La Bataille de Poitiers (qui d'ailleurs n'eut pas lieu à Poitiers), mit un terme à une razzia arabe dont l'objectif était de piller des trésors d'église, et plus particulièrement ceux de la très riche basilique de Saint-Martin de Tours.
Bien que n'ayant pas bénéficié du même retentissement, la Bataille de la Berre est historiquement et stratégiquement beaucoup plus importante, car l'objectif final des musulmans n'était pas ici de lancer des razzias comme à Poitiers, mais d'étendre la conquête de l' Islam et la colonisation sur tout le pourtour du bassin méditerranéen.
Nous sommes en 737, Charles Martel fait le siège de Narbonne, la dernière capitale de notre Royaume Visigoth de Septimanie, tombée sous le joug musulman 18 ans plus tôt. Pour délivrer Narbonne, le Wali d'Espagne rassemble une imposante armée qui fait voile vers l'étang de Bages-Sigean, tandis que la légendaire cavalerie arabe franchit les Pyrénées et établit son camp le long de la Berre.
http://www.thezandescorbieres.com/berre/index.htm
LA BATAILLE DE LA BERRE
En ce début du VIIIème siècle, les Arabes venus d'Espagne lancent des expéditions au-delà des Pyrénées. A l'ouest, ils sont arrêtés à Poitiers en 732. A l'est, après s'être dirigés vers Autun, ils sont contraints de se retirer vers le sud. En 737 Charles Martel, après la prise d'Avignon, conduit son armée devant Narbonne.
Depuis dix-huit ans, Narbonne était musulmane et conservait encore les vestiges des anciennes splendeurs romaines. Charles Martel s'apprête donc à investir une véritable citadelle gallo-romaine / wisigothique, devenue arabe, dont la possession représente un enjeu considérable. L'avance rapide de Charles oblige le gouverneur arabe à s'enfermer dans la ville avec les troupes qui lui restent. Charles investit Narbonne mais, contrairement à Avignon située sur la même rive d'un fleuve, ici la rivière coupe la ville en deux et permet à celle-ci de communiquer avec la mer par l'intermédiaire des étangs : pour empêcher toute arrivée de renforts par voie d'eau, il fait construire des tours de guet de part et d'autre du fleuve en aval de la ville et bloque ainsi toute possibilité de ravitaillement.
A ce moment, il tient captives toutes les troupes arabes de la Septimanie mais, malgré de nombreuses tentatives, il n'arrive pas à s'emparer de la ville. Il s'impatiente et apprend qu'Okba veut tenter à tout prix de lui faire lever le siège. Le Wali d'Espagne a rassemblé une armée importante sous le commandement d'Omar ben Chaled. Celui-ci, pour gagner du temps et éviter le passage des Pyrénées à ses charrois, embarque ces derniers sur des vaisseaux et fait voile vers la Septimanie. Seule sa cavalerie rejoint par voie de terre.
Il arrive en vue de Narbonne un dimanche, dit la chronique, bien plus tôt qu'on ne l'attendait. L'accès du port étant rendu impraticable par les ouvrages du siège, Omar décide de débarquer sur les plages voisines de l'embouchure de la Berre et de secourir la ville par voie de terre. Charles laisse devant Narbonne une partie de son armée et se précipite à la rencontre de l'ennemi. Le heurt se produit aux environs de la rivière de la Berre, dont la bataille portera le nom. Il est curieux de constater que si le nom de la bataille de Poitiers est pratiquement connu de tous, il est loin d'en être de même pour celui de la Berre, qui, pourtant, revêt une importance au moins égale à celle de Poitiers : c'est le coup d'arrêt infligé à l'expansion musulmane dans ce qui sera la France.
Ce fut en réalité, pour les contemporains, une demi-victoire pour les uns et une demi-défaite pour les autres, d'où l'oubli quasi général de ce combat… Et pourtant on peut affirmer que ce fut une très grande victoire, complète, car se profilait derrière ces combats l'objectif connu et avoué de l'Emir Okba : reprendre l'expansion de la conquête islamique qui avait porté ces derniers d'Arabie en Espagne en moins d'un siècle pour la prolonger vers la "Grande Terre" et le Moyen-Orient, par les rivages Nord de la Méditerranée. Grandiose projet, caressé aussi par les khalifes Omeyades de Damas qui surent faire de cette étendue d'eau, une mer arabe. Narbonne ne fut pas prise par Charles, reparti vers les Saxons, mais par son fils Pépin le Bref, en 759. L'occupation de la Septimanie par les Arabes avait duré 40 ans.
Les dissensions perpétuelles dans les rangs arabes et le début de la reconquête espagnole ruineront à tout jamais le grand rêve musulman de la Grande Terre Franque (Erde Kebira).
LE TERRAIN
Région maritime caractérisée par des terres émergées de faible hauteur (50 cm au plateau des Cavettes) et des terres basses marécageuses, dues aux nombreuses alluvions transportées par la Berre dans cette région du littoral. Ancien golfe qui à l'origine comportait trois grandes îles, Saint-Martin, l'Aute, Sainte-Lucie et de nombreux gros cailloux.
La caractéristique essentielle de ce golfe est son ensablement constant et régulier au cours des siècles. Ses débouchés sur la mer ont toujours été depuis la plus haute antiquité au nombre de trois, du Nord vers le Sud : Le grau du Grazel, ou de Gruissan, le Grau de Narbonne, ou de la Vieille Nouvelle et celui de la Nouvelle.
Le second cité, qui porte le nom de la ville de Narbonne, a été employé intensément ; il communiquait avec les étangs de Bages et de Sigean et permettait aux navires d'approcher des atterrages situés dans les étangs.
Il est possible de penser que l'atterrage de Port-Mahon a été utilisé par les éléments de l'armée arabe transportés par mer plutôt que les plages avoisinantes aux sols marécageux manquant de fermeté, tant pour le débardage de fardeaux lourds, comme les divers éléments des machines de guerre, que pour les pieds des chevaux. Une confirmation supplémentaire en est fournie par la mort d'Omar ben Chaled au plateau des Cavettes, pratiquement à la tête de pont de son débarquement. Les étangs occupaient une superficie bien plus grande que de nos jours : en dessous de la cote des 5 mètres actuelle le sol est parfaitement nivelé, signe évident d'un ancien fond marin, et en partie occupé de nos jours par des vignobles ou des petits marécages, mais les uns et les autres comportent des installations de drainage. Cela ne veut pas dire que cette cote représentait le niveau des eaux au moment du combat qui nous occupe : le processus d'ensablement et d'exhaussement des sols, combiné peut-être avec un faible abaissement maritime, a transformé ce paysage.
Une comparaison avec la carte de Cassini, levée entre 1750 et 1814 montre, à l'évidence, des divergences sensibles avec le littoral des étangs tel qu'il nous apparaît aujourd'hui ; en particulier une île, qui existait il y a deux siècles, nommée l'île de Mouisset, est actuellement une éminence en pleine terre, portant le point coté 13 mètres (située à l'extrémité Est de la clôture de la Réserve Africaine...). On peut donc admettre qu'il y a 13 siècles, l'aspect de cette région était différent de celui de nos jours, non dans son allure générale, mais en particulier pour 1es atterrages utilisables. Autre point particulier qui a valeur de confirmation : des sondages effectués dans les salins de Peyriac ont situé le sol ferme à 14 mètres. On pourrait continuer ainsi à étudier le pourtour du golfe initial ce qui ne ferait que confirmer ce qui est écrit plus avant. Les collines avoisinantes longeant le littoral sont sensiblement orientées Nord-Sud et séparées entre elles par des dépressions plus ou moins marquées, ce qui peut permettre en certains endroits de se déplacer parallèlement au rivage sans être à l'Ouest de ce dernier. Le réseau routier de l'époque dans le sens Nord-Sud comportait trois voies et un nombre plus important dans le sens Est-Ouest. Les trois voies principales d'importance différente, étaient de l'Ouest vers l'Est :
La voie Domitienne et, pour la région qui nous occupe, son trajet de Fontfroide à Portel ; Le chemin des Charbonniers, pour la partie comprise entre Prat-de-Cest et Portel; Le chemin des Salins - devenu la voie Domitienne de remplacement à partir du IV siècle pour le tronçon Villefalse-Narbonne - suivait sensiblement la Route Nationale n° 9 actuelle, allant de Narbonne à Perpignan.
