mercredi 4 juillet 2018

Islamisme et politique 28.06.2018


Des dizaines de milliers de Britanniques protestent contre le Brexit (23.06.2018)
Macron dénonce «la lèpre» populiste en Europe (21.06.2018)
Sebastian Kurz, l'étoile montante des souverainistes européens (22.06.2018)
Quand Bezons la rouge se met au keffieh… (22.06.2018)
Ivan Rioufol : «L'Europe des nations entame sa reconquête» (21.06.2018)
Goldnadel : «Je préfère encore les lépreux à la gauche morale qui les insulte !» (25.06.2018)
«Pour une Europe de nations souveraines, débruxellisons l'Union européenne !» (29.06.2018)
En Suède, la tolérance se fissure à l'égard des demandeurs d'asile (29.06.2018)
François d'Orcival : «Le droit d'asile, prérogative de l'État» (29.06.2018)
Une majorité de Français estime que l'Hexagone accueille «trop» de migrants (28.06.2018)
«C'est quand la paix est revenue en Afrique que se sont déclenchées les migrations» (29.06.2018)
Ivan Rioufol : «Les mondialistes confrontés à leurs erreurs» (28.06.2018)

Natacha Polony : «Bisounourserie nationale universelle» (29.06.2018)
Anastasia Colosimo : «Du ciel, Orwell doit rire de manière sarcastique» (29.06.2018)
Le candidat de Trump pour l'agence des migrations de l'ONU recalé (29.06.2018)
Julian King : «Toute une génération risque d'avoir affaire au terrorisme» (29.06.2018)
Scandales sexuels à répétition: l'humanitaire en crise (29.06.2018)
Au lycée militaire de Saint-Cyr, rigueur et patriotisme au service de l'excellence (27.06.2018)
Crise de la masculinité : ce nouveau phénomène qui traverse l'Occident (27.06.2018)
Italie: Salvini lance l'idée d'une "Ligue des Ligues" en Europe (01.07.2018)
Bock-Côté : «Le politiquement correct se radicalise au rythme où la société diversitaire se décompose» (29.06.2018)
L’ambassadeur de France en Hongrie soutient Orban et ose dire la vérité «le véritable antisémitisme est le fait des musulmans» (01.07.2018)


Des dizaines de milliers de Britanniques protestent contre le Brexit (23.06.2018)
Par Florentin Collomp
Publié le 23/06/2018 à 18h50
Deux ans après le référendum, les pro-européens sont descendus dans la rue pour réclamer un nouveau référendum sur les conditions de la sortie de l'UE. Une contre-manifestation pro-Brexit s'impatiente du non-respect de la volonté populaire.
Correspondant à Londres
«Nous exigeons un vote populaire», scandait une foule aux drapeaux bleus étoilés devant le Parlement de Westminster, à Londres, samedi après-midi. Pour le deuxième anniversaire du vote pour le Brexit, des dizaines de milliers de manifestants - 100.000 selon les organisateurs - se sont déplacés de tout le Royaume-Uni pour réclamer un nouveau référendum, sur les conditions de sortie de l'Europe, une fois un accord conclu avec Bruxelles. Plus d'une dizaine d'associations anti-Brexit se sont unies derrière ce mot d'ordre d'un «People's vote».
« 17 millions de personnes ont voté pour Adolf Hitler, 17 millions ont voté pour le Brexit, 17 millions peuvent se tromper. »
Vince Cable, chef du Parti libéral-démocrate (centriste) a assuré aux participants que le Brexit n'était «pas une affaire achevée». La militante pro-européenne Gina Miller a appelé à un nouveau référendum pour «que les futures générations nous entendent dire que nous avons fait ce que nous pouvions pour notre pays». Sur une bannière, on pouvait lire: «17 millions de personnes ont voté pour Adolf Hitler, 17 millions ont voté pour le Brexit, 17 millions peuvent se tromper.»
Une majorité de 53% pour rester dans l'UE
«La majorité des gens qui ont voté pour quitter l'UE ne savaient pas sur quoi ils se prononçaient. Les négociations sont un désastre. Le gouvernement ne sait pas ce qu'il veut», explique Terry O'Donovan, directeur de théâtre irlandais, installé à Londres depuis dix-huit ans. Eve Bartlett, avocate, justifie cette «requête démocratique de se prononcer sur le résultat des négociations afin que le peuple puisse dire si ça correspond à ce qu'il veut». Elle assure connaître «plusieurs personnes qui ont changé d'avis» après avoir voté pour le Brexit en juin 2016.
Selon un sondage Survation publié vendredi, 48% des Britanniques soutiendraient un nouveau référendum, contre 25% à y être opposés. Une majorité de 53% se prononcerait alors pour rester dans l'Union européenne, contre 47% pour sortir, selon la même enquête. La manifestation de samedi entendait donner le coup d'envoi d'un «été d'action» pour accroître la pression sur la première ministre Theresa May et le chef de l'opposition Jeremy Corbyn.
En passant devant Downing Street, le cortège, venu de Pall Mall, hue la résidence de la chef du gouvernement. Un peu plus loin il chante «Où est Jeremy Corbyn?»
«Récupérer notre pays»
« Il y a deux ans, nous avons voté pour quitter l'Europe et on attend toujours. Pourquoi ? Nous voulons quitter l'UE maintenant. Le meilleur accord, c'est pas d'accord. »
L'orateur d'une contre-manifestation pro-Brexit.
A quelques dizaines de mètres de là, séparé par d'importantes barricades et des cordons policiers, arrivait le cortège d'une contre-manifestation pro-Brexit, réunissant plusieurs centaines de personnes. Dans une nuée d'Union Jack britanniques et de drapeaux anglais à la croix de Saint Georges, les manifestants entonnaient des hymnes patriotiques comme Rule Britannia et scandaient: «Nous voulons récupérer notre pays».
«Il y a deux ans, nous avons voté pour quitter l'Europe et on attend toujours. Pourquoi? s'indignait un orateur à la tribune. Nous voulons quitter l'UE maintenant. Le meilleur accord, c'est pas d'accord.»
Sandra Zuccaro, retraitée est venue de Windsor. «Je suis là parce que je crois en l'Angleterre, pas dans l'Union européenne, expliquait-elle. Mrs May est tellement prudente qu'elle va nous piéger. Il n'est pas question d'un second référendum: quand vous pariez sur le mauvais cheval, on ne refait pas la course.» Ancienne électrice de l'Ukip (United Kingdom Independence Party) de Nigel Farage, elle soutient désormais le conservateur europhobe Jacob Rees-Mogg qu'elle espère voire remplacer Theresa May.
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Thématique : Royaume-Uni  
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Macron dénonce «la lèpre» populiste en Europe (21.06.2018)

Par Nicolas Barotte
Mis à jour le 22/06/2018 à 18h54 | Publié le 21/06/2018 à 19h43
VIDÉO - Les pays d'Europe centrale vont boycotter le sommet sur la crise des migrants dimanche à Bruxelles.
Un camp contre un autre. Dans un discours virulent prononcé jeudi à Quimper, Emmanuel Macron a choisi la confrontation plutôt que la concertation avec les gouvernements populistes au pouvoir au sein de l'Europe, le combat contre «le nationalisme qui renaît, la frontière fermée que certains proposent» et ceux qui «trahissent même l'asile». À quelques jours d'un mini-sommet particulièrement sensible et consacré aux migrations, le chef de l'État a semblé vouloir donner le coup d'envoi de la campagne pour les élections européennes l'année prochaine.
«Je vous le dis avec beaucoup de gravité», a-t-il commencé en défendant le cœur de son ADN politique: l'Europe. «Beaucoup la détestent, mais ils la détestent depuis longtemps et vous les voyez monter, comme une lèpre, un peu partout en Europe, dans des pays où nous pensions que c'était impossible de la voir réapparaître. Et des amis voisins: ils disent le pire et nous nous y habituons! Ils font les pires provocations, et personne, personne ne se scandalise de cela!» Ces mots particulièrement sévères visent en premier lieu l'Italie, gouvernée depuis peu par une alliance d'extrême droite et de populistes de gauche, unis dans leur rejet d'un certain idéal européen et leur opposition à l'accueil des réfugiés sur le continent. Le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a notamment choqué en voulant compter la population rom.
«Des amis voisins disent le pire et nous nous y habituons ! Ils font les pires provocations, et personne, personne ne se scandalise de cela»
Emmanuel Macron, à Quimper, jeudi
Mais le chef de l'État pensait sans doute aussi aux pays d'Europe centrale, réunis dans le groupe de Visegrad. Ceux-ci, la Hongrie, la République tchèque, la Pologne et la Slovaquie, se sont réunis à Budapest jeudi en compagnie du chancelier autrichien Sebastian Kurz. Vienne va prendre la présidence tournante de l'Europe au prochain semestre et l'Autriche partage avec eux une ligne de fermeté, voire de fermeture. Le premier ministre hongrois Viktor Orban a annoncé que le groupe de Visegrad boycotterait la réunion prévue à Bruxelles. «Le mini-sommet de dimanche est inacceptable, ils veulent réchauffer une ancienne proposition que nous avons déjà refusée», a renchéri le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.
Onze pays ont en revanche déjà annoncé leur participation: Allemagne, France, Italie, Espagne, Autriche, Grèce, Pays-Bas, Bulgarie, Belgique, Danemark, Malte. Mais cette opération qui vise à sauver Angela Merkel, sur un siège éjectable depuis que sa coalition menace de s'effondrer, commence mal: un projet de conclusion, diffusé dans la presse, a suscité la colère de Rome qui a failli annuler sa venue. «Il est inacceptable de participer à un sommet dont les conclusions sont déjà écrites», a prévenu le président du conseil Giuseppe Conte dans un message publié sur Internet. Angela Merkel a dû prendre son téléphone pour l'assurer que ce texte, évoquant des amendes pour les demandeurs d'asile quittant leur pays d'enregistrement, un mécanisme «flexible» de réadmission entre États membres, mais aussi un système de «solidarité» pour répartir les migrants dans l'UE, était «mis de côté».
Les tenants de l'ouverture sont sur la défensive. En Jordanie jeudi, Angela Merkel a bien tenté d'évoquer quelques principes: «Nous devons être un pays ouvert», a-t-elle répondu à une étudiante, inquiète de savoir s'il fallait «avoir peur» de venir en Allemagne. Mais le temps presse pour elle: le parti bavarois CSU lui a laissé jusqu'au 1er juillet pour trouver une solution sous peine de déclencher une crise politique.
«Donneurs de leçons»
La partie n'est pas facile non plus pour le chef de l'État Emmanuel Macron. Il a répondu à Quimper aux «donneurs de leçons» qui critiquent sa politique migratoire et son refus d'accueillir davantage de migrants: «Allez m'expliquer qu'il faut accueillir tout le monde. Mais regardez la société française et ses fractures! Regardez ce que nous faisons aussi et nous n'avons pas en rougir», a-t-il affirmé. «On vient accuser les Européens de n'être “pas assez”, pas tout à fait comme on voudrait. Et on oublie de dénoncer ceux qui ne le sont plus du tout!», a-t-il ajouté. L'attaque, comme moyen de défense.
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Sebastian Kurz, l'étoile montante des souverainistes européens (22.06.2018)

Par Laure Mandeville
Mis à jour le 22/06/2018 à 20h06 | Publié le 22/06/2018 à 19h22
Depuis son élection, le jeune chancelier s'est posé en chef de file du camp de la fermeté sur la question migratoire, fédérant une alliance de pays d'Europe centrale et orientale face à Bruxelles.
Il fourmille de surnoms! «Macron de droite» pour son côté «enfant prodige» et son parcours fulgurant en dehors des sentiers battus. «Cauchemar d'Angela Merkel», parce qu'il est désormais courtisé par les conservateurs allemands qui rêvent d'un Kurz rhénan. «Justin Trudeau d'Autriche», pour son art déjà consommé de la gestion de son image et la décontraction polie et étudiée de ses chemises sans cravate, de ses jeans slim et de ses cheveux lissés en arrière. «Justin Bieber de la politique», pour sa jeunesse extrême, à peine 31 ans! Dans la bouche de ses adversaires, il est aussi «minidictateur» et même «Bébé Hitler», pour avoir adopté une large partie du programme du parti d'extrême droite FPÖ sur le contrôle de l'immigration, parti avec lequel il a formé une coalition gouvernementale. Autant d'appellations qui révèlent l'intérêt vif et contradictoire que Sebastian Kurz, nouveau chancelier d'Autriche arrivé aux affaires en octobre après la victoire de son parti OVP, suscite à travers toute l'Europe.
Il est rare que la politique autrichienne suscite autant d'échos hors de ses frontières, depuis l'empire des Habsbourg… Si la curiosité est telle, c'est que le vent de l'histoire gonfle les voiles politiques de Kurz, conservateur de droite, qui a osé mettre la question migratoire au cœur de son programme et prétend aider à réformer l'Europe dans un sens favorable à la protection des frontières, des nations et des identités. Depuis son élection, le jeune chancelier s'est carrément posé en chef de file du camp de la fermeté sur la question migratoire, fédérant une alliance de pays d'Europe centrale et orientale, face à Bruxelles, mais aussi et surtout face à Angela Merkel et Emmanuel Macron. Bref, ressuscitant de manière inattendue l'espace politico-géographique de l'Autriche-Hongrie.
Il y a quelques jours, Sebastian Kurz appelait à la création d'«un axe»composé de l'Allemagne, de l'Autriche et de l'Italie, pour formuler une position plus énergique sur la question des migrations, clairement un pavé dans la mare de la chancelière allemande, au moment où elle se débat avec ses partenaires de la CSU, qui menacent d'agir sans elle si elle n'accepte pas un durcissement spectaculaire des règles de l'asile. Mercredi, il allait jusqu'à tenir conseil avec ses amis de Bavière, dans le nord de l'Autriche, agitant le spectre d'une «catastrophe migratoire» «semblable à celle de 2015 si l'UE échoue à élaborer une réponse commune».
Lors d'une spectaculaire offensive destinée à affirmer son leadership sur ce sujet brûlant, Kurz, qui veut faire du sujet la priorité de la présidence autrichienne de l'UE, à partir du 1er juillet, s'est aussi rendu jeudi à Budapest, où il a été l'invité spécial du groupe de Visegrad, comprenant la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, qui affiche une hostilité marquée à l'idée de quotas européens de réfugiés obligatoires et plaide pour la mise en place d'un dispositif ambitieux de contrôle de la frontière extérieure de l'UE.
Pour ses adversaires, Kurz est un homme dangereux qui ouvre une voie royale à l'extrême droite, parce qu'en la faisant entrer dans la bergerie gouvernementale, il devient son otage
Difficile d'imaginer qu'il y a à peine six  ans Sebastian Kurz quittait les bancs de l'université. Deux ans plus tard, il est propulsé vice-ministre de l'Intérieur en charge de l'intégration, poste auquel il va faire passer une loi interdisant la burqa, puis une autre coupant largement dans les subventions sociales aux candidats à l'intégration pour les forcer à se mettre au travail. Quelques mois plus tard, il est ministre des affaires étrangères, à l'âge de 27 ans, en pleine crise des migrants de 2015. C'est là qu'il va gagner sa popularité, en négociant pour une fermeture de la route des Balkans, afin d'endiguer le flot des migrants. Un positionnement qui va lui servir de tremplin idéal dans sa marche à la Chancellerie en octobre 2017.
Pour ses adversaires, Kurz est un homme dangereux qui ouvre une voie royale à l'extrême droite, parce qu'en la faisant entrer dans la bergerie gouvernementale - notamment aux postes clés des Affaires étrangères et de la Défense - il devient son otage, notamment sur la question de la réponse à l'islam, à l'immigration. Au grand dam des fédéralistes européens, il prône une Europe des nations souveraines qu'il oppose à l'Europe souveraine de Macron. Inscrit dans une continuité qui a toujours fait de l'Autriche un pont entre l'Est et l'Ouest, il prône aussi un rapprochement très net avec la Russie, réclamant notamment la levée progressive des sanctions appliquées depuis l'annexion de la Crimée (ses alliés du FPÖ, eux, réclament carrément la reconnaissance de l'appartenance russe de la presqu'île).
Les partisans de Kurz réfutent toutefois l'idée qu'il serait devenu la feuille de vigne du FPÖ, affirmant qu'il reste un farouche partisan de l'UE et tente simplement de trouver une voie médiane entre les naïfs, uniquement préoccupés de questions humanitaires, et les extrémistes, qui veulent carrément mettre fin au droit d'asile. «Toute la question est de savoir», note The Economist dans un récent portrait du jeune chancelier, si Kurz pourra défendre «les nuances» de sa propre position, ou s'il sera obligé, comme David Cameron sous la pression des tories les plus conservateurs, de s'aligner sur ses partenaires d'extrême droite. Pour l'instant, clairement, lui se voit en médiateur: entre Paris, Berlin et les pays de Visegrad. Entre Bruxelles et Moscou. Entre les peuples qui rêvent de frontières et les gouvernants qui les ont oubliées.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 23/06/2018. Accédez à sa version PDF en cliquant ici
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Journaliste
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Quand Bezons la rouge se met au keffieh… (22.06.2018)

Par François d'Orcival
Publié le 22/06/2018 à 07h00
Le maire communiste de la ville du Val-d'Oise multiplie les provocations anti-israéliennes.
«Salut, Bezons la Rouge!» La ville de Bezons (29.000 habitants, dans le Val-d'Oise) est communiste depuis qu'il y a des communistes en France: cela date du congrès de Tours (1920)! Le maire actuel, Dominique Lesparre, élu en 2001, est le quatrième maire depuis 1945. Tous communistes.
Or, il a fait de sa ville une sorte de capitale palestinienne en Ile-de-France - en multipliant les provocations anti-israéliennes: après avoir reconnu «l'Etat de Palestine», jumelé sa municipalité avec une ville palestinienne extrémiste, il a poussé plus loin le 11 juin en inaugurant, chez lui, une «allée de la Nakba», «en mémoire de l'expulsion des 800.000 Palestiniens et de la destruction des 532 villages en 1948 par le criminel de guerre David Ben Gourion…». Cette fois, l'intolérable a obligé le ministre de l'Intérieur à réagir fermement.
Les racines staliniennes de l'histoire politique de Bezons et l'alignement des communistes français sur la politique extérieure soviétique expliquent-ils l'origine de ces provocations? Evidemment oui, mais pas au début. Le maire de Bezons devrait relire son manuel: car Staline fut le premier à reconnaître l'Etat d'Israël naissant en mai 1948 ; sans les armes tchèques livrées sur ordre de Moscou, affirma même Ben Gourion, il n'aurait sans doute pas gagné sa guerre contre les Arabes… Staline rêvait alors de faire de l'Etat hébreu un satellite. Des Juifs russes se battaient dans les rangs des organisations clandestines. Mais si les Juifs bâtissaient des kibboutzim, cela n'en faisait pas des communistes. Surtout, Staline resta l'antisémite viscéral qu'il était en envoyant, au même moment, au goulag et au massacre les élites intellectuelles et artistiques restées en URSS.
La communauté juive américaine se mit à soutenir massivement ses frères d'Israël. Pour Staline et ses successeurs, Israël n'était donc plus qu'un «pion» du camp occidental. lls armèrent les Arabes contre lui, au nom de l'antisionisme et de la «justice»…
Lorsque les Juifs russes, fuyant le régime totalitaire, arrivèrent par centaines de milliers en Israël, cela libéra un peu plus les campagnes anti-israéliennes du Kremlin. Et le soutien «au peuple palestinien» a pris, à point nommé, le relais de l'antisionisme des origines, pour masquer honorablement le vieil antisémitisme qui s'était incrusté depuis si longtemps dans la société communiste…
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François d'Orcival

Ivan Rioufol : «L'Europe des nations entame sa reconquête» (21.06.2018)

