jeudi 14 février 2019

Djihad 14-18 (Jean-Yves LE NAOUR, 2017)

Le premier livre sur la place de l'islam durant la Première Guerre mondiale, durant laquelle 600 000 soldats musulmans servirent la France.

Entre 1914 et 1918, l'Allemagne de Guillaume II cherche par bien des moyens à allumer dans les Empires français et anglais une rébellion massive des musulmans. Pour ce faire, quoi de mieux que de pousser le sultan de Constantinople à proclamer la guerre sainte contre les chrétiens ? Tout est pensé, mûri, réfléchi par les stratèges allemands : le panislamisme et le djihad assureront la victoire du Reich. 

Ce projet, pris très au sérieux dans les ministères de Berlin, Londres et Paris, fut un échec, au sein d'un Empire ottoman en décomposition comme au Maghreb : Marocains, Tunisiens et Algériens servirent massivement dans l'armée française, et tous payèrent leur fidélité au prix du sang. Si les peuples musulmans exigèrent, durant et après la guerre, des droits nouveaux, ce fut le panarabisme, non le panislamisme, qui servit d'étendard commun. 


Pour rendre compte de cette réalité totalement méconnue, et pourtant passionnante, de l'histoire de la Grande Guerre et restituer tant les plans allemands que les questions qui traversèrent alors le monde musulman sous domination européenne, il fallait la connaissance intime de la période et le sens du récit de Jean-Yves Le Naour. 



































Quand l'Allemagne tentait de convaincre les musulmans de faire le djihad

Thomas Andrei — 7 février 2018 à 7h00 — mis à jour le 31 janvier 2019 à 10h43


Historien spécialiste de la Première Guerre mondiale, Jean-Yves Le Naour a publié en novembre, «Djihad 1914–1918», un ouvrage sur la tentative ratée de l’Allemagne de pousser les musulmans du monde entier à la guerre sainte.

L'empereur allemand Guillaume II a tenté de manipuler les musulmans pour gagner la Grande Guerre (spoiler: il a échoué) | Miss Média via Flickr CC License by

L'empereur allemand Guillaume II a tenté de manipuler les musulmans pour gagner la Grande Guerre (spoiler: il a échoué) | Miss Média via Flickr CC License by

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Temps de lecture: 7 min


«Ceux qui prendront part à la Guerre sainte pour le bonheur et le salut des Croyants et en reviendront vivants jouiront du bonheur; quant à ceux qui y trouveront la mort, ils auront droit au titre de martyr.»


Prononcés devant la Mosquée Fatih de Constantinople, ces mots glissent sous la moustache blanche de Mehmed V, le sultan ottoman, le 14 novembre 1914. Ce jour-là, la place, décorée des couleurs ottomanes, mais également allemandes et austro-hongroises, est remplie d’une foule d'abord silencieuse, puis rapidement exaltée. L’Empire ottoman vient d’entrer en guerre et sert ses intérêts, mais pas seulement.


Comme le raconte le passionnant ouvrage de l'historien Jean-Yves Le Naour, Djihad 1914–1918, c'est de Berlin que cette idée de guerre sainte lancée à la figure des puissances alliées a été théorisée.


En 1898, l'empereur Guillaume II, en voyage dans la capitale ottomane, se proclamait déjà protecteur de tous les musulmans sur Terre, avant de se rendre devant la tombe de Saladin à Damas, à Jérusalem puis à Bethléem. Son projet? Reproduire «l’alliance impie» scellée en 1536 entre le roi chrétien François Ier et le sultan Soliman le Magnifique.


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«L'insurrection islamiste»

À ce moment de la Grande Guerre, cette menace de soulèvement des musulmans à travers le monde est prise très au sérieux par Paris, Londres et Moscou. L’idée n’est en réalité pas née du cerveau de Guillaume II, mais de celui d’un personnage complexe: le baron Max Von Oppenheim. Dans son ouvrage, Jean-Yves Le Naour le décrit comme un «aventurier, archéologue et espion», issu d’une «famille de banquiers», qui porte le turban et la djellaba.


Fasciné par l’Orient, il a voyagé au Machrek, au Maghreb, en Arabie, avant de s’établir au Caire, où il entretient plus tard un harem privé. Dès 1898, il «préconise l’insurrection islamiste» et noue des liens avec les nationalistes égyptiens en vue de se liguer contre l’Empire Britannique. Son activisme est récompensé deux ans plus tard lorsqu’il est nommé consul et gagne la confiance de Guillaume II, auquel il murmure les détails de son plan.