Mais gardons-nous d'établir un parallèle entre ce que nous voyons de notre réseau routier et ce qu'il était à l'époque de Charles : depuis la fin de l'Empire romain, il n'était plus entretenu et ne devait présenter qu'une pauvre plate-forme ravinée, rabotée et défoncée à souhait. Enfin la Berre, dont il est tant parlé, est une rivière à caractère torrentiel ; elle est le déversoir oriental des Corbières par la cluse de Ripaud. Elle prend sa source à la Serre de Quintillan et a un cours d'une longueur d'environ quarante kilomètres. Elle coule d'abord en direction du Nord-Nord Est jusqu'à Ripaud puis infléchit son cours vers l'Est et termine en direction du Nord-Est. Elle se jette dans l'étang de Sigean au Nord-Est du Hameau du Lac.
LE COMBAT Que dit Frédégaire (historiographe de la dynastie Mérovingienne): " De la ville part un chemin qui serpente à travers les collines. Sur cette voie encaissée, les Francs échappent aux regards des guetteurs arabes apostés tout près de la voie Domitienne. Karl (Charles Martel) atteint le village de Portel, d'où sort une route qui longe la Berre et conduit à la Mer. A Villefalse où existe un palais, il passe la rivière à gué et arrive au contact de l'ennemi en plein désarroi. Les adversaires se sauvèrent et beaucoup se noyèrent, ils furent tous exterminés. La mer se teinta au loin de leur sang ". Que dit l'Anonyme de Cordoue (historien arabe) : il compare "la masse des guerriers de Karl à un rempart de glace… Omar confiant dans la qualité de sa position n'avait pris aucune précaution particulière". Le principal est dit ; mais la concision extrême des chroniqueurs de cette époque, pour qui tout paraît tellement évident, doit être interprétée au mieux. Frédégaire, en dix lignes, campe une action puissante qui a mis aux prises des milliers d'hommes. Action très bien pensée, préparée et menée dans l'exécution jusqu'à la victoire totale sur le terrain. Quant à l'Anonyme de Cordoue, il avait toutes les raisons de se montrer plus discret… Pour suivre au mieux la préparation et le développement de cet engagement, il est nécessaire d'essayer de reconstituer l'implantation probable de ces deux armées la veille du combat et de pénétrer le processus de mise en œuvre de l'action projetée. Car enfin, le maniement de troupes nombreuses ne peut échapper à certaines règles qui régissent en tous temps les lois de la guerre :
Situation des Francs le samedi L'armée franque avait investi Narbonne au plus près des fortifications, interdisant tout mouvement aux assiégés. En plus, comme il est de règle en Campagne, toute armée se garde et, à cet effet, il existait autour de la ville, à une certaine distance commandée par des voies d'accès ou des points remarquables du terrain, des postes de surveillance, comparables à des sonnettes d'alarme, chargés de prévenir Charles de ce qui se passait dans son dos. L'une de ces sonnettes se trouvait obligatoirement au seuil de Prat-de-Cest, point de passage obligé, limite de compartiment de terrain dominant le pays vers le Sud et, donnée très importante, la menace venant de cette direction. Nous avons vu que le terrain vers le sud est encagé entre le littoral et les collines des Corbières, sensiblement parallèles entre eux. Dans le sens Nord-Sud, il se caractérise par deux compartiments de terrain très bien marqués : Le premier va de Narbonne à Prat-de-Cest (7, 5 km environ). Le second, de Prat-de-Cest au col Sud-Sud Ouest de Sigean (15 km environ). De plus, en se plaçant sur les hauteurs Est de Prat-de-Cest aux côtes d'Estarac qui culminent à 112 m et sont très accessibles en venant du nord, il est possible de voir la quasi totalité des étangs, mais aussi le grau de la Vieille Nouvelle, le "canal des Romains", le plateau des Cavettes et celui de Gratias. Voilà donc le belvédère tout trouvé : très certainement, Charles est venu sur place et a pu de cet endroit concevoir sa manœuvre. Il n'est pas interdit de penser que les pentes est du massif de Fontfroide aient pu jouer également le même rôle. Nous avons vu qu'il savait que l'émir Okba voulait lui faire lever le siège rapidement, au moyen d'une armée qu'il regroupait. Cette armée ne pouvait être qu'à base de cavalerie puisque musulmane, nombreuse, et qu'elle arriverait par voie de terre ; un embarquement de troupes montées importantes est hors de propos puisqu'elle devait arriver très vite. Tout cela confirmé sûrement par des transfuges espions, comme il en existe en tout temps ou par les habitants excédés des exactions guerrières qu'ils subissaient, sans compter les interrogatoires de prisonniers. A la limite, pourquoi n'aurait-il pas su qu'Omar viendrait avec des navires. Il savait donc, à coup sûr, que l'ennemi potentiel arriverait du Sud par eau et par terre. Une autre source de renseignements a dû fonctionner : les pêcheurs, très nombreux à l'époque, car deux faits retiennent l'attention. Il est dit qu'au moment où les Arabes se sont sauvés en direction des étangs pour rejoindre leurs navires, ils ont été poursuivis et tués par les Francs montés sur des bateaux. Lesquels, sinon ceux trouvés opportunément sur place, c'est-à-dire ceux des pêcheurs, que rien n'empêchait de prendre part à l'action? Le second fait concerne le pèlerinage que firent les pêcheurs après la bataille, à Notre-Dame-des Oubiels à Portel, pour une action de grâce. Nul doute qu'avec de semblables sentiments Charles n'ait trouvé chez eux une mine de renseignements, rapidement transmis et hautement exploitables. Sachant qu'il serait attaqué par une armée arabe pouvant être alertée par les nombreux postes de surveillance installés pour la sûreté de l'armée, il a dû faire procéder à des reconnaissances plus lointaines, pour se donner un peu d'air et afin de voir si des indices complémentaires apparaissaient quant aux intentions ennemies. Dans les reconnaissances prescrites devaient figurer en bonne place, l'inventaire des divers chemins et voies.
