mercredi 31 octobre 2018

Islamisme et politique 31.10.2018




Chaque « accommodement » avec l’islam politique (et même radical) n’est rien d’autre qu’une manifestation de faiblesse, de lâcheté, de renoncement à nos traditions laïques, favorisant une communautarisation progressive de la société française qui tend à se fractionner jusqu’à ne plus « faire société », jusqu’à entraîner des pertes de souveraineté dans nombre de territoires et de « quartiers ».

Discours de Gérard Collomb lors de son départ du ministère de l’intérieur.
Extrait :
« Monsieur le Premier ministre, si j'ai un message à faire passer - je suis allé dans tous ces quartiers, des quartiers nord de Marseille, au Mirail à Toulouse, à ceux de la couronne parisienne Corbeil, Aulnay, Sevran - c'est que la situation est très dégradée et le terme de reconquête républicaine prend là tout son sens parce qu'aujourd'hui dans ces quartiers c'est la loi du plus fort qui s'impose, celle des narcotrafiquants et des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République. »

L'arrivée des islamistes remonte aux années 50 , FLN et MNA se flinguaient dans les rues de Roubaix ( par exemple) , ils se sont installés maison après maison faisant partir ainsi le habitants de toujours , et ça n'a jamais arrêté depuis , la seule différence c'est qu'ils arrivent par bateaux devant les caméras et photographes .
Depuis ce temps là tous ceux qui avaient l 'outrecuidance de dénoncer cette invasion malfaisante étaient insultés , traités de racistes , fachos etc.....alors vos leçons 2018 vous pouvez vous les mettre où je pense .

Eric Fletcher  Lautre • il y a 6 jours
Exact ! J'étais étudiant à Lille en 1960 et j'ai pu voir un café de Wazemmes fréquenté par des gens du MNA criblé de balles de MAT49 par leurs coreligionnaires du FLN ! Et pendant ce temps là, on faisait la chasse aux sympathisants supposés de l'OAS !

4° de couverture de « L’islam à la conquête de l’Occident » de Jean-Frédéric Poisson. Ed du Rocher, Collection : ROC.DOC.SOCIETE
Extrait :
« Installer à la place de la société occidentale déclinante une « civilisation de substitution », l'islam, seule religion susceptible de rendre les hommes heureux : c'est l'ambition affichée par les États musulmans dans un document stratégique adopté par eux à l'unanimité il y a dix-huit ans, à l'automne 2000.Ce document décrit dans le détail la manière dont procèdent, aujourd'hui encore, les États musulmans pour étendre la charia en Europe. Apprentissage de l'arabe, communautarisme, financement des mosquées, etc. : tout y est décrit. Cette stratégie montre précisément comment s'engouffrer dans les failles et faiblesses de la société occidentale, quitte à favoriser ses fractures et dérives, pour mieux y installer l'islam. Ce document est officiel. »
Jean-Frédéric POISSON est le président du Parti chrétien-démocrate. Il a présidé la commission d'enquête parlementaire sur les moyens de Daech et piloté les travaux de la commission des lois sur l'état d'urgence. Titulaire d'un doctorat de philosophie consacré à la dignité humaine et à la bioéthique, juriste en droit du travail.

Voir également « La Conquête de l'Occident. Le projet secret des islamistes » de Sylvain Besson, Ed Le Seuil, 2005. Sylvain Besson né en 1970, est journaliste au Temps, à Genève.

Voir également : "La France Interdite", Enquête sur un sujet tabou : la disparition d'une nation. De Laurent Obertone, Editeur Ring, septembre 2018..






























































































































































































































« Castaner fera des accommodements déraisonnables avec l’islamisme soft »
Entretien avec l'essayiste Yves Mamou
 - 23 octobre 2018
2KPARTAGES
Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur. Sipa. Numéro de reportage : AP22255925_000002.

Dans Le Grand abandon, les élites françaises et l’islamisme, le journaliste Yves Mamou dresse un constat implacable : nos élites ont trahi en ouvrant la France à l’immigration incontrôlée et à l’islamisme. Encore inaudible il y a quinze ans, lors de la publication des Territoires perdus de la République, ce discours gagne de plus en plus de terrain. Entretien. 

Daoud Boughezala. Sous la direction des journalistes Gérald Davet et Fabrice Lhomme, Le Monde a dirigé une enquête d’un an sur l’islamisation de la Seine-Saint-Denis, aujourd’hui objet d’un livre intitulé Inch’Allah. Par ailleurs, Martine Aubry et Gérard Collomb ont souligné le risque de guerre de tous contre tous dans les « territoires perdus de la République ». Après des années de déni, les élites ouvrent-elles enfin les yeux ?
Yves Mamou. Le déni est une politique d’Etat. Les prises de conscience – tardives – de certains n’y changeront rien. Cette politique du déni s’est progressivement installée au fur et à mesure de l’islamisation d’une frange importante des Français musulmans. Elle se traduit par exemple, par le fait que le procureur Molins, autrefois chargé de la lutte antiterroriste, ne caractérisait jamais les tueurs comme des terroristes islamistes mais comme des « déséquilibrés ». La psychiatrisation de la violence islamiste est un déni. Et ce déni a eu pour corollaire une répression de la liberté d’expression. Tout journaliste ou intellectuel qui tentait de replacer le débat de l’islam ou de l’immigration sur le terrain politique était taxé de racisme et envoyé devant un juge.
Cela dit, que deux journalistes du Monde regardent soudain la réalité en face me procure un grand soulagement personnel.
Grâce au Monde, dans les dîners en ville, il sera possible d’émettre une pensée hérétique sur l’immigration ou l’islam sans être traité de raciste.
Dans le meilleur des cas, les actions des deux ministres s’annuleront l’une l’autre.
C’est déjà un progrès ! Pour rester dans l’actualité, que vous inspire la nomination du tandem Castaner – Nunez au ministère de l’Intérieur ? L’ancien directeur de la DGSI n’est-il pas un gage d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme ?
Le tandem Castaner – Nunez est l’absurde illustration de ce déni dont nous parlions. L’ancien directeur de la DGSI luttera contre l’islamisme hard tandis que Castaner pratiquera des accommodements déraisonnables avec l’islamisme soft. Gouverner ainsi, c’est refuser de voir que le terrorisme islamiste et l’entrisme islamiste sont deux volets d’une même stratégie. Dans le meilleur des cas, les actions des deux ministres s’annuleront l’une l’autre. Dans le pire des cas, ce « en même temps » sécuritaire sera générateur de catastrophes.
Une « préférence islamique » a conquis progressivement toutes les sphères du pouvoir.
Votre ouvrage Le Grand abandon, les élites françaises et l’islamisme met en cause la politique d’immigration. Pensez-vous que les attentats de janvier (Charlie, Hyper casher) et novembre 2015 (Bataclan, Stade de France) ne se seraient pas produits sans quarante ans d’immigration massive ?
Le Grand abandon part d’une question simple : comment l’islamisme a-t-il pu générer autant d’idiots utiles en France ? Le nombre d’intellectuels, d’experts, de femmes et hommes politiques qui ont trouvé intérêt à relativiser, défendre, voire justifier les méfaits d’une idéologie politico-religieuse rétrograde, meurtrière, liberticide, intolérante, misogyne et antisémite m’a interloqué. Après Charlie Hebdo et l’Hypercacher, j’ai donc entrepris de faire la liste des « amis » de l’islamisme en France. Au terme de mon inventaire, je me suis aperçu que j’avais reconstitué le bottin du Pouvoir. Partis politiques, grands corps de l’Etat, Justice, Université, Experts, Artistes, People, Médias… tous, en majorité, ânonnent une idéologie victimaire qui fait le jeu des islamistes. Même la politique droit-de-l’hommiste de l’Eglise catholique fait le jeu des islamistes.
A l’évidence, une « préférence islamique » a conquis progressivement toutes les sphères du pouvoir. Cette préférence islamique a légitimé et accompagné le puissant courant migratoire en provenance des pays d’Afrique du Nord et d’Afrique sub-saharienne qui a commencé à la fin de la guerre d’Algérie et qui prévaut encore aujourd’hui. L’hypothèse que je formule dans Le Grand Abandon est qu’avec la mondialisation, la préférence islamique et la politique d’immigration se sont progressivement structurés en choix idéologiques et politiques cohérents. Des chefs d’entreprise ont cherché à faire baisser le coût du travail de la main d’œuvre nationale et ont demandé aux partis politique d’ouvrir les frontières ; les politiques ont rapidement compris que ces millions de travailleurs étrangers pouvaient représenter un réservoir de voix automatique favorable à leur réélection. Parallèlement, les associations antiracistes ont été subventionnées pour lutter contre l’émergence d’une éventuelle « islamophobie ». Quant aux milieux de la culture, en panne d’idéologie, ils ont adopté sans hésiter le mythe de la victimisation musulmane… Bref, par emboîtement de logiques différentes, les tenants de la mondialisation et des droits de l’homme se sont unis pour encourager une immigration musulmane de masse en France.
L’islamisme ne serait pas un si grand problème si tant de non-musulmans ne lui tenaient la porte.
Vous liez donc terrorisme et immigration ?
L’émergence d’une contre société islamique, vecteur de terrorisme, au sein de la communauté des Français musulmans n’était pas inscrite au programme du mouvement migratoire. Mais il est surprenant de constater que, malgré la montée du terrorisme et des tensions ethniques, l’immigration se poursuit et même s’amplifie en France.
Le Grand Abandon développe l’idée que l’immigration musulmane a été et continue d’être un outil-clé dans la guerre féroce que les tenants de la mondialisation, ceux que j’appelle les « mobiles », livrent aux « enracinés ». Des élites mondialisées qui récusent tout sentiment d’appartenance nationale ont entrepris d’imposer aux « Gaulois réfractaires » et aux « fainéants » – termes qu’utilise Emmanuel Macron pour parler des Français qui tiennent à leur culture, à leur histoire, à leur langue – un modèle de société multiculturel aux antipodes du modèle laïc et républicain qui était le leur. J’ai appelé « révolution par le haut » cette politique qui consiste à transformer une société par la loi et l’immigration sans demander l’avis du reste de la population. Pour résumer de manière lapidaire : l’islamisme ne serait pas un si grand problème si tant de non-musulmans ne lui tenaient la porte.
Vous accusez nos gouvernements successifs de « lutter (à moitié) contre le terrorisme pour éviter de stigmatiser les différentes populations musulmanes ». Comment devraient-ils donc combattre le terrorisme islamiste ? En enfermant à perpétuité les fichés S au mépris du droit ?
Brandir le « droit » chaque fois qu’il est question des fichés S n’est rien d’autre qu’une technique d’intimidation de la parole libre. Un peu comme traiter d’ « islamophobe » toute personne qui critiquerait l’islam. Accuser l’autre de racisme ou de fascisme permet de contourner le dilemme immigration-terrorisme.
Lutter contre le terrorisme à moitié, c’est laisser les écoles et les mosquées salafistes proliférer. Lutter contre le terrorisme à moitié, c’est durcir le cadre juridique de lutte contre le terrorisme pour TOUS les Français – comme l’a fait Emmanuel Macron en 2017 avec le vote de la loi antiterroriste – au lieu d’instaurer des juridictions d’exception et d’étendre la répression à cette « zone grise » qui loge, finance, endoctrine et arme les terroristes. Ne pas lutter franchement contre le prêche de haine à la mosquée ou contre le rap djihadiste qui entend crucifier les laïcards au Golgotha est aussi une façon surprenante de protéger le terreau du terrorisme.
L’islamisation de la consommation a fait en sorte que les musulmans ne puissent plus déjeuner avec des non-musulmans
Vous critiquez la généralisation du hallal en France, laquelle répond à une demande croissante. Aujourd’hui, est-il encore réaliste et efficace de promouvoir l’assimilation républicaine des populations immigrées musulmanes ? 
Le hallal est devenu un marqueur identitaire politico-religieux. Je cite dans Le Grand Abandon les travaux de Florence Bergeaud-Blackler (Le marché halal ou l’invention d’une tradition, Le Seuil, 2017), anthropologue, qui a montré comment les multinationales de l’agro-alimentaire ont aidé les fondamentalises chiites et sunnites à construire des normes de consommation alimentaires pour les musulmans. Avant la révolution iranienne de 1979, les musulmans pouvaient déjeuner avec des non-musulmans à condition qu’il n’y ait pas de porc ni d’alcool au menu. L’islamisation de la consommation a fait en sorte que les musulmans ne puissent plus déjeuner avec des non-musulmans car le hallal trace une frontière entre le pur et l’impur. Dans certaines entreprises, on voit des salariés musulmans réclamer des cantines séparées pour ne pas avoir à toucher des couverts ou des plats que la présence de non-musulmans rend impurs. En ce sens, le hallal est un outil de sécession communautariste manipulé par des intégristes et amplifié par les intérêts d’un capitalisme-charia. Quand les industriels s’ingénient à tout « hallaliser » – le jouet, les cosmétiques, les vacances, le mariage… –, l’assimilation des musulmans à un modèle de société laïque et républicain n’a plus de sens.

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Bolsonaro, ce président que les médias adorent nazifier - Non, il ne compte pas établir un Reich sud-américain
par
 - 29 octobre 2018
Manifestation anti-Bolsonaro, Paris, octobre 2018. Sipa. Numéro de reportage : 00881203_000005

Corruption, insécurité, attaques contre la famille : le Brésil qui a plébiscité Jair Bolsonaro souffre des années de gestion catastrophique de la gauche. Quoi qu’en dise la presse, aussi injuste avec Bolsonaro que complaisante vis-à-vis de Lula, malgré ses outrances, le nouveau président ne compte pas établir un Reich sud-américain.