Mais, selon Le Naour, cette tentative de guerre sainte pilotée depuis Berlin, se serait sûrement développée sans l’intervention du baron:


«L’Histoire est toujours faite par des individus qui servent de grands intérêts, explique-t-il. C’est l’intérêt de l’Allemagne de s’associer à l’Empire Ottoman, qui a une position stratégique: au contact de l’Empire Russe dans le Caucase et du canal de Suez, que Berlin souhaite reprendre. La Guerre Sainte visait aussi à occuper les Britanniques en soulevant les 100 millions de musulmans dans les Indes.»


À Constantinople, le parti laïque et francophile des Jeunes-Turcs, au pouvoir depuis 1908, n’est pas dupe du manège du Reich, qui n’a que faire de l’islam. Cependant, le parti voit dans l’association avec l’Allemagne l’opportunité de reprendre la main sur les finances du pays, contrôlées à l’époque par Londres et Paris. Tout en retrouvant une nouvelle grandeur.


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Attaque au couteau dans un train... en Australie

Alors que la censure règne en France, en Grande-Bretagne et en Russie, l’appel au djihad a du mal à se faire entendre. Il trouve pourtant un écho surprenant, à plus de 10.000 kilomètres de Constantinople, quand deux hommes pénètrent dans un train avec des couteaux et attaquent des passagers... en Australie.


«C’est la première fois que l’on appelait à un djihad global, commente Le Naour. Le sultan appelle tous les musulmans du monde, où qu’ils soient, à entrer dans le combat comme ils le peuvent. Où que l’on soit, il faut attaquer Anglais, Français et Russes. C’est des mots qu’on a entendus chez le khalife de Daesh: “Prenez un couteau”.»


Aussi perturbante que l’anecdote paraisse en 2018, il s’agit là d’un exemple unique, d’après les recherches rigoureuses de l’historien. La censure des alliés est efficace, mais une certaine nervosité règne, notamment au sein des autorités coloniales. Le Naour révèle:


«Alors, elles sollicitent tous les vieux turbans, tous les béni-oui-oui, pour qu’ils dénoncent le sultan comme prisonnier des Allemands. On publie dans la presse des déclarations de fidélité, d’amour, des vœux de victoire de la France. Cette sollicitation intense montre qu’il y a une grande peur. On ne sait pas encore comment les musulmans vont réagir.»


En Inde, les princes musulmans, eux aussi, font leur part du travail. À travers les empires coloniaux, les autorités musulmanes acceptent de collaborer pour plusieurs raisons. Déjà, l’armée française compte 40.000 Marocains, 80.000 Tunisiens engagés volontaires ainsi que 173.000 Algériens, pour moitié des conscrits. La solde est élevée, permet de faire vivre des familles qui disposent, de surcroît, d’une allocation. Deuxièmement, l’armée présente une expérience d’égalité, qui n’existe pas au sein de la colonie. Les soldats arabes espèrent qu’en versant leur sang pour la même cause, ils seront reconnus comme les égaux des métropolitains. Enfin, on soutient les Alliés par crainte.


«Mieux vaut le diable que l’on connaît que celui qu’on ne connaît pas, synthétise Le Naour. La propagande insiste sur la brutalité de l’invasion en Belgique et dans le Nord de la France. On croit alors que les Allemands veulent s’emparer de l’Algérie. Même si c’est faux. On n’apprécie pas la colonisation française, mais les Allemands font peur.»


Fiasco militaire et djihad incompris

Une peur qui fait long feu. L'Empire ottoman prévoit d’attaquer la Russie, qu’il juge affaiblie, sous l'égide d'Enver Pacha, ministre de la guerre. Surnommé Napoléonik, il échafaude un plan à l’audace démesurée, qui devrait lui permettre de rentrer dans la légende. Pour surprendre les Russes, il décide de prendre la tête d’une armée de 90.000 hommes et de traverser les montagnes du Caucase, dont les sommets culminent aisément à plus de 5 000 mètres. Le tout, en plein hiver. Comme durant la campagne de Russie de Napoléon, les soldats de Pacha crèvent de froid «dans un 1m50 de neige par un froid intense de – 20°.» Deux tiers d’entre eux seulement sortiront des montagnes pour se faire écraser par les Russes le 2 janvier 1915, lors de la bataille de Sarıkamış. L’attrait de l’appel au djihad décroit.


