mardi 1 mai 2018

Désintox sur Fabius et le Front Al-Nosra : les vérificateurs ne font pas du « bon boulot » (02.03.2017)

La vérification des faits est à la mode chez nos journalistes, qui redécouvrent le b.a.-ba de leur métier. Tant mieux. A condition, cependant, que cette pratique ne serve pas de paravent ultime à la manipulation politique. Étude d'un cas exemplaire.
Laurent Fabius a-t-il vraiment dit que le Front Al-Nosra faisait du "bon boulot" ? C'est la question que nous pose, le 1er mars 2017, le site Conspiracy Watch.

par Taïké Eilée jeudi 2 mars 2017

https://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/desintox-sur-fabius-et-le-front-al-190293
Pour ce faire, l'Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot remet dans la lumière un extrait de l'émission "C Politique", diffusée sur France 5 le 24 octobre 2016. Dans cette séquence, le présentateur Karim Rissouli accueille son "vérificateur" Maxime Darquier, qui, d'après les termes de Conspiracy Watch, nous "montre comment une intox complotiste née sur le Réseau Voltaire de Thierry Meyssan s'est retrouvée dans la bouche de Marine Le Pen puis dans celle de Jean-Luc Mélenchon".
La mise en avant de cette séquence télévisée vieille de plus de quatre mois, sur un site de veille (donc généralement très réactif), s'inscrit sans doute dans le cadre de la bataille des présidentielles. Rudy Reichstadt, l'animateur du site, est en effet membre de la Fondation Jean Jaurès, proche du Parti socialiste, et farouche opposant tant de l'extrême gauche que de l'extrême droite, réputées disposer d'un tropisme conspirationniste assez marqué.
"Démontage d'une intox", acte I
D'emblée, le "vérificateur" Maxime Darquier annonce la couleur : il va nous révéler les dessous d'une "énorme intox". Si l'on se fie au lexique fourni par les Décodeurs du Monde, mis en ligne le 25 janvier 2017, le terme «  intox » sert à désigner "des informations volontairement erronées ou trompeuses". Il ne s'agit donc pas de simples erreurs, qui auraient pu être commises de bonne foi. Nous sommes avec l'intox dans l'ordre de la manipulation volontaire.
L'intox, véhiculée par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (mais aussi par Nicolas Dupont-Aignan), consisterait à dire que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, aurait déclaré que le Front al-Nosra, un groupe jihadiste proche d'Al Qaïda, faisait du "bon boulot" en Syrie, dans le cadre de la guerre contre le régime de Bachar el-Assad.
La vérité, selon Maxime Darquier, serait très différente :
« Tout a commencé lors d'un sommet sur la Syrie en décembre 2012 à Marrakech. Laurent Fabius est là, en tant que ministre des Affaires étrangères. Un problème se pose alors : faut-il, oui ou non, accepter les jihadistes du Front al-Nosra autour de la table ? Les Américains sont contre, les pays arabes sont pour, et Laurent Fabius, lui, il compte les points. Le lendemain, dans le journal Le Monde, on lisait ça : « M. Fabius a (...) estimé que "tous les pays arabes étaient vent debout" contre la position américaine, "parce que, sur le terrain, ils [c'est-à-dire le Front al-Nosra] font du bon boulot". » »
Et Karim Rissouli de nous livrer la claire interprétation qu'il convient, selon lui, d'avoir de la déclaration litigieuse :
« En clair, Laurent Fabius, on le voit, ne fait que citer la position, entre guillemets, des pays arabes. »
Plus loin dans la séquence, Maxime Darquier nous dit avoir retrouvé l'enregistrement des propos de Laurent Fabius lors de ce sommet de Marrakech, long de 7 minutes. Et de nous citer l'extrait qui, selon lui, "résume la pensée de Laurent Fabius" :
« Le président de la coalition a dit que, lorsqu'un groupe menait une action qui était efficace et utile au service des Syriens et contre Bachar el-Assad, c'était très difficile de le récuser en tant que tel. »
Cette citation est censée accréditer l'idée que Laurent Fabius ne fait que rapporter une opinion qui n'est pas la sienne.
