Critique de la Raison Européenne@CRE_SciencesPo
Nous assistons à la métamorphose du macronisme du "cool" et des startups vers une forme d'autoritarisme 2.0.
Puisque le macronisme était dès le départ anti-majoritaire et porté par les intérêts d'une poignée, cette mue autoritaire est naturelle, c'est même sa condition de survie.
Dalipas 🔻 🏳️🌈 🇬🇹@Dalipas
Certains disent qu'il est trop tôt pour parler de dictature concernant la France : Nous pourrons parler de dictature, le jour où nous ne pourrons plus parler, précisément !
Alors parlons-en avant qu'il ne soit trop tard !!!!
Grégory ROOSE@gregoryroose
Une ploutocratie vêtue des oripeaux de la démocratie.
Voici ce que devient notre système politique.
Les opposants y deviennent de facto des «anti-démocrates», perdant ainsi toute crédibilité dans le débat. La boucle est bouclée.
Comment sortir de ce cercle vicieux ?
Le Média
UN AVOCAT EXPLIQUE L'ASTUCE DU GOUVERNEMENT POUR ENVOYER LES GILETS JAUNES EN GARDE À VUE
“C’est un délit un peu particulier, qui fait penser au film Minority Report, parce que c’est un délit qui vise à punir une personne avant qu’elle ne commette quoi que ce soit.”
-Maître Kempf
https://twitter.com/LeMediaTV/status/1090867274641297408
Le Média@LeMediaTV
"ON A UN PRÉSIDENT QUI FAIT DU COMPLOTISME"
Le Gilet Jaune Maxime Nicolle nous expliquait samedi que le vrai complotiste, c'est Macron !
#GiletsJaunes #Acte12 #ActeXII #Complotisme
https://twitter.com/LeMediaTV/status/1093471999274430464
Manu Militari VS la foule des fainéants haineux@fr4pper
Macron, c'est le pire des USA, de la Chine et du Moyen Orient :
- no border, multiculturalisme, politiquement correct
- contrôle total sur les médias, censure, ministère de la vérité
- soumission totale à l'islam, antisémitisme non réprimandé, femme semi-esclave
Philippe Bilger@BilgerPhilippe
On commence à comprendre pourquoi #RémyHeitz a été voulu comme procureur de la République de #Paris par le #PR et le #PM @Mediapart Je crains que ce pouvoir ait trouvé l’homme qu’il fallait pour protéger #Benalla de toutes atteintes médiatiques. #Régression!
https://twitter.com/BilgerPhilippe/status/1093258345744662528
Patrick kaliciak 🇫🇷@Populiste63
La porte-parole de la diplomatie russe "le Président Macron est le principal producteur de fausses informations en France"... 🇷🇺👍
https://fr.sputniknews.com/international/201902041039901703-declaration-maria-zakharova-producteur-fausses-informations-france/
Manu Militari VS la foule des fainéants haineux@fr4pper
4 févr.
Macron est de façon indéniable en pleine dérive fasciste :
- perquisition de Fillon, Le Pen, Mélenchon
- arrestations préventives et fichage de manifestants
- répression au LBD40
- loi "anti FAKE NEWS"
- volonté de nationalisation partielle et de contrôle de la presse
- perquisition de Médiapart
- volonté de suppression de l'anonymat sur les réseaux sociaux
- évocation de l'idée de supprimer les réseaux sociaux
- évocation d'un complot russe dés qu'un opposant prend la parole
- fascisation systématique de ses opposants ( racistes, homophobes )
https://twitter.com/fr4pper/status/1092514181797036033
Bassounov
Plus Bassounov a retweeté Anne-Laure Cattelot
#AnneLaureCattrelot tente sa chance dans le grand concours du #députéLREMlePlusRépugnant.
Rappels :
- Les #procureurs en France sont nommés par #Manu et #auxOrdresDeManu.
- Les #médias en France sont à 90% propriétés des potes #milliardaires de #Manu et #auxOrdresDeManu.
Anne-Laure Cattelot@ALCattelot
N’en déplaise à la @FranceInsoumise nous ne sommes pas au #Venezuela ! En 🇫🇷 la Justice est indépendante et la presse est libre. En 🇫🇷 @Ugobernalicis peut hurler au complot d’État sans être envoyé en prison parce que ns ns sommes en démocratie ! #DirectAN
https://twitter.com/ALCattelot/status/1092810138937892870
Catherine Gasté
3 février
Emmanuel Macron, journalisme de cour et contrôle des #médias . Après la loi #FakeNews, l’acte II avec la mise sous tutelle du #journalisme : « vérifier l’information» dans les médias, en créant des «structures», financées par l’État, chargées du contrôle.
http://www.slate.fr/story/173082/emmanuel-macron-le-journalisme-de-cour-et-le-controle-des-medias
EDERYZAPP@EderyPatrick
😟A voir le témoignage de l'épouse du Boxeur & Champion de France #Dettinger !
On ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre l'impunité dont bénéficie le magouilleur #Benalla et ce père de famille, gagnant sa croûte honnêtement, emprisonné immédiatement & humilié par #Macron
https://twitter.com/EderyPatrick/status/1092746961856405505
Jean Hugon 🔻@JeanHugon3
4 févr.
Edwy Plenel l'avait senti et c'est en train d'arriver.
Le gouvernement remet en cause les uns après les autres nos droit et Libertés.
Cette dérive autoritaire est vraiment inquiétante...
https://twitter.com/JeanHugon3/status/1092552801819996160
francoise degois@francoisedegois
#AffaireBenalla : Mediapart s'oppose à une tentative de perquisition dans ses locaux. Après les propos en off de #EmmanuelMacron sur la presse, ça devient inquiétant.