La presse occidentale, majoritairement pro-Lula, ne dit presque jamais que le « Parti-Etat PT (Parti des travailleurs) » a plongé le Brésil dans la pire crise économique depuis cinquante ans : chômage de masse, paupérisation, insécurité endémique, méga-corruption et chaos en perspective sur le « modèle » du Venezuela « bolivariste », référence suprême du PT avec Cuba… « On ne veut plus jamais de la gauche, car c’est elle qui a coulé le pays, On est dans la rue parce qu’on souhaite du changement ! », ont crié ces dernières années, mois et semaines des millions de Brésiliens descendus manifester dans les rues leur exaspération.
Comme on pouvait s’y attendre, si cette ébullition nationale anti-PT – qui explique le succès de Bolsonaro – n’a pratiquement pas été relayée dans la presse occidentale, en revanche, les manifestations bien moins massives de la gauche antifa et des anti-Bolsonaro ont été surmédiatisées et commentées positivement. Pourtant, les pancartes et slogans des millions de manifestants pro-Bolsonaro (souvent deux millions rien qu’à Rio de Janeiro) auraient pu donner une indication du « printemps brésilien » aux tonalités « dégagistes » qui allait annoncer la fin du Parti des Travailleurs et donc l’échec cuisant de son candidat, Fernando Haddad : « PT fora » (« PT dehors »). Comme l’illustre bien ce slogan, Bolsonaro incarne moins un « retour de la dictature militaire » – comme l’a écrit la presse européenne – qu’une révolte nationale massive visant à mettre fin au règne sans partage du « Parti-Etat PT » (« Partido-Estado PT »), à sa corruption endémique, à l’insécurité terrifiante (64 000 assassinats annuels) et à la crise économique sans précédent. Ce rejet du Parti des Travailleurs s’est manifesté de façon très nette et massive dès 2014, lorsque des millions de Brésiliens ont exigé la destitution de Dilma Rousseff et l’emprisonnement d’Ignacio Lula da Silva.
Bolsonaro, un «militariste-raciste-fasciste-homophobe-misogyne»?
Certes, le « Trump tropical », tel qu’on nomme souvent Jair Bolsonaro, est coutumier des propos outranciers, notamment lorsqu’il répond aux attaques de ses adversaires, lorsqu’il appelle à « liquider les criminels », lorsqu’il affirme qu’un « policier qui ne tue pas n’est pas un bon flic », lorsqu’il définit le PT comme le « parti du crime ». En ce sens, il est bien un populiste car ses promesses de campagne visant à abaisser l’âge de la majorité pénale ; à exempter les policiers de poursuites judiciaires quand ils utilisent leurs armes de service et à « dégager les corrompuscomplices du crime », résonnent comme des mesures de salut public pour une majorité de Brésiliens.
Il est vrai que durant cette campagne, pour laquelle le Net et les réseaux sociaux ont joué un rôle primordial, au moins autant que pour l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, moult fake news et rumeurs violentes ont été lancées de part et d’autre. Toutefois, les médias occidentaux n’ont presque évoqué que celles attribuées au camp « populiste » par le candidat de gauche (PT) Fernando Haddad. Celui-ci a par exemple accusé Bolsonaro d’être « responsable des agressions racistes » qui auraient été commises par certains de ses « supporters nazis » contre des militants de gauche ou LGBT. Or il se trouve que nombre de ces « infos » étaient en fait des montages. On peut citer pour exemple l’affaire (7 octobre 2018) de la jeune militante LGBT qui a accusé des partisans de Jair Bolsonaro de l’avoir agressée avant de lui graver une croix gammée sur le ventre. La police a beau avoir rapidement démontré que la « victime » avait inventé de toutes pièces son agression « nazie » (elle l’a d’ailleurs reconnu), le camp pro-Haddad-PT n’a cessé de dénoncer l’agression « homophobe-nazie »…
Ce type de guerre des représentations consistant à soumettre l’autre à la « reductio ad hitlerum » est d’autant plus stupide en l’espèce que Jair Messias Bolsonaro est connu pour sa judéophilie, sa défense d’Israël et sa proximité avec les lobbies juifs et évangéliques brésiliens les plus philo-sionistes. La presse occidentale a également largement fait état – comme s’il s’agissait d’une évidence – des idées « racistes-anti-noirs et misogynes » de l’ex-capitaine, sans jamais donner la version du camp accusé, et par exemple en omettant soigneusement de rappeler que le candidat le mieux élu à Rio, le célèbre député noir Hélio Fernando Barbosa Lopes, alias « Hélio Negão », qui le soutient corps et âmes et est son ami depuis vingt-trois ans, n’a cessé de réaliser des clips de campagne avec lui et a vivement dénoncé les accusations de racisme visant Bolsonaro.
La fabrique du « dérapage »
On ne rappelle jamais non plus que les deux femmes les mieux élues aux élections législatives de début octobre (en même temps que la présidentielle) sont également membres de son parti : Janaina Pascual, la professeur de droit qui initia la procédure de destitution contre Dilma Rousseff, et Joyce Hasselmann, l’animatrice de la chaîne web politique la plus consultée du pays. Certes, on peut répondre que tout cela ne « prouve rien », et qu’au contraire, la « preuve » de la haine du « capitao » envers les femmes aurait été administrée, vidéo à l’appui, en 2003, lorsqu’il lança à une députée de gauche anti-répression, Maria do Rosario : « Je ne vous violerais jamais car vous ne le méritez pas »… Or, Bolsonaro a dit ces mots malheureux juste après un débat de fond très vif au Parlement, lorsque, en réaction à un terrible viol suivi du meurtre d’une femme par un délinquant mineur, il accusa la gauche et le parti de Mme do Rosario d’être « complices » du crime et des violeurs par leur laxisme judiciaire. Loin d’être favorable au viol des femmes « non moches », l’ex-officier s’en était en fait vivement pris la députée et au PT en raison de leur hostilité à l’abaissement de la majorité pénale et aux doublements de peine (mesures phares de son programme de lutte contre l’insécurité). Et afin de tendre un piège à Bolsonaro, Maria do Rosario l’attendit dans les couloirs du Parlement en l’accusant « d’attiser les violences » par ses mesures répressives, puis d’être lui-même un « violeur », ce à quoi il répondit, hors de lui, la phrase choquante précitée.
Comme l’explique José Carlos Sepúlveda de Fonseca, qui représente l’aile catholique-conservatrice du camp Bolsonaro, lui aussi partisan de peines renforcées en cas de viol, « dans cette élection, on a assisté à des stratégies d’inversions des réalités qui dépassent l’entendement, ceci dans le but d’empêcher le candidat de droite d’arriver au pouvoir afin de maintenir coûte que coûte la mafia du PT au pouvoir, mais le peuple brésilien ne tombe plus dans le piège et aura le dernier mot sur l’oligarchie »…
Mutations d’un démocrate-chrétien 
On sait que les antifascistes de profession inventent des nazis quand ils n’en ont pas sous la main, ou quand, heureusement, il n’y en a plus. Toutefois, Bolsonaro, certes, « populiste » et récemment « droitisé », n’a rien d’un SS. Celui qui a quitté depuis 30 ans l’armée en raison de désaccords avec la hiérarchie, a en effet été successivement élu sous les couleurs du Parti démocrate-chrétien, du Parti progressiste réformateur, du Parti progressiste, puis, finalement, du Parti Social-libéral (PSL). Pour ce qui est de sa « nostalgie de la dictature », elle se limite à des propos à l’emporte-pièce, très courants au Brésil, au Chili ou en Argentine, qui consistent à déclarer que sous les militaires, « les gens n’avaient pas peur de rentrer du travail ou d’aller au cinéma le soir ». Ce qui est loin d’être un appel au putsch, d’autant que Bolsonaro n’a cessé de rappeler que toutes ses réformes passeraient par le Parlement afin de restaurer une démocratie confisquée.
Par ailleurs, si les appels à « liquider les criminels » et à « faire le ménage » peuvent choquer, les médias ont bien moins dénoncé le péril, bien réel celui-là, de l’insécurité et de la corruption incroyables qui ont ruiné le pays et en ont fait l’un des plus violents au monde : homicides, braquages collectifs (« arrastào »), viols, kidnappings, etc. Pour prendre conscience du niveau apocalyptique de la violence et de l’insécurité qui traumatisent les Brésiliens quotidiennement, citons les chiffres du rapport « Atlas 2018 de la violence » publié par le Forum brésilien de sécurité publique (FBSP) : 300 000 victimes de meurtres entre 2011 et 2015… soit 160 par jour ; 553 000 assassinats entre 2006 et 2016 (dont 10 % du fait de la police) ; 64 000 homicides rien qu’en 2017… soit plus qu’en Syrie sur une période comparable ! Enfin, à ceux qui estiment que les méthodes radicales prônées par Bolsonaro pour lutter contre ces terribles fléaux sont la marque de fabrique du « fascisme », il faut demander pourquoi n’ont-ils jamais qualifié de « fascistes-nazis » les Castro, les Chavez, les Maduro, Ortega, etc. ?
Par ailleurs, pour comprendre l’indignation de millions de Brésiliens qui pensent que l’insécurité est la conséquence directe du laxisme judiciaire, rappelons seulement qu’au Brésil, les sentences des juges sont dérisoires pour les agressions physiques ; que les mineurs ne sont pas condamnables, ce qui a donné des idées aux syndicats du crime (recruter des tueurs non-majeurs), et que les détenus des prisons reçoivent de l’Etat chaque mois un pécule plus élevé que le salaire minimum brésilien autorisé !
Populisme d’extrême droite ou révolution conservatrice ? 
Ceux qui ne connaissent du Brésil que l’image exotique des plages d’Ipanema, du Carnaval de Rio de Janeiro, de la lambada ou de la samba, avec ses corps sensuels et dénudés, ne peuvent comprendre « l’autre Brésil », une société à la fois très conservatrice, foncièrement chrétienne et très européenne, notamment au Sud, peuplée de nombreux Italiens, comme les ancêtres de Jair Bolsonaro, de Gallegos, d’Espagnols ; de Portugais, de Juifs ashkénazes, de Syro-libanais chrétiens (comme le candidat Haddad) et de germaniques, dont nombre de protestants fort austères. Or, depuis trente ans d’hégémonie politique, intellectuelle et médiatique du parti des Travailleurs de Lula da Silva et Dilma Rousseff – qui ont promu le mariage gay, défendu la généralisation du droit à l’avortement (aujourd’hui très restreint), les théories du genre, le Brésil traditionnel a décidé de réagir par une sorte de « printemps conservateur-chrétien ».
Aussi, les très puissantes églises protestantes-évangéliques, qui ont converti ces dernières décennies 35 % de Brésiliens, notamment au sein des milieux modestes, ont joué un rôle majeur dans cette « révolution conservatrice » contre « l’Etat-Parti PT ».
La vraie face pro-totalitaire du PT et du tandem Lula-Roussef
Emprisonné pour corruption mais présenté comme une victime en Occident du fait de son inéligibilité durant la campagne face à Bolsonaro, l’ex-président brésilien Ignacio Lula da Silva, bien moins unanimement aimé au Brésil qu’en Europe, est souvent dépeint comme un « gentil » représentant d’une gauche « réformiste ». Il est généralement crédité du « décollage » du Brésil, élément prometteur des pays émergents dans les années 1990-2000. Toutefois, pour une majorité de Brésiliens scandalisés par la corruption du PT et notamment de Lula, puis traumatisés par l’insécurité, ce « parti-Etat » incarne plutôt une extrême gauche subversive adepte d’un projet révolutionnaire et qui aurait soutenu les pires régimes rouges du Continent. Dilma Rousseff fit elle-même partie dans sa jeunesse d’une organisation terroriste marxiste : le Grupo Vanguardia, qui rêvait de répandre par la force le modèle castriste. Elle s’est certes repentie par la suite et a été présentée comme une victime de la dictature qui a sévèrement réprimé les terroristes d’extrême gauche et l’aurait torturé, mais elle n’est pas plus « modérée » au départ que les dictateurs droitistes qu’elle a combattus au nom d’un modèle totalitaire rouge.
Les partisans du nouveau président brésilien rappellent d’ailleurs que le PT a soutenu, depuis les années 1990, l’ensemble des partis et régimes révolutionnaires violents d’Amérique latine : du Vénézuéla « bolivariste » de Chavez et Maduro, au régime cubain de Castro, sans des formations pro-terroristes liées au crime organisé comme PrimerComando de Capital ou Comando Vermelho. C’est dans ce contexte « révolutionnaire » que la fameuse Banque brésilienne BNDES créée au départ pour financer les petites et moyennes entreprises, fut détournée de ses buts par le PT afin d’investir des milliards non pas au profit des contribuables brésiliens mais pour financer des projets d’infrastructures dans les pays marxistes « amis » comme Cuba ou le Vénézuéla… Les entrepreneurs brésiliens qui ont dû subir une terrible crise économique sans recevoir d’aide de la part de l’Etat, s’en sont souvenus.
Ordre et progrès ?
On peut comprendre bien sûr que les emportements verbaux de l’ex-capitaine – qui promet aux lobbies de l’agro-business que l’on pourra « couper un arbre mort sans attendre dix ans l’autorisation », affirme que « les Indiens n’ont pas besoin de terres mais de dignité », et que les « droits de l’homme sont une invention des communistes et de l’ONU » – choquent les adeptes de la démocratie libérale ouest-européenne. Son slogan de campagne, qui fait écho au modèle des démocraties illibérales à la Orban : « Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous », horrifie les anticléricaux et les anti-nationalistes. Et son autre slogan : « Moins de Brasilia, plus de Brésil », fait quant à lui trembler l’administration centrale qu’il entend dégrossir. Il n’en demeure pas moins que, pour les électeurs du « capitao », la promesse de mettre « dehors » l’omnipotent Parti des travailleurs, d’en finir avec la corruption, la détermination à combattre l’insécurité délirante et l’impunité des criminels, puis la défense des valeurs nationales d’Ordre et de Progrès gravées sur le drapeau national expliquent le succès de Bolsonaro.
Certes, rien n’assure que la promesse « d’éradiquer la corruption » sera tenue par le candidat « populiste » ou sera même seulement possible, étant donné que 40 % des députés est sous enquête et risque la prison ! Seul l’avenir confirmera si cet ex-officier, député depuis 30 ans, qui n’a aucune casserole de corruption, et qui annonce un « gouvernement de techniciens compétents », sera un meilleur président que ses prédécesseurs. Mais le pire n’est pas certain. Il suffit d’observer aux Etats-Unis les succès du « populiste » avant l’heure qu’était Ronald Reagan, puis plus récemment ceux, de Donald Trump. On est d’ailleurs habitué à être rendus « inquiets » dès qu’un « droitiste » émerge, alors que des gouvernements communistes (chinois, chiliens, vénézuéliens, cubains, etc.) sont de coutume traités avec sympathie ou extrême indulgence. Bolsonaro sera-t-il plus raisonnable qu’on le craint, notamment grâce à son conseiller et futur ministre de l’Economie et des Finances, Paulo Guedes et aux milieux d’affaire en général, qui l’ont soutenu eux aussi pour en finir avec la politique économique désastreuse du PT ? Nul ne le sait, mais les Brésiliens sont déterminés à « essayer » Bolsonaro, convaincus qu’ils sont d’avoir touché le fond avec Lula, Rousseff et même avec le président sortant, Michel Temer, lui aussi sous menace de condamnation pénale pour corruption.



Le rap français, cette parodie de la négritude
Rap et jazz, discours de haine contre discours universel
par
 - 10 octobre 2018
Nick Conrad, auteur d'un clip anti-blancs

La récente polémique autour du rappeur « anti-blancs » Nick Conrad n’est que la dernière d’une longue liste. Le rap a souvent véhiculé un discours de haine, contrairement au jazz et à son discours universel.

Dans le champ social où le moindre « dérapage » est l’objet d’une couverture médiatique dépendant largement du positionnement idéologique des « coupables », la liberté d’expression est devenue un enjeu remarquable, chacun considérant volontiers qu’il faudrait interdire à ses adversaires la parole publique. Si l’art est fréquemment considéré comme exempté des mêmes devoirs que la parole ordinaire, l’effet de scandale resurgit cependant à intervalles réguliers.
« La France est une garce, n’oublie pas de la baiser »
Récemment, le clip « Pendez un blanc » du rappeur Nick Conrad a fait un peu parler des excès verbaux du rap. Il ne s’agit pas d’un épiphénomène mais d’une véritable formation discursive dont l’agressivité envers la France et « les blancs » est un topos récurrent. Quand un certain Monsieur R affirme : « La France est une garce, n’oublie pas de la baiser jusqu’à l’épuiser, comme une salope il faut la traiter, mec! » — prolongé avec esprit par le Ministère A.M.E.R. : « J’aimerais voir brûler Panam au napalm comme au Vietnam […] j’ai envie de dégainer sur des faces de craie » — il s’agit de thèmes constituant l’épine dorsale du discours politique du rap.
De fait, ce discours prônant rébellion contre l’autorité, guerre civile et guerre raciale, est d’une violence permanente illustrée par de nombreux cas de poursuites pénales. On remarque que le discours ainsi véhiculé par le rap, fondé sur des préjugés haineux — volontiers anti-français, racistes, sexistes, homophobes, violents — semble validé idéologiquement par les médias et même la justice. C’est ainsi que Gilles-William Goldnadel, dans un récent article, parlait avec clairvoyance d’une « indulgence judiciaire idéologisée ». En témoigne un édifiant article d’un avocat, rappelant les limites et les usages juridiques de la liberté d’expression en matière de rap, qui constate que la liberté d’expression y connaît « une tolérance élargie ». On y apprend entre autres que la cour d’appel de Rouen considère que le rap est « un genre musical enraciné dans la culture populaire trouvant ses origines dans la misère et la souffrance, le rejet et le ressentiment (…) qui exprime la désolation et le mal de vivre des jeunes en banlieue, leur refus de se résigner face à des situations vécues comme injustes et perçues comme un rejet et de formuler leur aspiration à un mode de vie autre que celui qui les exclut et les marginalise».
Pardonnez-leur, ils savent ce qu’ils font
On découvre ainsi qu’une cour d’appel, avec une morgue et une hauteur d’une condescendance extrême, s’autorise à des jugements esthétiques, historiques, sociologiques et culturels sur lesquels elle se fonde pour dire le droit. Il en ressort une essentialisation radicale de la banlieue qui semble indiquer qu’une origine et un mode d’expression ouvrent des droits à l’appel à la haine et au meurtre. En effet, ce même jugement conclut, fort hypocritement, que les seules paroles ne suffisent pas à faire « présumer chez l’auteur de la chanson et ses interprètes une volonté de créer dans le public un état d’esprit favorable à la réalisation d’une atteinte volontaire à la vie ou à l’intégrité physique d’autrui ». En français non jargonnant, cela signifie qu’on décide de faire semblant de ne pas entendre la réalité des intentions qui s’expriment dans le rap. Comme s’il ne s’agissait que d’un jeu esthétique sans effet social — ce qui est pourtant contradictoire avec le constat d’une origine sociale vivant dans « le ressentiment ». Sans parler de la réalité émeutière des banlieues, qui semble montrer de manière relativement évidente un état d’esprit favorable à la réalisation de cette fameuse atteinte volontaire à tout ce qui passe à portée de cocktail Molotov.
Le pouvoir de promulgation, de définition et de dénomination de la justice s’accompagne d’une valeur jurisprudentielle dont les effets sont durables. Ils incarnent en effet ce qui devient une norme juridique et, partant, culturelle. À partir du moment où on sait qu’on ne sera pas condamné pour certains faits, on peut les reproduire en se fondant sur cette jurisprudence.
Dans ce genre de jugement, il est donc considéré comme définitoire que le rap exprime une forme de haine et, par conséquent — et c’est ce lien logique qui relève du parti pris — qu’il doit être exempté de sanctions pour ses propos, y compris quand ils relèvent de l’incitation à la haine, au désordre public, à la violence, au meurtre, etc.
Le mot « poésie » excuse tout
C’est une position qui peut se défendre dans la perspective d’une liberté d’expression conçue avec une latitude extensive. Le problème est dans le deux-poids, deux mesures. Un non rappeur se verra harcelé pour des propos beaucoup moins virulents. L’exemple type étant celui de Georges Bensoussan, accusé d’incitation à la haine pour avoir dénoncé l’antisémitisme musulman. Ne comptons plus les procès similaires qui pleuvent sur Alain Finkielkraut, Eric Zemmour, etc. qui tendent à criminaliser des opinions.
Selon son origine, selon son type de discours, on sera ou non poursuivi et, éventuellement, condamné. Ce contraste entre ce que l’on tolère chez l’un et pas chez l’autre est constitutif d’un arbitraire de la loi. Cela signifie que la justice exprime des préférences idéologiques et politiques : le citoyen constate, de manière aveuglante, une injustice concernant l’exercice de la liberté d’expression.
On a dès lors l’impression que le mot « poésie » excuse tout : si c’est de l’art, c’est permis. Cette exception est étrange : on peut donc exprimer ce que l’on veut si c’est sur une trame rythmique, si l’on met quelques rimes, ou que l’on se déhanche avec une casquette à l’envers. Le contenu discursif devient acceptable socialement, même s’il s’agit d’appel au meurtre. Pour des propos nettement moins incendiaires, le citoyen qui ne slamme pas risque la poursuite. Il suffirait donc de chantonner ou d’habiter Saint-Denis pour que la loi s’applique différemment.
Le jazz, l’anti-rap
Contrairement aux apparences, ce raisonnement qui se veut rempli de bienveillance ne repose pas sur les spécificités de la musique du rap. Il se fonde en effet uniquement sur une origine sociale présumée, c’est-à-dire essentialisée, caricaturée (l’auteur de ces lignes n’est pas moins originaire de banlieue que les rappeurs, mais étant universitaire, je doute que la mansuétude juridique s’applique à mon cas si je venais à slammer des insanités…). L’arrêt que nous avons cité considère qu’une origine sociale peut impliquer une application de la loi différenciée : c’est une indulgence qui confine à la ségrégation car cette pratique fonde une inégalité de traitement. Le raisonnement de la cour d’appel de Rouen est de nature socio-esthétique et non juridique. Il consiste en une interprétation tendancieuse des faits sociaux qui ressemble à une excuse et non à une appréciation objective.
À titre de comparaison historique, le jazz nous fournit un exemple de discours radicalement différent. La ségrégation raciale affectant la communauté afro-américaine (principale mais non seule actrice du développement du jazz) fut d’une dureté sans commune mesure avec les simples inégalités sociales. Pourtant, le jazz n’a jamais cédé à un discours de violence ou de haine. L’élévation artistique, politique et spirituelle, l’humour et la créativité ont été les armes d’une communauté éprouvée par sa situation sociale pour la transformer. Comme l’a rappelé le saxophoniste Johnny Griffin, « Jazz is the music of people who have chosen to feel good inspite of the conditions » (« Le jazz, c’est la musique de ceux qui ont décidé de ne pas se laisser abattre par leur situation »).
Le jazz, critique et revendique sans jamais pleurnicher
Critiquant la célébration de la violence, de la misogynie et de la falsification historique, le trompettiste Wynton Marsalis (qui s’est beaucoup exprimé sur la nocivité du rap) écrit ainsi un superbe « Love and Broken Hearts » (2007, From the Plantation to the Penitentiary) qui assimile la rhétorique du rap à une parodie de négritude :
“All you con men can hang up your scheme
Pimps and hustlers put up the Vaseline.
I ain’t your bitch I ain’t your ho.
And public niggerin’ has got to go.
Oh safari seekers and thug life coons.
You modern day minstrels and your Songless tunes.
Don’t take me down your memory lane
I got my own memories just the same…”
Le discours du jazz, critique et revendicateur mais créatif et jamais pleurnichard, provient d’une « culture populaire » qui n’a jamais causé de ressentiment agressif. S’il fallait comparer avec les créateurs du jazz, la situation sociale des rappeurs en France est assez éloignée. Ces derniers profitent, au même titre que n’importe quel citoyen, d’un système de protection, d’aide sociale et de scolarisation gratuite dont la communauté afro-américaine n’a jamais bénéficié avant les années 1960.
L’exception bienveillante
Pourtant, cette communauté en a tiré la force de créer le jazz, forme artistique d’une ampleur formidable. Le rap en est le descendant abâtardi, idéologisé, appauvri. Aux Etats-Unis, le jazz a été le moteur du changement social en procurant une parole publique, une dignité artistique et une visibilité sociale qui ont permis aux Afro-Américains de prendre une place qui n’avait rien d’acquis. Si le jazz s’est universalisé et n’est pas resté un folklore fermé à ceux qui n’appartenaient pas à sa communauté d’origine, c’est précisément parce que le jazz (dont les racines sont multiples) n’a jamais montré de haine ou revendiqué d’identité close. Il est vrai que la communauté afro-américaine, jusqu’à récemment, s’est massivement assise sur des références bibliques et toraïques.
Le rap, à cet égard, est d’une pauvreté de discours qui s’auto-caricature dans une posture qui est celle de la minstrelsy (les minstrel shows sont les spectacles du XIXe siècle où les noirs « jouaient aux noirs » avec grosses lèvres rouges et queue de pie). C’est ce que Wynton Marsalis appelle « the ever fonky low down », c’est-à-dire la revendication d’un abaissement auto-parodique. C’est d’autant plus ridicule quand on vit en France dans une société qui n’a pas la même histoire que celle où est né le rap.
L’idéologie victimaire des intellectuels et magistrats qui s’exprime avec un dédain paternaliste en commentant le rap oublie au passage que tous les soi-disant opprimés ne sont pas nécessairement des violents en puissance qu’il faudrait excuser par une auto-flagellation complaisante. Le jazz, en tant qu’expression collective, n’a jamais tenu de discours destructeur ou meurtrier. Le rap, visiblement, relève d’une autre logique, celle du confort victimaire comme fondement du succès commercial, de la célébration médiatique, de l’immunité légale et de la sanctuarisation idéologique. Traitement de faveur qui n’est pas sans une certaine condescendance néo-coloniale, comme si une exception bienveillante devait s’exercer sur une population d’avance considérée comme irresponsable. A moins qu’il ne s’agisse que d’une fascination exotique des juges pour l’encanaillement socio-musical…
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Quand Collomb faisait le lien entre immigration et insécurité
Par Pierre Lepelletier
Mis à jour le 31/10/2018 à 16h16 | Publié le 31/10/2018 à 12h57
LE SCAN POLITIQUE/VIDÉO - Selon des propos rapportés par Valeurs Actuelles, l'ancien ministre de l'Intérieur dressait en février 2018 un bilan très pessimiste sur la situation sécuritaire en France.
Lorsqu'il était encore à l'Intérieur, Gérard Collomb n'avait rien laissé transparaître. Ses propos alarmistes tenus au moment de son départ du gouvernement avaient alors surpris. Lors de la passation de pouvoir avec Edouard Philippe le 4 octobre dernier, il avait regretté sur le perron de Beauvau «une situation très dégradée» dans certains quartiers. «Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain on puisse vivre face à face», avait-il notamment déclaré presque défaitiste.
«Cinq, six ans pour éviter le pire...»
L'ancien ministre de l'Intérieur avait en réalité établi ce constat bien avant sa démission. Selon des propos rapportés par Valeurs Actuelles datant du 13 février 2018, Gérard Collomb se voulait encore plus pessimiste. «Les rapports entre les gens sont très durs, les gens ne veulent pas vivre ensemble...», déplorait-il à l'époque, estimant que la responsabilité de l'immigration était «énorme» dans la situation sécuritaire. «C'est pour ça qu'avec Emmanuel Macron nous avons voulu faire changer la loi», indiquait Gérard Collomb. Adoptée le 1er août dernier, la loi asile et immigration garant une réduction du délai de traitement des demandes d'asile et facilite les reconduites à la frontière pour les déboutés. Jugé trop «répressif» par la gauche, le texte avait au contraire été considéré «inutile» par la droite.
«Des comités en France s'affrontent de plus en plus et ça devient très violent...», estimait également l'ancien ministre, prévenant qu'il ne restait que «peu de temps» pour améliorer la situation. «C'est difficile à estimer mais je dirais que, d'ici à cinq ans, la situation pourrait devenir irréversible. Oui, on a cinq, six ans pour éviter le pire. Après...», avertissait-il. Par ailleurs, à la question: «Pensez-vous qu'on n'a plus besoin d'immigration en France?», Gérard Collomb livrait selon Valeurs Actuelles une réponse sans appel: «oui, absolument».

