Défense : Macron veut inscrire les opérations extérieures dans une «approche globale» (29.08.2017)
Éric Morvan, un préfet rompu aux arcanes de la police (02.08.2017)
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Jean-Marc Falcone : «Plus que des primes, les policiers veulent être respectés» (02.08.2017)
À bord du Mistral pour traquer les mines en mer Rouge (02.08.2017)
Le quotidien des soldats, talon d’Achille des armées (29.07.2017)
Natacha Polony : «Pas de démocratie sans souveraineté militaire» (21.07.2017)
Longuet sur Castaner : «Macron ne peut sous-traiter une grave crise militaire à un ministre débutant» (21.07.2017)
Après la charge de Castaner contre Villiers, la polémique repart de plus belle (21.07.2017)
La charge de Castaner contre Pierre de Villiers (21.07.2017)
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Budget défense : Emmanuel Macron recadre le chef d'État major des armées (14.07.2017)
La Défense sous le choc des réductions budgétaires (13.07.2017)
Général d'armée Pierre de Villiers : «Soyons fiers de nos armées françaises» (13.07.2017)
Voir aussi :
Défense et sécurité (François Chauvancy)
Le Point (Jean Guisnel)
Secret Défense (L'Opinion)
Ligne de Défense (Ouest France)
Blog du Colonel Goya
B2 Bruxelles
Si Vis Pacem
Fauteuil de Colbert
OPEX News
Guerres et Conflits XIXe-XXIe siècles
RP Défense
Général d'armée Pierre de Villiers : «Soyons fiers de nos armées françaises» (13.07.2017)
Voir aussi :
Défense et sécurité (François Chauvancy)
Le Point (Jean Guisnel)
Secret Défense (L'Opinion)
Ligne de Défense (Ouest France)
Blog du Colonel Goya
B2 Bruxelles
Si Vis Pacem
Fauteuil de Colbert
OPEX News
Guerres et Conflits XIXe-XXIe siècles
RP Défense
Défense : Macron veut inscrire
les opérations extérieures dans une «approche globale» (29.08.2017)
Par Alain
Barluet
Publié le 29/08/2017 à 16h50
INFOGRAPHIE - Le
président de la République a présenté mardi son premier discours de politique
étrangère devant les diplomates français réunis à l'Élysée. Il a placé la lutte
contre le terrorisme au cœur de sa diplomatie.
Toutes missions confondues,
30.000 militaires français sont actuellement «en posture opérationnelle», parmi
lesquels plus de 10.000 sont déployés hors du territoire national. Aucune
annonce du chef de l'État n'était attendue à cet égard mardi dans son discours
aux ambassadeurs. Les circonstances ne s'y prêtaient pas, Emmanuel Macron ayant
indiqué, déjà à l'époque de la campagne présidentielle, qu'il poursuivrait les
engagements militaires majeurs de la France. Par ailleurs, une revue
stratégique, dont les travaux doivent aboutir à la fin du mois de septembre,
examine actuellement, les grands axes stratégiques des prochaines années.
Il n'empêche, l'action
des armées françaises sur leurs principaux «théâtres» d'opérations devrait
être touchée par les orientations diplomatiques livrées par le chef de l'État.
Ce sera le cas au Moyen-Orient mais surtout en Afrique auxquels Emmanuel Macron
a consacré une part importante de son discours qu'il a placé sous l'égide d'une
priorité absolue : la lutte contre le «terrorisme islamiste».
Reprendre l'initiative
Sa démarche a été formulée
explicitement : à l'extérieur, l'engagement militaire pour la sécurité des
Français s'inscrit dans un triptyque, qu'Emmanuel Macron a appelé «les trois
D» : défense, développement, diplomatie. Une «approche globale», diraient les
spécialistes.
Au Levant, il s'agit de reprendre
l'initiative diplomatique, en appui des succès militaires engrangés par la coalition
à laquelle la France participe avec l'opération «Chammal» (1200 militaires).
Dans cette région, «le retour de la paix est vital pour la France», a insisté
le chef de l'État. En Libye et au Sahel, l'objectif est d'«empêcher les groupes
terroristes d'avoir des bases arrière». Les priorités de l'opération «Barkhane»
(4000 militaires), déployée sur cinq pays du Sahel depuis août 2014,
seront «réévaluées à l'aune de la lutte contre le terrorisme», a dit M. Macron
sans autre précision.
Le chef de l'État a néanmoins
martelé une exigence : «faire plus», tant dans le domaine politique - pour
donner enfin corps à l'accord d'Alger - qu'en ce qui concerne le développement.
«Nous devons gagner la paix», a dit le président de la République, reprenant
l'antienne de l'ex-chef d'état-major des armées, le
général Pierre de Villiers qui a démissionné avec fracas en juillet.
L'approche «multidimensionnelle» inclut le volet migratoire, thème d'un sommet
lundi à l'Élysée. Les initiatives consistant à identifier les
migrants éligibles pour l'asile en France et en Europe dans des centres
implantés au Tchad et au Niger pourraient s'accompagner de «présence
militaire sur le terrain pour prévenir d'autres débordements et l'accroissement
des flux vers la Libye», a indiqué Emmanuel Macron, lundi soir.
Une décennie au moins
La
question des moyens budgétaires de la défense reste lancinante et déterminante.
Elle n'a été que très brièvement abordée mardi par le chef de l'État. Et laisse
planer nombre d'interrogations pour l'avenir. Défense, développement,
diplomatie, cette trinité est censée, théoriquement, entraîner
à terme un enchaînement vertueux conduisant des États enfin stabilisés, au
Sahel par exemple, à s'assumer plus pleinement. On en est très loin, alors
même que l'aide publique au développement - que le chef de l'État veut porter à
0,55 % du PIB en 2022 - passe sous la toise. Une large mobilisation
financière serait nécessaire, appuyée par la communauté internationale mais
l'engouement, des Européens notamment, reste mesuré.
Au
Sahel, les militaires français estiment que leur maintien sera indispensable
pour une décennie au moins. Or les incertitudes budgétaires, l'insuffisance
des capacités, la pression opérationnelle accrue plombent les perspectives des
armées déjà «au taquet». De plus, comment ferait-on si la Centrafrique
replongeait dans la spirale du chaos ? Le 12 juillet, dans sa dernière
audition parlementaire, le général de Villiers, évoquait, sans citer
explicitement le Sahel, «l'alternative d'un désengagement opérationnel
inéluctable, par manque de moyens». Ce serait alors, avertissait-il, «accepter
de peser de façon moins déterminante sur la protection des Français et laisser
à d'autres le soin d'influer sur les grands équilibres internationaux».
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Éric Morvan, un préfet rompu aux arcanes de la police (02.08.2017)
- Par Christophe
Cornevin
- Mis à jour le 02/08/2017 à 22:02
- Publié le 02/08/2017 à 19:27
L'ex-directeur adjoint de cabinet de Bernard Cazeneuve au
ministère de l'Intérieur a été nommé à la tête de la police nationale, à la
place de Jean-Marc Falcone.
La nomination d'Éric
Morvan à la tête de la Direction générale de la police nationale (DGPN) était
attendue, pour ne pas dire espérée au sein de la police tant son profil semble
épouser les contours d'une institution qu'il connaît sur le bout des doigts.
«Archétype du grand commis de l'État», «haut fonctionnaire intègre et à
l'écoute», «homme d'expérience et de compétences»: syndicalistes et
responsables policiers n'ont pas manqué de propos élogieux pour accueillir le
nouveau «patron». Il faut dire que ce serviteur de l'État âgé de 60 ans
est rompu à tous les arcanes de la «maison» police, aux opérations qu'elle a
menées en période terroriste et aux hommes qui l'animent. Tour à tour chargé
dès 2005 des ressources humaines, puis de la direction des finances et du
secrétariat général pour l'administration de la préfecture de police de Paris,
Éric Morvan a rejoint la Place Beauvau au printemps 2014 en tant que directeur
adjoint du cabinet de Bernard Cazeneuve. Venant du Budget, le ministre de
l'Intérieur d'alors avait besoin de ce fonctionnaire madré à ses côtés.
«Une vraie culture du dialogue social»
Préfet des
Pyrénées-Atlantiques, Éric Morvan prend les rênes de la police nationale à un
moment où la menace terroriste est persistante. Et
la grogne toujours en gestation.
«Éric Morvan, qui dispose d'une vraie culture du dialogue social, a toute la
confiance des syndicats qui ont éprouvé son sens de la parole donnée dans les
moments difficiles, assure Patrice Ribeiro, secrétaire général de
Synergie-officiers. Il connaît la machine, nous allons pouvoir entrer dans le
vif des sujets.» Sans attendre, Gérard
Collomb lui a assigné une
feuille de route. Parmi les «réformes d'importance» qui l'attendent figurent la
«mise en place de la police de sécurité du quotidien», la recherche d'une
«meilleure complémentarité avec les autres acteurs de la sécurité» et la
poursuite des «efforts entrepris pour améliorer les moyens matériels et les
équipements». Éric Morvan est aussi attendu sur la réforme de la procédure
pénale, particulièrement attendue par les enquêteurs. Sa promotion s'intègre
dans un vaste mouvement de renouvellement de la hiérarchie policière. Avant
lui, Laurent
Nuñez, autre préfet très apprécié,
avait succédé à Patrick Calvar comme directeur général de la sécurité intérieure
(DGSI).
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sécurité quotidienne»
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fait de nous une cible»
Jean-Marc Falcone :
«Plus que des primes, les policiers veulent être respectés» (02.08.2017)
Par Christophe Cornevin Mis à jour le
02/08/2017 à 19:49 Publié le 02/08/2017 à 19:06
Jean-Marc Falcone
dans son bureau, mercredi à Paris
INTERVIEW EXCLUSIVE
- Le patron de la police nationale quitte ses fonctions cet été, laissant la
place à Éric Morvan. Après plus de trois ans à la tête de l'institution, il se
confie au Figaro.
Après plus de trois
ans passés à la tête de la police nationale, Jean-Marc Falcone a été nommé
mercredi, en Conseil des ministres, préfet de la région Centre-Val de Loire. À
64 ans, il prendra ses nouvelles fonctions fin août. Celui qui a commandé une
institution de 150.000 femmes et hommes, dans les moments les plus intenses, se
livre en exclusivité pour Le Figaro.
LE FIGARO. - Lors
des attaques terroristes de 2015 et 2016, les forces de l'ordre étaient en
première ligne. Comment avez-vous vécu cette période?
Jean-Marc FALCONE. -
Comme des mois terribles. Cette succession d'attentats a été très dure pour la
police nationale puisque nous avons perdu des policiers en mission ou frappés
au hasard, à l'instar de nombreux autres concitoyens. Apprendre qu'un attentat
vient ...
À bord du Mistral
pour traquer les mines en mer Rouge (02.08.2017)
Par Georges
Malbrunot , Service infographie du Figaro Mis à jour le 02/08/2017 à 17:57
Publié le 02/08/2017 à 17:34
Vu depuis la frégate
Le Courbet qui le protège, le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral
pendant sa mission en mer Rouge.
REPORTAGE - Du
détroit de Bab el-Mandab au canal de Suez, la menace des bateaux kamikazes et
des engins explosifs est permanente.
«Un boutre a été
repéré sur l'avant», annonce le chef de quart. «Il défile vers la gauche.»
Vérification faite, l'embarcation est classée «neutre». Dans l'obscurité d'une
fin de nuit, le Mistral continue sa route. Il est 5 heures du matin, le navire
de guerre français pénètre dans le détroit de Bab el-Mandab en mer Rouge, où
l'Afrique et la Péninsule arabique se rejoignent. Un détroit stratégique où
transitent chaque jour quelque 4 milliards de barils de pétrole. «C'est l'un
des endroits les plus dangereux au monde», avertit le commandant Stanislas de
Chargères, le pacha du Mistral, qui a tenu à monter sur la passerelle.
À un nœud, la ...
Le quotidien des soldats, talon d’Achille des armées (29.07.2017)
Les mauvaises conditions de vie
des soldats pèsent de plus en plus lourd. Au risque de saper l’élan patriotique
qui a suivi les attentats de 2015-2016.
LE MONDE | 29.07.2017 à 06h45 •
Mis à jour le 30.07.2017 à 07h50 | Par Nathalie Guibert
Soldats français participant à
l’opération « Sentinelle », à Vincennes (Val-de-Marne), le 25 juillet 2016.
Le moral des armées constitue «
un point d’attention », selon la langue de bois de la hiérarchie militaire. En
clair, le sujet est devenu hautement sensible, et ce avant même la crise sur le
budget 2017 qui a provoqué un grand malaise dans l’institution, en poussant le
chef d’état-major, Pierre de Villiers, à démissionner, le 19 juillet.
Très valorisées par le pouvoir
politique, les opérations extérieures aspirent les moyens disponibles et les
énergies positives. Au prix d’un sacrifice de l’arrière, où les mauvaises
conditions de vie des soldats pèsent de plus en plus lourd. Elles risquent
même, selon des observations convergentes, de saper l’élan patriotique qui a
suivi les attentats de 2015-2016 en conduisant de nombreux jeunes à s’engager.
Avant ce 14-Juillet de crise, Le
Monde avait recueilli des témoignages de jeunes militaires qui, bien que par
nature partiels, illustrent la gravité du problème. Bastien, 22 ans, ne
renouvellera pas son CDD dans l’armée de terre, après avoir enchaîné les
missions « Vigipirate »/« Sentinelle », qu’il juge « trop frustrantes ».
Pierre, 26 ans, cherche à quitter la marine, selon lui « une boutique qui
n’avance pas ».
« A force de ne rien faire de la
journée, je rumine »
L’opération « Sentinelle »,
explique Bastien, qui a plus de trois ans de service et six missions
intérieures, est en passe d’écœurer les nouveaux engagés. Lever 5 heures,
coucher 23 heures, 25 km à 30 km parcourus par jour, cent quinze jours de
terrain dans une année, des primes versées avec retard, une incapacité à
prévoir qui ronge la vie familiale, des congés annulés… Le rythme, depuis les
attentats, a été trop soutenu au regard de l’intérêt de la tâche.
« Deux mois de “Sentinelle”, une
formation, encore deux mois, puis une préparation “opération extérieure”
hyperraccourcie… On enchaîne, on enchaîne… On n’a plus de vie privée. » Dans
son unité, affirme-t-il,...
