mercredi 6 février 2019

France dictature (début février 2019)


Critique de la Raison Européenne@CRE_SciencesPo
Nous assistons à la métamorphose du macronisme du "cool" et des startups vers une forme d'autoritarisme 2.0.

Puisque le macronisme était dès le départ anti-majoritaire et porté par les intérêts d'une poignée, cette mue autoritaire est naturelle, c'est même sa condition de survie.


Dalipas  🔻 🏳️‍🌈 🇬🇹@Dalipas
Certains disent qu'il est trop tôt pour parler de dictature concernant la France : Nous pourrons parler de dictature, le jour où nous ne pourrons plus parler, précisément !


Alors parlons-en avant qu'il ne soit trop tard !!!!
Grégory ROOSE@gregoryroose
Une ploutocratie vêtue des oripeaux de la démocratie.
Voici ce que devient notre système politique.
Les opposants y deviennent de facto des «anti-démocrates», perdant ainsi toute crédibilité dans le débat. La boucle est bouclée.

Comment sortir de ce cercle vicieux ?

Le Média
UN AVOCAT EXPLIQUE L'ASTUCE DU GOUVERNEMENT POUR ENVOYER LES GILETS JAUNES EN GARDE À VUE
“C’est un délit un peu particulier, qui fait penser au film Minority Report, parce que c’est un délit qui vise à punir une personne avant qu’elle ne commette quoi que ce soit.”

-Maître Kempf
https://twitter.com/LeMediaTV/status/1090867274641297408

Le Média@LeMediaTV
"ON A UN PRÉSIDENT QUI FAIT DU COMPLOTISME" 
Le Gilet Jaune Maxime Nicolle nous expliquait samedi que le vrai complotiste, c'est Macron !

#GiletsJaunes #Acte12 #ActeXII #Complotisme
https://twitter.com/LeMediaTV/status/1093471999274430464

Manu Militari VS la foule des fainéants haineux@fr4pper
Macron, c'est le pire des USA, de la Chine et du Moyen Orient :
- no border, multiculturalisme, politiquement correct
- contrôle total sur les médias, censure, ministère de la vérité
- soumission totale à l'islam, antisémitisme non réprimandé, femme semi-esclave

Philippe Bilger@BilgerPhilippe

On commence à comprendre pourquoi #RémyHeitz a été voulu comme procureur de la République de #Paris par le #PR et le #PM @Mediapart Je crains que ce pouvoir ait trouvé l’homme qu’il fallait pour protéger #Benalla de toutes atteintes médiatiques. #Régression!
https://twitter.com/BilgerPhilippe/status/1093258345744662528

Patrick kaliciak  🇫🇷@Populiste63
La porte-parole de la diplomatie russe "le Président Macron est le principal producteur de fausses informations en France"... 🇷🇺👍
https://fr.sputniknews.com/international/201902041039901703-declaration-maria-zakharova-producteur-fausses-informations-france/

Manu Militari VS la foule des fainéants haineux@fr4pper
 4 févr.
Macron est de façon indéniable en pleine dérive fasciste :
- perquisition de Fillon, Le Pen, Mélenchon
- arrestations préventives et fichage de manifestants
- répression au LBD40
- loi "anti FAKE NEWS"

- volonté de nationalisation partielle et de contrôle de la presse
- perquisition de Médiapart
- volonté de suppression de l'anonymat sur les réseaux sociaux
- évocation de l'idée de supprimer les réseaux sociaux
- évocation d'un complot russe dés qu'un opposant prend la parole

- fascisation systématique de ses opposants ( racistes, homophobes )
https://twitter.com/fr4pper/status/1092514181797036033

Bassounov
Plus Bassounov a retweeté Anne-Laure Cattelot
#AnneLaureCattrelot tente sa chance dans le grand concours du #députéLREMlePlusRépugnant.
Rappels :
- Les #procureurs en France sont nommés par #Manu et #auxOrdresDeManu.

- Les #médias en France sont à 90% propriétés des potes #milliardaires de #Manu et #auxOrdresDeManu.

Anne-Laure Cattelot@ALCattelot

N’en déplaise à la @FranceInsoumise nous ne sommes pas au #Venezuela ! En 🇫🇷 la Justice est indépendante et la presse est libre. En 🇫🇷 @Ugobernalicis peut hurler au complot d’État sans être envoyé en prison parce que ns ns sommes en démocratie ! #DirectAN
https://twitter.com/ALCattelot/status/1092810138937892870

Catherine Gasté
3 février
Emmanuel Macron, journalisme de cour et contrôle des #médias . Après la loi #FakeNews, l’acte II avec la mise sous tutelle du #journalisme :  « vérifier l’information» dans les médias, en créant des «structures», financées par l’État, chargées du contrôle.
http://www.slate.fr/story/173082/emmanuel-macron-le-journalisme-de-cour-et-le-controle-des-medias

EDERYZAPP@EderyPatrick
😟A voir le témoignage de l'épouse du Boxeur & Champion de France #Dettinger !
On ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre l'impunité dont bénéficie le magouilleur #Benalla et ce père de famille, gagnant sa croûte honnêtement, emprisonné immédiatement & humilié par #Macron
https://twitter.com/EderyPatrick/status/1092746961856405505

Jean Hugon 🔻@JeanHugon3
4 févr.
Edwy Plenel l'avait senti et c'est en train d'arriver.
Le gouvernement remet en cause les uns après les autres nos droit et Libertés.
Cette dérive autoritaire est vraiment inquiétante...
https://twitter.com/JeanHugon3/status/1092552801819996160

francoise degois@francoisedegois
#AffaireBenalla : Mediapart s'oppose à une tentative de perquisition dans ses locaux. Après les propos en off de #EmmanuelMacron sur la presse, ça devient inquiétant.

