mercredi 26 septembre 2018

Islamisme et politique 26.09.2018




“Pendez les Blancs” : quand un rappeur raciste met à mort un Blanc dans un clip insoutenable

/ Mercredi 26 septembre 2018 à 16:00122

Image du clip "PLB". Photo © Capture d'écran YouTube
Haine. Dans la vidéo diffusée sur Youtube, Nick Conrad appelle à “crâmer”, “torturer” et mettre “une balle dans la tête” des Blancs à grand renfort d’images choquantes.
Le clip s’intitule « PLB » pour… « Pendez les Blancs ». Il s’ouvre sur une scène montrant le rappeur Nick Conrad en train d’allumer un cigare alors qu’un homme blanc pend au bout d’une corde. La vidéo, diffusée le 17 septembre sur YouTube, a été finalement supprimée ce mercredi. Le parquet de Paris a ouvert mercredi une enquête pour « provocation publique à la commission d’un crime ou d’un délit ».
Voiture américaine, gros flingue et bagouzes… Tous les clichés du rap y passent. Sans oublier les appels à la haine. Au milieu d’une rue, en pleine nuit, supposément à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, un homme blanc est enlevé puis emmené dans un parking et séquestré.
En sous-vêtement et bâillonné, il est mis à genoux et menacé. On voit notamment un des deux hommes noirs, incarné par le rappeur, lui mettre le canon de son arme dans la bouche et dire : « Tu t’es trompé de zone », « Suce-le », « les Blancs adorent sucer des bites, hein ? »
« Est ce qu’il court vite le Blanc ? »
Ils lui donnent ensuite deux secondes pour sauver sa vie, atteindre la sortie et prouver ainsi qu’il y a « de la magie dans l’ADN blanc ». « Est ce qu’il court vite le Blanc ? », demandent-ils en riant, avant de citer les champions noirs Michael Jordan, Usain Bolt ou Kylian Mbappé.
Leur victime s’exécute, mais des coups de feu retentissent. « Cours pour sauver ta vie, cours pour sauver ta couleur de peau », l’avaient prévenu ses ravisseurs, qui finissent, à la sortie du parking, par tirer une balle dans le dos de l’homme blanc, qui rampe au sol pour s’échapper.
C’est alors que la chanson raciste débute. Extraits : « Je rentre dans des crèches, je tue des bébés blancs, attrapez-les vite et pendez leurs parents, écartelez-les pour passer le temps, divertir les enfants noirs de tous âges petits et grands, fouettez-les forts faites le franchement. » Le reste est à l'avenant.
Un chanson distribuée dans le commerce
Et ce refrain entre deux paroles nauséeuses : « Pendez-les tous, pendez les Blancs. » Les images montrent alors le chanteur armé déambuler librement dans les rues. Puis, le rappeur explose la mâchoire de sa victime sur le trottoir, référence probable au film American History X.
S’en suivent des citations attribuées à l’activiste américain Malcom X (« Le prix pour faire que les autres respectent vos droits humains est la mort », « Le prix de la liberté est la mort ») et de nouveaux appels à « crâmer », « torturer » et mettre « une balle dans la tête » des Blancs.
Le clip, qui comporte des allusions aux origines africaines du rappeur, se conclut par de nouvelles paroles haineuses et des images de l’homme blanc pendu à un arbre. Visionné plus de 4 000 fois sur YouTube et distribué par Apple, Amazon et Spotify notamment, il n'a été supprimé que ce mercredi par la plateforme d'hébergement « car elle ne respectait pas le règlement de YouTube concernant les contenus incitant à la haine ».
De son côté, l’organisation de lutte contre le racisme anti-blanc (OLRA) a annoncé sur Twitter qu’elle allait « signaler ce clip aujourd’hui au Parquet ». « L’appel au meurtre raciste du clip de Nick Conrad est abject et d’une violence inouïe. La liberté de création, ce n’est pas la liberté d’appeler à pendre des Blancs à raison de la couleur de leur peau », a aussi réagi la LICRA, qui a décidé de saisir la justice.
Condamnation du gouvernement
Côté politique, Benjamin Griveaux, secrétaire d'Etat et porte-parole du gouvernement, a condamné sur le même réseau social « avec la plus extrême fermeté les paroles haineuses et écœurantes » de Nick Conrad. Idem pour le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui « condamne sans réserve ces propos abjects et ces attaques ignominieuses. Mes services œuvrent au retrait sans délai des contenus diffusés. Il appartiendra à l’autorité judiciaire de donner les suites appropriées à ces odieux appels à la haine. »
« Alors que de nombreux compatriotes subissent un racisme anti-Blanc dont aucun expert autoproclamé ni média ne parle, cette provocation ne doit pas rester impunie. Il n’y a rien d’artistique dans ce qui est purement et simplement un appel à la haine et au meurtre ! », a renchéri pour sa part Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national. Dans un entretien, daté de 2016, le rappeur, qui a participé par le passé au Téléthon sur France Télévisions, se décrivait lui comme un « artiste noir, parisien fier et raffiné » (sic).
Le @gouvernementFR condamne avec la plus extrême fermeté les paroles haineuses et écœurantes de @jazzconrad. Ceux qui les diffusent portent une lourde responsabilité et doivent réagir au plus vite.
— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 26 septembre 2018

Erdogan inaugure samedi la grande mosquée de Cologne (All.) : les politiques allemands ayant soutenu le projet s’estiment floués
Par Gaston le 26/09/2018
15h53


Pour sa première visite d’Etat en Allemagne depuis son élection à la présidence en 2014, M. Erdogan sera reçu à deux reprises par Angela Merkel, ainsi que par le président Frank-Walter Steinmeier. Il inaugurera ensuite samedi la mosquée de Cologne, financée par une organisation turque.

Avant l’inauguration prévue samedi prochain [29 septembre] de la mosquée de Cologne-Ehrenfeld par le président turc Recep Tayyip Erdogan, la grogne monte à l’égard de l’Union turco-islamique Ditib responsable du lieu de culte. « Si Erdogan est bien celui qui va inaugurer cette mosquée, alors le Ditib va perdre ses derniers avocats », a déclaré Serap Güler (CDU), la secrétaire d’État à l’Intégration de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie […] Le Ditib doit se déclarer pour ce qu’il est réellement : le bras politique d’Erdogan en Allemagne.
« La fédération du Ditib doit cesser de se ridiculiser et de prendre les autres pour des imbéciles en affirmant qu’elle est une fédération religieuse allemande pour les musulmans d’ici. » Le « rayonnement » que la mosquée aurait dû avoir au service de l’intégration s’est « éteint ».

Le maire de l’arrondissement de Cologne-Ehrenfeld, Josef Wirges (SPD), arrondissement où se trouve la mosquée, se montre [lui aussi] critique : « Le Ditib est instrumentalisé par le gouvernement turc. » En tant que membre du Conseil de la mosquée, il a le sentiment qu’on se « fout » de lui.
Wirges ne participera à la cérémonie d’inauguration de la mosquée que s’il peut prendre la parole. C’est également en ce sens que s’est exprimée la maire [de Cologne] Henriette Reker. Les représentants de la ville ne veulent pas « être disponibles » en tant que « figurants ».
(Traduction Fdesouche)

Commentaire de Cicéron :
« Les hommes politiques allemands ayant soutenu le projet s’estiment floués: »
_ Mais cette mosquée fait beaucoup plus que 35m2 au sol et deux étages en hauteur!
_ Oui, la version turque du document que vous avez signé était sans doute plus précise. 35m2 c'est la taille du porche. La mosquée fait 4,500m2.
_ Ah!!! Et... on avait bien dit pas de minaret, que sont ces tours?
_ 55m pour la plus haute, ce sont bien des minarets. Nous nous étions simplement engagés à ne pas lancer d'appel à la prière avant le Ramadan 2020. Regardez, c'est écrit là, en turc.
Et ça c'est pour vous.
_ 50,000€? Mais on n'avait pas dit 250,000€? Nous avons clairement été floués!












































Sur l’« Aquarius » : « Ce sont surtout des familles libyennes qui étaient bien établies »
Parmi les 58 personnes qui seront réparties entre quatre pays figure une majorité de familles aisées.
LE MONDE | 26.09.2018 à 13h38 • Mis à jour le 26.09.2018 à 14h38 |Par Julia Pascual (envoyée spéciale)

[Un accord a finalement été trouvé, mardi 25 septembre, pour que les 58 personnes secourues en mer par l’Aquarius, les 20 et 23 septembre, soient débarquées à Malte avant d’être réparties entre la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal. Parmi elles, nombre de familles aisées ayant fui la Libye… ainsi qu’un chien.]
« On a un chien à bord. Et la dame qu’on a prise veut le chien avec elle. » « Les gens d’abord. Si ça devient un problème, prenez le chien. » « OK, on prend le chien. » Dimanche 23 septembre, pour la première fois en deux ans et demi de mission en Méditerranée centrale, les sauveteurs de SOS Méditerranée ont secouru un chien à bord d’une embarcation de migrants.
Le sauvetage avait été difficile. Entamé dans la nuit, il avait donné lieu à une altercation virulente avec une navette des gardes-côtes libyens. Finalement, les 47 personnes secourues ce jour-là avaient pu être transférées à bord de l’Aquarius, parmi lesquelles une majorité de familles libyennes. Et ce chien. Un gros toutou au poil blanc et frisé qui répond au nom de Bella. « Je n’allais pas le laisser, c’est un péché, explique aujourd’hui Malak (le prénom a été modifié). Ça fait huit ans qu’on vit avec, c’est un vieil ami. Et il n’a pas payé pour le voyage. »
« C’est frappant de voir tant d’enfants, de bagages et ce chien »

Cette femme libyenne de 44 ans, aux cheveux teints en blond, plaisante. Consciente de l’incongruité de la situation, mais non moins déterminée à ce que son animal l’accompagne. Trente-sept Libyens se trouvaient à bord de la barque de bois secourue cette nuit-là, dont 17 mineurs. Une situation inhabituelle. « Ce sont surtout des familles qui étaient bien établies, décrit Aloys Vimard, responsable des opérations de Médecins sans frontières (MSF) à bord de l’Aquarius. Elles n’avaient pas pour projet de partir mais, du jour au lendemain, à cause du climat de crise aiguë en Libye, elles ont peur et se retrouvent sur un bateau en mer. C’est assez frappant d’ailleurs de voir autant d’enfants, de bagages et ce chien. » Depuis fin août, des combats armés agitent notamment la capitale, Tripoli.
Malak a pris la mer avec ses cinq enfants, âgés de 9 à 22 ans, et son frère de 24 ans qu’elle a élevé. Depuis 2011, l’idée lui avait plusieurs fois traversé l’esprit. Jusqu’à ce que son mari soit kidnappé. « C’était il y a un mois à Tripoli », confie-t-elle. Elle ignore qui a pu s’en prendre à son époux : « Il travaille dans le commerce alimentaire donc il a de l’argent », dit-elle. Elle pense aussi qu’il a pu se retrouver au milieu de rivalités tribales.