Idée de manœuvre Compte tenu de ce qu'il avait appris des intentions de l'ennemi et de la configuration du terrain, sachant aussi par expérience qu'il est toujours fâcheux d'avoir à combattre sur deux fronts, en l'occurrence, sa meilleure forme de défense était encore d'attaquer les troupes de cavalerie récemment arrivées, avant que les navires apportant le complément d'équipements ne fassent leur apparition et surtout dans l'hypothèse ou il avait connaissance de l'embarquement d'Omar ; il devait priver celui-ci à son arrivée de toute tête de pont et l'empêcher également d'arrondir ses forces. Déboucher avec ses troupes de Prat-de-Cest, pour se porter aux environs de la Berre, il n'y fallait pas penser : ce qui avait joué en sa faveur pour lui indiquer l'arrivée de la cavalerie maure aurait aussi joué contre lui. Il lui fallait donc se porter vers le Sud, en se défilant à l'abri des Corbières et quoi de plus normal que d'utiliser l'ancienne Voie Domitienne passant par Fontfroide qui ne devait pas être encore trop dégradée quoique moins utilisée que par le passé. La distance à franchir par cet itinéraire de Narbonne à Villefalse est de 28 km, soit plus de 5 heures de marche; par le chemin des Charbonniers elle est de 19 km, soit un peu moins de 4 heures. Quelques-uns ont cru voir dans le chemin des Charbonniers " le chemin qui serpente entre les collines " décrit par Frédégaire et qui aurait servi à Charles pour se porter vers Portel. Cette hypothèse ne peut être retenue pour des raisons bien évidentes. Le passage au seuil de Prat-de-Cest ne pouvait être dissimulé, les guetteurs apostés sur la Voie Domitienne n'auraient pas manqué de repérer ce mouvement; de plus, deux parties de ce chemin ne sont pas masquées aux vues arabes; les bruits et les poussières soulevées par une troupe en marche sont difficilement escamotables à cette distance. Ce chemin ne serpente pas entre les collines, il est plutôt rectiligne. Il n'est pas pensable que pour un gain de temps de moins de deux heures, en passant difficilement inaperçu, un chef averti comme Charles compromette l'effet de surprise autrement plus payant pour les suites du combat. Un autre aspect pratique ne doit pas être méconnu, il s'agit de l'eau. Par la Voie Domitienne il disposait de quatre points d'eau : Fontfroide, l'Aragnon, Sainte-Eugénie et Portel. Par le chemin des Charbonniers il ne disposait que de Portel à l'arrivée et encore, si l'ennemi n'occupait pas ce village.
L'histoire a retenu deux actions de guerre, exactement semblables, de surprise totale de l'adversaire, due à une marche occultée par un mouvement de terrain, qui n'avait pas été occupé par l'ennemi, pour surgir ainsi sur ses arrières. Il est bien évident que le samedi en question, Charles savait ce qu'il voulait faire et qu'un début d'exécution a dû suivre : troupes avancées vers Fontfroide, jalonnement de l'itinéraire pour prévenir toute surprise, car il fallait se présenter au combat en début de matinée, avec du personnel le plus reposé possible : la journée ne manquerait pas d'être rude. L'Anonyme de Tolède précise, pour excuser la défaite de ses religionnaires sans doute, que les guerriers francs se présentaient comme un mur de glace. Que faut-il traduire de ce commentaire ? Que toutes les armes arabes glissaient sur ces guerriers comme sur un bloc glacé et ne pouvaient l'entamer, ou bien que la stature, l'immobilité relative, la férocité qui s'en dégageait. glaçaient d'effroi ? Voilà donc les Francs campés le mieux possible en cette veille de combat...
Situation des Maures le samedi Et les Arabes, comment se présentaient-ils ce jour-là ?... Prenons les mêmes méthodes d'analyse que précédemment, mais qui seront forcément plus sommaires :
Le terrain C'est un compartiment de terrain qui fait environ 15 km de long sur 3 à 4 de large entre le littoral des étangs et les premiers contreforts des Corbières, avec un certain nombre de hauteurs dont aucune ne dépasse 70 m, sauf à Portel où quelques mamelons culminent à plus de 100 m. Les plateaux qui verront s'affronter les troupes des deux partis ont 52m aux Cavettes et 32 à Gratias. La Voie Domitienne rectifiée passe la Berre au gué de Villefalse et recoupe à cet endroit la voie venant des grands salins, donc de Port-Mahon à Portel en longeant la rivière. Villefalse, " là où se trouve un palais", est aussi le point de la Voie Domitienne le plus près des étangs et d'un atterrage utilisable, Port-Mahon, construit quelques siècles auparavant. Les Arabes, maîtres du pays depuis 719, le connaissaient bien et c'est en toute connaissance de cause que le rendez-vous fut fixé à cet endroit entre Omar et son lieutenant qui lui amenait les troupes montées et ses navires qui transportaient des machines de guerre et du ravitaillement. Pour les premières, un chemin était nécessaire pour les acheminer, le second étant indispensable, car la contrée parcourue depuis longtemps par des troupes avait été désertée par les habitants et vivre sur un maigre sol pour des milliers d'hommes et d'animaux devait être hors de question. Ceci est d'autant plus probable que la partie fertile autour de Narbonne était occupée par Charles. Port-Mahon permettait aux navires en provenance de la mer par le Grau de Narbonne de s'amarrer à un môle. Il en reste quelques vestiges encore de nos jours ; l'ensablement était alors moins prononcé, les évolutions des vaisseaux devaient se faire très librement. Le compartiment de terrain se termine au Nord à Prat-de-Cest et à l'Ouest aux hauteurs dominant Portel qui culminent à 127 m. Deux plateaux de grande superficie sont utilisables par des troupes nombreuses. Gratias qui n'a pas moins de 2,5 km2 d'étendue permet le rassemblement d'au moins 10 000 cavaliers; les Cavettes sont trois fois plus étendues. Autre détail qui a une importance certaine, c'est qu'hommes et chevaux sont de grands consommateurs d'eau et la Berre est seule, de cette région sèche, à la mesure des besoins d'une armée. De nombreux points bas marécageux parsemaient le reste de cette région, ne permettant pas n'importe quelle évolution. Toutes les conditions matérielles étaient requises pour que l'armée arabe stationne à cet endroit, car il était le plus fonctionnel de la région.
Idée de manœuvre Si je précisais plus avant que le chef doit savoir et voir cela ne semble pas avoir été le souci dominant du commandement arabe : A l'inverse de Charles, Omar ne semble pas avoir été le premier sur le terrain, ayant confié la cavalerie à son adjoint. Ce dernier, arrivé au rendez-vous, devait avoir reçu des instructions de se montrer discret pour éviter d'attirer les Francs prématurément, ce qui peut expliquer le manque de manifestations en reconnaissances diverses. Si les renseignements ont afflué vers Charles, cela n'a pas dû être le cas du côté arabe. Il est vrai que la Cité était bien bouclée et les environs ratissés. Quoi qu'il en soit, un fait est certain, il ne savait rien d'essentiel, sinon n'eût pas manqué d'en tenir compte et d'adopter une autre attitude et un autre dispositif. A l'inverse de la position franque, la sienne est une cuvette, il n'est pas possible de voir chez le voisin, sinon en se portant à la limite du compartiment de terrain et de rechercher un observatoire... L'a-t-il fait ? Que voyait-il en direction de l'ennemi ? Le seuil de Prat-de-Cest et un nombre de hauteurs intermédiaires: côté Ouest, les collines des Corbières; côté Est, les étangs et quelques hauteurs littorales. Le minimum qu'il aurait dû mettre en place pour se garder d'abord, eût été de pousser une discrète reconnaissance jusqu'au seuil de Prat-de-Cest, qui dans le terrain attire tous les regards, quitte à ne pas s'y maintenir et se poster en revanche sur le Pech Blanc, hauteur intermédiaire, située à un étranglement et point de passage obligé de la Voie Domitienne en bordure des étangs. Il aurait dû mettre du monde sur la Bade, à l'est de Portel et aurait contrôlé ainsi le défilement du chemin des Charbonniers, deuxième pénétrante dans son dispositif. L'a-t-il fait? Pour le Pech Blanc, c'est vraisemblable : Frédégaire parle de guetteurs arabes postés le long de la Voie Domitienne. Pour la Bade sûrement pas, car il eût décelé la venue de Charles, tardivement sans doute, mais la surprise eût été moins grande. Il est indéniable que le chef de cette cavalerie a péché grandement contre un sacro-saint principe militaire, qui est de s'éclairer au mieux sur les intentions de l'ennemi, en tous temps et en tous lieux. Le seul souci qui le préoccupait était de regrouper ses troupes et de marcher toutes forces réunies sur les arrières de Charles devant Narbonne, pour l'obliger à combattre et à lever le siège, ce qui aurait permis aux assiégés de faire une sortie... C'est bien là le piège éventé par Charles, qu'il a réduit à néant en prenant Omar de vitesse et en se portant sur la Berre, par une voie défilée, à l'insu de ce dernier. Le chef arabe, confiant dans la rapidité et la discrétion du mouvement de ses navires et de sa cavalerie, escomptait que son ennemi ne l'apprendrait que tardivement et que lui ne serait en rien gêné jusqu'à ce qu'il en décide. Il convient de préciser ici qu'en l'absence d'Omar, si ce dernier était en mer comme tout le laisse supposer, son adjoint ne pouvait faire grand-chose, sinon le strict minimum, c'est-à-dire la conservation des effectifs en bon état de combattre. Ne détectant aucune manifestation de l'ennemi, la quiétude s'est installée dans son armée, sans doute fatiguée. Elle se restaurait et pansait les légères blessures dues à une rapide chevauchée. Toute manifestation franque étant d'autant moins probable que c'était un dimanche et que les Sarrazins savaient bien que ce jour-là, les Francs étaient tous à leurs dévotions.
