Par Guillaume Perrault. Publié le 19/02/2019 à 20h57
INTERVIEW – Le philosophe et romancier Pascal Bruckner réagit à la profanation du cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin). Il analyse ensuite, par ailleurs, ce qu’est l’islamo-gauchisme, qui semble manifeste dans les insultes et les menaces proférées contre le penseur Alain Finkielkraut samedi à Paris.
LE FIGARO. – Quelle réaction vous inspire la profanation des tombes du cimetière juif de Quatzenheim?
Pascal BRUCKNER. – Quelle que soit l’identité des coupables, toute transgression d’un tabou, comme les vociférations antisémites lors de certains défilés des «gilets jaunes» samedi dernier, donne lieu à un phénomène d’emballement mimétique. Les suiveurs désirent faire parler d’eux à leur tour et accaparer l’attention publique pendant un jour ou deux. Ils se croient en état d’impunité et autorisés à surenchérir. Ils profanent les tombes avec des croix gammées. C’est comme les répliques d’un tremblement de terre, une sorte de réveil de l’abjection. La haine antijuive va ainsi jusqu’à s’en prendre aux morts, comme pour les tuer une seconde fois.
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Il existe différentes variétés d’antisémitisme. Les insultes et les menaces contre Alain Finkielkraut, samedi, à Paris, ont paru relever de ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme. Qu’entend-on par cette expression?
L’islamo-gauchisme naît avec Michel Foucault en 1979 et son enthousiasme pour la révolution khomeyniste de Téhéran. Après Louis Massignon (1883-1962) et Jacques Berque (1910-1995), Foucault reconnaît la force politique explosive de l’islam renaissant. La date de naissance officielle de l’islamo-gauchisme est la publication en 1994 par Chris Harman, leader du SWP (Socialist Workers Party), le minuscule parti trotskyste anglais, d’un long article intitulé Le Prophète et le prolétariat, où il prône l’alliance entre militants de gauche et associations musulmanes radicales. Il faut selon lui ramener les brebis égarées de l’islamisme et les mobiliser au service de la seule cause qui vaille: la destruction du capitalisme.
D’emblée c’est une duperie réciproque qui s’installe: tandis qu’une frange d’altermondialistes prônent l’accommodement avec l’islam, les intégristes, déguisés en amis de la tolérance, se servent de la gauche pour avancer leurs pions sous le masque d’une rhétorique progressiste. C’est toute l’histoire de l’alliance tragique de Tariq Ramadan avec la gauche européenne et surtout, en France, avec Mediapart. Double tromperie: les uns soutiennent le voile, au nom de la lutte contre le racisme et le colonialisme. Les autres feignent d’attaquer la mondialisation pour imposer leur version de la foi.
Le stupéfiant dans ces palinodies, c’est à quel point une certaine gauche est prête à piétiner ses valeurs pour complaire aux barbus: l’égalité homme-femme, le doute salvateur, l’esprit critique, tout ce qui était associé traditionnellement à une position éclairée. L’islamo-gauchisme? La conjonction des ressentiments: une religion en plein désarroi fait alliance avec une gauche en pleine débâcle pour tenter de se sauver l’une par l’autre.
La fascination d’une certaine extrême gauche pour l’islamisme est-elle ancienne? Comment l’expliquer? Cette fascination a-t-elle évolué?
Ce mariage contre-nature est le fruit d’un constat: l’effondrement total de tous les idéaux de la gauche. L’Union soviétique s’est désintégrée, la classe ouvrière s’est massivement réfugiée chez Marine Le Pen, le tiers-monde embrasse avec enthousiasme l’économie de marché et le consumérisme: pour une fraction du mouvement progressiste, seule la jonction avec le fondamentalisme du Croissant sera l’occasion d’un second souffle. La bigoterie néo-bolchevique des fidèles égarés du marxisme a ceci de touchant qu’elle contraint les militants aux pires contorsions idéologiques. L’islam, cette «religion des opprimés» (Emmanuel Todd), devient le dernier grand récit auquel se raccrocher et qui remplace le communisme, la décolonisation, le panarabisme. La grandeur des musulmans vient de ce qu’ils sont les derniers porteurs de la promesse.
Mais à quel prix? Au prix du reniement de soi et de la régression totale. Pour prendre un exemple, on a vu ainsi des féministes pures et dures (Caroline De Haas, Clémentine Autain) et le sociologue Éric Fassin chercher à minimiser le viol, à l’occasion des événements de Cologne le 1er janvier 2016, dès lors qu’il était commis par des immigrés contre des Européennes. Jamais la schizophrénie entre le féminisme et l’antiracisme n’a été aussi marquée. Le mâle en rut n’est coupable que s’il est blanc, hétérosexuel ou occidental. Les autres sont disculpés par avance, par remords postcolonial. Et haro sur les intellectuels arabo-musulmans tels Kamel Daoud ou Boualem Sansal qui osent remettre en cause leur propre religion!