Par Ivan Rioufol
Publié le 21/06/2018 à 18h40
CHRONIQUE - L'échec des européistes, ces peuplophobes, est programmé. À moins que Macron et Merkel reconnaissent avoir fait fausse route, l'issue de la crise migratoire ne fera pas l'économie de leur mise en cause.
L'Espagne est gagnée par le syndrome de la Castafiore. La cantatrice de Tintin vocalise sur Gounod: «Ah! Je ris de me voir si belle en ce miroir!» S'enivrent ainsi d'eux-mêmes ceux qui, depuis dimanche, se mirent dans leur grande bonté en s'ouvrant aux 629 «réfugiés» de l'Aquarius, navire indésirable en Italie, à Malte, en France. «Bienvenue chez vous», est-il écrit à l'entrée du port de Valence. Sur la mairie, une banderole: «Nous voulons accueillir.» En dessous: «Le passé est en noir et blanc. Le futur multicolore.» Le nouveau gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a offert à chaque clandestin une carte de séjour de 45 jours, ainsi qu'une carte sanitaire gratuite. Il a fait enlever les lames tranchantes posées sur les hauts barbelés (6 mètres) qui séparent du Maroc les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sur respectivement 8 km et 12 km. La moitié des clandestins de l'Aquarius, dont les 11 Marocains et les 43 Algériens, veulent venir en France…
Les socialistes espagnols auraient dû lire saint Vincent de Paul: «Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit.» L'exhibition de leur générosité sonne faux. Ce narcissisme a pour résultat paradoxal d'amener à un oubli de soi. C'est ainsi que l'Union européenne, tombée en dévotion pour l'Autre, s'est mise à mépriser les peuples et les nations qui la constituent. Ce ne sont pas les malheureux Africains débarqués à Valence, accueillis par 2300  personnes, qui déstabiliseront l'Europe. Cependant, il y a une irresponsabilité de la part de la gauche espagnole, soutenue par le pape François, à ne pas s'estimer solidaire d'une inquiétude collective qui ébranle la construction européenne. «L'Europe est dans un processus de décomposition», a admis, mardi, le ministre Bruno Le Maire, avant une rencontre entre Emmanuel Macron et Angela Merkel. Mais ces deux-là aussi ont été étourdis par l'«Air des bijoux»: «Ah, je ris…!» chantent-ils ensemble.
C'est la folle décision de la chancelière d'accueillir, en 2015, un million de réfugiés musulmans, sous les applaudissements des européistes exaltés, qui est à l'origine de la prévisible rébellion des peuples, furieux de n'avoir jamais eu leur mot à dire. «Mère Angela» (ainsi nommée par les médias dévots, en comparaison de Mère Teresa) avait été unanimement louangée par ceux, dont était Macron, qui estimaient indiscutable l'ouverture de l'Europe, au nom de ses valeurs humanistes et de son «hiver démographique». La suite est connue: les agressions sexuelles à Cologne et les premiers attentats, la montée de l'antisémitisme islamique, l'échec de l'intégration d'un peuple nouveau, etc. Une fois encore, les Cassandre ont eu raison. Mais les bons apôtres, bénis par le Vatican, ne feront pas leur mea culpa. Les intégristes des droits de l'homme restent insensibles au droit à préserver sa propre patrie. Ils persistent à penser, comme le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, mardi, que les migrations sont «inévitables» et «nécessaires».
Attendre de Macron et Merkel qu'ils agissent pour résoudre la question migratoire revient à demander à deux pyromanes de gérer les incendies qu'ils ont allumés. Mardi, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a appelé à «la solidarité européenne contre les populismes», faisant comprendre que la menace est, pour l'État, dans le réveil des nations et non dans l'immigration de peuplement et l'islam totalitaire. Ces aveuglements sont des complicités. La chancelière, pressée de se ressaisir par son ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer (CSU), est affaiblie. Le président français, qui prétendait relancer l'Europe souveraine en se moquant du «repli national», n'est compris que des hypocrites: ils se gardent d'offrir chez eux l'hospitalité qu'ils défendent. Mardi, Macron et Merkel ont demandé«une réponse européenne» à la crise migratoire. Mais c'est l'Allemagne qui, il y a trois ans, a choisi unilatéralement d'ouvrir ses frontières. Cette Europe-là, coupée des gens d'en bas, n'a pas de leçons de solidarité à donner.
Échec des peuplophobes
Macron paie son erreur d'analyse, réitérée depuis son engagement dans la campagne présidentielle: elle fait croire que les problèmes migratoires se règlent par l'économie et le social. Or les bonnes santés de la Pologne, de l'Autriche ou de l'Allemagne démontrent que la question civilisationnelle dépasse l'approche matérialiste et budgétaire. Que cela plaise ou non, Donald Trump est plus en phase avec les réalités humaines que ses adversaires péremptoires. En juillet 2017, à Varsovie, le président américain s'était livré à un plaidoyer pour la «grandeur de l'Occident» et pour le renouveau des nations et des frontières. Il avait désigné «le terrorisme de l'islam radical» comme l'adversaire du monde libre. À l'adresse des élites suicidaires, il avait déclaré: «Si nous n'oublions pas qui nous sommes, nous ne pourrons pas être vaincus.» Devant les discours sans âme et déconnectés du réel du couple Macron-Merkel, ces Thénardier de l'UE, ceux de Trump s'approchent le plus des reconquêtes démocratiques qui s'observent au cœur des nations renaissantes. Le nouveau monde n'est pas celui que Macron prétend incarner.
L'échec des européistes, ces peuplophobes, est programmé. À moins que Macron et Merkel reconnaissent avoir fait fausse route, l'issue de la crise migratoire ne fera pas l'économie de leur mise en cause. Les perroquets à carte de presse, les politologues encartés, les moralistes de salon sont, dès à présent, confrontés à leur entêtement à nier les faits. Ce sont eux qui répètent depuis trente ans que l'immigration et l'islam ne sont que des peurs irrationnelles, des fantasmes attisés par l'extrême droite. Mercredi, les autorités allemandes ont annoncé avoir déjoué un attentat islamiste à la bombe biologique (ricine), après l'arrestation d'un Tunisien arrivé par regroupement familial. La veille, Trump avait suscité le scandale en assurant que la criminalité dans l'Allemagne ouverte était en hausse. Son choix, corrigé mercredi, de séparer les enfants de leurs parents clandestins arrêtés n'était pas humainement défendable. Aucun faux pas ne lui sera pardonné. Mais les faux gentils, qui feignent la générosité en se détournant des misères qu'ils engendrent, ont perdu toute crédibilité.
La France, qui a refusé d'accueillir l'Aquarius, recevra pourtant une partie des clandestins. Cette incohérence est celle du progressisme macronien. En face, le conservatisme doit encore se structurer. Mais sa parole, libérée des génuflexions à Big Other (Jean Raspail), est plus que jamais attendue.
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C’est désormais OFFICIEL : Il y a George Soros derrière Macron (Màj : L’info est FAKE)
C’est désormais OFFICIEL : Il y a George Soros derrière Macron
Cette information est fausse comme l’a révélé Check News. Ce qui est intéressant c’est que le site internet ilpopulista.it a pour codirecteur Matteo Salvini !
Lisez l’article en entier pour mieux comprendre l’affaire.
Ci-dessous l’article tel qu’il a été traduit :

Lecito se demande ce que les magnats de la finance ont demandé en échange, et qui n’agissent certainement pas dans un pur esprit “patriotique”.
Soros et Rothschild seraient également parmi les financiers “cachés” de la campagne électorale d’Emmanuel Macron. Le président pacifiste ouvre les portes aux immigrants. La révélation vient des Macronleaks, où des individus malveillants ont “piraté” plus de 20 000 courriels liés à la campagne présidentielle française, une montagne de documents stockés dans les messageries du personnel d’Emmanuel Macron qui ont été publiés en ligne et partagés avec Wikileaks.
Évidemment, dans ces cas, l’authenticité est toujours en doute et c’est pourquoi nous utilisons le conditionnel, mais lorsque nous parcourons ces échanges, nous découvrons que beaucoup d’argent provient du Crédit Agricole (huit millions) et du géant bancaire Rothschild, Soros et Goldman-Sachs. En résumé, George Soros : 2 365 910,16 €, David Rothschild : 976 126,87 €, Goldman-Sachs : 2 145 100 €.
Et à ce stade, il est légitime de se demander ce que ces magnats de la finance, qui n’agissent certainement pas dans un pur esprit “patriotique”, ont demandé en retour. Et comment leur soutien pèse-t-il dans les choix du président bienfaisant ?
Sources: Stop Euro & Il Populista, le 18 juin 2018

Goldnadel : «Je préfère encore les lépreux à la gauche morale qui les insulte !» (25.06.2018)
Par Gilles William Goldnadel
Mis à jour le 25/06/2018 à 16h25 | Publié le 25/06/2018 à 15h28
FIGAROVOX/CHRONIQUE - L'avocat revient cette semaine sur les propos d'Emmanuel Macron à Quimper, évoquant «une lèpre qui monte» en Europe. Selon Gilles-William Goldnadel, le chef de l'État comme l'ensemble de la «gauche morale» ont l'indignation sélective.

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

Ainsi, pour notre président si savant qu'il en devient clinicien, les nationalismes montant en Europe avec leur traduction électorale, la colère populiste à l'endroit de l'immigration illégale et forcée relèveraient de la lèpre.
Pour répondre à cet Européen à la bonne franquette, cette métaphore médicale somatique principalement utilisée par les fascistes et les nazis («la lèpre rouge», «la lèpre juive»…) ne me paraît pas, au-delà du diagnostic hasardeux, d'un très bon goût olfactif.
Sans entrer profondément dans une histoire psychologique de la lèpre à travers les temps, la traque des lépreux, que l'on diabolise et dont on exagère la puissance contagieuse maléfique, l'enfermement dans une léproserie jusqu'à leur mort sur le bûcher ne me semble pas de très bon augure collectif, a priori venant d'un homme que je tiens pour intelligent autant que cultivé. Mais l'essentiel n'est pas dans ce procès en sorcellerie aux odeurs de fagots et de ragots, ni même dans les propos de Macron et de sa suite mais plutôt de la suite qu'a dans ses propos un président systématique.
Ainsi le président a attendu l'exaspération électorale populaire pour la taxer de lépreuse, mais il ne lui serait jamais venu à son esprit et encore moins à sa langue sélective d'évoquer une lèpre islamiste après des massacres sanglants ou une lèpre gauchiste après les violences des Blacks Blocks, des antifas ou les blocages illégaux et violents…
Car au-delà de la chronique hebdomadaire un peu futile qui voit s'enchaîner les propos et se déchaîner les polémiques médiatiques qui chassent les précédentes, un fait plus métapolitique et psychologique s'incruste dans l'esprit public: le président a la dent dure pour le pauvre mâle blanc et l'œil bienveillant pour l'Autre différent.
C'est ainsi au demeurant que je faisais remarquer la semaine passée que j'aurais au moins souhaité pour M. Erdogan le même traitement verbal de défaveur que celui réservé à M. Salvini.
Cette injuste et exaspérante sélectivité aux oreilles d'un certain petit peuple devenu vieux, taxé de lépreux et traité tel un gueux, s'est retrouvé cette semaine dans la manière inéquitable dont ont été traités publiquement deux jeunes insolents aux teints très différents. Le service très actif de communication présidentielle a publié avec empressement la belle manière ferme dont un petit bonhomme mal élevé qui l'avait appelé par son prénom abrégé avait été dûment rectifié. Déjà, et même si j'ai approuvé la juste réprimande paternelle encore que je l'aurais souhaitée moins publicitaire, mon esprit frondeur me fit gazouiller incontinent que j'eusse préféré des remontrances publiques à des mal-élevés plus élevés. C'est ainsi que j'aurais bien vu et entendu lors de sa dernière interview présidentielle M. Macron demander à M. Plenel de l'appeler par sa fonction plutôt que par son nom. J'y aurais vu, disons, plus de hardiesse.
Mais je n'étais pas arrivé au bout de ma gêne. Ma suspicion à constater chez l'auguste intéressé un courage et une indignation à sociologie variable aura connu son acmé en cette fin de semaine. C'était la fête de la musique à l'Élysée, et un jeune disc-jockey s'y est rendu en portant ce T-shirt: «fils d'immigrés, noir et pédé». On m'autorisera d'abord cette interrogation, relevant, il est vrai de la spéculation désormais scientifiquement indémontrable, mais je ne suis pas assuré de la qualité de l'accueil réservé à celui qui aurait porté ostensiblement sur sa poitrine: «Je suis Français depuis longtemps, blanc et hétérosexuel». Je n'exclus pas qu'il aurait été rangé au moins dans la léproserie morale du président et de sa suite distinguée. L'affaire a fait grand bruit bien au-delà de la fâcheuse sphère. Pour faire bonne mesure, l'émission Quotidien, pourtant ordinairement peu bégueule, s'est amusé avec espièglerie à reproduire la traduction des chansons interprétées sur le perron élyséen: «Ce soir, brûlons cette maison, brûlons-la complètement… je me suis fait sucer la bite et les boules... Il y a de la beuh partout». J'ignore si Marlène Schiappa entend l'anglais, mais je gagerais que pour le même texte incendiaire et vulgaire, un Tex à l'Élysée n'aurait pas fait long feu. Pour l'éteindre, la cellule élyséenne de communication a cru de bonne politique d'assumer pleinement l'événement en exhibant le président tendance et sa première dame entourés d'artistes noirs et travestis. L'idée était sans doute de revendiquer cette modernité provocante et rebelle et de moquer les ringards comme autant de lépreux. À titre personnel, je me moque autant des faux rebelles que des ringards grincheux, encore que je comprenne bien qu'on ne comprenne pas qu'on puisse invoquer sévèrement le mercredi le prestige de la fonction et le jeudi être autant dans le relâchement. Mais l'essentiel est ailleurs.
Le service de la communication présidentielle ne pourra pas faire diversion, car cette photographie assumée est hors du cadre de la réprobation de ceux qui se sont étonnés que le disc-jockey qui avait écrit la veille sur son site Facebook pour expliquer sa tenue: «Je sais ce que représente l'Élysée en termes d'oppression» n'ait pas autant été morigéné qu'un petit insolent ayant donné du Manu au président.
Et pour l'écrire plus chromatiquement, qu'il paraisse plus urgent de chapitrer publiquement un jeune mâle blanc insolent à la sexualité inconnue qu'un jeune mâle noir provocateur qui vante son homosexualité et sa couleur.
Mais cette différence de traitement sociologique, politique et, on le voit, ethnique n'est pas la marque rhétorique du seul président français.
Elle est en réalité dans l'ADN constitutif de la gauche progressiste pathologiquement anti-occidentale à laquelle il continue de vouloir appartenir pour les questions sociétales par un désir de positionnement électoral dont je ne suis plus sûr de la pertinence, comme par une inclination naturelle.
Voilà une gauche morale, traumatisée par la lèpre électorale, qui fait actuellement fond contre les fakes pour tenter d'interdire certains sites sur la Toile taxée de fachosphère.
Cette morale sélective aura atteint son apogée cette semaine aux États-Unis, puisque l'on sait à présent que les photographies utilisées pour émouvoir l'opinion à propos des enfants de migrants emprisonnés par l'administration Trump étaient en fait des fake news venus d'ailleurs, dûment instrumentalisés pour la bonne cause. Ainsi, la photo de la petite migrante mexicaine de 2 ans montrait en réalité une fillette hondurienne qui n'était en rien emprisonnée. Time en a fait sa Une en la mettant face à face, dans un photomontage sur fond rouge, la petite fille apeurée face à un Donald Trump immense avec la légende: «bienvenue en Amérique».
Un autre cliché à grand succès lacrymal montrait une vingtaine d'enfants derrière une grille, certains voulant tenter de la gravir, et a circulé pendant des jours comme une supposée photo de centres de détention pour mineurs à la frontière mexicaine. En réalité, il s'agissait d'une photo représentant des enfants palestiniens attendant la distribution de nourriture pendant le ramadan à Hébron…
Enfin, la troisième image, qui a fait le tour du monde, représentait un enfant en train de pleurer dans ce qui semblait être une cage… Il s'agissait en fait d'une mise en scène trompe-l'œil utilisée dans le cadre d'une manifestation contre la politique migratoire américaine. Bref, un fake d'un fake...
Résumons. Voilà une gauche morale, traumatisée par la lèpre électorale, qui fait actuellement fond contre les fakes pour tenter de discréditer voire d'interdire certains sites sur la Toile taxée de fachosphère. C'est dans ce cadre hautement déontologique que, lors d'une émission de France Culture consacrée aux fake news le 21 mars dernier, Pierre Haski, fondateur de Rue89 et actuel président de Reporters Sans Frontières, confessait benoîtement: «durant la campagne électorale française, j'ai participé à une opération de surveillance du Web qui était financée par l'Open Society fondation de Georges Soros, basée à Londres, qui a mis de gros moyens, c'était après les élections américaines. Ils voulaient voir ce qui se passerait, s'il y aurait le même type de phénomène qu'aux USA. Pendant six mois ils ont surveillé, analysé ce que les gens partageaient avec une société de marketing.»
Et voilà la même gauche morale qui vient de tolérer l'une des campagnes médiatiques les plus grossièrement mensongères que l'on puisse imaginer.
Et que croyez-vous qu'il se passe, le regret, voire la repentance?
Vous n'y êtes pas. Je vous défie de trouver le mot «fake» accolé à tous ces faux grossiers. C'est ainsi que l'Obs, exhibant l'une des photos menteuses, se contentait de reconnaître: «cette enfant n'a pas été séparée de ses parents. Sa photo reste un symbole.».
Voilà donc la manière dont le clergé médiatique confesse un fake sans le nommer: quand celui-ci convient, la fin justifie les plus mauvais moyens.
Voilà pourquoi il m'arrive de préférer la compagnie de mes lépreux, le soir, au doux son des crécelles.
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Gilles William Goldnadel

«Pour une Europe de nations souveraines, débruxellisons l'Union européenne !» (29.06.2018)
Par Julien Aubert
Mis à jour le 29/06/2018 à 17h35 | Publié le 29/06/2018 à 17h22
FIGAROVOX/TRIBUNE - Selon Julien Aubert et treize parlementaires d'«Oser la France», l'Union européenne est en train d'agoniser de ses contradictions. Face à ce constat, ils affirment l'importance pour Les Républicains d'opter pour une politique de souveraineté nationale.

«Oser la France» est un laboratoire d'idées lancé en novembre 2017 par le député LR Julien Aubert et rassemblant plusieurs parlementaires et élus gaullistes, souverainistes, patriotes et républicains.