La Troupe Nous avons vu que les troupes arabes infiltrées jusqu'en Provence avaient été soit anéanties au cours des différentes rencontres, soit refoulées vers la Septimanie et assiégées dans Narbonne par Charles. Il est bien précisé qu'Okba organisait une armée pour débloquer cette ville. Il est permis de penser que cette nouvelle armée venant d'Espagne ne devait pas avoir eu auparavant, dans sa grande majorité, de contact avec les troupes franques, forgées à l'acier saxon et réputées pour leur énergie, leur combativité voire leur férocité. Les récits des vétérans de Poitiers étaient sans nul doute colportés dans ces nouveaux rangs et cela ne contribuait certainement pas à en rehausser le moral. Quoi de plus naturel alors que la surprise se soit muée en panique dès les premiers contacts, l'absence de leurs chefs immédiats étant de surcroît un facteur de déroute. Une partie des contingents à pied et des valets d'armes venus à bord des navires n'avait pas mis pied à terre et ne pouvait intervenir efficacement. Cela ne saurait rien enlever à la bravoure individuelle des combattants maures, mais dès le départ, les cartes étaient bien mal distribuées pour que le sort du combat soit tout autre.
Situation le dimanche
Les Arabes Je pense que c'est là que la phrase curieuse et laconique de Frédégaire prend tout son sens " Il arriva plus tôt qu'on ne l'attendait ". Ce " Il " ne peut s'adresser qu'à Omar, car seuls les chefs étaient nommés, les sous ordres pas très souvent et la troupe anonyme. Il faut se souvenir que les chroniqueurs se devaient, pour vivre, de relater d'abord les exploits du chef auquel ils étaient personnellement attachés. Dès le débarquement, il doit prescrire deux choses essentielles : - Procéder sans délai au débarquement des troupes, matériels et ravitaillement qu'il apportait. Pour aider à ces opérations une partie de la cavalerie avait été stationnée aux Cavettes, les hommes démontés et les chevaux haut le pied stationnés à quelque distance. - Rassembler les divers chefs de l'Armée, entendre d'eux leur relation de voyage d'abord, ce qui se savait sur place de l'ennemi, préciser ses intentions futures et ordonner un certain nombre de reconnaissances, car il ne pouvait plus être question de rester dans l'expectative, quant aux intentions de Charles. L'autre partie de la cavalerie stationnait en avant-garde sur le plateau de Gratias, avec mission d'assurer la couverture du débarquement et de fournir des guetteurs qui étaient apostés le long de la Voie Domitienne.
Les Francs Partis très tôt de Narbonne et, pour certains contingents, ayant peut-être amorcé leur mouvement la veille, les voilà en début de matinée aux environs de Portel ; sans doute hommes et bêtes se désaltèrent au passage dans la Berre et cette troupe se scinde en deux pour utiliser les deux berges de la rivière, grâce au gué existant juste en aval du village. C'est la sortie du défilement, qui dure depuis le départ de Narbonne et n'a en rien été éventé par l'ennemi, signe bien évident qu'il n'occupait pas les hauteurs de Portel en particulier, et que des guetteurs n'avaient pas été apostés dans cette direction. Voilà donc l'instant choisi par Charles pour faire, avec tout son monde, son apparition surprise au débouché de Portel. La route qui longe la Berre vers Villefalse est utilisée, mais aussi les deux berges et tous les terrains en bordure du cours d'eau, car la troupe doit arriver en masse et non diluée au compte-goutte par une petite voie commerciale antique. Tout cela est rapidement ratissé en direction des étangs. Ne pas oublier, non plus, que les Francs en forêt hercynienne n'avaient pas de route à leur disposition et que l'existence de cet équipement leur importait peu pour se déplacer.
Ce furent certainement les troupes arabes du plateau de Gratias qui entrèrent les premières en contact avec les éléments Francs de la rive gauche. La panique de cette cavalerie est facilement explicable, si on pense qu'elle était démontée et éparpillée, sans chefs principaux. Ce contact se transforme en combat individuel à pied, pour lequel les Arabes n'avaient que peu de goût et l'ensemble est insensiblement poussé vers l'étang du Déoumé (Dîme) et sur la Voie Domitienne en direction du Nord, détruit ou capturé. Il ne lui est pas possible de rejoindre les Cavettes, la Berre et les marécages en interdisant toute approche ; de plus les troupes franques de la rive droite, débordant et dépassant largement Villefalse, continuent à s'enfoncer "en coin" coupant toute issue de Gratias dans cette direction.
Bien sûr, des cris, des appels de cors sont entendus des Cavettes. Le déchargement interrompu, on court aux chevaux, tout s'improvise et les Francs sont là, nombreux, massifs, impressionnants et terribles, pas de fuite possible, il faut combattre le dos au rivage ou aux marécages ; de nombreux combattants se jettent à l'eau pour gagner les bateaux au large qui attendaient leur tour de débarquement. Omar est tué ; le chef mort, plus rien ne résiste et tous fuient. Les Francs empruntent ou prennent les bateaux opportunément trouvés sur place et continuent le carnage sur les eaux des étangs au point que " la mer se teinte au loin de leur sang " écrit Frédégaire. De multiples combats singuliers ont dû se poursuivre une bonne partie de la journée dans les recoins du terrain. Il est certain que, malgré l'affirmation citée plus avant d'une tuerie générale, de nombreux musulmans ont dû réussir à s'enfuir et très certainement la relation de l'érection d'un monument arabe à Ripaud, après la bataille, et qui n'existe plus, ne doit commémorer que la mort d'un prince arabe tué à cet endroit au cours de la poursuite. Car pourquoi ériger un monument commémoratif d'une bataille à un endroit où elle n'a pas eu lieu, alors que la place ne manquait nullement sur les lieux-mêmes. Que penser des effectifs engagés de part et d'autre ? L'incertitude subsiste et il serait hasardeux d'avancer des nombres que rien jusqu'à ce jour ne nous autorise à formuler. A titre documentaire, au moment de la bataille de Toulouse en 721, où l'Emir El Samh est tué, le Comte Eudes écrivant au Pape fait état du chiffre extravagant de 375 000 infidèles tués. Chiffre exagéré c'est évident à des fins de représentation personnelle. Le quart semble déjà à la limite du possible. A Poitiers, silence total sur le volume des deux armées. A la Berre, même chose. Cela, à mon avis, ne servirait d'ailleurs à rien, car la tactique adoptée par les deux partis ne saurait modifier l'issue du combat, quant à l'importance des effectifs engagés.