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2017/07/29/le-quotidien-des-soldats-talon-d-achille-des-armees_5166355_3210.html
1,2 milliard de crédits débloqués pour réchauffer le moral des armées (23.07.2017)
Par Christophe Alix — 23 juillet
2017 à 15:32
Après la promesse réitérée
d'Emmanuel Macron jeudi de porter à 2 % du PIB le budget de la défense à
l'horizon 2025, la ministre des Armées Florence Parly est montée à son tour au
front pour tenter de rassurer des militaires encore sous le choc de la
démission de leur chef d'état-major Pierre de Villiers.
Il fallait bien mettre un peu de
baume au cœur des militaires. La grande muette, qui vient de vivre une séquence
douloureuse avec l’annonce des annulations de crédits de 850 millions d’euros
pour 2017, à l’origine de la démission deux semaines plus tard du très respecté chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, va bénéficier d’un dégel de
1,2 milliard de crédits sur le 1,9 milliard bloqué en 2017. C’est Florence
Parly, la ministre des Armées, qui l’annonce dans le Journal du Dimanche,
espérant par là montrer aux militaires et à l’opinion publique toute sa
détermination à sauvegarder au maximum ses intérêts budgétaires récemment
malmenés. «Je suis en discussion pour que des crédits gelés en 2017 soient
dégelés. C’est déjà le cas depuis jeudi pour 1,2 milliard d’euros qui nous
seront restitués par anticipation dès ce mois-ci», a-t-elle expliqué dans
l’hebdomadaire dominical. Ces dégels, qui interviennent normalement en fin
d’année, vont donner plus de latitude au ministère et à la Direction générale de
l’armement (DGA) dans la gestion de leur trésorerie et le paiement des
factures, explique-t-on de source gouvernementale.
«Ils ne constituent pas un cadeau
fait aux armées mais le strict respect de la loi de finances initiale», met
toutefois en garde le député LR François Cornut-Gentille, rapporteur spécial
des crédits de la défense à la commission des finances. Cette procédure permet
en effet d’utiliser des crédits «mis en réserve» ou gelés en début d’année puis
débloqués ou dégelés ensuite afin que des dépenses déjà engagées puissent être
acquittées.
Florence Parly a par ailleurs
réaffirmé que les annulations de crédits de 850 millions d’euros décidées pour
cette année 2017 et à l’origine de la crise entre l’Elysée et le chef
d’état-major des armées n’auraient «pas d’impact sur le fonctionnement des
armées en 2017, notamment pour les militaires en opération».
Sabir typique
Lors de son audition par les
députés, le général de Villiers avait expliqué qu’il jugeait qu’à cause de
nombreux programmes reportés depuis plusieurs années, faute de crédits, le
nombre de véhicules blindés sur le terrain était insuffisant pour assurer la
sécurité de militaires opérant sur des théâtres d’opération parfois grands
comme l’Europe. «Il faut voir le nombre de blindés qui doivent être rapatriés
en France pour être détruits ou réparés», avait abondé dans son sens
l’ex-députée socialiste du Finistère Patricia Adam, ancienne présidente de la
commission de la défense nationale et des forces armées au Palais-Bourbon.
Si Bercy n’avait pas précisé
l’affectation de ces annulations de crédit transmis à l’Assemblée nationale, il
était néanmoins écrit que le gel de 850 millions ne se ferait pas sur la
sécurité mais en décalant «quelques commandes sur du gros matériel, par
exemple». Un argumentaire repris par Florence Parly, elle-même ancienne haut
fonctionnaire du budget et ancienne secrétaire d’Etat au Budget au début des
années 2000 dont elle connaît parfaitement la mécanique. «C’est donc sur les
grands programmes d’équipement que les ajustements seront faits par lissage»,
a-t-elle souligné au JDD dans un sabir typique du vocabulaire de son ancienne
administration.
Le général de Villiers avait été
vertement recadré par le président Emmanuel Macron à la veille du 14 juillet
pour avoir critiqué ces coupes budgétaires devant des députés. Lors d’une
audition à huis clos, il avait expliqué, d’après une phrase sortie dans la
presse : «Je ne me laisserai pas baiser comme cela.» Après avoir multiplié ces
derniers temps ses mises en garde publiques contre une politique budgétaire qui
ne permet plus aux armées d’assurer pleinement ses missions dans un contexte
géopolitique marqué par l’aggravation des menaces terroristes, ce dernier avait
fini par démissionner en début de semaine dernière. Il avait jugé «ne plus être
en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée» qu’il estime approprié pour
«la protection des Français».
Saut de géant
Le Président, et chef des armées
selon la constitution, a répliqué que ce n’était «pas le rôle» du chef d’état-major
de défendre le budget des armées, mais celui de la ministre des Armées. Lors
d’un déplacement jeudi dernier sur la base aérienne 125 d’Istres, l’un des
maillons de la dissuasion nucléaire, il avait tenté d’apaiser le malaise des troupes en renouvelant son audacieuse promesse de «porter le budget de la
défense à 2 % du PIB en 2025». En 2018, a-t-il promis, «le budget des armées
sera porté à 34,2 milliards d’euros», soit une rallonge de 1,8 milliard
d’euros. Mais pour porter le budget à 2 % du PIB à l’horizon 2025, c’est un
saut de géant d’environ 50 milliards d’euros qu’il va falloir accomplir et que
la plupart des spécialistes jugent inatteignable au vu des contraintes
budgétaires européennes de la France, et avec les règles de calcul actuelles du
déficit public.
Dans son interview au JDD,
Florence Parly, qui sera reçue mardi à l’Elysée, reprend à son compte la ligne
fixée par Emmanuel Macron. En tant que nouveau chef d’état-major, le généralFrançois Lecointre est le «responsable opérationnel» des armées et à ce titre
«aura toute latitude pour venir s’exprimer devant les commissions»
parlementaires, précise-t-elle. «Mais sur les sujets budgétaires,
ajoute-t-elle, c’est au ministre de s’exprimer devant les élus, car ce n’est
pas la commission qui prépare le budget mais le gouvernement, comme le prévoit
la Constitution.» Malgré toute la diplomatie déployée par la ministre pour
tenter de calmer la crise, il n’est pas sûr qu’un dégel de 1,2 milliard
opportunément annoncé et qui aurait de toute façon eu lieu suffise pour
réchauffer des relations pour le moins refroidies ces dernières semaines entre
les militaires et le pouvoir politique.
A LIRE AUSSI :
Natacha Polony : «Pas de
démocratie sans souveraineté militaire» (21.07.2017)
Par Natacha
Polony
Publié le 21/07/2017 à 15h58
LA CHRONIQUE DE NATACHA POLONY -
Ceux qui, depuis des décennies, utilisent le budget de la défense comme
variable d'ajustement répondent à deux principes idéologiques. Le premier est
un mépris profond pour l'industrie. Le second est une indifférence totale à
l'idée de souveraineté.
Le premier devoir de l'État est
de protéger les citoyens. C'est à cette condition qu'ils renoncent à une part
de leur liberté pour accepter les règles communes. Le pouvoir que confère la
Ve République au président élu au suffrage universel, en faisant de lui
non seulement le chef des armées mais le seul chef d'État pouvant décider seul
d'une opération militaire, a une contrepartie. Elle s'appelle la démocratie.
C'est-à-dire le devoir pour le président de respecter à la fois la France et le
peuple français. La France comme nation, produit d'une histoire et incarnation
géographique et politique de valeurs, et le peuple français comme volonté
rassemblée.
La
démission du chef d'état-major des armées après le différend qui l'a opposé à
Emmanuel Macron sur les questions budgétaires nous rappelle qu'avant
de jouer au chef des armées et de prétendre incarner une quelconque verticalité
un chef d'État doit s'interroger sur la nature de ce mot, pourtant distillé par
le même Emmanuel
Macron, dans son discours du 3 juillet devant le Congrès: souveraineté.
Le budget militaire a été
divisé par deux en trente ans, à 1.6% du PIB
Nous sommes en guerre. C'est du
moins ce que le gouvernement actuel comme le précédent disent avoir bien
compris. 250 Français sont morts depuis 2015 sur le territoire de la
France, au nom d'une idéologie qui prône notre disparition en tant qu'entité
politique et sociale. Certes, la récente campagne présidentielle semblait avoir
relégué cette effroyable réalité au rang d'un élément de décor plutôt flou,
mais les Français, eux, ne l'ont pas tout à fait oubliée. Et c'est sans doute
l'une des raisons principales qui les incitent à accepter un pouvoir vertical,
la figure d'un chef qui les protégera et fera perdurer cette nation.
La démission du chef d'état-major
des armées, Pierre de Villiers, homme d'une qualité rare, mêlant l'honneur et
la vision, est dommageable.
Parmi
les promesses de campagne du candidat Macron, censées montrer qu'il avait
pleinement conscience de cet enjeu, celle de porter le budget de la défense à
2 % du PIB d'ici à 2025 était la clef de voûte. Vis-à-vis des électeurs,
celle d'un service national obligatoire d'un mois, sorte de gadget improbable
disparu dans les limbes aussitôt l'élection passée, plutôt qu'un véritable
service à la fois civique et militaire d'une durée d'au moins six mois, avec
deux mois de classes et la promesse d'une formation décente, suggérait déjà que
ces questions relevaient de la pure communication. Mais les militaires, n'ayant
aucune envie de voir revenir les appelés, ne s'en étaient pas émus. Le budget,
au contraire, est logiquement pour eux le nerf de la guerre. Il faut dire qu'il
a été divisé par deux en trente ans, à 1,6 % du PIB, alors que les
États-Unis consacrent 3,5 % à leur défense (plus de 600 milliards de
dollars), et la Russie 4,5 %. L'Arabie saoudite elle-même a un budget
double de celui de la France. Pourquoi? Parce que ces pays entendent ne
dépendre de personne pour préserver leurs intérêts vitaux, et avant tout la sécurité
de leurs citoyens.
Ceux qui, depuis des décennies,
utilisent le budget de la défense comme variable d'ajustement répondent à deux
principes idéologiques. Le premier est un mépris profond pour l'industrie
- celle de l'armement, qu'on le déplore ou non, est une des rares que la
France ait pu sauver - qui explique qu'ils aient laissé détruire plus d'un
million d'emplois industriels sur les quinze dernières années alors que ce sont
les emplois les plus porteurs de valeur ajoutée. Le second est une indifférence
totale à l'idée de souveraineté, qui est pourtant le fondement même de la
démocratie.
La souveraineté de la France
et de l'Europe vaut plus qu'une manifestation d'autorité d'un président
rappelant aux militaires qu'il est le chef
Comme à chaque nouvelle
mandature, le budget de la défense est sacrifié à un impératif et un seul,
l'unique impératif reconnu par les hauts fonctionnaires de Bercy: celui
imposé par la Commission européenne de respecter la règle des 3 %. Un
impératif bien plus essentiel pour eux que celui de respecter le mandat accordé
par le peuple français. Et puis, pourquoi préserver des armées si coûteuses,
une dissuasion nucléaire qui est un gouffre, alors que nous pouvons bénéficier
d'une défense commune dans l'Otan et habiller cela du nom de défense
européenne?
Après les attentats du
13 novembre 2015, François Hollande avait fini par envisager ce que
proposaient depuis plusieurs années quelques esprits lucides: demander que
notre budget de défense soit sorti des critères de calcul du déficit, puisque
la France remplit depuis des années une mission de service public européen en maintenant
une armée qui bénéficie à tous les membres de l'Union. Ce n'est qu'un pas. La
France, pour protéger ses concitoyens et remplir le rôle historique qui est le
sien, devrait proposer à ses partenaires qu'une Europe indépendante soit la
condition de la prolongation des traités. Indépendante, c'est-à-dire maîtrisant
sa défense, sans dépendre des États-Unis. Indépendante, c'est-à-dire assumant
sa souveraineté numérique. C'est-à-dire, enfin, libre de son approvisionnement
énergétique alors que les États-Unis utilisent les sanctions envers la Russie
pour obliger les Européens à se tourner vers son gaz de schiste.
La démission du général, Pierre
de Villiers, homme d'une qualité rare, mêlant l'honneur et la vision, est
dommageable, mais elle est surtout un symptôme. La souveraineté de la France et
de l'Europe vaut plus qu'une manifestation d'autorité d'un président rappelant
aux militaires qu'il est le chef. Car le président ne tient son autorité que du
mandat que lui ont accordé les Français pour traduire leur volonté souveraine
et la perpétuation de la France comme nation.
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Longuet sur Castaner : «Macron ne peut sous-traiter une grave crise
militaire à un ministre débutant» (21.07.2017)
Par Gérard Longuet
Publié le 21/07/2017 à 16h30
TRIBUNE - L'ancien ministre de la Défense, sénateur de la Meuse (LR),
considère que les propos de Christophe Castaner sur Pierre de Villiers
rappellent qu'au fond de la crise il y a soit un manque de savoir-faire
gouvernemental, soit un abandon de la parole donnée par le président lors du
renouvellement du général à la tête des armées.
La charge du ministre Christophe Castaner est
aussi malvenue que dangereuse pour le président Macron. Elle relance une
polémique que, dans l'intérêt de tous, il eût été judicieux d'apaiser. C'est le
choix inverse qu'opère l'exécutif, et l'on imagine mal que M. Castaner ait fait
seul ce choix.
Pourquoi diable le président décide-t-il de nourrir cette crise qui ouvre
bien inutilement un fossé entre l'armée, et avec elle l'opinion française dans
sa majorité, et l'exécutif, gouvernement et président naturellement solidaires?
Sur le fond, il est certain et parfaitement établi que le niveau
d'engagement de nos armées sur le sol national comme dans les Opex exige la
mobilisation totale des moyens financiers votés par le Parlement dans le cadre
de la loi de finances. Or, l'annonce unilatérale, et manifestement sans débat
interne au gouvernement, par M. le Ministre Gérard Darmanin d'une nouvelle
réduction de 855 millions d'euros après le gel de près de
2,4 milliards décidé à la fin du mandat de François Hollande remet en
cause tout le crédit du ministre de la Défense auprès de ses troupes. Mais pour
les troupes, c'est bien le CEMA (chef d'état-major des armées) qui est le
garant de la disponibilité des moyens nécessaires aux missions. Sa tâche est
d'autant plus difficile que, contrairement à d'autres ministères où les
salaires représentent 98 % des budgets - c'est le cas par exemple de
l'Éducation nationale -, à la Défense, les «consommables», la maintenance, les
investissements représentent, de mémoire, plus de la moitié du budget. Ces
postes sont la cible préférée de Bercy, qui juge que les militaires peuvent
reporter, différer, diminuer sans limite ou presque ces lignes budgétaires. Or,
parce que nos militaires sont engagés, ces trois postes ne peuvent plus - ils
l'ont souvent été par le passé - faire l'objet de réduction ou de gel.
