLI / AFP Matteo Salvini. Photo © Alberto PIZZOLI / AFP
Alexandre del Valle explique comment les tentatives de la justice italienne et des lobbies immigrationnistes d’affaiblir Matteo Salvini sur la question des migrants et du souverainisme contribuent à rendre le ministre de l’Intérieur encore plus populaire.

Le très controversé ministre de l’Intérieur italien et chef de la Ligue, Matteo Salvini, désigné ennemi politique n°1 par la France de Macron et les milieux européistes, continue de faire parler de lui sur deux fronts : celui de la polémique avec la France, intensifiée par son allié du parti 5 étoiles, Luigi Di Maio, vice-président du Conseil comme lui, qui a dénoncé le néo-colonialisme français en Afrique. Puis la question migratoire, toujours au centre du débat depuis que la justice italienne a accusé Salvini de « séquestration de migrants » de par son refus, en août dernier, d’accueillir 177 clandestins africains à bord du bateau Diciotti. Matteo Salvini a répété sur les réseaux sociaux qu’il ne se laisserait pas intimider et que les ports italiens resteraient fermés aux clandestins. Cette tentative de l’affaiblir par la judiciarisation du combat contribue à le rendre encore plus populaire, ceci en vue des élections européennes qui s’annoncent excellentes pour la Ligue, au point d’inquiéter le parti 5 Etoiles…


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Un procès politique diligenté par des juges de gauche hostiles à la Ligue
Alors qu’il n’a fait qu’appliquer la loi en matière de lutte contre l’immigration illégale, Matteo Salvini est inculpé par la justice italienne pour « séquestre aggravé de personnes et de mineurs ». Outre l’usage obscènement abusif du terme « séquestre » qui, en Italie, rappelle l’horreur des enlèvements et meurtres de personnes par les Brigades rouges ou les mafias (Anonima sarda et ‘Ndrangheta), ce procès kafkaïenn est d’autant plus aberrant que le procureur de Catane, M. Zuccaro, impliqué dans la lutte contre les réseaux de passeurs, avait estimé que le crime d’enlèvement n’avait pas été commis par Salvini, le commandant du bateau ayant lui-même attesté que les femmes, les enfants et les malades nécessiteux avaient été accueillis dans les hôpitaux italiens et que seuls les mâles adultes en bonne santé (et nourris/bien traités) étaient restés sur le bateau Diciotti.

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En fait, la procédure, qui avait été préalablement close par le procureur Zuccaro, a été relancée par le « tribunal des ministres de Catane », or cette section spéciale de la justice compétente pour les délits des présidents du conseil ou des ministres et qui est liée au Sénat est bien plus politisée que les tribunaux classiques. Il s’avère sans surprise que les trois membres de la magistrature qui a inculpé Salvini sont notoirement de gauche et collaborateurs actifs du magazine très immigrationniste « Loi, Immigration et citoyenneté », financé notamment par George Soros, observe le journaliste et politologue italien Cesare Sachetti. « Je ne change pas un pouce de ma position, si j’ai été un ravisseur une fois, considérez-moi comme un ravisseur pour les mois à venir, les sénateurs qui décideront si je suis coupable ou innocent », a déclaré Salvini. Ce dernier est d’autant plus enclin à se défendre de la sorte sur les réseaux sociaux que la perspective de ce procès ubuesque (déclarer « illégal » la lutte contre l’immigration illégale !) augmente encore plus sa popularité et celle de la Ligue.

L’inculpation digne de l’ex-URSS achève par ailleurs de convaincre nombre d’Italiens, qui gagnent moins de 1000 euros par mois et qui sont scandalisés par les aides et le laxisme en faveur des immigrés illégaux, que les élites agissent en « ennemis » de la Nation. M. Sacchetti déplore ainsi que « la justice italienne a une fois de plus manqué à ses devoirs. Nous sommes confrontés au renversement de la loi (…). Le pouvoir judiciaire, plutôt que d’ouvrir une enquête sur ce navire-ONG illégalement impliqué dans la traite des êtres humains, préfère juger l’homme politique qui a tenté légalement de mettre fin à ce trafic ! ». Cesare Sacchetti déplore l’orientation politique de ce procès et estime que « cette partie de la magistrature très politisée veut envoyer un message d’intimidation à l’encontre de ceux qui tentent d’empêcher les plans des élites mondialistes en faveur de l’immigration de masse ».