Gilbert Collard
"Que le pouvoir d’empêcher quelqu'un de manifester soit remis entre les mains du préfet c'est la destruction de la liberté de manifester. Nous avons voté contre ce texte car il est fascisant." #DirectAN
https://twitter.com/GilbertCollard/status/1092835868954578944
Sébastien JALLAMION
Compte certifié
@SJallamion
10 hil y a 10 heures
Plus
#LoiAntiCasseurs ; 387 députés ennemis de nos libertés fondamentales, ce n'est pas rien... Gageons que les sénateurs sauront les défendre, et à défaut le Conseil constitutionnel... Honte à ces inconscients qui ont ce jour renvoyé la France aux pires heures de son Histoire ! 😡
Étienne Chouard@Etienne_Chouard
Plus Étienne Chouard a retweeté Le Média
Avec une Constitution digne de ce nom (càd écrite et défendue par les citoyens), la police ne serait pas sous le seul contrôle des policiers (en conflit d'intérêts criant), mais sous le contrôle permanent et puissant de Chambres de contrôle tirées au sort.
#CitoyensConstituants
https://twitter.com/Etienne_Chouard/status/1092671938747600896
Abbé Rézina 🇫🇷 0⃣ 2⃣ ⛽️ 🚕@Abbe_Rezina
Karine, épouse du boxeur #ChristopheDettinger qui a frappé deux gendarmes lors d'une manifestation des #GiletsJaunes précise à France3 qu'il a voulu être gendarme réserviste et n'a pas sa place en prison, puis reproche à #EmmanuelMacron ses propos humiliants tenus sur son mari
https://twitter.com/Abbe_Rezina/status/1092787802180333568
David dobsky@dobsky33
Plus David dobsky a retweeté franceinfo
Donc Malek Boutih, ancien président de SOS racisme et ex député socialiste se retrouve salarié du Qatar, pays qui finance le terrorisme.
L'ancien député socialiste Malek Boutih embauché comme référent éthique du PSG
https://www.francetvinfo.fr/sports/foot/l-ancien-depute-socialiste-malek-boutih-embauche-comme-referent-ethique-du-psg_3176201.html
✊RAZOOR ✊ 🔻@razoor777
Franchement, c'est normal ça ? 4 chaînes de TV qui retransmettent en simultané la propagande de Macron ? Le jour où @mediapart est perquisitionné ?...
https://twitter.com/razoor777/status/1092490620344717313
Si ca vous scandalise, faites votre saisine au csa. Voir modele en piece jointe. Ca prend 5 secondes.
https://www.csa.fr/Mes-services/Alertez-nous-sur-un-programme2 …
Pure@PureTele
⚡️ EVRY-COURCOURONNES / Vidéo exclusive ⚠️ de l’arrivée du président #Macron dans le cadre du grand débat national, aujourd’hui, sous les huées des #GiletsJaunes et autres manifestants
@Atrahasis_GJ_91
https://twitter.com/PureTele/status/1092544409177083904
Mercenaire 1@mercenaire01
En réponse à @PureTele
Les 4 chaînes TV en continue complaisantes, tributaires de leurs patrons financiers et à la botte de Macron se sont bien gardées de nous montrer ces images ..
À retweeter 👍👍
Le Firagot@le_firagot
Constatant :
-Les affaires Benalla
-Les perquisitions politiques
-La loi du fichage des manifestants
-La demande de levée d'anonymat sur les RS
Nicolás #Maduro donne un ultimatum de 8 jours à #Macron pour organiser des élections anticipées en France, cet ex-pays démocratique.
MichaelVllt 🇫🇷@LEDOUAISIEN
Pour la Députée #LREM @Sonia_Krimi "on a raté une forme de démocratisation de la société. Je suis pour qu'on puisse intégrer politiquement les frères musulmans.."
https://twitter.com/LEDOUAISIEN/status/1092773686753546240
Critique de la Raison Européenne@CRE_SciencesPo
@fabricearfi révèle ce qui a dérangé Macron au point de demander au parquet de perquisitionner Mediapart : Benalla a signé un contrat avec un oligarque russe lié à la mafia moscovite quand il était a l’Élysée, et a parjuré devant le Sénat.
On se rapproche de l'affaire d’État...
https://twitter.com/CRE_SciencesPo/status/1092745425411547137
Alexandre Devecchio@AlexDevecchio
#Referendum : #Macron ressemble de plus en plus à Renzi. Après avoir gagné en rassemblant gauche et droite libérale, l'ancien président avait dû démissionner suite à un référendum perdu sur la question des institutions. Il avait ainsi ouvert la voie à la coalition populiste.
Charlotte Chaffanjon@CChaffanjon
3 févr.
"Vous ne rêvez pas. Le président de la République propose que l'État rémunère certains journalistes dans les rédactions. Il envisage sans ciller ce qui ressemble à une nationalisation partielle de la presse." @gernelle @LePoint
https://www.lepoint.fr/debats/gernelle-macron-ou-la-tentation-de-la-pravda-03-02-2019-2291045_2.php
Zohra Bitan #GGJ 🇫🇷 💙 🇫🇷
« Vive la vérité d'État ! Macron ou la tentation de la pravda ».
.. « le bien public, c'est l'information ». « Nous pensions bêtement, nous, que le bien public, c'était la liberté d'expression, dont le pluralisme est la condition... ».
Vincent Tremolet@vtremolet
1 févr.
