Trump :
l'attentat déjoué en Russie aurait pu faire «des milliers» de victimes
(18.12.2017)
Russie : 86
Tatars de Crimée jugés pour avoir manifesté (18.12.2017)
Pour Assad, la
France sponsorise le terrorisme (19.12.2017)
Attentats de
Paris de 1995: la CEDH déboute Rachid Ramda (19.12.2017)
Birmanie: le
retour des Rohingyas débutera en janvier (19.12.2017)
Mounir Mahjoubi :
«Le Conseil national du numérique doit être proche du gouvernement»
(19.12.2017)
Finkielkraut,
Tex, Griezmann : Twitter ou le pilori numérique ? (18.12.2017)
Allemagne : un an
après l'attentat du marché de Noël, Berlin commémore ses victimes (19.12.2017)
La famille de Miss Irak
menacée de mort (18.12.2017)
Jérusalem :
Washington oppose son veto et se retrouve isolé (18.12.2017)
Le phénomène
inquiétant des «marave challenges» dans les lycées (19.12.2017)
Comment la France
traque les islamistes radicaux (17.12.2017)
Migrants : la
gauche vent debout contre la «circulaire de la honte» (19.12.2017)
Circulaire
Collomb sur les migrants : le gouvernement cherche à déminer (19.12.2017)
Avec Macron, la
société française s'ouvre au libéralisme (19.12.2017)
Éditorial : «Au
cœur des ténèbres d'Alger» (18.12.2017)
L'Algérie
paralysée par le règne sans fin d'Abdelaziz Bouteflika (18.12.2017)
«La mise à
l'index des professeurs qui ont une orthographe correcte est inadmissible»
(19.12.2017)
«Il est
impossible de lutter contre l'islamisme radical sans associer le religieux»
(19.12.2017)
Jeremy
Rifkin : «Macron doit accompagner la troisième révolution industrielle»
(19.12.2017)
Trump : l'attentat déjoué en Russie aurait pu faire «des
milliers» de victimes (18.12.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 18/12/2017 à 22:51
- Publié le 18/12/2017 à 20:37
Le président américain Donald
Trump a estimé aujourd'hui que la coopération entre les services de
renseignement russe et américain avait permis d'éviter des "milliers"
de victimes en déjouant un projet d'attentat à Saint-Pétersbourg.
» LIRE AUSSI - Etats-Unis
: trois questions pour comprendre l'affaire russe
"Ils ont été capables
d'arrêter ces terroristes sans la moindre perte de vie humaine", a
souligné Donald Trump lors d'un discours à Washington. "Peut-être que des
milliers de personnes auraient pu être tuées", a-t-il ajouté. "C'est
comme cela que cela doit fonctionner", a-t-il encore dit, louant la
coopération sur ce thème avec son homologue russe Vladimir Poutine. Ce
dernier a appelé dimanche le milliardaire américain et l'a remercié pour
"les renseignements transmis par la CIA" à la Russie qui ont permis,
selon lui, de déjouer un projet d'attentat à Saint-Pétersbourg, dans le
nord-ouest du pays.
"Les informations reçues par
la CIA se sont avérées suffisantes pour la détection, la recherche et
l'arrestation des criminels", avait précisé le Kremlin dans un communiqué
qui ajoutait que les organisateurs supposés de l'attentat prévoyaient "des
explosions dans la Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan et d'autres lieux très
fréquentés de la ville". Les services de renseignement russes (FSB)
avaient annoncé en fin de semaine dernière avoir démantelé une cellule du
groupe djihadiste Etat islamique (EI) qui s'apprêtait à commettre des attentats
le 16 décembre à Saint-Pétersbourg.
Au total, sept personnes ont été
arrêtées mercredi et jeudi.
Russie : 86 Tatars de Crimée jugés pour avoir manifesté
(18.12.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 18/12/2017 à 20:36
- Publié le 18/12/2017 à 20:15
Les autorité russes de Crimée, un
territoire du sud de l'Ukraine annexé par Moscou en 2014, jugeaient lundi 86
Tatars ayant protesté le 14 octobre contre la mainmise de la Russie sur la
péninsule, ont annoncé des représentants de cette communauté musulmane.
Dans un communiqué, l'ONG Amnesty
International a dénoncé "une mesure répressive éhontée", affirmant
que leurs actions de protestation, organisées à titre individuel, étaient
"entièrement légales".
» LIRE AUSSI - La
Russie est-elle le nouveau maître du monde arabe ?
"L'objectif est de punir des
gens qui n'ont pas eu peur de parler haut et fort", a déclaré à l'AFP
Nariman Djelial, un des dirigeants de la communauté des Tatars de Crimée,
expliquant que le procès de dix des 86 accusés était d'ores et déjà terminé,
ceux-ci ayant été condamnés à des amendes allant jusqu'à 15.000 roubles (256
dollars).
Les procès se déroulent dans cinq
villes, dont la capitale régionale Simferopol, et dans plusieurs villages,
selon l'organisation Solidarité criméenne. Les tribunaux semblent prononcer des
sentences préparées à l'avance, a dit Djelial, premier-vice-président du
Medjlis, l'assemblée -dissoute- représentative des Tatars de Crimée, en voulant
pour preuve la lecture, à laquelle il a assisté à l'un des procès, d'une
décision de justice avec le nom de quelqu'un d'autre que la personne condamnée.
