(paru pour la première fois le 23 mars 2012 dans Riposte Laïque nº 243)
Les moments sont rares où l’on regrette d’avoir raison, et ces jours de deuil en font certainement partie. On ne peut se réjouir d’avoir craint et annoncé que l’islam puisse noircir le cœur d’un individu et qu’il le détermine à assassiner froidement des innocents. Bien sûr, Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), ne l’entend pas de cette oreille. Il considère naturellement qu’«il ne faut surtout pas céder à cet amalgame entre ces actes terroristes et l’islam. (…) Les musulmans eux-mêmes luttent contre ce terrorisme. Et vivent comme une offense l’association entre les mots islam et violence. Il faut parler non de “l’islam” mais de “terrorisme”. » (1) Tout les politiques l’ont pieusement écouté, et n’ont à cette heure-ci que cette injonction à la bouche : « Surtout pas d’amalgame ! » M. Moussaoui a raison, car ce qu’est l’islam exactement, seul Allah le sait! C’est moins une boutade qu’une triste réalité : personne ne peut malheureusement dire en vérité ce qu’est un bon musulman, puisqu’il n’y a pas d’autorité centrale en islam, et c’est bien pourquoi de Moussaoui ou de Merah, on ne peut savoir à quel Mohammed se vouer. C’est vrai que la lecture du Coran n’est pas éclairante, tant l’amour d’autrui en général, et « des singes et des porcs » en particulier, suinte des saintes pages. C’est vrai aussi que la vie de Mohammed, le premier du prénom, est rythmée par des engagements pacifiques qui font pâlir ceux de Gandhi, de Martin Luther King, et de mère Teresa réunis.
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Que Mohammed Merah fût un psychopathe, cela est évident, si l’on prend comme critère son absence totale d’empathie pour d’autres êtres humains, et pour lui-même. Un fou, c’est un homme qui a tout perdu, sauf la raison, c’est-à-dire sa capacité d’enchaîner logiquement des idées en dehors de tout sentiment. Il a tué des militaires et des juifs. Pour nous, c’étaient des hommes, des enfants, des pères de famille, des cousins, des amis, des voisins, des camarades de classe. Pour lui, c’étaient des effigies en carton-pâte, des mannequins désarticulés, qu’il a dégommé dans son jeu vidéo personnel, des « symboles », écrit Tariq Ramadan. Qu’il vive dans monde imaginaire, soit, il n’était certainement pas le seul, mais qu’est-ce qui a bien pu déclencher son « passage à l’acte », se demandent en cœur les experts ?
C’est ici que l’amalgame s’impose. L’an dernier, Laurent Joffrin cherchait qui avait inspiré le tueur d’Oslo (2) et incriminait même Riposte Laïque pour son soi-disant « agressivité verbale telle qu’elle finit par distiller une sémantique de guerre civile. » Gageons qu’il ne dira rien de l’agressivité verbale distillée par le « saint Coran », aux esprits duquel s’est drogué Mohammed Merah lorsqu’il s’est retrouvé en prison et qu’il a eu enfin le temps de le lire. (3) Et si l’amalgame doit être fait, c’est moins pour répondre du tac-o-tac à ceux qui le pratiquent d’une façon éhontée quand cela sert leur agenda politique, mais pour prévenir d’autre drames.
Le passage à l’acte de Mohammed Merah est culturellement codé. L’ethnopsychiatre Georges Devereux a démontré que chaque culture établit des « modèles d’inconduite », c’est-à-dire qu’elle dit à chacun de ses membres « Garde-toi de devenir fou, mais si tu le deviens, conduis-toi de telle ou telle manière… ». (4) Un des modèles d’inconduite que Devereux liste est celui du « ghazi, héros de la guerre sainte chez les musulmans ». Or, « les modèles d’inconduite présentent (…) un avantage social. Ils intensifient en les caricaturant certains traits culturels spécifiques un groupe social, ce que Roheim appelait « l’idéal du groupe ». Ce n’est donc pas simple effet du hasard si l’on peut reconnaître dans la course à l’amok ou dans l’état berserk, exagérément soulignées, les vertus guerrières bien connues des combattants malais et des anciens Vikings », précise ailleurs un des plus éminents héritiers de Devereux, Tobie Nathan (5).