Mme le Ministre Florence Parly ne s'est pas exprimée, ce qui nous garantit
qu'elle n'a pas été écoutée. Édouard Philippe est aussi muet. C'est donc un
transfuge de la droite - horresco referens - qui annonce tranquillement la
nouvelle, désavouant publiquement un CEMA. Le connaissant bien, je ne puis
imaginer une seule seconde qu'il ait accepté cette prolongation en juin dernier
sans garanties budgétaires. Je l'ai pratiqué comme major général (sorte de
directeur général et directeur financier de nos armées): pas un entretien avec
lui qui n'ait été consacré, pour partie, aux moyens matériels dont les soldats
ont un absolu besoin. Emmanuel Macron, comme Mme Parly, savait que ce
nouvel abattement était impossible, sans doute contraire à l'esprit des conditions
qui ont dû présider à la prolongation du CEMA. Premièrement, une clarification
s'impose sur les conditions de l'acceptation du mandat.
Le CEMA devient pour En marche ! un bouc émissaire fédérateur
Ensuite le fonctionnement du gouvernement et de sa majorité pose un
problème majeur. Quand et dans quelles conditions cet arbitrage meurtrier pour
les finances de l'armée a-t-il été rendu? En un mot, qui le savait avant que
Darmanin l'annonce? En tous les cas, pas le CEMA, qui se pensait «sanctuarisé»,
ni sans doute le président En marche! de la commission de la défense. Sinon, il
aurait géré autrement l'audition de ce haut militaire. Car fût-il CEMA, tout
haut fonctionnaire doit accepter une convocation, et, à cette occasion, doit
communiquer la vérité des chiffres et de leurs conséquences aux élus de la
nation. Manque d'expérience, amateurisme ou cynisme de la part de la majorité
parlementaire, il va falloir dénouer l'écheveau. Car le CEMA devient pour En
marche! un bouc émissaire fédérateur. Silencieux, il aurait conduit sans doute
les députés de la commission de la défense à interroger les ministres
compétents et la crise serait devenue gouvernementale. Franc et direct, Pierre
de Villiers sert de paratonnerre et Castaner veut lui faire endosser la
responsabilité de la crise, qui pourtant ne procède que du seul changement
d'orientation, voulu par le président et annoncé par Darmanin.
Dernier point enfin, la réaction considérée comme excessive du président
Macron. Oui, en effet, le recadrage médiatique du 13 juillet a été ressenti par les militaires comme un
déni des réalités qu'ils endurent. Il est de toute façon contre-performant
pour le chef de l'État qui n'a pas besoin de rappeler qu'il est un «chef», plus
que tous les autres Français, le militaire le sait.
À charger l'ancien CEMA, M. Castaner dessert le président en
rappelant qu'au fond de la crise il y a, au mieux, un manque de savoir-faire
gouvernemental dans la conduite des arbitrages, au pire un abandon de la parole
donnée lors du renouvellement il y a quelques semaines du général de Villiers.
L'engagement de nos forces mérite, y compris dans un contexte budgétaire difficile,
un engagement personnel du président qui ne peut sous-traiter à un ministre
débutant une décision et donc son annonce, qui relèvent l'une et l'autre du
seul niveau présidentiel.
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Villiers, la polémique repart de plus belle
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des militaires pour Emmanuel Macron
Politique | Par Marcelo
Wesfreid
Mis à jour le 21/07/2017 à 09h30
REPORTAGE - Après la démission du général Pierre de
Villiers, le président de la République s'est rendu jeudi sur la base militaire
d'Istres. Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner,
a vivement critiqué l'ancien chef d'état-major des armées.
De notre envoyé spécial à Istres
Le convoi du président sort de la «zone rouge», ce jeudi
20 juillet. Le périmètre ultraprotégé qui abrite, au sein de la base
aérienne BA125, les têtes de missile de la dissuasion nucléaire. Sortant
de sa voiture, Emmanuel Macron s'avance à pied sur le tarmac inondé de soleil.
Il passe entre les carlingues sombres de deux C135, avions de transport. Il
s'approche d'une centaine de militaires, rassemblés pour l'occasion au milieu
de la piste. Flanqué du nouveau chef d'état-major des armées, le général François
Lecointre, Emmanuel Macron affiche fièrement le nouveau duo de la chaîne de
commandement. La ministre des Armées, Florence Parly, suit, quelques mètres
derrière.
Le calendrier tombe à point nommé. Cette visite était prévue
de longue date. Elle fait partie d'une tournée des lieux stratégiques. Le
4 juillet, le
président s'était rendu sur la base de sous-marins de l'Ile-Longue. Sauf
que cette nouvelle rencontre revêt cette fois un sens bien particulier, dans le
contexte de la démission
du général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées (Cema).
Juché sur une petite estrade, le président de la République
s'empresse de rassurer des troupes encore sonnées par la crise de ces derniers
jours. De les cajoler. De flatter leur fierté. «Je suis très content d'être là.
Je tenais à vous remercier pour l'accueil que vous m'avez réservé.» Il insiste
sur son «estime», sa «confiance», le rôle fondamental de la mission de ces
soldats, qui l'écoutent poliment. Il promet de mieux prendre en considération
la place des familles des soldats. Et annonce, pour cet automne, une remise à
plat de la «stratégie opérationnelle» des armées.
Pendant l'allocution, les militaires observent de près leur
nouveau patron, silhouette longiligne et chevelure blanche. Le général
Lecointre se tient debout derrière l'orateur. Il affiche un visage impassible,
le regard droit, indéchiffrable. Peut-être fixe-t-il l'avion Awacs avec sa tour
de contrôle et les Mirage 2000 qui sont stationnés. «Mon général, lui
lance le président, je veux saluer votre exceptionnelle carrière opérationnelle.»Le
quatre-étoiles s'est notamment illustré pendant le conflit au Kosovo. Au
passage, Macron rend hommage à son prédécesseur: «Le général de Villiers a
souhaité passer la main. C'est son choix», enchaîne le président, saluant «un
grand soldat».
Des paroles apaisantes, qui ne doivent pas faire illusion.
En coulisses, l'exécutif n'a guère apprécié de voir le Cema claquer la porte
avec fracas. Quand le général a remis sa démission une première fois, lundi
16 juillet, l'Élysée lui a demandé de bien vouloir patienter «48 heures».
Histoire de trouver le nom de son remplaçant. Ce qui a été le cas, le
19 juillet. Mais le communiqué de démission et le mot d'adieu sur Facebook
du général Pierre de Villiers ne semblent pas avoir été appréciés. «Le chef
d'état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa
démission», s'insurge le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Mécontent, le ministre poursuit sa charge: «Son départ n'a
rien à voir avec son audition par la commission de la défense, le 12 juillet,
même si Pierre de Villiers aurait pu s'imaginer que ses propos allaient fuiter,
à moins de manquer d'expérience.» Et d'ajouter: «C'est son comportement qui a
été inacceptable. On n'a jamais vu un Cema s'exprimer via un blog, ou faire du
off avec des journalistes ou interpeller les candidats pendant la
présidentielle, comme cela a été le cas. Il s'est comporté en poète revendicatif
(sic). On aurait aimé entendre sa vision stratégique et capacitaire plus que
ses commentaires budgétaires.»
À Istres, en tout cas, le président s'est voulu rassurant, y
compris sur la
question brûlante du budget des armées. «Je ne laisserai personne dire que
tel ou tel choix budgétaire se fait aux dépens de forces, de votre quotidien,
de votre sécurité, c'est faux.» Emmanuel Macron ne remet pas en cause, pour autant,
les 850 millions de coupes budgétaires prévues pour cette année.
Cependant, il assure que la pression sera moindre l'an prochain. Dès 2018,
«nous augmenterons notre effort de défense». Le budget montera à
«34,2 milliards d'euros». «Cette augmentation dans une année où aucun
autre budget que celui des armées ne sera augmenté est inédite», précise le
locataire de l'Élysée. Une petite phrase qui ne devrait pas passer inaperçue
dans les autres ministères… En voulant rassurer la «grande muette», Emmanuel Macron
prend le risque d'allumer d'autres foyers d'inquiétude…
Le discours se termine. Quelques applaudissements sans
enthousiasme retentissent. La Marseillaise retentit. Emmanuel
Macron salue quelques militaires, puis remonte en voiture. Pendant ce temps, le
pupitre du président et les drapeaux officiels sont chargés sur un chariot de
l'armée, qui file vers un hangar. Les soldats retournent à leur poste. En
quelques instants, la piste s'est vidée. Un militaire glisse: «On ne siffle pas
notre chef. C'est notre chef, on le respecte.»
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Après la charge de Castaner contre Villiers, la polémique
repart de plus belle (21.07.2017)
Par Marcelo Wesfreid Mis
à jour le 21/07/2017 à 13:26 Publié le
21/07/2017 à 13:09
LE SCAN POLITIQUE - Le porte-parole du gouvernement n'a
pas mâché ses mots contre le général Pierre de Villiers, qu'il accuse d'avoir
«mis en scène sa démission».
Alors que le chef de l'État, en visite
hier sur la base aérienne de dissuasion nucléaire d'Istres, essayait
tant bien que mal d'apaiser l'ire des militaires, après la démission du général
Pierre de Villiers du poste de chef d'état-major des armées (cema), le
porte-parole du gouvernement Christophe Castaner n'a pas mâché ses mots, dans
des déclarations au Figaro.
«Le chef d'état-major a été déloyal dans sa
communication, il a mis en scène sa démission», déplore Castaner.
Manifestement, la lettre d'adieu du général sur Facebook, ainsi que la
teneur de son communiqué de départ, n'ont pas été appréciés. L'exécutif avait
demandé au général de patienter en silence pendant deux jours avant de rendre
public sa décision, afin de lui trouver un remplaçant. Le nom de François
Lecointre a été officialisé le mercredi 19 juillet, en conseil des ministres.
«Le départ de Pierre de Villiers n'a rien à voir
avec son audition par la commission de la Défense, le 12 juillet, même si
Pierre de Villiers aurait pu s'imaginer que ses propos allaient fuiter, à moins
de manquer d'expérience», a confié le porte-parole du gouvernement. Et
d'ajouter: «C'est son comportement qui a été inacceptable. On n'a jamais vu
un chef d'état-major s'exprimer via un blog, ou faire du off avec des
journalistes ou interpeller les candidats pendant la présidentielle, comme cela
a été le cas. Il s'est comporté en poète revendicatif. On aurait aimé entendre
sa vision stratégique et capacitaire plus que ses commentaires budgétaires».
Christophe Castaner évoque également «la confiance réciproque» qui
a fait défaut dans la relation entre l'ancien Cema et le président de la
République.
Les propos cinglants du porte-parole du gouvernement, par
ailleurs connu pour sa proximité avec Emmanuel Macron, n'ont pas tardé à faire
réagir la classe politique. Le secrétaire général du Front national Nicolas Bay
a vivement réagi sur France Info: «Castaner tente de jeter l'opprobre sur le
général De Villiers qui à aucun moment n'est sorti de son devoir de réserve.»
Même tonalité pour Florian Philippot, interrogé ce matin sur BFMTV: «Le
gouvernement continue d'humilier cet homme, ce très grand soldat». Chez les
Républicains, l'ancien ministre Thierry Mariani a tweeté des propos «mesquin,
indécent, déplacé»
De son côté, le PS n'a pas tardé à réagir dans un
communiqué: «Visiblement furieux que personne ne soit venu en appui de sa
stratégie d'humiliation publique, l'Elysée envoie «son» porte-parole délivrer
le fond de la pensée présidentielle. Le «en même tempisme» est peut-être un
mode efficace de conquête du pouvoir. Mais il ne se prête clairement pas à son
exercice. Décidément, cet épisode n'aura grandi personne.»
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devoir»
La charge de Castaner contre Pierre de Villiers (21.07.2017)
Mis à jour le 21/07/2017 à 09:22
«Le chef d'état-major a été déloyal dans sa communication,
il a mis en scène sa démission», s'insurge auprès du Figaro le porte-parole du
gouvernement, évoquant un comportement de «poète revendicatif».
En coulisses, l'exécutif n'a guère apprécié de voir le chef
d'état-major des armées claquer la porte avec fracas, explique notre
journaliste Marcelo Wesfreid. Le communiqué de démission et le mot d'adieu sur
Facebook du général Pierre de Villiers ne semblent pas avoir été appréciés. «Le
chef d'état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa
démission», s'insurge le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Mécontent, le ministre a poursuivi sa charge, expliquant que
Pierre de Villiers s'est comporté «en poète revendicatif».
Les conditions de vie dégradées des militaires, épinglées par le Sénat (20.07.2017)
Par Alexis Feertchak Publié le
20/07/2017 à 20:35
En pleine crise entre les armées et l'exécutif depuis la
récente démission du Général de Villiers, un rapport parlementaire de la
commission des Finances dénonce l'état des infrastructures militaires, avec des
logements «proches de l'insalubrité».
Le dernier rapport de la commission des Finances du Sénat
sur le parc immobilier des armées ne devrait pas apaiser la crise incarnée par la démission du Général Pierre de
Villiers, ancien chef d'état major des armées, qui reprochait à l'exécutif
de nouvelles restrictions budgétaires, à hauteur de 850 millions
d'euros. Rapporteur du texte, le sénateur LR d'Ille-et-Vilaine, Dominique
de Legge, tire la sonnette d'alarme car «force est de constater que l'état
moyen des infrastructures ne cesse de se dégrader».
C'est en particulier le cas des installations qui concernent
le quotidien des soldats. «Lorsque les hébergements existent, leur état
apparaît souvent extrêmement dégradé, voire proche de l'insalubrité», écrit le
sénateur. Un vocabulaire très cru qui résonne avec les critiques émises par le Général Pierre de Villiers devant
les députés de la commission de la Défense quand il déclarait: «Je ne
pourrai plus regarder mes gars dans les yeux si on réduit encore nos moyens».
Dans le détail, le diagnostic varie considérablement en
fonction des différentes installations: bases navales et aéronavales,
plateformes aéronautiques, champs de manœuvres, champs de tir, équipements
culturels, sportifs, d'enseignement, cimetières, monuments historiques,
infrastructures de communication, entrepôts logistiques, immeubles de bureaux
et d'habitation, etc. Le patrimoine immobilier des armées s'étend sur près de
275.000 hectares et représente 27% de la valeur totale du parc immobilier de
l'État.