Pour Assad, la France sponsorise le terrorisme (19.12.2017)
- Par Le Figaro.fr avec Reuters
- Mis à jour le 19/12/2017 à 10:37
- Publié le 19/12/2017 à 09:18
Le président syrien, Bachar
el-Assad a attaqué la France aujourd'hui, l'accusant de soutenir le bain de
sang dans son pays la rendant inapte à parler d'un règlement de paix.
"La France a été le fer de
lance du terrorisme et ses mains sont trempées dans le sang syrien depuis les
premiers jours et nous ne voyons pas qu'elle a fondamentalement changé
d'attitude", a déclaré Assad aux médias après avoir rencontré une
délégation russe hier. "Ceux qui soutiennent le terrorisme n'ont pas le
droit de parler de paix", a-t-il ajouté.
» LIRE AUSSI : Syrie:
à Damas, le pouvoir paradoxal de Bachar el-Assad
La France a accusé vendredi la
Syrie de ne rien faire pour parvenir
à un accord de paix après près de sept ans de guerre et a déclaré
qu'elle commettait des crimes de masse dans la Ghouta orientale, où 400.000
personnes sont assiégées par les forces gouvernementales. Le président français
Emmanuel Macron a déclaré hier que la France ferait pression pour des
pourparlers de paix impliquant tous les partis du
conflit syrien de six ans, y compris le président Bachar el-Assad,
promettant des "initiatives" au début de l'année prochaine.
Le ministre français des Affaires
étrangères, Jean-Yves Le Drian, a été plus direct, cité
par Le Figaro. "Bachar el-Assad ne semble pas être en mesure de
prendre une position politique tant qu'il dépend de la Russie et de l'Iran
", a-t-il déclaré. "Quand vous avez passé vos journées à massacrer
votre peuple, vous devriez être généralement un peu plus discret", a
déclaré Jean-Yves Le Drian lors d'un voyage à Washington.
LIRE AUSSI :
Attentats de Paris de 1995: la CEDH déboute Rachid Ramda
(19.12.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 19/12/2017 à 15:59
- Publié le 19/12/2017 à 15:48
La Cour européenne des droits de
l'Homme a validé mardi la double condamnation en France de Rachid Ramda, l'un
des responsables des attentats meurtriers commis à Paris en 1995, jugée
conforme aux dispositions de la Convention européenne des Droits de l'Homme. En
1995-1996, une série d'attentats islamistes dans le métro et le RER à Paris
avait fait 12 morts et près de 300 blessés. Rachid Ramda, 48 ans, considéré
comme un "intellectuel" de la mouvance islamiste algérienne radicale
et comme le "responsable de la propagande" du Groupe islamique armé
(GIA) qui avait revendiqué les attentats, est actuellement détenu au centre
pénitentiaire de Lannemezan (sud).
Il a été condamné en 2006 à dix
ans de prison par un tribunal correctionnel puis à la réclusion à perpétuité en
2009 par une Cour d'assises spécialement composée de magistrats professionnels.
La Cour a jugé que la double condamnation de Rachid Ramda en correctionnelle en
2006 puis, dans le cadre d'une procédure criminelle distincte, aux assises en
2007 et en appel en 2009, étaient conformes à la Convention européenne des
droits de l'Homme. Ramda se plaignait d'un "défaut de motivation" de
l'arrêt rendu par la cour d'assises d'appel spéciale qui l'a condamné le 13
octobre 2009.
Jugé pour "complicité de
crimes d'assassinat, de tentatives d'assassinats" commis "en relation
avec une entreprise terroriste", Ramda avait été condamné aux assises à la
réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. Ce
verdict avait été confirmé en appel. Ramda s'estimait aussi victime d'une
violation du principe "ne bis in idem", selon lequel "nul ne
peut être poursuivi ou puni pénalement (une seconde fois) à raison des mêmes
faits". En correctionnelle, il avait été condamné à Paris à dix ans de
prison pour "association de malfaiteurs dans le cadre d'une entreprise
terroriste".
» LIRE AUSSI : Vingt
ans après l'attentat, une gerbe de fleurs en hommage aux victimes à
Saint-Michel
Ramda a été débouté sur ces deux
points. Les juges de la CEDH ont notamment jugé dans un arrêt de chambre que
"le requérant a disposé de garanties suffisantes lui permettant de
comprendre le verdict" de la condamnation prononcé par la cour d'assises
d'appel."Il est légitime que les États contractants fassent preuve d'une
grande fermeté à l'égard de ceux qui contribuent à des actes de terrorisme
qu'elle ne saurait en aucun cas cautionner", a rappelé la Cour. Cet arrêt
de la CEDH n'est pas définitif. Les parties ont trois mois pour décider si
elles demandent un renvoi de leur affaire devant la Grande Chambre, instance
suprême de la Cour.
Birmanie: le retour des Rohingyas débutera en janvier
(19.12.2017)
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour le 19/12/2017 à 15:46
- Publié le 19/12/2017 à 15:43
Dhaka et Rangoun ont réaffirmé
mardi leur volonté de commencer à rapatrier en Birmanie à partir du mois de
janvier des Rohingyas ayant fui vers le Bangladesh, mais les préoccupations
quant à leur sécurité persistent. Les ministres des Affaires étrangères des
deux pays se sont rencontrés mardi à Dhaka pour finaliser un accord signé le 23
novembre sur le retour volontaire de près de près des trois quarts du million
de réfugiés rohingyas qui vivent actuellement dans des camps au Bangladesh. Un
nouveau groupe de travail ayant pour objectif "d'assurer le début du
rapatriement d'ici deux mois" devra établir un calendrier pour procéder à
la vérification de l'identité des réfugiés et organiser leur retour, a indiqué
le ministre des Affaires étrangères du Bangladesh à la presse.