Gilbert Collard
"Que le pouvoir d’empêcher quelqu'un de manifester soit remis entre les mains du préfet c'est la destruction de la liberté de manifester. Nous avons voté contre ce texte car il est fascisant." #DirectAN
https://twitter.com/GilbertCollard/status/1092835868954578944

Sébastien JALLAMION

Compte certifié

@SJallamion
 10 hil y a 10 heures
Plus
#LoiAntiCasseurs ; 387 députés ennemis de nos libertés fondamentales, ce n'est pas rien... Gageons que les sénateurs sauront les défendre, et à défaut le Conseil constitutionnel... Honte à ces inconscients qui ont ce jour renvoyé la France aux pires heures de son Histoire ! 😡

Étienne Chouard@Etienne_Chouard
Plus Étienne Chouard a retweeté Le Média
Avec une Constitution digne de ce nom (càd écrite et défendue par les citoyens), la police ne serait pas sous le seul contrôle des policiers (en conflit d'intérêts criant), mais sous le contrôle permanent et puissant de Chambres de contrôle tirées au sort.
#CitoyensConstituants
https://twitter.com/Etienne_Chouard/status/1092671938747600896

Abbé Rézina 🇫🇷  0⃣ 2⃣ ⛽️ 🚕@Abbe_Rezina
Karine, épouse du boxeur #ChristopheDettinger qui a frappé deux gendarmes lors d'une manifestation des #GiletsJaunes précise à France3 qu'il a voulu être gendarme réserviste et n'a pas sa place en prison, puis reproche à #EmmanuelMacron ses propos humiliants tenus sur son mari
https://twitter.com/Abbe_Rezina/status/1092787802180333568

David dobsky@dobsky33
Plus David dobsky a retweeté franceinfo
Donc Malek Boutih, ancien président de SOS racisme et ex député socialiste se retrouve salarié du Qatar, pays qui finance le terrorisme.
L'ancien député socialiste Malek Boutih embauché comme référent éthique du PSG
https://www.francetvinfo.fr/sports/foot/l-ancien-depute-socialiste-malek-boutih-embauche-comme-referent-ethique-du-psg_3176201.html

✊RAZOOR ✊ 🔻@razoor777
Franchement, c'est normal ça ? 4 chaînes de TV qui retransmettent en simultané la propagande de Macron ? Le jour où @mediapart est perquisitionné ?...
https://twitter.com/razoor777/status/1092490620344717313

Si ca vous scandalise, faites votre saisine au csa. Voir modele en piece jointe. Ca prend 5 secondes.

https://www.csa.fr/Mes-services/Alertez-nous-sur-un-programme2 …

Pure@PureTele
⚡️ EVRY-COURCOURONNES / Vidéo exclusive ⚠️ de l’arrivée du président #Macron dans le cadre du grand débat national, aujourd’hui, sous les huées des #GiletsJaunes et autres manifestants
@Atrahasis_GJ_91
https://twitter.com/PureTele/status/1092544409177083904

Mercenaire 1@mercenaire01
En réponse à @PureTele
Les 4 chaînes TV en continue complaisantes,  tributaires de leurs patrons financiers et à la botte de Macron se sont bien gardées de nous montrer ces images ..
À retweeter 👍👍

Le Firagot@le_firagot
Constatant :
-Les affaires Benalla
-Les perquisitions politiques
-La loi du fichage des manifestants
-La demande de levée d'anonymat sur les RS

Nicolás #Maduro donne un ultimatum de 8 jours à #Macron pour organiser des élections anticipées en France, cet ex-pays démocratique.

MichaelVllt  🇫🇷@LEDOUAISIEN
Pour la Députée #LREM @Sonia_Krimi "on a raté une forme de démocratisation de la société. Je suis pour qu'on puisse intégrer politiquement les frères musulmans.."
https://twitter.com/LEDOUAISIEN/status/1092773686753546240

Critique de la Raison Européenne@CRE_SciencesPo
@fabricearfi révèle ce qui a dérangé Macron au point de demander au parquet de perquisitionner Mediapart : Benalla a signé un contrat avec un oligarque russe lié à la mafia moscovite quand il était a l’Élysée, et a parjuré devant le Sénat.
On se rapproche de l'affaire d’État...
https://twitter.com/CRE_SciencesPo/status/1092745425411547137

Alexandre Devecchio@AlexDevecchio
#Referendum : #Macron ressemble de plus en plus à Renzi. Après avoir gagné en rassemblant gauche et droite libérale, l'ancien président avait dû démissionner suite à un référendum perdu sur la question des institutions. Il avait ainsi ouvert la voie à la coalition populiste.

Charlotte Chaffanjon@CChaffanjon
 3 févr.
"Vous ne rêvez pas. Le président de la République propose que l'État rémunère certains journalistes dans les rédactions. Il envisage sans ciller ce qui ressemble à une nationalisation partielle de la presse."  @gernelle @LePoint
https://www.lepoint.fr/debats/gernelle-macron-ou-la-tentation-de-la-pravda-03-02-2019-2291045_2.php

Zohra Bitan #GGJ  🇫🇷 💙 🇫🇷
« Vive la vérité d'État ! Macron ou la tentation de la pravda ».
.. « le bien public, c'est l'information ». « Nous pensions bêtement, nous, que le bien public, c'était la liberté d'expression, dont le pluralisme est la condition... ».