‘Des bâtiments entiers inutilisables'
Vitrines technologiques, certains lieux sont plus
privilégiés, à l'image des simulateurs de vol ou des hangars destinés à
accueillir les avions de transport A400M ou les blindés VBCI. Mais derrière cette façade, «l'intendance ne
peut plus suivre». Le découpage des crédits budgétaires est éloquent. «La part
des dépenses consacrées aux programmes d'infrastructure majeurs et celle
consacrée aux opérations technico-opérationnelles (pistes de base aérienne,
quai de port militaire) devraient passer de respectivement 13,5% et 13,8% en
2015 à 32,1% et 22,26% en prévision 2017». Dans le même temps, «la part des
dépenses consacrées aux opérations non-opérationnelles (hébergement, restauration,
...) devrait passer de 9,57% à 6,54%».
» Lire aussi - La Défense sous le choc des
réductions budgétaires
Des chiffres qui se traduisent amèrement dans la vie
quotidienne des soldats, comme le raconte le sénateur Dominique de Legge: «Lors
de [mon] déplacement sur la base aérienne d'Orléans, des bâtiments entiers
dédiés au logement étaient inutilisables en raison de leur insalubrité
résultant d'un défaut de maintenance régulière (...) De même, bien que
d'importants travaux aient été entamés, certains dortoirs du lycée militaire
d'Autun ou logements du camp du 2e régiment d'infanterie de marine du Mans
apparaissent très dégradés et les conditions sanitaires ne correspondent plus
aux standards actuels de confort».
Pourtant, les problèmes liés à la condition de vie des
militaires ne sont pas insurmontables. «Dans de nombreux cas, un entretien
courant suffisant aurait pu permettre d'éviter de telles situations», écrit
ainsi l'élu d'Ille-et-Vilaine, qui précise: «Des opérations mineures, telles
que l'installation d'un réseau internet sans fil dans l'ensemble des lieux
d'hébergement, seraient de nature à améliorer significativement le quotidien
des soldats».
Des besoins immobiliers non financés de 2,5 milliards
d'ici six ans
La situation dégradée du patrimoine immobilier n'est pas
sans conséquence, notamment pour l'attractivité des métiers de la défense et le
moral des militaires, déjà entamé en raison de la très forte suractivité
auxquels ils sont soumis dans le contexte de lutte contre le terrorisme, à
l'extérieur comme à l'intérieur des frontières nationales. Le rapport
parlementaire note néanmoins une amélioration de la situation du personnel engagé dans l'opération «Sentinelle»,
même si la vigilance reste de rigueur: «Leurs conditions d'hébergement
demeurent rudimentaires, les travaux réalisés ont permis d'améliorer
significativement la situation et d'approcher les normes fixées par
l'état-major des armées», avec un espace de 5 m² par militaire et un ratio
d'une douche pour 10 soldats.
Le texte de 90 pages, encore provisoire, est également
sévère lorsqu'il aborde les questions financières. Premier constat, les armées
ne peuvent plus faire reposer leur équilibre budgétaire sur des «ressources exceptionnelles»
mais «incertaines» comme la cession de certains terrains et bâtiments, d'autant
que le contexte sécuritaire change la donne. Le rapport pose en particulier la
question de l'opportunité de la cession du Val-de-Grâce alors que les armées
manquent d'une emprise parisienne suffisante.
» Lire aussi - François Lecointre, un
«marsouin» aux commandes des armées
Quant aux 2% du PIB consacrés au budget de la Défense promis
par Emmanuel Macron, ils apporteraient certes de l'«oxygène» à la condition
néanmoins que les infrastructures ne soient pas «sacrifiées» au profit de
dépenses d'équipements stratégiques jugées prioritaires. Cet objectif du
quinquennat n'est donc en rien la panacée pour garantir de bonnes conditions de
vie au personnel des forces armées, d'autant plus que «les besoins immobiliers
non-financés sont estimés à plus de 2,5 milliards d'euros sur les six années à
venir». «La moitié de cette somme était déjà connue lors de l'élaboration de la
loi de programmation militaire pour les années 2014-2019, mais avait été
écartée pour respecter le cadrage financier», rapporte le sénateur, qui
prévient: «Les crédits in fine consommés apparaissent systématiquement
supérieurs à l'enveloppe inscrite en loi de finances initiale. Votre rapporteur
spécial s'interroge donc sur le caractère volontaire de la sous-budgétisation
des dépenses consacrées à l'infrastructure». La question de l'«insincérité»,
terme employé par la Cour des Comptes dans son dernier rapport annuel sur le
dernier budget du quinquennat Hollande, est à mi-mot posée.
La rédaction vous conseille
- Les huit jours de bras de fer qui ont mené au divorce entre
Macron et le général de Villiers
- Regrets unanimes de la classe politique après le départ du général Pierre de Villiers
La Défense espère limiter l'impact des coupes budgétaires (20.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec ReutersMis à jour le 20/07/2017 à
21:04 Publié le 20/07/2017 à 21:00
La ministre des Armées, Florence Parly, a assuré ce jeudi
que les 850 millions d'euros d'économies demandées à la Défense en 2017
n'auraient pas d'impact sur les opérations militaires en cours. Comme l'a
confirmé Emmanuel Macron, le budget de la Défense sera amputé cette année pour
permettre à la France de respecter son engagement de ramener son déficit à 3%
du PIB.
Une décision à l'origine de la démission du chef
d'Etat-major des armées, le général Pierre de Villiers, remplacé mercredi par
le général François Lecointre. La Défense pourra ensuite bénéficier l'an
prochain d'une augmentation de crédits, avec l'objectif de porter ses
ressources à 2% du PIB en 2025, a rappelé le chef de l'Etat jeudi à Istres,
dans les Bouches-du-Rhône.
"Je m'engage à ce qu'il n'y ait pas d'impact pour le
quotidien de nos armées en 2017 et je m'engage à ce qu'il n'y ait pas d'impact
pour nos forces opérationnelles", a déclaré Florence Parly sur TF1.
Selon une source gouvernementale, la ministre espère le
déblocage rapide d'une partie d'une réserve de 1,9 milliard d'euros gelée pour
l'exercice en cours au titre des régulations annuelles. Parmi les économies
pouvant être réalisées, cette même source cite une réduction des versements aux
organismes internationaux, qui représentent chaque année plusieurs centaines de
millions d'euros.
Outre des économies de gestion, le gouvernement espère aussi
bénéficier de la renégociation de certains contrats avec des industriels de
l'armement ou décaler certains programmes. "Nous travaillons aujourd'hui
sur le lissage d'un certain nombre de paiements ou de livraisons de programmes
d'équipement de long terme", a expliqué Florence Parly.
La Direction générale de l'armement (DGA), qui achète pour quelque
10 milliards d'euros de matériels par an et l'état-major des armées sont à
l'oeuvre pour identifier les programmes qui seront touchés.
Macron: «aucun budget autre que celui des armées ne sera augmenté» (20.07.2017)
Mis à jour le 20/07/2017 à 15:14
Emmanuel Macron a multiplié, aujourd'hui, les hommages aux
militaires, assurant qu'il voulait que les armées aient "les moyens de
leurs missions" et soulignant qu'"aucun budget autre que celui des
armées ne sera augmenté" en 2018.
"Je veux que vous ayez les moyens de vos
missions", a déclaré le chef de l'État dans une adresse prononcée à la
base aérienne d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône, réaffirmant que le budget de
la Défense sera porté à 34,2 milliards d'euros en 2018 et précisant
qu'"aucun budget autre que celui des armées ne sera augmenté" cette
année-là. Quant aux polémiques sur les économies demandées en 2017 ayant
conduit à la démission hier du chef d'état-major Pierre de Villiers, "nous
méritons collectivement mieux qu'un tel débat", a dit le président.
LIRE AUSSI :
Le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées, a démissionné (19.07.2017)
Par Alain Barluet Mis à jour le 19/07/2017 à 12:48 Publié le
19/07/2017 à 09:28
PORTRAIT - Tancé publiquement par le chef de l'État, il
était en désaccord sur les coupes dans le budget de la Défense. Il a annoncé sa
démission mercredi matin.
Sa situation devenait intenable. Tancé publiquement à deuxreprises par le chef de l'État, dans les jardins de l'hôtel de Brienne, à la
veille du 14 Juillet, et à nouveau dans les colonnes du Journal du dimanche, le
général Pierre de Villiers a été contraint de lâcher les rênes de l'état-major
des armées (EMA) mercredi matin, alors même qu'il venait d'être prolongé à son
poste jusqu'en juillet 2018. Dans un communiqué, il déclare «ne plus être en
mesure», «dans les circonstances actuelles», «d'assurer la pérennité du modèle
d'armée auquel [il croit] pour garantir la protection de la France et des
Français».
Communiqué de presse du général de Villiers publié par
LeFigaro :
Communiqué du général d’armée Pierre de Villiers 19 juillet 2017
J’assume les responsabilités de chef d’état-major des armées depuis trois ans et demi. Je suis pleinement conscient de l’honneur qui m’est fait, de la confiance qui m’a été accordée et des devoirs qui sont attachés à cette fonction.
J’ai toujours veillé, depuis ma nomination, à maintenir un modèle d’armée qui garantisse la cohérence entre les menaces qui pèsent sur la France et sur l’Europe, les missions de nos armées qui ne cessent d’augmenter et les moyens capacitaires et budgétaires nécessaires pour les remplir.
Dans le plus strict respect de la loyauté, qui n’a jamais cessé d’être le fondement de ma relation avec l’autorité politique et la représentation nationale, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de leur faire part de mes réserves, à plusieurs reprises, à huis clos, en toute transparence et vérité.
Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au Président de la République, qui l’a acceptée.
J’éprouve une vraie reconnaissance envers nos soldats, nos marins et nos aviateurs avec lesquels j’ai partagé ma vie, pendant quarante-trois années, au service de la nation, en toute sincérité. Je sais pour les connaître qu’ils continueront à assurer la mission aux ordres de mon successeur avec autant de détermination et de fidélité.
Je reste indéfectiblement attaché à mon pays et à ses armées. Ce qui m’importera, jusqu’à mon dernier souffle, c’est le succès des armes de la France.
Général d’armée Pierre de Villiers
Né en juillet 1956 en Vendée, frère de l'homme politique
Philippe de Villiers, Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon aura placé ses
trois années et demie en tant que chef d'état-major des armées (Cema) sous le
signe d'une défense opiniâtre des budgets de la défense. Une cause plus
qu'honorable - le pays n'est-il pas «en guerre» contre le terrorisme? - qui
aura néanmoins été fatale à son héraut. Pris ces derniers jours dans un
maelström politico-médiatique, à la suite de propos tenus à huis clos, le
général s'est trouvé confronté à l'autorité d'un jeune président de la
République désireux d'affirmer sa prééminence à la tête des armées.
Le général Pierre de Villiers connaît à fond les rouages de
la Défense
Saint-Cyrien (promotion capitaine Henri Guilleminot, 1975),
issu de l'arme blindée cavalerie, Pierre de Villiers a servi notamment en 1999
au Kosovo - où il a commandé pendant cinq mois le bataillon mécanisé de la
brigade Leclerc - et en 2006-2007 en Afghanistan. Il passe ensuite deux ans à
Matignon comme chef du cabinet militaire de François Fillon. En mars 2010, le
poste de chef de l'état-major du président de la République lui est promis,
avant que Nicolas Sarkozy ne revienne brutalement sur sa décision, lui
préférant le général Benoît Puga. Pierre de Villiers, pour qui comptent la
parole donnée et le respect des formes, en est fort affecté. Sa nomination
comme Cema, en février 2014, apparaît comme un juste retour des choses.
Auparavant, c'est lui qui, de 2010 à 2014, aura fait
«tourner la boutique», en tant que major-général - numéro deux de l'EMA. Il
connaît à fond les rouages de la Défense et doit accompagner la réduction des
budgets et des effectifs prévus dans la loi de programmation militaire (LPM).
Sans plaisir et avec une grande vigilance. «Le costume est taillé au plus
juste», a-t-il coutume de dire, en guise de mise en garde. Et quand le seuil
d'alerte est franchi, il monte en ligne…
Ainsi, en mai 2014, l'annonce par Bercy de coupes
budgétaires, dans le cadre d'un plan d'économie de 50 milliards d'euros,
suscite une démarche rarissime : le Cema et les chefs d'état-major d'armées
(terre, air, marine) menacent de démissionner. Une initiative approuvée, sinon
encouragée, par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, alors en plein
bras de fer avec Michel Sapin, son collègue de l'Économie et des Finances.
François Hollande arbitre alors en faveur de la Défense. Cette guérilla
rapproche le Cema et le ministre breton. Deux profils et deux styles fort
différents, mais qui se retrouvent sur les moyens dus aux armées. Éminemment
loyal, le général de Villiers termine systématiquement chacune de ses
interventions en célébrant «les armes de la France».
«L'accélération du tempo des engagements et la
multiplication des crises mettent notre modèle complet d'armée sous tension et
l'usent»
Général Pierre de Villiers
Les attentats terroristes de 2015 bouleversent la donne. Les
Français comprennent que la période des «dividendes de la paix», ouverte après
la chute du Mur, n'est plus de saison. Impossible de baisser la garde. Le
général de Villiers dirige les opérations sur tous les fronts. Avec 30.000
militaires déployés, les armées françaises combattent le djihadisme, au Sahel,
au Levant, mais aussi sur territoire national, avec «Sentinelle», un dispositif
de 10.000 hommes mis en place en quelques jours, fin janvier 2015. Une
actualisation de la LPM, en 2015, et les mesures décidées lors d'un conseil de
défense, en avril 2016, mettent fin à la déflation des effectifs et des budgets
de la Défense qui prévalait depuis plusieurs décennies.
Le général de Villiers ne cessera néanmoins d'alerter sur la
fragilité de cette «remontée en puissance» à peine amorcée et sur la nécessité
d'en poursuivre l'effort dans la durée. «L'accélération du tempo des
engagements et la multiplication des crises mettent notre modèle complet
d'armée sous tension et l'usent», avertit le général de Villiers, dans le quotidien
Les Échos, en décembre dernier. «Tout le monde l'a compris : on ne gagne pas une
guerre sans effort de guerre», ajoutait-il. Dans le même temps, face au risque
de voir s'éterniser l'opération «Barkhane» au Sahel, il prône une démarche de
développement et de sécurité globale, car «gagner la guerre ne suffit pas pour
gagner la paix».