Les Républicains partagent très largement le diagnostic sur la crise de l'Union européenne: l'Europe, construite dans l'ambiguïté d'un fédéralisme que Philippe Séguin avait prophétisé en 1992, est en train d'agoniser de ses contradictions. Faite pour organiser la convergence, la zone euro a creusé le ressenti entre débiteurs et créditeurs. La libre circulation au sein de l'espace Schengen a, sur fond de crise migratoire, fait exploser la solidarité européenne et provoqué le Brexit et la poussée des mouvements contestataires. Emmanuel Macron, au logiciel daté des années 70, s'est isolé avec un discours grandiloquent déconnecté de la réalité. Face à cela, plusieurs attitudes sont possibles. La première pourrait s'appeler «option du guépard», à l'instar du film éponyme: «Tout changer pour que rien ne change». Elle consiste, après la phase d'un diagnostic plus ou moins sombre qui permet d'exorciser de manière cathartique les remords d'une Droite qui s'est souvent trompée, de continuer à proposer exactement les mêmes solutions politiques que d'habitude. S'ensuit donc une liste impressionnante de souhaits tous plus ambitieux les uns que les autres: «plus d'harmonisation fiscale, pour un nouveau fonds d'intervention, pour une augmentation du budget, pour des ressources propres, pour une nouvelle étape de la construction européenne, pour une Europe de la Défense, de l'Énergie etc.»
Avant de clamer qu'il faut une Europe de ceci ou de cela, il faudrait déjà qu'il y ait une Europe tout court.
Cette fuite en avant est un faux-semblant. Elle ne veut pas voir que le projet européen est encalminé et risque d'emporter les Nations qui composent l'Europe dans sa chute. Avant de clamer qu'il faut une Europe de ceci ou de cela, il faudrait déjà qu'il y ait une Europe tout court capable de correctement gérer les politiques qu'on lui a confiées par le passé. Lorsqu'on voit que malgré la PAC, la France a régressé dans son potentiel agricole, et qu'elle est en passe de devenir importatrice nette dans quelques décennies, il y a lieu de s'inquiéter. En réalité, refuser de tirer les conséquences lucides des erreurs du passé est un mauvais service à rendre à l'Union européenne. Tout occupés à se projeter, ne perdons pas de vue la base de départ. L'Europe est le petit problème: le grand problème est la France, qui a perdu tous ses leviers d'action - monétaire, budgétaire, agricole, industriel - qu'elle a sacrifiée pour bâtir une Europe censée démultiplier son influence. Problème: un multiple de zéro reste un zéro. L'option alternative est de croire en la France, en brisant d'entrée un axiome qui s'est insidieusement imposé, comme quoi «la France est trop petite pour survivre seule».
Sans nier que l'Union est un acteur indispensable pour peser, à condition qu'elle fonctionne, il faut arrêter avec le discours capitulard expliquant qu'on ne croit qu'aux grands ensembles continentaux pour exister dans la mondialisation. La grandeur de la France est un objectif.
Où est l'indépendance aujourd'hui ? Nulle part.
Son indépendance en est la conséquence. La puissance en est la clé. Or, où est l'indépendance aujourd'hui? Nulle part. Nous sommes devenus une colonie numérique américaine, librement vassalisée par les GAFAM. Nos voisins n'ont pas la même sensibilité que nous à ce sujet, ayant accepté depuis plusieurs décennies, le parapluie américain en matière de Défense. Nous sommes devenus une puissance désindustrialisée et donc vulnérable, au nom de la constitution du marché unique et de la nécessité de bâtir des géants européens. Nos fleurons ont été démantelés, avec la complicité naïve de gouvernements décidés à sortir du colbertisme: liquider en 20 ans, 200 ans d'acquis, un record. Nous sommes devenus un pays incapable de maîtriser ses frontières et le flux migratoire, provoquant ainsi le blocage du jeu démocratique par peur de cautionner les solutions du Front National. Nous sommes devenus un pays incapable de mettre ses comptes à l'équilibre, qui a délégué à Francfort le soin de battre monnaie et à Bruxelles les clés du Trésor. Face à cela, sauf à vouloir provoquer un accident démocratique majeur, il convient de récupérer les instruments qui permettent au politique de justifier son existence en permettant l'alternative du choix démocratique. Alors que le débat sur l'Europe s'ouvre aux Républicains, nous proposons que notre ligne emprunte 8 points de passage obligés pour tracer en pointillé un nouveau cap:
Premièrement, s'affranchir du piège tendu par le Frexit mais afficher clairement le refus d'une Europe fédérale comme objectif de la construction actuelle, ce qui signifie mettre fin aux transferts de souveraineté et à la marche forcée vers l'harmonisation ;
Deuxièmement, limiter l'Union européenne à la civilisation européenne, ce qui revient à fermer la porte à la Turquie mais ouvrir des négociations avec la Russie, et donc s'émanciper de la politique étrangère américaine ;
Il faut construire des coopérations avec quelques États en «débruxellisant» l'UE.
Troisièmement, remettre les parlements nationaux au cœur de la mécanique institutionnelle en supprimant au passage le rôle politique de la Commission ;
Quatrièmement, construire des coopérations avec quelques États en «débruxellisant» l'UE, sur des sujets immédiats comme la construction d'un Amazon ou un Google Européen, capable de nous protéger des fausses informations et des espionnages divers et variés ;
Cinquièmement, instaurer dans la constitution la primauté de la loi française sur le droit européen dérivé, lorsque cette dernière est postérieure, afin de permettre à un Parlement de suspendre par une loi de souveraineté l'application d'un texte qui porte atteinte à nos intérêts. Ce n'est qu'ainsi qu'on mettra fin à l'illusion d'une construction fédérale: imagine-t-on les résolutions de l'assemblée générale des Nations Unies l'emporter sur la loi? ;
Sixièmement, remettre la notion de service public au cœur de la logique européenne en mettant fin à la politique de libre concurrence sans limite et en protégeant nos derniers fleurons français sous monopole ;
Septièmement, s'engager à voter contre toute nouvelle libéralisation commerciale, qu'il s'agisse du Mercosur ou du CETA ;
Huitièmement, assouplir les critères de Maastricht en excluant les investissements d'avenir (santé, éducation) ou les dépenses que la France endosse en matière de sécurité extérieure (Opex, nucléaire) pour le plus grand bénéfice de nos voisins. L'heure est venue non seulement de changer de discours mais aussi de mettre en place les mesures susceptibles de permettre une réorientation de l'Union. A défaut, le débat se cantonnera à ceux qui affichent clairement leur fédéralisme et ceux qui n'en veulent pas mais qui le construisent quand même. Or, les jusqu'au-boutistes prennent le sujet par le mauvais bout.
Il faut oser une autre Europe, une Europe de Nations souveraines, une Europe qui n'est pas l'avenir de la France, ni même sa substitution, mais un complément utile pour sa grandeur et son destin.
Tribune écrite par Julien Aubert, député de Vaucluse, président d'Oser la France.
Cosignée par:
-Thibault Bazin, député de Meurthe-et-Moselle, vice-président d'Oser la France
-Valérie Beauvais, députée de la Marne et vice-présidente d'Oser la France
-Jean-François Parigi, député de Seine-et-Marne et vice-président d'Oser la France
-Bérengère Poletti, députée des Ardennes et vice-présidente d'Oser la France
-Patrice Verchère, député du Rhône et vice-président d'Oser la France
-Stéphane Viry, député des Vosges et vice-président d'Oser la France
-René Danesi, sénateur du Haut-Rhin
-Alain Dufaut, sénateur de Vaucluse
-Bernard Fournier, sénateur de la Loire
-Olivier Paccaud, sénateur de l'Oise -Philippe Pemezec, sénateur des Hauts-de-Seine
-René-Paul Savary, sénateur de la Marne
-Jean-Philippe Mallé, ancien député PS et vice-président d'Oser la France
-Bernard Carayon, maire LR de Lavaur et conseiller régional d'Occitanie, vice-président d'Oser la France
-Stéphane de Sallier Dupin, conseiller régional de Bretagne
-Stéphane Sauvageon, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte D'Azur
-Thierry Horry, conseiller régional du Grand Est et maire de Marly
-Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse en charge de la sécurité et conseiller métropolitain de Toulouse Métropole
-Gurval Guiguen, conseiller municipal et métropolitain de Rennes
-Jean-Claude Castel, conseiller départemental des Alpes-de-Haute-Provence et maire de Corbières
-Alexandre Rassaërt, maire LR de Gisors et conseiller départemental de l'Eure
-Pierre Laget, adjoint au maire des 11ème & 12ème arrondissements de Marseille chargé des Finances
-Jean-Louis Ghiglione, adjoint au maire de Chatenay-Malabry
-Nicolas Leblanc, adjoint au maire de Maubeuge
-Jérôme Besnard, conseiller municipal de Mont-Saint-Aignan.
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En Suède, la tolérance se fissure à l'égard des demandeurs d'asile (29.06.2018)
Par Frédéric Faux
Mis à jour le 29/06/2018 à 17h28 | Publié le 29/06/2018 à 17h12
Le royaume nordique a durci sa législation, mais vient de permettre à 9.000 mineurs déboutés de l'asile de retenter leur chance… Signe des tensions sur la question migratoire à dix semaines des élections.
Stockholm
«Parlez moins de migration, et plus d'économie.» Cette injonction, faite par la secrétaire générale du puissant syndicat suédois IF Metall au premier ministre social-démocrate Stefan Löfven, lui-même ancien dirigeant de ce syndicat, illustre bien l'ambiance délétère qui règne en ce moment en Suède, l'un des derniers pays d'Europe où la social-démocratie est encore au pouvoir.
Si le royaume nordique a enregistré 400.000 demandes d'asile depuis 2012 - soit une pour 25 habitants, un record en Europe -, il peut aussi se prévaloir d'une économie florissante: le chômage est descendu sous la barre des 7 %, la croissance dépasse les 3 %, le budget est en excédent. Malgré ces performances, le gouvernement de Stefan Löfven est sous pression. Depuis 2014, il a perdu un sympathisant sur quatre.
Fermeture des vannes de l'immigration
Pour les élections de septembre, les sondages annoncent déjà les Démocrates de Suède comme la deuxième force du pays, et même la première chez les électeurs masculins. Comme en Allemagne, ce parti d'extrême droite prospère sur la crise migratoire. Son étoile montante Jimmie Akesson, un ancien webdesigner de 39 ans, pourrait empêcher la formation d'un futur gouvernement, tous les autres chefs de parti refusant pour l'instant de travailler avec lui.
Pour contrer cet inéluctable glissement, Stefan Löfven a fermé les vannes de l'immigration dès la fin 2015, en réinstaurant un contrôle des passeports sur le pont de l'Oresund, qui relie la Suède au reste de l'Europe, et en prenant en juin 2016 des mesures temporaires de durcissement des règles d'asile. Mais depuis quelques mois, sa politique est devenue illisible. Le 4 mai, il annonçait que ces mesures temporaires - quota d'«environ 14.000» réfugiés par an, généralisation du permis de séjour de trois ans (auparavant à durée indéterminée), regroupement familial et aides sociales seulement pour ceux qui obtiennent le statut de réfugiés - devenaient définitives. Mais un mois plus tard, il accordait aux mineurs demandeurs d'asile arrivés en Suède en 2015 et déboutés le droit de déposer un nouveau dossier, à condition d'entreprendre des études dans le royaume. Cette mesure d'amnistie prend effet le 1er juillet et pourrait concerner 9.000  jeunes.
«Les électeurs ne distinguent plus la ligne politique des sociaux-démocrate et au final, tous les partis baissent dans les sondages, sauf l'extrême droite»
Anders Lindberg, rédacteur en chef politique du quotidien «Aftonbladet»
Alors que Stefan Löfven qualifie ce louvoiement de «retour à une politique sociale-démocrate traditionnelle de l'asile», ses détracteurs y voient soit une droitisation, destinée à séduire les électeurs des Démocrates de Suède, soit dans le cas de l'amnistie une concession faite aux Verts, qui menaçaient de quitter la coalition gouvernementale. «Les sociaux-démocrates ont essayé de désamorcer le sujet migratoire, mais ils n'ont fait qu'ajouter à la confusion, constate Anders Lindberg, rédacteur en chef politique du quotidien Aftonbladet. Les électeurs ne distinguent plus leur ligne politique et au final, tous les partis baissent dans les sondages, sauf l'extrême droite.» «L'agenda des élections va être différent cette année, ajoute Karin Eriksson, reporter politique au Dagens Nyheter. Ce n'est plus l'économie, la santé, les retraites qui vont être décisives, mais les réponses à la crise migratoire.»
Cette question fait aujourd'hui bouger les lignes politiques en Suède. Le flux migratoire s'est considérablement réduit - seulement 27.000 demandes d'asile en 2017 -, mais le pays est confronté comme d'autres en Europe à la résistance des déboutés qui ne peuvent pas ou ne veulent pas retourner dans leur pays d'origine. En 2015, avant la crise migratoire, seuls 13 % des Suédois pensaient que l'immigration était néfaste pour le pays ; cette année, ils sont 31 %.

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François d'Orcival : «Le droit d'asile, prérogative de l'État» (29.06.2018)
Par François d'Orcival
Publié le 29/06/2018 à 09h00
Sous les IIIe et IV e Républiques, les réfugiés en grand nombre étaient «mis à l'abri» dans des «centres fermés».
Des «centres fermés»… L'idée n'est pas nouvelle, elle nous vient de la République (IIIe du nom), radicale, socialiste, humaniste et «fraternelle», qui n'avait guère d'états d'âme à l'égard de ses réfugiés. Elle avait pourtant tous les motifs d'être accueillante, entourée qu'elle était par les dictatures hitlérienne et mussolinienne, alors que se déroulait en Espagne une atroce guerre civile entre communistes et anarchistes d'un côté, franquistes nationalistes de l'autre.
La France avait vu arriver 150.000 réfugiés espagnols durant les premières années de cette guerre. A la fin de 1938 et au début de 1939, quelque 500.000 autres traversèrent les Pyrénées. Près des deux tiers furent dirigés vers des camps où ils furent «mis à l'abri». Par souci de protection du territoire.
Un premier décret, du 2 mai 1938, indiquait: «Le nombre sans cesse croissant d'étrangers résidant en France impose au gouvernement d'édicter certaines mesures que commande impérieusement le souci de la sécurité nationale, de l'économie générale du pays et de la protection de l'ordre public.» Les mesures annoncées firent l'objet d'un décret-loi du 12 novembre 1938. Les étrangers jugés «indésirables», disait-il, «seront astreints à résider dans des centres dont la désignation sera faite par décret…»
Hors l'accueil des persécutés et des combattants de la liberté, le droit d'asile ne s'impose pas ; il est de la seule souveraineté de l'Etat
Les centres fermés en question furent rapidement construits, surtout dans le Midi: Argelès, Agde, Collioure, Canjuers, Rivesaltes, etc., tandis que d'autres réfugiés étaient embarqués pour l'Algérie. Toutes choses décidées par un président du Conseil radical, Edouard Daladier (qui venait de signer les accords de Munich), et un ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, «vieux routier» tout aussi radical.
Ces camps demeureront sous l'Occupation. A la Libération, la IVe République prévoira dans le préambule de sa Constitution que «tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur le territoire de la République».
C'est l'origine du droit actuel. La convention de Genève de 1951, inspirée par les persécutions de la Shoah et les déplacements de populations d'après-guerre, prolongera le droit des «réfugiés et apatrides». Hors l'accueil des persécutés et des combattants de la liberté, le droit d'asile ne s'impose pas ; il est de la seule souveraineté de l'Etat. En France, ce principe remonte aux Capétiens.
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Une majorité de Français estime que l'Hexagone accueille «trop» de migrants (28.06.2018)
Par Alain Barluet et Service InfographieMis à jour le 29/06/2018 à 10h28 | Publié le 28/06/2018 à 21h17
SONDAGE - Près de trois quart des personnes interrogées jugent que l'action du gouvernement n'est «pas à la hauteur» des enjeux de la crise migratoire, selon une enquête Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro.
Pour six Français sur dix, le pays accueille «trop» de migrants. Même les sympathisants de gauche ne pensent pas que la France n'en accueille «pas assez», selon un sondage réalisé mardi et mercredi auprès d'un échantillon représentatif de 967 Français, par Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro. Sans surprise, c'est parmi les sympathisants du Rassemblement national (ex-FN) que l'on compte le plus de Français jugeant que les migrants sont accueillis en nombre excessif (98 %).
Cette position atteint 76 % chez Les Républicains (LR), 42 % parmi La République en marche (LaREM) et tout de même 36 % dans les rangs de la France insoumise. Au total, toutes sensibilités confondues, il y a six fois moins de Français estimant que l'on ne reçoit «pas assez» de migrants (10 %) que ceux qui pensent qu'on en accueille «trop» (60 %). Pour 30 % des Français, le pays accueille «le bon nombre de migrants», c'est-à-dire ni trop ni pas assez. Ce chiffre atteint 45 % pour la LaREM et pour le Parti socialiste, il est à 18 % chez LR.
L'Europe critiquée
Dans leur ensemble les Français jugent très nettement (73 %) que l'action du gouvernement n'est «pas à la hauteur» des enjeux de la crise migratoire. En lisant le sondage, Emmanuel Macron aura toutefois la satisfaction, très relative, de constater que la défiance à l'égard de la politique migratoire était encore plus forte sous le précédent quinquennat (82 % en 2015). Les sympathisants LR, qui pourraient voir plutôt favorablement certains volets de l'action gouvernementale, sont en revanche largement défavorables à sa politique migratoire (76 %). Selon Céline Bracq, la directrice générale d'Odoxa, «cela peut expliquer la radicalisation des positions des leaders de la droite, dont Laurent Wauquiez. S'il n'en retire aucun bénéfice, c'est que la surenchère verbale ne convainc pas les Français et qu'ils se montrent assez désabusés à ce sujet, les gouvernements peinant à les convaincre sur leur politique d'immigration».
Sur ce thème, les critiques se sont également renforcées à l'égard de l'Europe: 73 % des Français ne lui font pas confiance pour régler la question des migrants, davantage qu'en 2015 (+ 7 points).


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«C'est quand la paix est revenue en Afrique que se sont déclenchées les migrations» (29.06.2018)
Par Pierre Vermeren
Publié le 29/06/2018 à 19h40
TRIBUNE - Les conflits ont cessé dans la plupart des pays d'Afrique, explique le professeur d'histoire du Maghreb contemporain à Paris-I Panthéon-Sorbonne*. La grande majorité des migrants ne fuient pas la guerre, mais la misère. Or une partie importante de ces personnes comptent parmi les plus aptes à sortir le continent africain du sous-développement. Loin de soulager l'Afrique, les migrations l'appauvrissent donc de façon dramatique, démontre l'historien, Pierre Vermeren*.
Les migrants de l'Aquarius, à qui a été promis le paradis européen, s'efforçaient d'échapper non pas aux guerres - l'Afrique n'en compte plus beaucoup - mais aux plaies ordinaires du continent: fragilité voire inexistence des États, corruption des fonctionnaires, exactions des polices, des mafias et des groupes islamistes radicaux, inégalités sociales extrêmes, absence de couverture sociale, travail sous-payé, brutalité des rapports sociaux, de genre et de classe, carence en logements et en infrastructures.
Ce quotidien, lot de plusieurs milliards d'habitants du tiers-monde, est l'inverse exact du Lunapark permanent que la société de loisir occidentale projette sur Internet et sur les écrans du monde entier. Quand celle-ci porte aux nues des histoires édifiantes, telle la romance du jeune footballeur africain de talent au bras d'un top model européen, combien d'infortunés sont prêts à tout, jusqu'à risquer leur vie, pour accomplir ce rêve d'homme?
Il est pourtant à craindre que le cimetière méditerranéen renferme plus d'espoirs avortés que l'Europe ne recèle de telles success stories. Entre 1993 et 2017, 33.293 personnes identifiées, essentiellement issues d'Afrique, seraient mortes noyées en Méditerranée selon une étude allemande parue à l'automne 2017. Combien de centaines de milliers d'autres ont été exploitées au travailou sexuellement, ou sont marquées par les affres d'une existence brutale et précaire?
«Jamais, dans les médias, la parole n'est donnée aux acteurs africains - sur ce sujet pas plus que sur un autre»
Les migrations mondiales en cours donnent lieu en Occident à un championnat où ferraillent la morale (religieuse et laïque) et les intérêts (électoraux, économiques). Très peu d'acteurs s'intéressent aux migrants en tant qu'êtres humains individualisés, et encore moins aux sociétés qui les font fuir par millions. Jamais, dans les médias, la parole n'est donnée aux acteurs africains - sur ce sujet pas plus que sur un autre. Il en va ainsi des gouvernants, des familles soit quittées soit abandonnées par les migrants, des patients qui se retrouvent sans médecins, des promoteurs de la migration qui vivent de ce commerce, ou même des immigrés, sauf en cas de drame (comme après les ventes d'esclaves en Libye, ou lors d'un naufrage particulièrement meurtrier). La migration est considérée comme une catastrophe naturelle qu'il faut accepter ou subir, mais dont on ne songe pas à établir les causes, les impasses ni les circonstances.
Un collectif sans visage
Personne ne se demande pourquoi, durant la grande famine chinoise des années 1960, la misère indienne des années 1970 et la sécheresse doublée de famine au Sahel des années 1980, ou lors des conflits d'Afrique des années 1990 qui ont fait de 10 à 20 millions de morts, un nombre infime de migrants a quitté ces continents. C'est quand la paix est revenue en Afrique, que les conflits se sont apaisés (même dans la Corne du continent), alors que la croissance n'a jamais été si forte depuis les années 1960, que se déclenchent les migrations. La propension à considérer les migrants comme un collectif sans visage, une fatalité que le destin jette sur les routes de l'Occident est donc biaisée.
C'est oublier que ceux qui partent et les organisateurs de la migration, qu'ils se trouvent au nord ou au sud, ont des objectifs précis, parfaitement identifiables. Suivons dans l'ordre les étapes de la migration: les pays émetteurs, puis les organisations internationales, enfin les pays récepteurs.
Parmi les pays émetteurs, certains sont des pays en guerre. La Syrie reste la tragédie majeure de ce début de siècle. Mais n'oublions pas que la vague de migrants syriens en Europe a été pilotée par Ankara en 2015-2016, jusqu'à ce que les autorités turques obtiennent le paiement d'une importante compensation financière par Berlin.
Il est en outre exceptionnel que les victimes de la faim ou des catastrophes climatiques prennent la route, car la migration est un processus économique coûteux qui doit être financé (par les gouvernements, les familles ou les mafias).
«L'essentiel des migrations ­forcées est dû aux entreprises mafieuses, dont le Nigeria semble le principal pourvoyeur en Europe»
La migration concerne des individus plutôt aisés des sociétés en développement, hormis ceux proches de l'objectif qu'ils souhaitent atteindre, à l'instar des Mexicains et des Marocains dans les années 1990, ce qui permet une émigration moins ciblée. Mais de façon générale, étudiants, diplômés chômeurs ou cadres sont les plus susceptibles de pouvoir améliorer leur sort. Pendant la guerre civile algérienne, la totalité des professeurs de français et un grand nombre d'universitaires et d'intellectuels francophones ont été chassés vers la France. Près de la moitié des médecins africains exerceraient hors du continent, où les conditions d'exercice de la médecine sont exécrables - la plupart du temps, biens publics et matériels affectés à la santé sont volés, détournés ou revendus à vil prix par des cadres de santé, dans l'indifférence ordinaire des gouvernements du continent.
Quant aux migrations forcées, elles sont organisées soit par les familles elles-mêmes, soit, le plus souvent, par les groupes mafieux. Les mineurs relèvent des deux catégories. Quand ils sont envoyés en éclaireurs par les familles, leur installation vise à faire venir le reste de la famille, ou au moins à envoyer des devises au pays. Parfois, de surcroît, des gouvernements sans scrupules en profitent pour se débarrasser de jeunes mineurs orphelins ou délinquants présents dans les capitales des pays du Sud (on en voit actuellement les dramatiques conséquences à Rennes ou à Paris).
Mais l'essentiel des migrations forcées est dû aux entreprises mafieuses, dont le Nigeria semble le principal pourvoyeur en Europe: le trafic de prostituées et de jeunes enfants en direction de l'Italie, que les mafias répartissent sur le continent, se double du trafic lié à la distribution de cocaïne. Beaucoup de migrants, utilisés par les cartels, ingèrent et transportent des milliers de capsules de cocaïne qui seront restituées en Europe.
Ces formes de migrations, qui oscillent entre la traite d'êtres humains et l'esclavage, contribuent à maintenir certains secteurs de l'économie africaine dans le sous-développement, la violence, voire la criminalité, c'est-à-dire le contraire d'une migration émancipatrice. Au demeurant, la migration des étudiants (quand elle est sans retour) et celle des cadres ont des conséquences tout aussi négatives à l'autre bout de la chaîne. Parmi les personnes les plus susceptibles de sortir le continent africain du sous-développement, des millions ne reviendront jamais.
Une perte sèche
Que les raisons personnelles des intéressés soient bonnes ou mauvaises, les conséquences sur l'industrie, l'environnement et la santé de leurs pays d'origine sont catastrophiques. La perte de cadres coûteusement formés par des États pauvres est une perte sèche. C'est ce que pensent de nombreux dirigeants africains, qui accusent l'Europe de les piller et de pratiquer la «traite des cerveaux». Certes, la migration suscite de forts transferts monétaires, mais des millions de familles en Égypte, en Kabylie, au Sénégal, au Mali, dans le Sud tunisien, dans le Rif ou le Souss marocains sont de ce fait maintenues sous une perfusion qui confine à la mendicité, dispensant par là même les États de ces pays des investissements utiles.
À l'inverse, du côté des organisations internationales, en 2000, un prérapport de l'ONU, intitulé «Migration de remplacement: une solution aux populations en déclin et vieillissantes», annonçait que l'Europe avait besoin de 139 millions de migrants d'ici à 2025 pour maintenir sa croissance face à son déclin démographique. Ce rapport traduit la conviction prépondérante parmi les décideurs européens et onusiens: il faudrait intensifier ces migrations non pour le bien des pays pauvres mais au service des pays riches vieillissants.
«Dans les pays riches, les impératifs économiques ne dictent pas les migrations : ce sont des choix politiques qui forgent des options économiques et un modèle de croissance»
Cette politique, qui est à l'œuvre en dépit des réticences de plus en plus marquées des peuples d'Europe, n'améliore vraiment ni le sort de l'Afrique ni celui de l'Europe. En Europe, la croissance économique faible et la légère croissance démographique due aux migrations, s'équilibrent pour faire stagner la richesse produite par habitant. Alors qu'au Japon stagnation du PIB et baisse de la population en l'absence d'immigration permettent une légère croissance des niveaux de vie. Deux modèles s'opposent: croissance des facteurs (en France) contre progrès technique (au Japon, notamment en robotique).
Dans les pays riches, les impératifs économiques ne dictent pas les migrations: ce sont des choix politiques qui forgent des options économiques et un modèle de croissance. La France, par exemple, a fait le choix d'une économie financière et de consommation qui produit de moins en moins de biens matériels, dopée par l'endettement public que soutiennent les banquiers: elle a donc besoin d'un flux stable de nouveaux consommateurs que lui offrent les migrants et leurs enfants, y compris les moins qualifiés, pour faire fonctionner ses grandes entreprises (bâtiment, distribution, téléphonie, économie sociale hors marché).
«Dans ce vaste marché mondial des producteurs et des consommateurs, chacun pousse ses intérêts»
À l'inverse, l'Allemagne a fait le choix d'une économie de production de haut de gamme, qui lui impose des migrants qualifiés pour «faire tourner» la machine industrielle et l'agriculture. Son ouverture aux diplômés syriens a été à cet égard décevante, car la très grande majorité n'a pas les compétences nécessaires pour occuper les emplois proposés, outre l'obstacle de la langue allemande. Quant au Canada, économie de la connaissance comme en rêvait l'Europe il y a quinze ans, il fait appel à une migration d'ingénieurs et de cadres que lui permet son «insularité», très loin des grands bassins de migrants.
Dans ce vaste marché mondial des producteurs et des consommateurs, chacun pousse ses intérêts. La mobilité des hommes rebaptisés «migrants» est un des rouages de la grande machine économique mondiale. C'est une explication de la promotion d'un modèle, meurtrier, qui favorise si peu le développement du continent africain.
* Ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé et docteur en histoire, Pierre Vermeren a publié de nombreux ouvrages salués par la critique, en particulier Le Choc des décolonisations. De la guerre d'Algérie aux printemps arabes (Odile Jacob, 2015), La France en terre d'islam. Empire colonial et religions (Belin, 2016) et Histoire du Maroc depuis l'indépendance (La Découverte, coll. «Repères», 5e édition, 2016).