Après avoir payé l’équivalent de 5 000 à 6 000 euros en dinars libyens (selon le taux de change en vigueur au marché noir), elle a organisé son départ par la mer Méditerranée, avec ses enfants. « Impossible d’obtenir un passeport avec un visa », justifie-t-elle. Le bateau est parti aux alentours de 23 heures d’une plage de Zouara, une ville côtière de l’ouest du pays. Ils sont montés à bord d’une barque en bois, quand la plupart des migrants, notamment originaires d’Afrique subsaharienne, montent sur des embarcations en caoutchouc, plus fragiles. Le passeur a conduit la barque pendant une partie du trajet, avant de repartir à bord d’un autre bateau.
« CERTAINS BATEAUX PARTENT AVEC 100 OU 150 PERSONNES. ON A MIS PLUS D’ARGENT POUR AVOIR QUELQUE CHOSE DE PLUS SÛR »
« On ne peut pas voyager n’importe comment, justifie Ibtissem, une Libyenne de 40 ans, qui a entrepris la traversée avec son mari, ses deux fils de 18 et 20 ans et quatre cartouches de cigarettes. Certains bateaux partent avec 100 ou 150 personnes. On a mis plus d’argent pour avoir quelque chose de plus sûr. »Tout se monnaye. Ibtissem croit même que pour l’équivalent de 375 euros en dinars libyens, les gardes-côtes libyens peuvent fermer les yeux sur un départ. Modéliste pour une société italienne, elle dessine des maillots de bain et de la lingerie. Elle a beaucoup voyagé à travers le monde et une partie de sa famille est installée en France. Son mari travaille comme concessionnaire automobile.

Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, les difficultés sont allées croissant pour le couple. Pour des raisons de sécurité, ils ont notamment dû déménager de Tripoli à Zaouïa, à 50 kilomètres à l’ouest. « On se débrouillait en faisant des allers-retours », dit-elle. Il y a deux mois, leur fils Abdul est tombé sur des coupeurs de route, armés de kalachnikovs.
Ibtissem et son mari ont dû payer l’équivalent de 8 750 euros de rançon en dinars libyens pour récupérer leur enfant. Faute de liquidités disponibles en banque, ils ont vendu leurs deux voitures. Le fils avait été battu, il a passé deux jours à l’hôpital. Depuis cet épisode, la famille ne dormait plus, ne sortait presque plus de chez elle. « En Libye, lâche Ibtissem, nous sommes des morts qui respirent. Il fallait qu’on parte, il n’y avait pas d’autre solution. »

Un mort après des tirs de la marine marocaine sur une embarcation de migrants
Le pilote espagnol du navire qui contenait 25 personnes aurait « refusé d’obtempérer », ont justifié les autorités dans un communiqué.
LE MONDE Le 26.09.2018 à 08h36

La marine royale marocaine a ouvert le feu, mardi 25 septembre, sur une embarcation de migrants en Méditerranée qui refusait de répondre à ses sommations, faisant un mort, une Marocaine de 22 ans, et trois blessés, dont un dans un état critique.
La Marine a été « contrainte » d’ouvrir le feu sur un « go fast » (puissante embarcation à moteur), piloté par un Espagnol qui « refusait d’obtempérer » dans les eaux marocaines au large M’diq-Fnideq (nord), ont annoncé les autorités locales dans un communiqué.
Quatre migrants qui se trouvaient à bord ont été blessés, dont une Marocaine qui a succombé à ses blessures à l’hôpital, a précisé un représentant des autorités locales joint par l’AFP.
Ils « voyageaient couchés et n’étaient pas visibles », selon la même source.
La personne décédée avait 22 ans et était originaire de Tétouan (nord), a déclaré à l’AFP le président de l’Observatoire du Nord pour les droits de l’homme Mohamed Benaïssa, basé à Fnideq.
Deux autres blessés sont originaires de la même ville, a-t-il précisé. Le troisième blessé vient d’Al-Hoceima, la capitale régionale du Rif (nord) et se trouve dans un « état critique, le bras amputé » et a été transféré à Rabat, a indiqué M. Benaïssa.
Au total, quelque « 25 personnes naviguaient à bord du bateau, dont les passeurs qui sont espagnols », a-t-il souligné.
Grandes inégalités sociales
Le pilote espagnol n’a pas été touché par les tirs et a été arrêté, a déclaré le représentant des autorités locales. Une enquête a été ouverte.
Depuis début 2018, l’Espagne a enregistré plus de 38 000 arrivées par voie maritime et terrestre, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les autorités marocaines ont pour leur part indiqué avoir fait avorter 54 000 tentatives de passage vers l’Union européenne depuis janvier.
Ces tentatives ont concerné 7 100 Marocains à fin août, selon des chiffres présentés jeudi dernier par le porte-parole du gouvernement marocain.
Depuis début septembre, les réseaux sociaux marocains sont inondés de vidéos montrant des jeunes Marocains en route vers l’Espagne à bord de bateaux pneumatiques.
Selon des statistiques officielles, le Maroc est marqué par de grandes inégalités sociales et territoriales, sur fond de chômage élevé chez les jeunes.
Ceux-ci, qui représentent le tiers de la population, sont particulièrement touchés par l’exclusion sociale, avec 27,5 % des 15-24 ans, soit près de 1,7 million de personnes, hors du système scolaire et sans emploi.

Huit soldats tués dans le nord du Burkina Faso
Trois jours après l’enlèvement de trois personnes et la mort de trois gendarmes, une mine artisanale a explosé au passage d’un convoi militaire.
LE MONDE Le 26.09.2018 à 15h24
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Huit soldats burkinabés ont été tués, mercredi 26 septembre, par l’explosion d’une mine artisanale aux environs de Baraboulé, dans la région du Sahel (nord du pays), a annoncé la présidence. Les militaires étaient en route pour Djibo, chef-lieu du Soum, l’une des provinces de la région du Sahel.
« Je viens d’apprendre que huit soldats burkinabés ont trouvé la mort après que leur véhicule a sauté sur une mine artisanale déposée par les ennemis de notre peuple » a déclaré le président Roch Marc Christian Kaboré.
« Le véhicule de tête d’un convoi militaire, [parti] de Baraboulé pour Djibo, a sauté sur un engin explosif artisanal », a précisé à l’AFP une source sécuritaire. L’incident s’est produit « au sortird’un pont » dans cette région septentrionale du Burkina Faso. Ce pays sahélien pauvre, frontalier du Mali et du Niger, est confronté depuis trois ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières.
« Défendre l’intégrité du territoire national »
M. Kaboré a adressé ses « condoléances les plus attristées aux forces de défense et de sécurité, aux familles et proches des victimes »« [Ces] attaques lâches et horribles n’entameront jamais notre commune détermination à défendre l’intégrité du territoire national, à rétablir la paix et la sécurité pour le bonheur et la prospérité du peuple burkinabé », a-t-il affirmé.
Dimanche, trois gendarmes avaient été tués dans un accrochage avec des individus armés près d’Inata, dans la même province du Soum, où trois employés d’une mine d’or – un Indien, un Sud-Africain et un Burkinabé – avaient été enlevés.
De nombreuses attaques et explosions d’engins artisanaux (IED) visant les forces de l’ordre se sont également produites ces derniers mois dans la région de l’Est. Mi-août, sept membres des forces de sécurité avaient été tués dans l’explosion d’un IED, quinze jours après la mort de six personnes dans des circonstances similaires. Leur véhicule avait sauté sur un engin artisanal à une trentaine de kilomètres de Fada N’Gourma (chef-lieu de la région de l’Est), alors qu’ils se rendaient en urgence à Pama, localité attaquée par des hommes armés et située à environ 100 km de Fada N’Gourma.
Le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, a promis le 8 septembre de nouvelles « dispositions sécuritaires » pour « éradiquer le fléau du terrorisme », après une série d’attaques dans l’est du pays ayant fait une vingtaine de morts en un mois.

EUROPA : quel est ce livre jaune lu par les migrants ?

  • Mis à jour le 26/09/2018 à 16:01 

  • Publié le 26/09/2018 à 13:39
Il est souvent distribué aux migrants recueillis par les ONG dans les bateaux de sauvetages en route vers l'Europe. Traduit en quatre langues, le guide plonge les nouveaux arrivants au cœur de l'histoire, de la politique, des lois et des coutumes de chaque pays européen.
Un livre sans frontières, riche de 500 pages et traduit en quatre langues. Dans les associations, les foyers pour réfugiés ou les bateaux de sauvetage comme le Proactiva Openarms ou l'Astral, le guide à la couverture jaune se passe de main en main. EUROPA - Une introduction illustrée à l'Europe pour les migrants et les réfugiés est devenu l'ouvrage de «référence» pour expliquer aux migrants «pourquoi l'Europe a décidé d'être ce qu'elle est».
Thomas Dworzak, photographe membre de l'agence Magnum Photos, a eu l'idée de ce guide alors qu'il couvrait la route des migrants dans les Balkans pendant l'automne 2015. «Je me sentais mal placé pour parler de ce sujet. Qu'est-ce que j'aurais pu ajouter? Mon point de vue était inutile», déplore-t-il auprès duFigaro. Au fil de ses reportages, il croise des migrants, désemparés face à l'inconnu et qui s'interrogent sur leur destination: «Certains ne savaient même pas dans quel pays ils souhaitaient se rendre.» Avec l'aide de la journaliste américano-syrienne Alia Malek, il crée un «guide visuel et explicatif» gratuit en quatre langues: l'anglais, le français, le farsi (langue parlée en Iran et en Afghanistan, NDLR) et l'arabe. «Les langues principales de la vague des réfugiés. On aurait pu ajouter l'érythréen...», songe-t-il au téléphone.
«Il y avait des choses bien plus urgentes à traiter» qu'un livre
Mais comment atteindre le public visé: les migrants? Jessica Murray s'est emparée de la question. À la tête de l'association culturelle espagnole Al-Liquindoi, elle a vu en ce projet l'occasion de «faire entendre [sa] voix contre la réaction désastreuse des gouvernements de l'UE face à la crise des migrants».
Au volant d'une camionnette, Jessica Murray a traversé l'Europe. Elle est partie à la rencontre des associations pour distribuer les 5000 exemplaires de l'ouvrage. «C'était un projet compliqué à expliquer. Il y avait une certaine méfiance. Les gens ne comprenaient pas pourquoi je leur parlais d'un livre alors qu'il y avait évidemment des choses bien plus urgentes à traiter», raconte-t-elle au Figaro. Elle est finalement parvenue à le distribuer en Autriche et en Allemagne. Le bouche-à-oreille a fait le reste: «D'après ce que j'ai pu mesurer, il semble que cela ait été très utile pour ceux qui travaillent directement avec les nouveaux arrivants. Cela leur offre quelque chose de ‘physique' à offrir aux personnes qu'ils essaient d'aider et avec lesquelles ils peuvent se connecter.»
Une allégation que confirme Riccardo Gatti, chef de mission pour Proactiva Openarms et capitaine de l'Astral. «Les migrants l'ont lu de façon très intéressée. Ils nous ont dit que les informations contenues dans le livre étaient vraiment utiles et que cela leur permettait d'avoir une très bonne compréhension de la réalité de l'Europe.»
«Donner une réponse à leurs questions à notre manière»
L'instigateur du projet admet qu'un jour «certains thèmes ne seront plus d'actualité» et précise que le projet est ouvert: «Si quelqu'un veut le traduire ou le mettre à jour, il est libre de le faire.»
À travers ce guide, les auteurs ont tenté d'apporter des renseignements aux réfugiés. «Notre but était de donner une réponse à leurs questions à notre manière», précise Thomas Dworzak. L'équipe a donc demandé aux réfugiés ce qu'ils aimeraient savoir: «Et le guide est devenu à la fois pratique et historique.» Le livre, décliné également en ebook sur Internet, retrace notamment toutes les routes migratoires vers l'Europe ainsi que les premiers pays d'accueil.
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Au travers de témoignages écrits à la première personne, le guide revient sur les conflits, la démocratie, le droit au travail, à l'éducation, aux soins, ainsi que les libertés sexuelle, de religion, d'expression, de réunion, etc. «Des citoyens aux résidents en passant par les immigrants, les anciens et les nouveaux réfugiés, ils racontent leurs histoires. Ils reviennent sur les déplacements, les guerres ou encore la solidarité dans les épreuves», souligne Alia Malek au Figaro.
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Le guide apporte aussi des informations pratiques. Il explique aux réfugiés et migrants où trouver les supermarchés, les pharmacies, les boucheries hallal et détaille le fonctionnement des transports publics. «[Que l'on m'explique] les transports c'est très important pour moi parce qu'en Syrie il n'y a pas de train, aucun métro, nous ne connaissons que le bus», admettait une réfugiée syrienne interrogée par Arte en 2016.
https://i.f1g.fr/media/figaro/680x/2018/09/26/XVMc590b22c-c16a-11e8-ad1e-60c1e544ba7a-805x400.jpg
Une fois dans le pays d'accueil, l'ouvrage sert souvent d'outil aux professeurs de langues. «Par exemple, un enseignant en Allemagne peut demander à son groupe de lire le texte en arabe ou en farsi, puis ils discutent du sujet en allemand», explique Jessica Murray.
Histoire, mode de gouvernement, politique, accueil des migrants, «ce livre présente l'Europe aux nouveaux arrivants. Et cela à travers le prisme des migrations et des conflits, afin que l'histoire de l'Europe puisse être racontée aux personnes qui ont fui les terribles guerres en Syrie, en Irak et en Afghanistan (et au-delà)», résume Alia Malek, à l'origine du contenu et la structure du guide. Dédié principalement aux migrants, il a également vocation à rassembler les Européens. «Nous avons voulu leur rappeler leur histoire récente. Nous pensions que les Européens et les nouveaux venus pourraient se reconnaître les uns les autres, ce qui est essentiel pour développer l'empathie.»
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Une mairie squatte un bâtiment public pour reloger des travailleurs migrants