Le Cema enfourche aussi un autre cheval de bataille: porter
à 2 % la part du PIB consacrée à la défense en 2022, contre 1,78 %
actuellement. Y renoncer, plaide-t-il devant les parlementaires en février
2017, «ce serait le désengagement opérationnel, rendu inéluctable par le manque
de moyens (…), ce serait accepter de peser de façon moins déterminante sur la
protection des Français, (…) ce serait laisser à d'autres le soin d'influer sur
les grands équilibres internationaux». Pas plus tard que le 14 juillet dernier,
dans une chronique publiée dansLe Figaro, il déplorait le «grand écart» entre
les missions et les moyens. «Notre liberté d'action souffre déjà,
ponctuellement, écrivait-il. C'est le cas, par exemple, à chaque fois qu'une
opération doit être différée, voire annulée, faute de moyens disponibles…»
Pierre de Villiers devait théoriquement quitter son poste le
31 juillet
Pour atteindre l'objectif, «l'effort à consentir est
globalement de 2 milliards par an», estime-t-il, évaluant à 35 milliards
d'euros les besoins des armées en 2018 (contre 32,7 milliards en 2017). L'année
prochaine constitue, selon lui, une «marche» décisive à franchir, pour aller de
manière réaliste vers les 2 %. Faute d'être entendu, le Cema «en tirera les
enseignements», souligne une note de l'EMA. En interne, il n'a pas que des
soutiens, certains grands chefs estimant même qu'«il va trop loin».
Pierre de Villiers devait théoriquement quitter son poste le
31 juillet. Emmanuel Macron lui demande de rester un an de plus et lui promet
de ne pas amputer le budget de la Défense, relate une bonne source. «Je ne suis
pas un lapin de six semaines», a l'habitude de dire le Cema, courtois et posé,
mais sachant être direct, notamment lorsqu'il s'agit de dénoncer les
chausse-trappes de Bercy.
Le 12 juillet, interrogé par des députés lors d'une audition
à huis clos, il exprime sans détour son intention de ne pas «se faire baiser»
par les zélotes du Budget. Le propos enflamme le petit monde de la Défense.
Visiblement irrité, le chef de l'État ne se privera pas de le faire savoir,
sans ménagement, en invoquant le devoir de réserve et cette incontestable
réalité: il ne saurait par nature y avoir le moindre désaccord entre le chef de
l'État et le Cema. Dont acte.
La rédaction vous conseille
Démission du général Pierre de Villiers : les réponses à vos questions (19.07.2017)
Du profil de son successeur, plus « macroncompatible », aux
réactions au sein de l’armée, Nathalie Guibert, journaliste au « Monde », fait
le point.
LE MONDE | 19.07.2017 à 13h13 • Mis à jour le 19.07.2017 à
17h46
Le général Pierre de Villiers, chef d’Etat-major des armées,
a démissionné, mercredi 19 juillet. Les critiques qu’il avait exprimées sur les
coupes décidées par Bercy dans l’armée lui avait valu un recadrage public du
président de la République. Il est remplacé par François Lecointre.
Nathalie Guibert, journaliste qui suit le secteur de la
défense, a répondu à vos questions.
-Nico : Quel est le rôle du chef d’état-major des armées ?
Nathalie Guibert : Le chef d’Etat-major des armées (CEMA)
est le conseiller militaire du gouvernement et il est responsable de la
préparation et de l’emploi opérationnel des forces armées. Depuis un décret de
2013, il « assiste » le ministre de la défense, et, sous l’autorité du
président de la République, « il assure le commandement des opérations
militaires ». Ses fonctions, telles qu’elles existent aujourd’hui avec
l’autorité sur les trois armées (air, terre, marine) ont été définies par De
Gaulle en juillet 1962.
-Bouzink : Connaît-on le successeur ? Des noms ont-ils fuité
? Y a-t-il déjà eu une femme à ce poste ?
Nathalie Guibert : C’est le général François Lecointre, chef
du cabinet militaire du premier ministre, qui le remplace. Et non, il n’y a
jamais eu de femme au poste de CEMA. Il n’y a qu’une vingtaine d’officiers généraux
féminins dans l’armée française. Les trois quarts d’entre elles sont dans la
direction générale de l’armement et le service de santé des armées.
-Didop : Quel était le budget de la défense en 2015 et en
2016 ? De quel montant sera-t-il en 2017 ? Quels sont les engagements
budgétaires pris par le candidat Macron pour son quinquennat ? Et par rapport
au PIB, cela donne quoi ?
Nathalie Guibert : En 2017, le budget de la défense, tel
qu’il a été voté, s’élève à 32,7 milliards d’euros (soit 1,78 % du PIB), en
augmentation de 600 millions par rapport à 2016. Macron a promis 34,2 milliards
pour 2018 et s’est engagé à atteindre 50 milliards d’euros en 2025. Cependant,
la défense est confrontée à d’importants gels de crédits et le ministère est
très endetté, donc ses objectifs ne sont pas absolument garantis pour l’heure.
Le gouvernement a annoncé près d’un milliard d’euros de coupes immédiates dans
le budget 2017 et Bercy a gelé 2,7 milliards de crédits.
-Nicothms : Pourrait-on craindre un mouvement d’opposition
ou une réaction au sein de l’armée suite à cette démission ?
Nathalie Guibert : La réponse est clairement non quant à une
éventuelle opposition. L’armée est extrêmement loyaliste et républicaine. En
revanche, la démission de Pierre de Villiers provoque de très nombreuses
réactions car il était, depuis trois ans et demi, un chef d’état-major très
estimé.
Lire aussi :
Démission du chef d’état-major Pierre de Villiers, un fait sans
précédent depuis 1958
-dr : Lorsque l’on dit de l’armée qu’elle est « la grande
muette », que cela signifie-t-il concrètement ?
Nathalie Guibert : Cela signifie que l’armée obéit au
pouvoir politique et se tient à une certaine réserve sur les sujets politiques.
Cependant, non seulement il est du devoir du CEMA d’exprimer les besoins en
hommes et en matériel de ses forces, mais il doit aussi délivrer une
information sincère au pouvoir législatif. Le 12 juillet, Pierre de Villiers
s’est exprimé à huis clos devant la commission de la défense. Ses propos ont
fait l’objet d’une fuite.
Lire aussi : Démission du général Pierre de Villiers :
entre Macron et les armées, récit d’une crise historique
-Simon DM : Quelles ont été les motivations de notre
président pour des coupes budgétaires dans l’armée plutôt qu’ailleurs ? Les
partis d’opposition sont-ils en net désaccord avec Macron à ce niveau ?
Nathalie Guibert : La communication gouvernementale dit que
tous les ministères doivent faire des efforts. Mais le candidat Macron avait
pris des engagements pour consolider les décisions prises par son prédécesseur,
en 2016, après les attentats terroristes : nouveaux recrutements et équipements
supplémentaires pour les armées afin d’assurer les opérations en cours. Les
mesures de François Hollande qui coûteront 3 milliards d’euros sur 2017, 2018
et 2019 ne sont donc pas financées.
-Phil16 : En quoi le général Lecointre est-il davantage «
Macroncompatible » ? Existe-t-il des sensibilités affichées au sein de l’armée
?
Nathalie Guibert : Par définition, il est « macroncompatible
» puisque c’est le président de la République qui le choisit. Cela dit, il se
battra aussi pour que les armées aient les moyens de remplir leurs missions,
car cela relève de sa responsabilité légale. Le général François Lecointre, 54
ans, était chef du cabinet militaire du premier ministre depuis 2016. Issu des
troupes de marine, il a notamment servi au Rwanda pendant l’opération «
Turquoise » puis en ex-Yougoslavie durant la guerre (1991-2001).
Lire aussi : Emmanuel Macron à contretemps avec
l’institution militaire
-Franck : L’armée française est-elle insuffisamment financée
? Comment se situe-t-elle par rapport à celles d’autres pays, comme l’Allemagne
et le Royaume Uni ?
Nathalie Guibert : La question est relative. Elle dépend du
niveau d’ambitions que se fixent les pays sur la scène internationale. La
France est une puissance nucléaire (à la différence de l’Allemagne) et une
puissance militaire expéditionnaire qui mène des opérations partout dans le
monde (Sahel, Irak, Syrie, défense de l’Outre-mer et des zones économiques
exclusives maritimes). Compte tenu de ces ambitions, les armées sont
sous-financées. De Villiers disait qu’elles étaient engagées à 130 % de leurs
ressources.
-Pragma : Le CEMA poussé à la démission et le poste de
délégué général pour l’armement vacant, doit-on s’attendre à une mise au pas
des grands subordonnés du ministre des armées, lesquels ne pourraient plus
exprimer leur point de vue à des parlementaires ?
Nathalie Guibert : Avec un président « jupitérien », qui ne
cesse de répéter « c’est moi le chef », on peut effectivement s’attendre à ce
que la hiérarchie militaire soit encore plus prudente dans la façon dont elle
s’exprime. Des parlementaires s’inquiètent des risques de « caporalisation » du
pouvoir législatif par l’exécutif.
François Lecointre, nouveau chef d’état-major des armées, «
un héros, reconnu comme tel » (19.07.2017)
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/07/19/le-general-francois-lecointre-devient-le-nouveau-chef-d-etat-major-des-armees_5162486_823448.html
Encensé par Macron, il va succéder à Pierre de Villiers,
démissionnaire après avoir émis des réserves sur les économies réclamées aux
armées.
LE MONDE | 19.07.2017 à 13h32 • Mis à jour le 19.07.2017 à
19h09
François Lecointre a été nommé chef d’état-major des armées,
mercredi 19 juillet en conseil des ministres, pour succéder à Pierre de
Villiers, qui avait annoncé sa démission quelques heures plus tôt. M. Lecointre
est « un héros, reconnu comme tel dans l’armée », a déclaré Emmanuel Macron
lors du conseil, selon des propos rapportés par le porte-parole du
gouvernement, Christophe Castaner. A 55 ans, il devra mettre en œuvre la
prochaine loi de programmation militaire dans un contexte budgétaire serré.
Issu de l’infanterie de marine, ce saint-cyrien a notamment
servi au Rwanda pendant l’opération «Turquoise » au milieu des années 1990,
puis en Bosnie-Herzégovine dans le cadre de la force de protection des Nations
unies en 1995. Il a également servi en Irak lors de la première guerre du
Golfe, ainsi qu’au Djibouti (1991-1993) et en Somalie (1992). Plus récemment,
en 2013, il a commandé la mission européenne de formation de l’armée malienne.
M. Lecointre avait rejoint Matignon en septembre 2016, où il avait été chef du
cabinet militaire de Manuel Valls puis de Bernard Cazeneuve, et enfin d’Edouard
Philippe.
Le général Lecointre est également passé à l’état-major de
l’armée de terre de 2001 à 2005, avant de prendre la tête du 3e régiment
d’infanterie de marine à Vannes pendant deux ans. Il a ensuite intégré le
cabinet militaire du ministère de la défense en 2009, avant de commander la 9e
brigade d’infanterie de marine. Il retourne à l’état-major de l’armée de terre
de 2013-2016, qu’il quitte sous-chef d’état-major pour diriger le cabinet
militaire du premier ministre en 2016.
« Une expérience reconnue »
Le général Lecointre prendra ses fonctions jeudi 20 juillet.
Il accompagnera le chef de l’Etat et la ministre des armées Florence Parly en
déplacement sur la base aérienne 125 d’Istres, dans les Bouches-du-Rhône. Dans
un communiqué, Florence Parly a salué la nomination d’un « officiel
exceptionnel et expérimenté », bénéficiant de « toute sa confiance pour faire
face aux nombreux défis qui attendent les armées. » La ministre devrait
s’entretenir avec le général dès mercredi.
Lire aussi : Démission du général Pierre de Villiers :entre Macron et les armées, récit d’une crise historique
M. Lecointre est « un officiel général issu de l’armée de
terre et qui dispose d’une solide expérience interarmées. C’est un militaire
qui a une expérience reconnue des opérations et qui a pu dans sa carrière
démontrer cette capacité dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui », a
également déclaré Christophe Castaner. Le porte-parole du gouvernement a salué
« un général jeune dont l’action pourra s’inscrire justement dans la durée, ce
qui est important au moment où nous allons actualiser la loi de programmation
militaire » qui « doit être discutée et votée en 2018 pour guider les armées
dans les années à venir ».
Emmanuel Macron a, lui, évoqué « le parcours » d’un « homme
d’exception » : « Le général Lecointre est un héros qui a su combattre, un
héros qui a su libérer les soldats français, notamment en 1995 dans la guerre
en Bosnie-Herzégovine où nos forces armées étaient mobilisées. Et il a su
monter à l’assaut (…) à la baïonnette », a-t-il dit, selon M. Castaner.
En conflit avec Emmanuel Macron
Lors du conseil des ministres, Emmanuel Macron a également «
rendu hommage » à Pierre de Villiers, « à la fois dans ses remarquables états
de services mais aussi dans sa capacité qu’il a eue à assurer pendant plus de
trois ans le commandement opérationnel des armées françaises ».
Pierre de Villiers, 60 ans, qui avait été nommé chef
d’état-major des armées en 2014, a annoncé sa démission mercredi matin dans un
communiqué, une première dans l’histoire de la Ve République pour un chef
d’état-major des armées. Il était en conflit avec le président de la République
depuis plusieurs jours au sujet des coupes prévues dans le budget de la défense
– environ 850 millions d’euros cette année.
« Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus
être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour
garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et
soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes
responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au président de la
République, qui l’a acceptée. »
Après les critiques formulées par M. Villiers sur les coupes
budgétaires imposées aux armées cette année, Emmanuel Macron avait sèchement
tancé le général le 13 juillet, en reprochant à celui-ci d’avoir mis de façon «
indigne » une polémique budgétaire « sur la place publique ». « Je suis votre
chef », avait lancé M. Macron à destination des militaires présents.
Démission du chef d’état-major Pierre de Villiers, un fait
sans précédent depuis 1958 (19.07.2017)
La crise avec le président de la République couvait depuis
que le général Pierre de Villiers avait émis des réserves sur les économies
réclamées aux armées.
LE MONDE | 19.07.2017 à 09h28 • Mis à jour le 19.07.2017 à
14h53 | Par Nathalie Guibert
La démission du général Pierre de Villiers, officialisée le
19 juillet, est un événement historique. «Aucun chef d’état-major des armées
n’a été amené à démissionner » depuis que le poste a pris sa configuration
actuelle de plus haut responsable militaire placé sous l’autorité du ministre
de la défense, en juillet 1962, explique l’historien Philippe Vial, chercheur
au service historique de la défense. « Seuls des chefs d’état-major d’armée ont
démissionné sous la Ve République », précise l’universitaire.
Lire aussi : Démission du général Pierre de Villiers :entre Macron et les armées, récit d’une crise historique
Ils sont quatre à ce jour. Le premier est l’amiral André
Patou le 28 mars 1970, qui refuse la baisse des moyens de la marine imposée par
le ministre de la défense nationale, Michel Debré. Ensuite, ce sont trois chefs
de l’armée de terre qui ont choisi de partir prématurément. « Le général Jean
Lagarde quitte silencieusement ses fonctions le 30 septembre 1980 pour
protester contre l’insuffisance des moyens octroyés », indique Philippe Vial.