CONCLUSION L'idée de manœuvre de Charles était la bonne : vaincre la cavalerie avant l'arrivée d'Omar et de ses navires. Le hasard de la guerre fit que ce dernier arriva plus vite que prévu et au lieu d'être un élément défavorable pour Charles, ce qu'il redoutait peut-être, ce fut sa chance, car ce débarquement était cause de désordre dans les rangs arabes, au moment le moins souhaitable pour eux. Charles s'est trouvé à pied d'œuvre fort opportunément : chance ou calcul ? Sans doute les deux, car la victoire appartient d'abord aux audacieux. Il se trouve que les lieux où s'affrontèrent voici treize siècles ces deux armées sont restés pratiquement en l'état. Point de constructions ni de modifications planimétriques importantes. Rare privilège qu'il convient d'apprécier en ce siècle de bouleversements tous azimuts. Avantage sur Poitiers aussi où les lieux historiques sont sujets à controverse. Quoi de plus évocateur et reposant que de cheminer, sur les sentiers de ces deux plateaux en toute quiétude, car le spectacle est grandiose et émouvant. En prêtant l'oreille, il n'est pas impossible que les imaginatifs puissent entendre le bruit d'une sanglante mêlée.
Gérard Ducruc
Profitant du relief accidenté des Corbières Orientales, Charles Martel surprendra les arabes en les prenant à revers par les gorges de la rivière La Berre, séparant ainsi la cavalerie des troupes arrivées par la mer avant qu'elles n'aient eu le temps de parachever leur jonction et de se mettre en ordre de combat.
Le carnage sera terrible transformant la rivière et l'étang en une immense mare de sang. Un chroniqueur de l'époque évoque le chiffre, sans doute exagéré, de plusieurs centaines de milliers de morts Le massacre se poursuivra dans les gorges de la Berre au delà de Ripaud, mettant fin à la colonisation arabe à l' intérieur du futur Royaume de France.
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Dans les Corbières à la frontière d'une Espagne islamique, la situation était bien différente de celle de la région de Poitiers.
Les musulmans occupaient toute la région. Narbonne était devenue la capitale d'une des cinq provinces de la conquête arabe avec Cordoue, Tolède, Merida et Saragosse. La ville restera arabe près d'un demi siècle. Ici on ne parlait pas d'incursions ponctuelles mais d'occupation durable d'une région où les envahisseurs pratiquaient une politique de peuplement faisant venir, familles, femmes et enfants du Magreb.Pourtant lorsqu'au XIX° et XX° siècle, la République eut besoin d'exalter l'élan patriotique de nos chères têtes blondes face aux invasions germaniques, on dépoussiéra et mis en vedette certains personnages de notre Histoire qui devinrent les héros légendaires de nos livres d'écoliers: Vercingétorix qui résiste héroïquement à l'envahisseur romain. Jeanne d'Arc qui boute l' Anglais hors du Royaume, Charles Martel qui chasse les Arabes hors de France à Poitiers... oubliant totalement au passage la bataille de la Berre ou celle de Toulouse en 721 !.. . Ainsi fluctue le souvenir du passé au fil des contextes. Qui sait si un jour, les lieux encore intacts de la bataille de la Berre ne remplaceront pas dans les guides touristiques régionaux, des Cathares qui n'ont jamais trouvé refuge dans ce coin des Corbières et du Narbonnais, ni construit nulle part le moindre château !..
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La Bataille
Pour délivrer Narbonne la musulmane assiègée par Charles Martel,, le Wali d' Espagne rassemble une imposante armée qui fait voile vers l' actuel étang de Bages, tandis que la légendaire cavalerie arabe franchit les Pyrénées en direction de Portel des Corbières. Le choc entre les deux armées aura lieu dans les Corbières, au sud de Narbonne, le long du fleuve côtier La Berre. |
| Les stratégies
Les deux camps connaissent le terrain.
Charles Martel par ses éclaireurs et les arabes puisqu'ils habitent la région depuis déjà 18 ans.
Martel est informé du mouvement des troupes arabes par les postes de gué placés sur les hauteurs de Prat-de-Cest, d'où il est possible de surveiller l'arrivée des bateaux et la route sud de Narbonne.
Il décide d'attaquer avant que les troupes arrivées par la mer et la cavalerie n'effectuent leur jonction et ne soient en ordre de bataille.
Omar ben Chaled commande les troupes de l' Emir Okba. Pour gagner du temps il fait venir par bateau le matériel lourd et le ravitaillement et choisi l' embouchure de la Berre comme point de jonction avec la cavalerie qui a traversé les Pyrénées.
Il compte attaquer le blocus de Narbonne par la route du Sud (ex via dominicia romaine, actuelle A9) |
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Le CombatDès le samedi dans la journée Charles Martel mettant à profit le relief des Corbières Orientales engage ses troupes par les vallées à l' Ouest du Massif.
Il est simple par la route de Fontfroide, Saint Martin de Toques, Roquelongue, Montséret, Thézan, Donos, d' amener rapidement depuis Narbonne une troupe importante, dont une partie utilisant les combes du relief, fondra sur l' ennemi par différents points tels, Taura, Montplaisir et le long de la Berre entre Ripaud, Gléon, Lastour et Portel.
Le Dimanche à l'aube, alors que la flotte d' Omar vient d' arriver dans l' étang de Bages et s'apprête à décharger hommes, matériel et vivres sur la pointe de Port Mahon (sud de l'île de l' Aute sur la carte), les troupes de Charles Martel fondent de la montagne sur la cavalerie arabe.
La surprise est totale. Les cavaliers ne sont pas prêt au combat et les chevaux n'ont pas le temps d'être scellés. |
A pied ils tentent de s' enfuir vers la mer où beaucoup ont le choix entre se noyer
ou être taillé en pièce par l' armée franque.
D'autres fuient vers les gorges de la Berre où au delà de Gléon et Ripaud les combats à la hache ou au corps à corps vont se poursuivre toute la journée.
Après la bataille un monument arabe (aujourd'hui disparu) sera érigé à Ripaud pour commémorer la mort d' un Prince arabe tué à cet endroit pendant la poursuite.
Le sort des troupes arrivées par mer n'est guère plus enviable.
Surpris en plein déchargement des bateaux, c'est la panique et l'improvisation qui s'empare des sarrasins. Leur chef Omar est tué.
Le dos à la mer, ils tentent de gagner les bateaux qui n'ont pas encore accosté.
A bord d'embarcations de pêcheurs, les Francs les poursuivent sur l' étang, où la bataille navale tourne au carnage. | |
Mais comme à Poitiers laissons la parole à Frédégaire chroniqueur officiel de cette époque : |
Le brave Charles victorieux passa le Rhône avec son armée, pénétra dans le pays des Goths, s’avança jusque dans la Gaule narbonnaise, et assiégea la célèbre cité de Narbonne, métropole de ce peuple. Il fit construire sur les bords du fleuve de l’Aude un rempart en forme de bélier, et enferma le roi des Sarrasins, nommé Athima avec ses compagnons, et campa tout autour de la ville.
À la nouvelle de ce siège, les seigneurs et les princes Sarrasins qui habitaient alors en Espagne, rassemblèrent une armée, à la tête de laquelle se mit un autre roi, nommé Amor et s’avançant armés de machines contre Charles, ils se préparèrent au combat.
Le duc Charles alla à leur rencontre sur les bords de la rivière Berre et dans la vallée de Corbière ; ils en vinrent aux mains. Les Sarrasins vaincus, renversés, et voyant leur roi tué, prirent la fuite. Ceux qui avaient échappé, voulant s’enfuir sur des vaisseaux, se jetèrent à la nage dans la mer, et ils sautaient les uns sur les autres pour se sauver. Mais les Francs, montés sur des vaisseaux, et armés de javelots, se précipitèrent sur eux, les tuèrent, et les firent périr dans les flots.