» LIRE AUSSI : Birmanie
: des dizaines de villages rohingyas incendiés
"Nous commençons la
prochaine étape de notre travail", a déclaré A.H. Mahmood Ali à l'issue de
la rencontre. En dépit de cette volonté affichée par les deux pays voisins, des
interrogations sur la sécurité des réfugiés qui rentreraient en Birmanie
demeurent, alors que selon l'ONG Médecins sans frontières près de 7.000
Rohingyas ont été tués entre fin août et fin septembre et que l'ONU a accusé le
régime birman "d'épuration ethnique". Environ 655.000 Rohingyas
auraient fui la Birmanie et trouvé refuge au Bangladesh depuis le mois d'août.
Mais un rapport publié lundi par
Human Rights Watch, sur la base d'images satellite, affirme que des violences
ont continué en octobre et novembre dans une quarantaine de villages rohingyas
qui ont été incendiés. Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Zeid
Ra'ad Al Hussein a affirmé lundi n'avoir aucune assurance sur la présence
d'observateurs internationaux pour surveiller les conditions dans lesquelles
les retours s'effectueront.
"Nous sommes
sceptiques" quant à la possibilité d'avoir des observateurs sur le
terrain, a -t-il confié lundi à l'AFP. Human Rights Watch a estimé que l'accord
sur le rapatriement n'était qu'un "exercice de relations publiques"
et a estimé que les réfugiés ne seraient pas en sécurité dans l'Etat de
Rakhine, d'où ils sont majoritairement originaires, sans protection ni droits
garantis. Les autorités birmanes ont toujours démenti avoir commis des
atrocités contre les Rohingyas, affirmant que l'armée n'avait fait que répondre
à des attaques de rebelles musulmans contre des postes de police le 25 août,
qui ont fait une douzaine de morts parmi les policiers.
Des réfugiés rohingyas au
Bangladesh interrogés par l'AFP ont fait part de leur doutes quant à un
prochain retour. "Nous ne retournerons pas dans notre pays tant que nos
droits ne seront pas garantis", a confié Roushan Ali. "Nous voulons
la pleine citoyenneté et la restitution de nos terres et de nos biens. Nous
réclamons justice pour les personnes qui ont été assassinées, torturées et
violées", a-t-il ajouté.
Mounir Mahjoubi : «Le Conseil national du numérique doit être
proche du gouvernement» (19.12.2017)
- Par Lucie Ronfaut
- Mis à jour le 19/12/2017 à 16:45
- Publié le 19/12/2017 à 13:29
Marie Ekeland a démissionné de
la présidence du Conseil national du numérique, suite au renvoi de la militante
féministe et antiraciste Rokhaya Diallo. Le gouvernement assume sa décision.
La crise a éclaté. Marie Ekeland
a annoncé mardi qu'elle démissionnait de son poste de présidente du Conseil
National du Numérique (CNNum), qu'elle occupait depuis à peine une semaine. En
cause, une polémique virulente autour de la nomination de la militante
féministe et antiraciste Rokhaya Diallo. Le gouvernement avait demandé à Marie
Ekeland de revoir sa copie et de remplacer l'écrivaine. Elle a finalement
choisi de claquer la porte. «Les réactions qui ont suivi cette nomination
me font mesurer à quel point mon pari était osé et innovant», explique
l'entrepreneuse dans un communiqué. «À quel point, dans notre pays, nous ne
voulons pas entendre des voix dissonantes. À quel point nous ne savons plus
débattre sereinement de nos divergences de vue. À quel point nous avons du mal
à nous mettre à la place des autres. À quel point réseaux sociaux et
immédiateté du jeu politique alimentent la violence de la parole et la
stigmatisation. Cela me peine de voir notre pays aussi loin des valeurs
démocratiques qui sont les miennes.» 20 membres du CNNum, sur les trente au
total, ont par ailleurs annoncé leur démission.
La nouvelle composition du CNNum
a été présentée la semaine dernière. En accord avec le secrétaire d'État chargé
du Numérique, qui avait décidé de laisser plus de liberté que de coutume à la
présidente, Marie Ekeland avait fait le choix d'une équipe non pas composée
seulement d'experts du numérique, mais aussi de membres de la société civile.
Rokhaya Diallo avait ainsi été choisie pour son engagement contre la haine en
ligne. Sa présence avait néanmoins été dénoncée par plusieurs personnalités,
comme la députée LR Valérie Boyer qui s'indignait de ses propos sur les femmes
voilées. Sa
nomination a aussi fait grincer des dents au gouvernement. Rokhaya Diallo,
qui dénonce régulièrement ce qu'elle qualifie de «racisme d'État», avait appelé
fin novembre le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer à porter plainte
contre elle pour l'usage de cette expression.
Une nouvelle composition avant
2018
Mounir Mahjoubi, de son côté,
assume sa décision. «Après cette nomination, tout le monde a oublié le CNNum et
ce qu'il était censé faire. Le débat s'est porté sur d'autres sujets. Cela l'a
rendu inaudible et incapable de travailler sur ses missions», a assuré le
secrétaire d'État chargé du Numérique, dans une interview accordée mardi au
Figaro.
L'enjeu crucial est celui de
l'indépendance du CNNum. Cette entité est chargée de «formuler de manière indépendante et de
rendre publics des avis et des recommandations» sur le numérique, afin
d'orienter les politiques du gouvernement sur le sujet. Néanmoins, ses membres
sont nommés par arrêté du premier ministre, sur proposition du secrétaire
d'État chargé du Numérique. «J'ai signé le décret, j'étais là à la nomination.