Merah était certainement fou, mais la forme précise d’expression de sa folie a été déterminée par sa culture musulmane. « La bouffée délirante est une des psychoses types des sociétés relativement simples ; lorsqu’il s’y surajoute des pulsions agressives et autodestructrices, elle prend la forme d’une crise d’amok chez le Malais, de la quasi-psychose du Chien Fou chez les Crow, et ainsi de suite. » explique Devereux (6). Si Merah a abattu des militaires combattant en Afghanistan et des juifs, c’est d’une part parce qu’il était certainement dérangé, mais aussi parce que sa culture lui indiquait comment se comporter en « musulman fou ». Les salafistes et les talibans ne sont-ils pas l’excroissance folle de l’immense majorité musulmane paisible, de l’aveu unanime de tous les experts qui s’expriment sur la question ? Si tu deviens fou, dit l’islam à ses membres, voilà comment tu dois t’y prendre : « autoproclame-toi moudjahidine, héritier des ghazi (c’est-à-dire des auteurs de razzias, un de ces jolis mots que le français doit à l’arabe), mets-toi à canarder les musulmans traîtres et les enfants juifs, meurs les armes à la main, et tu auras la garantie d’accéder au paradis d’Allah ».
Cela saute aux yeux lorsque l’on compare la folie de Merah à celle de Breivik : à l’inverse du tueur norvégien, qui a essayé de faire de la « propagande par le fait » pour son manifeste indigeste, Mohammed Merah a été fait par la propagande, et par la centaine d’incitations au meurtre que l’on trouve dans le Coran. Breivik a eu besoin de construire un délire de mille cinq cents pages pour tenter de justifier ses actes, tandis que Merah avait des justifications toutes prêtes, garanties hallal depuis mille cinq cents ans.
Mais pas seulement. Ceux qui ont facilité le passage à l’acte de Merah, ce sont aussi tous ceux qui, comme Tariq Ramadan, prétendent que Mohammed Merah était « la victime d’un ordre social qui l’avait déjà condamné, lui et des millions d’autres, à la marginalité, à la non reconnaissance de son statut de citoyen à égalité de droit et de chance ». (7)
Ceux qui ont facilité le « passage à l’acte » de cet égaré, ce sont tous ceux qui trouvent normal, ou en tout cas compréhensible, de « passer à l’acte » parce que l’on serait victime. Ce sont les mêmes qui comprenaient les sauvageons nihilistes de 2005, les mêmes qui voudraient que la France se repentisse jusqu’à la fin des temps d’être la France et non pas l’Algérie, la Libye ou la Turquie. Ressasser à longueur d’antenne que l’on comprend « la colère des jeunes », que même si elle n’est pas acceptable, elle serait le fruit d’une oppression injuste et raciste, voilà ce qui facilite le « passage à l’acte ». Tous ces bons sentiments indiquent aux détraqués qu’ils n’ont pas tout à fait tort de se laisser aller à leurs explosions violentes. Les malades et les frustrés auxquels on accorde le statut de victimes se sentent le droit de devenir des bourreaux.
Enfin, tous ceux qui voient dans les Palestiniens les opprimés de la terre par excellence, et dans les Israéliens des tueurs d’enfants sans scrupule, ont grandement facilité le meurtre des enfants juifs de Toulouse. La liste de ceux-là est trop longue. Un coupable au hasard : Jean-Claude Amara, cofondateur du Droit au Logement, qui avec le sens de la nuance de tous les révoltés professionnels écrit dans son livre-témoignage de vingt ans de combat, que la Palestine est « l’épicentre planétaire de la lutte pour l’égalité des droits, qui subit depuis plus de soixante ans le fléau de l’apartheid, de l’esclavagisme et de la colonisation » ! (8)
C’est la victimisation des « jeunes des banlieue » qui facilite leur passage à l’acte. C’est la compréhension de leur colère de petits enfants de colonisés qui les dédouane par avance de leurs bouffées délirantes. C’est la stigmatisation d’Israël qui facilite le meurtre d’enfants juifs. Le Coran et la vie de Mahomet n’ont pas inspiré seuls Mohammed Merah, l’idéologie victimaire de la gauche morale lui a grandement soulagé la conscience. L’islam a fourni au criminel de Toulouse un « modèle d’inconduite » typique, mais sans la caution de l’idéologie victimaire et repentante, celui-ci aurait peut-être été refoulé.
Pour que des drames semblables à celui de Toulouse ne se reproduisent pas, il faut donc simultanément entreprendre de critiquer et d’exposer en pleine lumière l’influence délétère du modèle de Mahomet, et en finir avec la culture de l’excuse. Dans un pays où dire que toutes les cultures ne se valent pas entraîne l’accusation de nazisme, cela semble mal parti.
Radu Stoenescu
(4) Georges Devereux, Essais d’ethnopsychiatrie générale, ch.I, « Normal et anormal », p. 39. Ed. Gallimard, Paris, 1977. Collection Tel.
(6) Idem, p.71.
(7) http://www.tariqramadan.com/LES-ENSEIGNEMENTS-DE-TOULOUSE,11912.html
(8) Extrait de Droits devant !, Ed. J.C. Gawsewitch, 2011, cité par Mickaël Guiho, revue « Politis », no. 1186, du 19-25 janvier 2012, p.31.
https://web.archive.org/web/20130614082815/http://www.philo-conseil.fr/
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