"Les techniques d'ostracisme sont devenues trop visibles et en même temps qu'elles lassent, elles révoltent". @mbockcote fait une étude de cas : @fxbellamy et les critères de légitimations médiatiques et politiques 👌@Le_Figaro http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2019/02/01/31003-20190201ARTFIG00255-mathieu-bock-cote-bellamy-certifie-non-conforme.php … via @FigaroVox
Florence Desruol@florencedesruol
Plus Florence Desruol a retweeté Servir avec Bellamy
« Trop souvent les médias décrivent moins le monde qu’ils ne prescrivent une ligne de conduite » @mbockcote
Étienne Gernelle - Les Gafa (et l'État) contre la liberté de la presse
D'un côté, la prédation et l'arbitraire de Facebook, Apple, Google etc... De l'autre, l'hubris régulatrice du pouvoir. Ce qui menace les journaux.
PAR ÉTIENNE GERNELLE
Modifié le 31/01/2019 à 12:09 - Publié le 31/01/2019 à 12:00 | Le Point
Le règne arbitraire des Gafa
Un geste du pouce vers la droite sur un iPhone, et nous voilà sur Apple News. Les quatre articles qui y ont été sélectionnés connaîtront le succès. Les autres (beaucoup) moins. Qui se cache derrière ce nouveau juge de paix ? Impossible de le savoir. Mais c'est sûr, il règne. Cet anonyme partage, il est vrai, son pouvoir avec Google News. Ces deux agrégateurs font ensemble la pluie et le beau temps. Ils décident de l'audience d'un sujet et, derrière, du média qui le publie. Chez Google News, l'arbitraire est algo...
Gernelle - Macron ou la tentation de la
« Pravda »
ÉDITO. Au cours d'une rencontre avec quelques
journalistes, le président de la République a exprimé une vision de
l'information étonnamment orwellienne…
Par Étienne Gernelle
Modifié le 04/02/2019 à 09:20 - Publié
le 03/02/2019 à 15:54 | Le Point.fr
On le lit, on le relit, et n'en revient toujours pas. Le
récit d'Emmanuel Berretta,qui, avec quelques autres journalistes, a
rencontré la semaine dernière le président de la République dans son bureau,
est stupéfiant.
Semblant réfléchir à haute voix – mais comment pouvait-il
ignorer qu'il s'exprimait devant des journalistes, donc un large public ?
– Emmanuel Macron s'est
lancé dans une grande analyse des médias. C'est parfaitement son droit. Il y a
d'ailleurs de quoi dire. Panurgisme et paresse intellectuelle, par exemple, ne
sont pas rares et expliquent bien des bêtises colportées. Le président de la
République relève notamment le fait que sur certains plateaux télévisés, les
propos du premier venu vêtu d'un gilet jaune ont été mis sur le même plan que
ceux d'un expert ou spécialiste, sans contradiction ou si peu. Ce n'est pas
faux. En tout cas, la question mérite d'être débattue.
L'embêtant vient après. Voici
ce qu'il dit :
« Le bien public, c'est l'information. Et peut-être que
c'est ce que l'État doit financer. Le bien public, ce n'est pas le caméraman
de France 3. Le
bien public, c'est l'information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut
s'assurer qu'elle est neutre, financer des structures qui assurent la
neutralité. Que pour cette part-là, la vérification de l'information, il y ait
une forme de subvention publique assumée, avec des garants qui soient des
journalistes. Cette rémunération doit être dénuée de tout intérêt. Mais quelque
part, cela doit aussi venir de la profession. »
Une nationalisation partielle de la presse
Vous ne rêvez pas. Le président de la République propose que
l'État rémunère certains journalistes dans les rédactions. Il envisage sans
ciller ce qui ressemble à une nationalisation partielle de la presse.
On passe sur l'affirmation délirante selon laquelle il
existerait dans le journalisme une « part » destinée à la
« vérification » : le reste serait autorisé à raconter n'importe
quoi ?
L'essentiel est là : il s'agit tout simplement d'un
programme de tutelle. Le président s'en rend-il compte ? Il évoque,
certes, des modalités qu'il imagine sans doute plus douces : « cela
doit aussi venir de la profession », dit-il, évoquant des
« garants qui soient des journalistes ». Bien sûr… Prenant conscience
de la sagesse infinie de notre infaillible Jupiter, les journaux décideront
spontanément de lui confier la détermination de la vérité via un système
financé par lui, et ce, pour le plus grand bonheur du peuple…
Le fantasme macronien de ce service d'information d'État
délégué à des journalistes stipendiés à cet effet amusera certainement les
amateurs d'histoire soviétique. Le rôle de la Pravda –
« vérité », en russe – était aussi de servir de référence aux autres
journaux, qui reproduisaient d'ailleurs régulièrement ses éditoriaux... La
France n'est, bien sûr, pas l'Union soviétique, mais il faut se souvenir qu'il
n'est rien de tel qu'un journaliste pour contrôler d'autres journalistes.
Emmanuel Macron peut inventer l'usine à gaz la plus
ingénieuse du monde, y associer « la profession » autant qu'il veut,
le tout avec les meilleures intentions possible, cela revient au même.
Vive la vérité d'État !
Dans les propos présidentiels, rien que l'affirmation
« le bien public, c'est l'information » vaut le détour. Nous pensions
bêtement, nous, que le bien public, c'était la liberté d'expression, dont le
pluralisme est la condition, et que le grand pari de la démocratie était
précisément de miser sur l'intelligence des citoyens, non leur infantilisation.
Mais non, nous dit Macron, le bien public, c'est l'information payée
directement ou indirectement par le gouvernement. Et vive la vérité
d'État !