"Démontage d'une intox", acte II
Pour clore sa démonstration, Maxime Darquier diffuse l'extrait d'un entretien donné par Laurent Fabius quatre jours plus tard, sur TV5 Monde. Voici ce que le ministre y déclare (je cite un extrait plus long et plus éclairant que celui donné par l'émission de France 5, en me basant sur la vidéo ci-dessous) :
- Xavier Lambrechts : A côté de la coalition se bat par exemple ce Front al-Nosra, qui sont des radicaux on va dire, des milices radicales...
- Laurent Fabius : C'est des radicaux, oui...
- Xavier Lambrechts : ... des salafistes radicaux...
- Laurent Fabius : Ça pose un gros problème, vous avez vu...
- Xavier Lambrechts : Les Américains les considèrent depuis quelques jours comme organisation terroriste. Est-ce que la France pourrait suivre l'exemple américain ?
- Laurent Fabius : Écoutez, je suis en train de réfléchir à cela, parce que les Américains ont pris cette décision ; par ailleurs, la coalition nationale syrienne, les collègues arabes qui étaient là-bas, à Marrakech, eux étaient très hostiles à cette position, en disant : "Ce sont des gens qui se battent contre Bachar", donc c'est très difficile de les désavouer, mais il faut faire extrêmement attention, je suis en train d'étudier tout cela, parce que des rapports nous indiquent qu'ils ont un lien avec Al Qaïda. Et le problème, ce n'est pas seulement aujourd'hui, c'est aussi demain, il faut toujours avoir le regard prospectif : si, admettons, comme nous le souhaitons, que Monsieur Bachar tombe, que deviennent ces combattants et que deviennent leurs armes ? Est-ce qu'on va les retrouver, où ? au Mali, ailleurs ? Donc il faut faire très attention à cela... Et, d'ailleurs, vous avez noté que, autant la coalition nationale syrienne a désavoué la position américaine, autant elle n'a pas pris dans sa propre représentation les jihadistes. Car les principes qui sont ceux de la coalition nationale syrienne sont de respecter toutes les communautés, qu'elles soient minoritaires ou majoritaires, et de respecter les droits de l'homme et la démocratie. C'est donc tout à fait autre chose que la position d'Al Qaïda.
Je me permets d'ajouter une quatrième source, qui contextualise l'enregistrement audio diffusé par Maxime Darquier, une transcription de la conférence de presse donnée par Fabius le 12 décembre 2012 à la « 4e réunion des amis du peuple syrien » à Marrakech :
Q - Est-ce que vous... (inaudible), Monsieur le Ministre, à une clarification de la coalition sur ses rapports avec le groupe terroriste... comme les Américains l'ont...
R - Il y a eu une discussion sur ce sujet, vous avez raison. Parce qu'il y a des groupes divers. Et il y a en particulier un groupe qui a des positions militaires qui sont importantes, mais les Américains ont estimé que ce groupe, compte tenu de ses orientations, devait être mis sur la liste des terroristes. D'autres pays, je pense à un certain nombre de pays arabes, ont dit que cela ne leur paraissait pas pertinent. Et le président de la coalition a dit que, bien évidemment, on pouvait avoir des visions différentes sur ce sujet mais que, lorsqu'un groupe menait une action qui était efficace et utile au service des Syriens et contre Bachar Al-Assad, c'était très difficile de le récuser en tant que tel.
En ce qui concerne la France, nous allons examiner cette question de manière approfondie parce que c'est une question que l'on ne peut pas éluder. (...)./.
Une place pour l'interprétation
Si l'on a un minimum d'honnêteté intellectuelle, on doit admettre que les deux premières sources citées, l'article du Monde à l'origine de toute l'affaire, en date du 13 décembre 2012, et les quelques secondes d'enregistrement du sommet de Marrakech diffusées par Maxime Darquier, restent fort ambiguës, trop lapidaires sans doute, et ne permettent pas, avec certitude, de déterminer si Laurent Fabius ne fait que citer une position, sans la faire sienne, ou s'il la fait sienne.