Vincent Tremolet@vtremolet
 1 févr.
"Les techniques d'ostracisme sont devenues trop visibles et en même temps qu'elles lassent, elles révoltent".  @mbockcote fait une étude de cas : @fxbellamy et les critères de légitimations médiatiques et politiques 👌@Le_Figaro http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2019/02/01/31003-20190201ARTFIG00255-mathieu-bock-cote-bellamy-certifie-non-conforme.php … via @FigaroVox

Florence Desruol@florencedesruol
Plus Florence Desruol a retweeté Servir avec Bellamy
« Trop souvent les médias décrivent moins le monde qu’ils ne prescrivent une ligne de conduite » @mbockcote

Étienne Gernelle - Les Gafa (et l'État) contre la liberté de la presse
D'un côté, la prédation et l'arbitraire de Facebook, Apple, Google etc... De l'autre, l'hubris régulatrice du pouvoir. Ce qui menace les journaux.
PAR ÉTIENNE GERNELLE
Modifié le 31/01/2019 à 12:09 - Publié le 31/01/2019 à 12:00 | Le Point

Le règne arbitraire des Gafa

Un geste du pouce vers la droite sur un iPhone, et nous voilà sur Apple News. Les quatre articles qui y ont été sélectionnés connaîtront le succès. Les autres (beaucoup) moins. Qui se cache derrière ce nouveau juge de paix ? Impossible de le savoir. Mais c'est sûr, il règne. Cet anonyme partage, il est vrai, son pouvoir avec Google News. Ces deux agrégateurs font ensemble la pluie et le beau temps. Ils décident de l'audience d'un sujet et, derrière, du média qui le publie. Chez Google News, l'arbitraire est algo...





























































































Gernelle - Macron ou la tentation de la « Pravda »