«On appelle à faire la guerre sainte aux chrétiens, mais pas tous les chrétiens, explique Le Naour. On trie les ennemis. Pas les Allemands, ni les Autrichiens.»


Jean-Yves Le Naour


Le Naour reprend: «Si les Ottomans avaient battu les Russes puis pris le canal de Suez en février, les choses auraient pu être différentes. Or, à chaque fois, ils sont battus à plate couture. Les musulmans risquent de prendre des coups en se soulevant. Alors ça ne sert à rien. Mieux vaut être du côté du manche que du côté du fouet.»


Et lorsque les musulmans se soulèvent, ils ont parfois du mal à comprendre cet appel au djihad un peu confus.


«On appelle à faire la guerre sainte aux chrétiens, mais pas tous les chrétiens, explique Le Naour. On trie les ennemis. Pas les Allemands, ni les Autrichiens. Cette confusion entraîne des dommages collatéraux. Des Américains se font molestés parce qu’on les prend pour des Anglais. Des Autrichiens se font virer d’Alep. Sur le plan idéologique, c’est très fragile.»


Plus fondamentalement, la guerre sainte prônée par l’Allemagne souffre d’une erreur d’interprétation immense: «L’Allemagne croie que le sultan de Constantinople est une sorte de pape de l’Islam, explique l’historien. Or, ça n’existe pas. L’Islam n’a pas de pape. Il n’y a pas d’intermédiaire entre le fidèle et Dieu.» De surcroît, le sultan n’a aucune autorité sur les chiites. Sa seule autorité, bien insuffisante, est donc celle que lui confère son pouvoir temporel.


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L’Allemagne de Guillaume II voit l’ensemble des musulmans comme des fanatiques malléables

Comment commettre une telle erreur? Par manque de connaissance, peut-être. Par une forme de condescendance, sûrement. L’Allemagne de Guillaume II voit l’ensemble des musulmans comme des fanatiques malléables. Une vision qui est partagée du côté des alliés.


«On croit qu’on peut séduire tous les musulmans en agitant un drapeau vert, commente Le Naour. On a peur de la réaction des musulmans. Alors, on les cajole. En ouvrant une mosquée, en leur servant de la viande hallal, en faisant venir des imams ou en faisant des méchouis.»


Une vision et un traitement des arabes qui, d’après l’auteur, est loin d’avoir disparue.


«C’est à ce moment-là qu’on commence à enfermer l’Arabe dans sa communauté religieuse. C’est une assignation à résidence communautaire. L’Arabe est fatalement religieux et doit être représenté par des autorités religieuses.»


Jean-Yves Le Naour


Cette vieille politique coloniale, dont le fondement était d’utiliser la religion pour éviter l’assimilation et l’égalité, trouve un écho en mars 2012, lors de l’affaire Mohammed Merah.


«Abel Chennouf, un des trois militaires abattus était selon Nicolas Sarkozy “musulman d’apparence”. Alors, un imam avait été invité à prier. Or, Chennouf était un catholique pratiquant, d’origine kabyle. Et il aurait tout aussi bien pu être athée.»


La tentative de guerre sainte de Guillaume II échoua. L’empereur avait tort et la Grande Guerre se joua dans les tranchées d’Europe. Mais son plan laisse des traces.


«1914 est le début de la djihadisation de l’Islam, enseigne l’écrivain. Après ce djihad “made in Germany” en 14, on connaîtra le djihad “made in Moscou”, en 1918. L’Islam comme arme de soulèvement des indépendances face aux impérialismes. De nos jours, la manipulation ne vient plus de l’extérieur, mais de l’intérieur. Et Daesh efface toute trace de cette guerre sainte planifiée de l’étranger.»


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L'historien conclut: «Dans la mémoire arabe, la conquête ottomane symbolise la fin de la grandeur arabe. Ils en font une parenthèse et passent directement au khalifat, on retourne à la splendeur arabe, sans parler du sultanat. On revient au XIIe siècle. C’est de la communication.»