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L’article du Monde, versions web et papier
On peut même légitimement être porté à croire que le ministre adhère à l'idée que le Front al-Nosra fait du "bon boulot", dans la mesure où la proposition est si choquante (le groupe terroriste a déjà alors commis 600 attaques, dont 40 attentats-suicides), qu'on serait en droit d'attendre de sa part une prise de distance ferme vis-à-vis d'un tel jugement. Or, cette prise de distance est inexistante dans ces deux premières sources.
En outre, il n'est pas insensé de penser qu'un homme qui a, un jour, déclaré que Bachar el-Assad "ne mériterait pas d'être sur la Terre" acquiesce à l'idée qu'un groupe qui lutte efficacement contre lui soit "difficile" à "récuser en tant que tel".
Une page de discussion sur Wikipédia montre d'ailleurs bien qu'en se référant au seul article du Monde, les Wikipédiens ne parviennent pas à tomber d'accord sur la façon d'interpréter les propos de Laurent Fabius : deux avis s'opposent.
Pour être parfaitement clairs, les journalistes du Monde Isabelle Mandraud et Gilles Parisauraient sans doute dû écrire :
« M. Fabius a ainsi rapporté, mercredi, que "tous les Arabes [présents à Marrakech] étaient vent debout" contre la position américaine, car ils estiment "que, sur le terrain, ils [le Front al-Nosra] font un bon boulot". »
Seules la troisième source, l'entretien sur TV5 Monde, ainsi que la quatrième, nous montrent assez clairement un Fabius impartial, mentionnant les positions des uns et des autres, et encore hésitant sur celle que la France se doit d'adopter. Seules ces dernières sources peuvent nous permettre de penser que Fabius n'exprimait pas sa propre opinionlorsqu'il disait que le Front al-Nosra faisait du "bon boulot".
On peut néanmoins, si la citation du Monde est fidèle, continuer de s'étonner qu'un ministre français, attaché aux droits de l'homme, emploie, même pour rapporter la position d'un tiers, cette expression si inappropriée, "bon boulot", qui ne peut qu'horrifier lorsqu'on sait quels actes barbares se cachent derrière. On peut bien dire d'un plombier qui a réparé une fuite d'eau qu'il a fait du "bon boulot", mais pas d'un terroriste qui a causé un carnage dans un attentat-suicide, même si c'est contre le "régime de Bachar".
Biais d'intentionnalité : "personne n'est à l'abri" du conspirationnisme...
Mais venons-en à l'essentiel, qui est la malhonnêteté de la présentation de cette pseudo "intox". Car Darquier et Rissouli nous disent que nous avons affaire à "une grosse opération d'intox", "une intox sans fondement lancée par des sites complotistes" (en l'occurrence le Réseau VoltaireÉgalité & Réconciliation et La Gauche m'a tuer, mais aussi Michel Collon et Olivier Berruyer), autrement dit une énorme manipulation volontaire.
Or, nous venons de voir qu'à moins de tomber sur la troisième ou la quatrième source (mais combien les ont vues ?), l'interprétation des propos lapidaires de Fabius restait très peu claire. Alors, pourquoi présupposer que les sites qui ont cru que Fabius avait bel et bien dit qu'Al-Nosra faisait du "bon boulot" ne l'ont pas cru de bonne foi ? Face à une déclaration qui prêtait à interprétation, qui pouvait se lire de deux façons, les sites a priorihostiles à Fabius, à sa politique ou à ce qu'il représente, ont tout naturellement opté pour l'interprétation qui leur convenait le mieux (si tant est qu'ils en aient perçu une autre).
De la même manière, lorsque le philosophe Michel Onfray ne cesse de répéter, lors de ses passages à la télé (comme dans cette vidéo à 14'30), que Mahmoud Ahmadinejad, l'ancien président iranien, a déclaré vouloir "rayer Israël de la carte", alors même que, dès 2012, le ministre israélien du Renseignement avait admis que ces mots n'avaient jamais été prononcés, est-il plus juste de présupposer une malveillance de la part d'Onfray, ou une simple ignorance ? Le plus probable est qu'il n'a pas lu la mise au point parue dans Le Pointle 26 avril 2012, et qu'en revanche il a bien enregistré dans son cerveau une désinformation qui a si souvent été répétée sur un si grand nombre de médias.