Difficile, au passage, d'imaginer plus joli cadeau aux
complotistes de tout poil, qui pourront alors se targuer de ne pas être membre
de ce club officiel de journaux sous tutelle…
Évidemment, en lisant ce compte rendu des réflexions
présidentielles, on songe à 1984, de George Orwell, et à la
description qui y est faite du « Miniver », ou ministère de la
vérité, en réalité un organe de mensonge d'État. Là encore, n'exagérons
rien : Macron n'en est pas là. Ce qu'il évoque s'apparente à peine à un
Miniver mou, un mini-Miniver…
Lire aussi « 1984 »,
un totem mondial
On pourrait se contenter d'en rire, mais il faut bien
constater qu'il ne s'agit pas seulement de propos de comptoir. Déjà, la
loi « relative à la manipulation de l'information », dite
« anti-fake news », adoptée en fin d'année dernière, propose un
dispositif destiné à distinguer, en période électorale, le vrai du faux.
Vertigineuse ambition...
Après une longue réflexion, les rédacteurs de la grande loi
sur la liberté de la presse de 1881 s'en étaient eux bien gardés.
Mais ils étaient sûrement beaucoup moins intelligents que notre président.
Notons que, malgré un calendrier législatif surchargé, le gouvernement a trouvé
du temps et de la place pour faire voter cette marotte jupitérienne. Le
président s'inquiète, semble-t-il, de l'essor des populistes, soutenus par des
puissances étrangères. À raison, certainement. Cependant l'atmosphère n'était
pas plus sereine en 1881 : bonapartistes et monarchistes étaient toujours
très forts, et les institutions républicaines étaient encore fragiles. Les
fausses nouvelles n'étaient par ailleurs pas beaucoup moins abondantes. Pour
ces raisons, certains jugeaient à l'époque le projet de loi sur la presse trop
laxiste. Clemenceau leur a alors rétorqué que « la République vit de
liberté » et sait très bien se défendre seule. Apparemment, on ne partage
pas tout à fait ce point de vue à l'Élysée. Pourtant, avant de légiférer, il existe
encore une façon simple de se défendre contre les fausses affirmations : y
répondre...
La liberté des autres – surtout de ceux qui ne pensent
pas comme nous – est aussi la nôtre
Quoi qu'il en soit, le gouvernement ne s'en est pas tenu à
cette loi « fake news ». À l'automne, deux ministres ont confié à
l'ex-PDG de l'AFP Emmanuel Hoog une mission pour étudier la création d'une
« instance de déontologie » de la presse. Un projet que les
confidences du président éclairent d'un jour nouveau. Et visiblement, l'Olympe
est insistante, car Franck Riester, le nouveau ministre de la Culture, qui
n'est pas à l'origine de ce projet, ne cesse de le remettre sur le tapis…
Que ce soit clair : nous n'accepterons pas, au Point,
la tutelle, même partielle, même bien habillée, de quelque organisme que ce
soit. Et nous ne participerons pas à une « instance » qui
contrôlerait, d'une manière ou d'une autre, le travail d'autres journaux. La
liberté des autres – surtout de ceux qui ne pensent pas comme nous – est aussi
la nôtre.
Quant au président de la République, dont la grande culture
a peut-être quelques lacunes malgré tout, nous l'invitons à relire plus
attentivement la loi du 29 juillet 1881, en particulier son premier
article qui dispose que « l'imprimerie et la librairie sont libres ».
On lui conseillera notamment de jeter un œil aux débats qui ont précédé cette
loi fondatrice. L'humilité et la sagesse des législateurs de ce lointain
« ancien monde » lui apparaîtront peut-être. Enfin, nous lui soumettons
cette pensée de Guizot, plaidant, sous la Restauration, pour une politique plus
libérale et tolérante en la matière : « la liberté des journaux doit
avoir pour effet de révéler sans cesse la France à elle-même : de rendre
constamment présents, en quelque sorte, la patrie tout entière aux yeux du
gouvernement, le gouvernement tout entier aux yeux de la patrie ».
SUR LE MÊME SUJET
Macron
: Élysée ConfidentialRenaud
Le Gunehec - La proposition de loi sur les fake news est une folie
Emmanuel Macron, le journalisme de cour et le contrôle
des médias
Claude Askolovitch — 3
février 2019 à 16h31 — mis à jour le 5 février 2019 à 16h57
Lors d'un échange avec quelques journalistes triés sur le
volet, comme dans «l'ancien monde», le président a confié ses projets de mise
au pas de la presse.
Emmanuel Macron à l'Élysée, le 23 janvier 2019 | Ludovic
Marin / AFP
Temps de lecture: 9 min
Notre président de la République veut réordonner notre
monde; nous manquons de vérité, il va y remédier. Il veut «s’assurer de
la neutralité» et «vérifier l’information» dans les
médias, en créant des «structures», financées par l’État, qui
contrôleraient médias publics et privés, structures nanties de journalistes qui
seraient les «garants» de l’affaire. Notre président de la
République, disons simplement, veut mettre le journalisme sous tutelle, telle
une classe sociale assistée dont il faudrait encadrer les «conneries»,
tels des présupposés casseurs qu’il faudrait bannir des manifestations. La
liberté s’épanouira sous la contrainte? Son organe de vérification
s’imposera-t-il à la presse? Les journalistes qui lui seront affrétés
deviendront-ils nos supérieurs et nos gardiens, nos censeurs, les auxiliaires
du pouvoir, de l’État?