Il n'y a eu aucune surprise. Le problème, ce sont les réactions et l'incapacité
du CNNum à travailler dans la sérénité», insiste Mounir Mahjoubi. «Il ne s'agit
pas d'une association, d'un parti politique ou d'un lobby. Le CNNum doit être
proche du gouvernement pour nous orienter, et le gouvernement lui fait
confiance sur ces sujets. Ce n'est pas une force d'opposition, même si
conseiller peut signifier dire quand ça ne va pas. C'est cet équilibre subtil
qui a été cassé.»
Mounir Mahjoubi a lui même été
président du CNNum entre 2016 et 2017. À cette occasion, il a plusieurs fois
exprimé son désaccord sur des projets de loi, notamment
sur l'exploitation du fichier TES. La nouvelle composition du CNNum
doit être annoncée avant le début de l'année 2018. «Le CNNum acquiert sa
confiance grâce aux gens qui le composent», conclut Mounir Mahjoubi. «La
prochaine composition sera faite d'experts du numérique. Elle aura aussi une
plus grande représentativité des quartiers, de la ruralité. Je ne vois aucune
crise de confiance sur le sujet.»
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Finkielkraut, Tex, Griezmann : Twitter ou le pilori
numérique ? (18.12.2017)
FIGAROVOX/ANALYSE - Toutes ces
histoires très disparates ont pour point commun une nouvelle pratique sociale,
le «name and shame». Couramment utilisée dans les pays anglo-saxons, où la
dénonciation et la transparence sont perçues comme des devoirs moraux, elle se
généralise, au pays de Voltaire, sur les réseaux sociaux.
À qui le tour? En une décade nous
avons vu un
comique, Tex, mis à pied pour une blague pour le moins douteuse, un
philosophe, Alain Finkielkraut victime de la «bastonnade médiatique» (Michel
Onfray) pour avoir souligné que l'hommage à Johnny était monocolore, un
président de cour d'assises qui, au quatrième jour d'audience, inquiet de voir
ses questions à l'une des plaignantes violemment mises en cause sur Twitter se
trouve contraint de remettre sine die un procès
(celui de Georges Tron), une Miss France accusée de racisme pour avoir
fait l'éloge de la «crinière de lionne» de celle qui l'a précédée, un joueur de
football, Antoine Griezmann, obligé de présenter des excuses publiques pour
s'être grimé en joueur de basket de la légendaire équipe de Harlem… Ouf!
À chaque fois la procédure est la
même: indignation numérique, attaque mimétique sur les réseaux sociaux, appel
aux autorités officielles (pour Tex, la ministre de l'Égalité entre les femmes
et les hommes, pour Finkielkraut, France Culture et l'Académie française),
rappel jusqu'à la nausée de la faute supposée, acharnement sur le bouc
émissaire. Toutes ces histoires très disparates ont pour point commun une
nouvelle pratique sociale, le «name and shame». Couramment utilisée dans les
pays anglo-saxons, où la dénonciation et la transparence sont perçues comme des
devoirs moraux, elle se généralise, au pays de Voltaire, sur les réseaux
sociaux et Twitter en particulier, comme si la mondialisation des usages
mettait fin à une forme d'exception française (ou latine). «Name and shame»,
nommer publiquement le coupable et le couvrir de honte, en bon Français cela
porte un nom: le pilori.
Si l'exposition est virtuelle
et le poteau un simple hashtag, le principe est le même. Faire connaître à tous
la faute commise.
Ouvrons le Littré: «Pilori:
poteau où l'on attachait le criminel avec un carcan au cou, pour l'exposer à la
vue du peuple.» Si l'exposition est virtuelle et le poteau un simple hashtag,
le principe est le même. Faire connaître à tous la faute commise. À une
différence près: ceux qui avaient été cloués au pilori avaient le plus souvent
bénéficié d'un procès respectant, au moins, les apparences de la justice.
Ici, plus de droit de la défense,
de témoin, de plaidoiries. En moins de temps qu'il n'en faut pour un retweet,
le suspect est au poteau. Qu'il ne se console pas en imaginant que cette
humiliation sera contenue dans un petit cercle numérique: les vertueux prennent
le soin d'envoyer messages renseignés et autres captures d'écran à tout ce qui
pourrait briser sa vie sociale: employeur, amis, ligues de vertu, CSA… C'est
l'anoblissement de la bonne vieille lettre anonyme par le principe de
transparence. À cette nuance près que la dénonciation est le plus souvent
publiquement signée: l'oiseau bleu de Twitter se change en corbeau et il vole
en plein jour.
Délire collectif
S'ils le font, plaideront les
procureurs (et parfois de bonne foi), c'est que la morale est en danger. Que le
sexisme, le racisme ne sont pas des opinions mais des délits. Comme les voisins
vigilants s'organisent afin d'éviter d'être cambriolés au mois d'août, les
twittos intransigeants patrouillent jour et nuit surveillent tout ce qui peut
l'être, pour alerter les autorités sur la présence d'individus suspects. S'ils
ne s'attaquaient qu'à des délinquants, on pourrait déjà s'interroger sur les
périls de ce zèle sécuritaire ; mais dans les cas qui nous occupent, ces
accusateurs poursuivent des personnes dont la seule faute est d'avoir fait
preuve de mauvais goût, d'avoir poussé lors d'un procès contradictoire une
plaignante dans ses retranchements, d'avoir manié l'ironie.