Il est suivi par son successeur le général Jean Delaunay, le
9 mars 1983, pour les mêmes raisons. Lui s’est opposé au ministre socialiste
Charles Hernu qui prévoyait de réduire de 10 % les effectifs, mais « il avait
aussi, plus grave, mis en cause l’efficacité de la dissuasion nucléaire ».
Le troisième est Bruno Cuche, le 1er juillet 2008. Le
général démissionne après un dramatique accident de tir à balles réelles lors
d’une démonstration au 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine de
Carcassonne, qui a blessé seize personnes dont quatre gravement. « Vous êtes
des amateurs ! », s’était emporté le président Nicolas Sarkozy.
« Casser la modernisation de l’armée de terre »
Le 31 juillet 1961, le « chef d’état-major général de la
défense nationale », Jean Olié, a adressé sa démission au président Charles de
Gaulle. Mais, « s’il était la plus haute autorité miliaire, il dépendait du
premier ministre, le poste de chef d’état-major des armées n’ayant été créé
qu’un an plus tard », précise l’historien Philippe Vial. Le général Olié a
officiellement quitté ses fonctions pour des raisons de santé. Elles sont
réelles, mais le général, « adversaire résolu du putsch d’Alger, désapprouvait
la manière dont était conduite la répression, en particulier les sanctions dont
étaient l’objet des officiers qui n’étaient que de simples exécutants ».
En 1956, deux hauts responsables avaient également
démissionné, en lien avec la politique algérienne du gouvernement. Le « chef
d’état-major général des forces armées » Augustin Guillaume, d’abord, le 28
février. Mais il n’avait alors pas autorité sur les chefs d’armées, le ministre
lui-même étant flanqué de trois secrétaires d’Etat à l’air, à la marine et à
l’armée de terre. Son départ entraîne celui du chef de l’armée de terre, le général
André Zeller.
« Alors que Guy Mollet a obtenu une majorité sur un
programme de paix, l’heure est désormais au renforcement massif et immédiat des
moyens en Algérie, raconte Philippe Vial. Les deux généraux sont d’accord avec
le principe de cette politique, mais s’opposent au calendrier de mise en œuvre
qui, selon eux, conduit à casser la modernisation de l’armée de terre, dont les
unités doivent abandonner leurs blindés en Europe pour aller crapahuter à pied
dans le djebel algérien. »
Le budget de la Défense à 2% du PIB en 2025 (19.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec agencesMis à jour le 19/07/2017 à
13:36 Publié le 19/07/2017 à 13:33
Emmanuel Macron a réitéré ce mercredi son engagement de
porter le budget du ministère de la Défense à 2% du PIB à l'horizon 2025, a
déclaré le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, à l'issue du
conseil des ministres. Le budget de la Défense pour 2018 permettra "de
protéger le pays", a précisé le président de la République, d'après
Christophe Castaner.
"Le président de la République a réaffirmé son
engagement sur la montée progressive du budget des armées jusqu'à atteindre
2025 du PIB en 2025, avec en 2018 une première marche significative", a
dit Christophe Castaner à la presse.
Le chef de l'Etat a annoncé la semaine dernière que le
budget de la Défense s'élèverait à 34,2 milliards d'euros en 2018, contre 32,7
milliards cette année. Les débats provoqués par les coupes de cette année ont
entraîné mercredi la démission du chef d'état-major des armées, Pierre de
Villiers.
Yves de Kerdrel: «L'État coupe ses dépenses, mais pas les bonnes» (18.07.2017)
Par Yves de
Kerdrel Publié le 18/07/2017 à 14:55
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Tout semblait bien parti avec la
volonté de réduire le déficit budgétaire, mais le gouvernement a manqué de
discernement en rabotant les dépenses des ministères régaliens.
Il y a trois semaines, dans ces mêmes colonnes, j'écrivais
une lettre ouverte à Édouard Philippe, l'incitant à faire preuve d'audace en
matière budgétaire dès l'annonce de ses premières mesures. Et lorsque, dans sa
déclaration de politique générale, je l'ai entendu, comme beaucoup d'entre
vous, dénoncer notre dette abyssale et notre addiction à la dépense publique,
je buvais du petit-lait. Bien sûr il ne s'agissait que d'un discours de la
méthode. Mais tout semblait bien parti avec la volonté de réduire le déficit
budgétaire, en jouant sur le levier des ...
Recadré deux fois par Macron, le chef d’état-major passera-t-il la semaine ? (17.07.2017)
Modifié le 17/07/2017 à 17:21 | Publié le 17/07/2017 à 17:21
Le président de la République Emmanuel Macron a par deux fois déjà
recadré le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers. | AFP
Le maintien ou non en poste du chef d’état-major des armées,
le général Pierre de Villiers, agite les milieux militaires, d’autant
qu’Emmanuel Macron multiplie depuis plusieurs jours les rappels à l’ordre
brutaux à son égard.
Après avoir sèchement recadré le général Pierre de Villiers
devant un parterre militaire à la veille du 14 juillet, en lui reprochant, sans
le nommer, d’avoir mis de façon « indigne » une polémique budgétaire « sur la place publique », Emmanuel Macron a enfoncé le clou, ce dimanche, en n’excluant
pas de lui retirer sa confiance.
« Si quelque chose oppose le chef d’état-major des armées au
président de la République, le chef d’état-major des armées change », a asséné le chef de l’État dans les colonnes du JDD, en déclarant dans la foulée que
« l’intérêt des armées doit primer sur les intérêts industriels ».
Une crise ouverte
Le président de la République et le général de Villiers, qui doit être reçu vendredi à l’Élysée, « vont prendre une décision ensemble », a
tenté de temporiser lundi le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Mais la crise est clairement ouverte entre le chef des
armées et le haut gradé, alors même que Pierre de Villiers, 60 ans, venait
d’être reconduit dans ses fonctions pour une dernière année.
À l’origine de la colère du chef de l’État, les critiques
formulées par le général sur les 850 millions d’euros d’économies réclamées
cette année aux armées, dans un contexte de serrage de vis budgétaire global en
2017, avec une baisse prévue de 4,5 milliards d’euros des dépenses de l’État.
« Lettre à un jeune engagé »
« Le grand écart entre les objectifs assignés à nos forces
et les moyens alloués n’est plus tenable », a averti le chef d’état-major
devant la commission de la Défense à l’Assemblée nationale réunie à huis clos.
Dans une tribune publiée vendredi par Le Figaro, Pierre de
Villiers a également appelé à « préserver l’indispensable cohérence entre les
menaces, les missions et les moyens » à l’heure où la France est engagée tous
azimuts contre le terrorisme, du Sahel (Barkhane) au Moyen-Orient (Chammal) en
passant par le territoire national (Sentinelle).
Et dans une « lettre à un jeune engagé », vendredi sur sa
page Facebook il semble adresser des messages subliminaux à l’exécutif :
« Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être
aveuglément suivi ». La confiance « doit être nourrie jour après jour, pour
faire naître l’obéissance active, là où l’adhésion l’emporte sur la
contrainte ».
« Doute et méfiance »
Pour les armées, l’arbitrage budgétaire annoncé la semaine
passée est d’autant plus dur à digérer que le président Macron avait multiplié
les signaux favorables en direction des militaires depuis son arrivée au
pouvoir.
Remontée des Champs-Élysées à bord d’un command car puis
visite à des blessés de guerre le jour de son investiture, déplacement sur la
base militaire française de Gao, au Mali, ou encore, plus récemment,
hélitreuillage à bord du sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le
Terrible…
Au-delà des symboles, le chef de l’État s’est engagé dès son
arrivée à consacrer 2 % du PIB à l’effort de défense d’ici 2025, conformément à
ses engagements de campagne.
Dépenses militaires : les 10 pays qui y consacrent le plus
d'argent. Dépenses militaires : les 10 pays qui y consacrent le plus d'argent.
| Visactu
Un grand subordonné et serviteur de l’État « humilié »
« Malgré une communication présidentielle qui pouvait
laisser espérer une réelle considération envers les militaires, le voile est
tombé », critique lundi le général à la retraite François Chauvancy, dans une tribune au Monde. « Un chef qui humilie un grand subordonné et serviteur de
l’État laisse aussi place au doute et à la méfiance dans la communauté
militaire », estime-t-il encore.
« La défense ne pouvait pas échapper aux réductions
budgétaires », juge au contraire dans le même journal le général Jean-Paul
Palomeros, ancien chef d’état-major de l’Armée de l’air proche de M. Macron. Et
de rappeler que le président a promis d’augmenter le budget défense en 2018, à
34,2 milliards d’euros.
Dans l’attente du dénouement de la crise entre le président
et son chef d’état-major des armées, les spéculations allaient bon train autour
du nom d’un éventuel successeur.
Parmi les nombreux prétendants potentiels figureraient le
chef d’état-major de l’armée de l’air André Lanata, ou encore le général
Grégoire de Saint-Quentin, actuel sous-chef d’état-major « opérations » et
ancien chef du Commandement des opérations spéciales (COS), selon des sources
proches du dossier.
« Le président Macron a entaillé le pacte de confiance avec
l’armée » (17.07.2017)
Dans une tribune au « Monde », le général François Chauvancy
considère qu’après la crise budgétaire, le divorce pourrait être consommé entre
le chef de l’Etat et la communauté militaire.
LE MONDE | 17.07.2017 à 06h43 | Par Général François
Chauvancy
Emmanuel Macron et le général de Villiers lors du défilé du
14-Juillet, à Paris.
« Je suis votre chef », a déclaré Emmanuel Macron
publiquement, le 13 juillet, en s’adressant indirectement au général de
Villiers, chef d’état-major des armées. Ce dernier avait exprimé son
mécontentement devant les parlementaires face à des décisions budgétaires
défavorables aux armées.
Chacun peut comprendre qu’il faille réduire le déficit
budgétaire, dû quand même en partie à un manque de sincérité du gouvernement
précédent. Cependant, une limite inacceptable a été franchie. En effet, le
budget de la défense s’élève, en 2017, à 32,7 milliards d’euros ; 2,7 milliards
d’euros ont été gelés ; 850 millions d’euros devraient maintenant être assurés
par les armées au titre du surcoût des opérations extérieures. Le budget 2017
sera réduit de 8 % à 10 % si les décisions sont validées.
Le coût des opérations est au cœur de ce débat. Le budget
des armées du temps de paix est un budget de fonctionnement et d’investissement
qui permet notamment de former et d’entraîner nos forces pour le temps de
guerre. Selon les circonstances, une opération militaire peut être décidée par
le politique. Cela crée des coûts exceptionnels mais « qui décide, paie » comme
cela est la règle.
N’y-a-t-il pas une profonde contradiction à évoquer l’Europe
qui protège, la sécurité des Français comme à Nice ce 14 juillet, alors que les
forces armées sont affaiblies budgétairement ? La communication et les discours
pourront-ils longtemps dissimuler une réalité et des promesses difficiles à
tenir ?
Contrat moral
Pourtant, être chef, en particulier dans les armées,
signifie tenir sa parole pour mobiliser et faire adhérer. Ce contrat moral, de
confiance, est au cœur même des relations entre le politique et le militaire.
Je peux comprendre que le chef des armées exprime son
autorité, que nul n’a d’ailleurs remise en question. Je peux cependant attendre
qu’il ne soit pas mis dans la situation de l’affirmer : soit il y a eu
tromperie sur cette nouvelle coupe budgétaire,...
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/07/17/le-president-macron-a-entaille-le-pacte-de-confiance-avec-l-armee_5161316_3232.html
« La défense ne pouvait pas échapper aux réductions budgétaires » (17.07.2017)
Dans une tribune au « Monde », le général Paloméros, ex-chef d’état-major de l’armée de l’air (2009-2012), estime qu’il faut repousser les investissements liés aux équipements militaires.
LE MONDE | 17.07.2017 à 06h42 • Mis à jour le 17.07.2017 à 06h54 | Par Jean-Paul Paloméros (général d'armée aérienne, commandant suprême de l'OTAN pour la transformation (2012-2015), chef d'état-major de l'armée de l'a...
image: http://img.lemde.fr/2017/07/17/0/0/5472/3648/534/0/60/0/1ac39d9_4393-h8nd0b.8r9ou5wmi.jpg
Défilé de l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active à l’occasion de la fête nationale, sur les Champs-Elysées à Paris, le 14 juillet.
Les tensions créées par les récentes coupes budgétaires sont à l’échelle des efforts demandés aux différents ministères. Il est certain que notre nouveau président aurait préféré lancer rapidement une politique ambitieuse de réinvestissements à même de placer notre pays sur la voie d’une croissance soutenue et durable. Mais l’état de nos finances publiques ne l’autorise pas, compte tenu de la dette abyssale qui ankylose la France et lui fait courir des risques graves si les taux d’intérêts repartaient à la hausse.
Le budget de la défense n’échappe pas à ces réductions auxquelles il devrait cotiser pour environ 850 millions d’euros. Pour absorber cette ponction, les armées ne peuvent réduire leur activité alors que leur niveau d’engagement opérationnel a rarement atteint un tel niveau d’intensité et de durée. La seule solution consiste à repousser des investissements qui portent sur la modernisation de leurs équipements, leur entretien, ou encore les indispensables efforts de recherche et de technologie qui conditionnent l’avenir.
Cette situation n’est malheureusement pas conjoncturelle : les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette recette qui privilégie le court terme au long terme a été maintes fois appliquée avec les mêmes conséquences – impacts sur la disponibilité des équipements, sur la chaîne industrielle, sur des centaines de PME sous-traitantes et sur les coûts.
Spirale infernale
Soyons clairs, il n’y a pas de coupe indolore dans un budget tiré au trébuchet, les retards d’investissements se paient un jour ou l’autre, tant en opérations que par les surcoûts qu’ils entraînent; ainsi, la Cour des comptes a dénoncé à de nombreuses reprises les effets retards, à hauteur de plusieurs milliards d’euros, sur des programmes d’armement majeurs générés par des mesures d’économies de court terme. Pour sortir de cette spirale infernale, il n’existe pas de recette miracle mais il serait coupable de se résigner.
Lors de la présentation...