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Ivan Rioufol : «Les mondialistes confrontés à leurs erreurs» (28.06.2018)
Par Ivan Rioufol
Publié le 28/06/2018 à 20h05
CHRONIQUE - Le président français rejette les pays d'Europe qui ont fait de la question identitaire et de la lutte contre l'islam conquérant le centre de leur politique. Or, dans le rapport de force que Macron impose aux populistes européens, ces derniers mènent la danse.
Leur haine fait pitié: c'est celle des désespérés. Nicolas Dupont-Aignan a subi la rage de Laurent Ruquier et de sa bande, samedi soir sur France 2. Pour avoir moqué leur «petite caste», qui louange l'immigration pour la galerie, le président de Debout la France s'est fait lyncher par la meute «progressiste». Ainsi se comportent les mondialistes. Ils vivent comme une insulte les repliements qui leur donnent tort. Jusqu'alors, ces petits-maîtres se contentaient de réfuter les réalités, en disqualifiant les observateurs. Cependant les évidences sont devenues énormes. Certes, le discours officiel persiste à soutenir que les arrivées de clandestins ne constituent pas un problème migratoire, ou que la critique de l'emprise islamiste en France est un populisme hérité du nazisme. Mais ces bobards font rire. Les propagandistes ont la méchanceté des vaincus. Ce soir-là, Dupont-Aignan a gagné. C'est aussi à ces petits signes que se lit l'effondrement d'une époque.
C'est la panique chez les faussaires. Même Jacques Toubon, Défenseur des droits, en oublie ses leçons de rigueur. Dans le JDD, il déclare: «Partout la peur, l'idée de submersion - fausse, le solde migratoire en France est nul sur les périodes des trente dernières années - guident les opinions et les choix politiques.» Or ce solde, c'est-à-dire la différence entre les entrées et les sorties, est de 60.000 environ. Il a longtemps été à 100.000. Surtout, Toubon oublie de préciser que ce chiffre est principalement dû au départ des Français les plus diplômés, tandis que les arrivants sont des étrangers moins formés. Bref, la France continue d'exporter des bac + 5 et d'importer des bac - 5. En 2015, elle a enregistré 364.000 entrées, contre 297.000 départs. Reste que les bidonneurs n'ont pas fini d'abuser les esprits et de moquer les «peurs», tout en craignant «la parole libérée».
Les mondialistes, qui brodent sur le spectre des années 1930, sont ce qu'ils dénoncent : ils détestent le peuple et la démocratie, et laissent l'islamo-fascisme en paix
Dans ce contexte tendu, le chef de l'État souffle sur les braises quand il compare le populisme à «une lèpre qui monte». Il a lancé cet assaut le 21 juin à Quimper. Emmanuel Macron vise ceux qui défendent les nations, les frontières, et s'opposent à davantage d'immigration. Ce faisant, il suggère la mise au ban des Français soucieux de préserver leur culture et d'éradiquer le totalitarisme islamique, cette authentique «peste verte» qu'il ignore. Plus généralement, le président rejette les pays d'Europe qui ont fait de la question identitaire et de la lutte contre l'islam conquérant le centre de leur politique. Or, dans le rapport de force que Macron impose aux populistes européens, ces derniers mènent la danse. Angela Merkel, affaiblie, est sa seule alliée d'envergure, avec le pape François (voir mon blog). Mais leur commune indifférence au besoin de protection des peuples les marginalise à leur tour.
La «lèpre» que dénonce Macron est dans l'article 2 de la Constitution, sur le principe de la République: «gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple». La menace populiste n'est autre que le retour du citoyen dans l'Histoire. Les mondialistes, qui brodent sur le spectre des années 1930, sont ce qu'ils dénoncent: ils détestent le peuple et la démocratie, et laissent l'islamo-fascisme en paix. «Pas d'amalgame!» exigent-ils avec raison pour différencier le djihadiste du musulman. Mais eux-mêmes mêlent extrémistes et patriotes. Dimanche, la Direction générale de la sûreté intérieure a opportunément interpellé dix membres d'«ultradroite», soupçonnés de visées terroristes. Parce qu'il serait reproché à ce groupe de vouloir répondre par la violence à l'islamisation de la France, ceux qui entendent y résister pacifiquement sont mis dans le même sac. Pour la pensée d'État, ceux qui évoquent le risque de guerre civile sont des lépreux qui s'ignorent.
Autorité affaiblie
N'en déplaise aux vendeurs de vivre ensemble, la menace d'une guerre interne n'est pas une vue de l'esprit. «Avec la rupture des années 2015 et 2016, nous avons changé d'époque. […] La paix ne va plus de soi», avait déclaré en décembre 2016 le général Pierre de Villiers, avant qu'il ne démissionne de son poste de chef d'état-major des armées. François Hollande, alors président, avait admis à deux journalistes du Monde : «Comment peut-on éviter la partition? Car c'est quand même ça qui est en train de se produire: la partition.» Face à l'apathie des pouvoirs publics, comment ne pas comprendre les inquiétudes de ceux qui n'oublient pas les 230 victimes, en France, du terrorisme islamique depuis janvier 2015? Chercher à criminaliser cette crainte, au prétexte qu'elle met en cause l'islam politique, est une trahison. En juin 1941, de Gaulle confiait: «Je pense qu'il faudrait désormais songer… aux moyens d'arrêter la progression communiste en Europe (1).» Macron, tout à sa guerre inutile contre les populistes, ne songe pas aux moyens d'arrêter la progression islamiste en Europe. L'Histoire jugera.
Au moins le président aurait-il pu donner corps à sa fonction, en assurant sans faiblir son apparente autorité monarchique. Lors des dernières commémorations de l'appel du 18 Juin, Macron avait fait la leçon à un jeune Gavroche qui l'avait interpellé: «Ça va, Manu?» Le chef de l'État: «Tu m'appelles Monsieur le Président de la République, ou monsieur.» Le lycéen, filmé par les réseaux sociaux, s'était immédiatement excusé. Or, le 21 juin, Fête de la musique, le couple présidentiel s'est fait photographier à l'Élysée, entouré d'un groupe «électro» se présentant comme «fils d'immigrés, noirs et pédés». Les accoutrements étaient aussi vulgaires que les paroles des textes traduits: «Ce soir, brûlons cette maison», « Ne t'assieds pas, salope», «Suce ma bite et lèche mes boules», «Danse, enculé de ta mère», etc. Répondant aux indignés, Christophe Castaner, proche de Macron, a raillé leur «racisme» et leur «homophobie».
Les «lépreux» ont raison
Macron se réveillerait-il enfin, face au risque réel de fracture de l'Union européenne? Mardi, il a reconnu que certaines organisations non gouvernementales (ONG) naviguant en Méditerranée font bien le jeu de la mafia des passeurs de clandestins. Cela fait des semaines que les populistes Orban (Hongrie) et Salvini (Italie) dénoncent ce scandale, au grand dam des mondialistes. Les deux «lépreux» avaient donc raison…
Erratum: la semaine dernière, j'ai attribué par erreur à saint Vincent de Paul: «Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit.» Il s'agit de saint François de Sales.
(1) François Kersaudy, Le Monde selon de Gaulle, Tallandier.

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Natacha Polony : «Bisounourserie nationale universelle» (29.06.2018)

Par Natacha Polony
Publié le 29/06/2018 à 18h25
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Après des mois de vives discussions, le service national universel commencera en 2019. Une polémique qui «restera dans les annales politiques comme mètre-étalon du torpillage», pour notre chroniqueuse.
Il faut beaucoup d'efforts et de constance pour vider une idée soutenue par une très large majorité des citoyens. On pressent cependant que le cas du service national universel restera dans les annales politiques comme mètre-étalon du torpillage. Il faut dire qu'ils s'y sont mis à plusieurs. Mais le résultat est concluant: nous allons donc «renforcer la résilience de notre communauté nationale», pour reprendre les mots du président de la République, en envoyant les jeunes de 16 ans un mois en colonie de vacances avec cours de catéchisme républicain - puisque douze ou treize ans dans les classes n'ont pas été suffisants.
Puis ces jeunes gens seront invités à s'investir dans le milieu associatif. Pendant deux semaines, donc. Le temps de prendre leurs marques, et hop, ils rentreront chez eux. Ce qui n'est pas bien grave puisque, en tant que mineurs, ils n'ont aucun droit d'exercer la moindre responsabilité. Tout au moins le projet prévoit-il de les loger en internat, si possible loin de chez eux, dans un but de brassage social. Vœu pieux, là encore, puisque leur statut de mineur permettra aux parents de protester contre l'intolérable atteinte à leur liberté, voire les mauvais traitements infligés aux chers petits si on les oblige à se lever un peu tôt ou que l'éloignement leur pèse.
Les premiers à avoir permis ce chef-d'œuvre d'inutilité sont les militaires, qui ont tout fait - on les comprend, au vu du budget de nos armées - pour ne pas écoper de la garderie. Il y eut également les associations censées représenter la jeunesse - comme si celle-ci était une classe sociale douée de son identité propre et non un âge transitoire -, tous ces syndicats étudiants offusqués à l'idée qu'on puisse imposer quoi que ce soit à des jeunes gens au nom du Bien commun. Parce que le Bien commun, n'est-ce pas, il ne faudrait tout de même pas qu'il nous empêche de jouir sans entraves et de vivre sans temps mort… Des droits à, mais surtout pas le devoir de…
En janvier 2015, peu après les attentats, un sondage Ifop donnait 80 % des Français en faveur d'un service national
On peut inclure également dans le lot des fossoyeurs tous ces bons apôtres qui déplorent la fracturation de la communauté nationale mais ne voient vraiment pas en quoi un service national pourrait constituer un ciment. Les fatalistes adeptes du «ah là là, c'est compliqué», les sceptiques qui, sous prétexte qu'il «ne faut pas croire aux miracles et fantasmer sur le bon vieux service militaire», considèrent qu'il est urgent surtout de ne rien faire. On peut y adjoindre les comptables, souvent de droite, pour qui tout cela coûte beaucoup trop cher, puisque la colonne «investissements» n'existe pas dans leurs tableaux Excel, et les bonnes âmes, souvent de gauche, pour qui «service», «national» et «universel» sont déjà trois mots de trop.
En janvier 2015, peu après les attentats, un sondage Ifop donnait 80 % des Français en faveur d'un service national. Pour «répondre aux enjeux» des attentats, la majorité socialiste avait préféré voter la loi «égalité et citoyenneté» qui, en plus de l'extension du service civique, prévoyait des constructions de HLM, le doublement de la peine pour les injures racistes et même un amendement pour interdire la fessée…
Enfin, l'on peut saluer le président lui-même, dont les volte-face en la matière ont permis ce fiasco. Un mois, trois mois, puis de nouveau un mois… Pour les 18-21 ans, non, finalement, pour les lycéens… On subodore qu'Emmanuel Macron, quand il avait lancé cette idée pendant la campagne présidentielle, n'avait sans doute pas pris le temps de réfléchir au-delà du coup de com' électoraliste. Aussi oserons-nous lui suggérer quelques pistes de réflexion.
Notre pays souffre d'une fracturation dont les dimensions sont multiples. Fracturation sociale, tant il est vrai que le séparatisme urbanistique, la disparition de tous les lieux de sociabilité, l'endogamie croissante accentuent les effets du creusement des inégalités. Fracturation géographique, également, quand le fossé se creuse entre les métropoles et tout le reste du territoire, villes moyennes et villages, quand les pauvres sont assignés à résidence tandis que les élites cultivent hors de France leur nomadisme touristique. Fracturation culturelle, bien sûr, sous les effets conjugués de l'individualisme consumériste et du communautarisme victimaire. Moi et les miens contre le reste du monde. Une communauté politique se construit autour d'une mémoire commune, que l'école a pour mission de transmettre, et la volonté d'un destin à inventer.
Mais face à la haine et au ressentiment qui montent dans toutes les strates de la société, le rôle d'un service national, complément d'une école véritablement républicaine, est de rappeler aux citoyens - majeurs, donc - ces trois dimensions: «service» car chacun de nous se doit aux autres, «national» car il y faut une dimension de défense civile et, au-delà, le rappel de ces valeurs communes que nous ne défendrons qu'en étant prêts à mourir ensemble pour elles, et «universel» car ce n'est pas en tant qu'homme ou femme, ou en fonction de nos origines ou croyances que nous partageons ces valeurs.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 30/06/2018. Accédez à sa version PDF en cliquant ici
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Anastasia Colosimo : «Du ciel, Orwell doit rire de manière sarcastique» (29.06.2018)