S'expliquer honnêtement? Peine
perdue. Cela impliquerait une conversation, l'échange d'arguments, un débat.
Or, dans ces moments de délire collectif, la ligne de partage entre le bien et
le mal ne traverse plus le cœur et la conscience de chacun. Elle sépare ce
que Raphaël Enthoven a justement appelé le «Parti unanime» et ceux qui pensent de
travers ; les «forces du Bien» et ceux que le doute, la nuance
accompagnent. Toute hésitation, distance, second degré, exposition d'arguments
contraires seront utilisés contre vous. Un conseil: pas un mot! Encore votre
silence lui-même sera-t-il interprété…
Sur le continent numérique,
les meutes ne dorment jamais et nul ne sait comment les arrêter. Elles frappent
aveuglément même ceux qui en ont largement profité.
Sur le continent numérique, les
meutes ne dorment jamais et nul ne sait comment les arrêter. Elles frappent
aveuglément même ceux qui en ont largement profité. La militante
«intersectionnelle» Rokhaya
Diallo, nommée avant d'être démise du Conseil national du numérique,
l'a récemment vérifié à ses dépens.
On nous dira que ce pilori n'est
que virtuel. Certes. Jusqu'ici (et c'est heureux) la horde se déploie sur
écran. Elle n'use d'aucune violence physique, même si les menaces anonymes sont
de plus en plus courantes. Mais si le corps est épargné, l'esprit, lui, est
atteint. Cet inquiétant «nettoyage éthique», pourrait prendre des proportions
effrayantes. Tocqueville l'a imaginé dans De la démocratie en Amérique.
Écoutons-le: «Vous êtes libres de ne point penser ainsi que moi ; votre
vie, vos biens, tout vous reste ; mais de ce jour vous êtes un étranger
parmi nous (…) Vous resterez parmi les hommes mais vous perdrez vos droits à
l'humanité. Quand vous vous rapprocherez de vos semblables, ils vous fuiront
comme un être impur ; et ceux-là même qui croient à votre innocence,
ceux-là même vous abandonneront, car on les fuirait à leur tour. Allez en paix,
je vous laisse la vie, mais je vous laisse pire que la mort.»
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Allemagne : un an après l'attentat du marché de Noël, Berlin
commémore ses victimes (19.12.2017)
- Par Etienne Jacob
- Mis à jour le 19/12/2017 à 15:18
- Publié le 19/12/2017 à 14:44
EN IMAGES - À l'occasion du
premier anniversaire de l'attaque au camion bélier qui avait fait douze morts,
l'exécutif allemand a reconnu mardi les défaillances de l'État pour prévenir
l'attaque et soutenir les victimes.
Le 19 décembre 2016, Anis Amri,
un terroriste de l'État islamique, fonçait
sur la foule du marché de Noël de la Breitscheidplatz, à Berlin, au
volant d'un camion bélier. Douze
personnes avaient été tuées et une centaine d'autres blessées dans cet
attentat, le plus sanglant jamais commis sur le sol allemand. Un an après le
drame, c'est tout un pays qui commémore mardi ses victimes, originaires
d'Allemagne, de Pologne, d'Italie, de République tchèque, d'Israël et
d'Ukraine.
Les premières cérémonies se sont
tenues dans la matinée près de la célèbre église du Souvenir, dont le clocher
partiellement détruit pendant la Seconde guerre mondiale surplombe la place du
marché de Noël berlinois. Le monument forme une longue déchirure dorée de
quatorze mètres de long sur les escaliers menant à l'église, rappelant une
cicatrice. Y est aussi gravé le texte: «En souvenir des victimes de l'attaque
du 19 décembre 2016. Pour une vie harmonieuse entre tous les êtres humains».
Soutien aux victimes
«insuffisant»
Le président Frank-Walter
Steinmeier s'est d'abord exprimé lors d'une cérémonie fermée à la presse, à
l'intérieur de l'église du Souvenir. L'occasion pour lui d'admettre que le
soutien aux victimes de l'attentat était «arrivé trop tard» et était
«insuffisant». «Sachez que vos expériences, vos plaintes et vos mises en garde
ont été entendues. Le 19 décembre 2016 a imposé un devoir aux responsables
politiques: nous devons tirer au clair les négligences et apprendre de nos
erreurs», a-t-il ajouté.
Après l'allocution du président,
Angela Merkel a inauguré un mémorial devant l'église, où des roses blanches et
des portraits de victimes avaient été déposés. «Aujourd'hui doit être non
seulement un jour de deuil, mais aussi le jour de notre volonté de faire
mieux», a-t-elle déclaré. Critiquée depuis plusieurs semaines pour son manque
d'empathie par une partie des proches des défunts, la
chancelière les a finalement reçus lundi. Le ministre de la Justice, Heiko
Maas, a également présenté des excuses mardi dans une tribune parue dans la
presse.
Pour autant, les critiques à
l'encontre de l'exécutif allemand se poursuivent. Dans un rapport officiel sur
le traitement des victimes de l'attentat, Kurt Beck a critiqué la faiblesse des
indemnisations et des maladresses administratives choquantes comme l'envoi aux
familles d'injonctions de paiement pour les autopsies des défunts. Selon le
quotidien Bild mardi, la mairie de Berlin aurait signifié,
dans l'invitation aux commémorations envoyée aux proches et blessés que «le
coût d'un taxi ne sera pas remboursé», et que les transports en commun «doivent
être utilisés». De quoi nourrir la rancœur des intéressés, qui ont appris aussi
ces derniers mois de diverses commissions d'enquêtes que le Tunisien Anis
Amri aurait pu être arrêté avant son passage à l'acte.