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/07/17/la-defense-ne-pouvait-pas-echapper-aux-reductions-budgetaires_5161312_3232.html
Le général de Villiers reçu vendredi par Emmanuel Macron (15.07.2017)
Mis à jour le 15/07/2017 à 17:03
Le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées
sèchement recadré après ses réserves sur les économies demandées à la défense, sera
reçu vendredi par Emmanuel Macron, selon l'agenda du chef de l'Etat communiqué
samedi par l'Elysée. Le général de Villiers sera reçu vendredi à 18H00 à
l'Elysée par le président de la République. Aucune précision sur l'objet de
cette rencontre n'a été donnée.
En pleines festivités du 14 Juillet, le chef de l'Etat a
reproché au général, sans jamais le nommer, d'avoir mis de façon
"indigne" une polémique budgétaire "sur la place publique"
et l'a rappelé au "sens du devoir et de la réserve". Le général
avait, dans le huis clos de la commission de la Défense à l'Assemblée
nationale, émis de sérieuses réserves au sujet des 850 millions d'euros
d'économies réclamées cette année aux armées, jugeant la trajectoire budgétaire
"non tenable".
Ce rappel à l'ordre brutal, devant tous les chefs
militaires, a jeté un froid et pose la question du maintien de Pierre de
Villiers qui, à 61 ans, venait tout juste d'être reconduit pour une dernière
année. Le premier ministre Edouard Philippe a assuré vendredi que le militaire
pouvait "bien entendu" rester en fonction mais les interrogations
subsistent sur son avenir.
Des députés macronistes critiquent la baisse du budget de la
Défense (14.07.2017)
Par Tristan Quinault Maupoil Mis à jour le 14/07/2017 à
19:17 Publié le 14/07/2017 à 18:56
Jean-Jacques Bridey, le président (LREM) de la Commission de
la défense nationale et des forces armées à l'Assemblée nationale
Le président de la commission de la Défense nationale à
l'Assemblée nationale «regrette» que le gouvernement demande 850 millions
d'euros d'économies au ministère de la Défense, en 2017. Et ce, malgré la
sévère mise au point d'Emmanuel Macron.
La Grande Muette est-elle à l'origine d'un début de fronde
au sein de la République en marche? Parfois présentés comme «caporalisés»,
plusieurs députés macronistes s'élèvent vendredi contre l'intention du
gouvernement de réaliser en 2017 l'équivalent de 850 millions d'euros d'économies au ministère de la Défense, avant une hausse promise du budget dès
2018 qui devrait représenter, en 2025, 2% de la richesse nationale.
Le président de la commission de la Défense nationale et des
forces armées à l'Assemblée nationale, Jean-Jacques Bridey, a «regretté»
vendredi sur RFI les économies réclamées par le ministère des Comptes publics.
«C'est un choix. Personnellement, je le regrette, surtout quand je vois
l'explication qui a été donnée par Bercy, puisqu'on nous dit qu'il faut faire 4
et quelques milliards d'économies (sur l'ensemble des ministères, NDLR) mais
que dans le même temps, on ouvre 1,5 milliard d'ouverture de crédit pour la
capitalisation d'Areva», a tancé le député macroniste du Val-de-Marne.
«(...) Nos hommes risquent leur vie tous les jours sur les
théâtres d'opération... On leur demande de faire des sacrifices budgétaires,
des coupes budgétaires, pour recapitaliser une société qui est certes
importante, mais on aurait pu trouver un autre moyen», a encore avancé l'ancien
socialiste qui «comprend» la colère du chef d'état-major des armées, le général
Pierre de Villiers. Pour Jean-Jacques Bridey «il y a nécessité quand même de
tenir les 3% (de déficit, NDLR), donc il faut que tous les ministères y compris
la Défense» contribuent. «Est-ce que c'est à hauteur de 850 millions? Le débat,
maintenant, est clos», a-t-il avancé.
Un proche de Le Drian «révolté»
Jean-Jacques Bridey n'est pas le seul à avoir exprimé ses
doutes. Alors même que le président de la République a jugé jeudi soir «pas
digne d'étaler certains débats sur la place publique», le député LREM du
Finistère Jean-Charles Larsonneur s'est confié vendredi à Ouest France. Les
économies demandées à la Défense? «C'est préoccupant!», tance-t-il. «Il faut
peut-être arrêter de désarmer les ministères régaliens, comme la Défense,
l'Intérieur ou la Justice», martèle l'élu. «En 2008, nos armées comptaient 241
000 hommes et femmes. En 2005 (???), seulement 203 000. Aujourd'hui, nos armées sont
sur l'os. On peut s'interroger sur la viabilité de l'ensemble», s'inquiète le
parlementaire macroniste. «Il y a quelque chose de choquant à demander aux
armées de financer le surcoût des opérations extérieures dans lesquelles elles
sont engagées. Comme si on demandait à un salarié de payer ses heures
supplémentaires», s'étonne encore le nouveau député.
Même opposition virulente de Gwendal Rouillard, député LREM
du Morbihan. «On ne peut dire d'un côté qu'on doit protéger nos concitoyens en
raison aujourd'hui de l'état de la menace et dans le même temps au premier coup
de rabot budgétaire se planquer et assumer ce genre de décisions. Moi je ne
l'assumerai pas», a-t-il dit à l'antenne de BFM Business. Le parlementaire -ex
socialiste- se dit «révolté» par la proposition du gouvernement et «demande
solennellement» à Bercy de revoir sa copie.
A l'exception du président de la commission, les deux autres
députés sont... bretons, la région de Jean-Yves Le Drian, l'ancien ministre de
la Défense. Gwendal Rouillard est d'ailleurs très proche de celui qui est
maintenant ministre des Affaires étrangères. En 2014, alors que Matignon
réfléchissait à une baisse du budget de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait
sévèrement tapé du poing sur la table avant d'obtenir satisfaction.
Guillaume Tabard: «L'étonnant coup de gueule du chef des
armées» (14.07.2017)
Par Guillaume Tabard
Mis à jour le 14/07/2017 à 20:10 Publié le 14/07/2017 à 19:47
Le général Pierre de Villiers lors du défilé du 14 juillet
sur les Champs-Élysées.
CONTRE-POINT - La formule du général Pierre de Villiers à
propos du budget des armées a déclenché la colère d'Emmanuel Macron. Les deux
hommes avaient pourtant jusqu'ici d'excellents rapports personnels.
Soucieux de son autorité, Emmanuel Macron a-t-il fait preuve
d'autoritarisme ? Inattendue, la soufflante adressée jeudi soir au chef
d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, est spectaculaire.
«Je ne vais pas me faire baiser.» La formule pour le moins
fleurie de la plus haute autorité militaire a semble-t-il déclenché l'ire
présidentielle. Le général de Villiers parlait des ...
Budget défense : Emmanuel Macron recadre le chef d'État
major des armées (14.07.2017)
Confirmé à la tête des Armées jusqu'au 31 juillet 2018 par
un décret paru mercredi au Journal officiel, le général de Villiers ne cache
pas son exaspération face à la tournure que prennent les arbitrages
budgétaires.
Par Edouard de Mareschal
Mis à jour le 14/07/2017 à 11h03 | Publié le 13/07/2017 à
13h36
VIDÉOS - «Je ne vais pas me faire b… comme ça», a lâché
mercredi le général Pierre de Villiers devant la commission de Défense, au
lendemain de l'annonce d'une coupe de 850 millions d'euros en 2017 pour le
budget des armées.
«Son verbe était clair, passionné et ferme», rapporte l'un
des participants à l'audition du général Pierre de Villiers mercredi devant la
commission de Défense. Effectivement, le cri du coeur du chef d'Etat major des
armées ne pouvait être plus clair: «Je ne vais pas me faire b... comme ça»,
a-t-il tonné face aux députés. Le général a laissé éclater sa colère après lanouvelle coupe de 850 millions d'euros annoncée la veille par Bercy pour 2017.
«Je ne pourrai plus regarder mes gars dans les yeux si on réduit encore nos
moyens», a-t-il poursuivi devant les élus. Malgré la polémqiue, le chef
d'état-major des armées était bien présent ce vendredi matin au côté du
président Emmanuel Macron au défilé du 14 Juillet.
Confirmé à la tête des Armées jusqu'au 31 juillet 2018 par
un décret paru mercredi au Journal officiel, le général de Villiers ne cache
pas son exaspération face à la tournure que prennent les arbitrages
budgétaires. «Le ministère de la Défense a été la principale victime des politiques
de révision générale des politiques publiques», a-t-il déclaré devant les
députés. «On a déjà tout donné, tout donné», a-t-il encore dit. «Beaucoup de
jeunes sous-officiers n'arrivent même plus à se loger.» Pour sauvegarder ses
crédits, le chef d'Etat major des armées aurait une nouvelle fois mis sa
démission dans la balance, selon Les Echos.
20% du plan d'économie supporté par la Défense
Le chef de l'État a vertement recadré jeudi le général qui
s'était insurgé devant des députés contre une réduction des moyens des armées
en 2017. Emmanuel Macron a considéré qu'il n'était «pas digne d'étaler certains
débats sur la place publique» et rappelé les militaires à leur «sens du devoir
et de la réserve». «Il a rappelé à certains la nécessaire discipline
collective», a commenté la ministre des Armées, Florence Parly, sur RTL. Le
président a aussi annoncé une hausse du budget des Armées en 2018, après les
coupes d'au moins 850 millions d'euros annoncées mardi pour cette année, et
réaffirmé son engagement de porter l'effort de défense à 2% du produit
intérieur brut (PIB) en 2025. Le budget des Armées s'élèvera alors à 50
milliards d'euros contre 32,7 milliards en 2017 et les 34,2 milliards annoncés
pour l'an prochain.
Vendredi matin, Jean-Jacques Bridey, président de la
commission de la défense de l'Assemblée et conseiller défense d'Emmanuel Macron
pendant la campagne présidentielle, a lui aussi regretté le montant des
économies réclamées aux armées. «C'est un choix. Personnellement, je le
regrette, surtout quand je vois l'explication qui a été donnée par Bercy,
puisqu'on nous dit qu'il faut faire 4 et quelques milliards d'économies mais
que dans le même temps, on ouvre 1,5 milliard d'ouverture de crédit pour la
capitalisation d'Areva», a déclaré Jean-Jacques Bridey sur RFI.
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a promisd'augmenter le budget de la Défense pour le faire passer à 2% du PIB. Un
objectif réaffirmé le 4 juillet dernier par le premier ministre Edouard
Philippe ; Dans son discours de politique générale, il annonçait l'application
de ce principe dans la loi de programmation militaire dès 2018. Ainsi, la coupe
annoncée mardi par Bercy a fait l'effet d'une douche froide dans le monde
militaire. Le général de Villiers a donc intensifié son offensive pour
sauvegarder son enveloppe. «Le général est attentif au moindre soutien
politique», poursuit ce participant à la commission.
La Défense sous le choc des réductions budgétaires (13.07.2017)
Mis à jour le 13/07/2017 à 23:02
La Légion étrangère
sur les Champs-Élysées, mercredi, pendant les répétitions du défilé
militaire du 14-Juillet. Crédits
photo : NICOLAS NICOLAS MESSYASZ/SIPA/SIPA
Annoncées la veille du 14 Juillet, les 850 millions
d'économies réclamées par Bercy aux armées en 2017 suscitent de la colère et de
l'inquiétude pour l'avenir. Emmanuel Macron a annoncé un effort pour 2018.
«Douche froide», «coup de Jarnac budgétaire», «double
claque»: les formules n'ont pas manqué pour qualifier l'annonce, le 11 juillet,
d'une réduction de dépenses de 850 millions d'euros pour la Défense en 2017.
Des économies qui concerneront essentiellement les programmes d'équipements,
pourtant jugés cruciaux face aux «trous capacitaires» qui se profilent
(ravitailleurs vols, navires patrouilleurs, hélicoptères…).
Les armées, déjà mises sous tension par leur engagement tous
azimuts contre le terrorisme, auront ainsi à assumer à elles seules 20 % des
4,5 milliards d'économies censées contenir le déficit de l'État en 2017. Dans
un contexte de forte menace, la Défense apparaît donc comme le principal
ministère concerné par les coupes, devant l'Intérieur (526 millions), les
Affaires étrangères (282) et loin devant… Bercy (268 millions). Jeudi soir,
intervenant à l'hôtel de Brienne lors de la traditionnelle réception précédant
la Fête nationale, Emmanuel Macron a confirmé ces mesures, en y ajoutant un
«silence dans les rangs», pour faire taire la grogne. En revanche, le président
de la République a voulu faire un geste, en annonçant que le budget serait porté
l'an prochain à 34,2 milliards d'euros - contre 32,7 milliards cette année -
dont 650 millions pour les opérations extérieures.
L'annonce du gouvernement a été d'autant moins bien vécue
par les armées qu'elle est intervenue à quelques jours du 14 Juillet où les
forces sont à l'honneur. «Une provocation», n'hésitaient pas à dire certains
militaires, légitimement prompts à considérer que, n'étant pas susceptibles de
manifester dans les rues, ils se voient une nouvelle fois mis à contribution
bien plus qu'à leur tour. La «remontée en puissance» de la Défense, décidée
après les attaques terroristes de 2015 et à peine amorcée, pourrait bien rester
lettre morte.
Dans une interview à Ouest France, le chef de l'État a
réaffirmé jeudi sa promesse de campagne de porter les ressources de la défense
à 2 % de la richesse nationale en 2025 - hors pensions et surcoût des
opérations extérieures (Opex) -, soit un budget de 50 milliards d'euros. Mais
la plupart des observateurs s'interrogent sur la capacité d'atteindre cet
objectif, ce qui exigerait plus de 2 milliards d'euros supplémentaires par an.
On en est encore assez loin, en dépit des promesses faites jeudi soir.
Les réactions ont été nombreuses. Sonnant la charge, le
président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, a déploré mercredi des «annulations de
crédits d'une ampleur inédite». Pour sa part, l'ex-premier ministre Jean-Pierre
Raffarin a estimé que le gouvernement commettrait «une faute» en s'en prenant
aux crédits de la Défense. «Nous avons plus de 30 000 hommes engagés dans des opérations (…) extrêmement difficiles, épuisantes, avec des équipes qui n'ont
pas toujours les moyens de leur combat», a souligné M. Raffarin. Un général de
l'armée de terre s'alarmait récemment: «Deux tiers de nos matériels ont plus de
40 ans (véhicules de l'avant blindé, engins blindés AMX 10RC).» Et il ajoutait:
«Chaque régiment ne dispose plus que de 30 % de ses véhicules majeurs, dont
beaucoup ne sont pas instantanément disponibles. (…) Nous atteignons les
limites du modèle.»
Même dans le camp gouvernemental, les dents grincent.
Gwendal Rouillard, député LREM du Morbihan, juge «inacceptables» les
propositions de Bercy pour 2017.