ÉDITO. Au cours d'une rencontre avec quelques journalistes, le président de la République a exprimé une vision de l'information étonnamment orwellienne…
Par Étienne Gernelle
Modifié le 04/02/2019 à 09:20 - Publié le 03/02/2019 à 15:54 | Le Point.fr
On le lit, on le relit, et n'en revient toujours pas. Le récit d'Emmanuel Berretta,qui, avec quelques autres journalistes, a rencontré la semaine dernière le président de la République dans son bureau, est stupéfiant.
Semblant réfléchir à haute voix – mais comment pouvait-il ignorer qu'il s'exprimait devant des journalistes, donc un large public ? – Emmanuel Macron s'est lancé dans une grande analyse des médias. C'est parfaitement son droit. Il y a d'ailleurs de quoi dire. Panurgisme et paresse intellectuelle, par exemple, ne sont pas rares et expliquent bien des bêtises colportées. Le président de la République relève notamment le fait que sur certains plateaux télévisés, les propos du premier venu vêtu d'un gilet jaune ont été mis sur le même plan que ceux d'un expert ou spécialiste, sans contradiction ou si peu. Ce n'est pas faux. En tout cas, la question mérite d'être débattue.
L'embêtant vient après. Voici ce qu'il dit :
« Le bien public, c'est l'information. Et peut-être que c'est ce que l'État doit financer. Le bien public, ce n'est pas le caméraman de France 3. Le bien public, c'est l'information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut s'assurer qu'elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité. Que pour cette part-là, la vérification de l'information, il y ait une forme de subvention publique assumée, avec des garants qui soient des journalistes. Cette rémunération doit être dénuée de tout intérêt. Mais quelque part, cela doit aussi venir de la profession. »
Une nationalisation partielle de la presse
Vous ne rêvez pas. Le président de la République propose que l'État rémunère certains journalistes dans les rédactions. Il envisage sans ciller ce qui ressemble à une nationalisation partielle de la presse.
On passe sur l'affirmation délirante selon laquelle il existerait dans le journalisme une « part » destinée à la « vérification » : le reste serait autorisé à raconter n'importe quoi ?
L'essentiel est là : il s'agit tout simplement d'un programme de tutelle. Le président s'en rend-il compte  ? Il évoque, certes, des modalités qu'il imagine sans doute plus douces : « cela doit aussi venir de la profession », dit-il, évoquant des « garants qui soient des journalistes ». Bien sûr… Prenant conscience de la sagesse infinie de notre infaillible Jupiter, les journaux décideront spontanément de lui confier la détermination de la vérité via un système financé par lui, et ce, pour le plus grand bonheur du peuple…
Le fantasme macronien de ce service d'information d'État délégué à des journalistes stipendiés à cet effet amusera certainement les amateurs d'histoire soviétique. Le rôle de la Pravda – « vérité », en russe – était aussi de servir de référence aux autres journaux, qui reproduisaient d'ailleurs régulièrement ses éditoriaux... La France n'est, bien sûr, pas l'Union soviétique, mais il faut se souvenir qu'il n'est rien de tel qu'un journaliste pour contrôler d'autres journalistes.
Emmanuel Macron peut inventer l'usine à gaz la plus ingénieuse du monde, y associer « la profession » autant qu'il veut, le tout avec les meilleures intentions possible, cela revient au même.
Vive la vérité d'État !
Dans les propos présidentiels, rien que l'affirmation « le bien public, c'est l'information » vaut le détour. Nous pensions bêtement, nous, que le bien public, c'était la liberté d'expression, dont le pluralisme est la condition, et que le grand pari de la démocratie était précisément de miser sur l'intelligence des citoyens, non leur infantilisation. Mais non, nous dit Macron, le bien public, c'est l'information payée directement ou indirectement par le gouvernement. Et vive la vérité d'État !
Difficile, au passage, d'imaginer plus joli cadeau aux complotistes de tout poil, qui pourront alors se targuer de ne pas être membre de ce club officiel de journaux sous tutelle…
Évidemment, en lisant ce compte rendu des réflexions présidentielles, on songe à 1984, de George Orwell, et à la description qui y est faite du « Miniver », ou ministère de la vérité, en réalité un organe de mensonge d'État. Là encore, n'exagérons rien : Macron n'en est pas là. Ce qu'il évoque s'apparente à peine à un Miniver mou, un mini-Miniver…
On pourrait se contenter d'en rire, mais il faut bien constater qu'il ne s'agit pas seulement de propos de comptoir. Déjà, la loi « relative à la manipulation de l'information », dite « anti-fake news », adoptée en fin d'année dernière, propose un dispositif destiné à distinguer, en période électorale, le vrai du faux. Vertigineuse ambition...
Après une longue réflexion, les rédacteurs de la grande loi sur la liberté de la presse de 1881 s'en étaient eux bien gardés. Mais ils étaient sûrement beaucoup moins intelligents que notre président. Notons que, malgré un calendrier législatif surchargé, le gouvernement a trouvé du temps et de la place pour faire voter cette marotte jupitérienne. Le président s'inquiète, semble-t-il, de l'essor des populistes, soutenus par des puissances étrangères. À raison, certainement. Cependant l'atmosphère n'était pas plus sereine en 1881 : bonapartistes et monarchistes étaient toujours très forts, et les institutions républicaines étaient encore fragiles. Les fausses nouvelles n'étaient par ailleurs pas beaucoup moins abondantes. Pour ces raisons, certains jugeaient à l'époque le projet de loi sur la presse trop laxiste. Clemenceau leur a alors rétorqué que « la République vit de liberté » et sait très bien se défendre seule. Apparemment, on ne partage pas tout à fait ce point de vue à l'Élysée. Pourtant, avant de légiférer, il existe encore une façon simple de se défendre contre les fausses affirmations : y répondre...
La liberté des autres – surtout de ceux qui ne pensent pas comme nous – est aussi la nôtre
Quoi qu'il en soit, le gouvernement ne s'en est pas tenu à cette loi « fake news ». À l'automne, deux ministres ont confié à l'ex-PDG de l'AFP Emmanuel Hoog une mission pour étudier la création d'une « instance de déontologie » de la presse. Un projet que les confidences du président éclairent d'un jour nouveau. Et visiblement, l'Olympe est insistante, car Franck Riester, le nouveau ministre de la Culture, qui n'est pas à l'origine de ce projet, ne cesse de le remettre sur le tapis…
Que ce soit clair : nous n'accepterons pas, au Point, la tutelle, même partielle, même bien habillée, de quelque organisme que ce soit. Et nous ne participerons pas à une « instance » qui contrôlerait, d'une manière ou d'une autre, le travail d'autres journaux. La liberté des autres – surtout de ceux qui ne pensent pas comme nous – est aussi la nôtre.
Quant au président de la République, dont la grande culture a peut-être quelques lacunes malgré tout, nous l'invitons à relire plus attentivement la loi du 29 juillet 1881, en particulier son premier article qui dispose que « l'imprimerie et la librairie sont libres ». On lui conseillera notamment de jeter un œil aux débats qui ont précédé cette loi fondatrice. L'humilité et la sagesse des législateurs de ce lointain « ancien monde » lui apparaîtront peut-être. Enfin, nous lui soumettons cette pensée de Guizot, plaidant, sous la Restauration, pour une politique plus libérale et tolérante en la matière : « la liberté des journaux doit avoir pour effet de révéler sans cesse la France à elle-même : de rendre constamment présents, en quelque sorte, la patrie tout entière aux yeux du gouvernement, le gouvernement tout entier aux yeux de la patrie ».
SUR LE MÊME SUJET
A DÉCOUVRIR SUR LE POINT






Emmanuel Macron, le journalisme de cour et le contrôle des médias
Claude Askolovitch — 3 février 2019 à 16h31 — mis à jour le 5 février 2019 à 16h57
Lors d'un échange avec quelques journalistes triés sur le volet, comme dans «l'ancien monde», le président a confié ses projets de mise au pas de la presse.