C’est un péché récurrent, chez les idéalistes, de
s’autoriser à régenter les autres, dans leur vie ou leurs paroles, leurs images
ou leurs écrits –on nous dit toujours que c’est pour le bien commun. On a connu
d’autres ennemis de la liberté de la presse, tonitruant ici, tweetant aux
Amériques. On n’imaginait pas Emmanuel Macron en Trump lissé, en Mélenchon
poli? Il leur ressemble pourtant et les dépasse quand il pense à voix haute, et
par un journaliste, nous ne pouvons l’ignorer. Qu’en ferons-nous?
Soumettre la presse à la vérification étatique
L’article
est paru sur le site du Point, signé par Emmanuel Beretta, un des happy
few à carte de presse conviés jeudi à prendre le café avec le chef de
l’État, pour un «échange informel» qui illustra, une fois de
plus, la misère du journalisme de cour ou de petit salon. Il est, heureusement,
aussi des antichambres, et un journaliste éveillé en dépit des dorures: seul
Beretta, à l’Élysée, conserva l’urgence de son métier. Le président
raccompagnait ses invités, dans l’antichambre donc, quand il développa son
projet de contrôle de la presse; il pense à voix haute, se dit Beretta, et il
le pense vraiment; Beretta nota donc les pensées de Macron, et nous les livre:
ce que souhaite un libéral en charge de notre destin; soumettre la presse à la
vérification étatique, soumission volontaire si possible, «quelque
part, cela doit aussi venir de la profession». Suis-je, écrivant, une
profession?
L’article de Beretta a été mis en ligne jeudi. Je l’ai
signalé, le
lendemain, sur France Inter. Ce qu’il révèle aurait pu faire scandale, au
moins débat. Il n’en est rien. Depuis jeudi, on a, dans le bruit du journalisme
«politique», alternativement paraphrasé les confidences du président et fustigé
ses «dérapages». Nous avons lu qu’Emmanuel Macron souhaitait «un
nouveau souffle», qu’il se disait «scarifié» par
l’exercice du pouvoir, et qu’il allait s’astreindre à une «conversion
personnelle» pour éviter les «petites phrases»blessantes.
Puis nous apprîmes que ce président, indécrottable, s’était
oublié à nouveau quand il prenait son café avec nos confrères. Paris-Match
nous révéla ainsi qu’Emmanuel Macron, non seulement était vêtu jeudi
d’un col roulé noir et d’un costume gris, mais aussi avait regretté que sur les
plateaux télés, ses ministres ne soient pas mieux considérés que «Jojo
le gilet jaune». L’offense faite à Jojo est entrée dans la légende du
régime. On
nous parle de cela, et pas de la censure bienveillante qu’imagine le
Prince. Qu’en avons-nous à faire?
Posons ceci. Il faut défendre le journalisme en dépit de
lui-même. Posons encore: la presse libre garantit la liberté du peuple, quand
bien même une presse sans structure persiste à l’abrutir. Demandons-nous: notre
président est-il subtilement pervers, quand il nourrit l’idiotie journalistique
de ses propres bêtises?
Le journalisme de cour ramène la politique à son
insignifiance. Il traite tout à l’identique, avilit ce qu’il narre.
À son avènement, Emmanuel Macron avait voulu rompre avec un
journalisme «politique», qu’il jugeait futile et incompétent. Une impopularité
plus tard, il réintroduit des journalistes au château, ressuscite le
journalisme de cour, de off et de petit salon. S’il voulait
faire une démonstration, elle est exemplaire. Un café exclusif avec le
président? Du narcissisme, Jojo, un col roulé noir. Ricane-t-il, ce chef d’État
qui textote Cyril Hanouna, de voir confirmée la vacuité du journalisme
officiel? Mais la perversité, fut-elle involontaire, n’est pas sans risque. La
vacuité se joue à deux, elle est contagieuse.
Le journalisme de cour ramène la politique à son
insignifiance. Il traite tout à l’identique, les considérations philosophiques
d’un chef d’État sur les colères qui viennent de loin, ses grands projets de
refondation démocratique et ses moments d’oubli; le journalisme de salon avilit
ce qu’il narre. On ne retiendra pas les accompagnantes digressions de Libération ou
du Figaro,
qui prétendaient, après le café, livrer sans distance la stratégie politique du
président. On se souviendra du Jojo de Match. Emmanuel Macron, parlant à la
presse convoquée, aura bavardé pour rien. C’est son affaire? Cela devient notre
problème démocratique, si nous ne savons plus voir ce qui, chez le président,
dans ses mots, devrait réellement nous interroger.
Voir au-delà du journalisme paresseux
Ce qu’a rapporté le Point, sur les envies présidentielles de
mise au pas de la presse est étouffé par la paresse commune. Ces rêveries sont
sérieuses; elles font corps avec sa vision du monde, ou du moment. Il faut
alors entreprendre ce que le journalisme de petite cour n’a pas accompli.
Trier, passer au tamis, ordonner, comprendre, dans le fatras des mots élyséens,
ce qui le révèle, et pourtant n’a pas fait les titres, ni les commentaires, ni
le bruit.
Voici.
Emmanuel Macron, président de la République, pense que des
dizaines de milliers de militants politiques, «40 à 50.000 militants
ultras», se lovent dans les manifestations de gilets jaunes, pour «provoquer
une crise de régime» (Libération),
car ils veulent (Paris-Match) «la
destruction des institutions».
Emmanuel Macron, président de la République, pense (le
Point encore) que des puissances étrangères agitent les «gilets jaunes» et
que «les structures autoritaires nous regardent en se marrant», car
nous sommmes «des pitres», «des naïfs», manipulés
par «la fachosphère, la gauchosphère, la russosphère», sphères
responsables de «90%» de la diffusion sur le web de l’affaire
Benalla comme des «gilets jaunes», sphères hostiles qui dicteraient ainsi
l’agenda de la presse stupide.