Ainsi vainqueurs de leurs ennemis, les Francs s’emparèrent d’une grande quantité de butin, firent une multitude de captifs, et ravagèrent avec leurduc tout le pays des Goths. Charles détruisit de fond en comble les villes les plus célèbres, Nîmes, Agde, Béziers, y mit le feu, et ravagea les faubourgs et les châteaux de ce pays. Après ces victoires, toujours guidé et soutenu par le Christ qui décide des combats, Charles retourna sain et sauf dans le territoire des Francs, au siège de son empire.
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Après la BatailleCharles Martel quitta Narbonne sans prendre la ville, pour aller se battre chez lui au nord contre les Saxons. Non sans oublier au passage de mettre à feu et à sang, de violer et de piller toute la Septimanie dont les habitants ne l' avaient pas franchement aidé à s'emparer de leur capitale Narbonne.
Comme le rapporte sans complexe le narrateur catholique: "Charles (Martel) détruisit de fond en comble les plus les villes les plus célèbres, Nîmes, Agde, Béziers, y mis le feu et ravagea les faubourgs et les châteaux de ce pays. Après ces victoires, toujours guidé et soutenu par le Christ qui décide des combats, Charles retourna sain et sauf dans le territoire des Francs, au siège de son empire."
On peut comprend qu'après "ces victoires", les habitants du Languedoc ont préféré oublier les "exploits" de notre héros et sa victoire de la Berre.
Après la bataille on dit que les pêcheurs firent un pèlerinage à Sainte Marie des Oubiels, située près de Portel des Corbières, non loin de la rivière et d'un passage à guet stratégique. En principe pour célébrer la victoire, à moins que ce ne fut plutôt pour louer le départ des guerriers barbares venus du Nord...
C'est beaucoup plus tard en 759 que son fils Pépin le Bref "délivrera" Narbonne.
Fait unique en France, la ville de Narbonne sera restée musulmane pendant 40 ans. | |
A lire absolument : La bataille de la Berre par Gérard Ducruc
Les lieux
A cette époque l' Aude traverse Narbonne et son port est accessible par la mer. Pour lever le siège, les Arabes venus d' Espagne ancrent leurs navires à Port Mahon (sud de l'île de l' Aute) afin de débarquer hommes matériel vers le litoral près de l'embouchure de la Berre. La cavalerie établi ses campements à l'abri des regards le long de la rivière entre Ripaud et l' estuaire. |
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Charles Martel mettant à profit le relief des Corbières Orientales, contourne en une nuit les forces Arabes par l' Ouest. Les troupes descendent de Narbonne par le Massif de Fontfroide et le Bois du Vicomte, vers Montplaisir, Ripaud, Taura, Gléon, Lastour et Portel. Pour verrouiller le dispositif on peut imaginer que des troupes ont également fait mouvement par St Martin de Toques, Roquelongue et la plaine de Montséret Thézan, vers Donos et Saint Estève, dont l'absence de relief permet une avance rapide même avec des engins lourds.
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| Pour comprendre cette bataille nous avons ici une chance extraordinaire. Rien dans le décor n' a changé depuis cette époque, et dans le massif aucune construction moderne n'est venue bousculer le paysage et la topographie des lieux.
Avec mon bon chien Samy, nous avons beaucoup parcouru ce relief tourmenté pour préparer ce site. Bien sûr au hasard des passages de troupeaux des chemins se sont faits où défaits, la végétation a pu évoluer suivant les années de sécheresse ou d'incendie. Mais dans ce décor sauvage et aride c' est souvent la roche calcaire brûlée par le soleil et balayée par les vents qui reprend le dessus . ( nous sommes ici dans la région la moins arrosée de France ). Les gorges, les lits de rios, les points d' eau, les sentes qui suivent les cluses naturelles, les éperons d' observation, les à-pic infranchissables à cheval, sont identiques à ceux qu' a connus Charles Martel.
Le sommet de l'hermitage Saint Victor offre un panorama inégalable sur le décor inchangé du champ de bataille, espèrons qu'un jour, un panneau au moins, le signalera aux nombreux visiteurs de ce lieu touristique. |
Il existe aussi une chose qui n' a pas changé depuis l' époque de la bataille de la Berre. C'est la qualité du silence, dans cet univers privilégié où suivant le vent le moindre bruit s'entend à des kilomètres. Si j' insiste c'est que faire traverser dans la nuit ce massif à une armée entière avec armes bagages et des dizaines de milliers de chevaux, sans faire aucun bruit, relève de l' exploit à moins qu'un fort vent contraire n'emporte au loin tous les sons. |
| Si rien n'a changé dans le relief et les paysages du massif montagneux, on ne peut pas en dire autant du rivage de la méditerranée. Tout est différent. et surtout le niveau de la mer. Par endroit son niveau était plus haut de plusieurs mètres et elle s' étendait plus loin dans les terres, là ou aujourd' hui nous ne voyons que marécages ou constructions. Narbonne était accessible par la mer et l'imposant massif de la Clape était une île. Par endroit la Méditerranée venait lécher les contreforts des Corbières. Plus au sud par exemple le château de Salses qui se trouve aujourd' hui loin dans les terres, fut construit au bord des vagues. S'il existe des divergences suivant les historiens sur l'emplacement exact du débarquement, il faut garder en mémoire lorsqu'on regarde la carte, qu' en 737 les lions de la Réserve Africaine de Sigean aurait du apprendre à nager avec les dauphins. |
texte photos et réalisation : (c)Henry Coulondou - copyright all rights reserved Thézan des Corbières - Mars 2005
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pour se situer
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la Berre jusqu' à la mer
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le masssif de Fontfroide
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gorge de la rivière
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gorge de la rivière
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la Berre à Ripaud
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la Berre à Ripaud
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Portel - passage à gué
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Portel - Le Castillas
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Etang de Bages - lieu du mouillage
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Port Mahon - Amarrage
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Port Mahon - la jetée
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Port Mahon - Falaises
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Port Mahon - Ile Ste Lucie
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Etang de Bages aujourd' hui
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texte photos et réalisation : (c)Henry Coulondou - copyright all rights reserved Thézan des Corbières - Mars 2005
Charles Martel
| A l' époque où j'usais mes fonds de culottes sur les bancs de l' école communale, j' appris comme chacun à admirer ce valoreux combattant sauvant notre Civilisation, les Chrétiens et l' Occident des envahisseurs barbares sarrasins.
Toute l' Histoire se résumait alors en une litanie de rois de dynasties et de batailles plus ou moins digestes, et dont les dates devaient être apprises par coeur. De quoi à rebuter aujourd' hui nos chères têtes blondes, si l' Histoire de France était encore enseignée dans les écoles.
Il a fallut un demi siècle, pour que découvrant les Corbières, je m' aventure à nouveau sur les traces de ce guerrier et d' une grande bataille oubliée. |
| CHARLES MARTEL était un Franc. C'était même un Franc Belge, puisque sans doute né du coté de Liège.
Les Francs auxquels la France doit son nom, étaient des Germains d'origine Scandinave qui peuplèrent l' Europe jusqu'au Rhin et au Danube, 1.000 ans avant Jésus Christ. Les Saxons, les Vandales, les Burgondes, les Goths ou encore les Angles ou les Alamans, ont la même origine. Le nom Franc dérive du Nordique Frekkr qui signifie hardi, courageux.