Emmanuel Macron à l'Élysée, le 23 janvier 2019 | Ludovic Marin / AFP

Temps de lecture: 9 min
Notre président de la République veut réordonner notre monde; nous manquons de vérité, il va y remédier. Il veut «s’assurer de la neutralité» et «vérifier l’information» dans les médias, en créant des «structures», financées par l’État, qui contrôleraient médias publics et privés, structures nanties de journalistes qui seraient les «garants» de l’affaire. Notre président de la République, disons simplement, veut mettre le journalisme sous tutelle, telle une classe sociale assistée dont il faudrait encadrer les «conneries», tels des présupposés casseurs qu’il faudrait bannir des manifestations. La liberté s’épanouira sous la contrainte? Son organe de vérification s’imposera-t-il à la presse? Les journalistes qui lui seront affrétés deviendront-ils nos supérieurs et nos gardiens, nos censeurs, les auxiliaires du pouvoir, de l’État?
C’est un péché récurrent, chez les idéalistes, de s’autoriser à régenter les autres, dans leur vie ou leurs paroles, leurs images ou leurs écrits –on nous dit toujours que c’est pour le bien commun. On a connu d’autres ennemis de la liberté de la presse, tonitruant ici, tweetant aux Amériques. On n’imaginait pas Emmanuel Macron en Trump lissé, en Mélenchon poli? Il leur ressemble pourtant et les dépasse quand il pense à voix haute, et par un journaliste, nous ne pouvons l’ignorer. Qu’en ferons-nous?
Soumettre la presse à la vérification étatique
L’article est paru sur le site du Point, signé par Emmanuel Beretta, un des happy few à carte de presse conviés jeudi à prendre le café avec le chef de l’État, pour un «échange informel» qui illustra, une fois de plus, la misère du journalisme de cour ou de petit salon. Il est, heureusement, aussi des antichambres, et un journaliste éveillé en dépit des dorures: seul Beretta, à l’Élysée, conserva l’urgence de son métier. Le président raccompagnait ses invités, dans l’antichambre donc, quand il développa son projet de contrôle de la presse; il pense à voix haute, se dit Beretta, et il le pense vraiment; Beretta nota donc les pensées de Macron, et nous les livre: ce que souhaite un libéral en charge de notre destin; soumettre la presse à la vérification étatique, soumission volontaire si possible, «quelque part, cela doit aussi venir de la profession». Suis-je, écrivant, une profession?
L’article de Beretta a été mis en ligne jeudi. Je l’ai signalé, le lendemain, sur France Inter. Ce qu’il révèle aurait pu faire scandale, au moins débat. Il n’en est rien. Depuis jeudi, on a, dans le bruit du journalisme «politique», alternativement paraphrasé les confidences du président et fustigé ses «dérapages». Nous avons lu qu’Emmanuel Macron souhaitait «un nouveau souffle», qu’il se disait «scarifié» par l’exercice du pouvoir, et qu’il allait s’astreindre à une «conversion personnelle» pour éviter les «petites phrases»blessantes.
Puis nous apprîmes que ce président, indécrottable, s’était oublié à nouveau quand il prenait son café avec nos confrères. Paris-Match nous révéla ainsi qu’Emmanuel Macron, non seulement était vêtu jeudi d’un col roulé noir et d’un costume gris, mais aussi avait regretté que sur les plateaux télés, ses ministres ne soient pas mieux considérés que «Jojo le gilet jaune». L’offense faite à Jojo est entrée dans la légende du régime. On nous parle de cela, et pas de la censure bienveillante qu’imagine le Prince. Qu’en avons-nous à faire?
Posons ceci. Il faut défendre le journalisme en dépit de lui-même. Posons encore: la presse libre garantit la liberté du peuple, quand bien même une presse sans structure persiste à l’abrutir. Demandons-nous: notre président est-il subtilement pervers, quand il nourrit l’idiotie journalistique de ses propres bêtises?
Le journalisme de cour ramène la politique à son insignifiance. Il traite tout à l’identique, avilit ce qu’il narre.
À son avènement, Emmanuel Macron avait voulu rompre avec un journalisme «politique», qu’il jugeait futile et incompétent. Une impopularité plus tard, il réintroduit des journalistes au château, ressuscite le journalisme de cour, de off et de petit salon. S’il voulait faire une démonstration, elle est exemplaire. Un café exclusif avec le président? Du narcissisme, Jojo, un col roulé noir. Ricane-t-il, ce chef d’État qui textote Cyril Hanouna, de voir confirmée la vacuité du journalisme officiel? Mais la perversité, fut-elle involontaire, n’est pas sans risque. La vacuité se joue à deux, elle est contagieuse.
Le journalisme de cour ramène la politique à son insignifiance. Il traite tout à l’identique, les considérations philosophiques d’un chef d’État sur les colères qui viennent de loin, ses grands projets de refondation démocratique et ses moments d’oubli; le journalisme de salon avilit ce qu’il narre. On ne retiendra pas les accompagnantes digressions de Libération ou du Figaro, qui prétendaient, après le café, livrer sans distance la stratégie politique du président. On se souviendra du Jojo de Match. Emmanuel Macron, parlant à la presse convoquée, aura bavardé pour rien. C’est son affaire? Cela devient notre problème démocratique, si nous ne savons plus voir ce qui, chez le président, dans ses mots, devrait réellement nous interroger.
Voir au-delà du journalisme paresseux
Ce qu’a rapporté le Point, sur les envies présidentielles de mise au pas de la presse est étouffé par la paresse commune. Ces rêveries sont sérieuses; elles font corps avec sa vision du monde, ou du moment. Il faut alors entreprendre ce que le journalisme de petite cour n’a pas accompli. Trier, passer au tamis, ordonner, comprendre, dans le fatras des mots élyséens, ce qui le révèle, et pourtant n’a pas fait les titres, ni les commentaires, ni le bruit.
Voici.
Emmanuel Macron, président de la République, pense que des dizaines de milliers de militants politiques, «40 à 50.000 militants ultras», se lovent dans les manifestations de gilets jaunes, pour «provoquer une crise de régime» (Libération), car ils veulent (Paris-Match«la destruction des institutions».
Emmanuel Macron, président de la République, pense (le Point encore) que des puissances étrangères agitent les «gilets jaunes» et que «les structures autoritaires nous regardent en se marrant», car nous sommmes «des pitres»«des naïfs», manipulés par «la fachosphère, la gauchosphère, la russosphère», sphères responsables de «90%» de la diffusion sur le web de l’affaire Benalla comme des «gilets jaunes», sphères hostiles qui dicteraient ainsi l’agenda de la presse stupide.
Emmanuel Macron, président de la République (le Point toujours), pense que Christophe Dettinger, le boxeur de gendarmes, «a été briefé par un avocat d'extrême gauche», pour la vidéo qu’il a réalisée avant de se rendre, et cela se voit: «Le type, il n'a pas les mots d'un Gitan. Il n'a pas les mots d'un boxeur gitan.»