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Une passation de pouvoir expédiée entre Édouard Philippe et Gérard Collomb
Par Christine Ducros
Mis à jour le 04/10/2018 à 07h23 | Publié le 03/10/2018 à 08h38
LE SCAN POLITIQUE/VIDÉOS - Emmanuel Macron a accepté dans la nuit la démission de son ministre de l'Intérieur et a demandé à son premier ministre d'assurer l'intérim. La passation de pouvoir entre les deux hommes a eu lieu ce matin.
Une passation de pouvoir expédiée qui semblait à la fois improvisée et plutôt tendue entre deux hommes qui ne s'appréciaient plus guère depuis des mois. Édouard Philippe a commencé par faire attendre pendant 20 longues minutes son ministre de l'Intérieur qui, bras croisés, sans ciller, posait patiemment sur le perron du ministère, paradoxalement filmé en direct par les caméras de la place Beauvau car à ce moment de la journée les journalistes n'étaient pas encore autorisés à franchir les grilles du ministères.
Puis Gérard Collomb a fini par prendre longuement la parole pour dire «combien il avait aimé son ministère et travaillé avec des agents motivés». Il a défendu son bilan, l'augmentation du budget du ministère - 3,4% contre 0,4 pour le budget de l'État - et l'engagement de son action de reconquête républicaine dans les quartiers difficiles. «Quand des quartiers se paupérisent, se ghettoïsent, a-t-il dit, il ne peut y avoir que des difficultés. Je crois vraiment que dans la périphérie parisienne, on ne peut plus continuer à travailler commune par commune. Il faut une vision d'ensemble pour créer de la mixité».
Pour lui, «la situation est très dégradée et le terme de reconquête républicaine prend dans ces quartiers tout son sens. Aujourd'hui, c'est plutôt la loi du plus fort qui s'impose, des narcotrafiquants, des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République.» Avant de lâcher un terrible: «Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain on puisse vivre face à face».
Gérard Collomb a enfin dit combien il avait apprécié sa mission: «Je quitte avec regret ce ministère ; j'ai profondément aimé les femmes et les hommes qui le composent. Nous sommes ici dans un ministère de l'affectif. Les policiers, les gendarmes, souhaitent pouvoir être aimés, si on veut qu'ils puissent remplir des tâches difficiles, il faut qu'ils sachent».
Un discours plaidoyer
Un discours en forme de bilan plaidoyer, tant il semblait conscient que l'éloge du premier ministre serait bref. Il le fut sans conteste. Édouard Philippe, le visage fermé, a remercié son ministre «pour les 16 mois de travail passés ensemble». «Le ministère de l'Intérieur, a-t-il dit, c'est d'une certaine façon la permanence de l'État, de la puissance qui doit toujours revenir à la loi, de la présence de l'ensemble des forces de sécurité des Français. Pour tout ce que vous avez fait ici, M. le ministre d'État, soyez remercié. Le premier ministre ayant vocation à aller partout sur le territoire national, il pourra arriver qu'il se rende à Lyon. Et il en sera particulièrement heureux.» Après une poignée de main sans chaleur, Édouard Philippe a ensuite traversé la route pour se rendre au Conseil des ministres, laissant un homme seul de 71 ans, qui était le numéro 2 du gouvernement, fidèle de la première heure, retourner sur ses terres lyonnaises.
Ce matin, le Conseil des ministres s'est donc tenu sans Gérard Collomb. Dans la nuit de mardi à mercredi, Emmanuel Macron avait fini par accepter la démission révélée, dans un entretien exclusif sur notre site, de son ministre de l'Intérieur. Gérard Collomb, l'un de ses alliés historiques, piaffait d'impatience depuis des semaines de quitter le gouvernement pour se lancer dans la reconquête de la capitale des Gaules qu'il a administrée pendant 16 ans. Le président a demandé à son premier ministre, Édouard Philippe, «d'assurer son intérim dans l'attente de la nomination de son successeur». Dans la foulée, celui-ci a été contraint d'annuler son déplacement en Afrique du Sud prévu jeudi et vendredi, difficilement compatible à l'heure où il va falloir choisir un nouveau ministre de l'Intérieur.
Plus question de perdre du temps. Surpris mardi après-midi en pleine séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale par cette annonce, Édouard Philippe, après avoir rendu un vibrant hommage à Manuel Valls lui-même démissionnaire, avait répondu qu'il prendrait «les décisions qui s'imposent».
Qui succédera à Gérard Collomb ? - Regarder sur Figaro Live
Une colère froide
Les parlementaires ont surtout vu un premier ministre pris de court par la démission de son ministre. Répondant en tout début de séance à une question du député Éric Ciotti, Édouard Philippe avait dans un premier temps assuré que «chaque ministre de son gouvernement était à sa tâche» et que la démission de son ministre relevait «d'une petite polémique».
Manifestement, Édouard Philippe a appris dans l'hémicycle la démission du ministre de l'Intérieur. Ce mercredi matin sur France Inter, Christian Jacob ironisait sur cet épisode inédit: «Le premier ministre n'était pas dans la boucle. On lui lisait les dépêches dans l'hémicycle», a-t-il ironisé, évoquant «une crise de l'exécutif». Les proches du chef du gouvernement ont effectivement évoqué «une colère froide» de celui-ci à l'issue des questions au gouvernement.
Interrogé ensuite sur le sujet, Édouard Philippe a dans un second temps souligné qu'«il revient au premier ministre de proposer au président de la République la nomination ou la fin de fonction de ministres. Je prendrai mes responsabilités et j'aurai l'occasion de faire au président les propositions que les dispositions constitutionnelles prévoient et réservent au premier ministre».
Reste que la chaise vide au Conseil des ministres ce matin fera désordre. Après la démission de Nicolas Hulot à la fin du mois d'août, elle relance un jeu des chaises musicales au sein du gouvernement qui vient, phénomène peu banal, de subir deux démissions de ministre d'État en un peu plus d'un mois. Elle atteste surtout de la fragilité d'un exécutif en pleine opération reconquête de l'opinion, à huit mois des élections européennes. Et, comme les problèmes se succèdent à la vitesse grand V, Édouard Philippe est ce matin épinglé par la cour régionale des comptes sur sa gestion de la ville du Havre entre 2012 et 2017. Les finances de la ville seraient proches d'un seuil d'alerte, notamment dans la progression de l'endettement de la commune.
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Démission, Macron, Lyon : Collomb s'explique en exclusivité dans Le Figaro
Par Marcelo Wesfreid et Jean-Marc LeclercMis à jour le 03/10/2018 à 07h41 | Publié le 02/10/2018 à 20h48
INTERVIEW EXCLUSIVE - Le ministre de l'Intérieur, qui a reçu Le Figaro place Beauvau, livre les raisons de son départ du gouvernement.
Dans le bureau mythique de la place Beauvau, qui accueillit Piere Joxe, Charles Pasqua ou Nicolas Sarkozy, Gérard Collomb reçoit le Figaro. Mais pas seul. Il est accompagné de Georges Képénékian, l'actuel maire de Lyon, qui répond parfois aux questions du Figaro en même temps que Gérard Collomb. Georges Képénékian a pris les rênes de la cité après l'entrée de Gérard Collomb au gouvernement. Et s'apprête à les lui rendre. Le ministre de l'Intérieur considère que son «contrat est rempli» et qu'il peut désormais se consacrer à Lyon pleinement.
LE FIGARO. - Le refus par Emmanuel Macron d'accepter votre démission, lundi soir, n'a-t-elle pas créé un psychodrame au sein de l'exécutif?
Gérard COLLOMB. - Pas du tout. Le fait que je vous réponde ce mardi en compagnie du maire de Lyon, assis à mes côtés dans mon bureau, montre bien une volonté commune de préparer ensemble les futures échéances. Aujourd'hui, comme vous le savez, une polémique s'est élevée car je me suis exprimé sur ce que je ferai dans un an et demi. Je pense préférable toujours d'annoncer les choses de manière transparente. Et nous le faisons ici conjointement.
Georges KEPENEKIAN. - Nous avions un contrat moral, un engagement entre nous pour mener campagne. Gérard Collomb a fait ce travail très important de métamorphose de la ville, il a acquis une expérience. Il est bon que tous ensemble nous puissions imaginer le projet suivant, qu'on puisse préparer les futures échéances.
Gérard COLLOMB. - Dans les temps qui viennent, nous avons convenu depuis longtemps que je reviendrai à la tête de la Mairie pour préparer les échéances futures, comme il vient de vous le dire.
Vous aviez annoncé, Gérard Collomb, un premier calendrier pour quitter le gouvernement. C'était après les européennes. Pourquoi accélérer?
J'ai vu le président, lundi. Je lui ai fait part de ma volonté de lui donner ma démission pour une raison simple: je ne veux pas que des échéances locales puissent venir troubler la vie politique nationale. Je souhaite servir le président de la République, notre pays et je veux faire en sorte que ce ministère soit toujours le ministère le plus performant possible. Nous sommes à un tournant. J'ai impulsé beaucoup de réformes, mais aujourd'hui, compte tenu des rumeurs et de la pression qu'il peut y avoir, je ne veux pas qu'une candidature demain puisse troubler la marche du ministère de l'Intérieur. Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis à des Lyonnais. Je maintiens donc ma proposition de démission.
«Nous avons parlé longuement avec le président et je veux continuer à l'aider. Au poste que j'occupe, je peux être demain une gêne pour lui et le premier ministre. Et ce n'est pas ce que je souhaite»
Gérard Collomb
Donc vous démissionnez malgré le refus du président de la République?
Nous avons parlé longuement avec le président et je veux continuer à l'aider. Au poste que j'occupe, je peux être demain une gêne pour lui et le premier ministre. Et ce n'est pas ce que je souhaite.
Comment jugez-vous votre bilan?
J'ai d'abord fait en sorte que la police et la gendarmerie puissent avoir des crédits en forte augmentation. Et c'est grâce à la confiance du président de la République. Alors que le budget de l'État observera une croissance de 0,8%, le budget du ministère de l'Intérieur progressera de 3,4%. C'est la concrétisation de l'engagement présidentiel de faire de la sécurité de nos concitoyens une priorité. Cela va nous permettre d'accroitre nos forces dans tous les domaines.
Ne partez-vous pas trop précocement par rapport à votre cahier des charges?
Un cap est désormais fixé dans tous les domaines pour tout le quinquennat. Sur les collectivités locales par exemple, je pense que nous pouvons porter un discours de confiance: si on regarde par rapport aux années antérieures, elles bénéficient de davantage de marges de manœuvre et peuvent accroitre leurs investissements. Leurs dotations sont stabilisées là où elles baissaient, d'année en année.
Au niveau européen, nous avons lancé beaucoup d'initiatives, de coopérations entre les différentes forces, et notamment en matière de sécurité civile. J'ai en particulier indiqué la voie à suivre pour que demain nous ayons encore davantage de sapeur-pompiers volontaires.
S'agissant du cadre législatif national, nous avons fait adopter des lois essentielles: la loi sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme, la loi Warsmann sur le dispositif «Dublin», la loi asile, immigration et intégration. Je tiens à remercier tous les parlementaires pour la qualité des débats que nous avons eus. Nous avons par ailleurs avancé sur la question des grandes métropoles européennes. Le contrat pour moi est rempli, les grandes orientations fixées. D'autres pourront ouvrir de nouvelles pages.
Où en est votre relation avec Emmanuel Macron?
C'est une relation qui sera toujours de confiance. Là où je serai, je serai un soutien actif pour lui comme pour le Premier ministre. Je soutiendrai leur politique que je trouve adaptée aux enjeux qui sont ceux de la France.

«Ce ministère, on ne peut que le quitter avec regret, parce que c'est un beau ministère où travaillent des gens extraordinaires: policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, tous les fonctionnaires de l'État, civils ou militaires», confie Gérard Collomb. - Crédits photo : SEBASTIEN SORIANO/Le Figaro
Vous aviez pointé le manque «d'humilité» du pouvoir. Vos critiques ont-elles été entendues?
Ce que j'ai constaté, c'est que, lors de son séjour aux Antilles, Emmanuel Macron a montré quelle empathie il pouvait avoir avec nos concitoyens. Sur les retraites, il a lui-même annoncé qu'il fallait veiller aux retraités les plus modestes. Sur les collectivités locales, il a toujours pensé que leur action était complémentaire de celle de l'État. Et sur ce sujet, s'il y a eu des incompréhensions, je pense qu'il les dissipera dans les prochains temps.
Concrètement, que va-t-il se passer à compter de maintenant, pour vous, pour le ministère?
Comme vous avez pu le constater, je continue à remplir mes fonctions de ministre de l'Intérieur. Et je le ferai autant que le président et le premier ministre le jugeront nécessaire.
Mais vous avez conscience que votre décision crée une nécessité, vu l'urgence des dossiers, à ce qu'un remplaçant arrive vite?
J'ai une conscience aiguë des enjeux.
Surtout s'il se passe quelque chose…
Comme vous le savez, au ministère de l'intérieur perdure une continuité de l'action. Ce mardi matin, nos forces de l'ordre ont mené une opération importante à Grande Synthe. Nous avions ce mardi une réunion de tous les grands directeurs du renseignement territorial, de ceux de la police aux frontières. Il y a toujours une permanence de l'État. La maison continue à fonctionner et je la ferai fonctionner jusqu'au bout, comptez sur moi.
À votre avis, quel est le profil pour être un bon ministre de l'Intérieur?
Il peut être de ceux qui ont contribué au projet d'Emmanuel Macron en matière de sécurité. Il doit avoir la confiance du président. Je sais que le chef de l'État et le premier ministre feront le choix le plus pertinent.
Certains ont-ils commencé à manœuvrer, sans attendre votre décision?
Il y a pu y avoir un certain nombre de difficultés. Peu importe ma personne, ce qui compte, c'est l'institution. Je n'ai qu'une préoccupation: le service de l'État. Je veux qu'il fonctionne et qu'il assure le maximum de protection aux Français. Lundi, j'étais à Marseille. Je participais à la cérémonie d'hommage en mémoire de Laura et de Mauranne, victimes de l'attentat du 1er octobre 2017 sur le parvis de la gare Saint-Charles. Croyez-moi, sont des moments graves où, oui, vous avez conscience que vos responsabilités sont immenses. Et qu'elles vous obligent.
«Il y a pu y avoir un certain nombre de difficultés. Peu importe ma personne, ce qui compte, c'est l'institution»
Gérard Collomb
Est-ce que dans votre décision intervient aussi le fait qu'on a essayé de vous faire porter le chapeau dans l'affaire Benalla?
Pour moi, c'est une affaire ancienne. Je ne veux pas revenir sur ce fait. D'ailleurs, le président de la République l'a redit lui-même: il n'y a jamais eu une intention de mettre en cause quiconque au ministère de l'Intérieur.
Vous l'avez évidemment informé de votre décision ultime de partir. Que vous a dit le président?
Je n'ai pas pour habitude de revenir sur les conversations privées que j'ai avec le Président.
Mais vous ne partez pas un peu le cœur serré, quand même?
Ce ministère, on ne peut que le quitter avec regret, parce que c'est un beau ministère où travaillent des gens extraordinaires: policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, tous les fonctionnaires de l'État, civils ou militaires, quels que soient leur grade ou leur fonction.
J'ai vu dans l'ensemble de nos territoires, l'engagement total et exemplaire de nos préfets, leur indéfectible sens de l'État. J'ai eu énormément de plaisir et de fierté à être à la tête de ce ministère. J'en connais désormais tous les rouages et partout côtoyé des hommes et des femmes admirables, totalement consacrés à la protection et au service des Français. Je veux remercier chacune et chacun d'entre eux. Je suis certain qu'ils continueront à œuvrer avec le même enthousiasme et le même dynamisme que celui que je leur connais aujourd'hui et qu'ils continueront à s'impliquer pleinement demain dans les réformes que j'ai pu impulser.
Est-ce que vous avez des regrets?
Je ne suis pas un homme de regrets, je regarde toujours l'avenir. Je sais aussi que construire l'avenir, c'est la première ambition du Président et du Gouvernement. On peut penser toujours que, sur tel ou tel point, qu'on aurait peut-être pu mieux faire. Mais je suis convaincu que les mesures prises par le Gouvernement vont porter leurs fruits demain.