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Judiciariser le débat et intimider les forces récalcitrantes à l’immigrationnisme
En réalité, ce phénomène n’a rien de surprenant, surtout quelques semaines après la signature et l’adoption, par une majorité de pays-membre de l’ONU, du fameux « Pacte de Marrakech » sur les migrations qui a donné lieu, au niveau national, européen et onusien, à des campagnes de diabolisation sans précédents de toutes les forces et figures politiques - issues de l’opposition (« populistes-islamophobes », etc) ou de gouvernement (Salvini-Kurz, Orban-Trump-Bolsonaro) qui combattent l’immigration de masse et/ou illégale. Le fait que des forces anti-immigrationnistes se fassent de plus en plus entendre, de l’Europe de l’Est (Višegrad) et du Sud, jusqu’à l’Australie et aux Amériques, a suscité ces derniers mois de la part des lobbies et forces mondialistes, une offensive propagandiste, médiatique et judiciaire massive destinée à discréditer ou éliminer ceux qui s’opposent à l’utopie « No Borders » chère à Soros et aux ONG pro-migrants illégaux. Tout doit par conséquent être fait pour empêcher d’agir et de convaincre ceux qui affirment, comme Salvini et Orban, que la submersion démographique migratoire n’est pas une fatalité et que les nations ont le droit et les moyens de préserver leur identité, leurs frontières et leur intégrité nationale.

La pluralité des forces idéologiques et économiques immigrationnistes
Les forces immigrationnistes ne se réduisent pas, loin de là, aux mouvances de gauche, d’extrême-gauche ou « bobos-néo-nomades ». A ce titre, l’actuel pape François, immigrationniste militant et peut-être sincère, d’ailleurs élu grâce à l’étrange départ subit de « l’islamophobe-conservateur » Benoit XVI – puis la majorité du clergé catholique ouest-européen actuel  rivalisent avec Edwy Plenel et la gauche tiersmondiste. Cela est si vrai que le pape argentin, d’ailleurs « ami » du milliardaire Soros alors qu’il dénonce le « pouvoir de l’argent », ne cesse de fustiger en Italie non pas les forces communistes et néo-brigadistes ou les islamistes radicaux (il avait défendu les auteurs de l’attaque contre Charlie Hebdo au nom du refus du « blasphème ») mais les seules forces « de droite » anti-migrants, à commencer par sa bête-noire Matteo Salvini.

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La droite de l’argent détruit l’Etat, favorise l’immigration de masse et travaille à la destruction de toute dimension éthique au sens hégélien.
De ce point de vue cohérent et constant, « papa Francesco » a même prononcé lors des dernières Journées Mondiales de la Jeunesse organisées les 22-27 janvier derniers au Panama, un discours pro-migrants « historique ». Ceci dit, n’oublions pas pour autant qu’à côté de l’Église catholique post-conciliaire culpabilisée ; à côté des mouvances néo-gauchistes et bobos xénophiles, l’autre grande force immigrationniste/mondialiste est représentée par les multinationales déterritorialisées et les capitalistes libertaires, désireux de détruire les identités et frontières pour créer un marché mondial unique, donc pour ce faire édifier un homme nouveau sans frontières ni identité destiné à consommer des produits interchangeables, unisexe et interpublics. D’où l’analyse pertinente du philosophe préféré de la Ligue et au mouvement 5 Etoiles, Diego Fusaro, qui décrit ainsi les forces plurielles et complémentaires du mondialisme immigrationniste : « la première aile, c’est la droite de l’argent, qui détruit l’Etat, favorise l’immigration de masse et travaille à la destruction de toute dimension éthique au sens hégélien ; la seconde aile, c’est la gauche des mœurs qui au lieu de faire obstacle à ces tendances les légitime à travers ses « superstructures », pour reprendre Gramsci ». Des propos qui conforment l’idée, chère à nombre de souverainistes « ni droite ni gauche », selon laquelle l’Italie serait devenue aujourd’hui, le laboratoire intellectuel et politique de la « résistance » occidentale face au projet néo-totalitaire du village global, foncièrement « démophobe ».