Passons sur les considérations un peu lestes sur le niveau de vocabulaire des boxeurs et des Gitans; d’autres s’en formalisent ailleurs car c’est une habitude de s’indigner sur les mépris sociaux, réels ou ressentis, du président. Mais cette indignation coutumière est un leurre. Le propos est terrible pour autre chose. Le président de la République, homme sensé, s’irrite de la banale influence d’un avocat sur l’expression de son client? Emmanuel Macron, homme moderne, dont le pouvoir, comme tous les pouvoirs, s’est bardé de conseils en communication, d’éléments de langages, de stratégies d’opinion, s’indigne qu’un rude boy se montre un peu habile comme la gentry, et que Dettinger prépare ses mots comme –au hasard– Marlène Schiappa ou Alexandre Benalla?
L'invention d'un ennemi intérieur
Le chef de l’État, garant de nos libertés, souligne comme circonstance agravante le fait que l’avocat de Dettinger serait un mystérieux bavard «d’extrême gauche», et ce flou ajoute à la peur qui transpire de ses autres propos, dans l’invention d’un ennemi intérieur, dans la mise à l’index d’opinions pas encore interdites mais suspectes? L’extrême gauche donc, désignée par Emmanuel Macron, chef de l’État, on insiste, et non pas obscur ministre de l’Intérieur des années Pompidou, comme composante d’une subversion gigantesque? L’avocat mystérieux qui briefe un boxeur en taule, un parmi les dizaines de milliers de militants qui dans les manifestations pourraient faire tomber le régime, un parmi les «40.000 à 50.000 ultras» qui menacent la République?
L’apathie mentale du commentaire, et au-delà de l’opinion, est aberrante.
Ces cohortes révolutionnaires, aux effectifs de deux divisions de l’armée, ont disparu du bavardage journalistique, à peine évoquées par le président. Les commentateurs ont l’indignation embrumée, comme les happy few du café élyséen, qui ont enfoui cette peur étatique au milieu de leurs articles, voire l’ont occultée, comme un babil sans importance, tellement moins épicé que «Jojo le gilet jaune», tellement moins intelligent que «il faudra peut-être répondre par une société du débat permanent», tellement moins concernant que «la vie des gens, c'est un sujet présidentiel».
Le président de la République, dans notre monde ahuri, affirme devant l’élite choisie par lui des journalistes que deux divisions de militants déterminés mettent la République en danger, et nul n’en pense rien, nul n’en commente, nul ne s’en affole, nul n’interroge, ne vérifie, ne conteste ou ne renchérit? On pensait jusque-là que la population militante des exrêmes se chiffrait en dizaines, éventuellement en centaines? Les voici alors, fascistes ou bolcheviques formés, des dizaines de milliers? Le président, ou bien dévoile un danger existentiel, ou bien vaticine sur l’ennemi intérieur qu’il construit pour protéger son pouvoir ou sa forteresse mentale. Dans l’un comme l’autre cas, l’apathie mentale du commentaire, et au-delà de l’opinion, est aberrante.
Cyril Hanouna, «tiers de confiance» de Macron
Elle est minérale, la cohérence d’Emmanuel Macron, et ses mots racontent ce qui nous arrive. Le président de la République pense et dit qu’une vague révolutionnaire nous a saisis qu’agitent et organisent les ennemis de la France, étrangers et intérieurs, qui s’emparent même d’un boxeur paumé, qui inventeraient même un scandale d’État, Benalla, et la presse et les médias «naïfs», hypnotisés, idiots, complices, marcheraient dans la combine et devraient alors, pour notre bien commun, être surveillés et réorientés dans des structures que l’État financerait.
Tout est dit par le président, tout est écrit, il suffit de le lire. Et on comprend aussi bien l’impavidité répressive du pouvoir, puisque les yeux que l’on crève sont ceux des antirépublicains, comme son cynisme de communication, et mieux vaut faire avec Cyril Hanouna qu’avec la presse authentique, celle qui enquête, analyse, essaie d’éclaircir ce présent menaçant; mieux vaut Baba, désormais «tiers de confiance» (médiateur, intermédiaire avec l’opinion, en langage présidentiel), que des médias qui persistent à vivre. Mieux vaut Hanouna, allié intelligent, drôle et brillant, qu’une presse dans le doute.
Cet homme de culture, rempart que le hasard et l’élection ont choisi contre la haine et le populisme, semble se confondre avec ceux dont il nous garde.
Il ne faut pas médicaliser les bizarreries des pouvoirs ni oublier qu’un homme qui préside et a lu tant de livres est plus intelligent que nous. On ne sait pas alors si Emmanuel Macron pense réellement que les aventures d’Alexandre Benalla ou les barrages de province, la colère et les manifestations, sont le fruit de manipulations méchantes. Le modeste lecteur de la presse régionale que je suis sait que bien avant l’éruption des «gilets jaunes», bien avant les remugles de la facho ou russosphère, colères et frustrations et brutalités et abandons montaient du pays, et l’humble lecteur du Monde ou de Mediapart sait aussi bien que le talentueux Monsieur Benalla révèle plus qu’une simple dérive, mais témoigne de la griserie initiale d’un pouvoir, s’en est-on guérit?
Corps intermédiaires brutalisés
Je ne sais pas si Emmanuel Macron pense réellement qu’il va, lui et lui seul, refonder la République et rendre au peuple la palabre, une palabre à lui destinée, et ceux qui en doutent ou le contestent ne sont que subversifs ou manipulés, et tels les médias promis à rééducation. Je ne sais pas s’il le pense, ou se contente de le dire, ou d’en rêver. Je sais simplement que le pouvoir, avec méthode, brutalise et dénigre et humilie les corps intermédiaires qui tenaient à peu près ce pays, dialogue social, méthode des Grenelle, journalistes libres, parlement, députés trop nombreux, Sénat à réduire, en expliquant, à chaque fois, qu’ils sont viciés ou inefficients, et puisque viciés ou inefficients, méritent chatiment.
Je ne sais s’il croit, absolument, le président, à ce qu’il nous dit, si cela l’aide à vivre, s’il est un homme habité d’une mission, un homme supérieur peut-être et que nous risquons de rater, je ne sais s’il pense vraiment qu’il doit lui et lui seul refaire la France, avec C8 de monsieur Bolloré mais sans la CFDT de monsieur Berger, contre tous ceux et celles qui jusqu’ici incarnaient la décence commune. Je ressens simplement qu’un homme de culture, qui est, à l’évidence, le rempart que le hasard et l’élection ont choisi contre la haine et le populisme, semble se confondre, subtilement, imperceptiblement, avec ceux dont il nous garde. Un journalisme, qui ne serait pas de la cour, du café ou des salons, nous reste précieux pour affronter cette anomie.