Malgré les polémiques, les
commémorations se poursuivront jusqu'à mardi soir. Une prière œcuménique est
prévue dans la soirée, puis à 20h02, heure précise de l'attentat, une mer de
bougies sera allumée. Et les cloches de l'église du Souvenir résonneront
pendant de longues minutes.
(Avec AFP)
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La famille de Miss Irak menacée de mort (18.12.2017)
La rédaction | Le 18
décembre 2017
La famille de Sarah Abdali Idan,
Miss Irak 2017, a été contrainte de fuir le pays à cause d’un selfie de la
jeune femme avec Miss Israël.
Décidément, il ne fait pas bon
être Miss Irak. Déjà en 2015, Shaymaa Qassim Abdelrahman, la première Miss Irak
depuis 1972, avait reçu des menaces
téléphoniques de la part de Daech juste après son élection. Cette
fois-ci, c'est au tour de Sarah Abdali Idan, seconde Miss Irak 2017, de
recevoir des menaces de mort.
Rappel des faits : ce 13
novembre, dix jours après son élection, Sarah
Abdali Idan publiait une photo sur son compte Instagram où elle posait
au coté de Adar Gandelsman, Miss Israël 2017. Sous le post, quelques mots
(écrits en anglais) : «Paix et amour». Cette publication avait déclenché une
polémique sur les réseaux sociaux, opposant les anti et les pro-Israël.
Face aux réactions provoquées par
sa publication, Miss Irak 2017 – dont le pays d'origine ne reconnaît pas l'État
hébreu et est toujours techniquement en état de guerre avec lui – a publié un
texte d'explication, en arabe. «Je voulais juste insister sur le fait que le
propos de la photo était simplement d’exprimer l’espoir et le désir de paix
entre les deux pays.» Et d'ajouter : «Cette photo ne signifie pas que je
soutiens le gouvernement israélien ou sa politique envers les pays arabes. Je
m'excuse auprès de tous ceux qui y ont vu une insulte à la cause
palestinienne».
Des menaces de mort envers sa
famille
En Israël, le porte-parole du
premier ministre, Ofir Gendelman, avait fait l'éloge du cliché, allant même
jusqu'à le qualifier de «grand message d'espoir pour la région». Mais de
nombreux commentaires haineux à l'encontre de cette photo ont également été
postés, un flot de menaces qui aurait été accentué par des photos de la jeune
femme de 27 ans en maillot de bain postées depuis sur Instagram.
Depuis, Miss Israël a annoncé que
Sarah Abdali Idan et sa famille étaient en danger : « [Défiler en bikini et
prendre ce selfie] a provoqué un tollé dès son retour en Irak, où des personnes
les ont menacées, elle et sa famille, disant que si elle ne supprimait pas les
photos, ils la déchoiraient de son titre et la tueraient», a expliqué Adar
Gandelsman à la télévision israélienne, le 13 décembre. De son côté, Sarah
Abdali Idan, résidente aux États-Unis, a confirmé au quotidien
britannique The Independant que sa famille avait été obligée
de fuir l’Irak après avoir reçu des menaces de mort.
Pas de soutien de son comité
national
Sur CNN, le comité Miss Iraq affirme que pendant que le
groupe soutenait la jeune femme, il n'avait pas le financement pour subvenir à
tous ses besoins. Sarah Abdali Idan a déclaré avoir une preuve de menace de la
part de son comité national : «Ils ont menacé de prendre mon titre si je ne
retirais pas la photo... Ils ont menacé de prendre mon titre plusieurs fois».
Le gouvernement irakien n'a pas encore répondu à une demande de commentaire de
CNN.
Sarah Idan n'est pas la première
Miss à créer la polémique. Lors de l'élection Miss Univers 2014, un selfie avec une concurrente
israélienne avait déjà provoqué un scandale, cette fois-ci avec la
représentante du Liban.
Jérusalem : Washington oppose son veto et se retrouve isolé
(18.12.2017)
- Mis à jour le 19/12/2017 à 12:02
- Publié le 18/12/2017 à 20:00
Jérusalem : Washington oppose
son veto et se retrouvé isolé
Quatorze pays, dont la France,
ont voté ce lundi une résolution condamnant la reconnaissance américaine de
Jérusalem comme capitale d'Israël. Washington a mis son veto et a dénoncé une
«insulte».
Quatorze pays, dont la France,
ont voté ce lundi une résolution condamnant la reconnaissance américaine de
Jérusalem comme capitale d'Israël. Washington a mis son veto et a dénoncé une
«insulte». Les Palestiniens ont, quant à eux, jugé «inacceptable» ce veto.
Les États-Unis ont mis ce lundi
leur veto à une résolution de l'ONU condamnant leur
reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale
d'Israël. Le texte a toutefois été approuvé par les quatorze autres membres du
Conseil de sécurité, dont les plus proches alliés européens de Washington,
Londres et Paris. Ce vote représente un camouflet pour les Américains qui se
retrouvent isolés.
«C'est une insulte et un
camouflet que nous n'oublierons pas»
Nikki Haley, ambassadrice
américaine à l'ONU
Le vote unanime de quatorze des
quinze membres du Conseil de sécurité, dont la Russie, la Chine, la France et
le Royaume-Uni a été vivement dénoncé par l'ambassadrice
américaine à l'ONU, Nikki Haley. «C'est une insulte et un camouflet que
nous n'oublierons pas», a lancé la diplomate, le regard noir. Nikki Haley n'a
pas précisé si les États-Unis pourraient prendre des mesures de rétorsion
contre les pays ayant voté le texte ou accentuer leur volonté de moins
participer au financement de l'ONU dont ils sont les premiers contributeurs.