C’est une même culture de l’excuse qui touche les meurtres de masse: ainsi, les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, qui ont fait 130 morts, ont été expliqués par le sociologue Geoffroy de Lagasnerie par le fait que «les terrasses de café sont un des lieux les plus intimidants pour les jeunes des minorités ethniques […] Un espace où l’on n’ose pas s’asseoir, où l’on n’est pas bien accueilli, où l’on n’est pas servi, où, quand on est servi, c’est cher. Un des lieux les plus traumatisants […] Au fond, vous pouvez dire qu’ils ont plaqué des mots djihadistes sur une violence sociale qu’ils ont ressentie quand ils avaient 16 ans». Bref, la gauche est malade du déni: les terroristes, loin d’être des meurtriers, sont des archanges dont les forfaits nous incombent. «Ces monstres sont le produit de notre société. Ce n’est pas l’islam qui a produit ces terroristes. Ces derniers se prétendent de l’islam mais n’ont rien à voir avec l’islam. En revanche, ils sont le produit de toutes les fractures, de toutes les déchirures de notre société»,a écrit le journaliste Edwy Plenel (Bondy Blog, 14 janvier 2015).
Le discours assimilant Israël à un État raciste pratiquant l’apartheid comme l’Afrique du Sud d’antan est très présent à l’extrême gauche. Pourquoi ces propos sont-ils aussi fréquents dans cette famille de pensée?
«La haine d’Israël est le principal aphrodisiaque du monde arabe», disait feu le roi Hassan II. Il est aussi le seul fédérateur de toutes ces familles politiques souvent en désaccord. Selon cette vulgate, les Juifs ont perdu tout droit au titre de parias, lequel est désormais l’apanage des Palestiniens. Les musulmans sont devenus les nouveaux Juifs de l’humanité, alors que les Israéliens sont les nouveaux nazis. «Sionisme ADN criminel de l’humanité», criait-on dans les rues de Paris en 2006, «Hitler était sioniste», déclare en 2016 l’ancien maire travailliste de Londres Ken Livingstone. C’est au nom de l’antiracisme et de l’anticolonialisme que l’on condamne l’État hébreu.
Pour citer un historien italien, Enzo Traverso, depuis la création d’Israël, il est arrivé aux Juifs une malédiction pigmentaire: ils ont «blanchi», ont franchi «la ligne de couleur» et sont devenus «Blancs» c’est-à-dire oppresseurs. Avec la fin de l’antisémitisme, le Juif est entré dans la race supérieure, avec la création d’Israël, il est entré dans la maladie européenne du nationalisme et c’est ce qui l’a perdu. Et tout Juif est comptable de l’existence d’Israël, sauf s’il rompt publiquement avec lui. À ces torrents de sottises, il n’est qu’une réponse: aujourd’hui, l’État d’Israël est la seule zone de paix, de prospérité et de respect des libertés individuelles dans un Moyen-Orient en proie au chaos.
* Auteur de près d’une trentaine d’ouvrages, Pascal Bruckner a notamment publié un essai remarqué, «Un racisme imaginaire. La querelle de l’islamophobie» (Grasset, 2017, 272 p., 19 €).
Cet article est publié dans l’édition du Figaro du 20/02/2019.
Selon un rapport secret du FBI, des antifas anti-Trump entretiendraient des liens directs avec Daech et Al-Qaïda
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2017
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Une enquête confidentielle du FBI sur le violent mouvement de «résistance» dans les campus universitaires contre le président Donald Trump aurait conduit à une découverte alarmante : la collusion entre des anarchistes américains et des terroristes étrangers de l’État islamique et d’Al-Qaïda, selon un rapport confidentiel du FBI.
« Il y a des preuves accablantes qui montrent clairement qu’il existe des liens croissants entre les « antifas » américains anti-Trump et l’Etat islamique, ainsi que plusieurs groupes islamistes », selon le rapport du FBI, qui a été remis au directeur intérimaire Andrew McCabe le 11 juillet. 2017, et qui est publié pour la première fois dans un livre All Out War: The Plot to Destroy Trump écrit par Edward Klein, ancien journaliste à Newsweek et à New York Times Magazine.
Ce rapport du FBI montrerait les efforts des terroristes islamistes pour recruter des activistes radicaux américains anti-Trump.
« C’est le plus grand défi pour les forces de l’ordre depuis le Weather Underground et le Black Panther Party », dirait le rapport du FBI.
L’été dernier, le FBI a dépêché un groupe de travail en Europe pour surveiller les manifestations massives organisées par des groupes radicaux, comme le contingent allemand Antifaschistische Aktion, pour protester contre la présence du président Trump à la réunion du G20 en Allemagne.
« Le groupe de travail a couvert la réunion du G20 à Hambourg, a étudié les informations fournies par les autorités locales et en a déduit que des groupes anarchistes d’extrême-gauche s’étaient rendus en Allemagne et avaient pris part aux violences ».
« Il y a aussi des preuves de rencontres entre ces individus et des associés de l’Etat islamique. Il y a un besoin urgent de surveiller de près ces individus identifiés. »
Les agents envoyés par le FBI ont porté une attention particulière à un groupe d’anarchistes d’Oakland, une grande ville portuaire adjacente au campus de l’Université de Californie et de Berkeley, théâtre de plusieurs manifestations violentes.
« Trois responsables clés du groupe d’Oakland auraient rencontré à Hambourg un leader d’Al-Qaïda. Des informateurs ont déclaré que ces terroristes islamistes fournissaient des armes et des explosifs aux « antifas » de Oakland ».
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