Par Alexandre Devecchio
Mis à jour le 29/06/2018 à 17h28 | Publié le 29/06/2018 à 09h00
FIGAROVOX/ENTRETIEN - De la polémique autour du concert du rappeur Médine au Bataclan au projet de loi sur les fake news, la question de la liberté d'expression et de ses limites fait son retour trois ans après la marche du 11 janvier 2015 en hommage à la rédaction de Charlie Hebdo. L'auteur des Bûchers de la liberté dénonce la judiciarisation du débat d'idées et plaide pour un retour aux fondamentaux de la loi de 1881 sur la liberté de la presse.
LE FIGARO MAGAZINE. - La polémique autour du rappeur Médine au Bataclan a relancé le débat sur la liberté d'expression. Que vous inspire cette polémique?
Anastasia COLOSIMO. - La liberté d'expression ne devrait pas créer de débat en France, même lorsque l'emploi qui peut en être fait dérange, voire suscite une indignation légitime. C'est là un principe fondamental de la Déclaration de 1789 qu'il faut entendre d'abord comme une affirmation universelle de l'émancipation. Toutefois dans la conception française, à la différence de l'américaine, l'homme qui dispose de ce droit inaliénable est inséparable du citoyen qui l'exerce. Il n'est pas un simple individu, mais un sujet investi du bien commun. La question est donc d'ordre politique et s'adresse aux programmateurs du Bataclan qui sont libres, réglementairement, d'ignorer la charge symbolique que revêt collectivement ce lieu et d'y préférer une logique d'intérêt privé.
Que faut-il faire? L'interdire au risque de lui offrir une formidable occasion de se victimiser et de dénoncer la censure d'une France supposément «raciste» et «islamophobe»? Ou laisser faire et apparaître indifférent à la mémoire des morts du Bataclan et faible face aux discours islamistes…
«La liberté est première, la prohibition l'exception»
Le juge peut considérer que certaines paroles du rappeur transgressent la légalité admiseet le faire condamner. Le préfet de police peut estimer que le spectacle représente un risque de trouble à l'ordre public et le faire interdire. Mais même en pareil cas, il est bon que ni l'un ni l'autre n'agisse de la sorte sans une forme d'hésitation sacrée. Pas tant par faiblesse, négligence ou laxisme, que par crainte de briser les tables de la loi: la liberté est première, la prohibition l'exception. Quant à l'Etat, il a charge d'assurer la sécurité des manifestations plutôt que de les réprimer par avance car il sait, de surcroît, qu'il donne alors l'avantage de la victimisation, vous avez raison, à l'incivilité. C'est cela la France idéale, cette conviction et cette sagesse. Cette force aussi. Mais la tentation est grande, désormais, de combler par un excès de coercition le déficit de citoyenneté.
Les partisans de l'interdiction citent volontiers l'exemple des spectacles de Dieudonné. L'ordonnance Dieudonné du Conseil d'Etat du 9 janvier 2014 n'a-t-elle pas été un succès?
Le succès ou l'insuccès d'une ordonnance tiendrait-il à l'indice de satisfaction qu'elle cause sur le baromètre des humeurs? Ou faut-il imaginer, au contraire, que le pouvoir d'alors n'a pas manqué de commander au préalable un sondage qui lui garantissait avoir les coudées franches? Je ne suis pas pour une République des juges, mais moins encore pour une démocratie des doxas. Sauf si vous me souteniez que cette interdiction a fait reculer les thèses de Dieudonné, ce qui serait présomptueux puisqu'elle l'a consacré martyr et a démultiplié son aura sur internet.
Plus gravement, cette ordonnance a entériné l'idée selon laquelle l'ordre public, qui est matériel, évaluable en termes de violences potentielles et de débordements réels, pourrait être également immatériel, comptable des sentiments personnels, des affects communautaires ou de notions générales telles que la dignité. Autrement dit le royaume du subjectif et de l'équivoque ouvert à des interprétations aussi infinies que conflictuelles, à rebours même de ce qui fait la loi. Comprenons-nous bien, je ne défends ni Dieudonné, ni Médine et je pense qu'il faut les combattre. Mais ce serait leur accorder une victoire facile qu'à cause de leurs outrances et outrages, on accepte de ne plus distinguer les paroles des actes et qu'on en vienne à chasser de la cité tout propos, quel qu'il soit, qui heurte, choque ou inquiète.
Les islamistes et adversaires de la démocratie ne se gênent pas, eux, pour utiliser l'arme du droit et pour avancer, en particulier, un antiracisme dévoyé et procédurier…
C'est ce que le philosophe du droit Guy Haarscher appelle la stratégie du loup dans la bergerie. Ce détournement a permis au blasphème d'accomplir un retour masqué dans les prétoires où il était banni depuis deux siècles. A défaut de pouvoir brandir un principe religieux, l'interdit du sacrilège, en face d'un principe séculier, la liberté d'expression, les identitarismes militants ont traduit leurs revendications dans un principe laïcisé: ils opposent désormais le respect des sentiments d'autrui à la liberté d'expression.
Mais cette traduction est une trahison: elle emprunte une allure démocratique pour empêcher la démocratie réelle. Malin et pervers! Historiquement, les intégristes catholiques ont précédé sur cette voie les fondamentalistes islamiques. Paradoxalement, eux-mêmes ont embrayé le pas sur les communautarismes contestataires issus de Mai 68 dont les descendants directs prolifèrent à foison en retournant le progressisme contre le progrès puisque l'on aura même vu le voile se transformer en bannière féministe.
«Il faut réinscrire le caractère non négociable du principe de liberté d'expression tant dans les textes que dans les mentalités. En revanche, une telle position oblige à tolérer l'expression de chaque opinion qui pourrait nous déplaire»
Cette dérive était-elle inscrite dès le départ dans la loi Pleven?
Tous ces concurrents dans le prêt-à-penser sont, en effet, peu ou prou les rejetons de la loi Pleven de 1972, preuve que l'enfer est pavé de bonnes intentions: en introduisant la provocation à la haine, à la violence, à la discrimination, ainsi que la diffamation et l'insulte envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion, cette loi a précipité la tribalisation armée des consciences et la guerre perpétuelle à la médisance. Avec pour résultat les limites grandissantes qui sont imposées à la loi sur la liberté de la presse de 1881 et qui, pour le coup, constituent un vrai baromètre.
L'historien Georges Bensoussan, poursuivi par différentes associations, dont le CCIF, pour avoir observé l'antisémitisme culturel qui sévit dans certaines familles musulmanes, a dû endurer deux procès. Que pensez-vous de la décision du parquet de poursuivre par deux fois, malgré une première relaxe?
Alors que Georges Bensoussan a été poursuivi, alors qu'il a été relaxé, alors que le CCIF a acté son droit de faire appel, il aurait été étrange que le ministère public ne suive pas. Là encore, il faut s'interroger sur les conditions de possibilité de la première requête. Pourquoi a-t-elle été jugée recevable? Parce que la loi Pleven autorise un tel type de procès et que les magistrats ne font que l'appliquer. C'est donc la légitimité et l'opportunité de cette loi qui doivent être remises en cause.
Le cas de Georges Bensoussan, pour être des plus illustratifs, n'est cependant qu'un exemple d'une judiciarisation appelée à devenir pandémique si elle n'est pas stoppée sans attendre. La liberté d'expression peut et doit connaître certaines limites, qui étaient assez clairement édictées dans la loi initiale de 1881 avant toutes les modifications ultérieures. Mais il faut réinscrire le caractère non négociable de son principe tant dans les textes que dans les mentalités. En revanche, une telle position oblige à tolérer l'expression de chaque opinion qui pourrait nous déplaire. On ne peut pas déplorer les effets dont on chérit les causes.
Qu'avez-vous pensé de la polémique sur la publication des pamphlets de Céline?
«Je reste convaincue que la libre circulation des idées est le meilleur rempart contre les opinions dangereuses»
Encore un cruel paradoxe. La France est devenue le pays où l'on défile un jour pour réclamer un improbable droit au blasphème et où l'on s'écharpe le lendemain pour murer des pans entiers de la mémoire. On aura ainsi vu un délégué interministériel, chargé de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, intervenir de manière intimidante auprès d'un éditeur et le président de la République se mêler de l'affaire pour inviter ce dernier à s'abstenir de son métier.
On peut aimer ou non Céline, le considérer comme un génie ou non, se procurer ses pamphlets ou non et, après les avoir lus, les juger abominables, ce qu'ils sont. Mais une œuvre littéraire ou artistique ne saurait être matière à amputation, particulièrement lorsqu'elle est destinée à tomber à court terme dans le domaine public. Je reste convaincue que la libre circulation des idées est le meilleur rempart contre les opinions dangereuses, que celles-ci doivent être confrontées et disputées et que leur réduction au silence ne fait qu'alimenter les alcôves où elles pullulent.
Faut-il en finir avec la judiciarisation du débat d'idées? Cela passe-t-il par la suppression de la loi Pleven et plus largement de l'ensemble des lois mémorielles?
La multiplication des lois mémorielles et l'extension de la protection de leur subjectivité à d'autres groupes fondés sur le genre, la sexualité ou encore le handicap, sans que cette liste soit à l'évidence close. Chaque fois, l'intention est louable et, immanquablement, les conséquences ressortent désastreuses. Le pire est que ces dispositions ont un effet cliquet: elles ne peuvent être détricotées sans envoyer le signal hautement négatif d'un défoulement permissif et compensatoire quasiment illimité. Quel gouvernement, quel Parlement prendra le risque de proposer d'abolir ces lois et imposera de revenir à la loi initiale de 1881 qui apparaît rétrospectivement si juste et équilibrée?
Cela ne doit-il pas s'accompagner d'un réarmement intellectuel et moral?
«Méfions-nous des moralistes affichés qui trop souvent prêchent ce qu'ils ne vivent pas»
C'est tout mon propos! Tocqueville notait déjà que le plus difficile en démocratie est de maintenir l'exigence de la vertu à moins de quoi s'instaure vite une tyrannie des minorités. Mais un tel sursaut réclame des prophètes, non pas des idéologues. Le conservatisme patrimonial a contre lui de préférer hier à demain. Il est un signe du grand vieillissement de l'Europe. S'il s'agit de se battre, à tout prendre le front intellectuel est préférable au terrain des mœurs. Méfions-nous des moralistes affichés qui trop souvent prêchent ce qu'ils ne vivent pas.
La question de la liberté d'expression est particulièrement complexe sur le web. Cet espace non régulé est aussi celui de la liberté de diffamer ou d'accuser sans preuve.
Aujourd'hui, internet ressemble furieusement au PMU d'hier. L'humanité n'a pas changé, mais la fabrique de la multitude est devenue mondialisée et l'arbitraire de la censure s'est américanisé. Le vrai problème, selon moi, est que nous avons perdu la bataille de la souveraineté culturelle sur le web.
Quel regard portez-vous sur le phénomène #BalanceTonPorc?
La libération de la parole qu'a provoquée l'affaire Weinstein était sans doute nécessaire, mais la chasse aux sorcières qui s'est ensuivie au mépris de la présomption d'innocence et de toute procédure légale a nui à la justice recherchée. Je note là encore l'entraînement de l'Amérique sur nos conduites et de ce phénomène, d'un point de vue général, il n'y a pas lieu de se réjouir puisqu'il nous montre en position de subordonnés jusque dans nos prises de conscience supposément collectives.
Le présentateur Tex a été licencié par France Télévisions pour une blague jugée sexiste sur les femmes battues...
Se faire mettre honteusement à la porte pour une blague, même de mauvais goût, semble relever de la science-fiction. Où étaient les millions de Charlie descendus dans la rue pour dire non à la dictature des nouvelles sacralités? Les événements ne sont certes pas comparables, mais le même spectre du lynchage, ce déni d'un jugement équitable, les menace.
Que pensez-vous de la récente proposition de loi sur les fake news: régulation justifiée ou «ministère de la Vérité»?
Qu'il est dommage qu'Orwell n'ait guère cru dans l'au-delà. Sinon, il y serait et, du ciel, on entendrait éclater son rire sonore. Et sarcastique, bien sûr. 
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Le candidat de Trump pour l'agence des migrations de l'ONU recalé (29.06.2018)
Par Camille Calvier et AFP agenceMis à jour le 29/06/2018 à 16h22 | Publié le 29/06/2018 à 16h05
En lice pour la direction générale de l'Organisation internationale pour les migrations ce vendredi, Ken Isaacs, le candidat des États-Unis, a été éliminé. C'est l'ancien ministre portugais Antonio Vitorino qui a finalement été élu.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'agence onusienne qui défend l'apport des migrations pour les sociétés, a choisi l'ancien ministre portugais Antonio Vitorino pour devenir son nouveau directeur général ce vendredi. Et le candidat américain, Ken Isaacs, désigné par Washington malgré ses propos polémiques sur les musulmans, a été recalé dès le 3e tour. Il ne succédera donc pas à son compatriote, William Lacy Swing, qui a effectué deux mandats de cinq ans à la tête de l'OIM.
Un coup dur pour les États-Unis: la direction générale de l'OIM, dont ils sont l'un des principaux contributeurs, avait toujours été occupée par un Américain depuis la création de l'institution en 1951, à l'exception du Néerlandais Bastiaan Haveman dans les années 1960.
Désigné début février par l'administration Trump, Ken Isaacs, 65 ans, est l'ancien vice-président de l'ONG humanitaire chrétienne Samaritan's Purse, dirigée par le fils de l'évangéliste Billy Graham. Une expérience qu'il met en avant dans sa vidéo de campagne, où on le voit lors de ses missions auprès de réfugiés. Mais l'élection de l'humanitaire de carrière semblait compromise depuis plusieurs semaines. Il était au cœur d'une controverse après avoir été épinglé sur ses propos anti-islam et climatosceptique.
Des tweets polémiques
C'est le Washington Post qui a publié une série de tweets anti-musulmans, postés par Ken Isaacs entre 2015 et 2017. Il y affirmait par exemple que le Coran «ordonne» aux musulmans de commettre des actes de violence et suggérait que les réfugiés chrétiens devraient avoir la priorité sur eux, exprimant des doutes sur le fait que l'islam soit une religion de paix, à la suite des attentats de Londres en 2017. Déjà en 2016, il avait estimé que la Suisse et l'Autriche devraient construire un mur pour mieux contrôler leurs frontières face aux réfugiés.
Les détracteurs de Ken Isaacs ont également ressorti un message posté sur Facebook dans lequel il qualifiait le lien entre sécurité nationale et changement climatique de «plaisanterie», alors que de nombreuses migrations sont liées à des facteurs climatiques. Les tweets ont été retirés depuis et son compte Twitter est devenu privé.
Face aux critiques, le candidat américain a assuré qu'il ne prenait «jamais» en compte la foi des personnes dans le besoin. Dans un courrier à l'AFP, il a aussi fait valoir son passé de travailleur humanitaire pendant plus de 30 ans dans des régions difficiles comme la Somalie, le Soudan du Sud et l'Afghanistan. Interrogé par l'AFP sur le lien entre migration et changement climatique provoqué par l'homme - reconnu par l'OIM -, Ken Isaacs a répondu: «J'ai constaté de mes propres yeux comment les conditions météorologiques, les sécheresses, les mauvaises récoltes, la désertification, les ouragans et les typhons (...) déclenchaient les migrations.»
Si Ken Isaacs a été critiqué pour ses propos polémiques, l'ombre de la politique migratoire de Trump, qui prône la «tolérance zéro», a aussi plané sur la candidature de l'Américain. Les États-Unis avaient déjà fait l'objet de critiques de l'ONU, pour l'interdiction permanente d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays, pour la plupart à majorité musulmane, et pour sa récente décision de séparer des enfants de migrants de leurs parents entrés illégalement sur le territoire américain. Une politique mise à l'arrêt après un déluge de critiques. 
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Julian King : «Toute une génération risque d'avoir affaire au terrorisme» (29.06.2018)
Par Jean Chichizola et Christophe CornevinPublié le 29/06/2018 à 17h32
EXCLUSIF - Le commissaire européen à la Sécurité analyse pour Le Figaro la menace terroriste. Il met notamment l'accent sur les dangers liés aux attaques chimiques ou biologiques.
Sir Julian King, commissaire européen à la Sécurité, était à Paris mardi, où il a participé à un colloque organisé par l'École de guerre sur «l'Europe qui protège». Avant de s'envoler pour un sommet des Nations unies sur la lutte contre le terrorisme à New York, il a accordé un entretien exclusif au Figaro.
LE FIGARO. - Europol, dans son dernier bilan, fait état d'un doublement des attaques terroristes entre 2016 et 2017 avec un bilan de 62 tués et 819 blessés. Les Européens doivent-ils se préparer à faire face au terrorisme pendant encore des années?
Julian KING. - Le terrorisme fera partie de notre vie pour quelques années au moins. Si l'on ne fait pas attention, cela pourrait même devenir l'histoire d'une génération. Faut-il rappeler que la menace reste très élevée? Dans tous les pays ayant eu à subir une attaque, le niveau d'alerte est au plus haut ou presque. Si nous avons tiré les leçons des attentats de Paris et de Bruxelles, nous devons relever le défi des attaques low-costs, commises par des gens qui n'ont jamais voyagé et qui frappent sur leur territoire. Par ailleurs, il faut absolument travailler contre la radicalisation sur Internet, car toutes les attaques commises en Europe dans ces douze derniers mois ont un lien avec des contenus diffusés en ligne. Que les terroristes y aient été embrigadés ou que leur attaque ait été revendiquée par des sites de propagande.
«Il faut absolument travailler contre la radicalisation sur Internet, car toutes les attaques commises en Europe dans ces douze derniers mois ont un lien avec des contenus diffusés en ligne»
Julian King
À la Commission, vous travaillez aussi sur l'apparition de nouvelles formes de menaces…
Tout à fait. Nous travaillons notamment sur les attaques dites «hybrides», qui mixent en même temps des frappes physiques et «cyber». Les risques d'attentats chimiques ou biologiques sont au moins tout aussi inquiétants. La tentative d'assassinat dont a été victime un ex-agent double russenous a rappelé la réalité de cette menace. Si cela a été commis en pleine rue d'une ville du Royaume-Uni, cela peut se faire n'importe où. Pour cette raison, nous avons lancé dès l'année dernière un plan d'action visant à renforcer la coopération et la résilience des pays face au risque NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique, NDLR). Nous recensons aussi nos ressources en antidotes sur l'ensemble de l'Union. Rappelons que la dernière arrestation de terroristes manipulant de telles substances, en l'occurrence de la ricine, qui est un poison très violent, remonte à la semaine dernière en Allemagne…
Plus largement, qu'est-ce que l'Europe a mis en œuvre pour durcir la riposte antiterroriste?
Nous avons d'abord déployé toute une batterie de mesures pour limiter les moyens d'action des terroristes et restreindre l'accès aux armes à feu, aux substances susceptibles d'entrer dans la confection d'explosifs artisanaux, comme le TATP. Des propositions ont été faites pour tarir les sources de financement, faciliter l'accès des forces de l'ordre aux registres centraux bancaires. Des informations cruciales pour remonter la trace des réseaux. Aux frontières, les contrôles ont été renforcés grâce au Passenger Name Record (PNR), déjà adopté par quatorze pays - cinq autres s'apprêtent à le faire -, mais aussi avec la mise en place d'un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes. Ces derniers sont au nombre de 1700, et nous avons proposé de les renforcer à hauteur de 10.000 personnes d'ici à 2027. Toutes les personnes entrant et sortant de l'espace Schengen sont contrôlées à travers les bases de données sécuritaires, y compris les citoyens européens, ce qui n'était pas le cas avant avril 2017.
«Toutes les personnes entrant et sortant de l'espace Schengen sont contrôlées à travers les bases de données sécuritaires, y compris les citoyens européens, ce qui n'était pas le cas avant avril 2017»
Julian King
Que faites-vous pour démasquer les terroristes qui utilisent aussi de fausses identités?
Nous avons intensifié les échanges d'informations entre États membres, notamment via la Système d'information Schengen (SIS II). Consulté plus de 5 milliards de fois l'année dernière, il contient aujourd'hui 76 millions d'alertes concernant des personnes ou des objets recherchés. Il a ainsi contribué à 40.000 arrestations et 200.000 suivis à distance de criminels. La France est l'un des pays qui a le plus contribué à cette base. En 2016, son utilisation a augmenté de 40 %, puis encore de 30 % de plus l'année dernière. Les États ont compris que cela vaut la peine d'alimenter cette précieuse base de données.
En matière d'accès aux explosifs et aux armes, des leçons ont été tirées des récentes attaques…
Pour les explosifs, nous avons dressé la liste des «précurseurs», ces produits utilisés par les terroristes pour fabriquer des explosifs. L'objectif est d'empêcher un accès facile du grand public aux substances pouvant être dangereuses. C'est le cas du peroxyde d'hydrogène (l'eau oxygénée) utilisé pour la fabrication du TATP. Les kamikazes du 13 novembre 2015 ont utilisé du TATP, et les terroristes de Barcelone étaient en train d'en fabriquer des quantités importantes avec des stocks d'eau oxygénée. On peut aussi citer le nitrate d'ammonium (engrais) ou l'acide sulfurique. Nous proposons de durcir le régime général en matière d'achat de ces précurseurs. Pour les armes, une directive a déjà été adoptée pour mettre hors d'accès les armes les plus dangereuses. À la différence de la France, où la directive est déjà transposée, la réglementation était très insuffisante dans certains États. L'autre question importante est la neutralisation des armes avec l'adoption de critères beaucoup plus stricts et surtout communs à l'ensemble des États.

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Scandales sexuels à répétition: l'humanitaire en crise (29.06.2018)

Par Guyonne de Montjou
Publié le 29/06/2018 à 06h45
ENQUÊTE - Les affaires de mœurs qui affectent MSF, Oxfam ou Save the Children, jettent le discrédit sur un secteur humanitaire, hérité des années 1970 et qui peine à se réformer. Enquête sur les dysfonctionnements de ce métier de terrain, pourtant indispensable.
Quelques jours après l'opération de sauvetage de migrants à bord de l'Aquarius, la prestigieuse organisation Médecins sans frontières (MSF) est rattrapée par un scandale sans précédent. Les témoignages d'anciennes employées s'exprimant à visage couvert dans une émission de la BBCrévèlent les comportements déplacés de certains membres de l'organisation, alors en poste au Kenya, au Liberia et en Afrique centrale. «Il y avait ce collègue plus âgé, qui a installé une femme dans la base [de l'ONG], confie l'une d'elles, missionnée auprès de malades du sida dans cette région. Il était clair que c'était une prostituée mais il l'appelait sa petite amie. Elle passait nuit après nuit avec lui.» Avant d'ajouter: «Il avait une cinquantaine d'années, et elle était beaucoup, beaucoup plus jeune. Et c'était si flagrant, si flagrant - et tellement répandu.» Une autre travailleuse humanitaire affirme dans la même émission, à propos d'une opération de MSF au Kenya: «Il y avait sans aucun doute un abus de pouvoir. Ils se trouvaient là depuis longtemps, profitaient de leur aura comme travailleur humanitaire occidental. Peut-être que la direction n'était pas au courant, mais on ressentait clairement que certains des hommes se comportant comme des prédateurs étaient vus comme trop importants pour tomber.»
Sexe tarifé en Haïti
Cinq mois après les révélations du Times sur le recours à la prostitution de certains employés de l'ONG britannique Oxfam en 2010 en Haïti, ces nouvelles accusations augurent une crise de confiance. À l'époque, une jeune Haïtienne avait raconté au quotidien britannique qu'elle avait eu une relation avec l'ancien directeur d'Oxfam en Haïti, Roland Van Hauwermeiren, alors qu'elle avait 16 ans et lui 61. Ce dernier avait fini par reconnaître avoir payé des prostituées, sur fond d'apocalypse, le séisme ayant causé la mort de plus de 230.000 Haïtiens. Sept employés d'Oxfam en Haïti ont depuis quitté l'ONG: quatre ont été licenciés pour faute grave et trois autres, dont le directeur (qui entre-temps avait rejoint l'ONG française Action contre la faim au Bangladesh), ont démissionné. Depuis le scandale, les dons vers Oxfam-GB ont chuté de 18 millions d'euros.
Le directeur général a démissionné le mois dernier «pour offrir un nouveau départ à l'organisation». L'hécatombe ne s'arrête pas là. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé en février que 21 de ses membres avaient été licenciés depuis 2015 «pour avoir acheté des relations sexuelles» lors de leurs missions ou avaient démissionné à la suite d'une enquête interne.
L'humanitaire, intouchable
Maîtrisant impeccablement le système médiatique qui leur a permis d'exister, les organisations se défendent comme elles peuvent: «Nous sommes profondément attristés que, dans ce cas, les personnes qui s'adressent à la BBC ne se soient pas senties suffisamment en confiance pour nous en parler, déclarait vendredi dernier MSF, dont 97,90 % des fonds émanent de donateurs privés. […] L'absence de plainte est un défi majeur à relever, car les personnes touchées peuvent ne pas se manifester de peur de ne pas être soutenues ou d'être stigmatisées.» Depuis 2007, «tous les employés sont encouragés à signaler des comportements déplacés ou des abus, soit à leur hiérarchie, soit à travers des canaux spécifiques, via des adresses électroniques dédiées, en dehors de toute ligne hiérarchique», peut-on lire dans un communiqué de l'organisation. Dans les faits, en 2017, 146 plaintes ou alertes ont été enregistrées au siège de MSF parmi lesquelles 24 étaient des cas de harcèlement ou d'abus sexuel. Au total, sur ces cas, 19 personnes ont été licenciées. Dans les autres cas, les employés ont été sanctionnés par des mesures disciplinaires ou des suspensions. Un nombre dérisoire si on le compare aux 38.000 employés que compte l'ONG dans le monde. Mais un symbole puissant.
«MSF, pour qui j'ai travaillé pendant cinq ans, précise Sylvie Brunel, est une organisation plus courageuse que les autres, elle fait en permanence une autocritique extrêmement violente en interne pour s'assurer de rester bien fidèle à sa mission.» Reste que les opérations, dont la durée varie d'un mois à un an selon qu'elles répondent ou non à une urgence, se déroulent loin. «Il est difficile pour la hiérarchie, parfois à des milliers de kilomètres, de savoir ce qui se passe dans le secret du terrain, sans contrôle social, souffle Paul Salvanès, habitué des théâtres de crise au Darfour, en République démocratique du Congo, en Afghanistan et dans les territoires palestiniens. Parmi les humanitaires, on trouvera toujours quelques brebis galeuses, racistes, meurtriers ou pervers sexuels, détaille-t-il. Il faut s'occuper d'eux sérieusement. Mais accuser la totalité des acteurs du secteur serait aussi absurde que de rendre tous les employés du privé responsables du travail des enfants dans les usines textiles au Bangladesh.»