    • Mis à jour le 26/09/18 à 11:05

VIDÉO - À Montreuil (Seine-Saint-Denis), le maire communiste a pris un arrêté de réquisition pour utiliser les 15.000 m² de locaux vides de l’Afpa. Il compte y loger les travailleurs migrants du foyer Bara qui tombe en ruine, faute de réparations.
Aux grands maux, les grands remèdes. Le maire communiste de Montreuil (Seine-Saint-Denis) lassé des discussions infructueuses avec l’État pour la remise en état du foyer Bara destiné aux travailleurs migrants a choisi de les reloger lui-même. Il a affiché ce matin à 6 heures sur les locaux historiques de l’Agence de formation professionnelle des adultes (Afpa) un arrêté de réquisition administrative (voir le deuxième tweet ci-dessous). Immédiatement, 150 des 250 travailleurs migrants du foyer Bara ont pu pénétrer à l’intérieur des locaux, comme le rapporte France Info. «J’en ai marre de la bureaucratie, marre des lenteurs, de cette organisation qui broie les hommes à la fin», a déclaré l’élu à la radio.
Cette décision intervient après deux ans et demi de discussions avec l’État pour tirer les résidents des conditions indignes où ils vivaient. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’élu avait déjà dormi dans le foyer Bara pour dénoncer l’insalubrité des locaux. Il y a constaté une «menace grave, urgente et avérée» pour les résidents du foyer. «Il y a des rats, ils dorment dans des chambres beaucoup trop petites, dans des couloirs, près des toilettes. C’est vraiment horrible», dénonce le maire communiste.
Locaux vides depuis 2015
S’estimant arrivé dans une impasse, sans réponse sur ses dernières propositions, l’élu a choisi de réquisitionner ces 15.000 m² de l’Afpa, des locaux vides depuis 2015 selon les affirmations du maire. L’édile et une partie du conseil municipal ont pénétré dans le bâtiment selon les constatations effectuées sur place. Les CRS ont rapidement encerclé les lieux. «La réquisition a été effectuée à 5h30/5h40 dans des conditions légales en usant de mes pouvoirs conférés par la loi», a annoncé l’élu, Patrice Bessac, dans une vidéo publiée sur son compte Twitter.

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J’ai procédé ce matin à la #réquisition officielle des bureaux vides de l’AFPA, propriété de l’Etat, pour reloger les travailleurs #migrants du #foyer #Bara de #Montreuil.
Ils sont désormais en train de s’installer.

https://pbs.twimg.com/profile_images/798533320611102720/03j2h-on_normal.jpg


J’ai procédé ce matin à la #réquisition officielle des bureaux vides de l’#AFPA, propriété de l’Etat, pour une mise à l’abri des travailleurs #migrants du #foyer Bara de #Montreuil.

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Le rappeur Yamine L'Artiste la joue comme Fianso : le tournage de son clip dégénère à Lyon

  • Publié le 26/09/2018 à 12:08
Le tournage non autorisé d'une vidéo du Marseillais dans le quartier des Minguettes à Vénissieux, dans la banlieue de Lyon, a entraîné onze interpellations notamment pour entrave à la circulation et provocation à un attroupement armé.
C'est vers 16 heure 30 mardi que Yamine L'Artiste, originaire de la cité Air Bel à Marseille, accompagné de Timal, un autre rappeur, débarquent sur les grandes avenues du quartier sensible des Minguettes à Venissieux, dans la banlieue de Lyon, avec des armes et de grosses cylindrées. Ils bloquent la circulation des voitures et du tramway, provoquant un attroupement.
Peu à peu, la tension monte avec des individus qui s'en prennent à un équipage de police et à un tram. Surviennent aussi «des provocations d'individus cagoulés» et un début de saccage d'un magasin alimentaire, détaille-t-on à la préfecture du Rhône, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.
Selon la police, onze personnes ont été interpellées: sept du groupe de rap, dont Yamine L'Artiste, pour entrave à la circulation et provocation à un attroupement armé, et quatre mineurs pour violences et participation à un attroupement armé.
Au total, une soixantaine de fonctionnaires de police, dont une section de CRS, seront mobilisés pendant plusieurs heures, avant un retour au calme vers 20 heures. D'autres tournages non déclarés de rap à Vénissieux avaient déjà dégénéré l'an dernier. En février 2017, 200 jeunes se sont opposés aux forces de l'ordre dans le cadre lors d'un enregistrement d'un clip d'Elams.
En avril 2017, dans la même veine, le rappeur Fianso, 30 ans, bloque l'autoroute A3 à hauteur d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour y tourner, sans autorisation, le clip de Toka, un morceau de son dernier album Bandit saleté. Au début de la vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, Fianso est filmé assis sur la portière d'une voiture. On le voit demander à plusieurs autres véhicules de rouler doucement, puis de stationner en rang au milieu de la route, en bloquant les voies de circulation. Fianso avait été condamné en janvier 2018 à à 4 mois de prison avec sursis et 1500 € d'amende
Yamine L'Artiste commence progressivement à se faire une place dans le monde du rap. En 2016, c'est en interprétant la bande originale du film ChoufTraficante, qu'il s'est fait connaître.
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Notre ancêtre Homo sapiens n'est pas issu d'une seule population africaine (25.09.2018)

  • Mis à jour le 26/09/2018 à 11:20 

  • Publié le 25/09/2018 à 19:26
VIDÉOS - Nos ancêtres auraient évolué à partir de populations dispersées à travers toute l'Afrique et non à partir d'un seul petit groupe localisé comme on avait pu le penser par le passé.
Jusqu'il y a une dizaine d'années, une théorie populaire soutenait que nos ancêtres directs étaient les descendants d'une seule population venue d'Afrique. Plusieurs hypothèses s'affrontaient alors pour situer le berceau de l'humanité soit en Afrique du Sud, soit dans le rift est-africain. Comme souvent, l'histoire serait sans doute un peu plus complexe que cela. Dans un article publié en juillet dernier dans la revue Trends in Ecology and Evolution , une équipe pluridisciplinaire menée par Eleanor Scerri de l'Université d'Oxford argumente que les populations qui ont donné naissance aux humains modernes étaient en fait réparties en plusieurs groupes présentant une diversité culturelle et physique très marquée. Ces dernières se seraient mélangées à diverses reprises avant d'effectuer une sortie d'Afrique décisive il y a 150.000 ans environ.
Découverte du plus ancien Homo sapiens hors d'Afrique
Le fossile d'un ancêtre de l'homme moderne datant d'il y a 180.000 ans a été retrouvé dans une grotte en Israël.
«Nous sommes face à une pièce de théâtre dont on connaît la première scène (plusieurs espèces humaines se sont côtoyées, NDLR) et la dernière scène (nous appartenons aujourd'hui tous à la même espèce, NDLR)» explique Francesco d'Errico, directeur de recherche au laboratoire Pacea (CNRS/Université de Bordeaux) et coauteur de la publication. «Tout le reste, on doit le comprendre à partir de découvertes qui sont encore à faire.»
Il y a plusieurs centaines de milliers d'années, avant l'apparition de l'homme moderne, le genre humain était multiple et plusieurs espèces d'hominines peuplaient la surface du globe. Une première population est sortie d'Afrique, il y a au moins 1,5 million d'années. Celle-ci a été suivie par plusieurs autres vagues migratoires, jusqu'à la sortie de nos ancêtres, il y a environ 150.000 ans. Ces derniers se sont ensuite répandus sur toute la surface du globe, supplantant toutes les populations antérieures. «Les analyses génétiques montrent très clairement que ce schéma est irréfutable», réagit Céline Bon paléogénéticienne au Musée de l'Homme.
Une humanité buissonnante
La publication d'Eleanor Scerri permet de réunir dans un même cadre global plusieurs découvertes récentes. En 2016, on découvrait au Maroc des restes de population Homo sapiensvieux de 300.000 ans. Il y a quelques mois, un article paru dans la revue Science, dont Francesco d'Errico était aussi co-auteur, montrait l'existence de populations avec des comportement modernes à la même période dans le bassin d'Olorgesailie au Kenya, en Afrique de l'Est. «Il y a moins de 500.000 ans, les hominines ont commencé à se moderniser en Afrique en différents points,» raconte Francesco d'Errico. «Ces populations étaient sans doute interconnectées, mais les liens restaient très fragiles et sensibles aux changements climatiques, au faible taux de reproduction et à la petite taille des groupes.»
Cette connexion semble intrinsèque à l'histoire humaine. Notre diversité génétique est ainsi extrêmement faible comparé aux autres. Il y a plus de différences entre deux groupes de chimpanzés qu'entre les plus éloignés des êtres humains. «Notre espèce est très jeune, à peine quelques centaines de millier d'années», détaille Céline Bon. «Aucune population ne s'est retrouvée isolée suffisamment longtemps pour se différencier. On a même des preuves génétiques que des populations européennes sont retournées sur le continent africain il y a 5000 ans seulement!»
La notion d'espèce de plus en plus complexe
Avant qu'Homo sapiens ne prennent le dessus sur les autres populations, l'humanité était donc extrêmement diverse et buissonnante. Des espèces différentes se côtoyaient et même s'hybridaient les unes aux autres. Il y a de fortes chances pour qu'une partie de ces espèces nous soient d'ailleurs encore inconnues. «C'est un élément qui rend compliqué notre compréhension de la période» explique Céline Bon. «La définition d'espèce est différente selon que l'on se place du point de vue génétique ou paléontologique.» Ce que nous voyons comme deux espèces distinctes sur le plan morphologique peut en réalité constituer une même espèce sur le plan génétique. Des populations plus ou moins éloignées ou en cours de spéciation restent souvent interfécondables.
Au final, le développement d'un réseau de connexions entre les différents individus a contribué peu à peu à atténuer les différences. «Il y a eu un goulot d'étranglement quand nos ancêtres directs sont sortis d'Afrique,» raconte Céline Bon. «On retrouve ce rétrécissement dans la diversité génétique de toutes les populations hors d'Afrique. En revanche, les populations africaines ont gardé une richesse et une diversité génétique bien plus importante. Ce qui montre qu'elles étaient sans doute plus nombreuses et plus diversifiées sur ce continent que nous ne le pensions.» Quant à savoir comment les populations ont petit à petit disparu au profit de la nôtre, que nous les ayons remplacées ou exterminées, le débat reste ouvert et la réponse est sans doute différente pour chacune d'entre elles.
FOCUS : L'Homo sapiens prend un coup de vieux !
Une équipe internationale, menée par le Français Jean-Jacques Hublin, a identifié au Maroc les plus vieux ossements d'Homo sapiens, datant de plus de 300.000 ans. Focus se penche sur cette découverte majeure avec le journaliste Jean-Luc Nothias.
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Des retards de paiement au Qatar pour certains travailleurs préparant le Mondial 2022