À LIRE AUSSI Emmanuel Macron: la fin du bénéfice du doute
Emmanuel Macron, président de la République (le Point
toujours), pense que Christophe Dettinger, le boxeur de gendarmes, «a
été briefé par un avocat d'extrême gauche», pour la vidéo qu’il a réalisée
avant de se rendre, et cela se voit: «Le type, il n'a pas les mots d'un
Gitan. Il n'a pas les mots d'un boxeur gitan.»
Passons sur les considérations un peu lestes sur le niveau
de vocabulaire des boxeurs et des Gitans; d’autres
s’en formalisent ailleurs car c’est une habitude de s’indigner sur les
mépris sociaux, réels ou ressentis, du président. Mais cette indignation
coutumière est un leurre. Le propos est terrible pour autre chose. Le président
de la République, homme sensé, s’irrite de la banale influence d’un avocat sur
l’expression de son client? Emmanuel Macron, homme moderne, dont le pouvoir,
comme tous les pouvoirs, s’est bardé de conseils en communication, d’éléments
de langages, de stratégies d’opinion, s’indigne qu’un rude boy se
montre un peu habile comme la gentry, et que Dettinger prépare
ses mots comme –au hasard– Marlène Schiappa ou Alexandre Benalla?
L'invention d'un ennemi intérieur
Le chef de l’État, garant de nos libertés, souligne comme
circonstance agravante le fait que l’avocat de Dettinger serait un mystérieux
bavard «d’extrême gauche», et ce flou ajoute à la peur qui
transpire de ses autres propos, dans l’invention d’un ennemi intérieur, dans la
mise à l’index d’opinions pas encore interdites mais suspectes? L’extrême
gauche donc, désignée par Emmanuel Macron, chef de l’État, on insiste, et non
pas obscur ministre de l’Intérieur des années Pompidou, comme composante d’une
subversion gigantesque? L’avocat mystérieux qui briefe un boxeur en taule, un
parmi les dizaines de milliers de militants qui dans les manifestations
pourraient faire tomber le régime, un parmi les «40.000 à 50.000
ultras» qui menacent la République?
L’apathie mentale du commentaire, et au-delà de l’opinion,
est aberrante.
Ces cohortes révolutionnaires, aux effectifs de deux
divisions de l’armée, ont disparu du bavardage journalistique, à peine évoquées
par le président. Les commentateurs ont l’indignation embrumée, comme les happy
few du café élyséen, qui ont enfoui cette peur étatique au milieu de
leurs articles, voire l’ont occultée, comme un babil sans importance, tellement
moins épicé que «Jojo le gilet jaune», tellement moins intelligent
que «il faudra peut-être répondre par une société du débat permanent»,
tellement moins concernant que «la vie des gens, c'est un sujet
présidentiel».
Le président de la République, dans notre monde ahuri,
affirme devant l’élite choisie par lui des journalistes que deux divisions de
militants déterminés mettent la République en danger, et nul n’en pense rien,
nul n’en commente, nul ne s’en affole, nul n’interroge, ne vérifie, ne conteste
ou ne renchérit? On pensait jusque-là que la population militante des exrêmes
se chiffrait en dizaines, éventuellement en centaines? Les voici alors,
fascistes ou bolcheviques formés, des dizaines de milliers? Le président, ou
bien dévoile un danger existentiel, ou bien vaticine sur l’ennemi intérieur
qu’il construit pour protéger son pouvoir ou sa forteresse mentale. Dans l’un
comme l’autre cas, l’apathie mentale du commentaire, et au-delà de l’opinion,
est aberrante.
À LIRE AUSSI Schiappa se rend chez Hanouna comme on irait au zoo
Cyril Hanouna, «tiers de confiance» de Macron
Elle est minérale, la cohérence d’Emmanuel Macron, et ses
mots racontent ce qui nous arrive. Le président de la République pense et dit
qu’une vague révolutionnaire nous a saisis qu’agitent et organisent les ennemis
de la France, étrangers et intérieurs, qui s’emparent même d’un boxeur paumé,
qui inventeraient même un scandale d’État, Benalla, et la presse et les
médias «naïfs», hypnotisés, idiots, complices, marcheraient dans la
combine et devraient alors, pour notre bien commun, être surveillés et
réorientés dans des structures que l’État financerait.
Tout est dit par le président, tout est écrit, il suffit de
le lire. Et on comprend aussi bien l’impavidité répressive du pouvoir, puisque
les yeux que l’on crève sont ceux des antirépublicains, comme son cynisme de
communication, et mieux
vaut faire avec Cyril Hanouna qu’avec la presse authentique, celle qui
enquête, analyse, essaie d’éclaircir ce présent menaçant; mieux vaut Baba,
désormais «tiers de confiance» (médiateur, intermédiaire avec
l’opinion, en langage présidentiel), que des médias qui persistent à vivre.
Mieux vaut Hanouna, allié intelligent, drôle et brillant, qu’une presse dans le
doute.
Cet homme de culture, rempart que le hasard et l’élection
ont choisi contre la haine et le populisme, semble se confondre avec ceux dont
il nous garde.
Il ne faut pas médicaliser les bizarreries des pouvoirs ni
oublier qu’un homme qui préside et a lu tant de livres est plus intelligent que
nous. On ne sait pas alors si Emmanuel Macron pense réellement que les
aventures d’Alexandre Benalla ou les barrages de province, la colère et les
manifestations, sont le fruit de manipulations méchantes. Le modeste lecteur de
la presse régionale que je suis sait que bien avant l’éruption des «gilets
jaunes», bien avant les remugles de la facho ou russosphère, colères et
frustrations et brutalités et abandons montaient du pays, et l’humble lecteur
du Monde ou de Mediapart sait aussi bien que le talentueux Monsieur Benalla
révèle plus qu’une simple dérive, mais témoigne de la griserie initiale d’un
pouvoir, s’en est-on guérit?