«Volonté de revanche»
La non-exécution des budgets, du fait de Bercy, est un
phénomène récurrent, soulignent des observateurs. Certains évoquent une
«volonté de revanche» du ministère de l'Économie et des Finances, après le
quinquennat de François Hollande durant lequel la Défense, sous la houlette de
Jean-Yves Le Drian, tenait le haut du pavé. Les contraintes européennes sont
également invoquées pour expliquer la nature et le calendrier - jugé «malvenu»
- des dernières décisions budgétaires, Paris ne souhaitant pas se mettre en
contradiction avec les critères européens de convergence. En novembre 2015,
après le Bataclan, François Hollande avait fait prévaloir un «pacte de
sécurité» sur le pacte de stabilité, qui impose aux États de l'UE de maintenir
leur déficit et leur dette. Cette approche n'est manifestement plus de saison.
L'émoi est fort au sommet de la hiérarchie militaire. Selon
des témoins, le chef d'état-major des armées (Cema), le général Pierre de Villiers, a manifesté son mécontentement, mercredi, alors qu'il était interrogé
par des parlementaires lors d'une audition à huis clos par la commission de la
défense de l'Assemblée nationale.
«Je considère pour ma part qu'il n'est pas digne d'étaler
des débats sur la place publique, a vigoureusement déclaré Emmanuel Macron dans
son intervention à l'hôtel de Brienne. J'ai pris des engagements, je suis votre
chef. Les engagements que je prends devant les concitoyens, devant les armées,
je sais les tenir et je n'ai à cet égard besoin de nulle pression, de nul
commentaire», a-t-il ajouté. Fermez le ban!
Dans une tribune au Figaro, le Cema insiste sur «la fiertéet la reconnaissance de nos compatriotes pour ce que nos armées font, pour ce
qu'elles sont et pour ce qu'elles incarnent». Mais le général de Villiers, qui
vient d'être prolongé à son poste jusqu'au 31 juillet 2018, tire une nouvelle
fois la sonnette d'alarme, soulignant que «le grand écart n'est pas tenable»
entre un niveau d'engagement très élevé et durable, et la pression budgétaire.
Selon le Cema, l'échéance budgétaire de 2018 sera déterminante.
À l'état-major des armées, on estime les besoins de la
Défense à 35 milliards pour l'an prochain. Faute de les obtenir, le général de
Villiers n'excluait pas d'en tirer les enseignements, c'est-à-dire de déposer
son képi, comme il a déjà menacé de le faire dans le passé.
La rédaction vous conseille
Général d'armée Pierre de Villiers : «Soyons fiers de nos
armées françaises» (13.07.2017)
Par Pierre de Villiers
Mis à jour le 13/07/2017 à 22h00 | Publié le 13/07/2017 à
19h47
TRIBUNE - Le chef d'état-major des armées rend hommage à nos
soldats - fantassins, marins et aviateurs. Il souligne le caractère essentiel
de leur mission et sa difficulté. Le chef d'état-major des armées rappelle les
efforts consentis par les soldats français et leurs familles. Il plaide, enfin,
pour le respect scrupuleux des engagements pris à l'égard du budget de la
défense nationale.
Aujourd'hui, comme chaque 14 Juillet, le peuple français a
rendez-vous avec son armée. L'accueil toujours plus chaleureux qui lui est
réservé n'a rien d'anodin. Il nous dit quelque chose de la relation étroite qui
existe entre le pays et ceux qui, en son sein, ont pour mission de le protéger.
Il témoigne de la fierté et de la reconnaissance de nos compatriotes pour ce
que nos armées font, pour ce qu'elles sont et pour ce qu'elles incarnent.
Ce qu'elles font, d'abord. Au quotidien, elles assurent avec
constance et détermination, exigence et discrétion, leur difficile mission de
protection de la France et des Français, dans un contexte sécuritaire qui s'est
considérablement durci ces dernières années. Partout, la paix et la stabilité
sont menacées par des adversaires qui ne connaissent plus aucune limite.
La paix est menacée, bien sûr, par le phénomène du
terrorisme islamiste radical qui n'a d'autre projet que la destruction et
l'anéantissement de toute altérité, en commençant par les plus démunis et les
plus faibles. Cette menace ne se limite plus aux seules zones grises ou aux
foyers traditionnels de ce fanatisme idéologique. Elle s'étend désormais à des
espaces toujours plus vastes, frappant chacun des cinq continents. La France et
l'Europe, parce qu'elles portent un projet de paix et de modernité, sont
particulièrement visées.
Mais une menace peut en cacher une autre. Certains
États-puissances n'hésitent plus désormais à tutoyer la ligne rouge. Soucieux
d'étendre leur influence, y compris par l'expansion territoriale, ils mettent
en œuvre des stratégies agressives et investissent des champs nouveaux comme le
cyberespace et l'espace extra-atmosphérique. Bien que moins immédiate et
perceptible, cette menace n'en est pas moins réelle. Elle se traduit, entre autres,
par l'augmentation sensible des dépenses de défense à travers le monde. Un
signe ne trompe pas: en 2016, les ventes d'armes ont retrouvé leur niveau de la
fin de la guerre froide. Les dépenses militaires représentent désormais 1 700
milliards de dollars, soit 2,3 % du PIB mondial.
Face aux dérives potentielles de la puissance, nos forces
armées mettent en œuvre la capacité de dissuasion nucléaire. Simultanément,
elles participent activement aux mesures de défense et de protection du
territoire, aux côtés des forces de sécurité, par les postures permanentes
(NDRL: dispositifs militaires) de sûreté aérienne et de sauvegarde maritime et
grâce à un dispositif de forces prépositionnées à l'étranger cohérent. Enfin,
parce que nous sommes face à un ennemi qui s'appuie sur des sanctuaires, les
militaires français sont engagés, avec nos alliés, au plus près des zones
refuges des organisations terroristes, principalement dans la bande
sahélo-saharienne et au Levant. En parallèle, ils y accompagnent la montée en
puissance des forces armées locales. Sur ce chemin, ils savent que gagner la
guerre ne suffit pas à gagner la paix. Ils comprennent que la réouverture d'une
école est au moins aussi importante que la destruction d'un objectif.
Les opérations - là-bas et ici - contribuent directement à
la sécurité nationale qui repose, avant tout, sur une continuité effective
entre sécurité intérieure et défense extérieure. La multiplication accélérée
des périls sécuritaires, de toute nature, notamment sur les approches du
continent européen, révèle, par contraste, l'existence d'une véritable
communauté de destin qui réunit l'ensemble des pays de l'espace euro-méditerranéen
et qui appelle une réponse coordonnée.
L'action des hommes et des femmes de nos armées est
déterminante. Ils le savent et sont résolus à poursuivre ce combat, malgré les
difficultés. Un de nos soldats, héros de notre temps, tombé au Mali au mois
d'avril dernier, servait dans un régiment dont la devise est «Je continuerai!».
Elle pourrait être celle de nos armées tout entières. Soldats, marins,
aviateurs, d'active et de réserve, civils de la défense, sont plus que jamais
décidés à faire en sorte que notre pays tienne la position. À faire en sorte
d'assurer la protection de la France et des Français avec le même niveau
d'exigence et la volonté d'insérer leur action dans une approche globale. À
faire en sorte de cultiver l'excellence, y compris dans les domaines
technologiques les plus pointus, au prix d'une remise en cause permanente.
Cet état d'esprit est un marquant de l'énergie et de
l'équilibre de nos armées. Il nous révèle aussi ce qu'elles sont.
Une force jeune, d'abord, avec une moyenne d'âge de 33 ans.
À chacun de mes déplacements sur le terrain, je constate la formidable richesse
de cette jeunesse, venue de tous les horizons pour servir. Je le lis dans le
regard de ces soldats, que je retrouve au fin fond du Sahel, écrasés par la
chaleur du désert et, malgré tout, toujours partants. Je le vois à
l'application mise par les pilotes et les mécaniciens dans leur travail de
précision sur la base aérienne de Jordanie. Je le sais quand j'écoute le marin
embarqué parler avec passion de son métier qui allie endurance et haute
technicité. Je le constate chez les sept mille militaires qui patrouillent
quotidiennement, à Paris et en province, là où vivent nos compatriotes. Tous
supportent, avec courage et désintéressement, les contraintes liées à leur état
de militaire et les absences répétées de leurs foyers - parfois jusqu'à 250
jours par an. Cet effort est également celui de leurs familles, qui méritent
notre reconnaissance et toute notre attention. Le courage de tous concourt
directement au succès de nos armées.
C'est ce même état d'esprit et ce même élan qui transparaît
chez ceux qui défilent, aujourd'hui, avec leur unité, sur les Champs-Élysées et
partout en France. Je l'affirme: nous avons une belle jeunesse, animée par le
sens du service et la volonté de donner un sens à sa vie. Elle sait qu'il faut,
pour cela, savoir s'engager sur un chemin exigeant ; et elle le fait.
Cette force jeune est aussi une force en mouvement, qui ne
craint pas de sortir de sa zone de confort et de casser la routine pour
s'adapter à un environnement sans cesse changeant. Cet ajustement permanent
peut être inconfortable, mais il est essentiel. L'équation est simple:
s'adapter pour dominer ou se figer et être dominé.
Dans les faits, cette exigence se traduit par la nécessité
d'une modernisation régulière de nos capacités, seule voie possible pour
espérer préserver notre avantage technologique face à des compétiteurs toujours
plus nombreux et toujours plus innovants. Elle se traduit également par la
nécessité de rendre notre organisation plus agile et plus efficace. Beaucoup a
été fait, ces dernières années. Il faut désormais intensifier l'effort dans le
domaine de la condition du personnel où des améliorations sont légitimement
attendues. Ce sujet est, pour l'équipe que je forme avec les chefs d'état-major
d'armée, derrière notre ministre des armées, Mme Florence Parly, une
préoccupation de premier plan. Il s'agit, avant tout, d'une question de juste
reconnaissance pour ceux qui ne comptent pas leurs efforts pour faire de nos
armées une force prête.
Il est, en effet, plus que jamais nécessaire que nos armées
françaises soient aptes à répondre sur toute la largeur du spectre des menaces:
sur terre, en mer, dans les airs, dans l'espace et, désormais, dans le cyberespace.
Le choix, effectué il y a plus d'un demi-siècle, de disposer d'un modèle
d'armée complet répondait à cette nécessité. Il n'a cessé d'être réaffirmé
depuis.
Notre modèle est, aujourd'hui, en étroite cohérence avec la
situation sécuritaire globale et les ambitions de notre pays. Il l'a prouvé et
le prouve encore, au quotidien.
Il répond à la volonté de la France d'être en capacité
d'entrer en premier sur un théâtre ou d'être nation-cadre d'une opération
multinationale. Il répond également à cette conviction, partagée par tous les
militaires, qu'on n'est jamais plus fort qu'à plusieurs. Cette conscience n'est
pas nouvelle. La présence d'unités de l'armée américaine à Paris, pour
commémorer le centenaire de l'engagement de deux millions d'Américains unissant
leurs destinées à celles des soldats français et de leurs alliés, en témoigne.
Nous travaillons, aujourd'hui, avec la même détermination, au renforcement des
coopérations militaires avec les armées des pays amis et alliés, et en
particulier avec les Européens, avec lesquels nous améliorons sans cesse notre
interopérabilité.
Pour autant, nos armées sont confrontées, depuis plusieurs
années, à une situation de forte tension, sous l'effet combiné d'un niveau
d'engagement très élevé qui s'inscrit dans la durée - 30 000 soldats en posture opérationnelle, de jour
comme de nuit, depuis plus de deux ans - et d'un contexte budgétaire compliqué.
Ce grand écart n'est pas tenable. Notre liberté d'action en souffre déjà,
ponctuellement. C'est le cas, par exemple, à chaque fois qu'une opération doit
être différée, voire annulée, faute de moyens disponibles.
Pleinement conscient de cette situation, le président de la
République, chef des armées, a réaffirmé la nécessité de s'engager sur la voie
de la régénération du modèle, avec comme objectif de consacrer 2 % du PIB à la
défense, à l'horizon 2025, soit 50 milliards d'euros courants (hors opérations
extérieures et hors pensions). Il est important que cette trajectoire qui doit
nous conduire vers cet horizon soit initiée, dès 2018, puis respectée dans la
durée, pour préserver l'indispensable cohérence entre les menaces, les missions
et les moyens. C'est à cette condition que nos armées pourront demeurer ce
qu'elles sont et refléter ce qu'elles incarnent.
Je pense pouvoir affirmer, pour vivre au milieu d'elles
depuis plus de quarante années, qu'elles sont à l'image du pays. Elles
partagent son caractère ; elles rendent compte de sa diversité ; elles
incarnent ses valeurs.
Là réside une part essentielle de la motivation des jeunes à
nous rejoindre. Ils savent qu'ils vont combattre pour la liberté ; qu'ils vont
vivre l'égalité sous l'uniforme ; et que la fraternité sera leur quotidien.
La liberté, d'abord, dont on mesure, aujourd'hui peut-être
plus qu'hier, combien elle est fragile et combien il est important de se battre
pour la protéger. «Sauvons la liberté, la liberté sauve le reste», écrivait
Victor Hugo. Cette conviction est le moteur de l'action des hommes et des
femmes de nos armées.
L'égalité, ensuite, parce que sous l'uniforme seul importe le
sentiment d'un destin partagé. Face au danger, les différences ne résistent pas
bien longtemps. Mais, de retour à la base ou au quartier, l'égalité des chances
n'est pas, non plus, un vain mot. Chez nous, chacun se voit offrir
l'opportunité de s'élever.
La fraternité, enfin, ce que nous, militaires, appelons
esprit de corps, esprit d'équipage ou fraternité d'armes. Dépassant
l'individualisme, elle se construit, patiemment, sur les joies partagées et,
surtout, sur les épreuves surmontées ensemble. Rien ne résiste à sa force et à
son assurance.
C'est, probablement, ce que beaucoup de nos compatriotes
ressentent au passage du drapeau qui précède les troupes. Un emblème tissé du
fil des épreuves et des ambitions de la Nation. C'est ce qu'il représente que
nous saluerons. C'est devant ce qu'il signifie que nous nous inclinerons.
Comme l'a rappelé le président de la République, à Gao, au
Mali, le 19 mai dernier: «La sérénité de nos existences, la sécurité de nos
enfants, les joies de chaque jour ont un prix, c'est celui (des) sacrifices.»
Ceux de nos soldats, de nos marins, de nos aviateurs qui ont mis leur vie au
service du succès des armes de la France. Soyons fiers d'eux. Soyons fiers de
nos armées françaises.
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