jeudi 2 août 2018

L'Espagne d'al-Andalus : Quel rôle l'immigration a-t-elle joué dans la conquête ?

  • Par  Dario Fernandez-Morera 
  • Publié le 14/02/2018 à 09:49
AL-ANDALUS 1/8 - Al-Andalus a suscité au fil des siècles de nombreuses légendes entretenant le mythe d'un « paradis andalou ». Le Figaro Histoire consacre un numéro exceptionnel à l'Espagne musulmane : la conquête au début du VIIIe siècle fut fulgurante et impressionnante au vu de l'étendue du territoire concerné.




L'arabisant Felipe Maillo Salgado observe que les chiffres varient selon les sources, mais que l'invasion initiale devait comprendre moins de 12 000 Berbères menés par Tariq, suivis d'environ 18 000 combattants arabes menés par Musa ibn Nusayr. Le fait que quelques milliers de combattants islamiques aient pu conquérir en quelques années un si vaste territoire n'est pas aussi étonnant que beaucoup d'historiens le pensent. Des armées aux effectifs réduits peuvent réaliser des conquêtes impressionnantes si elles bénéficient de la supériorité militaire et de conditions favorables. Alexandre le Grand vainquit les armées de l'Empire perse, beaucoup plus nombreuses que les siennes, et une grande partie de ce vaste empire fut bientôt hellénisée. Les Mongols conquirent d'énormes territoires avec des armées aux effectifs modestes. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande a conquis et contrôlé en quelques mois, voire quelques semaines, plusieurs pays modernes, peuplés de millions d'habitants. Récemment, les combattants du califat islamique d'al-Baghdadi ont conquis rapidement de très grandes régions du Moyen-Orient.

Dans al-Andalus, au fil du temps, un grand nombre des esclaves et anciens esclaves, la plupart capturés pendant les jihads contre les royaumes chrétiens du nord de l'Espagne, se fondirent au sein de la population. Le génial savant Ibn Hazm, lui-même d'ascendance chrétienne - comme le fut probablement aussi le grand Ibn Rushd (Averroès) - écrivit que tous les souverains omeyyades descendaient de mères esclaves. Leur apparence physique trahissait leur ascendance européenne: ils étaient blonds ou roux (et parfois aux yeux bleus comme Abd al-Rahman III et comme le dernier Omeyyade, Hicham II, fils d'une esclave basque). Même le fondateur de la dynastie nasride de Grenade, Mohammed ben Nasr (mort en 1273), était appelé «le Rouge» (al-Hamar) à cause de sa barbe rousse. Ibn al-Khatib, chroniqueur du XIVe siècle, décrivit le peuple de Grenade comme ayant la «peau blanche». Malgré «l'immigration», les Berbères demeurèrent toujours minoritaires.

En définitive, la majorité de la population n'était pas composée d'«immigrés» mais de convertis apparus après la première génération -les muladis. Ce terme, dérivé de l'élevage bovin, qui signifie «bâtard», en dit long sur la manière dont ces convertis étaient considérés dans al-Andalus. De nombreuses révoltes de muladis éclatèrent et furent écrasées sans pitié.

L'Espagne musulmane, d'al-Andalus à la Reconquista, 132 pages, 8,90€, en kiosque et disponible sur le Figaro Store.
Dario Fernandez-Morera


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