Mardi, Gérard Collomb a convié son successeur à la mairie de Lyon, Georges Képénékian, à son cabinet, place Beauvau. Ils ont reçu ensemble Le Figaro pour annoncer la démission du ministre et la mise en retrait du maire par intérim. - Crédits photo : SEBASTIEN SORIANO/Le Figaro
Avez-vous le sentiment que votre rôle de ministre a nui à votre image au plan local?
Non. J'ai le sentiment que beaucoup de Lyonnais sont satisfaits de l'action que j'ai pu porter et de ce que nous avons accompli avec le gouvernement.
Georges KEPENEKIAN. - Je pense qu'à Lyon, en tout cas, clairement, c'est plutôt une fierté d'avoir eu un ministre numéro deux du gouvernement.
Mais vous auriez pu être, M. le Ministre, le nouvel Edouard Herriot…
Le nouvel Herriot, je ne sais pas, mais il a eu lui-aussi une vie municipale, puis une vie nationale, puis à nouveau une vie municipale. Il a été président du Conseil puis il est revenu dans sa ville parce que, comme moi, il en avait la passion.
Si vous êtes élu en 2020, choisirez-vous la mairie ou la métropole?
Je mènerai partout des listes. Mais comme vous le savez, ce sera d'abord le choix des habitants de la Métropole de Lyon. Le moment venu, avec celles et ceux qui auront été élus, nous déciderons ensemble. Ce qui m'importe, c'est qu'il y ait une unité de pensée entre la Métropole et la Ville de Lyon, car c'est comme cela qu'au cours de ces dernières années nous avons construit une agglomération où dynamique économique, sociale et environnementale se conjuguent.
Il y a ceux qui vous diront que quatre mandats, c'est trop. Quel leur répondez-vous?
Je sais quel est le temps d'une ville. C'est celui du temps long. Ce n'est que dans la durée qu'on parvient à métamorphoser nos grandes villes.
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Damien Le Guay : «Ces jours où les Français se recueillent»
Par Damien Le Guay
Publié le 31/10/2018 à 17h00
TRIBUNE - Les Français continuent à honorer leurs morts le 2 novembre, mais le choix de leurs propres obsèques les divise désormais, explique le philosophe*.
La Toussaint est, dans l'année, le moment privilégié des morts ou plutôt le moment collectif des retrouvailles entre les vivants et les morts. Pendant quelques jours, les citoyens des cimetières sont massivement honorés, comme si, à cette occasion, les familles s'agrandissaient pour y inclure ses membres absents. Lors de ces visites au cimetière, avec ces moments de recueillement, de dialogue silencieux ou de prières, nous faisons vivre cette «démocratie des vivants et des morts» qui dilate les cœurs et élargit le cercle intime. Enfin, les morts ont voix au chapitre dans les familles!
Que dire de tous ces passagers clandestins de notre mémoire, présents dans notre cœur et absents de nos maisons ?
Que dire de tous ces passagers clandestins de notre mémoire, présents dans notre cœur et absents de nos maisons? Ils nous ont introduits dans le monde, nous ont appris à parler et à aimer et, avant de s'éloigner, nous ont donné la responsabilité du monde. Que dire de cet échange mystérieux avec ce peuple invisible qui dort dans les cimetières - car les cimetières sont, étymologiquement, des «lieux pour dormir», des «dortoirs»? Les Français le jugent essentiel. Pendant ces quelques jours, la moitié d'entre eux (soit 35 millions de Français) va se déplacer pour visiter les maisons des morts. Et 25 millions de pots de fleurs ou de bouquets vont venir colorer les tombes des retraités d'éternité.
En allant rendre hommage à leurs défunts, les Français font vivre cet ancien «droit à la continuité historique» - évoqué par Ortegay Gasset. Ainsi, les familles d'aujourd'hui prolongent le passé, anticipent le futur et consacrent, ainsi, un sens familial de la durée. Contre l'idée moderne des générations spontanées - comme si nous naissions tout seuls, suspendus en l'air -, l'hommage rendu à ses ancêtres relève d'une belle civilité culturelle. Il y a là un effet de civilisation.
«Contre l'idée moderne des générations spontanées, l'hommage rendu à ses ancêtres relève d'une belle civilité culturelle. Il y a là un effet de civilisation.»
Mais les attentes changent. Une enquête Ipsos du 4 octobre 2018 confirme une préférence pour la crémation - envisagée aujourd'hui par 63 % des Français. Qu'en est-il de leur motivation? 42 % des personnes interrogées opteraient pour la crémation afin de ne pas «laisser de traces aprèsla mort» alors que 42 % de ceux qui choisissent l'inhumation le font pour souhaiter que leurs «proches puissent venir se recueillir sur une tombe». Deux choix honorables, mais nous sommes bien là dans un conflit culturel majeur.
D'un côté ceux qui pensent que les familles se prolongent au-delà de la mort et de l'autre ceux qui considèrent que nous sommes des individus isolés qui, avec la mort, disparaîtront corps et âme. Conflit entre ceux qui s'inscrivent dans une durée et ceux qui croient que tout s'arrête dans l'instant de la mort. Conflit entre les adeptes d'une tradition et les partisans du rien-à-laisser-derrière-soi. Conflit entre une société plus forte que la mort et, d'autre part, un agglomérat d'individus friables sans grands atomes crochus. Conflit entre une société solide qui respecte les corps et les accompagne jusqu'au dortoir des morts et, d'autre part, une «société liquide» qui croit que tout s'évanouit avec la mort, que les corps encombrent et qu'il faut les réduire en cendres au plus vite. Conflit entre ceux qui pensent ensemble l'âme et le corps et ceux qui jugent que le corps embarrasse.
Ces conflits, précisons-le, ne sont pas motivés par des raisons religieuses. Ils opposent deux manières de faire société. Sommes-nous, tous ensemble, en train de prolonger une histoire, de nouer des intrigues qui sont plus puissantes que nous et nous survivent ou, au contraire, sommes-nous enfermés dans notre petite bulle individuelle qui, quand elle éclatera, ne laissera pas plus de trace que des cendres? Thomas Laqueur, dans Le Travail des morts, livre magistral qui vient de sortir, le souligne: ce «travail des morts» est «le plus grand et mystérieux triomphe de la culture». Laquelle? Tout est là. La culture qui lutte contre la volatilité ou celle qui la renforce.
L'enquête d'Ipsos insiste sur une forte demande de l'opinion (à hauteur de 71 %) pour l'organisation indispensable de cérémonies lors des obsèques. Certes, cette demande est plus grande pour les partisans de l'inhumation (86 %), mais elle est puissante, aussi, pour les partisans d'une crémation (63 %). Insistons sur ce besoin de cérémonies. Il mérite toute notre attention, alors même que le goût du symbolique s'affaiblit et que celui du religieux s'affaisse. La mort sans cérémonies semble indigne. Elle l'est. Et cette dignité des adieux est, pour 45 % des sondés, une demande de «cérémonie religieuse». Collectivement, nous n'avons pas assez réfléchi à cette demande alors même que globalement la religion ne joue plus ce rôle d'organisation sociale du funéraire.
«Une éducation au symbolique, au religieux funéraire et à la mort devrait être développée pour éviter l'actuelle montée des frustrations cérémonielles.»
Ce besoin de cérémonies est aujourd'hui confronté à une triple difficulté. D'une part, les opérateurs funéraires sont assez démunis face à cette demande de symboles et de rites et de pompes et ne savent pas bien comment y répondre. Ils deviennent aussi des régisseurs symboliques mais ne veulent pas trop assumer ce rôle. D'autre part, hors des lieux stricto sensu religieux, l'exigence de professionnalisme pousse les corps-morts vers des «lieux techniques» (pour la thanatopraxie ou la crémation) qui ne prévoient pas toujours des lieux de cérémonie. Il est indispensable de prévoir ces lieux-là, surtout quand nous sommes confrontés à des demandes insistantes et légitimes des musulmans, en particulier, pour les derniers rites. Enfin, les demandes de cérémonies faites par les familles sont un peu désordonnées, commesi la grammaire symbolique faisait défaut. Une éducation au symbolique, au religieux funéraire et à la mort devrait être développée pour éviter l'actuelle montée des frustrations cérémonielles.
Souhaitons que le temps de la Toussaint nous permette, tous ensemble, de reconsidérer la place des morts et les demandes de cérémonies des vivants.
* Vice-président du Comité national d'éthique du funéraire, Damien Le Guay a publié, notamment, «Le Fin mot de la vie» (Éditions du Cerf, 2014) et «La Mort en cendres» (Éditions du Cerf, 2012).
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 01/11/2018.
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Damien Le Guay



Pierre Vermeren : «La plupart des fêtes catholiques sont dénaturées par le marché»
Par Pierre Vermeren
Publié le 31/10/2018 à 17h36
TRIBUNE - Les fêtes chrétiennes qui scandent l'année ont changé de sens pour une partie de nos contemporains,
Le silence qui entoure les fêtes chrétiennes - on n'ose dire catholiques - dans les médias audiovisuels est si fort que le droit à l'information sur l'actualité religieuse s'est envolé. Subrepticement, on a appris, à l'occasion des assassinats de Trèbes, que la messe des «Rameaux» a été célébrée en la mémoire des victimes, mais qui comprend encore ce mot? ; ou que les Frères musulmans ont organisé leur grand rassemblement le week-end «pascal», mais qui sait encore ce que cela signifie? L'évocation des fêtes religieuses n'est plus dicible que pour les fêtes islamiques, quand bien même elles ne concernent qu'une petite partie de la population, qu'elles ne donnent lieu à aucun jour férié, et qu'elles n'ont pas de sens pour 90 % de la population. À cette aune, d'ailleurs, pourquoi ne jamais mentionner les fêtes juives ou hindoues?
Cette situation est le fruit d'histoires connues dont les fils s'entrecroisent: la longue lutte laïque en France contre la religion catholique et les ingérences sociales et politiques du clergé ; la culpabilité postcoloniale qui pousse l'altruisme et l'inconscient chrétien des Français vers les autres ; et l'orgueil d'une société qui, se pensant comme optimale, enrage d'échouer en partie l'intégration de ses récents hôtes, au point de se flageller face à un djihad pourtant inventé en Égypte et dans le Golfe, et qui poursuit ses buts millénaristes pour échapperà la sécularisation promise.
Pâques, fête de la résurrection et principal signifiant de la chrétienté, est devenue… la « fête du chocolat ». Qu'est-ce qui a pu présider à une telle chute ?
Par-delà ces raisons (sans évoquer le fait que les élites médiatiques qui fabriquent l'information sont très éloignées dela sociologie française), il est permis de s'interroger sur les raisons profondes de cette amnésie organisée. Il ne faut pas remonter loin dans l'histoire, comme le savent ceux qui ont vécu dans les années 1970, pour savoir que la fête de Pâques - depuis des centaines d'années - était l'apothéose de l'année, plus encore que Noël ou le 15 août. Pourtant, si Noël demeure célébrée, au point que les «athées chrétiens» et les pratiquants des autres religions le font aussi, Pâques, fête de la résurrection et principal signifiant de la chrétienté, est devenue… la «fête du chocolat». Qu'est-ce qui a pu présider à une telle chute?
Il est à craindre que les raisons soient principalement mercantiles. Depuis l'unification du pays par la télévision, le critère principal dans la sélection, par les médias, des événements religieux et non religieux est affaire de commerce. La tragédie du lieutenant-colonel Beltrame, et son sacrifice chevaleresque, a d'autant plus surpris nos concitoyens qu'elle rappelle des valeurs totalement oubliées et disqualifiées. La révolution marchande et l'avènement du capitalisme libéral, considérés comme diaboliques par l'Église du XIXe siècle, ont pulvérisé l'ancien système de valeurs hérité de la chrétienté médiévale et moderne. Une des premières grandes mesures de la Révolution française a été la loi Le Chapelier qui visait à libéraliser l'économie, le commerce et la production, faisant fi de toutesles normes et restrictions antérieures. Nous y sommes.
Les Français sont devenus des Anglais comme les autres.
Napoléon Bonaparte appelait les Anglais «une nation de boutiquiers», ce que nos ancêtres reprochèrent si longtemps avec condescendance aux Britanniques. Or, au fil de ces deux siècles, les Français sont devenus des Anglais comme les autres. La résistance à cette évolution a été longue, puisque les valeurs de gratuité, d'espérance et le panache ont encore animé une partie du XXe siècle. Les Algériens avaient bien perçu l'enjeu dès le XIXe siècle: lorsqu'en 1871, le Bachaga Moqrani, le patron de la Kabylie sous le second Empire, eut à faire ses adieux aux officiers français des bureaux arabes, révoqués par la IIIe République naissante, dans l'attente des administrateurs civils, il déclara à peu près ceci: «Nous voulons bien obéir à des officiers, mais à des marchands, c'est exclu!» Ce fut le prélude à la plus violente insurrection algérienne anti-française jusqu'à la guerre d'Algérie.
Mais les Français d'aujourd'hui sont devenus des boutiquiers et des marchands enfiévrés qu'aucune entorse au «doux commerce» ne peut entraver. Le rentable, le «bancable», le prudentiel, l'assurantiel, le pratico-pratique, le sécurisé, le bénéficiaire et le bénéfice sont devenus les valeurs dominantes de notre société, dont les élites de l'audiovisuel sont à la fois le produit, le visage et la tête pensante.
Dès lors, indépendamment de toutes considérations idéologiques, même si elles sont présentes, le seul étalon est le commerce: Noël a cessé d'être la nativité pour devenir l'apothéose de la fête marchande et consumériste, et les «fêtes de fin d'année» une bénédiction économique que l'on veut universelle. Derrière ce navire amiral, le reste est une somme de niches: la chandeleur est une petite niche pour supermarché et crêpiers ; la Saint-Valentin - le seul saint ayant résisté au tsunami marchand - a l'avantage de marier commerce des corps et des objets, et de la restauration ; Pâques est la fête des chocolatiers ; les ponts de mai, Ascension et Pentecôte en tête, doivent leur salut aux hôteliers et aux stations balnéaires ; le 15 août est noyé dans l'autocélébration festive estivale ; la Toussaint est, comme la Fête des mères, un grand moment pour les fleuristes. En outre, des fêtes païennes sont venues améliorer l'ordinaire: Fête des pères pour les cravates, Fête de la musique pour l'alcool, Halloween pour doper les loisirs en cette triste période d'automne. À cette aune, le ramadan est une niche pour les supermarchés, qui peuvent ouvrir un rayon ad hoc, et pour les entrepreneurs du halal.
La promotion de l'abstinence et de la retenue est la pire catastrophe qui puisse arriver dans une société marchande.
En revanche, tout ce qui n'est pas «bancable» a disparu. Le pire étant le carême, dont on n'a retenu que le carnaval dans certaines villes, mais dont le mot est tabou. La promotion de l'abstinence et de la retenue (alimentaire et consumériste) est la pire catastrophe qui puisse arriver dans une société marchande. À tel point que le mardi gras a été enterré pour ne pas réactiver ce spectre. D'où l'usage de Halloween, afin que les enfants aient leur petit substitut. Autre catastrophe, Pâques, censée nous arracher aux contingences d'ici-bas. En revanche, l'aspect festif et exotique du ramadan, tel qu'il est pratiqué au Maghreb, occasionnant moult ripailles nocturnes, est une coutume appréciée de nos dirigeants, d'autant plus qu'ils ne jeûnent pas!
De sorte que tout ce qui fait ventre est chanté, quand tout ce qui élève est moqué voire banni. La «nouvelle civilisation» promue jadis par Martine Aubry n'est pas très difficile à déchiffrer.
* Ancien élève de l'École normale supérieure, Pierre Vermeren est agrégé et docteur en histoire. À récemment coécrit «Dissidents du Maghreb depuis les indépendances» (Belin, octobre 2018).
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 01/11/2018.
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Pierre Vermeren



Les Kurdes de Syrie dénoncent le refus des pays de l'UE de reprendre leurs djihadistes
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 31/10/2018 à 18h07 | Publié le 31/10/2018 à 18h01
Les autorités semi-autonomes kurdes de Syrie ont dénoncé aujourd'hui à Bruxelles le refus des pays européens de reprendre leurs ressortissants membres du groupe Etat islamique détenus par leurs forces.
Les combattants étrangers capturés et leurs familles sont originaires de 46 pays, a annoncé Abdul Karim Omar, en charge des affaires étrangères au sein de l'administration kurde lors d'une conférence de presse à Bruxelles. 790 hommes sont détenus par les forces spéciales kurdes dans une prison. 584 femmes et 1250 enfants ont été placés dans deux camps, a-t-il précisé. "Tous les pays de l'UE sont concernés, mais aucun ne nous a demandé l'extradition de ses ressortissants. Il refusent de prendre leurs responsabilités et nous laissent supporter ce fardeau", a-t-il déploré. "Ces détenus sont dangereux et certains ont commis des massacres de civils. Nous ne pouvons pas gérer seuls ce problème en raison de l'instabilité de notre région", a-t-il assuré. "Une faille dans la sécurité pourrait leur permettre de s'échapper", a-t-il averti. Le représentant kurde a refusé de préciser le nombre de ressortissants des pays de l'UE détenus. "Ce n'est pas important", a-t-il déclaré. Le représentant kurde a précisé que la Belgique avait accepté de reprendre seulement les enfants des ressortissants belges. "Nous sommes convaincus que les mères et leurs enfants ne doivent pas être séparés et aucune famille n'a été réclamée par son pays d'origine", a-t-il expliqué.


Guillaume Perrault : «Mort d'un ancien traducteur afghan de l'armée française»
Par Guillaume Perrault
Mis à jour le 31/10/2018 à 16h47 | Publié le 30/10/2018 à 20h36
FIGAROVOX/ANALYSE - Un ancien traducteur afghan de l'armée française, qui avait sollicité en vain un visa pour la France pour lui et sa famille, a été tué dans un attentat-suicide à Kaboul. De pénibles souvenirs de notre histoire reviennent en mémoire.


- Crédits photo : Figaro
Guillaume Perrault est rédacteur en chef du service Débats du Figaro & FigaroVox. Maître de conférences à Sciences Po, il enseigne l'histoire politique française et les institutions politiques. Son dernier ouvrage, «Conservateurs, soyez fiers!», est paru chez Plon en 2017.