En présupposant une (mauvaise) intention là où il n'y en a probablement pas, nos journalistes "anti-conspirationnistes" succombent en vérité au biais d'intentionnalité, qui est typique, nous dit-on, de la pensée conspirationniste. Écoutons à ce propos le politologue Pierre-André Taguieff  :
« Dans les raisonnements complotistes, on retrouve un mécanisme cognitif général : l'attribution d'intentionnalité. On appelle « biais d'intentionnalité » la tendance qu'ont les individus à voir le comportement des autres comme intentionnel. C'est ainsi qu'une simple maladresse est interprétée comme une conduite agressive, révélatrice de dispositions hostiles. Autrement dit, le biais d'intentionnalité consiste à percevoir l'action d'une volonté ou une décision derrière ce qui est fortuit ou accidentel. »
Décidément, comme le notait la sociologue Marina Maestrutti dans Le Monde diplomatiqueen juin 2015, "personne n'est à l'abri" du conspirationnisme... pas même, on le voit, Karim Rissouli et son "vérificateur", si prompts à imaginer de sombres opérations de manipulation à grande échelle sur le web.
D'habiles omissions pour la démonstration : presse, livres...
La malhonnêteté du décryptage de "C Politique" tient aussi au fait que l'on laisse entendre que seuls des "sites complotistes" ont relayé les propos attribués abusivement à Laurent Fabius. Or, une simple recherche sur Google, qui ne réclame même pas l'aide d'un documentaliste professionnel (ce dont a eu besoin, comme il nous le dit, Maxime Darquier), nous montre que plusieurs grands médias ont repris l'information :
Le Figaro, le 10 décembre 2014 :
"Laurent Fabius s'est montré en pointe dans le dossier syrien, au côté de la rébellion à qui la France a livré des armes, et il est visé pour plusieurs déclarations publiques. Le chef de la diplomatie avait ainsi estimé, en août 2012, que "Bachar el-Assad ne mériterait pas d'être sur terre" et, en décembre 2012, que "le Front al-Nosra fait du bon boulot", alors même que cette organisation djihadiste syrienne venait d'être classée terroriste par les États-Unis."
RTL, le 6 septembre 2015 :
"Proches de victimes de rebelles jihadistes, ces Syriens estiment que plusieurs déclarations publiques du chef de la diplomatie française ont contribué à aggraver la situation dans leur pays en encourageant notamment une faction rebelle au régime du président syrien Bachar al-Assad, le Front al-Nosra. Parmi ses déclarations, celle d'août 2012 dans laquelle le ministre affirmait que "Bachar al-Assad ne mériterait pas d'être sur terre". Des propos rapportés par Le Monde en décembre 2012, où il estimait que "le Front al-Nosra fait du bon boulot", alors même que cette branche syrienne d'Al-Qaïda venait d'être classée parmi les organisations terroristes par les États-Unis, sont également en cause."
La Tribune de Genève, le 7 septembre 2015 :
"Le chef de la diplomatie avait ainsi estimé, en août 2012, que « Bachar el-Assad ne mériterait pas d'être sur terre ». Dans des propos rapportés par Le Monde en décembre 2012, il aurait affirmé que « le Front al-Nosra fait du bon boulot », alors même que cette branche syrienne d'Al-Qaïda venait d'être classée parmi les organisations terroristes par les États-Unis."
Le Monde diplomatique, en décembre 2015 :
"Fin août 2013, Paris se retrouve seul à vouloir bombarder les troupes de M. Al-Assad. Pendant trois ans, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a défendu une position extrême, allant jusqu’à critiquer la décision américaine de placer le Front Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes : «  Parce que, sur le terrain, ils font du bon boulot  » (13 décembre 2012)."