LE SCAN SPORT - Amnesty International s'insurge contre le traitement d'ouvriers au Qatar, pour la construction de structures en vue de la Coupe du monde 2022.
Une enquête qui fait froid dans le dos. L'organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty International a dévoilé mercredi que le traitement des employés sur les chantiers du Mondial 2022, au Qatar, ne s'améliorait pas. Et ce malgré le fait que le Qatar ait annoncé un programme de réformes du droit du travail l'an dernier. «Malgré la signature de cet accord, de nombreux employés de Mercury MENA (ndlr: l'entreprise en charge de la construction des structures) sont restés bloqués sans percevoir leur salaire dans des logements sordides, inquiets quant aux moyens de se procurer leur prochain repas et quant à la possibilité de rentrer chez eux un jour, dans leurs familles», révèle l'ONG.
Cette dernière a ainsi interrogé 78 anciens employés de Mercury MENA originaires d'Inde, des Philippines et du Népal. Ils auraient des arriérés de salaires de 1.700 euros, non payés. Pour certains, cela représente l'équivalent de 10 mois de salaire. «Les retards dans le versement des salaires par Mercury MENA ont débuté aux environs de février 2016 et sont devenus plus récurrents et définitifs en 2017», poursuit l'ONG. Elle insiste aussi sur ces droits non respectés, comme le fournissement de permis de séjour, ce qui a provoqué l'interdiction d'au moins un travailleur de rentrer chez lui. «Les employeurs peuvent toujours empêcher les employés de changer d'emploi au Qatar, et ce parfois pendant cinq ans, indique Amnesty International. Ceux qui changent d'emploi sans autorisation de leur employeur sont accusés de ‘‘fuite'', infraction pénale qui peut aboutir à leur arrestation ou leur expulsion.»
Le gouvernement népalais responsable de l'exploitation de ses ressortissants
L'organisation de défense des droits de l'Homme fustige également le gouvernement népalais. Ce dernier serait responsable de l'exploitation de ses ressortissants au Qatar, en raison de «frais exorbitants pour leur trouver des emplois». «Ils se retrouvent alors surendettés, et il leur est difficile d'échapper aux conditions qui s'apparentent à de l'exploitation ou de les contester», explique Amnesty International. Cette dernière révèle même que certains de ces travailleurs népalais «avaient été contraints de vendre des terres ou de retirer leurs enfants de l'école afin de payer les dettes». Ces révélations font écho aux documents confiés au quotidien britannique The Guardian par l'ambassade du Népal en 2013, dans lesquels on apprenait la mort d'au moins 44 ouvriers népalais sur les chantiers. L'ambassadeur du Népal qualifiait alors le Qatar de «prison à ciel ouvert», comparant les conditions des ouvriers à de l'esclavage,
Amnesty International conclut en demandant «aux gouvernements de ces deux pays (Qatar et Népal) d'aider les anciens employés de Mercury MENA à obtenir justice et à recevoir l'argent qui leur est dû, et de prendre des mesures afin que cette situation ne se répète pas». La FIFA a rapidement réagi et dénoncé un rapport «fallacieux», estimant qu'il n'est «en rien lié à la FIFA et à la Coupe du monde 2022». Dans un communiqué, le ministère qatari du Travail a déclaré que Mercury MENA ne travaillait plus dans le pays et qu'une enquête était en cours avec de possibles conséquences juridiques. Les pratiques soulignées par Amnesty International «ne sont pas tolérées par l'Etat du Qatar», a affirmé le ministère.
Avec AFP
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«Pendez les Blancs» : Collomb exige le «retrait sans délai» d'un clip de rap (26.09.2018)

  • Mis à jour le 26/09/2018 à 15:44 

  • Publié le 26/09/2018 à 15:09
LE SCAN POLITIQUE - Le ministre de l'Intérieur a «condamné sans réserve (les) propos abjects et (les) attaques ignominieuses» de Nick Conrad. La Licra et plusieurs responsables politiques étaient déjà montés au créneau.
Les paroles sont on ne peut plus claires. Dans sa chanson PLB, dont le clip a été publié sur YouTube le 17 septembre dernier, le rappeur Nick Conrad interprète ce qui s'apparente a minima à une incitation à la violence, voire à un appel au meurtre. «Pendez les Blancs», exhorte-t-il. «Je rentre dans des crèches je tue des bébés blancs. Attrapez-les vite et pendez leurs parents, écartelez-les pour passer le temps divertir les enfants noirs de tout âge petits et grands. Fouettez-les fort faites-le franchement, que ça pue la mort que ça pisse le sang», martèle-t-il encore.
Ces propos ont suscité la colère d'une partie de la classe politique, à commencer par la droite et l'extrême droite, dont plusieurs responsables sont montés au créneau. Leur levée de boucliers a été telle que le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a été contraint de réagir immédiatement sur Twitter. «Je condamne sans réserve ces propos abjects et ces attaques ignominieuses. Mes services œuvrent au retrait sans délai des contenus diffusés. Il appartiendra à l'autorité judiciaire de donner les suites appropriées à ces odieux appels à la haine», a annoncé le locataire de la Place Beauvau en début d'après-midi.



#NickConrad : je condamne sans réserve ces propos abjects et ces attaques ignominieuses.
Mes services œuvrent au retrait sans délai des contenus diffusés.
Il appartiendra à l’autorité judiciaire de donner les suites appropriées à ces odieux appels à la haine.
Avant lui, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, était intervenu sur RTL pour s'indigner contre ce qu'il qualifie d'«appel au meurtre». «Je n'en appelle pas seulement au parquet de Bobigny mais à la garde des Sceaux, Mme Nicole Belloubet. C'est intolérable. Il y a des propos que l'on ne doit pas tenir car c'est une incitation à la haine raciale, c'est une provocation au crime», s'est-il inquiété. Même tonalité pour le questeur LR de l'Assemblée nationale, Éric Ciotti. «Quelle ignominie! Le rappeur prédicateur de haine (...) doit être poursuivi et très lourdement condamné», s'est-il insurgé sur Twitter.
Idem au Rassemblement national, dont la présidente Marine Le Pen a elle aussi utilisé le réseau social pour publier un message signé de ses initiales. «Alors que de nombreux compatriotes subissent un racisme anti-blanc dont aucun expert autoproclamé ni média ne parle, cette provocation ne doit pas rester impunie. Il n'y a rien d'artistique dans ce qui est purement et simplement un appel à la haine et au meurtre!», a-t-elle fustigé. «Je demande à Gérard Collomb, Nicole Belloubet, SOS Racisme et la Licra de réagir immédiatement contre cette haine intolérable», avait déjà réclamé le député Gilbert Collard.




"Pendez les blancs" : le rappeur @jazzconrad appelle au meurtre des blancs dans son dernier clip immonde. Je demande à @gerardcollomb @NBelloubet @SOS_Racisme @_LICRA_ de réagir immédiatement contre cette haine intolérable.
Dans un communiqué, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme a estimé que «l'appel au meurtre raciste du clip de Nick Conrad est abject et d'une violence inouïe». «La liberté de création, ce n'est pas la liberté d'appeler à pendre des Blancs à raison de la couleur de leur peau», poursuit le texte, précisant que «la LICRA saisit la justice et sa commission juridique». Sur Twitter, l'association a également relevé que Dieudonné M'Bala M'Bala avait soutenu Nick Conrad via une déclaration publiée sur sa page Facebook. «Le rappeur Nick Conrad a les amis qu'il mérite. CQFD», dénonce-t-elle.


Trump pose les bonnes questions, Macron donne les mauvaises réponses
Devant l'ONU, les dirigeants du monde ont joué cartes sur table
 - 26 septembre 2018
Emmanuel Macron et Donald Trump à l'Assemblée générale de l'ONU, septembre 2018. SIPA. 00877026_000037 / 00877026_000040

Les grands de ce monde ont joué cartes sur table. Devant l’ONU, ils ont clairement exposé les clivages internationaux. Et quand Donald Trump a fait preuve de réalisme, Emmanuel Macron a péché par idéalisme.

Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, les discours ont été à plus d’un titre exceptionnels, mardi 25 septembre. Le secrétaire général, Antonio Guterres, dont on connaît le parti pris doctrinaire, avait pourtant ouvert, quoiqu’à mots couverts, les débats de façon très polémique, ce qui est contraire à sa fonction.
Si les discours des chefs d’Etat ont été si singuliers, ce n’est pas tant par leurs qualités intellectuelles que parce qu’ils ont montré au grand jour et sans faux semblants la totalité des clivages qui parcourent la planète. Clivages politiques (par rapport au Vénézuela socialiste), géopolitiques et religieux (vis à vis de l’Iran), écologiques (tentative par la France d’isoler les Etats-Unis !), militaires et économico-politiques.
Le protectionnisme contre le reste du monde
Sur le terrain de l’économie, une fois encore, le conflit a été parfaitement désigné entre le multilatéralisme et… le reste, parfois nommé bilatéralisme, unilatéralisme, patriotisme, nationalisme (sans oublier les récurrents « autarcisme » et « repli sur soi »). Le fait que le conflit idéologique (devenu très brutal sur le terrain) soit clairement désigné ne signifie pas pour autant qu’il a été bien exposé et bien débattu. La sempiternelle reductio ad Hitlerum qui accompagne tout discours contre le protectionnisme ne suffira jamais à remplacer un vrai débat sur l’idée de protection d’un système national économique et social. De ce point de vue on ne peut être que frustré de la prestation d’Emmanuel Macron. Le fait que tant d’orateurs perdent leurs nerfs sur ce sujet révèle une impuissance intellectuelle qui devrait susciter le recours aux analyses et débats de vrais intellectuels. La fameuse phrase : « La philosophie du protectionnisme, c’est la philosophie de la guerre » doit être restituée à son auteur, Ludwig von Mises, et dans le sens qu’il lui avait donné entre les deux guerres. Tout ceci, en définitive, doit conduire irrésistiblement à revenir à la définition de l’économie par sa fonction.
Puissance et impuissance des grands de ce monde
Donald Trump de son côté a distribué les bons points à ses alliés (Pologne, Israël, et même, en prenant des risques, Corée du Nord) et les cartons rouges à ses ennemis (Iran, Venezuela, et ses deux millions de réfugiés, pour lequel il a demandé à juste titre une action forte de l’ONU). Il a également réaffirmé l’attachement de son administration à la doctrine Monroe qui fait des Amériques la chasse gardée des Etats-Unis et implique que ces mêmes Etats-Unis n’interfèrent pas dans les affaires européennes ou du reste du monde ; en omettant toutefois de préciser qu’il entendait cette doctrine à la lumière du « corollaire Roosevelt », c’est à dire en se réservant d’intervenir partout où les intérêts des Etats-Unis seraient menacés.
Le discours, énervé, d’Emmanuel Macron manquait lui de fond et de réalisme. La phrase, « ne signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’accord de Paris », sitôt proférée, paraissait comme un capricieux et velléitaire aveu d’impuissance.
Mal à l’aise sur la question migratoire, si explosive en France, alors que le président américain, fidèle à sa ligne, avait déclaré ne pas vouloir soumettre la volonté démocratique du peuple américain sur ces questions à des instances extérieures, Emmanuel Macron donnait des explications embrouillées sur l’incident de l’Aquarius. Puis il ajoutait quelques vieux poncifs sur la santé, la scolarisation, l’égalité hommes-femmes comme solution aux flux migratoires.
Malheureusement, de ces débats fondamentaux la plupart des médias n’ont retenu que les rires de l’assistance quand Donald Trump, en campagne électorale, a fait son auto-promotion.
Quand le tweet montre la lune l’idiot regarde le tweet.