Germany's grand First World War jihad experiment

A little-known PoW camp just outside Berlin was dedicated to turning Allied Muslim soldiers into jihad warriors


The German jihad; an unlikely First World War alliance Photo: Popperfoto
If history is dictated by the concerns of the historian’s day, then it’s surprising more of us haven’t heard the story of the Halbmondlager, or “Half Moon Camp”, a small First World War prisoner-of-war camp in Zossen, near Berlin.
It was like no other PoW camp in history. Reserved primarily for Muslim prisoners, detainees lived in relative luxury and were given everything they needed to practise their faith. Spiritual texts were provided, Ramadan observed, a mosque erected – the first on German soil – and there were sermons by visiting spiritual leaders and academics.
But Half Moon Camp was not some torchbearer for the more enlightened treatment of PoWs ushered in later by the Geneva Convention. It was, instead, the symbolic centre of a spectacularly unsuccessful pet project of Kaiser Wilhelm II: to turn Muslim soldiers fighting for Britain and France into jihadists loyal to Germany. Extensively written about in German history books but elsewhere a long-forgotten story of the Great War, the camp’s extraordinary role is finally being highlighted as part of the renewed scrutiny of the conflict in this centenary year.
The unlikely prophet of the jihad was German aristocrat, adventurer and diplomat Max von Oppenheim. The 54-year-old had returned to the Heimat after 20 years of travel and study in the Orient and, before Britain had even declared war on Germany, had convinced the Kaiser that Islam was Germany’s secret weapon. Oppenheim believed that a well-orchestrated propaganda campaign would stir up a mass Muslim uprising against Britain and France from within colonial territories such as India, Indo-China and north and west Africa.
“A lot of Germans thought he was a crank,” says Eugene Rogan, the author of forthcoming book The Fall of the Ottomans. “He had idiosyncratic views about the irrational extremist way that Muslims would behave.” The Kaiser, though, took him at his word. Wilhelm vowed to “inflame the whole Mohammedan world” against the British and on August 2 1914 a secret treaty between Germany and the Ottoman Empire marked the beginning of a bizarre political marriage between the Kaiser and Sultan Mehmed V.
That same day Oppenheim moved into his bureau in Berlin, the headquarters of his jihad propaganda machine.
The PoWs, who had fought valiantly for the Allied powers in the early battles of the First World War, were prime targets, confined as they were to a controlled environment a short distance from Oppenheim’s HQ. “I’m sure the Germans believed they would be fairly malleable to a message that turned them against the Entente and played on their Islam,” says Rogan.
Muslim prisoners of war were used as pawns in the project right from the start. In early November, when the Sultan – by arrangement with Germany – announced Britain, France and Russia the enemies of Islam from a mosque in Constantinople, the German ambassador in the city followed with a flamboyant announcement on the embassy balcony, flanked by 14 of Germany’s earliest Muslim prisoners, from Morocco, Algeria and Tunisia.
Their duty was to deliver scripted lines in Arabic and Turkish promising the crowds that they would take the German jihad to North Africa. Afterwards, they are said to have carried Karl Emil Schabinger von Schowingen, an ally of Oppenheim’s, in a chaise longue through the streets, encouraging demonstrators to loot and burn any shops owned by the French and English. So the story goes, the affair was crowned with a symbolic flourish when Schabinger's entourage entered the lobby of his hotel and his police escort sent a single bullet into an English grandfather clock.
The German orientalist Max von Oppenheim arranged for a mosque to be built at the Half Moon PoW camp
The spectacle set the tone for the propaganda effort, as Oppenheim’s PoW camp depended on similar levels of carefully orchestrated hot air. Only 4,000-5,000 prisoners were detained in the camp (though Muslim soldiers were also housed in the neighbouring camp of Weinberg, where the propaganda effort was extended), but as the tokenism of the Half Moon Camp’s name suggests, the place was self-consciously styled as a theatre for the wider world. As German historian Heike Liebau explains in the BBC documentary The World’s War, to be broadcast this week, Half Moon was a “show camp”.
Postcards were printed showing prisoners taking part in sport and religious services, and engaged in the slaughter of animals for halal meat. The biggest showpiece of all was the Ottoman-style wooden mosque, with ornate arched doorways, a broad dome and a single minaret. It was built “to prove that Germany was the true friend of Islam”, says Liebau. “It was not built out of religious ideas, it was built on the expectation that it would serve the propaganda purposes that Germany had.” Oppenheim’s office spread the rumour that Kaiser Wilhelm himself had paid for its costly construction out of his own pocket.