Mais, mieux encore que quelques articles de presse, il y a les livres, écrits généralement avec plus de recul et de scrupules, et qui doivent aussi passer par le filtre d'un éditeur. Et nous allons voir justement que de nombreux livres ont rapporté les propos de Laurent Fabius exactement de la même manière que ne l'ont fait les "sites complotistes" incriminés sur France 5. Petit florilège :
- Régis Le Sommier, Daech, l'histoire, Éditions de La Martinière, 2016 :
- Frédéric Pons, Le Martyre des chrétiens d'Orient, Calmann-Lévy, 2017 :
Jean-Pierre Martin, Christophe LamfalussyMolenbeek-sur-djihad, Grasset, 2017 :
Jean-Loup Izambert, 56 - Tome 1 : L'État français complice de groupes criminels, IS Édition, 2015 :
Geneviève et Jean-Claude Antakli, Syrie, une guerre sans nom ! Cris et châtiments, François-Xavier de Guibert, 2014 :
Je ne cite même pas Philippe de Villiers, peut-être trop partisan, qui, dans Les Cloches sonneront-elles encore demain ?, paru chez Albin Michel en 2016, attribue à Fabius la fameuse citation.
Et même chez un journaliste britannique "spécialisé dans les réseaux de contre-espionnage", dixit Le Monde diplomatique, on la retrouve encore...
- Roger T. Howard, Power and Glory : France’s Secret Wars with Britain and America, 1945-2016, Biteback Publishing, 2016 :
J'ai cependant trouvé deux livres, qui manient la citation avec un peu plus de réserve.
Xavier Baron, Histoire de la Syrie. 1918 à nos jours, Éditions Tallandier, 2014 :
- Jacques Baud, Terrorisme : Mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident, Éditions du Rocher, 2016 :
Cette dernière référence, dans une note de bas de page, est la seule qui marque une réelle prudence, tout en laissant le lecteur juge : "En l'absence du verbatim de la déclaration du ministre, en raison du manque de clarté des citations évoquées dans la presse, nous laisserons le lecteur juge."
Précisons que Jacques Baud, l'auteur de cette réflexion sur l'absence de clarté de la citation du Monde, est colonel d'état-major général, ancien analyste des services de renseignement stratégique suisses. Engagé auprès des Nations unies dans de nombreux conflits, il est l'auteur de nombreux ouvrages de référence (Encyclopédie du Renseignement et des services secrets, Lavauzelle, 2002 ; La Guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur, Rocher, 2003 ; Encyclopédie des terrorismes et des violences politiques, Lavauzelle, 2009). Son jugement est donc vraisemblablement capable de quelque finesse, et, s'il ne trouve pas claire une citation, c'est peut-être bien qu'elle ne l'est réellement pas.
Mais, pour Karim Rissouli et son "vérificateur" patenté, tout était absolument clair, évident, dans la micro-citation du Monde, et il fallait nécessairement être très mal intentionné pour mal la comprendre. Ainsi, RTL, Le FigaroLe Monde diplomatique, Calmann-Lévy et Grasset, tous, feraient-ils partie, avec le Réseau Voltaire et E&R, de la "grosse opération d'intox" mis au jour par Le bureau de vérif' de "C Politique" ?
Manipulation au carré
On le voit par cet exemple, la dénonciation d'intox dans les médias n'est pas toujours sans arrière-pensées politiques ; cet exercice, apparemment neutre, peut être mis au service de luttes peu avouables contre des adversaires idéologiques. En effet, en laissant croire que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont repris une intox créée de toutes pièces par la "complosphère", on les discrédite à peu de frais. Or, nous avons vu :
- que rien ne permettait d'affirmer qu'il y avait eu "intox", autrement dit manipulation volontaire,
- que la citation des propos de Laurent Fabius dans le journal Le Monde était interprétable, compte tenu de sa concision et de son manque de clarté, dans deux directions différentes,
- qu'il fallait avoir recours à d'autres sources, moins connues, pour pencher vers l'interprétation qui "disculpe" le ministre,
- qu'une multitude de médias mainstream et de livres, publiés chez de grands éditeurs, avaient repris à leur compte la citation litigieuse de Fabius (ce que France 5 occulte),
- et que, par conséquent, il était parfaitement mensonger d'affirmer que seuls des "sites complotistes" et deux candidats aux deux extrémités de l'échiquier politique la diffusaient.
En voulant dénoncer une pseudo manipulation, Le bureau de vérif' a réussi la prouesse de nous manipuler. Volontairement ? Difficile d'arriver à une autre conclusion, sinon cela signifierait tout bonnement que nos pros de la "désintox" n'ont pas fait les vérifications élémentaires présentées dans cet article. Je laisse le lecteur juge...

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