Malek Boutih: « Les Juifs ne sont pas en sécurité en France »
Trois questions à l'ancien député PS
 - 24 septembre 2018
579PARTAGES
Malek Boutih à l'Assemblée nationale, janvier 2016. SIPA. 00738530_000047

Trois questions à Malek Boutih, ancien député PS, à propos de l’antisémitisme en France.

Causeur. L’antisémitisme est-il une réalité aujourd’hui en France ?
Malek Boutih. Les juifs ne sont pas en sécurité. Il y a une confusion dans les statistiques du fait qu’elles ne prennent pas en compte la crainte dans laquelle vivent les juifs, les menaces proférées contre eux, du fait aussi qu’ils doivent, dans leurs sy
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Juifs de banlieue: la fuite vers l’ouest
Un nouvel antisémitisme musulman sévit en banlieue et pousse de nombreux juifs à partir
 - 24 septembre 2018
Enquête de police après l'incendie d'un supermarché Hyper Cacher à Créteil, déjà ciblé par des tags antisémites, 9 janvier 2018. ©Alain Jocard

Depuis la deuxième Intifada, un nouvel antisémitisme musulman sévit en banlieue, notamment en Seine-Saint-Denis. Aggravé par la montée du salafisme, ce phénomène pousse un nombre croissant de juifs à migrer vers l’ouest dans des villes où ils peuvent se regrouper. Avec la bénédiction des autorités qui ne peuvent pas garantir la sécurité de familles isolées. Reportage.

Ce n’est pas un retour aux années 1930, mais le phénomène est inquiétant : le « nouvel antisémitisme » qui sévit dans la banlieue de l’Est parisien oblige, chaque année, des familles juives à fuir leurs quartiers pour trouver refuge ailleurs, plus à l’ouest, parfois à quelques kilomètres de « chez eux », parfois en Israël, parce que leur quotidien est devenu invivable.
Insultes, intimidations, vandalisme, graffitis, quelquefois agressions physiques… Voici ce à quoi sont confrontés les juifs de plusieurs villes de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et du Val-d’Oise, puisque même à Sarcelles, les relations entre juifs et musulmans, réputées jusqu’ici pour leur cordialité, commencent à se fissurer.
« On se fait cracher dessus, on nous balance des canettes »
En effet, ce qu’on appelle nouvel antisémitisme est le fait de jeunes musulmans, comme le montrent les multiples témoignages recueillis cet été par Causeur. Son apparition coïncide avec la deuxième Intifada palestinienne, survenue à plus de 4 000 km de là, comme si les juifs, quel que soit leur degré d’attachement à Israël, demeuraient redevables d’événements dont ils ne sont pas responsables. Il coïncide également avec la montée du salafisme, perceptible dans de nombreuses villes de France, depuis une vingtaine d’années.
« En dix ans, la communauté a diminué de moitié, de 800 familles à 400. Les juifs partent au fur et à mesure de l’islamisation de la ville, qui a libéré la parole, témoigne le docteur David Rouah, président de la communauté de Vitry-sur-Seine (94). Quand on sort de la synagogue, on se fait cracher dessus, on nous balance des canettes, des œufs, des tomates. Motos et voitures nous klaxonnent. On nous crie “Allahou Akbar”. Ici, le mal de vivre est quotidien. »
Quid des relations idylliques vantées par certains médias ? Ce médecin sexagénaire, parfait arabophone, qui soigne le président et l’imam de la mosquée, soupire : « Quand il y a un événement politique en Israël, des musulmans s’en prennent aux juifs. Mais quand il se passe quelque chose en Syrie, ils ne bougent pas. Les juifs d’ici veulent déménager. Ceux qui restent, ce sont les pauvres, ceux qui n’ont pas les moyens de mettre leurs enfants dans une école privée ou de déménager. Juif et pauvre. La double peine, en somme. »
« On a pourtant vécu deux mille ans avec les Arabes au Maghreb. J’ai de bons rapports av
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Faut-il bannir les polémistes les plus virulents?
Pour mieux s'entendre, raisonnons par l'absurde!
 - 25 septembre 2018
Eric Zemmour et Hapsatou Sy. ©Captures d'écran Youtube
Les polémistes font feu de tout sujet – l’immigration, les OGM, la couleur des rideaux – mais n’éclairent personne. Ils déchaînent les mots et les émotions. Et pour cause, ils ne visent pas tant à opposer les idées que les personnes, en personnifiant les premières. Face aux polémiques qu’ils entretiennent, on s’offusque, on se délecte, on s’agite. Et on finit campé sur ses positions initiales. Faut-il pour autant bannir les polémistes les plus virulents? En dehors de ce que prévoit la loi, non ! Car bon gré mal gré, et précisément parce qu’ils cristallisent notre attention, ils peuvent s’avérer très utiles au débat public. A condition toutefois que l’on sache leur répondre. Comment ? Donnons d’abord un exemple, à la manière de La Fontaine.
Pour réconcilier le coq et l’oie…
Dans une basse-cour, une oie et un coq se tiraient la bourre. « Les canards sont trop bruyants !, se plaignait la première. La basse-cour n’est plus ce qu’elle était ! ». Et au coq de répondre : « Oh comme vous y allez ! Moi-même je pousse la chansonnette au petit matin. Dans une basse-cour digne de ce nom, chacun a le droit de s’exprimer ! ». « Vous n’êtes qu’un pleutre hypocrite ! », lançait l’oie, agacée. « Et vous un despote complexé ! », rétorquait le coq, pas moins irrité. Et bientôt, les coups de bec fusaient de toutes parts.
Le même tohu-bohu se reproduisait chaque matin. Jusqu’au jour où une pintade, fort avisée, décida de raisonner séparément les deux belligérants. A l’oie, elle lui murmura : « La prochaine fois, dites au coq que vous admettez que chacun ait le droit de s’exprimer. Puis demandez-lui si ce droit ne doit souffrir d’aucune limite, même aux heures de la nuit. » Et au coq, la pintade lui susurra : « La prochaine fois, dites à l’oie que vous admettez que les canards soient trop bruyants. Puis demandez-lui comment elle compte les faire taire et pourquoi eux seulement. » Le lendemain, la basse-cour aperçut le coq et l’oie se croiser. Un étrange spectacle se produisit alors. Après quelques échanges, le coq eut un air penaud. Il semblait concéder que des règles collectives seraient nécessaires. A son tour, l’oie parut confuse. Elle semblait admettre qu’une censure totale et réservée aux canards serait injuste. Bientôt, toute la basse-cour prit part au débat, les canards compris, et il fut décidé que nul animal, en dehors du jour, ne pourrait désormais cancaner, caqueter, glousser, siffler ou chanter. De quoi apaiser durablement notre petite société à plumes.
…raisonnons par l’absurde !
Cette fable donne à voir le principal carburant des polémiques : la contradiction. En opposant frontalement leurs visions, et d’entrée de jeu, le coq et l’oie se sentent tous deux incompris et attaqués. L’échange devient rapidement une bataille d’egos, et n’aboutit à rien. Cette fable exhibe aussi un formidable extincteur de polémiques : l’approbation temporaire. Cette disposition intellectuelle consiste à taire votre propre point de vue et à adopter, aussi longtemps que nécessaire, le point de vue adverse. Pourquoi donc ? Comme le conseille la pintade, il s’agit alors d’amener votre interlocuteur à préciser le plus clairement possible les contours et les implications de son point de vue. Car ainsi, deux issues se dessinent. Soit le point de vue adverse finit par s’effondrer de lui-même, sous le poids de ses propres incohérences, confusions ou vices. Soit, le point de vue adverse révèle, à vous-même et peut-être même à votre interlocuteur, une pertinence, un intérêt ou une justesse insoupçonnée. Dans un cas comme dans l’autre, la discussion offre à chacun la possibilité de faire évoluer ses conceptions, en toute dignité. Cet exercice a vocation, bien entendu, à s’appliquer aussi à votre propre point de vue.
Il ne s’agit là ni d’un artefact rhétorique, ni d’une affaire de connaissances, mais bien d’un type de raisonnement. En mathématiques, on appelle cela le raisonnement par l’absurde : pour rejeter un énoncé A, on admet d’abord qu’il soit vrai, et on décline ses conséquences jusqu’à – le cas échéant – aboutir à une impasse logique. Pour éviter les guerres de tranchées, et l’usure qu’elle installe dans nos sociétés, voilà un type de raisonnement qui mériterait d’être mobilisé plus souvent. L’absurdité n’est pas toujours là où on le croit !



« L’apocalypse semble être devenue une quasi-certitude scientifique »
Entretien avec Bertrand Vidal, auteur de "Survivalisme, êtes-vous prêts pour la fin du monde?"
 - 23 septembre 2018
Norman Reedus, alias Daryl, dans la série The Walking Dead. SIPA. AP21311436_000005

Dans son livre Survivalisme, Êtes-vous prêts pour la fin du monde ?, le sociologue Bertrand Vidal analyse le curieux mouvement de préparation à l’apocalypse qui prend une nouvelle dimension sur la toile. Entre défiance de l’urbain et effondrement de l’idée de progrès, le survivalisme est un révélateur de certaines des peurs de nos sociétés contemporaines.