Paul Salvanès, travailleur humanitaire sur le terrain, au Darfour en 2008. - Crédits photo : Agnes Coutou
Revêtus de leurs habits de lumière, défenseurs d'un certain ordre moral et des droits de l'homme, les «humanitaires» sont à bien des égards, des figures intouchables, symboliquement rangées du côté des acteurs du Bien. «Ils sont indéboulonnables et donnent des leçons à tout le monde, s'exaspère Sylvie Brunel, également ancienne présidente d'Action contre la faim. C'est tellement confortable d'être un héraut et un héros de l'humanitaire.» L'image de sauveur du monde, ancrée dans les imaginaires occidentaux et cristallisée par la photo de Bernard Kouchner au Biafra, en 1968, secourant les enfants mal nourris, a pourtant bien vécu.
Choc des cultures
«La proximité de la mort, les situations de détresse humaine, nous font repousser sans cesse les limites de ce qui est acceptable»
Paul Salvanès, travailleur humanitaire
La professionnalisation et la bureaucratisation qui ont marqué le secteur ces dernières années ont eu raison de l'élan charitable qui le caractérisait à ses origines. «Aujourd'hui, faire de l'humanitaire se conçoit dans un plan de carrière, analyse Sylvie Brunel. Le profil des engagés varie mais, pour la plupart, ceux-ci font face dans leur vie à un besoin de rupture, ce qui favorise d'éventuels comportements extrêmes, dangereux ou addictifs.» Dans son mode de fonctionnement, très bien décrit dans son palpitant roman noir - à peine fictif - sur l'épopée d'un travailleur humanitaire de 25 ans, La Haine qu'il faut, Paul Salvanès raconte la promiscuité dans les bases, la fatigue, l'éloignement des familles, l'obligation de rédiger des rapports au siège, la logique comptable, la concurrence inter-ONG sur le terrain et les émotions extrêmes ressenties au cours d'une mission. «L'intensité de nos vies, le travail dur, sans relâche, sans week-end, sans loisir, peut amener des comportements à risque, la consommation de drogues, d'alcool et des comportements sexuels particuliers qui se combinent avec une prostitution parfois omniprésente, confie ce diplômé de l'Essec. L'humanitaire est une ligne de crête. On est en permanence confronté à des dilemmes opérationnels, sécuritaires, éthiques. Pour certains, ces zones grises deviennent un abîme moral. La proximité de la mort, les situations de détresse humaine, nous font repousser sans cesse les limites de ce qui est acceptable.»

La clinique de Mathare (Kenya), tenue par MSF, reçoit 2500 victimes de violences sexuelles chaque année. - Crédits photo : Georges BARTOLI / fedephoto
«Il faut comprendre le choc des cultures qui sévit parfois, analyse à son tour Sylvie Brunel. Les femmes africaines récipiendaires de l'aide cherchent à se trouver un papa, un protecteur. Elles ont quelques années seulement pour se sortir de leur condition. Il faut les comprendre, souffle-t-elle. De l'autre côté, les humanitaires sont seuls, loin de leur bureau. Il faut une véritable grandeur morale pour résister à cette tentation.» La personnalité du chef de mission compte pour beaucoup. «En Haïti, se souvient Didier Le Bret, ambassadeur de France lors du séisme de 2010, le chef de la mission de MSF était un fou furieux. Il prenait tout le monde de haut. Un jour, pour m'empêcher de rentrer dans l'un de ses centres, il a fait placer un cadavre devant la porte! se souvient-il. Je l'ai fait savoir, Rony Brauman [ancien président de MSF, NDLR] est intervenu et nous avons fini par travailler en bonne intelligence avec cette ONG, notamment pour éradiquer l'épidémie de choléra qui sévissait.»
Le comportement de ces humanitaires «tout puissants» qui circulent avec chauffeurs et voitures blindées est connu. Jouissant d'un pouvoir d'achat certain, avides d'occasions pour se libérer de situations surchargées émotionnellement, ils peuvent être tentés de jouir sans entrave de leur ascendant sur des populations vulnérables. «Autrefois, le père blanc s'engageait dans un pays pour toute la vie, souligne un diplomate. Le pied à peine posé sur sa terre de mission, il commençait déjà à creuser sa tombe. Aujourd'hui, les employés d'ONG ne font que passer, cela change profondément la relation avec les populations locales qui le savent et tentent par tous les moyens d'en tirer leur avantage.» Tout concourt à chercher des sauf-conduits sans lendemain dans l'anonymat des populations en détresse.
La réforme se fait attendre
Corollaire pervers de la présence humanitaire: siphonner les ressources humaines du pays en payant quatre ou cinq fois plus les collaborateurs locaux (selon un ratio parfois d'un expatrié pour dix employés locaux). «Quand on a été biberonné un an ou plusieurs mois avec un bon contrat et que l'ONG se replie, alors on cherche un visa», ironise un employé de Solidarités international. Ainsi, l'énergie et la bonne volonté des populations locales peuvent être durablement altérées après les crises. «Nous avions embauché l'un des très bons vétérinaires locaux soudanais pour vacciner les troupeaux dans notre opération au Darfour, raconte encore Paul Salvanès. Finalement, celui-ci a préféré devenir gardien de nuit pour un centre des Nations unies plutôt que de travailler avec nous car il était mieux payé là-bas.»

- Crédits photo : ,
Avec ces scandales à répétition, nombreux sont les employés du secteur qui en espèrent la réforme, appelant de leurs vœux le recrutement de davantage de femmes dans les équipes, plus de vigilance sur la «moralité» des personnels, une logique administrative moins prégnante et un retour au terrain. Le défi est majeur, il concerne l'équilibre de notre monde convulsif, plus vulnérable et déboussolé que jamais.
À lire
La haine qu'il faut, de Paul Salvanès, Toucan, 416 p., 13,90 € (2018).
Secourir sans périr, sous la direction de Michaël Neuman et Fabrice Weissman. CNRS Éditions, 274 p., 20 €.


Au lycée militaire de Saint-Cyr, rigueur et patriotisme au service de l'excellence (27.06.2018)

Par Louis Heidsieck
Mis à jour le 27/06/2018 à 18h57 | Publié le 27/06/2018 à 17h47
REPORTAGE - Composé à 70% d'enfants de militaires, cet internat des Yvelines (78) revendique le port de l'uniforme, la vie en communauté, et l'amour du pays pour atteindre un niveau académique d'exception.
Dans la cour du lycée militaire de Saint-Cyr dans les Yvelines, en région parisienne, un chapelet de jeunes garçons reprend en chœur des chants de l'armée de terre. Leurs voix gaillardes résonnent en écho sur les murs alentours, où le crépi s'effrite pour laisser place aux briques de béton. Détruite en grande partie par un bombardement en 1944 puis reconstruite sous l'impulsion du général de Gaulle en 1966, l'ancienne École spéciale militaire continue de transmettre ses valeurs aux jeunes générations. Elle fait partie des six lycées militaires gérés par le ministère de la Défense.
À Saint-Cyr, les 500 lycéens, tous internes, profitent d'un double encadrement: des cours dispensés par des professeurs de l'Éducation nationale et une rigueur militaire insufflée par des officiers de l'Armée de terre. Et ça marche: l'an dernier, tous ont eu leur bac, dont 80% avec mention (21,3 % de mentions très bien). L'établissement envoie un quart de ses lycéens dans des classes préparatoires, et 70% de ceux qui vont à l'université y valident leur licence en trois ans.
La grande particularité de Saint-Cyr réside dans son recrutement, avec 70% des élèves qui ont au moins un parent militaire. Les autres élèves sont des enfants de fonctionnaires, et des boursiers depuis 2008 (15% chacun). «Notre première mission en tant que lycée de défense, c'est l'aide aux familles de militaires» affirme le colonel Thierry Assonion, actuel commandant de l'établissement. «Leurs parents sont souvent en opération extérieure, poursuit le colonel. Ils vivent loin et déménagent beaucoup, d'où l'idée d'un internat ouvert sept jours sur sept». Un tiers des lycéens reste le week-end dans l'enceinte de Saint-Cyr, et certains enchaînent des périodes de sept semaines sans sortir de ses murs, sauf pour les «QL», les quartiers libres du mercredi après-midi et du week-end.
« Tout le monde perd quelques points de moyenne en arrivant »
Safi, élève de première, boursier
Toutefois, le recrutement reste sélectif. Le lycée de Saint-Cyr reçoit en moyenne trois dossiers pour une place. «Je ne connais pas grand monde qui avait moins de 15 de moyenne au collège» précise Sébastien, un élève de terminale. La sélection s'y fait sur dossier et elle est particulièrement drastique pour les boursiers et les enfants de fonctionnaires. Alain Godon, le proviseur du lycée, confirme recevoir «de très nombreux dossiers, triés ensuite par l'organe de formation de l'Armée de terre et répartis dans les six lycées militaires de France». «J'avais plus de 18 de moyenne au collège, reconnaît Safi, un élève de première, boursier, dont le père est restaurateur et la mère au foyer. D'ailleurs, tout le monde perd quelques points de moyenne en arrivant». Malgré tout, Saint-Cyr se défend d'être un lycée élitiste, et son proviseur Alain Godon martèle que l'établissement est, à l'image du milieu militaire, un modèle de mixité social. À 2300 euros l'année en internat, vêtements et nourriture compris, c'est en tout cas «un beau cadeau» que fait l'armée à ses militaires. Une véritable «vocation sociale», selon le colonel.
Les «bonjour mon capitaine» succèdent aux «à tout à l'heure mon colonel»
Autre clef du succès, la discipline qui règne dans l'école. La vie dans cet internat ressemble un peu à la vie dans une caserne. La journée à Saint-Cyr commence par un rassemblement en uniforme marine et ciel devant le drapeau tricolore à 7h30. Après l'appel de rigueur, les militaires dispensent les informations importantes de la journée. Le vendredi à l'aube, on y lève les couleurs et une Marseillaise est entonnée. La journée de cours qui suit ressemble à beaucoup d'autres, à quelques détails près.
Dans les couloirs, les grappes d'élèves croisent leurs responsables et les «bonjour mon capitaine» succèdent aux «à tout à l'heure mon colonel». À Saint-Cyr, on parle de «compagnie» pour les promotions, et de«section» pour les classes. Ainsi, «la 505» désigne la seconde 5, «la 403» la première 3, et ainsi de suite jusqu'à la seconde année de classe préparatoire.
Les lycéens reçoivent des livres à la remise des prix annuelle. - Crédits photo : Guillaume Cabre/SIRPAT
Le soir, les lycéens rejoignent leurs chambres, leurs lits aux couvertures rêches et leurs douches aux tuyauteries blanches de calcaire. Les bâtiments commencent à accuser le poids de l'âge. «Au moins, on ne pourra pas dire qu'on abuse de l'argent du contribuable» s'amuse le capitaine Ludovic, officier supérieur adjoint du lycée. Ce n'est que le soir également que ces lycéens retrouvent leurs smartphones, car depuis cette année, ils n'y ont plus accès pendant la journée.
«L'envie de travailler des élèves leur vient du milieu militaire, qui met en avant l'exigence, le travail et la réussite»
Frédéric Le Moal, professeur d'histoire géographie
Plus que le confort, c'est tout un ensemble de traditions que recherchent ces jeunes en venant à Saint-Cyr. «L'attachement à la France nous unit, explique Sébastien, un élève de terminale. En seconde il faut s'adapter, mais au final on est tous attachés à ces valeurs patriotes et à la rigueur militaire». Frédéric Le Moal, professeur d'histoire géographie, explique que «l'envie de travailler des élèves leur vient du milieu militaire, qui met en avant l'exigence, le travail et la réussite». Tout est mis en place pour les y aider, avec deux heures d'études chaque soir dans les classes. Et l'excellence est encouragée par une remise des prix annuelle en uniforme de gala en présence des parents.
L'uniforme, justement, l'un des marqueurs forts de ces traditions y est perçu comme un vecteur de cohésion. «Au quotidien, garçons et filles arborent un pantalon bleu marine, une chemise bleu ciel, et de grosse chaussures noires cirées. Le fait qu'ils aient tous la même tenue les met sur un pied d'égalité, poursuit le professeur d'histoire-géo. Cela nous éloigne de la tyrannie des marques».

Garçons et filles arborent la même tenue. - Crédits photo : Saint-Cyr
Enfin, dans cet ADN, le sport tient également une place de choix. S'il n'existe dans la semaine aucun entraînement spécifiquement inspiré du quotidien des militaires, l'éducation physique représente «5 à 9 heures par semaine» d'après André, l'officier des sports. «J'ai vécu dans un régiment étant petit, précise Marine, élève en seconde. Faire du sport en groupe permet de nous garder soudés, comme c'est le cas chez les militaires».
Les lycéens ont été heurtés par cette enquête
Mais une onde de choc a traversé les murs de Saint-Cyr ces derniers mois. Une enquête parue dans Libération fin mars fait état, au sein des classes préparatoires, de «machine à broyer les femmes», d'humiliation et de harcèlement moral envers les filles, principalement entre 2013 et aujourd'hui. Thierry Assonion avoue avoir beaucoup souffert de cette affaire. Il reconnaît que certains «rites initiatiques peuvent échapper au regard des autorités» et qu'il y a eu «des débordements en prépa il y a quelques années».
Le commandant de l'école précise cependant que «ce qui est écrit dans l'enquête n'est pas ce qui est» et qu'il s'agit d'«un phénomène de très faible intensité». Il dit aussi avoir «tout mis en œuvre pour limiter ces comportements» et n'avoir constaté «aucune affaire de bizutage» depuis trois ans où il est arrivé à Saint-Cyr. Et de conclure en précisant que les cas évoqués dans l'enquête ne concernent pas le lycée. «Les lycéens ont été heurtés parce que cette enquête a éclaboussé toute l'institution Saint-Cyr, ajoute le proviseur Alain Godon. Ils se sentent salis par un article dans lequel ils ne se reconnaissent pas».
«Un certain folklore au lycée»
Un peu désarçonnés effectivement, les lycéens croisés ce jour-là tiennent à défendre leur institution. Comme Camille, dont la classe de première S comporte 16 filles sur 28 élèves, et qui précise que «l'encadrement militaire attache justement une attention toute particulière aux relations entre filles et garçons». Ou Marine, qui dit n'avoir entendu «aucune remarque sexiste» au cours de sa première année à Saint-Cyr. «Honnêtement, l'article a surpris tout le lycée, dit-elle. Personne ne s'y est reconnu». Sébastien reconnaît qu'il existe «un certain folklore au lycée», mais qui «n'est jamais issu de traditions fermées, ni sectaires».
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Crise de la masculinité : ce nouveau phénomène qui traverse l'Occident (27.06.2018)