«Plus honteuse que notre défaite est la trahison à laquelle nous allons nous livrer. Nous avons résisté aussi longtemps dans ce delta pourri parce que deux cent mille Vietnamiens ont été nos soldats et qu'un million d'hommes et de femmes nous ont aidés. Notre paix les condamne.» Dans La Guerre d'Indochine, le grand Lucien Bodard dépeint les tourments d'un capitaine de l'armée française au moment de quitter le Tonkin, l'été 1954, après Diên Biên Phu et les accords de Genève. Des Vietnamiens catholiques dont le village a résisté au Viet-minh, terrorisés, entourent l'officier. «Le capitaine promet à tous ces gens que les Français les transporteront vers le sud, en Cochinchine».
De fait, en quelques mois, près d'un million de Tonkinois, grâce à l'armée française et à la marine de guerre américaine, réussissent à échapper au régime d'Hô Chi Minh. Tous n'ont pas leur chance. Dans l'atmosphère de panique et de chaos de l'époque, certains navires de la Royale, saturés de Vietnamiens, doivent refouler ceux qui se présentent trop tard, les abandonnant ainsi à la vengeance du vainqueur.
On le sait, huit ans plus tard, en Algérie, ce fut bien pire. Selon les estimations les plus prudentes, outre les civils musulmans loyalistes abandonnés et massacrés, 60 000 à 80 000 harkis désarmés auraient été lynchés. Seuls 45 000 auraient réussi à gagner l'Hexagone grâce aux officiers qui désobéirent aux ordres.
Ces souvenirs de honte, comment ne pas y songer en apprenant le meurtre d'un ancien traducteur afghan de l'armée française, qui s'était vu refuser le visa pour la France qu'il avait sollicité ?
Ces souvenirs de honte, comment ne pas y songer en apprenant le meurtre d'un ancien traducteur afghan de l'armée française, qui s'était vu refuser le visa pour la France qu'il avait sollicité pour lui, sa femme et leurs deux enfants? Qader Daoudzai, âgé de 33 ans, a été tué le 20 octobre lors d'une attaque suicide dans un bureau de vote à Kaboul.
Ils sont des centaines à être ainsi menacés de mort par les talibans pour avoir travaillé avec l'armée française jusqu'à son retrait d'Afghanistan en 2013 et qui vivent aujourd'hui la peur au ventre. Huit cents Afghans, tous métiers confondus (traducteurs, cuisiniers, infirmiers), auraient servi la France. La quasi-totalité semblent avoir déposé une demande de visa pour eux et leurs familles. Seule une petite partie d'entre eux l'a obtenu. Voilà déjà plus de cinq ans (nos éditions du 30 mai 2013), Le Figaro avait consacré une pleine page d'enquête à leur tragique situation. Notre journal évaluait alors à 160, familles comprises, les Afghans ayant œuvré aux côtés de nos soldats et accueillis en France. Le ministère de la Défense a plaidé en faveur d'un très large accueil de ces Afghans lors des réunions interministérielles consacrées au sujet, mais l'Hôtel de Brienne n'est qu'une administration parmi d'autres et les visas ne sont pas de son ressort. Londres n'a pas manifesté un sens de l'honneur plus vif, il est vrai, répugnant à accueillir les anciens traducteurs afghans de l'armée britannique avant de céder devant le succès d'une pétition en leur faveur et d'annoncer 600 visas.
Comment expliquer ce qu'on est en droit de qualifier d'infamie? Il n'a pas été institué une procédure spéciale visant à accorder un visa de plein droit aux Afghans ayant servi notre pays.
Conduire une politique, c'est nécessairement assumer que A et B sont différents et appellent un traitement distinct.
La situation des intéressés n'est pas appréhendée, comme il aurait été naturel, en termes politiques (des alliés ayant risqué leur vie à nos côtés et envers qui la France a des devoirs) mais en termes juridiques (des demandeurs d'asile parmi des centaines de milliers d'autres, dont il faut apprécier s'ils répondent ou non aux critères fixés par le droit international pour obtenir le statut de réfugié). En somme, l'État n'a pas voulu choisir de leur accorder une préférence, de les privilégier.
Or mener une politique, c'est nécessairement assumer que A et B sont différents et appellent un traitement distinct. Mais ce qui allait de soi jusqu'à peu est devenu indicible. L'évolution du verbe «discriminer» en témoigne. D'après Littré, il signifie discerner, distinguer, démêler ce qui est embrouillé, bref différencier ce qui mérite de l'être. Rien que de louable et de nécessaire. «Tâchons de procéder à une discrimination des divers problèmes», écrit Raymond Aron en 1977. Puis le sens du mot s'est inversé. Il signifie désormais imposer une différence de traitement en vertu d'un motif interdit par la loi et réprouvé par la morale. Or, pour éviter d'être accusé de discriminer au sens négatif, l'État finit par ne plus assumer aucun choix, puisque tous sont suspects. Et l'on retrouve, hélas, l'intuition de Lucien Bodard à propos de la guerre d'Indochine: «La machine républicaine et gouvernementale se révèle d'un poids effrayant ; c'est quelque chose de grippé, d'impossible à remuer, le colosse de l'inertie, le monde du néant.»
Retrouvez Guillaume Perrault sur Twitter: https://twitter.com/GuilPerrault
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Éric Zemmour : «Scènes de la vie future»
Par Eric Zemmour
Publié le 31/10/2018 à 17h48
CHRONIQUE - Dans un livre très documenté, Géraldine Smith offre une description apocalyptique du progressisme américain qui transforme le pays en enfer. Et qui a déjà contaminé la France.
Le livre s'intitulait Scènes de la vie future. Georges Duhamel décrivait l'Amérique qu'il avait visitée en 1929 ; une société rongée par le matérialisme, le consumérisme, le puritanisme (en pleine prohibition). Il s'effrayait de l'influence américaine sur une France qui ne demandait qu'à être contaminée par les virus venus d'outre-Atlantique. L'ouvrage publié en 1930 connut un immense succès. Sans le savoir, Duhamel avait inventé un genre éditorial en soi: le vu en Amérique, bientôt en France.
Géraldine Smith n'a ni l'élégance littéraire, ni la vaste culture, ni la hauteur de vue de son lointain prédécesseur. Son style journalistique est sans goût ni saveur, mais il a le mérite d'être concret et pédagogique. Ses analyses sont pauvres mais ses descriptions sont riches. Comme dans son précédent ouvrage, qui racontait l'échec du «vivre ensemble» dans le XIe arrondissement de Paris, notre observatrice s'avère une bobo contrariée par le réel, mais qui a le mérite, contrairement à la plupart de ses pairs, de ne pas refuser de voir ce qu'elle voit. On peut lui reprocher ses illusions, pas son honnêteté intellectuelle. Bien sûr, elle ne décèle dans ce qu'elle dénonce que «des effets pervers» d'idées justes, puisque provenant du fonds idéaliste de gauche, sans comprendre - ou admettre - que c'est son idéalisme de gauche qui est pervers. Géraldine Smith est une des innombrables incarnations contemporaines de la fameuse phrase de Bossuet: «Dieu rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.»
«Notre société a décidé que modifier l'environnement de l'enfant coûterait trop cher. Nous avons donc décidé de modifier l'enfant»
Un médecin
Pourtant, à part Dieu, personne n'a envie de rire après avoir lu ce qu'elle raconte. Installée depuis dix ans en Caroline du Nord, elle nous montre une Amérique toujours plus riche avec toujours plus de pauvres ; avec moins de chômeurs que jamais, mais toujours moins de protection sociale aussi. Le travail du dimanche désagrège une vie de famille déjà minée par le divorce de masse ; le règne du «cool» dans les vêtements fait songer à la célèbre phrase d'Einstein sur «l'Amérique passée directement de la barbarie à la décadence». Un Américain sur quatre va quotidiennement au fast-food ; et les autres se nourrissent de pizzas ou de sushis avalés n'importe comment, n'importe où, à n'importe quelle heure. Bien la peine de dépenser des milliards de dollars dans des campagnes contre l'obésité!
Le chapitre sur les enfants traités par amphétamines pour obtenir de meilleurs résultats scolaires fait froid dans le dos. Un médecin explique: «Notre société a décidé que modifier l'environnement de l'enfant coûterait trop cher. Nous avons donc décidé de modifier l'enfant.» Un professeur de psychiatrie analyse les conséquences du laxisme des parents et des profs: «À l'école, on punissait les enfants qui ne restaient pas assis. Aujourd'hui, on les envoie en thérapie et on les drogue.» Pas étonnant que l'Amérique soit aussi le pays où des millions de malades sont devenus de véritables «drogués» après qu'on les eut soignés avec des dérivés de l'opium pour atténuer les effets de la douleur. Le pays également où des parents conduisent leurs enfants de 10 ans chez des médecins afin que ceux-ci bloquent par des traitements chimiques leur puberté, parce que leur fille ne se sent pas à l'aise dans son identité de genre.
Mais c'est à l'université, sur les campus que le monde entier leur envie, que l'Amérique fabrique son avenir. Et le nôtre. Un avenir paradoxal, à la fois hyperprotecteur et hyperconflictuel. La protection de tous ceux qui ne peuvent supporter les «micro-agressions» concernant leur sexe, leur genre, leur couleur de peau, leurs origines. Ceux-là ont le droit à des «trigger warnings» (déclencheurs d'alerte) et des «lecteurs de sensibilité» pour éviter tout ce qui pourrait les choquer: «Les livres ne sont pas le lieu où un lecteur doit faire face à une représentation nocive ou stéréotypée de ce qu'il est.»
L'Amérique qui sort de ce tableau édifiant est à rebours des idéaux de ceux qui l'ont forgée : les féministes et les militants noirs organisent leur propre ségrégation. Les existentialistes les plus fanatiques inventent l'essentialisme des races et des genres le plus implacable
En clair, les femmes ne doivent plus lire Madame Bovary, les Juifs ne s'aventureront plus dans la lecture de Rebatet ou de Barrès, ou même de Balzac ou Voltaire ; les homosexuels ne chanteront plus du Brassens ou du Brel et les hétérosexuels ne liront pas Jean Genet. Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées, disait le dicton populaire d'antan. C'est exactement ce que nous montre Géraldine Smith, lorsqu'elle nous relate la mésaventure de son fils et d'un de ses amis noirs, à qui la «fraternité noire» (sorte de confrérie étudiante, NDLR) interdit de s'installer ensemble dans le campus. Ou ces femmes noires qui refusent la promiscuité avec les femmes blanches accusées d'être des «privilégiées». Ou ces filles qui s'écrient: «Stop! You are making me really unconfortable!» dès qu'elles ont un désaccord avec un garçon. Ou cet étudiant sanctionné par l'université pour une «danse sexuellement agressive».
L'Amérique qui sort de ce tableau édifiant est à rebours des idéaux de ceux qui l'ont forgée: les féministes et les militants noirs organisent leur propre ségrégation. Les existentialistes les plus fanatiques inventent l'essentialisme des races et des genres le plus implacable. Ressuscitent le vieux principe de l'apartheid: «séparé mais égal». Comme le reconnaît, effarée, Géraldine Smith: «Les parents noirs cherchaient à se fondre dans l'Amérique blanche ; leurs enfants les accusent de white washing ; les premiers luttaient pour le droit de s'asseoir à la même table, les seconds veulent qu'on leur dresse une table de même taille, mais séparée.»

Vu en Amérique Bientôt en France. Géraldine Smith. Stock. 257 P., 19,50 €.
Elle voit juste: tout ce qu'elle décrit viendra en France - y est déjà. Nous allons vivre une nouvelle vague d'américanisation: après celle des années 30 (décrite par Georges Duhamel), celle de l'après-guerre (le yé-yé et la société de consommation), celle des années 80 (McDonald's et antiracisme multiculturel), nous subirons celle qui vient: séparation de plus en plus conflictuelle des races et des sexes. Comme si, contrairement à tous les lieux communs progressistes, c'était le patriarcat blanc, assis sur la civilisation occidentale, qui s'avérait en dépit de ses limites et de ses crimes le plus «inclusif», car porteur d'une raison universaliste, héritée de l'Antiquité grecque, romaine et chrétienne. Georges Duhamel l'aurait volontiers expliqué à Géraldine Smith, qui ne l'aurait sans doute pas cru.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 01/11/2018.
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« Asia Bibi, une victime expiatoire »
Par Marc Fromager
Mis à jour le 31/10/2018 à 18h00 | Publié le 31/10/2018 à 17h39
FIGAROVOX/TRIBUNE - Asia Bibi a été libérée. Cette chrétienne avait été condamnée à mort au Pakistan pour blasphème. Tout en se réjouissant de cette décision, Marc Fromager espère que l'épreuve endurée par la jeune femme améliorera le sort des chrétiens pakistanais.

Marc Fromager est directeur de l'AED (Aide à l'Église en Détresse), qui soutient les chrétiens en danger partout dans le monde.

Comment ne pas se réjouir de la libération d'Asia Bibi, pour laquelle nous étions mobilisés depuis le départ, depuis neuf ans. L'AED (Aide à l'Eglise en Détresse) avait d'abord lancé une pétition en 2009 avec plus de 11 000 signatures, apportées au Quai d'Orsay. Une large mobilisation avait sans doute sauvé Asia Bibi dans un premier temps mais avait ensuite compliqué sa libération. Entre-temps, elle était devenue une icône, voire une victime expiatoire.
C'est la raison pour laquelle nous avons plus tard cessé de la médiatiser, sur les conseils de l'Église au Pakistan qui souhaitait la faire oublier. Nous n'avons pas cessé de la soutenir pour autant, notamment à travers la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale pakistanaise qui prenait en charge des frais d'avocat et de soutien financier de la famille.
Pour revenir à sa libération, nous ne pouvons que nous en réjouir. J'étais moi-même il y a deux semaines à Londres avec le mari et une des filles d'Asia Bibi. Ils avaient l'air assez confiants mais évidemment, il fallait attendre que la décision finale soit rendue publique.
A ce stade, il est important de saluer le courage des juges pakistanais. On sait que le gouvernement pakistanais souhaitait la libération d'Asia Bibi depuis assez longtemps, pour des raisons d'image internationale, mais la menace de désordre majeur a fait traîner ce cas toutes ces années.
Il faut dire que de nombreuses personnes ont été assassinées ces dernières années pour avoir publiquement pris position contre la loi anti-blasphème. Je pense notamment à Salman Taseer, gouverneur musulman du Punjab qui a été assassiné en 2011 par son garde du corps pour avoir défendu Asia Bibi. Nous ne les oublions pas en ce jour de sa libération.
On peut imaginer qu'au-delà de la Cour Suprême, le gouvernement pakistanais a donné son feu vert pour l'acquittement et nous l'en félicitons. Il va maintenant falloir faire face, alors que des émeutes ont déjà éclaté dans le pays. Les groupes islamistes mettent à exécution les menaces proférées en amont du jugement. Ils souhaitent, là comme ailleurs, imposer leur loi.
Il est important de saluer le courage des juges pakistanais.
Au cours des prochains jours, nous serons particulièrement attentifs au sort des communautés chrétiennes, des cibles faciles pour les représailles des groupes extrémistes musulmans.
Au-delà de la libération d'Asia Bibi, on ne peut que déplorer le sort des minorités religieuses au Pakistan, en particulier les chrétiens, qui représentent à peu près 3% de la population, souvent marginalisés, discriminés, au plus bas de l'échelle sociale, et qui font régulièrement l'objet d'attentats, surtout au moment des grandes fêtes chrétiennes.
Pour conclure, nous pouvons espérer que cet acquittement fera jurisprudence et que, dorénavant, la justice pakistanaise surveillera de plus près toute éventuelle accusation de blasphème. À terme, nous espérons que très rapidement, la loi anti-blasphème soit supprimée. Il n'est pas question d'encourager le blasphème mais de supprimer une loi inepte qui est le plus souvent instrumentalisée pour simplement régler des problèmes de voisinage.
Si les chrétiens au Pakistan pouvaient dorénavant être un peu plus respectés, la dramatique épreuve d'Asia Bibi n'aura pas été vaine.
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La leçon de courage d'Asia Bibi, acquittée au Pakistan après 9 ans de prison pour blasphème
Par Emmanuel Derville
Mis à jour le 31/10/2018 à 19h26 | Publié le 31/10/2018 à 18h57
RÉCIT - Cette mère de famille pakistanaise, accusée d'avoir blasphémé Mahomet, avait été condamnée à mort en 2010.

Asia Bibi - Crédits photo : BIBI FAMILY / HANDOUT/EPA/MAXPPP
À New Delhi
C'est l'épilogue d'un marathon judiciaire de neuf ans. Neuf longues années qui ont mobilisé une partie de la communauté internationale, ému les catholiques du monde entier et profondément divisé le Pakistan. Neuf longues années durant lesquelles Asia Bibi, une mère de famille catholique, a croupi en prison par la faute d'une querelle qui a éclaté le 14 juin 2009 autour d'un verre d'eau avec ses voisines musulmanes dans un village de l'est du pays. Ce jour-là, Asia Bibi leur avait proposé à boire et s'était vu rétorquer qu'elle était impure parce que chrétienne. Elle aurait alors insulté le prophète Mahomet, un blasphème passible de la peine de mort au titre de l'article 295-C du Code pénal.
Condamnée par un tribunal de première instance en novembre 2010, Asia Bibi avait perdu en appel devant la Haute Cour de Lahore en octobre 2014. La Cour suprême était la dernière étape du parcours judiciaire.
On ne saura jamais le détail de l'altercation par laquelle tout a commencé. Et pour les juges de la Cour suprême, c'est bien là le problème. Dans cette affaire, les témoins de l'accusation se sont contredits sur plusieurs points, si bien que la plus haute instance judiciaire du Pakistan ne pouvait pas faire autrement que d'acquitter Asia Bibi faute de preuves tangibles. La conclusion du juge Asif Saeed Khan Khosa est sans ambages: «Elle est acquittée des charges qui pèsent contre elle au bénéfice du doute», écrit-il en conclusion de son arrêt.
Dans les 56 pages de son jugement, la Cour suprême évoque la possibilité d'une vengeance qui aurait motivé la plainte. Certes, les juges n'en ont pas la preuve. Mais les incohérences de l'accusation les ont perturbés. Comment expliquer que la plainte ait été déposée cinq jours après les faits alors que le poste de police n'est qu'à 11 km du village? Et que dire de cette confession qu'Asia Bibi aurait faite devant les habitants du village le 19 juin 2009? Elle y aurait reconnu avoir blasphémé Mahomet. Des témoins de l'accusation ont affirmé que plus de 200 personnes, ou plus de 1000, ou plus de 2000 personnes, étaient présentes. Problème: la taille de la maison où aurait eu lieu la confession a été estimée à… 126 mètres carrés environ. Pas facile d'accueillir une telle foule dans un si petit espace. Plus étrange encore, l'arrêt relève que 25 à 30 femmes étaient présentes quand la dispute a éclaté. Mais l'accusation n'a produit que deux témoins directs.
 «Il faut envoyer un message clair et faire en sorte que la loi du blasphème ne soit plus utilisée pour persécuter les minorités les plus vulnérables»
Omar Waraich, directeur adjoint d'Amnesty International en Asie du Sud
Les islamistes n'ont pas voulu tendre l'oreille à ces subtilités juridiques. Mercredi, ils ont multiplié les manifestations à travers le pays. Karachi, Islamabad, Lahore… Aucune grande ville n'a échappé à la colère du Tehreek-e-Labbaik, un parti politique d'obédience barelwie, en pointe pour exiger la pendaison d'Asia Bibi. D'après le quotidien Dawn, son leader, Khadim Hussain Rizvi, a exhorté ses partisans à s'en prendre à l'armée et aux juges lors d'un discours à Lahore. Dans la province du Sind, dans le Sud, le gouvernement a interdit les manifestations. Enfin, dans la capitale Islamabad, des troupes paramilitaires ont été déployées et les autorités ont placé des conteneurs pour bloquer l'accès à la zone rouge, le quartier qui abrite la Cour suprême et l'enclave diplomatique avec la plupart des ambassades étrangères.
«Asia Bibi devra fuir le Pakistan»
Tous les Pakistanais ne partagent pas la réaction de la droite religieuse. L'arrêt de la Cour a semblé libérer la parole de ceux qui plaident pour que la loi du blasphème soit réformée afin de prévenir les abus. «La Cour suprême a rendu un jugement historique en acquittant Asia Bibi. L'État doit maintenant protéger ceux qui ont œuvré pour l'État de droit et la justice», a déclaré Sherry Rehman, ancienne députée qui avait déposé un projet d'amendement pour réformer la procédure en 2010. La sécurité des juges de la Cour suprême a d'ailleurs été renforcée. «Il faut envoyer un message clair et faire en sorte que la loi du blasphème ne soit plus utilisée pour persécuter les minorités les plus vulnérables», a exhorté Omar Waraich, directeur adjoint d'Amnesty International en Asie du Sud.
Dans son arrêt, la Cour suprême, si elle défend la nécessité d'une législation pour punir l'insulte envers Mahomet, souligne néanmoins que «parfois, la loi est détournée par des individus qui lancent de fausses accusations de blasphème». En vigueur depuis 1986, l'article 295-C est souvent détourné pour des règlements de comptes et des lynchages. Depuis 1990, 62 personnes accusées de blasphème ont été assassinées avant même d'avoir été jugées.
«Je suis très heureux. Mais je n'ai plus aucun avenir au Pakistan. Je subis une pression terrible, je vis sous escorte policière, le danger est bien là»
Saif Ul Malook, l'avocat d'Asia Bibi
Reste à savoir si tout cela sera suffisant pour ouvrir un débat. Pas sûr. Lorsque l'on demande à l'avocat d'Asia Bibi, Saif Ul Malook, quel est son état d'esprit après le verdict, sa voix résonne de tristesse et de peur: «je suis très heureux. Mais je n'ai plus aucun avenir au Pakistan. Je subis une pression terrible, je vis sous escorte policière, le danger est bien là», confie-t-il au Figaro avant d'ajouter, comme pour exprimer sa confiance dans le système judiciaire de son pays: «Je m'attendais à ce qu'elle soit innocentée. J'ai travaillé pendant trois ans sur ce dossier et durant l'audience (du 8 octobre, NDLR), les juges ont fait savoir qu'ils avaient des doutes. Il n'y avait pas assez de preuves dans le dossier d'accusation.»
Interrogée par téléphone depuis sa cellule par l'AFP, Asia Bibi était incrédule à l'annonce du verdict: «Je n'arrive pas à y croire. Vais-je sortir? Vont-ils vraiment me libérer?» Bien qu'innocentée, elle n'était pas encore libre mercredi soir. Son avocat doit maintenant contacter la Haute Cour de Lahore pour qu'elle envoie un ordre de libération à la prison où elle est incarcérée. Combien de temps avant qu'elle sorte? Saif Ul Malook reste évasif: «Deux ou trois jours». Et Joseph Nadeem, qui dirige une ONG locale et a épaulé la famille d'Asia Bibi dans le labyrinthe judiciaire fait la même réponse, avant d'ajouter: «Asia Bibi devra fuir le Pakistan. Mais je ne veux pas dire le nom du pays où elle se rendra.»
Donner une date pour sa libération et dire aux médias où elle partira ne ferait que la mettre en danger. Et Joseph Nadeem aussi a peur des islamistes. «Nous allons essayer de nous sauver nous-mêmes», souffle-t-il avant de lâcher: «Just keep praying.»
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 01/11/2018.
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Le Canada veut expulser davantage de migrants illégaux
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 31/10/2018 à 19h18 | Publié le 31/10/2018 à 19h12
Confronté à un afflux de demandeurs d'asile venant des États-Unis, le Canada a décidé d'augmenter drastiquement les expulsions de migrants illégaux, avec 10.000 renvois par an, rapporte aujourd'hui la télévision publique Radio-Canada. Cela constitue une augmentation de 25 à 35% des renvois du Canada par rapport à la dernière année, selon un courriel récent d'un haut responsable de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC, douanes et police des frontière), obtenu par Radio-Canada.
Dans ce document confidentiel, Brad Wozny, directeur de la division des opérations et du renseignement de l'ASFC, explique avoir "participé à plusieurs discussions, tant au niveau régional que national, sur la décision du gouvernement du Canada d'accroître substantiellement les efforts de renvoi". Il y annonce ces nouvelles cibles fixées par le gouvernement fédéral de Justin Trudeau: "En vertu des discussions initiales, l'Agence se dirige vers une cible de 10.000 renvois par an. Cela signifierait une augmentation allant de 25 à 35% par rapport à ce qui prévalait ces dernières années", dit ce haut fonctionnaire.
Selon des chiffres obtenus par Radio-Canada, qui dit avoir eu confirmation de l'ASFC, le nombre d'étrangers expulsés du Canada est passé de 18.987 en 2012, alors que le Canada était dirigé par un gouvernement conservateur, à 8472 en 2017. Contactée par l'AFP, l'ASFC ne souhaitait pas commenter ces informations dans l'immédiat. Sans confirmer ni démentir les chiffres de Radio-Canada, le Premier ministre Justin Trudeau a reconnu aujourd'hui à son arrivée au Parlement que son gouvernement était "en train de regarder comment améliorer le système d'immigration pour pouvoir avoir plus de rapidité dans le traitement des dossiers".
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Le Figaro.fr avec AFP