Causeur. Pour commencer, c’est quoi le survivalisme ?
Bertrand Vidal. Le survivalisme désigne une pratique, mais aussi un mode de vie : se préparer à un futur négatif, en tout cas à des crises, des accidents, des catastrophes.
C’est un terme qui est né dans les années 60, inventé par un libertarien de l’extrême droite américaine. Il s’appelait Kurt Saxon et voulait désigner par là ce que l’on doit faire pour se préparer aux crises, ce dont on n’est, selon lui, plus capable dans les années 60. A l’époque, pour Saxon, les crises, c’est essentiellement une menace communiste et migratoire. Pour lui, l’Américain doit retrouver le modèle de pionnier du Far West, savoir se débrouiller – excusez-moi l’expression – avec sa bite et son couteau.
D’après Saxon, pour survivre aux menaces, il fallait savoir faire cuire ses haricots, avoir toujours une arme sur soi, etc. Alors que pour Don Stephens, un éco-architecte par qui il était assisté dans ses séminaires, il fallait avant tout se retirer loin des villes, parce que c’est en ville que résident tous les dangers. Pour ce survivalisme marqué par la menace de la guerre froide, si une bombe tombait, elle allait forcément tomber en ville. Il fallait donc la fuir.
Que recouvre aujourd’hui la notion de survivalisme ? Comme vous le décrivez, il y a eu un déplacement dans les publics, les contenus proposés aux néo-adhérents…
Aujourd’hui, les peurs ont changé. C’est notamment la crise de 2008 qui a fait évoluer le mouvement du survivalisme en néo-survivalisme. La crise avait touché tout le monde, donc tout le monde pouvait devenir survivaliste. Il n’était alors plus important d’être un WASP (White Anglo-Saxon Protestant) pour être survivaliste quand tout le monde pouvait être touché. Ce néo-survivalisme ne va plus nécessairement s’attarder sur une grande apocalypse nucléaire, mais aussi sur les micro-crises : comment faire si je perds mon emploi, comment faire si j’ai un accident de la route au milieu de la campagne, etc. La philosophie un peu xénophobe et suprématiste du survivaliste terré dans son bunker a donc disparu. Maintenant, on voit apparaître des pratiques plus écolos, qui vont parfois jusqu’au zadisme.
Être survivaliste aujourd’hui – c’est pour cela que j’ai parlé d’enromancement dans mon livre – c’est aussi faire de la prospective, se raconter des histoires. Ce qu’il y a d’essentiel, c’est de s’exprimer sur des blogs, des chaînes Youtube, ou de se mettre en scène en situation de survie : « comment je suis capable de faire un feu avec des morceaux de cailloux et de bois », ou avec mon fire steel, cet instrument qui permet de faire une étincelle. Il y a donc un changement de dimension, un changement de pratique, mais certaines idées résistent chez les survivalistes, notamment la peur du monde urbain. Dans le fond, il faut toujours retrouver le sauvage, le primitif qui sommeille en soi. Cette fois, ce n’est plus parce que des bombes vont tomber sur la ville, mais parce que la ville fait de nous des assistés, des « prisonniers du confort ».
Il semblerait que le survivalisme soit lié à un individualisme très fort : c’est l’homme qui, face aux catastrophes, face à la nature en fait, va se débrouiller seul et parvenir à survivre. Est-ce que c’est vraiment le cas ?
A l’origine, oui, notamment chez Kurt Saxon. Il y avait l’idée que seul un individu pourra survivre, et aussi cette haine, voire cette peur de l’autre, un ennemi à la survie. Il fallait vivre le plus loin de tout. Mais aujourd’hui, et c’est en cela que je note un changement, les survivalistes contemporains ne sont plus individualistes. Il en reste, mais ceux que j’ai rencontrés et étudiés sont désireux de partager. Le Réseau survivaliste francophone est vraiment pour moi le centre de cette mutation d’un individualisme à quelque chose de plus ouvert, de plus collectif, qui est calqué sur l’American Network To Survive (ANTS), qui reprend le même symbole, la fourmi, et qui s’organise en colonies. L’ANTS, c’est un lieu d’échange d’angoisses et d’astuces, de conseils de survie, etc.
Comment expliquer ce changement ?
Dans leur vision de l’avenir, dans leur futurologie noire, les survivalistes se disent : si je suis le seul à survivre, si je suis le seul à avoir ma base autonome, bien équipée avec l’électricité, l’eau… eh bien peut-être que mon conjoint et mes enfants, peut-être que mes voisins, mes amis, vont devenir des ennemis à ma survie, ce qu’ils appellent des « zombies ». Les néo-survivalistes partagent donc leurs angoisses, sur les réseaux sociaux et dans les stages de survie, mais aussi et surtout leurs astuces : quel est le meilleur coin pour la survie en France, en Europe, aux Etats-Unis… Énormément de sites conseillent par exemple la Nouvelle-Zélande. Quand on fait une base autonome durable, on ne la fait donc plus seul, on implique sa famille, ses voisins… Le jour où ça ira mal, on aura ainsi moins d’ennemis.
Pour être concret, il est assez drôle de voir que les survivalistes ont développé tout un vocabulaire particulier – originellement en anglais – qui signe ces milieux. Par exemple, qu’est-ce que c’est qu’un BOB ?
Bug Out Bag. C’est ce sac que l’on va préparer et mettre chez soi ou dans sa voiture, et qui va contenir les essentiels pour pouvoir vivre après l’événement catastrophique. Il y a des génériques dans le BOB : certains youtubeurs, notamment Volwest, un acteur francophone de la sphère survivaliste, édictent des règles, comme les « 5 C » : une corde, un couteau, un contenant, un combustible  et une couverture. Le BOB est un élément essentiel pour le survivaliste, il va contenir tout un univers idéalisé de survie. Ce vocabulaire particulier est parfois un peu paramilitaire – les militaires aiment beaucoup utiliser des acronymes – parce que c’est une culture un peu guerrière, qui se prépare à un affrontement final.
Ce qui est intéressant dans ce phénomène-là, et c’est même l’essence de la chose, c’est qu’il y a une dimension pratique extrêmement importante, c’est-à-dire que ce n’est pas seulement un discours développé sur la fin du monde : il y a une préparation. Les peurs de l’apocalypse, on en a eu tout au long de l’histoire… Comment expliquer cette préparation, alors qu’avant on se contentait d’attendre et de prier ?
Le survivaliste vit un enromancement du monde, dans un imaginaire. Cet imaginaire, ce n’est pas le faux, ce n’est pas l’irréel, c’est une manière de concevoir et de recevoir la réalité. On peut le voir en politique, tous les partis sont gouvernés par des imaginaires bien particuliers, et eux aussi mettent en pratique ces visions qu’ils ont du monde. Chez les survivalistes, c’est exactement pareil : ils mettent en pratique ces visions angoissantes et angoissées du monde. Simplement, ils ne partagent pas le même imaginaire que nous, les urbains, « les assistés du confort », diraient-ils. Nous avons confiance dans l’avenir. Eux, au contraire, se mettent en ordre de marche pour se préparer à leur angoisse.
On peut comparer cet enromancement à la chevalerie au Moyen-Âge : les chevaliers jouaient au roi Arthur. Ils s’inventaient déjà des noms comme le font les survivalistes : la plupart des survivalistes qui agissent sur la toile ont un pseudo ; ils avaient des armoiries, chez les survivalistes c’est la fourmi (« ils sont des cigales, nous sommes les fourmis ») ; et ils se mettent en situation de survie, vont participer à des stages, préparent leur BOB, consolident leur maison, vont faire leur petit potager en permaculture… C’est un imaginaire efficient qui va produire des effets dans le réel et le quotidien du survivaliste.
Cet imaginaire apocalyptique ne se développe pas seulement chez les survivalistes.  Il y a notamment la recrudescence des séries et films dystopiques…
Il y a effectivement des feedbacks entre la culture survivaliste et la culture contemporaine, l’air du temps, en fait. Je pense sincèrement que nous ne croyons plus au grand mythe du progrès, qui nous animait jusqu’alors, qui soutenait toutes les grandes utopies politiques, scientifiques, industrielles, techniques… C’est un mythe qui naît au XVIIème, XVIIIème siècle, et qui considérait que demain serait meilleur qu’aujourd’hui. Ce qui a fécondé les rêves et les espoirs de l’humanité, la possibilité du communisme, la possibilité, comme le disait Condorcet, de la mort de la mort… Aujourd’hui, on n’est plus du tout dans cette idée-là : on est dans un imaginaire du regret, du « c’était mieux avant », et, en tout cas, on ne voit plus dans l’avenir des lendemains qui chantent. C’est pour cela qu’il y a cet échange entre la culture survivaliste et la culture populaire.
Certains discours scientifiques – vous évoquez le cas de l’horloge de l’apocalypse par exemple – alimentent eux aussi l’affolement…
L’exemple de l’horloge de l’apocalypse (« Doomsday Clock ») tient vraiment à un discours particulier… Les scientifiques atomistes de Chicago qui l’ont créée en 1947 voulaient nous avertir de la possibilité d’une fin du monde. Pour ce faire, ils ont élaboré des instruments censés mesurer l’imminence d’un cataclysme, voire de l’extinction de l’humanité. Par exemple, lorsque Donald Trump a été élu à la présidence des Etats-Unis, l’horloge, dont minuit symbolise la fin du monde, a été avancée. Actuellement, nous sommes à 2 minutes avant minuit – jamais l’horloge n’avait laissé aussi peu de temps à l’humanité. Mais, au lieu de nous avertir ou de nous laisser un espoir, cet instrument nous plonge dans une angoisse inédite dans l’histoire.
Le discours scientifique contemporain a pris la place des anciens mythes de fin du monde. Comme si l’apocalypse n’était plus de l’ordre d’une croyance religieuse mais était devenue une quasi-certitude scientifique. Regardez le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les Accords de Paris… Au-delà de deux ou trois degrés supplémentaires, nous entrons dans l’apocalypse climatique. Aujourd’hui, plus rien ni personne n’échappe à l’angoisse, même les plus hautes autorités scientifiques… Et nous sommes bel et bien obligés de vivre avec.  Une sorte d’épée de Damoclès qui flotte au-dessus de nos têtes et qui est sans cesse relayée et même amplifiée par la science.
Au-delà du survivalisme, est-ce qu’on ne constate pas dans toute la société une renaissance de l’idée de « retour à la nature », dans un monde de plus en plus dominé par la technique ? De l’écologie à, justement, des mouvements comme le survivalisme ?
Nous vivons un grand renversement. En fait, derrière ce climat catastrophiste, des prévisions scientifiques de l’horloge de l’apocalypse à la multiplication des séries, des films, des comics et des œuvres culturelles sur la fin du monde, il y a la mise en cause, dans notre imaginaire social, des bienfaits du progrès : science, industrie, technique… Aujourd’hui, tout ce qui est synonyme de progrès nous fait peur : la science ouvre la porte aux manipulations génétiques et à la création de nouvelles épidémies ; quand on évoque l’industrie, c’est pour dire : pollution, délocalisation, etc. ; la technique est aussi prise dans cette spirale négative et n’est plus qu’aliénante… En réaction, on se dit ainsi qu’un retour en arrière ou un retour à la nature ne seraient pas forcément pire. Il y a une certaine nostalgie.
Mais quand des cultures comme celles des survivalistes s’emparent de cette idée, il s’agit d’un passé fantasmé – le « bon vieux temps » – et d’une nature idéalisée, dotée des valeurs inverses que l’on prête à notre société sur le déclin : une nature merveilleuse, bienfaitrice, luxuriante, c’est la forêt de Blanche Neige et les sept nains et de tous ces contes à la sauce Disney qui ont bercé l’imaginaire des urbains et des jeunes d’aujourd’hui.

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Batignolles: Hidalgo décrète le vivre-ensemble
Quand bobos rencontrent logements sociaux
 - 25 septembre 2018
198PARTAGES
Anne Hidalgo sur le chantier du nouveau Palais de Justice de Paris, porte de Clichy, 2015. SIPA. 00712126_000065

Au cœur du 17e arrondissement, le quartier parisien des Batignolles fait figure de village bobo. Esthétiquement controversée, la construction voisine d’un « écoquartier » de tours avec 50% de logements sociaux risque de bouleverser les équilibres sociaux. Reportage.

Une voiture flanquée d’un haut-parleur inflige du Chantal Goya aux passants. « C’est Guignol, c’est Guignol avec son chapeau noir, ses gros sourcils et son bâton », entend-on à tue-tête dans tout le pâté de maisons. Le spectacle de marionnettes ainsi annoncé se déroulera dans le square du quartier, derrière l’église. La scène qu’on croirait droit sortie d’un film de Renoir se déroule aujourd’hui au cœur du 17e arrondissement de Paris, dans le quartier des Batignolles.
À quelques pas de là, cordonniers, droguistes, barbiers et fromagers entretiennent un petit commerce local qui semble résister à la grande distribution. Dans ce bout de Nord-Ouest parisien niché entre l’avenue de Clichy, la voie ferrée Saint-Lazare-Cardinet, le boulevard des Batignolles et la rue des Dames, on ne compte plus les jeunes couples avec enfants. « De jeunes cadres actifs viennent en masse aux Batignolles et s’y sentent bien parce qu’il y a un esprit de village », résume le maire du 17e, Geoffroy Boulard. Préservé de l’insécurité physique et culturelle, le quartier des Batignolles apparaît comme le paradis des classes moyennes par rapport à ses deux voisins – la très huppée Plaine-Monceau au sud, le très populaire et immigré quartier des Épinettes au nord.
Le village préféré des Parisiens
L’église qui trône au milieu du village, place Félix-Lobligeois, achève de donner un aspect néo-provincial à ce Boboland qui vote à droite. Si bien que les historiques de ce quartier autrefois défraîchi ne retrouvent plus leurs petits. Ainsi, le chanteur Bertrand Burgalat y a posé ses grosses lunettes cerclées et ses costumes de dandy en 1995, à l’époque où « c’était un quartier complètement hors des circuits, un peu crépusculaire et éteint, voire interlope ». Tandis que des prostituées de
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C’est l’Algérie qui a trahi Maurice Audin
Le communiste Maurice Audin ne s’était pas engagé au nom de la France
 - 25 septembre 2018
Ferhat Abbas, Mohammed Boudiaf, Ahmed Ben Bella assistant à un défilé de l'armée algérienne, mars 1962, Oujda (Maroc). Sipa. Numéro de reportage : 00492463_000003.