La crise franco-italienne ou l’opposition souverainisme/supranationalisme
C’est dans ce contexte d’offensive post-démocratique et post-nationale lancée par les forces « multiculturalistes », qui veulent faire des démocraties européennes un laboratoire d’une future « supra société mondiale » (Zinoviev), que le gouvernement de Matteo Salvini, di Maio et de Conte (Président du Conseil), est devenu, à la suite de Trump et Orban, la nouvelle bête-noire des puissances cosmopolitiquement correctes. On se rappelle d’ailleurs du clip de pré-campagne électorale européenne lancé par le gouvernement macron qui désignait carrément Salvini et Orban comme la nouvelle « Peste Brune menaçant » l’Union européenne. Sans surprise, la reductio ad hitlerum, également utilisée de façon systématique contre leurs équivalents américains Trump et Bolsonaro, est l’arme de disqualification favorite des anti-populistes-immigrationnistes qui qualifient ceux qui veulent simplement appliquer les lois pénalisant les flux migratoires illégaux de « racistes-fascistes-extrême-droite ».

Face à ces attaques venues des forces, européistes, mondialistes, des ONG pro-Migrants, de leurs relais médiatiques, de la Papauté et même des milieux de la haute finance et des multinationales (GAFA en tête), l’Italie « populiste » rend les coups, certes de façon grossière, mais dans le cadre d’une réaction à une agression initiale. Rappelons en effet, à la décharge des « populistes » italiens, que ce n’est pas Rome qui a dégainé la première contre Macron, mais Paris, notamment depuis que le président Français - pourtant d’habitude capable de bien plus d’ouverture vis-à-vis des populistes virils (Erdogan, Ben Salmane, Modi, Trump ou Poutine) - n’a cessé de désigner l’Italie de la Ligue et du M5S comme l’avant-garde de la nouvelle « Peste brune » à combattre à tout prix. Certes, personne n’est dupe du fait que Macron sait parfaitement que Salvini agit dans le seul cadre de la loi et n’est aucunement un dangereux « nazi-fasciste-xénophobe ». En se présentant à bon compte face à Salvini et aux « extrêmes » comme le plus grand défenseur de la démocratie européenne et le héros de la lutte contre la « lèpre populiste », le président français entend instaurer un vide total entre deux pôles irréductibles (europhiles progressistes et europhobes « populistes »). Et en rendant le débat à ce point manichéen et polarisé, son objectif, assez habile, consiste à détruire l’opposition « raisonnable » (DLF, Républicains et PS) afin de gagner non pas les élections européennes - comme son équipe feint de l’envisager - mais en réalité les présidentielles, en l’occurrence face à une Marine Le Pen durablement diabolisable et alliée de Salvini qu’il a tout intérêt à voir progresser (comme d’ailleurs Mélenchon) face aux Républicains et face à Dupont-Aignan.

La sortie de Di Maio contre la « France coloniale » ou la guerre des représentations
D’évidence, les relations entre Paris et Rome n’ont jamais été aussi tendues que depuis l’arrivée du gouvernement « jaune-vert » en Italie en juin 2018. On comprend mieux, dans ce contexte, le choix rhétorique de Salvini et de son allié Di Maio de soutenir, dès le début, les « gilets jaunes » français. Il est vrai que les deux leaders « populistes » ont à maintes reprises accusé le président français et ses homologues « radical-chic » de gouverner « contre son peuple », puis ouvertement souhaité son départ au « plus vite ».

Pour beaucoup d’italiens électeurs du parti 5 Etoiles (M5S), les « gilets jaunes » rappellent d’ailleurs les premières manifestations de masse « anti-Caste » organisées dans les années 2000 par M5S face aux gouvernements européistes Monti ou Renzi. Ces manifestations massives à répétition préparèrent l’ascension de 5 Etoiles, pourtant créé au départ de façon apolitique par le comique Beppe Grillo. Bien que plus à gauche que la Ligue et bien que certains cadres de M5S soient moins anti-immigrationnistes que la Ligue, le vice-président du Conseil Luigi di Maio s’est montré totalement solidaire ces derniers jours de Matteo Salvini dans ses invectives contre Macron. Matteo Salvini a lancé une première attaque assez violente en déclarant: « J’espère que les Français pourront se libérer d’un très mauvais président », salve qui contrevient, certes, aux règles diplomatiques, mais à laquelle il fallait s’attendre au nom du principe de « réciprocité » et de réaction. Évoquant les élections européennes du printemps 2019, il a ensuite appelé « le peuple français à reprendre en main son avenir et son destin, son orgueil mal représentés par un personnage comme Macron (…), Je suis proche, avec tout mon coeur et tout mon travail, du peuple français, de millions d’hommes et de femmes qui vivent en France avec un très mauvais gouvernement et un très mauvais président de la République », a-t-il surenchéri dans une nouvelle vidéo postée sur les réseaux sociaux, dans un style trumpien en plus violent encore.