Philippe de Villiers : «Nous vivons peut-être la fin d'une civilisation, la nôtre»
Par Alexandre Devecchio et Eléonore de NoüelMis à jour le 31/10/2018 à 08h53 | Publié le 30/10/2018 à 19h03
ENTRETIEN - Livre après livre, il explore le passé pour mieux éclairer le présent. Dans son nouvel ouvrage, Le Mystère Clovis (Albin Michel), Philippe de Villiers veut voir des correspondances entre le monde troublé de Clovis et l'Europe contemporaine, elle aussi en proie à une crise civilisationnelle profonde.
LE FIGARO. - Pourquoi consacrer un livre à Clovis aujourd'hui?
Philippe de VILLIERS. - Nous sommes dans des temps de grand trouble. Quand on ne sait plus où on habite, le plus sage est de rebrousser chemin pour savoir d'où l'on vient. Clovis est le premier mur porteur sur lequel on peut poser la main. Il soutient la poutre maîtresse de la petite demeure invisible des filiations françaises. Aujourd'hui, nous sommes le seul pays au monde où la France n'est plus célébrée. Le seul où l'on a oublié que cette vieille nation, qui n'est pas une start-up nation, est riche d'une histoire que l'on devrait choyer car elle est glorieuse ; d'un art de vivre que l'on devrait protéger parce qu'il est fragile ; et d'une langue que l'on devrait déposer dans le sanctuaire des cœurs d'enfants plutôt que de développer l'apprentissage de l'arabe à l'école, comme l'a suggéré M. Blanquer, ou encore d'imposer l'anglais dans toutes les grandes réunions scientifiques comme l'ont fait les présidents de la République depuis Giscard l'atlantiste. Clovis, c'est le roi fondateur pour deux raisons: c'est lui qui a dessiné la première combinaison de la France en rassemblant des territoires, des peuples, des royaumes, par ses victoires ; en convertissant au christianisme les Goths aryens. Sans Clovis, la Gothia aurait succédé à la Romania. La deuxième raison, c'est qu'il est le continuateur de la romanitas. Quand il a vaincu les Wisigoths à Vouillé, il s'est vu remettre devant le tombeau de saint Martin - l'apôtre des Gaules - le titre de consul, la chlamyde de pourpre et le diadème du Princeps. Autrement dit, il est devenu le continuateur de Rome. Le conquérant se laisse conquérir par sa conquête. Il se civilise, il aspire à devenir un barbare romanisé: quelle leçon!
Clovis arrive à la chute de l'Empire romain. Vivons-nous aujourd'hui une période analogue à cette chute?
Il y a des correspondances étranges. Mon livre est à double lecture. Nous vivons peut-être la fin d'une civilisation, la nôtre. C'était la civilisation romaine. Il se trouve que l'Empire romain a chuté en 476, cinq ans avant que Clovis ne soit hissé sur le pavois. Il y a deux points communs entre la déliquescence de l'Empire romain et notre propre décrépitude. À un moment donné, la noblesse sénatoriale romaine, qui ne pense plus qu'à ajouter une couche de porphyre à ses baignoires, ne considère plus le limes, la frontière de l'Empire, comme une urgence à sécuriser. À partir de cet instant, il n'y a plus de différence entre les citoyens et les étrangers. En perdant le limes, Rome va perdre sa fierté, et affaiblir sa capacité à se défendre. Quand il n'y a plus de frontière, l'identité se dilue. Le deuxième point commun désigne la paresse qui abandonne les terres aux Barbares. Le refus du service militaire encourage les Romains de l'otium à confier leur propre sécurité à des Goths ou des Vandales, ce qui reviendrait à laisser travailler des fichés S à l'aéroport de Roissy. En outre, à l'époque, on installe les Barbares partout dans l'Empire romain, dans des enclaves, et on les appelle des «colons». Le mot a une résonance édifiante.
«L'Empire romain a mis cinq siècles à s'effondrer ; nous, à partir de Mai 68, on aura été plus performants, on n'aura mis que cinquante ans.
Les migrants, aujourd'hui, viennent pour survivre, pas pour nous coloniser!
Vous parlez comme les sénateurs romains qui disaient des Barbares: «Ils sont doux et pacifiques.» Si l'on décrypte les deux traits essentiels de la décadence romaine - la submersion extérieure et la décomposition intérieure -, on retrouve quelques-uns des symptômes de l'époque actuelle. Notre classe politique ne semble toujours pas comprendre la nécessité de la frontière. On installe, avec leurs mœurs et leur religion, les nouveaux «barbares» sur des portions du territoire français, au risque de préparer ce que François Hollande avait appelé «la partition». Et ce que Gérard Collomb a décrit comme le «côte-à-côte» avant le «face-à-face». La physionomie de la France d'aujourd'hui, où des Français du commun renoncent à aller et venir dans certains coins de France par prudence, parce que ces zones, je cite Gérard Collomb, «sont soumises à la loi du plus fort, qui n'est plus la nôtre», est désormais celle d'une marqueterie de frontières qui ont migré à l'intérieur alors que des espaces d'extraterritorialité islamique se multiplient, où la charia est une tentation. Ce que je décris là, c'est aussi la situation romaine de la fin de l'Empire. Une différence notable toutefois: ils ont mis cinq siècles à s'effondrer ; nous, à partir de Mai 68, on aura été plus performants, plus «progressistes», on n'aura mis que cinquante ans.
«On trouve des parentés entre le droit communautaire et l'époque mérovingienne. La directive des travailleurs détachés applique le droit du peuple d'origine. Un droit non plus territorial mais personnel, comme sous Clovis.»
La comparaison paraît tout de même tirée par les cheveux! Le contexte n'est pas le même aujourd'hui…
Il est bien pire. Car la grande différence que je sous-entends dans mon livre, entre l'orbis de Clovis et le monde actuel, relève de la démographie: du fait que les Barbares étaient peu nombreux, ils ont été assimilés par la romanitas. Alors qu'aujourd'hui, on est plutôt dans le cas inverse, avec des «Gaulois» livrés à la défrancisation ou qui se barbarisent, sous l'influence de l'«American way of life» ou de l'islam radical. D'après Michel Rouche et Jacques Dupaquier, respectivement historien et démographe, la proportion des Barbares, au moment des grandes invasions, culmine entre 2 % et 5 % de la population autochtone. Il est possible d'assimiler des minorités, surtout quand il s'agit de petites tribus qui n'ont pas de prétention à imposer leur vision de l'avenir parce qu'ils portent sur le monde un regard fruste. Alors qu'à notre époque se croisent sur notre sol des errants désorbités qui ne savent plus où ils habitent face à des migrants qui ne l'ont jamais su. Pour la première fois dans l'histoire de l'Europe, au nom du principe de non-discrimination, on tente de nous soumettre à l'épreuve mortifère de deux bouleversements de civilisation: le premier qui met fin à la frontière physique consiste en l'installation d'une société multiculturelle, donc multiconflictuelle et multidéculturée où nous avons vocation à devenir minoritaires ; et le second, qui met fin à la frontière anthropologique, c'est-à-dire la frontière entre les sexes, entre la vie et la mort, entre l'animal et l'homme. Nous tentons une double expérience de dissociété diversitaire et de désaffiliation. Nous proposons aux citoyens de vivre sans nation, sans famille et sans mémoire. C'est la fabrique de l'homme de sable.
Concernant les frontières, nous faisons face à un paradoxe: effacement des frontières traditionnelles mais apparition de nouvelles microfrontières comme les péages à l'entrée des grandes villes. Est-ce le retour à la féodalité?
Oui, il y a même un double retour à la féodalité. D'abord celui que vous évoquez: les frontières intérieures pour les riches. Des barrières que ne peuvent se payer que les nantis, dans le but de protéger des sanctuaires de bourgeois-bohèmes, ghettoïsés à côté des garages à vélos. Ces cercles de sécurité mercantile permettent pour l'instant aux riches de continuer à survivre comme des riches. Comme dans le film LeDocteur Jivago (1965), ils trouvent distrayant de regarder, depuis leurs belvédères à double vitrage, les rixes des bandes dans la rue. Ils ne manquent pas de faire venir des Africains pas chers afin de faire baisser le prix des courses de sushis. N'oublions pas qu'à Rome les porteurs d'eau et portefaix étaient des Barbares, que les sénateurs romains attiraient à eux pour diminuer le coût de la main-d'œuvre. Ainsi, la frontière s'est déplacée de l'extérieur vers l'intérieur, protégeant des havres réservés aux riches. Conjointement, on trouve des parentés entre le droit communautaire et l'époque mérovingienne. L'Europe de la directive des travailleurs détachés applique aujourd'hui le droit du peuple d'origine. Il s'agit d'un droit non plus territorial mais personnel, comme c'était le cas à l'époque de Clovis.
«Nos élites désignent les peuples comme un véritable danger à redouter.»
À vous entendre, cette chute est en partie liée à la construction européenne?
La construction européenne est, à la vérité, une déconstruction de l'Europe. Elle est à l'Europe ce que Le Corbusier est au Mont-Saint-Michel, une grimace hideuse de «cité radieuse». Nous sommes devant une prétention inouïe: une gouvernance acéphale qui vise à se débarrasser des nations millénaires, des souverainetés, des États, des ferveurs et des peuples. D'ailleurs, quand un peuple a le malheur de s'exprimer dans les urnes et de crier qu'il ne veut pas mourir, on hurle au populisme. C'est éloquent. Nos élites désignent les peuples comme un véritable danger à redouter. À cause de l'extension indéfinie du système européiste et mondialiste. Après la chute du mur de Berlin, on a élevé le mur de Maastricht. C'est un mur érigé sur quelques pierres branlantes de la postmodernité globale: on a cru à la fin de l'histoire, à l'émergence des fraternités cosmiques, au marché planétaire de masse qui devait dissoudre les identités récalcitrantes comme de simples calculs rénaux. On transforme le citoyen en consommateur compulsif. On marchande ses rêves et on lui vend de nouvelles pulsions que le divin marché exauce. Enfin, après la chute du Mur, on a cru à la fin des idées et des religions, au nom d'un syncrétisme consumériste post-laïque. Aujourd'hui, nous réalisons que cette projection futuriste était une illusion mais nous en payons le prix fort.
Pourquoi avoir soutenu Emmanuel Macron, européen déclaré?
Je n'ai soutenu personne. Emmanuel et Brigitte Macron sont venus au Puy du Fou le 19 août 2016. Je leur en suis reconnaissant, vu que les autres allaient promener leurs Ray-Ban à Disneyland. Durant nos conversations, nous avons abordé les sujets de fond. Ce qui m'avait frappé à l'époque, c'est que nous portions le même regard sur la fonction présidentielle symbolique, la sacralité régalienne, la posture du mystère au sens gaullien du terme, le danger de désagrégation, le choc identitaire, la nécessité de combattre l'islamisme et de ne pas installer l'Islam en France. Lorsque j'ai suivi ses premiers pas au Louvre, puis vu Trump sur les Champs-Élysées, Poutine à Versailles, je me suis dit: «Il a compris, il pratique la verticalité régalienne.» Et tout à coup, patatras. La Fête de la musique avec les rappeurs en résille à l'Élysée, le doigt d'honneur à Saint-Martin et enfin les anathèmes contre les peuples eurosceptiques, qu'il qualifie de «lèpre populiste». Le choix est simple: ou bien Emmanuel Macron comprend le choc identitaire et se décide à démanteler la contre-société où des populations entières sont déjà en sécession, en imposant la France, en l'imposant physiquement dans les quartiers, en l'imposant moralement, mentalement, culturellement. Ou bien il continue à jouer le fondé de pouvoir de Bruxelles et il sera balayé.
«L'avenir, c'est la postmondialisation, le retour aux valeurs simples, aux ancrages, aux terroirs, aux voisinages affectifs, aux retrouvailles avec le temps long, à la transcendance.»
Que peut nous enseigner Clovis au XXIe siècle?
L'histoire est imprévisible. Cinq ans avant que Clovis n'accède au pouvoir, toutes les élites sont absolument désespérées. La rumeur partagée est partout la même dans les hypocaustes (thermes, NDLR) : «C'est la fin de la civilisation!» L'empereur disparaît. L'Empire se délite. On n'a pas idée de la violence du phénomène. Et tout à coup surgit Clovis. Un pur produit du Barbaricum, sur lequel les évêques vont miser. Ils ont préféré un Franc païen à un Goth aryen. En d'autres termes, personne n'a rien vu venir. Pour un tel sursaut, il faut deux conditions: un mouvement d'idées et un petit reste d'élites visionnaires. Il faut Clovis plus Remi. Le mouvement d'idées est là, mais les élites visionnaires manquent à l'appel. L'avenir, c'est la postmondialisation, le retour aux valeurs simples, aux ancrages, aux terroirs, aux voisinages affectifs, aux retrouvailles avec le temps long, à la transcendance. Le «nouveau monde» de Macron est devenu l'ancien monde. Nous allons vivre la fin de la politique du tout calcul-statistique, et le retour de la politique des hiérarchies distinctives. Depuis Giscard, la vie politique française se décline et se dégrade en une vision économétrique. On n'a plus de visionnaires mais les mécaniciens pullulent. Ils augmentent les impôts en arguant qu'ils vont les baisser. Leurs mensonges sont toujours chiffrés et leurs chiffres sont toujours faux. La politique, ce n'est pas cela, Soljenitsyne me l'avait dit au cours de notre dernier échange: «L'Occident croit que la politique se confond avec l'économie. La politique, c'est la civilisation.» Voilà le langage que les peuples veulent entendre. La prédiction de Soljenitsyne, «les dissidents étaient à l'Est, ils vont passer à l'Ouest», se vérifie, car chaque jour, les résistants aux pesanteurs du système sont de plus en plus nombreux. Qu'est-ce qu'un dissident? C'est un indépendant d'esprit. Qui échappe, par une pensée personnelle, à la chape de plomb.