Récemment honoré au plus haut sommet de l’Etat après qu’Emmanuel Macron a présenté des excuses officielles à sa veuve, le communiste Maurice Audin s’était engagé non pas au nom de la France, mais au nom d’une Algérie indépendante. Il est donc absurde de le traiter de « traître » à la nation française.

Qu’un député LREM, mathématicien issu d’une famille pied-noir, Cédric Villani, le lui ait fortement conseillé, comme cela se dit, ou que ce soit sous une autre impulsion que, n’étant pas dans le secret des dieux, je ne peux deviner, il reste que la décision du nouveau président Macron de soulever la chape du silence d’Etat qui recouvrait, depuis 1957, la disparition du jeune prof de maths à l’université d’Alger, Maurice Audin, membre du PCA clandestin (Parti communiste algérien), alors qu’il avait été arrêté, puis torturé par les parachutistes de Massu en 1957 durant la « Bataille d’Alger », surligne également tous les autres silences de l’Etat français en rapport à la guerre d’Algérie. Et même si cette subite décision se voulait le début d’un mea culpa contagieux et réciproque qui apurerait tous les comptes entre la France et l’Algérie et cicatriserait définitivement toutes les blessures encore béantes, on pourrait encore s’interroger : mais pourquoi avoir commencé par Audin ?
Pourquoi faire passer Audin avant les autres ?
En effet, en admettant qu’avant de reprocher au FLN ses exactions, ses purges, son terrorisme et une pratique généralisée de la torture et de la mutilation des corps, à l’encontre de tous ceux qui refusaient son autorité, ou simplement pour appliquer une stratégie de purification ethnique qui sera couronnée de succès par un des plus grands déplacements de population de l’histoire humaine en 1962, le président français ait voulu montrer qu’il commençait par balayer devant sa propre porte, la question têtue demeure : oui mais pourquoi d’abord Audin ? Parce qu’il était « Français » ?
Or si l’on se place uniquement du point de vue de la responsabilité de l’armée française vis-à-vis des « Français », il y avait pourtant de quoi faire, et à une bien autre échelle. D’abord vis-à-vis des Harkis, ces musulmans qui avaient préféré s’engager dans l’armée française plutôt que dans l’ALN, non pas parce qu’ils étaient des « traîtres » mais tout simplement parce qu’ils se sentaient plus en sécurité avec la France qu’avec leurs frères, rivaux de clans et de tribus, lesquels au demeurant continuent de régir le destin chaotique de l’Algérie depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’intermède tragique de cette deuxième guerre civile que fut la « décennie noire » des années 90, et qui fit autant de morts que la première des années 50 et 60.
Sur ordre du président De Gaulle, 150 000 harkis furent désarmés et abandonnés, c’est-à-dire jetés en pâture à tous les instincts sadiques de vengeance des soldats de l’ALN, et des membres des clans et des tribus opposés. Plus de la moitié périrent, le reste, grâce à la désobéissance de nombreux officiers français, arrivèrent à s’échapper, et à rejoindre une France qui, pour les remercier de leur loyauté, les parqua dans les mêmes camps qu’avait ouvert pour les Juifs le Maréchal Pétain, juste avant de les envoyer à Auschwitz, à la demande de qui vous savez… Au moins ces derniers auront-ils reçu des excuses à titre (très) posthume, d’un autre président, lui ni maréchal ni général.
De Gaulle n’a pas protégé les non-musulmans enlevés par le FLN
Par ordre d’importance numérique des méfaits de l’armée française vis-à-vis des « siens », on pourrait dans un second temps l’accuser, ainsi que son chef, le président-général De Gaulle, de n’avoir pas protégé les non-musulmans enlevés, par milliers, par le FLN-ALN, dans les villes comme dans les campagnes, disparus eux aussi à jamais, et ce à partir du 19 Mars 1962, alors que les « Accords d’Evian » dits de « cessez-le-feu », en faisaient obligation à la France et à son armée.
Dans un troisième temps, et à l’instar de ce nouveau scénario macabre à l’œuvre en catimini dans toute l’Algérie, il y a responsabilité de l’armée française dans le massacre spectaculaire du 5 Juillet 1962 à Oran, alors que l’Algérie était déjà officiellement indépendante depuis deux jours. Sur ordre de son chef local, le Général Katz, qui lui-même en avait reçu l‘ordre du président-général De Gaulle, elle laissa faire durant plusieurs jours le massacre organisé tant par les chefs du FLN d’Oran que par l’ALN aux ordres de son chef d’Etat-major Boumediene déjà positionné à Tlemcen. Et alors que juifs et chrétiens tentaient d’échapper à la foule hystérisée, elle leur ferma au nez ses casernes, ne leur laissant plus que l’horreur d’être égorgés et étripés sur place ou d’être emmenés dans des centres de détention, et d’y être affreusement torturés avant d’être flingués, enfin jetés dans le sinistre « Petit Lac », escale prisée, depuis, des oiseaux de proie migrateurs.
Un silence d’Etat
Le seul historien qui a eu le courage d’écrire sur cet épisode, après des années d’épluchage de toutes les archives disponibles sur le sol français, Jean Jacques Jordi (Un Silence d’Etat) chiffre le nombre des tués (et des disparus à jamais) à plus de 700 personnes, chrétiens, juifs, mais aussi des musulmans. Et lorsque les gouvernants de France auront le cran d’exiger de leurs homologues algériens, l’ouverture des archives algériennes, ce chiffre se démultipliera sans aucun doute par deux ou trois.
Enfin, dans un quatrième temps, il y a évidemment cet affreux carnage du 26 Mars 1962 commis toujours par la même armée française et toujours avec l’aval du même président-général, qui en plein cœur d’Alger tira à bout portant et au fusil mitrailleur sur des milliers de pieds-noirs de tous âges, sans défense, en tuant plus de 80 et en endeuillant des centaines.
Sauf à considérer qu’il y a des bons et des mauvais disparus, on voit donc bien que Maurice Audin était loin d’être la seule victime « français »’ du fait des manquements de l’armée française, et que la tragédie endurée par l’épouse Josette et la famille Audin est bien loin d’être exceptionnelle. La récente décision du président Macron ne la réduit d’ailleurs qu’en partie, puisqu’à ma connaissance on n’a toujours pas révélé où se trouvaient les restes du défunt sans sépulture.
J’ose espérer en tout cas que l’épouse et la famille Audin se solidariseront désormais avec toutes les autres épouses et familles de victimes « françaises » de l’armée française.
Et le FLN vira à l’islamo-nationalisme
Il me faut à présent envisager l’angle de vue de ceux qui ont déjà soulevé la responsabilité multiple de l’armée française, et par là-même rectifier quelques affirmations abusives. Beaucoup ont qualifié Audin de « traître ». Traître à qui ? A la France ? Mais Audin, membre du Parti communiste algérien, s’était engagé non pas au nom de la France, mais au nom d’une Algérie indépendante, non pas comme « Français » mais comme « Algérien ».
Se serait-il d’ailleurs engagé s’il avait su que dès l’indépendance acquise, les députés de la première Assemblée constituante algérienne, s’empresseront d’adopter un Code de la nationalité n’accordant automatiquement la nationalité algérienne qu’aux seuls musulmans, obligeant les autres à en faire la demande, humiliation à laquelle se refusèrent la quasi-totalité des communistes non-musulmans, dont son épouse Josette et sa famille, quitte à aller habiter dans le pays combattu, la France, et à en garder la nationalité ?
L’ironie de l’histoire ne fait pas toujours sourire, et les communistes non-musulmans n’en ont pas été les seules cibles. Les Harkis et les pieds-noirs qui s’étaient voulus « Français » n’ont-ils pas été pareillement « trahis » par ceux qu’ils croyaient être les leurs, par celle qu’ils désignaient comme leur « mère-patrie », et que, faute de mieux, eux aussi se sont résignés à rejoindre ? Ce qui rend compréhensible la récente initiative en faveur d’un « peuple pied noir » en quête d’un territoire, et qui se dote aussi d’un « Etat ». Si la démarche peut paraître tardive et/ou utopique, du moins est-elle émouvante et chargée de sens.
Beaucoup voulaient rester en Algérie
En vérité, les uns et les autres ont été victimes de leur propre naïveté, des lois implacables de la géopolitique, d’une foi respectable mais aveugle, et donc aussi de leurs propres faiblesses, idéologiques et numériques.
Le peuple pied-noir venu de tout le bassin méditerranéen depuis un siècle et les Juifs, présents depuis vingt siècles pour les uns et cinq siècles pour les autres, lesquels dans leur grandes majorité n’avaient jamais mis les pieds en métropole, aspiraient à rester en Algérie. Mais tel n’était le vœu ni du mouvement islamo-nationaliste depuis sa naissance dans les années 20, ni plus tard de son bras armé le FLN-ALN : l’adoption du Code de la nationalité en 1963 n’étant que la conséquence du projet ancien d’une Algérie exclusivement arabo-musulmane.
Face à cette exclusion et au nombre, que pouvaient donc faire les pieds-noirs et les Juifs ?  S’identifier à la France pour qu’elle les protège ?
Mauvais calculs de tous ceux qu’ils se donnèrent comme représentants politiques. Les quatre méfaits de l’armée française contre « les siens » n’étaient pas en effet un hasard, mais la conséquence logique de ce qui était devenu l’unique impératif catégorique de la France : éloigner l’Algérie de l’influence soviétique et conserver la mainmise sur le pétrole saharien.
Passer à la lutte armée pour défendre le droit des non-musulmans à demeurer en Algérie comme les y convièrent les chefs de l’OAS ? C’était bien la pire des solutions, sachant qu’ils seraient pris entre les feux du FLN et de l’armée française.
Quand le Parti communiste défendait une nation algérienne plurielle
A la limite, une stratégie d’affirmation pacifique pour s’imposer à la table de négociations, alors que le FLN-GPRA s’autoproclamait « seul représentant du peuple algérien », aurait pu donner quelques résultats… En tout cas, cela aurait eu l’avantage de démontrer à l’opinion internationale que la guerre de « libération » du FLN était au moins autant une guerre d’épuration.
Le projet communiste qui se voulait indépendantiste et internationaliste, incluant pour sa part les non-musulmans dans une Algérie autonome et indépendante, aurait-il pu être une alternative ?
C’est ce que pensèrent beaucoup de pieds-noirs et de Juifs qui rejoignirent massivement le Parti communiste algérien dès les années 20. Bab El Oued la rouge était loin d’en être le seul symbole. En 1939, Maurice Thorez, le dirigeant du PCF en tournée en Algérie fit une série de conférences pour défendre l’idée d’une « nation en formation » algérienne à partir des différentes origines, berbère, juive, arabe, méditerranéenne et africaine… La flèche fit mouche et les islamo-nationalistes touchés dans leur fondement ethnique réagirent bien sûr comme un seul homme, faisant savoir que l’Algérie était une nation depuis toujours. Et qui plus est arabo-musulmane, si pour d’aucuns cela n’allait pas de soi ! Même les Berbères, pourtant les premiers habitants de cette terre, en étaient exclus et il n’est pas étonnant de les voir aujourd’hui réclamer leur indépendance.
Un grand espoir déçu
Ces discours qui drainèrent des foules, et pas seulement communistes, suscitèrent un grand espoir chez tous ceux qui, comme les modérés du parti de Ferhat Abbas, voulaient croire en une Algérie « plurielle » en vertu du « vivre-ensemble » en vogue aujourd’hui…
Et c’est cet espoir – qui grandissait au fur et à mesure de la politisation de la société algérienne dans les années 50, toutes origines confondues – que les islamo-nationalistes voulurent mettre en échec avant qu’il ne devienne une réalité irréversible, en créant le FLN-ALN, puis en déclenchant la guerre le 1erNovembre 1954 : acte qui ne constitue que le premier coup d’Etat du FLN contre la société algérienne, car il y en aura ensuite une quantité d’autres, visibles et invisibles.