À l'issue du vote, les
Palestiniens ont annoncé leur volonté de demander un autre scrutin à
l'Assemblée générale de l'ONU (193 pays), et ont jugé «inacceptable» le veto
américain qui «menace la stabilité de la communauté internationale par
l'absence de respect qu'il révèle». Un peu plus tôt, le président palestinien,
Mahmoud Abbas, avait déclaré qu'il faudrait être «fou» pour laisser Washington
jouer à nouveau les médiateurs de paix dans la région. En revanche, le veto
américain a été salué par Israël. «Merci madame l'ambassadrice Haley» et
«président Trump», «vous avez allumé une bougie de vérité», «dissipé les
ténèbres», a réagi sur Twitter le premier ministre israélien Benjamin
Nétanyahou.
D'intenses négociations
Présenté par l'Égypte, qui a
dénoncé les «graves répercussions» de la décision américaine, le texte
réclamait que la décision annoncée il y a une dizaine de jours par Donald Trump
soit révoquée. La
reconnaissance a déclenché la colère des Palestiniens, des manifestations dans
le monde musulman et une réprobation quasi unanime de la communauté
internationale. Le statut de Jérusalem «doit être résolu par la
négociation», soulignait le texte, évoquant de «profonds regrets concernant les
récentes décisions sur Jérusalem», sans toutefois mentionner explicitement les
États-Unis. Il affirmait que «toute décision ou action visant à altérer le
caractère, le statut ou la composition démographique» de Jérusalem «n'a pas de
force légale, est nulle et non avenue et devait être révoquée».
L'objectif était «d'avoir
quatorze votes pour» face à Washington
Sources diplomatiques
Pendant une semaine, la rédaction
du texte a donné lieu à d'intenses négociations - parfois lors de réceptions ou
même au bar de l'ONU - entre la représentation diplomatique palestinienne,
ayant rang d'observateur, et plusieurs délégations de pays arabes ou européens.
L'objectif était «d'avoir quatorze votes pour» face à Washington, ont expliqué
des diplomates. Pour cela, certaines ardeurs des Palestiniens à un premier
texte plus fort et datant du 11 décembre, qui citait nommément les États-Unis,
ont dû être réfrénées.
» LIRE AUSSI - Jérusalem:
pourquoi Donald Trump a pris une telle décision
Avec ce processus, même
sanctionné au final par un veto, il s'agissait aussi de faire pression sur
l'administration américaine et ses futures discussions avec les deux parties
afin que les droits des Palestiniens soient davantage pris en compte, ont
ajouté des diplomates. Il fallait enfin souligner qu'avec leur récente
décision, les États-Unis bafouaient une série de résolutions sur le conflit au
Proche-Orient. Le 8 décembre, deux jours après l'annonce américaine sur
Jérusalem, le Conseil de sécurité avait déjà montré l'isolement des États-Unis
lors d'une réunion convoquée en urgence. Tous leurs partenaires avaient
critiqué la reconnaissance américaine avec plus ou moins de vigueur.
Jérusalem, «une clé» pour la
solution à deux États
Le texte soumis ce lundi
commençait par un paragraphe rappelant dix résolutions de l'ONU adoptées entre
1967 et 2016 et affirmant que la question de Jérusalem devait faire partie d'un
accord de paix final. Celle approuvée en 1980, visant la colonisation de
territoires, déclarait que «toutes les mesures et actions législatives et
administratives prises par Israël, puissance occupante, qui visent à modifier
le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem n'ont aucune validité
juridique». Les États-Unis s'étaient alors abstenus, permettant l'adoption.
«Sans accord sur Jérusalem, il
n'y aura pas d'accord de paix»
François Delattre, ambassadeur
français à l'ONU
La France et le Royaume-Uni ont
rappelé ce lundi que Jérusalem était «une clé» pour la solution à deux États,
israélien et palestinien, vivant en paix côte à côte. «Sans accord sur
Jérusalem, il n'y aura pas d'accord de paix», a fait valoir l'ambassadeur
français, François Delattre, rappelant le «consensus international» sur «une
solution à deux États». «Les États-Unis continueront à jouer un rôle
extrêmement important dans la recherche de la paix au Proche-Orient», a estimé
son homologue britannique, Matthew Rycroft.
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Le phénomène inquiétant des «marave challenges» dans les
lycées (19.12.2017)
Par Le Figaro Etudiant •
Publié le 19/12/2017 à 09:37 • Mis à jour le 19/12/2017 à 09:57
Il s’agit de s’attaquer, en bande
et au hasard, à des jeunes devant des établissements scolaires, pour la somme
de dix euro Crédits photo: Facebook
Trois plaintes ont été
déposées à l’hôtel de police de Metz après plusieurs agressions devant les
établissements de la ville, qui proviennent de défis lancés sur les réseaux
sociaux de s’attaquer en bande à des lycéens pour la somme de 10 euros.
C’est le nouveau «jeu» à la mode
dans la ville de Metz, et il ne fait pas rire tout le monde. Trois plaintes ont
été déposées et une enquête vient d’être ouverte après trois agressions, en fin
de semaine dernière, devant des lycées de Metz (Moselle), visant trois jeunes
de 17 et 18 ans, comme l’explique France
Bleu Lorraine Nord.