Par Eugénie Bastié
Mis à jour le 28/06/2018 à 20h01 | Publié le 27/06/2018 à 18h38
ENQUÊTE - Retard à l'école, culture de l'immaturité, misère sexuelle : la révolution féministe et l'avènement d'une société égalitaire ont engendré une crise de la masculinité sans précédent. Un phénomène qui commence à peine à être étudié.
«L'Occident a perdu foi dans la masculinité»: c'est le titre d'une conférence de l'universitaire canadien Jordan Peterson, inconnu il y a deux ans, devenu, selon le New York Times , «l'intellectuel le plus vénéré et plus injurié» d'Internet. Ce professeur de psychologie doit son succès à ses passes d'armes à la télévision avec des militantes féministes dont il démonte implacablement l'argumentaire, notamment sur les inégalités salariales. Le succès planétaire de Peterson (des millions de vues sur YouTube) est révélateur d'un phénomène qui passe au second plan, tant l'attention est retenue par la révolution «MeToo»: celle d'une inquiétude de plus en plus partagée autour de la masculinité des hommes occidentaux. Derrière la vague d'indignation contre une domination masculine qui serait encore visible à travers le harcèlement sexuel, se cache une autre vérité: celle d'un déclassement généralisé du mâle.
Réactions masculinistes
Le thème est en vogue au pays des gender-studies. En 2006, le professeur américain spécialiste de Tocqueville et de Machiavel, Harvey Mansfield, avait publié un essai, Manliness, dans lequel il tentait de définir les contours et la positivité de la virilité dans une société occidentale de plus en plus neutre. Le livre consterna l'intelligentsia new-yorkaise mais fit des émules. Notamment le site «The Art of Manliness», créé en 2008, qui prodigue conseils pratiques et théoriques (de «comment réparer soi-même ses essuie-glaces» à «comment savoir si une femme vous aime») pour «être un homme» à des millions de visiteurs.
Le succès de ce site américain a inspiré Julien Rochedy, ancien président de la section jeunesse du Front national, qui vient de créer «Major», une plateforme adressée au public français. Barbe impeccablement taillée, cheveux gominés, t-shirt noir seyant, sur fond de bibliothèque, le trentenaire explique face caméra, d'une voix posée, les «dix pensées que les hommes doivent connaître». «Pendant des siècles et des siècles, les hommes ont cherché à devenir des hommes, bon, ça s'est arrêté il y a peu, mais pendant des siècles ça a été comme ça.» Pour enrayer cette «décadence», le jeune homme vient de lancer cette plateforme. On y trouve des posts de blog - «pourquoi les hommes doivent tenir l'alcool», «quand frapper en cas d'agression» -, mais aussi une offre payante, la session «alpha», composée de vidéos et de fiches philosophiques fortement imprégnées de nietzschéisme.
«Trolls» contre «cucks»
Mansfied, Peterson et, dans une moindre mesure, Rochedy sont la version chic et structurée d'une réaction masculiniste qui prend parfois des atours plus primitifs: on la retrouve dans les bandes dessinées de l'auteur à succès Marsault, qui prône une virilité décomplexée et violente - tatouages, crânes rasés et fusils à pompe -, chez le blogueur «Papacito», créateur de «fils de la pute de la mode», ou autres disciples plus au moins rebelles du polémiste antisémite Alain Soral, premier à avoir conspué dans ses vidéos la «féminisation» du monde et la «misère du désir». Cet imaginaire culmine dans la culture «alt-right» qui s'exprime beaucoup sur Internet où des «trolls» fustigent des «cucks», ces «hommes qui cherchent sans cesse l'approbation des femmes». Cette culture peut prendre parfois un tour tragique et criminel. Le 23 avril 2018, à Toronto, Alek Minassian, 25 ans, a fauché au volant de sa Chevrolet blanche dix personnes, dont huit femmes. Membre des Incels, un groupe de célibataires involontaires, il avait affiché sur Facebook sa volonté de tuer un maximum de «Chad et de Stacy», noms que donnent ces jeunes hommes frustrés aux beaux gosses des deux sexes.
Changement anthropologique sans précédent
Ces réactions masculinistes marginales font système avec un discours féministe militant sur une masculinité «toxique» qu'il conviendrait d'épurer, parfois doublé d'une tonalité carrément revancharde («Il est temps que les hommes fassent l'expérience de la minorité» a, par exemple, affirmé récemment l'ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira). Mais il ne faudrait pas réduire le débat à cette dialectique outrancière. Le sentiment le plus général est celui d'un malaise diffus: la difficulté de plus en plus grande qu'ont les hommes occidentaux à trouver leur place dans une société de plus en plus égalitaire. Ce malaise inspire de nombreuses publications et controverses, aussi bien aux États-Unis qu'en France. Ainsi le 21 mai dernier, au Théâtre de l'Œuvre, à Paris, l'essayiste Natacha Polony organisait une table ronde au titre évocateur: «Le mâle, une espèce menacée?», en présence de la chercheuse Olivia Gazalé, auteur du Mythe de la virilité, de l'essayiste Peggy Sastre et du psychiatre Jean-François Bezot.
«J'avais une forme de pitié pour ces hommes obligés de faire amende honorable, de s'excuser d'être des hommes, de se proclamer féministes»
Natacha Polony
«Ce sujet m'a été inspiré par tout ce que j'ai vu ces derniers temps, c'est-à-dire tous ces hommes transparents lors des débats autour de l'affaire Weinstein. J'avais une forme de pitié pour ces hommes obligés de faire amende honorable, de s'excuser d'être des hommes, de se proclamer féministes», explique Natacha Polony.
«On ne peut être indifférent au changement anthropologique en train de se jouer sous nos yeux: la nouvelle place des hommes, dans un monde où la séparation en deux sexes a perdu son caractère d'évidence», analyse Marcel Gauchet, qui a consacré le dossier du 200e numéro de la revue Débat à cette question brûlante du «masculin en révolution». «L'attention publique se concentre très normalement sur la montée en puissance des femmes à tous les niveaux, ou sur les inégalités persistantes dont elles sont victimes. Mais comment cette “révolution du féminin” pourrait-elle ne pas affecter l'autre sexe? La mutation n'est pas moindre de ce côté-là. La masculinité est passée d'un système d'évidences à une mise en doute systématique.»
«Le phénomène le plus massif et généralisé est celui de l'éducation avec un effondrement scolaire des jeunes garçons et leur désinvestissement complet des études», souligne le sociologue. Un point de vue que partage l'essayiste Laetitia Strauch-Bonart qui, dans un livre percutant - Les hommes sont-ils obsolètes?- diagnostique le déclassement masculin à l'aide de nombreuses études chiffrées. Elle raconte l'histoire d'«un sexe qui, en perdant ses privilèges, a peut-être perdu sa raison d'être».
La désindustrialisation et l'avènement de l'économie du savoir profitent aux femmes
En effet, les hommes ont perdu le contrôle de la procréation, sont en retard dans les salles de classe, et la force physique qui était leur apanage n'a plus d'utilité sociale. En France, le retard des garçons de 15 ans est de trois quarts d'année scolaire en moyenne en «compréhension de l'écrit». Dans l'OCDE, cet écart atteint trois ans entre un garçon issu des classes populaires et une fille issue des catégories supérieures. Ce retard à l'école se poursuit dans le monde du travail: si, pour le moment, des écarts subsistent en défaveur des femmes, la tendance lourde est celle d'un déclassement des hommes. La désindustrialisation et l'avènement de l'économie du savoir profitent aux femmes. En France, le taux d'emploi des hommes a baissé de 82,3 % à 76,3 % entre 1997 et 2016, alors que celui des femmes est passé de 66,6 % à 69,2 %. Elles sont 49 % à être diplômées de l'enseignement supérieur contre 39 % chez les garçons.
Cette montée en puissance des femmes pose un problème à certains hommes. C'est le thème du roman de Patrice Jean, L'Homme surnuméraire (Rue Fromentin). Son héros, Serge Le Chenadec, est un quadra ordinaire qui prend la mesure de son inutilité auprès de sa femme et de ses enfants. Le monde n'a plus besoin de lui: de sa calvitie, de son boulot d'agent immobilier, de ses billets pour une soirée, en famille, au cirque. Ces laissés-pour-compte de l'extension du domaine de la lutte peuplent les romans de Michel Houellebecq, décrivant la misère sexuelle du mâle blanc abandonné. «Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue», dit l'un de ses personnages. «Le malaise masculin, c'est mon quotidien!», confirme la sexologue Thérèse Hargot, qui reçoit dans son cabinet de nombreux hommes déboussolés. «Les rapports de pouvoir ne peuvent plus s'exercer dans la sphère publique, alors ils se rejouent dans la sphère intime et sexuelle. Pour beaucoup d'hommes, elle devient un lieu de revanche, explique-t-elle. La consommation de pornographie en est le signe le plus frappant. Je le constate aussi dans l'infidélité des femmes. Beaucoup ne désirent plus leurs hommes car ils sont dévirilisés.»
Les hommes se retrouvent face à des injonctions paradoxales: une virilité caricaturale, réduite à sa seule dimension sexuelle, est exacerbée, notamment dans la pornographie et le monde ultra-compétitif de l'entreprise, tandis que le discours féministe domine partout ailleurs. C'est ce que la romancière Nancy Huston appelle la «virilité vrillée». «Je trouve qu'on demande l'impossible aux hommes, confiait-elle au Figaro. On leur demande d'être forts et faibles, durs et attentionnés, puissants et sans pitié dans le monde du travail, et doux comme des agneaux à la maison.»
Nouvelle culture masculine de l'immaturité
Face à cette montée des exigences et l'absence de rites de passage vers le monde adulte (que constituaient une école verticale, l'église ou le service militaire), beaucoup d'hommes retardent leur entrée dans la paternité, voire la refusent. Cela débouche sur ce que l'enseignant Martin Dekeyser appelle, dans un article de Débat, «la nouvelle culture masculine de l'immaturité». «L'entrée dans la vie adulte est devenue sensiblement plus difficile pour les jeunes hommes que pour les jeunes femmes», analyse-t-il. Ceux-ci se réfugient dans une culture jeune composée de dérision systématique, qui s'exprime principalement sur Internet ou dans les jeux vidéo. Ils tendent de s'évader, laissant la responsabilité du monde aux femmes, et en particulier aux mères.
Faut-il s'en inquiéter? La crise de la masculinité occidentale n'est-elle qu'une réplique sismique de la révolution sexuelle, vouée à s'éteindre d'elle-même, ou bien fait-elle craindre un retour de bâton qui s'exprimerait dans l'exaltation d'une masculinité primitive? Déjà, aux États-Unis, l'élection de Donald Trump, le «white angry man», peut être lue comme une forme de Nemesis du politiquement correct des campus américains. Elle n'a rien résolu de cet affrontement mais plutôt renforcé dans une triste guerre la surenchère féministe et le virilisme caricatural.

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Journaliste Débats et opinions
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Italie: Salvini lance l'idée d'une "Ligue des Ligues" en Europe (01.07.2018)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 01/07/2018 à 20h08 | Publié le 01/07/2018 à 20h02
Le ministre italien de l'Intérieur et chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, a lancé ce dimanche l'idée "d'une Ligue des Ligues en Europe", réunissant les mouvements "qui veulent défendre leurs frontières", à l'occasion du rassemblement annuel de son parti souverainiste à Pontida, dans le nord de l'Italie.
"Je pense à une Ligue des Ligues en Europe, qui unisse tous les mouvements libres qui veulent défendre leurs frontières et le bien-être de leurs enfants", a lancé Matteo Salvini devant des milliers de sympathisants qui l'acclamaient. Plus tôt, il avait annoncé que les élections européennes de 2019 seraient "un référendum entre l'élite, le monde de la finance et celui du travail réel, entre une Europe sans frontières avec une immigration de masse et une Europe qui protège ses citoyens".
"C'est une émotion indescriptible. Faites arriver le cri d'amour qui vient de Pontida", a poursuivi Matteo Salvini sur une grande scène où figuraient les slogans "Le bon sens au gouvernement" et "Les Italiens d'abord", leitmotiv du chef de file du parti eurosceptique. Selon les médias, quelque 50.000 personnes sont venues de toute l'Italie pour cette grand-messe du mouvement d'extrême droite organisée à Pontida, près de Bergame, car y serait née en 1167 la Ligue lombarde, alliance de villes du nord contre l'empereur Frédéric Barberousse.
'C'est le ministre qui décide'
Fort du double portefeuille de vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur, dont il est titulaire depuis un mois, Matteo Salvini a réussi à imposer le thème des migrants à l'agenda européen en interdisant début juin l'accès aux ports italiens aux ONG portant secours aux migrants en Méditerranée. Il les accuse d'être complices des passeurs, ce qu'elles contestent avec virulence. "La décision d'ouvrir les ports ou de les fermer, c'est le ministre de l'Intérieur qui la prend", a-t-il martelé dimanche.
Cette décision est à l'origine de tensions diplomatiques avec la France, cette dernière ayant accusé l'Italie "d'irresponsabilité" et M. Salvini rétorquant que l'Italie n'avait pas de leçons à recevoir de la part d'un pays qui, selon lui, n'a pas tenu ses engagements en matière d'accueil.
Si les relations ont semblé se réchauffer ces derniers jours entre les deux voisins, à la faveur de rencontres entre le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte et le président français Emmanuel Macron, Matteo Salvini n'a pas changé de ton pour autant. Il a conseillé vendredi à Emmanuel Macron de "se laver la bouche parce que l'Italie à fait beaucoup plus que les Français qui continuent de repousser des personnes à Vintimille", à la frontière franco-italienne.
Large adhésion
Une ligne dure qui semble lui réussir selon les sondages, dont un récent, réalisé mi-juin par Ipsos, a montré qu'une majorité d'Italiens (59%) approuvaient ses choix en matière d'immigration. Une large adhésion dont la Ligue, alliée du Rassemblement national de Marine Le Pen en France, tire tout naturellement avantage: arrivée au pouvoir aux législatives du 4 mars avec 17% des voix (en troisième position), elle était créditée samedi de 31,2% des intentions de votes pour les élections européennes, faisant du mouvement eurosceptique le premier parti d'Italie.
Le parti dame le pion à son allié de la coalition gouvernementale, le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), arrivé en tête des élections et qui reste stable à environ 30%. Luigi Di Maio, le chef de file du M5S, devenu lui aussi vice-premier ministre (et ministre de Travail), a été éclipsé par son allié de la Ligue, les thématiques sociales portées par le M5S (comme le revenu de citoyenneté) étant reléguées au second plan.
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Bock-Côté : «Le politiquement correct se radicalise au rythme où la société diversitaire se décompose» (29.06.2018)

Par Alexandre Devecchio
Publié le 29/06/2018 à 19h31
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Dans une charge contre le multiculturalisme et le politiquement correct, le sociologue québécois puise dans l'actualité récente des exemples éloquents : suppression du mot «race» de la Constitution, passages piétons aux couleurs de la gay pride à Paris... Un entretien sans concession.


- Crédits photo : Cerf
Mathieu Bock-Côté est sociologue et chargé de cours à HEC Montréal. Il a publié Le Multiculturalisme comme religion politique (Éditions du Cerf, 2016).

FIGAROVOX.- Sur fond de moralisation de la question migratoire et de radicalisation féministe, les députés ont voté en commission le retrait du terme «race» de l'article 1er de la Constitution et y ont également introduit l'interdiction de «distinction de sexe». Que cela vous inspire-t-il?
Mathieu BOCK-CÔTÉ.- Cela faisait un bon moment que la proposition d'un retrait du terme «race» de la Constitution traînait dans le paysage politique. On rappelle avec raison que François Hollande en avait fait la promesse lors de l'élection présidentielle de 2012. Le raisonnement est le suivant: si les races n'existent pas, comme on le dit aujourd'hui, pourquoi les mentionner? Ils y voient l'aboutissement constitutionnel d'un antiracisme authentique. Pourquoi pas?
Mais il y a néanmoins un paradoxe étonnant sur lequel on doit se pencher: c'est au moment où on veut bannir le mot race que la question raciale resurgit au cœur de la vie politique, à travers l'action des groupuscules identitaires d'extrême-gauche, dont les Indigènes de la République sont emblématiques. La mouvance indigéniste entend achever la décolonisation en dénationalisant la France, ce qui implique à la fois sa soumission et sa conversion à un multiculturalisme qui veut non seulement réintroduire la race dans le débat public, mais qui veut en faire la catégorie fondatrice de la citoyenneté et de la représentation. Elle pousse à une racialisation des appartenances qui accule ensuite au séparatisme racial revendiqué, comme on le voit avec la multiplication des «rencontres non-mixtes pour personnes racisées» dans le milieu universitaire, pour emprunter les termes de la novlangue diversitaire. En fait, si on se penche un peu sur les textes de référence de cette mouvance, on constate qu'elle cultive un racisme antiblanc décomplexé. S'il y a une tentation raciste en France, elle vient de là. La mouvance indigéniste excite le repli communautariste et cherche à fissurer le noyau intime de la nation. Mais cela ne semble pas troubler exagérément les grands médias, qui accueillent les représentants de cette mouvance à la manière de grands démocrates. La haine raciale est officiellement proscrite, sauf lorsqu'elle vise ceux qu'on nous invite à appeler les «Blancs» parce qu'il s'agirait simplement d'une critique des «dominants» par les «racisés». La mauvaise conscience occidentale a de l'avenir.
Qu'on me permette un mot sur cette sociologie racialiste qui s'impose de plus en plus dans l'université. Faut-il mettre le Français, l'Allemand, l'Écossais, l'Anglais, le Russe, le Letton, le Québécois et le Néerlandais dans la même catégorie parce qu'ils sont «Blancs»? Faut-il faire de même avec le Malien, l'Haïtien, le Kenyan et l'Afro-Américain parce qu'ils sont «Noirs»? Cette racialisation débile des appartenances est incroyablement régressive: elle pousse à l'abolition de l'histoire et de la culture pour naturaliser les groupes humains en grandes catégories zoologiques. Mais puisque cette proposition vient de la gauche, ou du moins, d'une certaine frange de la gauche radicale, on l'accueille favorablement, ou du moins, sans trop la condamner.
Alors devant cela, je me demande quel est le sens de ce vote des députés, qui me semblent incroyablement détachés du réel politique, auquel ils devraient pourtant porter attention. Que pensent les députés qui se sont ralliés à cet amendement de cette effrayante racialisation des appartenances?
Ce progressisme langagier peut-il vraiment réduire ou corriger les injustices et les inégalités?
Allons-y d'une évidence: le langage évolue, et d'une époque à une autre, il y a une forme de tri naturel qui n'est rien d'autre qu'un mouvement de civilisation des mœurs. Dans notre monde, on ne dit plus nègre, on ne dit plus rital, on ne dit plus youpin, et globalement, c'est très bien. L'histoire de la politesse nous rappelle que ce qui peut se dire ou ne pas se dire d'une époque à l'autre varie et on peut se réjouir que certaines insultes hier prisées méritent aujourd'hui à ceux qui les emploient une très mauvaise réputation. Il arrive aussi que ce souci de «politesse» bascule dans l'euphémisation du réel, lorsque le sourd devient le malentendant ou l'aveugle, le non-voyant. On ne sait pas trop ce qu'on gagne à parler ainsi, sinon à déréaliser le langage et à l'enfermer dans un univers autoréférentiel.
Le politiquement correct est un dispositif inhibiteur installé au cœur de l'espace public qui a pour fonction de refouler dans ses marges ceux qui affichent leur dissidence.
Mais ce n'est plus de cela dont il s'agit ici dans cette orwellisation du langage qui caractérise aujourd'hui la langue médiatique. Souvent, il s'agit de masquer le réel, tout simplement, comme c'est le cas avec la référence obsédante au vivre-ensemble, au moment même où la société se décompose et s'effiloche. Il peut aussi inverser le sens du réel. Il faudrait se souvenir de Jacqui Smith, l'ancienne ministre de l'intérieur britannique, qui en 2008, avait affirmé qu'il fallait parler non plus d'attentats islamistes, mais anti-islamiques, parce qu'ils seraient contraires à la vocation naturellement pacifique de l'islam. De la même manière, quand un homme comme Jacques Toubon joue avec les chiffres et les définitions pour laisser croire que l'immigration massive n'a pas eu lieu en France depuis 40 ans, comme on l'a vu récemment, il s'engage dans un travail de falsification de la réalité qui pousse le commun des mortels à croire que les autorités cherchent moins aujourd'hui à agir sur le réel qu'à le dissimuler. Cette idéologisation du langage devrait nous pousser à relire Milosz et Koestler, qui ont consacré des pages lumineuses à l'aveuglement idéologique.
La guerre culturelle, qui s'est substituée à la lutte des classes, est d'abord une bataille pour déterminer la signification de notre univers symbolique et pour transformer les codes et repères qui constituent le monde commun. On veut déterminer les paramètres de la perception commune et décider quels phénomènes sociaux ou aura le droit de voir ou non. Comment se représente-t-on la société? Comment a-t-on le droit de la représenter? En fait, le politiquement correct est un dispositif inhibiteur installé au cœur de l'espace public qui a pour fonction de refouler dans ses marges ceux qui affichent leur dissidence avec l'orthodoxie diversitaire. Et le politiquement correct se radicalise au rythme où la société diversitaire se décompose, comme s'il fallait à tout prix empêcher qu'on en tienne compte. De ce point de vue, le multiculturalisme est un régime idéocratique et autoritaire.
Je vous donne un exemple: on parle beaucoup, depuis quelques années, d'une «libération de la parole xénophobe» et il est bien vu de s'en inquiéter. Il y aurait même une montée de l'intolérance en Europe, et la démocratie serait mise en péril par la tentation du repli identitaire - on connaît ce lexique. Mais on peut voir les choses autrement: depuis une quarantaine d'années, on a assisté à la criminalisation progressive du sentiment national, au point où même la forme la plus bénigne de patriotisme a été assimilée à une inquiétante dérive nationaliste. À travers cela, c'est le besoin d'enracinement qu'on a moralement disqualifié. Il n'est plus légitime, pour un peuple, de vouloir assurer sa continuité historique ou de défendre ses frontières devant l'immigration massive sans qu'on présente de telles aspirations comme autant de symptômes de la progression de l'extrême-droite dans la vie publique.
Alors s'agit-il vraiment d'une libération de la parole xénophobe, ou du simple éclatement d'une digue idéologique et médiatique qui censurait le sentiment national? S'agit-il d'un retour du racisme 70 ans après la deuxième guerre mondiale ou d'un refus enfin affirmé de xénophobiser tout ce qui relève de près ou de loin de la nation? À tout le moins, on comprend que toute bataille politique suppose une bataille pour définir la réalité, mais celle-ci n'est pas infiniment malléable et elle finit par regagner ses droits, que nous la regardions en face ou non.
Plus anecdotique, Anne Hidalgo a décidé d'installer de manière permanente des passages piétons LGBT après qu'un passage piéton «arc-en-ciel» a été recouvert d'insultes homophobes. Dans le même temps, l'Assemblée nationale sera pour la première fois pavoisée aux couleurs LGBT. Cette politique en direction des minorités, sous prétexte de lutte contre les discriminations, ne trahit-elle pas finalement l'idéal égalitaire et anti-communautaire républicain?
Je ne suis pas certain que cela soit si anecdotique. Ces insultes contre les homosexuels sont inadmissibles, évidemment, et il est bien qu'on le dise, qu'on le répète, même. Ils relèvent d'une bêtise crasse, abjecte et militante qui devrait avoir honte d'elle-même.
Mais on voit ici comment le politiquement correct récupère ces insultes pour les instrumentaliser: on cherche ainsi à faire croire qu'elles seraient symptomatiques d'une renaissance du démon de l'homophobie qui hanterait la France. Il faudrait urgemment se mobiliser contre lui pour le chasser de la cité. Cela correspond à la sociologie diversitaire qui soutient que les sociétés occidentales se définiraient aujourd'hui essentiellement par une structure patriarcale, homophobe, raciste et sexiste qu'il faudrait faire tomber urgemment. Pouvons-nous raison garder? On constate ici que le système médiatique est prêt à récupérer n'importe quel événement pour maintenir en vie ce grand récit de l'hostilité occidentale à la différence.