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Et le FLN instaura une Algérie arabo-musulmane
La guerre d' "algérianisation" de l'Algérie
 - 26 septembre 2018
Militants du FLN en 2007. SIPA. AP20588735_000002
On sait qu’en Algérie la justification du choix de la lutte armée par l’impraticabilité de la voie politique est devenue un dogme indiscutable et indiscuté. Jusqu’à aujourd’hui. Or, cette « vérité » reprise sans esprit critique par nombre de spécialistes français de l’histoire algérienne n’est qu’un gros mensonge.
Il suffit pour s’en convaincre de mettre en coordonnées, des années 1920 aux années 1950, la croissance du nombre des associations, politiques, syndicales ou autres, de leurs adhérents, du nombre de meetings, de défilés et des participants à toutes sortes d’élections, du nombre de journaux, y compris nationalistes et communistes, du nombre de revues intellectuelles et artistiques, de livres édités, de galeries, etc. pour voir se dessiner les courbes uniformément ascendantes de la politisation de toutes les populations, mais aussi de leur cohabitation tranquille. Démonstration mathématique que la voie pacifique, loin d’être impraticable, était au contraire en train d’ouvrir des horizons nouveaux à des millions de gens de toutes origines, les intellectuels jouant un rôle catalyseur…
La paix dont on ne voulait pas
Et contrairement à ce que certains ont dit, les intellectuels non-musulmans, libéraux ou communistes, humanistes, pacifistes, de gauche ou apolitiques avaient les meilleures relations avec leurs collègues musulmans, de Mouloud Féraoun à Emmanuel Robles, de Mohamed Dib à Jean Pélégri, de Kateb Yacine à Jean-Pierre Millecam, de Malek Haddad à Jean Sénac, de Mohamed Khadda à Sauveur Galliéro, de Mohamed Issiakem à Louis Bénisti, et j’en passe des dizaines d’autres à commencer par le grand frère incompris Albert Camus qui, pourtant, voyait mieux et plus loin que tous. Cette histoire intellectuelle de l’Algérie des années 30, 40 et 50, personne n’a osé la faire, et pour cause, elle ferait éclater les dogmes islamo-nationalistes, et l’idéologie manichéiste de ces historiens qui se proclament « anticolonialistes ».
On pouvait imaginer alors qu’une telle évolution de la cohabitation et de la politisation de la société algérienne où s’apprenaient peu à peu les rudiments de la démocratie (on ne frappe ni on ne tue son adversaire, mais on l’écoute avant de le contredire, et éventuellement on peut même le ridiculiser par l’ironie ou la caricature), comme en témoignent toutes les rubriques des journaux de cette époque, aurait pu déboucher sur une indépendance soft qui n’aurait porté préjudice à aucune des populations, ni aux liens avec la France, et qui aurait épargné à tous tant de sang et de misères, et surtout pour l’Algérie, tant de régressions ultérieures.
Au lieu de quoi nous avons eu la guerre. En privilégiant la lutte armée, on a marginalisé et délégitimé les élites politiques algériennes, toutes idéologies confondues, puis transmis le pouvoir aux militaires et aux extrémistes de tous bords. Scénario décrit avec précision par le trop lucide Camus. Et l’Algérie paye jusqu’à aujourd’hui la note.
En l’absence d’une société civile détruite par la première guerre des années 50, puis par la gouvernance totalitaire post-indépendance, enfin par la deuxième guerre des islamistes dans les années 90, l’Algérie continue d’être pilotée par une police politique originellement appelée SM (« Sécurité militaire »), omnisciente, omniprésente et omnipotente, mais qui pour donner le change place à la tête de l’Etat des potiches, quand ce ne sont pas des fantômes comme avec l’actuel Bouteflika, ne reculant même pas devant leur assassinat lorsqu’ils ont des velléités d’indépendance, comme ce fut le cas avec Boudiaf.
S’algérianiser, c’est à dire s’arabiser
Dans ce nouveau contexte du déclenchement de la « guerre de libération », le 1er Novembre 1954, que pouvait donc le Parti communiste algérien, où contrairement aux partis islamo-nationalistes, l’on ne devait pas jurer sur le Coran pour adhérer et où l’on pouvait donc être musulman, juif ou chrétien ? Que pouvait donc un parti qui se réclamait des valeurs républicaines modernes, dans un environnement où les neuf dixièmes de la population se voulait « arabo-musulmane », laquelle trente années après l’indépendance accordera la majorité de ses suffrages à un mouvement islamiste dont Daechn’est qu’une pâle copie ?
Le Parti communiste algérien (PCA) ne pouvait que se soumettre ou disparaître. Et c’est ce qu’il fit, il se soumit. Et, depuis plus de deux décennies, on peut même dire qu’il a disparu, après avoir réapparu clandestinement en 1966, sous le nom de Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS). La soumission idéologique du PCA avait d’ailleurs commencé quelques années plus tôt, dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à la suite des évènements de Sétif en mai 1945.
Les islamo-nationalistes avaient organisé une insurrection qui visa essentiellement la population civile non-musulmane (plus de 120  morts) et qui devait mener un « gouvernement provisoire » devant la tribune de la Conférence de San Francisco, alors qu’en ce printemps-là, elle était en train de poser les fondements de la future ONU. En réaction, et sous le drapeau français, les Tirailleurs sénégalais et les Tabors marocains se livrèrent à une répression impitoyable (6 000 à 8 000 tués) comme en témoignent tous les anciens de cette région.
Sur le moment, le PCA (dont le secrétaire de Sétif, Albert Denier, avait eu les poignets tranchés, sans doute parce que facteur et membre de la fanfare municipale), taxa cette insurrection irresponsable de « fasciste ». Mis sur la défensive à cause de ces propos, le PCA fit tout pour faire amende honorable et trouva un bouc émissaire : la proportion trop importante des non-musulmans dans ses rangs. Il allait falloir « s’algérianiser », c’est-à-dire en fait s’arabiser…
Le PCA, un dhimmi comme un autre ?
Le PCA renonçait ainsi de fait à sa vocation internationaliste pour faire sienne lui aussi la stratégie ethnique des nationalistes. Et le déclenchement de la guerre en 1954 accentuera ce renoncement. Mais du coup, il ne pouvait plus se distinguer en tant que seul parti portant le projet d’une Algérie plurielle et ne pouvait plus se prévaloir de représenter le prolétariat non-musulman. Sur l’autel d’une Algérie indépendante et socialiste qu’il appelait de ses vœux, il sacrifia donc son projet et son électorat pied-noir et juif. Les militants communistes non-musulmans, eux, avalèrent la couleuvre avec discipline, on les avait habitués à ça, le Parti avait toujours raison.
On pourrait certes objecter que le PCA exprima ses réserves quant à la politique du terrorisme urbain pratiqué par le FLN contre la population civile chrétienne et juive. Il y a de nombreux écrits qui le prouvent. Mais il est tout aussi vrai que jamais il ne la condamna, et que jamais il n’en fit une condition du maintien de son appui au FLN. La raison en est très simple : le FLN-ALN l’aurait liquidé en quelques semaines. Quand on sait comment le mouvement MNA de Messali Hadj, pourtant chef divinisé du nationalisme algérien depuis les années 30, fut liquidé, on peut imaginer ce qui serait advenu des communistes dont plusieurs membres furent assassinés sans état d’âme par l’ALN dès leur arrivée dans le maquis des Aurès (Laid Lamrani, Georges Raffini, André Martinez, Abdelkader Belkhodja et Roland Siméon).
Cependant et à moins d’être contredit par des historiens qui auraient obtenu des documents le prouvant, on ne peut pas dire non plus, comme je l’ai lu en plusieurs endroits ces derniers temps, que « Maurice Audin était un collaborateur des terroristes », ou que « le PCA avait aussi participé au terrorisme FLN ». Comme preuve, on cite les noms de l’étudiant en médecine Daniel Timsit et de l’ingénieur Giorgio Arbib qui effectivement montèrent un laboratoire de fabrication de bombes et formèrent plusieurs militants du FLN… Sauf que ces deux-là étaient en rupture de ban avec le PCA auquel ils reprochaient ses réserves, sa mollesse et son refus de se fondre entièrement dans le FLN… !
A ma connaissance l’on peut affirmer que le PCA n’incita, ni n’organisa de sa propre initiative aucun acte de terrorisme « aveugle » contre des civils (comme c’était la règle pour le FLN), à l’exemple de son militant Fernand Iveton qui, malgré les risques et les dangers, renvoya la bombe qu’on venait de lui remettre afin de faire retarder l’heure d’explosion après le départ des ouvriers de son usine (la bombe sera désamorcée, lui-même arrêté, mais il n’en sera pas moins guillotiné).
Pour autant, le PCA peut-il se soustraire à l’accusation de complicité avec une organisation de tueurs, célébrés comme des combattants de dieu, (« moudjahidine »), alors qu’au plus fort du terrorisme urbain du FLN, en 1956,  il signa un accord « d’alliance » avec lui ? Cet « accord » arraché à un FLN plus que rétif à l’idée de se laisser infiltrer par les communistes, mais qui espérait en retour obtenir plus facilement la caution et le soutien du « camp socialiste », ne prévoyait aucune participation communiste à l’élaboration de la stratégie du FLN et encore moins, comme on peut l’imaginer, un partage d’autorité. Le PCA venait de se comporter comme tous les dhimmis du monde musulman (catégorie islamique pour désigner la soumission des « gens du livre » auxquels on doit protection, moyennant impôt et acceptation de diverses humiliations dans la vie quotidienne).
Histoires à ne pas dire
Une des clauses de cet « accord » était que les militants communistes qui rejoindraient les maquis devaient s’intégrer dans l’ALN à titre individuel, et en coupant tout lien organique avec leur parti. De ce fait, si l’on peut décharger le PCA de l’accusation de terrorisme, on ne saurait en faire autant de la totalité de ces communistes devenus soldats de l’ALN : à l’armée on obéit aux ordres ou l’on se fait fusiller.
Mésaventure qui dut arriver à Abdelkader Djidel, ce militant communiste arabe qu’avait recruté mon père à la fin des années 40 et qui était resté un de mes héros… Jusqu’au moment où alors que je tournai à Oran l’épisode du massacre du 5 Juillet 1962 (de mon dernier film Algérie, histoires à ne pas dire, interdit en Algérie depuis 2007), je compris en le questionnant, et alors qu’il s’empêtrait dans divers mensonges, qu’il s’était retrouvé ce jour-là, à faire le guet dans le quartier de la Marine, tandis que d’autres étaient en train d’assassiner des Juifs et des pieds-noirs…
Et j’eus beau me dire qu’à l’armée on obéit, ce fut pour moi la fin d’un de mes derniers héros, et la cerise sur le gâteau d’un désenchantement déjà sérieusement entamé…

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