“We know [the prisoners] had visiting speakers so they must have had classes or lectures,” says Rogan. “The mosque was certainly there as a place of worship, but Friday sermons are an opportunity to politicise, so they would have used the pulpit to continue their message. In that sense building a mosque was about more than giving people freedom of worship. It was about creating a place where the message could be reinforced by a religious authority.”
The extraordinary care that went into the creation of Half Moon’s unique environment was largely owing to the efforts of one highly driven individual reporting to Oppenheim’s bureau.
Shaykh Sâlih al-Sharîf, a Tunisian nationalist, had come to Berlin from the Ottoman intelligence service. Distinguishing himself early with a written document for Oppenheim called Jihad is an Obligation, which was used by the German press to illustrate that the holy war was not “made in Germany”, Sâlih cut a striking figure in the office, always going around in distinctive traditional burnous (hooded cloak) and turban.
A strong supporter of Maghreb independence, Sâlih took his job as propagandist rather beyond the call of duty by making treacherous visits to the trenches in person. Witnesses report seeing his turbaned head appearing above the parapet of a German trench appealing in classical Arabic, across no-man’s-land, to the Muslims in the French lines. His confidence bolstered, Sâlih even wrote a personal letter to the Kaiser recommending that Germany’s prestige in the Arab world would be greatly increased were he to liberate his own colonial territories in east and west Africa – advice that was politely refused.
According to German historical accounts Sâlih dedicated a lot of his energies to the PoW camp, where he was able to realise the role of spiritual leader. He gave talks and sermons, instigated the camp’s propaganda newspaper, Al-Djihad, first produced in March 1915 in Arabic, and wrote articles for it. He also made sure his congregation’s physical welfare was taken care of.
In front of the mosque at Half Moon Camp
Former Half Moon Camp PoW Ahmed bin Hussein, a farmer from Marrakesh, gave an enthusiastic account of camp life in First World War interrogation records recently published in Turkey. “They even made a favour of us, and gave us a kitchen. Pork was not to be given to us. They gave us good meat, pilaf, chickpeas etc. They gave three blankets, underwear, and a new pair of shoes, etc. To each of us. They took us to the baths once in every three days and cut our hair.”
He goes on to describe how recruiters visited the camp, and how he was among a dozen men who volunteered to fight for the Ottoman side that day. “Others were afraid,” he says.
The Germans hoped that by affording the Half Moon detainees luxuries, they would win their trust enough so that the men would switch allegiances, and sign up to fight the Sultan’s holy war in the colonies. A cunning plan, but one that seems to have backfired. Bin Hussein’s interrogation, it’s worth noting, took place after he’d been taken prisoner for a second time – by the same side.
Rogan speculates he was involved in a revolt against his new Ottoman commanders, possibly showing the ineffectiveness of the recruitment scheme. “American records suggest morale among these troops was quite low – after having been relatively well treated by the Germans, they were sent off to hot, dry, very difficult fighting conditions,” he says.
The numbers of volunteers from the propaganda camps Half Moon and Weinberg were not insignificant. As many as 3,000 recruits from the camps arrived in Baghdad to serve on the Mesopotamian and Persian fronts. “Nothing to sneeze at,” Rogan says. “But they didn’t really know what they were fighting for. It wasn’t as though they were motivated by jihad. They were probably promised good treatment and glory.”
Why weren’t the men motivated by jihad? It’s perhaps more pertinent to ask, “Why would they have been?” As Rogan points out, the concept was daft to begin with. “It was not a natural thing: a targeted jihad focusing on three Western countries but excluding three other European countries. You hate Britain and France but not Germany, Bulgaria and Austria – what is that about?”
Rogan also thinks Oppenheim and his enthusiastic band of orientalists were deluded. “There was this misconception that Muslims behave in a uniformly fanatical way: they pray together in massive numbers, they obviously all surrender their thoughts in a uniform way, and if you turn that to your advantage you’ve got a powerful force to motivate and mobilise. It just doesn’t work that way.
“Muslims are like people anywhere else. Their willingness to get into something as risky as war is going to be determined by their interests, or their fears, or the threats that they face. It’s not because somebody waves a sword or a Koran and tells them to go to war.”