Macron : Élysée Confidential
VIDÉO. Pour la première fois de son mandat, le président Macron a reçu des journalistes pour une conversation libre dans son bureau. Nous y étions.
Modifié le 05/02/2019 à 11:25 - Publié le 31/01/2019 à 19:28 | Le Point.fr
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Pour les présidents de la République avant Macron, l'exercice de la conversation au coin du feu avec les journalistes était jusqu'ici banal. Avec Emmanuel Macron, c'est une première ! Et nous y étions. Tout de gris vêtu, en col roulé, le chef de l'État nous a reçus dans son bureau avec quelques confrères. Alexis Kohler et Ismaël Emélien étaient également présents. C'est au moment où la crise des Gilets jaunes s'estompe et au moment où sa cote de popularité remonte que le président de la République accepte, durant près de deux heures, de tirer les premières leçons de ces douze dernières semaines.
Emmanuel Macron se dit « inquiet du statut de l'information et de la vérité » dans notre démocratie. Selon lui, il est urgent de rétablir des « tiers de confiance » et « accepter la hiérarchie des paroles ». Un maire, un député, un ministre ne peut pas être mis sur le même pied qu'un citoyen lambda vêtu d'un gilet jaune et qu'à la fin « tout se vaille ». Il a bien sûr fait allusion à la kyrielle de Gilets jaunes qu'on a vus sur les chaînes d'info et qui ont pu proférer n'importe quelle vérité invérifiable sans que les journalistes puissent hiérarchiser, vérifier, classer...
Les réseaux sociaux sont manipulés par les extrêmes qui se surmobilisent

Il a décrit par le menu le mécanisme dans lequel cette crise a pris cette ampleur médiatique alors même que le mouvement était de moins en moins suivi. « Il y a des activistes politiques qui ont été formés à manipuler les réseaux sociaux, souligne-t-il. Les chaînes d'info considèrent que ce qui fait événement sur les réseaux sociaux doit être relayé à l'antenne. Et ce qui fait événement sur les chaînes d'info se retrouve deux jours plus tard dans la presse écrite. Or, à l'origine, les réseaux sociaux sont manipulés par les extrêmes qui se surmobilisent. » Même la vidéo du boxeur avant qu'il ne se livre à la police lui paraît suspecte... Il fait toutefois clairement le distinguo entre la France des ronds-points, celle des « Français qui ne vivent pas bien de leur travail », et les violences des samedis qui sont, à ses yeux, des violences organisées par l'extrême droite comme l'extrême gauche et qui ont « dès le début instrumentalisés cette affaire ».
Comment recrédibiliser les médias et faire la part du vrai et du faux ? s'interroge-t-il. Emmanuel Macron y réfléchit et invite la presse à faire de même. « Le bien public, c'est l'information. Et peut-être que c'est ce que l'État doit financer », dit-il, dans une réflexion à voix haute. Le bien public, ce n'est pas le caméraman de France 3. Le bien public, c'est l'information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut s'assurer qu'elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité. Que pour cette part-là, la vérification de l'information, il y ait une forme de subvention publique assumée, avec des garants qui soient des journalistes. Cette rémunération doit être dénouée de tout intérêt. Mais quelque part, cela doit aussi venir de la profession. »
Concrètement la vie des gens n'a pas assez changé