Corps intermédiaires brutalisés
Je ne sais pas si Emmanuel Macron pense réellement qu’il va,
lui et lui seul, refonder la République et rendre au peuple la palabre, une
palabre à lui destinée, et ceux qui en doutent ou le contestent ne sont que
subversifs ou manipulés, et tels les médias promis à rééducation. Je ne sais
pas s’il le pense, ou se contente de le dire, ou d’en rêver. Je sais simplement
que le pouvoir, avec méthode, brutalise et dénigre et humilie les corps
intermédiaires qui tenaient à peu près ce pays, dialogue social, méthode des
Grenelle, journalistes libres, parlement, députés trop nombreux, Sénat à
réduire, en expliquant, à chaque fois, qu’ils sont viciés ou inefficients, et
puisque viciés ou inefficients, méritent chatiment.
Je ne sais s’il croit, absolument, le président, à ce qu’il
nous dit, si cela l’aide à vivre, s’il est un homme habité d’une mission, un
homme supérieur peut-être et que nous risquons de rater, je ne sais s’il pense
vraiment qu’il doit lui et lui seul refaire la France, avec C8 de monsieur
Bolloré mais sans la CFDT de monsieur Berger, contre tous ceux et celles qui
jusqu’ici incarnaient la décence commune. Je ressens simplement qu’un homme de
culture, qui est, à l’évidence, le rempart que le hasard et l’élection ont
choisi contre la haine et le populisme, semble se confondre, subtilement,
imperceptiblement, avec ceux dont il nous garde. Un journalisme, qui ne serait
pas de la cour, du café ou des salons, nous reste précieux pour affronter cette
anomie.
Macron :
Élysée Confidential
VIDÉO. Pour la première fois de son mandat, le président
Macron a reçu des journalistes pour une conversation libre dans son bureau.
Nous y étions.
Modifié le 05/02/2019 à 11:25 - Publié
le 31/01/2019 à 19:28 | Le Point.fr
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Pour les présidents de la République avant Macron,
l'exercice de la conversation au coin du feu avec les journalistes était
jusqu'ici banal. Avec Emmanuel
Macron, c'est une première ! Et nous y étions. Tout de gris vêtu, en
col roulé, le chef de l'État nous a reçus dans son bureau avec quelques
confrères. Alexis Kohler et Ismaël Emélien étaient également présents. C'est au
moment où la crise des Gilets jaunes s'estompe et au moment où sa cote de popularité
remonte que le président de la République accepte, durant près de deux heures,
de tirer les premières leçons de ces douze dernières semaines.
Emmanuel Macron se dit « inquiet du statut de
l'information et de la vérité » dans notre démocratie. Selon lui, il est
urgent de rétablir des « tiers de confiance » et « accepter la
hiérarchie des paroles ». Un maire, un député, un ministre ne peut pas
être mis sur le même pied qu'un citoyen lambda vêtu d'un gilet jaune et qu'à la
fin « tout se vaille ». Il a bien sûr fait allusion à la kyrielle de
Gilets jaunes qu'on a vus sur les chaînes d'info et qui ont pu proférer
n'importe quelle vérité invérifiable sans que les journalistes puissent
hiérarchiser, vérifier, classer...
Les réseaux sociaux sont manipulés par les extrêmes qui se
surmobilisent
Il a décrit par le menu le mécanisme dans lequel cette crise
a pris cette ampleur médiatique alors même que le mouvement était de moins en
moins suivi. « Il y a des activistes politiques qui ont été formés à
manipuler les réseaux sociaux, souligne-t-il. Les chaînes d'info considèrent
que ce qui fait événement sur les réseaux sociaux doit être relayé à l'antenne.
Et ce qui fait événement sur les chaînes d'info se retrouve deux jours plus
tard dans la presse écrite. Or, à l'origine, les réseaux sociaux sont manipulés
par les extrêmes qui se surmobilisent. » Même la vidéo du boxeur avant
qu'il ne se livre à la police lui paraît suspecte... Il fait toutefois
clairement le distinguo entre la France des ronds-points,
celle des « Français qui ne vivent pas bien de leur travail », et les
violences des samedis qui sont, à ses yeux, des violences organisées par
l'extrême droite comme l'extrême gauche et qui ont « dès le début instrumentalisés
cette affaire ».
Comment recrédibiliser les médias et faire la part du vrai
et du faux ? s'interroge-t-il. Emmanuel Macron y réfléchit et invite la
presse à faire de même. « Le bien public, c'est l'information. Et
peut-être que c'est ce que l'État doit financer », dit-il, dans une
réflexion à voix haute. Le bien public, ce n'est pas le caméraman de France 3. Le bien
public, c'est l'information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut
s'assurer qu'elle est neutre, financer des structures qui assurent la
neutralité. Que pour cette part-là, la vérification de l'information, il y ait
une forme de subvention publique assumée, avec des garants qui soient des
journalistes. Cette rémunération doit être dénouée de tout intérêt. Mais
quelque part, cela doit aussi venir de la profession. »
Concrètement la vie des gens n'a pas assez changé
Sur le fond, il a reconnu que « concrètement la vie des
gens n'a pas assez changé » alors même qu'il revendique avoir entrepris le
plus grand nombre de réformes depuis cinquante ans. Il attribue cet immobilisme
au fait que « l'État profond ne fonctionne pas bien ». Trop de
fonctionnaires sont affectés à rédiger des circulaires et « pas assez au
guichet ». Il prépare donc, avec ses ministres, une réforme de l'État
profond dans les semaines à venir. « Il faut que les ministres soient les
vrais patrons de leur administration et qu'on suive sur le terrain la réalité
concrète de nos réformes », indique-t-il. Il a cité le « droit à
l'erreur » des citoyens dans leur rapport avec l'administration.