- Crédits photo : Andres Kudacki/AP
Et cela peut aller plus loin. Si la France suit la pente nord-américaine, c'est au nom de la lutte contre l'homophobie, et demain, contre la transphobie, qu'on voudra de nouveau la convertir à la théorie du genre ou qu'on militera pour la reconnaissance d'un troisième sexe normalisé dans les formulaires administratifs, et cela, pour en finir avec la représentation binaire de la différence sexuelle. Et comme on doit s'y attendre, à ce moment, ceux qui ne participeront pas aux applaudissements obligatoires seront rangés dans le camp des réactionnaires. Cela devrait nous amener à réfléchir à la «lutte contre les discriminations», à laquelle en appellent tous les politiques, sans prendre la peine de réfléchir au cadre théorique dans lequel elle s'inscrit et qui la justifie. La moindre différence est désormais pensée comme une discrimination illégitime à combattre.
Autre chose. Il faudrait se questionner sur ce qui, dans le logiciel médiatique, permet de transformer un fait divers en fait politique. Ces insultes sont comprises comme un événement politique exigeant une réponse politique. Mais quelle est la matrice idéologique qui transforme les faits divers en faits politiques, et comment fonctionne-t-elle? Pourquoi, par exemple, le scandale de Telford est-il traité comme un fait divers n'ayant aucune signification particulière? Pourquoi avons-nous parlé avec tant de pudeur des agressions sexuelles à grande échelle de Cologne? Pourquoi la hausse de l'insécurité causée par l'immigration massive est-elle tue, ou même niée, au point même où ceux qui en font mention passent pour des agitateurs racistes et des prêcheurs de haine?
En fait, tout ce qui remet en question la grandeur de la société diversitaire est abordé avec une gêne extrême: on craint que si l'information se rend au peuple, ce dernier n'en tire des conclusions indésirables. Alors on ira même jusqu'à criminaliser les porteurs de mauvaises nouvelles, comme on le voit avec les procès idéologiques à répétition, qu'ont subi bien des intellectuels et journalistes français ces dernières années.
De manière plus large, est-on en train d'assister en France à un nouveau tournant politiquement correct? Régis Debray a-t-il raison de parler d'américanisation de l'Europe?
Je ne suis pas particulièrement porté à l'anti-américanisme mais je constate qu'il est aujourd'hui nécessaire de critiquer une nouvelle forme d'impérialisme idéologique qui vient d'Amérique et qui pousse chaque nation à la déculturation. Ce n'est pas être anti-américain que de ne pas vouloir devenir américain et de ne pas vouloir plaquer sur la France des catégories historiques et sociologiques qui n'ont rien à voir avec elle. Pour parler du politiquement correct, on pourrait peut-être même parler, pour s'inscrire dans l'histoire culturelle américaine, d'une forme de puritanisme idéologique, qui consiste à vouloir purger une société de toutes ses aspérités culturelles et symboliques, pour les rendre conformes au dogme diversitaire. Il faut refouler les mauvais sentiments que nous inspire la postmodernité et envoyer sans cesse à ses contemporains des signes ostentatoires de vertu, pour emprunter la formule de Vincent Trémolet de Villers. On le fera en dénonçant rituellement, et sur une base quotidienne, s'il le faut, les phobies qui polluent notre monde, quitte à en inventer des nouvelles, comme la grossophobie! Ceux qui prendront la peine de s'intéresser à ce que devient aujourd'hui l'université américaine et aux types de controverses qui l'animent seront sincèrement horrifiés.
Le politiquement correct a pour vocation d'étouffer la part du vieux monde encore vivante en lui pour lui permettre d'enfin renaître après son passage dans la matrice diversitaire.
Mais on peut aussi voir dans l'idéologie diversitaire qui a fait du politiquement correct son régime de censure médiatique une poursuite de la tentation totalitaire qui hante la modernité et qui se présente aujourd'hui sous un nouveau visage. De nouveau, on rêve à un monde réconcilié, réunifié et absolument transparent à lui-même. Un monde sans identités, mais aussi sans carnivores, sans fumeurs, sans buveurs, sans dragueurs, sans aventuriers et sans relations particulières, c'est-à-dire un monde sans amitié, absolument programmé, lisse, amidonné - un monde qui aurait fait mourir d'ennui un Joseph Kessel et qui donnerait des envies d'exil à un Sylvain Tesson. Nous recommençons à rêver de l'homme nouveau, mais il s'agit cette fois de l'homme sans préjugés, délivré de ses appartenances, de sa culture, de ses désirs et du vieux monde auquel il était encore lié. Le politiquement correct a pour vocation d'étouffer la part du vieux monde encore vivante en lui pour lui permettre d'enfin renaître après son passage dans la matrice diversitaire, purifié et prêt à embrasser une nouvelle figure de l'humanité, délivrée de cette préhistoire morbide qu'aura été l'histoire de l'Occident. Car pour que l'humanité nouvelle advienne, on doit d'abord en finir avec l'Occident en général et l'Europe en particulier. Si on ne comprend pas cela, on ne comprend fondamentalement rien au progressisme d'aujourd'hui.
Ce politiquement correct a été embrassé depuis longtemps en Amérique du Nord. Quand est-il né exactement? Comment a-t-il imposé son hégémonie culturelle?
En un mot, il naît sur les campus américains, à partir de la fin des années 1960, et se développe jusqu'aux années 1980, où il commence à s'institutionnaliser dans l'université, avant de devenir médiatiquement hégémonique avec les années 2000. C'est le fruit des Radical Sixties et d'un croisement bien particulier entre le néomarxisme et les formes les plus toxiques de la contre-culture. Très schématiquement, il repose sur une critique radicale de la civilisation occidentale, accusée d'avoir construit une figure aliénante de l'homme, qu'il faudrait déconstruire en s'appuyant sur les différentes minorités qui auraient subi son hégémonie. Il faut dès lors attaquer ou censurer ce qui était encore hier la norme majoritaire de nos civilisations, et valoriser ce qui était marginalisé ou laissé de côté. Sur le plan philosophique, le politiquement correct repose sur une inversion radicale du système normatif de notre civilisation, qui doit désormais neutraliser et déconstruire son noyau existentiel, pour se définir désormais à partir de ceux et celles qu'elle aurait historiquement exclu, qui sont désormais investis d'une charge rédemptrice quasi-religieuse.

- Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
Concrètement, le politiquement correct repose aujourd'hui sur une culture de la surveillance généralisée: tout ce qui entre en contradiction avec l'orthodoxie diversitaire est dénoncé et monté en scandale par des groupuscules à la psychologie milicienne qui se comportent comme des professionnels de l'indignation - et il s'agit d'une profession rentable. Pas une semaine ne se passe sans qu'on ne dénonce telle ou telle rémanence du vieux monde et sans qu'on nous répète que nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour accoucher de la société diversitaire idéale. Le politiquement correct carbure aux scandales, de temps en temps réels, la plupart du temps artificiel, qu'il sait mettre en scène pour garder la société vigilante contre l'éternel retour du monde d'hier, même sous la forme apparemment neutralisée de la nostalgie. Jamais il ne baisse la garde, jamais il ne veut la baisser. Souvent, il devient ridicule, comme on l'a vu avec la controverse de l'écriture inclusive, et alors, il feint de s'arrêter, mais c'est pour reprendre sa croisade dès que le cycle de l'actualité a repris son cours. De ce point de vue, toute critique du politiquement correct implique une critique du fonctionnement du système médiatique et une explicitation de ses biais inavoués.
N'a-t-il pas été ébranlé par l'élection de Donald Trump? La gauche intellectuelle américaine a-t-elle entamé un début d'auto-critique sur ce sujet?
Au contraire. La gauche intellectuelle américaine se radicalise. Elle ne doute plus d'elle-même. Devant Trump, qui incarne de manière caricaturale et convenons-en, souvent détestable tout ce qu'elle exècre, elle est ivre de vertu et fait valoir encore plus sa splendeur morale. Jamais elle n'a moins douté que maintenant. Avec un grand esprit de sérieux, elle se demande doctement si l'Amérique ne bascule pas vers le fascisme. On devrait être capable de critiquer la présidence souvent inquiétante de Trump sans verser dans une telle outrance - mais la gauche idéologique est-elle capable de s'imaginer un adversaire qui ne soit pas un ennemi du genre humain? Sa tentation, à laquelle toujours elle cède, c'est la croisade morale pour chasser de la cité ceux qui ne souscrivent pas à ses dogmes. Elle ne croit pas au pluralisme politique: elle distingue entre l'avant-garde, qu'il faut célébrer, et dans laquelle elle se reconnaît, et l'arrière-garde, assimilée au bois-mort de l'humanité, dont il ne faut pas s'encombrer et qui est de toute façon condamnée par le sens de l'histoire. Au fond d'elle-même, elle croit à la vertu politique de l'ostracisme. Ce qui la menace, toutefois, c'est qu'une part de plus en plus importante de la population se fiche désormais des campagnes de salissage médiatique. Plus encore: plus les médias désignent à la vindicte publique un homme ou une idée, plus cette frange de la population s'y identifie. La société se polarise comme jamais.
Cette idéologie étrangère à la culture européenne, en particulier française, peut-elle s'imposer durablement sur le vieux continent? Ne risque-t-elle pas de nourrir, comme aux États-Unis, une réaction «populiste»?
Plus le discours dominant fonctionnera au déni de réel et plus il diabolisera ceux qui cherchent à en rappeler l'existence.
On sous-estime le poids de la révolte contre le politiquement correct dans ce qu'on appelle la poussée populiste contemporaine. Le commun des mortels s'exaspère avec raison contre le contrôle tatillon du langage, contre le culte immodéré des minorités quelles qu'elles soient, contre les délires idéologiques comme l'écriture inclusive, contre un certain féminisme radical qui n'en finit plus d'en appeler à la charge contre le patriarcat alors que nos sociétés n'ont jamais été aussi égalitaires, contre la mouvance trans et queer qui veut déconstruire les fondements même de la différence sexuelle, et ainsi de suite. Le commun des mortels sent qu'on veut transformer radicalement sa culture et naturellement, il se braque. Il y a des limites à faire semblant de rien devant un tel matraquage idéologique. Nos sociétés, avec raison, sont prêtes à s'ouvrir à une pluralité de modes de vie, c'est la grandeur des sociétés libérales, mais n'ont pas particulièrement envie d'être transformées en un grand camp de rééducation idéologique à ciel ouvert avec des sermonneurs sur toutes les tribunes qui les accusent d'être arriérées. Permettez-moi aussi une petite réflexion sur le «populisme». Le «populisme» est un gros mot, très rarement définit, dont on fait usage pour disqualifier moralement et politiquement ceux qui affichent leur dissidence avec l'orthodoxie diversitaire. On s'alarme de sa montée sans jamais nous dire exactement de quoi il s'agit. Et on peut croire que la dénonciation désormais rituelle du populisme dans les médias contribue à cette exaspération populaire, qui pousse aux révoltes électorales comme l'élection de Trump, le Brexit ou l'élection italienne.
Alain Finkielkraut insiste sur la nécessité de refuser «le politiquement correct» sans pour autant verser dans «le politiquement abject». Dans un contexte de crise de l'Occident, cet équilibre va-t-il devenir de plus en plus précaire? Comment le préserver malgré tout?
Je partage le même souci qu'Alain Finkielkraut. Le politiquement correct comme le politiquement abject sont les deux faces d'une même médaille et ils s'expriment souvent d'une manière absolument détestable sur les médias sociaux. Mais je vous avouerai mon pessimisme: je crois de moins en moins en l'avenir de la courtoisie démocratique, nécessaire à la conversation civique, même si je la crois absolument nécessaire. Pour que la politique soit civilisée, ou du moins, pour qu'on contienne sa charge polémique, elle doit s'inscrire dans un monde commun, qui transcende nos désaccords les plus profonds. Ce cadre, c'était la nation. Quand elle se décompose, c'est une psychologie de guerre civile qui remonte à la surface. Je ne suis pas certain que nous puissions contenir, du moins pour un temps, la radicalisation de la rhétorique politique. Sur internet, je l'ai dit, plusieurs se complaisent dans la fange. La vie publique devrait exiger une certaine décence. Elle suppose aussi une pluralité légitime de points de vue: aucun camp ne devrait réclamer pour lui le monopole du vrai, du bien et du juste.
Mais je suis convaincu d'une chose: plus le discours dominant fonctionnera au déni de réel et plus il diabolisera ceux qui cherchent à en rappeler l'existence, plus il poussera à la révolte de grandes couches de la population et dégagera un boulevard pour des entrepreneurs politiques qui sauront canaliser cette exaspération. En fait, cette recomposition est déjà commencée. Reste à voir quel visage elle prendra.
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L’ambassadeur de France en Hongrie soutient Orban et ose dire la vérité «le véritable antisémitisme est le fait des musulmans» (01.07.2018)
Juil 01, 20183

Dans une note diplomatique révélée par Mediapart ce 29 juin, l’ambassadeur de France en Hongrie, nommé en 2015 par François Hollande, enjoint le président français à modifier sa perception de la politique du Premier ministre hongrois Viktor Orban.
La Hongrie est «un peu le Real Madrid du monde politique moderne». L’auteur de cette comparaison surprenante entre le club de football espagnol triple champion en titre de la prestigieuse Ligue des champions et le gouvernement du Premier ministre hongrois Viktor Orban n’est autre que l’ambassadeur de France à Budapest.
Eric Fournier, nommé par François Hollande en 2015, a envoyé une note diplomatique à la direction de l’Union européenne du ministère de l’Europe et des affaires étrangères ainsi qu’à la présidence de la République ce 18 juin. Dans ce document, que Mediapart a pu consulter, Eric Fournier attaque frontalement la perception erronée qu’aurait la presse internationale des forces politiques qui président à la destinée de la Hongrie.
Aucun gouvernement européen ne peut se prévaloir d’une triple victoire électorale consécutive avec deux-tiers des suffrages
Selon lui c’est «par jalousie» que les commentateurs auraient développé une «magyarophobie» (le mot «magyar» signifie «hongrois» dans la langue du pays et est utilisé pour désigner le peuple hongrois). Pour le diplomate, la Hongrie est «un modèle ayant su anticiper les problèmes posés par les mouvements migratoires illégaux». Les accusations de populisme – le président français Emmanuel Macron parle lui de «démocratie illibérale» – sont «fantasmagoriques» poursuit l’ambassadeur. Dans une sous-partie de la note initulée «le mythe du populisme», Eric Fournier rappelle également qu’«aucun gouvernement européen ne peut se prévaloir d’une triple victoire électorale consécutive avec deux-tiers des suffrages », en référence aux succès récurrents de Viktor Orban dans son pays.
Ces accusations, peu communes pour un diplomate en exercice soumis au devoir de réserve, ne sont pas anodines. Elles interviennent en pleine tempête européenne sur la question migratoire – où la Hongrie joue un rôle-clé en tant que leader du groupe de Visegrad dont le ciment est notamment la volonté de stopper les flux de migrants en Europe – et alors qu’un éventuel déclenchement contre la Hongrie de l’article 7 du traité de Lisbonne est en discussion depuis plusieurs mois. Une telle éventualité pourrait conduire à lui retirer son droit de vote au sein du Conseil européen.
L’antisémitisme en Hongrie ? Un «fantasme» de «journalistes étrangers»
Si la procédure est longue et complexe, un premier jalon a été posé ce 25 juin. Une quarantaine d’eurodéputés du comité chargé des libertés civiles ont en effet voté en faveur du déclenchement de l’article 7 contre la Hongrie. Ce coup de semonce s’apparente, pour Eric Fournier, à un caprice de la Commission européenne, qui «cherche à faire payer à la Hongrie son discours critique».
Un modèle ayant su anticiper les problèmes posés par les mouvements migratoires illégaux
Une des raisons pour lesquelles les députés ont choisi de voter pour sanctionner, ou du moins envoyer un message fort à la Hongrie, est la récente entrée en vigueur d’un amendement à la Constitution hongroise qui stipule désormais que toutes les institutions du pays doivent défendre la culture chrétienne. «Quoi de plus normal, a priori, de la part d’une nation qui continue depuis 1 018 ans de faire de Saint-Etienne l’un de ses pères fondateurs ?», s’interroge à ce sujet Eric Fournier.
[Le] véritable antisémitisme moderne [est] le fait des musulmans de France et d’Allemagne
Dernier point abordé par le diplomate dans sa note : le supposé antisémitisme qui sévirait au sommet de l’Etat hongrois, notamment du fait des campagnes anti-Soros – un milliardaire gauchiste americano-hongrois pvisé par Viktor Orban pour ses financements, par le biais de sa fondation Open Society, d’ONGs appelant à l’accueil de réfugiés dans le pays. Ces insinuations sont non seulement un «fantasme» de «journalistes étrangers», selon l’ambassadeur de France en Hongrie, mais aussi un moyen de faire diversion quant au «véritable antisémitisme moderne» qui est «le fait des musulmans de France et d’Allemagne».
Interrogé par Mediapart, le Quai d’Orsay confirme l’existence de cette note et assure que ces propos «ne reflètent nullement la position des autorités françaises». Ils relèvent au contraire d’«un commentaire non sollicité et malvenu de son auteur, auquel il a été fermement rappelé la nécessité d’une expression précise et mesurée, dans le strict champ de ses compétences».


12 Juin 2016

Selon Yves Coppens, le berceau de l'Humanité n'est pas en Afrique
La théorie de « l’Eve africaine » et celle d’ « Out of Africa » peuvent être désormais rangées dans le rayon des idéologies défuntes, quelque part entre la « lutte des classes » et le mythe de la « colonisation-pillage »... Les Hommes européens ne viennent pas d'Afrique, ni les hommes asiatiques non plus : Les avancées scientifiques des 20 dernières années ont définitivement tordu le cou à ce mythe teinté de racisme et d'idéologie de Gauche !

Déclarant à la revue Science et Avenir (n° 772, juin 2011) que «L’Afrique n’est pas le seul berceau de l’Homme moderne », Yves Coppens fait voler en éclats le postulat de l’exclusivité des origines africaines de l’humanité. Il évacue également d’une phrase plusieurs dizaines d’années d’un hallucinant « bourrage de crâne » scientifique construit autour du paradigme du « Out of Africa ».
Pour mémoire, selon ce dernier, les Homo sapiens seraient sortis d’Afrique sous leur forme moderne entre moins 100 000 ans et moins 60 000 ans, et ils auraient partout remplacé les populations antérieures, ce qui fait que nous sommes tous des Africains…
C’est en prenant en compte les découvertes récentes qu’Yves Coppens a radicalement révisé ses anciennes certitudes. Désormais, pour lui, ni l’Homme moderne européen, ni l’Homme moderne asiatique ne descendent de l’Homme moderne africain puisqu’il écrit : « Je ne crois pas que les hommes modernes aient surgi d’Afrique il y a 100 000 à 60 000 ans (…) Je pense que les Homo sapiens d’Extrême-Orient sont les descendants des Homo erectus d’Extrême-Orient ». Comment serait-il d’ailleurs possible de continuer à soutenir que les Asiatiques ont une origine africaine quand, dans une Chine peuplée en continu depuis 2 millions d’années, les découvertes s’accumulent qui mettent en évidence la transition entre les hommes dits archaïques et l’Homme moderne dont les Chinois actuels sont les très probables descendants (Dong, 2008 : 48). Il en est de même avec les Européens.
Les importantes découvertes archéologiques qui ont permis une totale révision des modèles anciens ne sont pas des nouveautés pour les lecteurs de l’Afrique Réelle. Dans un dossier publié dans le numéro 11 du mois de novembre 2010, il a ainsi été montré que l’Homme moderne, qu’il soit asiatique, européen ou africain est issu de souches locales d’hominisation ayant évolué in situ.
Un peu partout dans le monde, nous voyons en effet et clairement des Homo erectus se « sapiensiser » et donner naissance à des lignées locales, peut-être les plus lointains marqueurs des « races » actuelles. Ces « sapiensisations » observables à la fois en Asie, en Europe, dans le monde méditerranéen et en Afrique, réduisent à néant le postulat du diffusionnisme au profit de l’hypothèse multi régionaliste que je défends depuis de nombreuses années.
Les découvertes qui s’accumulent, de la Georgie à l’Espagne, de la Chine au Maroc ou encore d’Israël à l’Australie et à la Mongolie vont ainsi toutes dans le sens d’hominisations indépendantes de (ou des) l’hominisation africaine.
Cette déferlante ayant fait céder les fragiles digues dressées par la pensée unique, ses derniers défenseurs en sont réduits à jongler avec les faits. Le célèbre généticien André Langaney n’a ainsi plus qu’un pauvre argument à opposer aux nombreuses et très sérieuses études faites en Chine puisqu’il ne craint pas d’écrire : « Des scientifiques orientaux au nationalisme mal placé veulent à toute force que l’homme de Pékin ou d’autres fossiles chinois soient leurs ancêtres » (Sciences et Avenir, page 63). Fin du débat !
Le dossier de Science et Avenir constitue une étape essentielle dans la libération des esprits car il va toucher le plus grand nombre. En dépit d’inévitables scories idéologiques qui font surface ici ou là, et de concessions appuyées au politiquement correct, sa publication signifie qu’il n’est désormais plus possible de cacher au grand public une vérité que les spécialistes connaissaient mais qu’ils conservaient prudemment dans leurs tiroirs afin de ne pas désespérer le « Billancourt de la paléontologie »…
La théorie de « l’Eve africaine » et celle d’ « Out of Africa » peuvent donc être désormais rangées dans le rayon des idéologies défuntes, quelque part entre la « lutte des classes » et le mythe de la « colonisation-pillage ».
Les études toutes récentes sur l'Homme de Dali en Chine ne font qu'enfoncer le clou et tuent définitivement "L'Eve africaine" ! Elles ouvrent de nouvelles hypothèses qui font avancer la science en dehors de toutes idéologies sclérosantes.
Celles sur l'Homme de Neandertal montre qu'il n'était pas un sous-homme, mais un homme qui n'avait rien à envier à l'Homme moderne venant d'Afrique (Lire : Neandertal peint les premières fresques 20 000 ans avant l'arrivée de l'Homme moderne en Europe)

(Bernard Lugan pour le site http://breizatao.com
Yves Coppens est un paléontologue et paléoanthropologue français, professeur émérite au Collège de France. En France, son nom est attaché à la découverte en 1974 du fossile surnommé Lucy, puisqu'il était avec l'Américain Donald Johanson et le Français Maurice Taïeb l'un des trois codirecteurs de l'équipe qui l'a mis au jour.



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