Bien qu'ils nous aient souvent rendus visite, les Francs entrent dans notre Histoire lorsque l' Eglise Catholique les désignent pour chasser les Visigoths dont la civilisation parfaitement intégrée à notre héritage gallo-romain s'étend alors de la Loire à l 'Espagne. Les Visigoths "ariens donc hérétiques" seront battus par Clovis près de Poitiers en 507, et les Francs ( pas toujours bien catholiques ) deviendront le bras armé des Papes de l' Eglise de Rome.
La cruauté des Francs fut telle, surtout dans le Sud de la France, que les pauvres autochtones, pris entre deux feux, ressentirent l'invasion arabe comme un moindre mal. |
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Charles Martel serait né vers 688 en Belgique à Heristal ( près de Liège ). Il fait partie de la famille des Pippinides ( non-non ce n'est pas une nouvelle espèce animale ou botanique... ). On trouve toutes les tailles dans la famille des Pippinides. Le papa de Charles Martel, dont le tour de taille valait bien celui d' Obélisque, fut baptisé Pépin le Gros et son l'épouse Plectrude n'est pas la maman du héros de cette histoire, ( notre bâtard étant le rejeton d'une concubine répondant au doux nom d' Alpaide).
Si le papa Pépin était gros, le fils de Martel était haut comme trois pommes et entra pour cela dans l' Histoire sous le nom de Pépin le Bref, celui-là même qui délivra Narbonne en 759 et dont chacun se souvient dans nos Corbières.
On se rattrapa avec le petit fils de Martel, notre célèbre Grand Charles, connu des écoliers sous le nom de Charlemagne. Pour clore cette revue des tailles familiales, il faut se souvenir que Madame Martel n'était autre que Berthe aux Grands Pieds. | |
| Toute la vie de ce fin politicien et stratège hors du commun, ne fut qu'une interminable série de batailles, plus ou moins au service de l' Eglise catholique, mais on ne peut pas dire qu'il fut toujours un bon chrétien et que l' amour du prochain l' étouffa. A Poitiers il abandonna même aux corbeaux ses propres soldats blessés sur le champ de bataille .
On dit que ce génie militaire doit avant tout son nom, au fait que sa principale finesse était de savoir cogner comme un marteau sur ses ennemis. Il est entré dans l' histoire avec la bataille de Poitiers, écrite plus tard par l'église catholique, bien que sa plus grande bataille contre les arabes eut lieu ici dans nos Corbières. |
Il existe des variantes sur le personnage et sa bataille de Poitiers. Voici celle "catholiquement correcte " de Frédégaire: Le duc Eudes s’étant écarté du traité conclu en 731, le prince Charles (Martel) en fut instruit par des messagers. Il leva une armée, passa la Loire, mit le duc Eudes en déroute, et enlevant un grand butin de ce pays, deux fois ravagé par les troupes dans la même année, il retourna dans le sien. Le duc Eudes, se voyant vaincu, et couvert de confusion, appela à son secours, contre le prince Charles et les Francs, la nation perfide des Sarrasins. Ils vinrent avec leur roi nommé Abdérame, passèrent la Garonne, marchèrent vers Bordeaux, et incendiant les églises, massacrant les habitants, ils s’avancèrent jusqu’à Poitiers. Là, après avoir livré aux flammes la basilique de Saint-Hilaire, chose bien douloureuse à rapporter, ils se préparèrent à marcher pour détruire celle de Saint-Martin de Tours. Le prince Charles se disposa vaillamment à les combattre, accourut pour les attaquer, renversa leurs tentes par le secours du Christ, se précipita au milieu du carnage, tua leur roi Abdérame, et les détruisit complètement. L’année suivante (733), le prince Charles, brave guerrier, parcourut la Bourgogne, et plaça sur les frontières du royaume, pour le défendre contre les nations rebelles et infidèles, ses Leudes les plus dévoués et des guerriers courageux. Ayant établi la paix, il donna la ville de Lyon à ses fidèles, conclut partout des traités ou des trêves, et s’en retourna vainqueur, plein de joie et de confiance. Dans ce temps, le duc Eudes mourut. À la nouvelle de sa mort, le prince Charles, prenant conseil de ses grands, passa encore une fois la Loire (735), vint jusqu’à la Garonne, occupa la ville de Bordeaux et le fort de Blaye, s’empara de tout ce pays, et soumit les villes comme les campagnes et les lieux forts. Ainsi favorisé du Christ, roi des rois et seigneur des seigneurs, le prince Charles retourna victorieux et en paix. | |
Ironie du sort, Charles Martel qui est entré dans nos livres d"Histoire pour avoir chassé les Arabes hors de France, goûte aujourd'hui le repos dans la basilique Saint Denis ( au nord de Paris dans le 93 ), encerclé par des sarrasins qui 1200 ans plus tard ont élu domicile tout autour de cette cathédrale royale ! |
t exte photos et réalisation : (c)Henry Coulondou - copyright all rights reserved Thézan des Corbières - Mars 2005E-mail coulondou@aliceadsl.fr
Les Arabes
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l' Islam C'est le Prophète Mahomet (de son vrai nom Abou Ibrahim Mouhammad ibn Abd Allah ibn al-Mouttalib ibn Hicham ) qui donne aux Arabes une religion monothéiste. A la mort du Prophète en 632 commence la conquête Islamiste. En moins de dix ans, ils conquièrent la Syrie sur l'Empire byzantin, la Chaldée et de l' Assyrie sur l'Empire perse, l' Egypte, autre province byzantine, et enfin la Perse elle-même. Sous les califes omeyyades de Damas, les Arabes enlèvent à l'Empire byzantin toute l'Afrique du Nord (696-708), puis passent en Espagne. Après avoir défait l'armée des Visigoths près de Jerez de la Frontera (711), ils se rendent maîtres de la quasi-totalité de la péninsule ibérique. A l'est, ils conquièrent l'Afghanistan, le Turkestan et une partie de l'Inde ; mais ils échouent devant Constantinople (717). Au moment où les Omeyyades sont dépossédés du califat en 750, l' Empire arabe s'étend, d'un seul tenant, du sud de la Gaule au nord-ouest de l'Inde. référence: La conquête arabe 610 - 762© Hachette Livre et/ou Hachette Multimédia
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Poitiers Nous sommes dans les années 730. La bannière Islamiste flotte sur l' Espagne. Eudes, Duc d' Aquitaine, eut l' idée pour se protéger de Martel, de s'allier au gouverneur berbère de la Septimanie, un dénommé Munuza qui bien que de religion musulmane était en révolte contre les arabes d' Espagne, et auquel notre bordelais donna sa fille en mariage. Ceci fâcha le grand chef arabe Abd-el-Rahmann, qui pour remettre les pendules à l' heure, balaya le Bordelais. Le Duc d' Aquitaine fut laminé comme une crêpe par les Sarrasins (les Celtes en ont gardé une recette culinaire encore servie de nos jours en Bretagne)
Pour se rembourser les frais de déplacement, Rahmann décida de remonter plus au nord pillier le riche sanctuaire de Saint Martin de Tours, avant de retourner chez lui de l' autre coté des Pyrénées. |
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Sur le chemin du trésor il rencontra Charles Martel à Moussais sur la commune de Vouneil sur Vienne.
On ne sait pas grand chose sur cette bataille qui fut écrite plus tard par l' Eglise et est connue aujoud'hui sous le nom de BATAILLE de POITIERS. Elle se serait déroulée en 732 (ou 733). Le choc principal aurait eu lieu le premier jour du Ramadan, sous une pluie battante qui dans les marais neutralisa la légendaire cavalerie arabe. Ayant perdu leur chef dans le combat, les arabes qui étaient seulement venus pour voler, rentrèrent chez eux.
Il faut se souvenir que leur but n'était pas de coloniser la Gaule, mais seulement le pourtour méditerranéen. |
| NarbonneC'est la capitale de la Septimanie, le dernier bastion du Royaume Visigoth en France. Elle conserve encore à cette époque, tous les vestiges des anciennes splendeurs romaines, dont elle fut longtemps la première capitale des Gaules.