- Crédits photo : Albin Michel
«Le Mystère Clovis»; de Philippe de Villiers, Éditions Albin Michel, 432 pages, 22 euros.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 31/10/2018. Accédez à sa version PDF en cliquant ici
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Luc Ferry : «Violences scolaires, que faire réellement ?»
Par Luc Ferry
Publié le 31/10/2018 à 16h47
CHRONIQUE - Il faut donner aux enfants une chance de réussir quelque chose, et c'est en ouvrant plus tôt la voie professionnelle, sans pour autant renoncer à l'enseignement général, qu'on y arrivera.
Comme tout le monde, j'ai vu les images de ce gamin braquant une enseignante avec un pistolet à billes, et comme d'habitude, j'ai entendu les mêmes remarques désabusées ou colériques. Le ministre Blanquer et son collègue Castaner annoncent un renforcement de la présence policière dans certains établissements.
Pourquoi pas? Mais je le leur dis en toute amitié: il n'y a, si l'on ne veut pas se contenter de mesures aussi peu efficaces que dans les quartiers, qu'une seule et unique solution, à savoir les classes en alternance et une refonte complète de la voie professionnelle. Car surveiller et punir, c'est s'attaquer aux effets, pas aux causes du mal, et il est clair que cela ne suffit plus. J'entends pour la millième fois certains professeurs, et des journalistes avec eux, clamer que le problème vient d'une absence de soutien de la «hiérarchie». Les enseignants vont se plaindre au chef d'établissement et ce dernier les renvoie dans leurs classes sans rien faire. Soit. Mais au lieu de penser que le proviseur est un monstre d'indifférence et de lâcheté, on ferait mieux de comprendre que dans l'état actuel de nos législations, il ne peut strictement rien faire. L'enseignement est obligatoire jusqu'à 16 ans de sorte que l'administration, hors cas exceptionnels, n'a tout simplement aucun pouvoir réel contre un élève insupportable. On le renvoie trois jours, c'est bien joli, mais pour lui, ce n'est pas une punition, c'est un cadeau. Il en prendrait volontiers quinze de plus! Alors que faire? Bien sûr, responsabiliser les familles, et si l'on ne veut pas se payer de mots, cela signifie qu'il faut les mettre financièrement à l'amende. Mais cela ne règle pas tout non plus, loin de là.
On ne peut pas laisser des mineurs à l'abandon, fussent-ils insupportables.
On ne peut pas laisser des mineurs à l'abandon, fussent-ils insupportables. Il faut les sortir de là. Et le seul et unique moyen, j'y reviens, ce sont ces classes en alternance que j'avais mises en place en même temps que les dédoublements de cours préparatoires (CP) en 2003. L'ensemble donnait des résultats extraordinaires. De quoi s'agissait-il? C'est en fait assez simple, si l'on veut bien cesser de mépriser l'enseignement professionnel: avec ces classes en alternance, les élèves violents et en échec restaient dans l'enseignement général, mais trois après-midi par semaine, ils allaient découvrir des métiers dans des entreprises ou des lycées professionnels. Nous en avons d'excellents: dans l'automobile, l'hôtellerie, la restauration, l'ébénisterie, l'électricité, la navigation fluviale, etc. Il faut mettre en place ces classes en alternance très tôt, dès la cinquième - à ne surtout pas confondre avec l'apprentissage, encore moins avec ces fichues quatrième et troisième «techno» ou «prépro» qui ne font qu'enkyster l'échec. On sort alors les élèves de la violence, car ils apprennent enfin quelque chose, qui plus est dans un milieu autrement plus structurant que celui de l'enseignement général. En parallèle, il est indispensable de créer dans la voie professionnelle l'équivalent de nos grandes écoles, en commençant par les secteurs où nous sommes en pointe industriellement: la construction navale, l'automobile, la cuisine, le vêtement, l'informatique, etc.
Tant que la voie professionnelle ne se dotera pas de filières d'excellence, jamais les familles ne la choisiront autrement que par défaut
Il faut que les élèves qui entrent dans un lycée des métiers comprennent qu'on peut aller loin, qu'on ne se moque pas d'eux, qu'ils pourront un jour tenir un restaurant, devenir chef d'entreprise, gagner de l'argent… Ouvrons de grandes écoles professionnelles et nous aurons des candidats qui les choisiront positivement et non par relégation. Tant que la voie professionnelle ne se dotera pas de filières d'excellence, jamais les familles ne la choisiront autrement que par défaut, parce que leurs enfants ont échoué dans la voie générale. On se demande pourquoi certains élèves sont à la fois violents et en échec. Quelle est la cause, quel est l'effet? La vérité est qu'ils sont violents parce qu'ils viennent socialement de loin, qu'ils sont en échec depuis l'école primaire et qu'à force de tout rater, ils deviennent impossibles. Il faut leur donner une chance de réussir quelque chose, et c'est en ouvrant plus tôt la voie professionnelle, sans pour autant renoncer à l'enseignement général, qu'on y arrivera. Or c'est exactement ce que permettaient les classes en alternance que j'avais créées en 2003 pour 35 000 élèves. Elles donnaient des résultats exceptionnels tant sur le plan scolaire qu'en termes de civilité. Elles furent supprimées par pur aveuglement. Il est urgent de les réinstaller en même temps que les dédoublements de CP.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 01/11/2018.
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Luc Ferry


«Purge» contre les policiers: l'auteur présumé jugé le 28 novembre
Par Morgane Rubetti
Mis à jour le 31/10/2018 à 17h28 | Publié le 31/10/2018 à 12h56
VIDÉO - À Sarcelles, un autre adolescent de 16 ans a été présenté à un juge des enfants en vue d'une mise en examen pour avoir relayé les règles violentes de la «purge» qui doit avoir lieu pendant Halloween.
Il avait décidé de se dénoncer, estimant que la rumeur de purge contre les policiers avait pris «une trop grande ampleur». Après avoir été placé en garde à vue à la suite de son démenti public, le jeune homme de 19 ans a été remis en liberté. Il sera jugé le 28 novembre devant le tribunal correctionnel de Grenoble.
Depuis le week-end dernier, des appels à la «purge» des policiers prévue ce 31 octobre, soirée d'Halloween, circulent en masse sur les réseaux sociaux. Des «règles» avaient été instaurées à l'instar du film American Nitghtmare pour s'en prendre aux forces de l'ordre. Les auteurs ou les personnes qui relayaient le message conseillaient de s'habiller «en noir avec masque si possible». «Toutes les armes sont autorisées (...) Brûlez tout ce que vous voyez: voitures, poubelles etc», est-il précisé avant d'ordonner que «les forces de l'ordre [soient] attaquées au mortier, feux d'artifices, pétards et pierres». Dans le texte, les auteurs annoncent que la purge «commencera dans tous les quartiers à partir de 20h00» le mercredi 31 octobre.

Les messages qui ont le plus été partagés appellent à se saisir de «toutes les armes» pour «attaquer les forces de l'ordre». - Crédits photo : Captures d'écran Snapchat et Twitter
Divulgué sur Snapchat, l'appel a déferlé dans toute la France de Grenoble à Paris, en passant par Corbeil-Essonnes ou encore Lyon et Toulouse. Après la montée de la rumeur à Corbeil-Essonnes, le syndicat de Police Unité SGT avait saisi le ministère de l'Intérieur. Christophe Castaner a, dès lundi, porté plainte et a confirmé que l'auteur a bel et bien été identifié. «Il prétend que c'est ‘une mauvaise blague', il sera poursuivi, a réagi le ministre de l'Intérieur sur Twitter. Appeler à la ‘purge' contre nos policiers, c'est appeler au meurtre».
Dans sa vidéo, le jeune homme a déclaré qu'il s'agissait d'une «une invention de (sa) part». «C'était une blague! Il n'y aura ni purge à Grenoble, Paris, Genève, Lyon etc...»
Olivier Michelet, lui, ne veut pas «entendre parler de blague». Le représentant d'Unité SGP Essonne estime qu'«à 19 ans, on est majeur et on a conscience de la gravité de ses paroles et de ses actes». Le policier insiste: «Il a porté atteinte aux valeurs de la République et nous souhaitons qu'il y ait une réponse pénale forte pour dissuader d'autres jeunes de tenir de pareils propos sur les réseaux sociaux.» De son côté, le directeur de la police en Essonne, Jean-François Papineau, a pour sa part porté plainte contre X lundi, a-t-il indiqué, précisant qu'aucun incident sortant de l'ordinaire n'était pour l'heure à signaler.
Un adolescent de 16 ans présenté à un juge des enfants
Mardi matin un jeune de 16 ans a été interpellé à son domicile de Sarcelles. Sa garde à vue s'est terminée dans l'après-midi. D'après nos informations, il a été présenté à un juge des enfants ce mercredi à 15 heures en vue d'une mise en examen.
L'adolescent a été entendu pour «provocation à commettre un crime ou un délit par voie électronique» et pour «provocation à s'armer contre l'État ou la population et détention d'arme» après avoir relayé sur Facebook l'appel à la purge.
Lors de sa garde à vue, le jeune homme s'est justifié en disant qu'il avait «simplement relayé un message déjà très médiatisé», explique une source proche du dossier. Dans son message, l'adolescent aurait ajouté des règles. Il inciterait notamment à s'en prendre aux femmes. Les cyberenquêteurs de la Sûreté départementale du Val-d'Oise ont examiné son ordinateur. «Ils ont juste trouvé un petit accès au dark web mais rien qui puisse emplifier son geste», précise cette source. Dans un clip vidéo le jeune homme s'affiche en possession d'une arme qui n'a pu être identifée comme réelle ou factice. L'adolescent est connu des services de police pour des affaires de vols.
Alors que la nuit d'Halloween approche, les forces de l'ordre restent sur le qui-vive. «Cela a sûrement incité d'autres jeunes à mettre en pratique ces menaces», s'inquiète Olivier Michelet dans l'Essonne. «Les festivités comme Halloween sont souvent propices aux exactions mais ce genre d'appel n'est pas anodin et nous devons rester sur nos gardes», affirme Pierre Tholy, secrétaire départemental du syndicat Alliance en Isère qui déplore, comme son confrère de l'Essonne, un manque d'effectif pour «assurer sereinement la mission de sécurité publique».
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«Purge» contre les policiers: 200 forces de l'ordre mobilisés en renfort dans le Val-d'Oise
Par Morgane Rubetti
Mis à jour le 31/10/2018 à 17h32 | Publié le 31/10/2018 à 16h19
VIDÉO - Après un appel à la purge lancé sur les réseaux sociaux, un jeune de 19 ans s'est dénoncé et doit être jugé à Grenoble le 28 novembre et un adolescent a été mis en examen dans le Val-d'Oise. Même si l'auteur présumé prétend qu'il s'agit d'une «blague», les forces de l'ordre ont choisi de rester très vigilantes.
Venu constater les résultats de la police de sécurité du quotidien (PSQ) à Garges-Lès-Gonesse, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé un renfort de 200 policiers dans le Val-d'Oise (95) pour la nuit d'Halloween ce mercredi soir. «J'ai demandé une attention particulière à tous les préfets partout en France, parce qu'il y a eu des appels extrêmement violents qui menacent nos forces de sécurité», a indiqué le ministre de l'Intérieur au micro de franceinfo.
Depuis le week-end dernier, un appel à la purge à l'encontre des policiers est massivement partagé par les internautes. Des règles ont été divulguées pour s'en prendre aux forces de l'ordre. Dans le Val-d'Oise, un jeune de 16 ans a été interpellé à son domicile. Placé en garde à vue mardi, il a été présenté à un juge des enfants ce mercredi à 15 heures et a été mis en examen pour avoir relayé le message de violence sur Facebook. L'adolescent ne se serait pas contenté de partager, il aurait également ajouté quelques règles qui lui sont propres en incitant notamment à s'en prendre aux femmes. Chargée de l'enquête, la Sûreté départementale du Val-d'Oise a examiné l'ordinateur du jeune homme mais, hormi quelques passages sur le «dark web», rien de suspect n'a été trouvé. Il est déjà connu des services de police pour quelques vols.
Corbeil-Essonnes, Paris, Lyon, Toulouse... Cet appel a pris une ampleur nationale et les policiers se préparent à être «très vigilants» pendant la soirée d'Halloween. «Les festivités comme Halloween sont souvent propices aux exactions mais ce genre d'appel n'est pas anodin et nous devons rester sur nos gardes», affirme Pierre Tholy, secrétaire départemental du syndicat Alliance en Isère. «Cela a sûrement incité d'autres jeunes à mettre en pratique ces menaces», complète, inquiet, Olivier Michelet, représentant d'Unité SGP Essonne (91).
De son côté, le ministre de l'Intérieur considère que «quand on menace de tuer des policiers et des gendarmes, ce n'est pas une blague. Ce sont de faits extrêmement graves». Christophe Castaner a porté plainte lundi et a annoncé que l'auteur de cet appel à la purge avait été identifié. Il s'agirait d'un jeune homme de Grenoble âgé de 19 ans. Estimant que la rumeur avait pris «une trop grande ampleur», il s'est dénoncé dans une vidéo et a déclaré qu'il était l'auteur de ce qu'il juge être une «blague». Il doit être jugé par le tribunal correctionnel de Grenoble le 28 novembre.
Pour le moment, rien ne laisse penser qu'il est l'unique instigateur de cet appel à la violence. «C'est l'effet pervers des réseaux sociaux. On peut voir une publication à l'instant T et la relayer ou la recopier immédiatement», déplore Pierre Tholy.
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Europe, immigration, islamisme... Sarkozy livre ses vérités
Par Le Scan Politique
Mis à jour le 31/10/2018 à 14h32 | Publié le 31/10/2018 à 11h10
LE SCAN POLITIQUE/VIDÉO - Dans un long entretien accordé à l'hebdomadaire Le Point, l'ancien président de la République livre sa vision du monde et de ses principaux dirigeants. L'ex-chef de l'État met aussi en garde contre les crises à venir dans le monde et en Europe. Extraits de ses principales déclarations.
Europe: «Nous n'avons encore rien vu de la crise qui s'annonce. Nous sommes en train de perdre la deuxième économie d'Europe, le Royaume-Uni, et nous ne nous intéressons qu'à une seule chose: les conditions du divorce, sans nous demander si ce divorce est évitable. Or j'ai la conviction qu'il l'est. Les Britanniques ont exprimé leur insatisfaction à l'égard de l'Europe telle qu'elle se présente aujourd'hui».
Élections européennes de 2019: «Une seule priorité: mettre un nouveau traité sur la table pour définir l'Europe de l'avenir et changer profondément les règles du jeu. Cela permettra également de dire aux Britanniques: «Vous avez refusé de continuer avec la vieille Europe, construisons ensemble celle de demain.» Avec des compétences moins nombreuses mais plus lisibles».
Crise démocratique: «Nous avons une mauvaise conception du mot égalité, qui conduit à l'égalitarisme et au nivellement, et qui fait qu'aujourd'hui le principe même du leadership est contesté, voire illégitime. Or, pour conduire un pays, il faut une vision, donc un leader qui l'incarne, et du temps. Nos sociétés démocratiques ne donnent plus de temps et ne tolèrent plus le leadership, qui devient illégitime au regard de la vision déformée de l'égalitarisme».
Crise des migrants: «Nous n'avons encore rien vu de la crise migratoire qui s'annonce (...) La question migratoire ne peut plus être gérée par un commissaire inconnu et sans légitimité politique. Elle doit l'être par un gouvernement européen composé des ministres de l'Intérieur, qui éliront en leur sein un président, rendront des comptes démocratiquement et à qui on devra rattacher Frontex».
Islamisme radical: «On ne discute pas avec l'extrémisme islamiste, on le combat. On ne peut pas accepter la lapidation de la femme, le refus de s'intégrer, la violation de ce que nous avons de plus cher. Nous sommes encore trop naïfs et trop faibles».
Recomposition politique : «Quand VGE succède à Pompidou, c'est un nouveau monde qui s'installe. Et, quand Mitterrand arrive, ce n'est pas un changement? Quand je succède à Chirac, vous ne trouvez pas que la pratique du pouvoir évolue? La rupture en politique, c'est un peu ce que vous appelez un marronnier, non? On est toujours l'archaïque de quelqu'un et le moderne d'un autre».
Emmanuel Macron: «Je sais combien il est difficile de satisfaire toutes les attentes nées d'une élection. Je m'abstiendrai donc de le critiquer. J'observe d'ailleurs qu'en matière de critiques il semble servi… Et c'est si facile de détruire. Donnons-lui le temps. Les Français s'exprimeront lors des prochaines échéances électorales».
Donald Trump: «Il voit l'exercice du pouvoir comme une succession de deals. C'est bon pour lui ou ce n'est pas bon pour lui. Il gère les États-Unis sans principes, sans doctrines, sans limite, sans mémoire. C'est du jamais-vu, pour le meilleur - la baisse des impôts - comme pour le pire - ses provocations. Espérons… sans trop nous illusionner».
Angela Merkel: «Je l'admire beaucoup. Qu'elle ait géré le pouvoir très efficacement, c'est un fait que je ne contesterai pas. Qu'elle ait été capable de remporter les élections à quatre reprises consécutivement, c'est remarquable. Pour autant, elle ne s'est elle-même jamais posée en visionnaire».
Viktor Orban: «Il a remporté trois fois les élections. Personne n'a dit qu'elles avaient été truquées. Savez-vous qui est son principal adversaire politique? L'extrême droite. Faire de Viktor Orban un dictateur et un leader de l'extrême droite ne correspond pas à la réalité».
Matteo Salvini: «Il est dangereux de s'inscrire en donneurs de leçons (...) Le seul chemin acceptable est d'arrêter de parler de populisme et de comprendre la colère ou les frustrations des peuples pour les transformer en énergie positive, pour construire l'avenir de notre continent. Aujourd'hui, le vrai risque que représente l'Italie pour l'Europe est qu'elle dépense plus que ce que ses finances lui permettent. Personne ne doit douter qu'une crise financière en Italie aurait des répercussions majeures en Europe».
Jair Bolsonaro: «Je crois pouvoir dire que l'immense majorité des Brésiliens qui ont voté Bolsonaro n'a pas voulu élire un dictateur et que, s'il lui arrivait malgré tout de l'oublier, une majorité plus grande encore saurait le lui rappeler. Ma conviction est que la démocratie brésilienne est plus forte que ce que l'on dit».
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Journaliste


Le journaliste Jamal Khashoggi a été «étranglé» et «démembré», selon Istanbul
Par Le figaro.fr et AFP agenceMis à jour le 31/10/2018 à 19h28 | Publié le 31/10/2018 à 16h57
VIDÉO - Ces éléments confirment l'aspect prémédité du meurtre de l'éditorialiste saoudien dans le consulat de son pays, le 2 octobre dernier, a assuré mercredi le procureur stambouliote.
Des détails terribles. Lorsque le journaliste Jamal Khashoggi s'est rendu, le 2 octobre dernier, au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, il a été étranglé à mort dès son entrée dans le bâtiment, a révélé mercredi le procureur en chef de la ville, Irfan Fidan. Son corps a ensuite été «démembré», a-t-il ajouté. Selon le magistrat, les agresseurs du célèbre éditorialiste se sont ensuite débarrassés de son corps. Dans un communiqué, le magistrat turc a indiqué que ces éléments attestaient le caractère «prémédité» de ce meurtre. «Qui a donné l'ordre? Il ne s'agit pas là d'une action qui aurait pu être menée sans des instructions de haut niveau», a renchéri Omer Celik, le porte-parole de l'AKP, le porte-parole du parti au pouvoir, lors d'une conférence de presse à Ankara. «Le meurtre, l'assassinat de Jamal Khashoggi dans le consulat en Turquie viole les règles du droit international. Cela est très, très clairement le cas», s'est insurgé le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo.
Ces déclarations interviennent alors que le procureur saoudien, en charge de l'enquête, a achevé mercredi ses inspections à Istanbul. Pendant trois jours, Saoud Al Modjeb s'est entretenu avec des responsables turcs, dont le procureur stambouliote, et des représentants des services du renseignement. Il s'est également rendu au consulat général d'Arabie saoudite, lieu du meurtre de Khashoggi. Pour autant, cette visite n'a «pas donné de résultat concret», a déploré Irfan Fidan.
L'extradition des suspects demandée
Les autorités turques ont exigé de savoir où se trouvait le corps de Khashoggi : celui-ci n'a toujours pas été retrouvé, quatre semaines après les faits
Dix-huit personnes ont été arrêtées par l'Arabie saoudite dans le cadre de l'enquête. Selon le communiqué du procureur, les autorités turques ont à nouveau demandé au procureur saoudien et la délégation l'accompagnant l'extradition des suspects. Elles ont également exigé de savoir où se trouvait le corps de Khashoggi: celui-ci n'a toujours pas été retrouvé, quatre semaines après les faits.
Les Turcs veulent aussi connaître l'identité du «collaborateur local» mentionné par Ryad et si des éléments confirmant le caractère prémédité du meurtre avaient été mis au jour par l'Arabie saoudite. En guise de réponse, le procureur d'Istanbul a été invité à se rendre à Ryad avec les éléments de l'enquête en sa possession, lequel n'a pas confirmé s'il donnerait suite à cette invitation. L'Arabie saoudite a estimé que seule une enquête conjointe entre les deux pays pourra permettre de déterminer ce qu'il est advenu du corps de Khashoggi et si son meurtre a été prémédité, précise le communiqué.
Sous la pression internationale, l'Arabie saoudite a fini par reconnaître, après plusieurs jours de dénégations, le meurtre du Khashoggi, mais a avancé plusieurs versions contradictoires qui ont suscité le scepticisme. De nombreux responsables et médias turcs ont directement incriminé le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, dit MBS. De son côté, Ryad s'efforce de le dédouaner en insistant sur le caractère «non autorisé» de l'opération.