Sur le fond, il a reconnu que « concrètement la vie des gens n'a pas assez changé » alors même qu'il revendique avoir entrepris le plus grand nombre de réformes depuis cinquante ans. Il attribue cet immobilisme au fait que « l'État profond ne fonctionne pas bien ». Trop de fonctionnaires sont affectés à rédiger des circulaires et « pas assez au guichet ». Il prépare donc, avec ses ministres, une réforme de l'État profond dans les semaines à venir. « Il faut que les ministres soient les vrais patrons de leur administration et qu'on suive sur le terrain la réalité concrète de nos réformes », indique-t-il. Il a cité le « droit à l'erreur » des citoyens dans leur rapport avec l'administration. « Cette réforme a été adoptée, or, sur le terrain, j'ai croisé un chef de service qui n'en avait même pas entendu parler ! » s'est-il agacé en se disant très convaincu de la « déconcentration des services de l'État ».
Il s'est lancé dans un éloge du département comme maillon essentiel de la décentralisation sur lequel il voulait davantage s'appuyer, plutôt que sur les « néoféodalités des grandes régions » issues de la loi Notre, dont il a également déploré les « intercommunalités forcées ». De manière générale, il voit dans cette crise des Gilets jaunes l'acmé de « la crise des démocraties occidentales », dont les trois piliers – les libertés individuelles, la protection des classes moyennes et l'économie sociale de marché – sont entamés. « Ces vingt dernières années, ça s'est enrayé, déclare-t-il. Les classes moyennes ont été la variable d'ajustement de la mondialisation. L'affaiblissement du consensus des classes moyennes a conduit à deux formes de réaction : soit l'isolationnisme, comme le Brexit ou le phénomène Trump. Soit le renoncement aux libertés pour l'efficacité, sur le modèle de la Chine. La réponse à cette crise nécessitera bien plus que quelques mesures. Cela passe par la redéfinition de notre modèle européen, une autre forme de relations à nos territoires, une autre forme de relation à nos démocraties. [...]. Les gens veulent reprendre le contrôle de leur destin. On peut reprendre le contrôle sans nécessairement fermer nos frontières. »
Il n'a d'ailleurs pas exclu de prolonger le grand débat national pour traiter d'autres questions. « Dans une société où le commentaire est devenu permanent, la délibération doit devenir permanente », a-t-il lancé, considérant que la France était en train d'inventer un nouveau modèle. Sur les conclusions du grand débat, le chef de l'État n'a pas fermé la porte à un référendum qui se tiendrait le même jour que les élections européennes, le 26 mai. « Tout est sur la table, le pour et le contre. Le contre, c'est que la campagne européenne serait noyée par ce référendum. Le pour, c'est que plus de gens viendraient voter. »
Il a également renouvelé sa confiance en Édouard Philippe qui « n'a pas vocation à être un fusible » et avec qui il assure que les relations sont excellentes, assumant les 80 km/h comme une décision qu'il a pleinement approuvée.


La République en marche s’organise pour préparer la riposte appropriée à Marine Le Pen
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/02/04/la-republique-en-marche-s-organise-pour-preparer-la-riposte-appropriee-a-marine-le-pen_5418993_823448.html
La République en marche a décidé de créer une cellule interne chargée de mettre en place « une stratégie de lutte contre le RN »
Par Alexandre Lemarié Publié le 04 février 2019 à 12h30 - Mis à jour le 04 février 2019 à 12h30
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« Parti du mensonge », « imposture », « bilan nul »… A moins de quatre mois des élections européennes, l’exécutif et les dirigeants de La République en marche (LRM) multiplient les attaques contre le Rassemblement national (RN), érigé en adversaire principal pour le scrutin du 26 mai. Le nouveau délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guerini, a donné le ton lors de sa première grande conférence de presse, le 24 janvier, en ciblant lourdement la formation d’extrême droite. Sans avoir un seul mot pour les autres forces d’opposition.
Il a exhorté ses troupes à mener « une campagne offensive » face à l’ex-Front national. Avec un angle d’attaque : qualifier de « sortants » les vingt-quatre députés européens RN ; railler leur « bilan nul » au Parlement européen. « Si ce n’est financier », en référence aux soupçons de détournement des salaires des assistants européens au profit du parti.
L’exécutif a pris le relais. « Les élus du Rassemblement national disent “on arrive”, mais ce sont eux les sortants, après être arrivés en tête des dernières européennes. Ils doivent donc assumer leur bilan au Parlement européen, qui est un échec total. Ils n’ont aucune avancée à leur actif », assène Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes. Même Emmanuel Macron lâche les coups. Jeudi 31 janvier, lui aussi a fustigé devant des journalistes le bilan « lamentable » du RN au Parlement européen.
Ne pas « juger » les électeurs de Marine Le Pen
Au-delà des critiques, LRM s’organise pour mener bataille. Le parti présidentiel a décidé de créer une cellule interne chargée de mettre en place « une stratégie de lutte contre le RN ». Cette task force, dont le lancement est prévu le 13 février, à l’issue d’une réunion « fondatrice » avec Stanislas Guerini, sera pilotée par deux députées macronistes : celle du Nord, Anne-Laure Cattelot, et sa collègue du Gard, Françoise Dumas.
« Le fait d’être issues de deux régions géographiques où l’extrême droite est forte va nous permettre d’analyser les ressorts du RN du nord, plus social, et celui du sud, plus historique », souligne Mme Dumas. Les deux élues seront épaulées par des salariés du mouvement et des militants sur tout le territoire. Avec une mission de long terme : définir la meilleure manière de contrer la progression de l’extrême droite, lors des futurs scrutins. Que ce soit pour les européennes, les municipales de 2020, ou encore les départementales et les régionales de 2021.
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