Narbonne est prise sans heurt en 719. Une légende locale dit que les arabes ont profité des portes ouvertes à la période des vendanges pour entrer dans la ville fortifiée. Elle fut conquise par des troupes pour l'essentiel berbères, commandées par l'Arabe Al Samh ben Malik al-Khawlani, gouverneur d' 'Espagne, qui avait reçu des renforts syriens et yéménites ce qui lui avait permis de poursuivre sa marche vers le nord et de faire flotter les étendards de l'Islam au nord des Pyrénées. La ville prend le nom d'Arbûna et devient la capitale d'une des cinq provinces d'Al-Andalus avec Cordoue, Tolède, Merida et Saragosse. Les conquérants permirent aux Chrétiens et aux Juifs, contre paiement du dhimi, de continuer à pratiquer leur religion. Ils y pratiquèrent une politique de peuplement, faisant venir d'Afrique du Nord des familles entières avec femmes enfants et bagages.
Après la prise d'Avignon, les Francs vinrent assiéger successivement Nîmes, Agde, Béziers et Narbonne. Visigoths et Gallo-romains Juifs et Musulmans luttèrent au coude à coude en Septimanie contre ces guerriers sanguinaires venus du Nord. C'est sans doute cette union qui empêcha Charles Martel de prendre Narbonne.
On est frappé à ce sujet, par les similitudes entre le comportement barbare des Francs de Charles Martel dans notre région, et celui 500 ans plus tard, des barons croisés du Nord qui toujours au nom de l' Eglise de Rome massacrèrent les Cathares. |
La bataille de la Berre, n'est pas la cause unique de la fin de l' expansion Arabe sur notre continent, mais elle en fut un élément déterminant.
L' Emir Okba avait un objectif bien clair : Reprendre la Conquête Islamique vers la '"Grande Terre - Erde Kebira" et le Moyen Orient par les rivages Nord de la Méditerranée. Projet ambitieux partagé également par les Khalifes Omeyyades de Damas.
La bataille de la Berre brisa le rêve musulman de voir un jour le drapeau de l' Islam flotter sur l'ensemble de la Mare Nostrum devenue Mer Arabe. | |
texte photos et réalisation : (c)Henry Coulondou - copyright all rights reserved Thézan des Corbières - Mars 2005
Les Visigoths
Septimanie Nous sommes en 719 au Royaume Visigoth de Septimanie. ( l' actuel Languedoc Roussillon ) Narbonne est la Capitale du Royaume depuis 300 ans. C' est une histoire d' amour qui commence en 414 lorsque le Roi Visigoth Altauf épouse la belle Galla Placidia soeur de l' Empereur Romain Theodose, enlevée l'année précédente lors du sac de Rome... . La légende veut que le Roi construisit pour sa belle le château qui domine Portel des Corbières Ce château fut aux premières loges pendant la bataille de la Berre. Les vestiges du Castellas sont encore visibles de nos jours.
La Septimanie tient son nom des 7 principales villes qui composaient le royaume : Narbonne, Agde, Béziers, Nîmes, Maguelone, Lodève, Elne.
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Les Visigoths ( gars brillants, sages, wise guy en anglais ou plus sérieusement Goths de l' ouest, comme expliqué dans Asterix chez les Goths) sont originaires du Vaestergotland au centre de la Suède actuelle. Ils arrivent chez nous après un très long parcours pendant lequel il s' enrichiront des contacts avec les peuples de l' Est et d' Orient. A l' apogée de leur expansion, leur territoire s' étend du sud de la Loire à l' Espagne toute entière.
Wisigoth ou Visigoth ? Merci de ne plus écrire Wisigoth avec le W péjoratif qui leur fut attribué par les moines catholiques, mais Visigoth avec un V N' importe comment le W majuscule n'existait pas à l'époque. Il y avait la lettre U ( U= OU) qui se gravait V, et la lettre V qui se gravait aussi V Beaucoup de noms Visigoths ayant des sons "ou" comme Voualia qui s' écrivait VValia. Les moines copistes prirent l' habitude de remplacer ce VV par le symbole W qu' ils "collèrent" à tous les noms de ces "barbares" hérétiques. Ainsi naquit le W ( que nous appelons double V et les anglais double U ).
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les différences religieusesLes Visigoths sont de religion Arienne ce qui n'est pas conforme à la doctrine de l'Eglise de Rome. Il existe entre les deux religions des différences fondamentales qui vont faire couler beaucoup de sang : - Pour les catholiques de l' église de Rome, il y a trois divinités qui n' ont font qu' une : le père le fils et le saint esprit. - Pour les ariens, le fils Jésus n'est pas le fils du Dieu, mais un humain normal doué de pouvoirs spéciaux. | |
L' arianisme fut fondé en 318 par Arius ( 256-336 ) prêtre égyptien d'Alexandrie Chez les Visigoths, Euric ( 466-484 ) voulut émanciper complètement son royaume de Rome. Alaric II ira même jusqu'à exiler les évêques qui s' obstinaient à tenir tête aux ariens en publiant des réfutations de l' hérésie. Rome choisira Clovis et les Francs pour remettre tout le monde dans le droit chemin. Et c'est ainsi que de fil en aiguille, notre bon Roi Alaric (dont il nous reste le nom d' une montagne au nord des Corbières), livra sa dernière bataille mortelle contre Clovis près de Poitiers en 507. Battu par les Francs au Nord puis par les Islamistes au Sud, la Septimanie sera leur dernier bastion et Royaume, et Narbonne leur dernière capitale.
La tolérance religieuse restera la règle d' or des Visigoths, qui accueillirent dans leurs son fief, les persécutés de la barbarie des Francs et de l' église officielle. C'est ainsi que beaucoup de juifs se réfugièrent à Narbonne. On retrouvera plus tard cette tolérance dans les châteaux de notre région, et cette fois vis à vis des Cathares ou des Troubadours. |
Narbonne la Musulmane Depuis 300 ans les civilisations gallo-romaines et visigothes ont fusionnées dans notre Septimanie, où la culture ibère méditerranéenne reste dominante. Cette entente cordiale ne sera pas rompue lors de l' arrivée des arabes. Cette alliance de peuples de la méditerranée, mettra en échec Charles Martel devant Narbonne. Bien que victorieux des arabes à la bataille de la Berre, il ne pourra jamais prendre la ville de Narbonne. Pour se venger il rasera sur son chemin retour, les villes qu'il n'avait pas pillées et brûlées à l' aller, ( Béziers, Nîmes, Agde etc.. ). Plus tard les historiens de l' Eglise de Rome attribueront ces saccages aux hérétiques musulmans. |
quelques années plus tard... Vers 790, Gomezinde, noble espagnol d'origine Visigoth et compagnon de Charlemagne, est investi par ce dernier sur les terres de Donos, près des gorges de la Berre. Il y construit un château fort dont on aperçoit encore sur la crête rocheuse les vestiges des doubles remparts. A la même époque le frère de Gomezinde est investi sur les terres de Fontjoncouse.
Un véritable retour au pays... Une Charte Royale, datée de 859, portant le sceau de Charles le Chauve, confirme Gomezinde dans ses droits de propriété sur la Seigneurie de Donos dont les 4000 hectares englobent une large partie du territoire de la commune actuelle de Thézan des Corbières.
Cette Seigneurie sera pendant plusieurs siècles, par serment d'allégeance, liée à la Couronne de France. En conséquence, et exception rare dans la région, elle n'avait de compte à rendre ni au Comte de Toulouse ni au Vicomte de Narbonne, mais seulement directement au Roi de France. |
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