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Famine au Yémen : Facebook bloque le partage d'une photo publiée par le New York Times
Par Marie BOETTI
Publié le 31/10/2018 à 19h24
Facebook a temporairement bloqué le partage d'une photographie réalisée par Tyler Hicks, pour le New York Times, jugeant celle-ci contraire aux normes du réseau social. Cette démarche a été critiquée par les internautes bloqués et par des journalistes.
Pendant plusieurs heures, des dizaines d'internautes n'ont pas pu partager la nouvelle publication du New York Times, postée sur Facebook vendredi dernier, a remarqué Le Mondece mercredi matin. Il s'agit là d'une photographie dans laquelle figure une enfant souffrant de malnutrition, immortalisée dans le cadre d'un reportage du journal américain intitulé «The Tragedy of Saudi Arabia's War».
D'après le New York Times , des dizaines de milliers de lecteurs ont partagé l'article sur Facebook. Mais, certains d'entre eux ont reçu un message leur indiquant que l'image allait à l'encontre de ses normes. C'est le cas de Jarjieh Fang, un étudiant en mastère de Santé publique. «Je pensais que [l'article] valait le coup d'être partagé, afin de secouer les gens pour qu'ils puissent prêter attention à ce qu'il se passe au Yémen», a-t-il expliqué au quotidien new-yorkais.
Le jeune homme a révélé le message en question sur Twitter: «Sur Facebook, nous n'autorisons pas les offres de services sexuels, la sollicitation de matériel sexuel, les menaces ou représentations de violence sexuelle, les menaces poussant à partager des images intimes ou du contenu à caractère sexuel impliquant des mineurs.»
Le New York Times ne possède pas le nombre exact des utilisateurs concernés par ces blocages. De nombreux postes n'ont pas été supprimés, y compris celui du journal.
Pourquoi ces posts ont été bloqués?
Facebook se sert d'un ensemble d'algorithmes et/ou d'alertes envoyées par les utilisateurs pour repérer les contenus à risque. Ici, les différents blocages effectués par le réseau social ne sont pas dus à la violence du cliché mais entre dans la catégorie de «diffusion d'images d'enfants nus».
«C'est incroyablement décevant de penser que cette histoire ait été bloquée car elle était en violation de leur politique. Le métier de journaliste est de témoigner et de donner une voix à ceux qui ne sont pas entendus», a indiqué Eileen Murphy, une porte-parole du journal américain. Mark Coughlan, journaliste pour RTÉ News, a même qualifié Facebook de «bourbier de désinformation et de clickbait» sur Twitter.
«Nous savons que c'est une image importante, a expliqué vendredi soir Facebook à travers une déclaration transmise par courriel, nous sommes en train de restaurer les posts que nous avons supprimés.» En 2016, un phénomène similaire s'était produit. Facebook avait retiré de manière temporaire un post accompagné de la photo d'une fille âgée de 9 ans fuyant les bombardements au napalm durant la guerre du Vietnam. Le cliché avait été réalisé dans les années 1970 par l'Américain Nick Ut. En 2011, le réseau social s'en était pris à un enseignant ayant publié une reproduction du tableau de Gustave CoubertL'Origine du monde.
«Ils risquent leur vie afin de rapporter ces images»
Le reportage, réalisé par le journaliste Declan Walsh et le photographe Tyler Hicks, met en lumière la souffrance des civils yéménites face à une guerre opposant les rebelles houthistes à la coalition menée par l'Arabie Saoudite. Alors qu'il est mis en ligne vendredi dernier, le New York Times publie une tribune justifiant la présence de ces photographies glaçantes. «Nos éditeurs ne prennent pas la décision de publier des images de morts ou de mourants à la légère», écrivent le journaliste Eric Nagourney et le rédacteur en chef Michael Slackman. «L'histoire du Yémen et de toute sa souffrance doit être racontée, et aussi puissante que l'écriture de Declan soit, elle ne peut pas être relatée qu'avec des mots», poursuivent-ils.
La tribune évoque également les paroles de David Furst, chargé de l'édition photo à l'internationale: «Les journalistes travaillant dans des zones de guerre, dont notre photographe, Tyler Hicks, risquent leur vie afin de rapporter des images qui peuvent parfois être difficiles à regarder. Mais nous trouvons que ce ne serait pas rendre service aux victimes de cette guerre de publier des images aseptisées qui ne reflètent pas totalement leur souffrance.»
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PETIT GUIDE À L’USAGE DES RAPPEURS : POUR QUE LE HIP-HOP FRANÇAIS REPOSE (ENFIN) EN PAIX !
3187 lectures
Par David Marais, Avocat.
- JEUDI 27 SEPTEMBRE 2018
ARTICLE TOUT PUBLIC
Le clip « Pendez un blanc » du rappeur de Nick Conrad, impose de rappeler les droits et les limites du rap, bref les « règles de l’art rapalistique ». Voici un petit guide à l’usage des rappeurs : "pour que le hip-hop français repose (enfin) en paix !" [1]
Dernière mise à jour : 28 septembre 2018
1. Rappel des affaires jugées.
Le Rap a subi les foudres de nombreuses poursuites pénales. Certaines aboutissant à une relaxe :
  • Youssoupha a été relaxé des chefs de diffamation et injure pour ses paroles sur Eric Zemmour. (CA Paris, pôle 2, 7e ch., 28 juin 2012, n° 11/9903)
  • Hamé de « La Rumeur » a été relaxé de la poursuite en diffamation menée suite à sa dénonciation des bavures policières (Ass. Plein. 25 juin 2010, n°08-86.891) ;
  • Le groupe « SNIPER », qui voulait « exterminer les fachos » dans « La France » a été relaxé de la poursuite pour injure publique et provocation à la violence que menait contre eux le Ministère de l’intérieur (qui a ainsi de son propre chef étrangement pensé que le terme en question ne pouvait viser que les fonctionnaires de police…) (CA Rouen, ch. corr., 14 déc. 2005, n° 2005-297833) ;
  • Monsieur R, relaxé de la poursuite pour injure raciale après avoir vivement critiqué la politique coloniale française dans « FranSSe » (TGI Paris 17eme, 25 avril 2007, CA Paris, 11eme ch. 2 juill. 2008, Crim. 3 fev. 2009, 08-85220) ;
  • Orelsan relaxé deux fois pour injure et provocation à la haine, à la discrimination et à la violence par la Cour d’appel de Versailles (pour huit chansons…CA Versailles, 8e ch., 28 févr. 2016, n° 15/02687 ) et pour une précédente chanson (Sale P..) par le TGI de Paris le 12 juin 2012 ;
D’autres, plus rares, à des condamnations :
  • NTM pour outrage (CA Aix en Provence, 23 juin 1997) ;
  • Jo le phéno pour incitation à la violence après avoir appelé au meurtre de policiers (TGI Paris, 8 dec. 2017, Légipresse, n°359) ;
  • Abdul X pour la même infraction (TGI, 17e ch., 16 juin 2011).
De l’analyse de ces décisions se dégagent les contours de ce qui est permis ou pas au rappeur (contours plus larges que ce que certains pensent) et qui forme ce que nous appelons "les règles de l’art rapalistique".
2. Les droits du rappeur : liberté d’expression et tolérance particulière donnée au rap.
Lorsque l’on analyse l’ensemble des décisions de relaxe, il apparaît que non seulement les rappeurs sont, comme tout artiste, protégés par la liberté d’expression (reconnue par : article 11 de DDHC, 10 de la CEDH et 11 de la CDFUE), mais que le rap bénéficie en réalité d’une tolérance élargie.
La motivation de la plupart de ces décisions est intéressante en ce qu’elles estiment que le Rap est un mode d’expression artistique particulier : issu des classes défavorisées victimes de la violence sociale il est par nature agressif, reflet de la violence sociale subie, qui justifie sans doute une licence plus grande ; idée exprimée très clairement par les arrêts de la Cour d’appel de Rouen, dans le dossier SNIPER et de Versailles dans le dossier « Orelsan ».
Ainsi la Cour d’appel de Rouen définissait le rap comme : « un genre musical enraciné dans la culture populaire trouvant ses origines dans la misère et la souffrance, le rejet et le ressentiment (…) qui exprime la désolation et le mal de vivre des jeunes en banlieue, leur refus de se résigner face à des situations vécues comme injustes et perçues comme un rejet et formuler leur aspiration à un mode de vie autre que celui qui les exclut et les marginalise".
Et en concluait pour relaxer les prévenus du chef de provocation à la violence que : « Même si on peut très légitimement ne pas approuver ce mode d’expression ni souscrire à l’utilisation d’un vocabulaire à dessein volontairement agressif et outrageant, il n’en demeure pas moins que, sauf à refuser et interdire au rap toute existence, les paroles de la chanson intitulée « La France » et en particulier celles incriminées ne peuvent être interprétées et comprises, comme bon nombre de chansons exprimées sur ce genre musical, qu’en tenant compte du caractère volontairement provocateur du langage utilisé par les rappeurs et que la seule utilisation d’un texte par sa forme agressif, injurieux et violent, en l’absence de tout élément de preuve ou indice faisant présumer chez l’auteur de la chanson et ses interprètes une volonté de créer dans le public un état d’esprit favorable à la réalisation d’une atteinte volontaire à la vie ou à l’intégrité physique d’autrui, ne peut être suffisante pour caractériser l’élément intentionnel du délit ».
Poursuivi pour injure et provocation à la haine, à la discrimination et à la violence par diverses associations féministes pour ses paroles relatives aux femmes, la Cour d’appel de Versailles relaxait Orelsan - après avoir rappelé que « le domaine de la création artistique, parce qu’il est le fruit de l’imaginaire du créateur, est soumis à un régime de liberté renforcé afin de ne pas investir le juge d’un pouvoir de censure qui s’exercerait au nom d’une morale nécessairement subjective de nature à interdire des modes d’expression, souvent minoritaires, mais qui sont aussi le reflet d’une société vivante et qui ont leur place dans une démocratie » -, aux motifs que :
« Ce régime de liberté renforcé doit tenir compte du style de création artistique en cause, le rap pouvant être ressenti par certains comme étant un mode d’expression par nature brutal, provocateur, vulgaire voire violent puisqu’il se veut le reflet d’une génération désabusée et révoltée » et que « le sanctionner au titre des délits d’injures publiques à raison du sexe ou de provocation à la violence, à la haine et à la discrimination envers les femmes, reviendrait à censurer toute forme de création artistique inspirée du mal-être, du désarroi et du sentiment d’abandon d’une génération, en violation du principe de la liberté d’expression ».
De manière générale, le rap a donc - du fait de son origine et de sa nature de "cri" - non seulement le droit à la liberté d’expression mais à une expression même « violente, agressive, vulgaire ou provocatrice ».
Mais cette liberté d’expression, même élargie, n’est pas absolue.
L’étude de cet arrêt, complété par les autres cas cités, donne donc une sorte de « méthode » permettant d’analyser si un artiste dépasse la limite, pourtant large, de ce qui est acceptable même d’un courant musical par nature reflet d’une violence sociale réelle ou s’il reste dans les « règles de l’art ».
Fondent ainsi les relaxes :
i) le recours à la distanciation , à la « narration », à l’utilisation de « personnages imaginaires » (décision Orelsan 2016) ;
ii) ou au « jeu de rôles » (Décision Orelsan 2012) montrant une « œuvre fictionnelle » ;
iii) mais également l’admission que le message ressort de la « critique politique » même « violente » (décisions sur le dossier Monsieur R ou celui d’Hamé)
iv) voire de l’utilité du rap à poser ou discuter des questions « d’intérêt général » (décision Youssoupha ct. Zemmour).
Ces éléments seraient donc les limites de l’acceptabilité du ton par nature "agressif" voire violent du rap : il doit rester une œuvre fictionnelle, une analyse sociologique, un exercice journalistique, ou une polémique politique pour être dans les "règles de l’art" et accepté comme tel : un art.
Ce mélange, ce croisement de poésie, de la littérature et de dénonciation politique ou sociologique étant d’ailleurs sans doute la définition même de ce qu’est le rap.
3. Les limites à l’expression "rapalistique".
A l’inverse, il ressort des décisions de condamnation que si l’opinion exprimée montre :
i) une absence de « distance » ;
ii) ou « de polémique politique » (Décision Jo le Pheno) entre le propos violent et la pensée de l’auteur et donc une simple expression de haine ou d’une volonté de nuire (appel au meurtre, injures, diffamation) ;
iii) voire montre clairement une envie de pousser au passage à l’acte (Décision Abdul X) ;
Alors l’abus de la liberté d’expression est caractérisé et peut donc être sanctionné.
A cet égard, les décisions rendues sur les propos tenus par les groupes « Ministère Amer » ou NTM sont parfaitement éclairantes : non sanctionnés pour leur appel au « sacrifice de poulets » dans leur chanson narrant une émeute à travers les yeux d’un émeutier (Ministère Amer) ou à « foutre le feu » à « l’Elysée » (« Mais qu’est ce qu’on attend », NTM) ou leur chanson présentant les membres de la police sous un jour peu flatteur (« Police », NTM), mais condamnation lorsque les mêmes propos anti-policiers étaient tenus par les artistes dans des interviews (Ministère Amer) ou lors de discours sur scène (NTM) relatant leurs pensées propres au premier degré.
En conclusion.
Voilà de quoi rassurer la rappeuse Casey qui, lors d’un entretien dans le cadre d’un séminaire qui était consacré à ses textes à l’ENS, avait estimé « qu’on n’accorde pas aux rappeurs le droit au second degré ». [2]
En effet, si ces décisions sont parfois classiquement fondées sur le caractère « d’œuvre » et la liberté artistique, parfois sur le droit à la « polémique politique » ou « l’intérêt général », elles semblent en réalité aller au-delà de ces catégories connues pour créer une catégorie spécifique et montrent ainsi une vraie compréhension de ce qu’est ce courant musical particulier qu’est le rap, au croisement de la poésie, de la littérature et du discours politique et/ou sociologique, si bien résumé par une phrase d’un autre artiste : il est « le bitume avec une plume » (Booba).

Vous êtes raciste et vous ne le savez pas
Il y a toujours une bonne raison d'être accusé de racisme
par
 - 20 septembre 2018
394PARTAGES
Jean Dujardin dans "OSS 117, Le Caire nid d'espions" (2006). SIPA. 00542933_000004

Au Québec comme en France, n’importe qui est susceptible d’être accusé de racisme pour n’importe quoi. Désormais, on est tous le raciste d’un autre.

Les temps sont durs pour les sceptiques, pour ceux qui n’adhèrent pas aux nouvelles thèses sur le racisme systémique. Aujourd’hui, douter de l’emprise du racisme, c’est comme douter autrefois de l’existence de Dieu. Les mécréants de la race, les universalistes à la française, doivent confesser leurs péchés. Pour se montrer progressiste, il faut voir des races partout, partout, partout. Et du racisme partout, partout, partout.
Il est partout
Les promoteurs de ces théories fumeuses sont eux-mêmes victimes du climat de suspicion généralisé qu’ils ont instauré. Ce qui est plutôt amusant, il faut l’avouer. Au Québec, des gens de l’establishment ont commencé à goûter à leur propre médecine, pour ne pas dire à leur propre morale. Il y a d’abord eu la controverse autour du spectacle Släv de Robert Lepage. On s’en souvient : des opposants au spectacle ont réussi à le faire annuler pour cause « d’appropriation culturelle ».
Le spectacle Släv visait à promouvoir la culture noire, mais le problème était qu’un blanc en soit le metteur en scène. Pour plusieurs, la culture est maintenant quelque chose de viscéral, de biologique, une réalité indissociable de la race… ce qui donne une bonne idée de leur idéologie. La controverse a créé un schisme au sein de la gauche inclusive. D’un côté, il y avait les antiracistes « classiques », et de l’autre, les antiracistes pro-ségrégation. Un tournant majeur dans la radicalisation du multiculturalisme au Québec.
Et personne n’est à l’abri
Mais plus récemment, c’est le parti de gauche Québec solidaire (QS) qui a réussi à être accusé de racisme, ce qui relève carrément de l’exploit. Pour la petite histoire, Québec solidaire est l’un des deux partis les plus multiculturalistes au Québec, même si ses représentants aiment parfois s’en défendre. Dans les dernières années, des « solidaires » se sont opposés à la laïcité française et ont associé leurs adversaires du Parti québécois à l’extrême droite. Paradoxalement, QS est un parti souverainiste, mais anti-nationaliste.
Québec solidaire est le premier parti à présenter une candidate voilée à une élection provinciale québécoise. Une candidate qui se présente dans une circonscription à Montréal, Ève Torres, que certains soupçonnent d’avoir des liens avec les réseaux islamistes. Québec solidaire a aussi des accents socialistes, pour ne pas dire islamo-gauchistes. Une formation politique qui n’a rien à envier aux Indigènes de la République en termes de culpabilisation de la société.
Malgré ce pedigree impressionnant, un article publié sur le site de la chaîne CBC est venu semer le doute dans les esprits. Dans un texte intitulé « Is this Post Election Racist », le journaliste Steve Rukavina se demande si une affiche promotionnelle du parti ne serait pas… raciste. Une affiche qui fait la promotion de soins dentaires gratuits et sur laquelle figure une personne noire. L’artiste de l’œuvre, une dénommée Dimani Mathieu Cassendo, devra préciser qu’il s’agit d’un autoportrait.
Le journaliste souligne que des noirs montréalais trouvent l’affiche inappropriée. Mais qu’est-ce qui choque tant dans cette représentation ? C’est qu’elle pourrait laisser entendre que les personnes noires sont moins fortunées que les personnes blanches ; elles pourraient avoir davantage besoin de ces soins gratuits. Accentué par l’artiste, le contraste entre les dents blanches et la peau noire serait aussi une représentation clichée à connotation raciste. L’artiste l’ignore, mais elle ferait dans l’art colonial. Inconsciemment, elle aurait intégré les stéréotypes des méchants blancs.
Mises en examen
Combe de l’ironie, le célèbre militant montréalais d’extrême gauche, Jaggi Singh, accusait récemment Québec solidaire d’encourager la xénophobie au Québec. Sur les réseaux sociaux, Singh a accusé les solidaires de souffler sur les braises de l’intolérance en ne proposant pas d’augmenter les seuils d’immigration (deux grands partis proposent une baisse substantielle). Précisons que le Québec reçoit environ 50 000 immigrés par année pour une population de 8,2 millions de personnes.
Peu importe qui vous êtes et ce que vous faites, vous serez vu comme raciste par les zélateurs du système anti-système. Les rapports entre les races font l’objet d’une enquête obsessionnelle. Une enquête dont les conclusions sont évidemment tirées d’avance. Vous êtes un homme blanc en couple avec une blanche ? Vous êtes raciste, vous voulez préserver la race. Vous êtes un homme blanc en couple avec une noire ? Vous êtes raciste, vous profitez d’elle. Mieux, c’est du « sexclavagisme » comme on l’a vu après le mariage de Vincent Cassel. Ne cherchez surtout pas à plaire, vous êtes déjà piégé.

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