« Cette réforme a été adoptée, or, sur le terrain, j'ai croisé un chef de
service qui n'en avait même pas entendu parler ! » s'est-il agacé en
se disant très convaincu de la « déconcentration des services de
l'État ».
Il s'est lancé dans un éloge du département comme maillon
essentiel de la décentralisation sur lequel il voulait davantage s'appuyer,
plutôt que sur les « néoféodalités des grandes régions » issues de la
loi Notre, dont il a également déploré les « intercommunalités
forcées ». De manière générale, il voit dans cette crise des Gilets jaunes
l'acmé de « la crise des démocraties occidentales », dont les trois
piliers – les libertés individuelles, la protection des classes moyennes et
l'économie sociale de marché – sont entamés. « Ces vingt dernières années,
ça s'est enrayé, déclare-t-il. Les classes moyennes ont été la variable
d'ajustement de la mondialisation. L'affaiblissement du consensus des classes
moyennes a conduit à deux formes de réaction : soit l'isolationnisme,
comme le Brexit ou le phénomène Trump. Soit le renoncement aux libertés pour
l'efficacité, sur le modèle de la Chine. La réponse à cette crise nécessitera
bien plus que quelques mesures. Cela passe par la redéfinition de notre modèle
européen, une autre forme de relations à nos territoires, une autre forme de
relation à nos démocraties. [...]. Les gens veulent reprendre le contrôle de
leur destin. On peut reprendre le contrôle sans nécessairement fermer nos
frontières. »
Il n'a d'ailleurs pas exclu de prolonger le grand débat
national pour traiter d'autres questions. « Dans une société où le
commentaire est devenu permanent, la délibération doit devenir
permanente », a-t-il lancé, considérant que la France était en train
d'inventer un nouveau modèle. Sur les conclusions du grand débat, le chef de
l'État n'a pas fermé la porte à un référendum qui se tiendrait le même jour que
les élections européennes, le 26 mai. « Tout est sur la table,
le pour et le contre. Le contre, c'est que la campagne européenne serait noyée
par ce référendum. Le pour, c'est que plus de gens viendraient voter. »
Il a également renouvelé sa confiance en Édouard Philippe
qui « n'a pas vocation à être un fusible » et avec qui il assure que
les relations sont excellentes, assumant les 80 km/h comme une
décision qu'il a pleinement approuvée.
La République en marche s’organise pour préparer la riposte appropriée à Marine Le Pen
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/02/04/la-republique-en-marche-s-organise-pour-preparer-la-riposte-appropriee-a-marine-le-pen_5418993_823448.html
La République en marche a décidé de créer une cellule interne chargée de mettre en place « une stratégie de lutte contre le RN »
Par Alexandre Lemarié Publié le 04 février 2019 à 12h30 - Mis à jour le 04 février 2019 à 12h30
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« Parti du mensonge », « imposture », « bilan nul »… A moins de quatre mois des élections européennes, l’exécutif et les dirigeants de La République en marche (LRM) multiplient les attaques contre le Rassemblement national (RN), érigé en adversaire principal pour le scrutin du 26 mai. Le nouveau délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guerini, a donné le ton lors de sa première grande conférence de presse, le 24 janvier, en ciblant lourdement la formation d’extrême droite. Sans avoir un seul mot pour les autres forces d’opposition.
Il a exhorté ses troupes à mener « une campagne offensive » face à l’ex-Front national. Avec un angle d’attaque : qualifier de « sortants » les vingt-quatre députés européens RN ; railler leur « bilan nul » au Parlement européen. « Si ce n’est financier », en référence aux soupçons de détournement des salaires des assistants européens au profit du parti.
L’exécutif a pris le relais. « Les élus du Rassemblement national disent “on arrive”, mais ce sont eux les sortants, après être arrivés en tête des dernières européennes. Ils doivent donc assumer leur bilan au Parlement européen, qui est un échec total. Ils n’ont aucune avancée à leur actif », assène Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes. Même Emmanuel Macron lâche les coups. Jeudi 31 janvier, lui aussi a fustigé devant des journalistes le bilan « lamentable » du RN au Parlement européen.
Ne pas « juger » les électeurs de Marine Le Pen
Au-delà des critiques, LRM s’organise pour mener bataille. Le parti présidentiel a décidé de créer une cellule interne chargée de mettre en place « une stratégie de lutte contre le RN ». Cette task force, dont le lancement est prévu le 13 février, à l’issue d’une réunion « fondatrice » avec Stanislas Guerini, sera pilotée par deux députées macronistes : celle du Nord, Anne-Laure Cattelot, et sa collègue du Gard, Françoise Dumas.
« Le fait d’être issues de deux régions géographiques où l’extrême droite est forte va nous permettre d’analyser les ressorts du RN du nord, plus social, et celui du sud, plus historique », souligne Mme Dumas. Les deux élues seront épaulées par des salariés du mouvement et des militants sur tout le territoire. Avec une mission de long terme : définir la meilleure manière de contrer la progression de l’extrême droite, lors des futurs scrutins. Que ce soit pour les européennes, les municipales de 2020, ou encore les départementales et les régionales de 2021.
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