The interests that motivated the heroics of one particularly singular-minded individual from the camp, Mir Mast, are telling. In The World’s War, writer and presenter David Olusoga narrates the compelling story of this Muslim PoW, with “the face of a born survivor”, from a mountain village on the India-Afghanistan border. Mast was captured and taken to the Half Moon Camp after deserting the Allies at the Battle of Neuve Chapelle in 1915. Olusoga follows his extraordinary story after he agrees to volunteer on a dangerous mission for the Germans to Kabul to convince the Emir of Afghanistan to stop backing the British. As it turns out, Mast had his own motivations for the trip: it was a way back home.
Another example of a spirited act of defiance emerges in one of the recordings from the ethnographic project carried out at the camp in 1915 by a German academic (2,600 recordings of prisoners were taken in 250 languages). One Chote Singh recites into the gramophone his scripted line – “the German Kaiser looks after me very well” – then laughs.
A wonderfully comic novel written in 1917 by the English writer Talbot Mundy, Hira Singh, suggests that even then people around the world were laughing at the camps and the simplistic beliefs of the German orientalists and their jihad effort. Serialised in an American pulp magazine in 1917, then published as a book in London in 1918, Hira Singh tells the story of a Sikh soldier captured by the Germans in Marseille in the early stages of the war.
About 80 Sikhs were housed in the Half Moon Camp, and in the story Hira and his squadron are taken there. Jihad propaganda obviously did not apply to the Sikhs – in the book Hira is constantly bemused that Germans keep feeding him Mohammedan ideas – though non-Muslim prisoners were plied with ­material designed to ignite a nationalist sense of injustice instead.
Mundy, well travelled in India, Africa and the Middle East, must have had a source of information about what life was like in the camp. Many of his descriptions of the good living conditions and the propaganda newspapers tally with what is now known about it. He also describes how local women and children would come and stare at them, as if they were exotic exhibits, through the fence – entirely possible since the camp’s existence was well publicised and documentation shows that as early as 1915 PoWs from the Half Moon Camp were transported into Berlin to play extras in films.
Mundy’s story lampoons the German camp wonderfully. Hira’s wry, intelligent stream of consciousness provides an amusing counterpoint to the simplicity of the fawning tactics employed at the prison. “Our sense of justice was not courted once. They made appeal to our bellies, to our purses, to our lust, to our fear – but to our righteousness not at all.”
An exhibition at the Brunei Gallery, in London, Empire, Faith and War: The Sikhs and World War One, shines new light on the plight of the Sikhs during the war. The exhibition presents a translated version of the Half Moon Camp’s propaganda newspaper, the Hindostan, which contained stories, appeals, reports, and poems all intended to fuel anti-British sentiment:
“Oh martyrs, you have to help the people of India by creating a string unity among the people of different religions, because the enemy is getting very fit by creating hatred amongst the people through incitement of one religion against the other,” as a front page in the exhibition reads. But according to the exhibition’s curator, Parmjit Singh, the Germans’ best efforts didn’t work on the Sikhs. They remained largely loyal to the British.
The same goes for the 50 or so Irishmen who, German records indicate, found themselves at the Half Moon Camp in summer 1915 – much to their disgust. One, Pte Cornelius Rahilly, noted: “All [over] the camp the ugly sweaty smell of the East prevailed and some of the other inmates danced themselves often into a frenzy. The white protruding eyeballs of these semi-savages and their fantastic perambulations and knife gyrations hypnotised one into imagining he witnessed some diabolical display of the nether regions.”
The Irishmen were also fed propaganda, suggesting that there was a larger imperial politics behind the Germans’ efforts. But, by all accounts, the men showed themselves unmoved by propaganda – and within four months they had left Half Moon “where their presence [was] disturbing”, according to a prison authority’s memo.
It didn’t take long for the prison commanders to learn from their misconceptions about the Irish. And although the political aspirations of the camp were abandoned in 1917 when the majority of its inhabitants were quietly sent to Romania to work on agricultural land (and Shaykh Sâlih left Germany to live in Switzerland) there are, perhaps, lessons that can still be learnt from the camp’s failure.
“I think [the story is] relevant to readers today because people still have that view,” says Rogan. “People still believe that there’s this capacity for Muslims to behave in this collectively fanatical way.”
'Empire, Faith and War’ is at The Brunei Gallery, London, until September 28; ‘The Fall of the Ottomans’ by Eugene Rogan will be published by Basic Civitas in September

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