De son côté, le leader de 5 Etoiles, Luigi Di Maio, a carrément dénoncé la France « colonialiste », allant même jusqu’à souhaiter que l’Union européenne prenne « des sanctions » contre les pays comme la France qui sont « à l’origine du drame des migrants en Méditerranée en les faisant partir d’Afrique en les exploitant »…. Outre le fait que la grande majorité des Italiens n’a jamais digéré la guerre anglo-américano-française provoquée par Sarkozy pour renverser le régime libyen de Kadhafi (et qui a débouché sur la destabilisation sécuritaire de toute l’Afrique), Di Maio a frappé là où cela fait mal en accusant la France macronienne (qui traite l’Italie de « raciste »), d’être « un de ces pays qui, parce qu’il imprime la monnaie de 14 pays africains, empêche le développement et contribue au départ des réfugiés. Si l’Europe veut en ce moment avoir un peu de courage, elle doit avoir la force d’affronter le thème de la décolonisation de l’Afrique »… Cette offensive idéologico-diplomatique a été particulièrement mal prise par Paris, au point que Teresa Castaldo, l’ambassadrice d’Italie en France, a été convoquée au ministère français des Affaires étrangères après ces propos « inacceptables ».

Si Macron veut vraiment faire quelque chose pour mettre fin à la crise migratoire, il doit aider ces 14 pays à pouvoir se développer de manière autonome.
En fait, Di Maio n’aurait fait que répéter ce que l’ex-président Jacques Chirac lui-même avait déclaré jadis : la France avec le mécanisme du Franco CFA a privé ces 14 pays de leur souveraineté monétaire, les plaçant en fait dans une condition de servitude coloniale. Pour Cesare Sacchetti, les propos de Di Maio démontrent que « l’avenir de l’Afrique passe précisément de la libération de ce joug colonial, et cet objectif est de rendre la souveraineté monétaire aux pays africains membres du franc CFA. De ce fait, si Macron veut vraiment faire quelque chose pour mettre fin à la crise migratoire, il doit aider ces 14 pays à pouvoir se développer de manière autonome ». On peut certes contester les attaques de Rome, capitale rivale de la France au Maghreb, en Méditerranée et en Afrique depuis longtemps, mais il apparaît à nombre de souverainistes européens, italiens comme français, que la lutte pour l’émancipation de l’Afrique ne s’oppose aucunement au fait de combattre l’immigration incontrôlée. Pour Sacchetti, la France continuerait « d’encourager les voyages d’espoir qui mettent en danger la vie des Africains, sans résoudre le problème à la racine, ni faire en sorte que l’Afrique puisse enfin se développer économiquement, sans recourir à des migrations qui ne jouent souvent que le jeu de grands groupes de sociétés multinationales qui veulent exploiter le travail à faible coût des migrants ».

Sur ce point, on peut également citer le philosophe italien Diego Fusaro, référence commune de la Ligue et du parti 5 Etoiles, écouté par la gauche comme par la droite, dont il veut d’ailleurs dépasser le clivage : « Le plan lisse du Marché Global pousse à la mobilité d’esclaves interchangeables (…), il est hostile aux identités, aux cultures, aux racines. (…) et alors que la droite libertaire et les forces multinationales favorisent l’immigration de masse au détriment des travailleurs nationaux et de l’Etat-Nation, la gauche nous dit que l’État doit être abattu, car il est fasciste, que la Famille doit être détruite car homophobe, qu’il nous faut importer toujours de nouveaux migrants. En somme, la gauche des mœurs légitime ce que la droite de l’argent lui demande ».

Lorsqu’en France, des philosophes aussi cosmopolitiquement incorrects que Diego Fusaro pourront ou continueront à être médiatisées après avoir tenu des propos de ce type, alors un débat réellement équilibré existera à nouveau. Il est grand temps de s’employer à relégitimer le fait national dans le cadre d’un « gramscisme de droite » cher à Fusaro comme à Sacchetti, c’est-à-dire dans le cadre d’un combat culturel que la gauche a toujours bien mieux su livrer que la droite, si tant est que cette opposition soit encore une catégorie pertinente…

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