Ces agressions découlent d’un
nouveau «défi» inquiétant lancé sur Facebook, le «marave challenge». Le concept
est simple, et particulièrement stupide: il s’agit de s’attaquer, en bande et
au hasard, à des jeunes devant des établissements scolaires, pour la somme de
dix euros. Les défis se lançaient jusqu’à présent sur une page Facebook, qui
rassemblait plus de 60 membres. Elle a été désactivée.
Sécurité renforcée devant les
lycées
La sûreté départementale de la
police mène désormais l’enquête. En attendant de retrouver les coupables des
agressions, la sécurité est renforcée devant cinq établissements de la ville:
les lycées Fabert, Anne-de-Méjanès, Georges-de-la-Tour, René-Cassin et
Louis-Vincent. Des patrouilles passent régulièrement devant les lycées et les
images de vidéosurveillances, qui pourraient avoir capté les agressions, sont
en train d’être exploitées.
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Les lycées
Comment la France traque les islamistes radicaux (17.12.2017)
INFOGRAPHIE - Face à une menace
terroriste toujours aussi élevée, les services de l'État ont dû faire tomber
plusieurs tabous pour déployer un dispositif plus efficace.
Loin de nos frontières, le
«califat» vit ses
derniers instants dans la zone irako-syrienne. Mais l'islam
radical est plus que jamais implanté dans l'Hexagone. Dans ses fiefs
traditionnels où il prospère depuis les années 1990, mais aussi dans des
endroits plus inattendus, comme le
Tarn, dans le «top 10» des départements, en nombre de radicalisés par
habitant. Le Figaro a pu observer de près comment l'État y
détecte et prévient la radicalisation violente. Des procédures mises en place
partout en France depuis le plan «antidjihad» d'avril 2014.
» LIRE AUSSI - Notre
reportage dans le Tarn avec les services de l'État qui évaluent les profils à
risque
- Crédits photo : Le Figaro
Un nouveau plan de lutte contre
la radicalisation, évoqué
par le chef de l'État en octobre, sera présenté début 2018. Emmanuel
Macron avait indiqué que serait dressée une «liste des territoires» faisant
l'objet d'une surveillance spécifique. Et de préciser: «des plans d'action
seront établis par les préfets dans leur département» impliquant «de nombreux
autres services de l'État» pour «prévenir les menaces et mettre en place des
organisations pour identifier les comportements les plus à risques», en
coopération «étroite avec les magistrats».
Car, de l'avis de tous les
spécialistes, le phénomène est appelé à durer. Et les chiffres parlent
d'eux-mêmes. En 2006, les renseignements généraux estimaient à 5000 le nombre
de salafistes en France et à 500 celui des militants les plus radicaux. 175
détenus étaient jugés «prosélytes» en prison (pour 99 condamnés pour
terrorisme). Onze ans plus tard, le fichier des signalements pour la prévention
de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) compte 12.000 «signalés
actifs» sans parler de ceux qui sont «en veille».
500 personnes sont incarcérées
pour terrorisme ou apologie du terrorisme et 1150
détenus de droit commun radicalisés… Cette progression et la vague
d'attentats de 2015-2017 ont imposé une multiplication des échanges
d'informations impliquant des acteurs de plus en plus nombreux (Éducation
nationale, services sociaux, associations s'occupant de jeunes, milieux
médicaux…).
- Crédits photo : Le Figaro
La menace a eu raison des réticences
initiales d'une partie de ces milieux méfiants envers toute «collaboration».
«Tous les tabous ne sont pas tombés et certains s'interrogent encore, note un
militant associatif. Mais les attentats ont agi comme un détonateur». La
prévention demeure une tâche difficile car il faut détecter un danger potentiel
mais sans excès ou exagérations qui pourraient être exploités par les
islamistes. Une tâche d'autant plus délicate que l'arrivée de «revenants»
de la zone syro-irakienne et de «sortants» de prison après avoir
purgé leur peine dans des affaires terroristes (plusieurs dizaines sont
attendus dès 2020) compliquera encore les choses. Quant au thème sensible de la
«déradicalisation», ou du «désengagement», terme préféré par les autorités, le
défi est encore plus grand pour le futur plan. «Une chose est
claire, remarque un spécialiste, il faut abandonner le fantasme
selon lequel il serait possible de “déprogrammer” les jeunes radicalisés.»
Le FSPRT, un fichier plus
précis que celui des fichés S
Créé en mars 2015, le fichier des
signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste
(FSPRT) est devenu l'instrument de «mesure» de la radicalisation. Un
«baromètre» plus précis que les fiches S, outil de renseignement aux contours
plus flous. Le mois dernier, dans son bilan définitif de l'état d'urgence, le
ministère de l'Intérieur indiquait ainsi que 12.000 personnes étaient inscrites
au FSPRT. Des «signalés actifs», dont la radicalisation est confirmée et qui
font l'objet d'un suivi actif par la police, la gendarmerie ou l'administration
pénitentiaire (auxquels il convient d'ajouter plusieurs milliers d'individus
placés «en veille»). 25.000 personnes étaient quant à elles fichées S (sûreté
de l'État). Sur ces 25.000, seules 9700 l'étaient pour radicalisation
(essentiellement liée à la mouvance terroriste islamiste).
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Migrants : la gauche vent debout contre la «circulaire de la
honte» (19.12.2017)
- Par Charles Sapin
- Publié le 19/12/2017 à 15:40
LE SCAN POLITIQUE -
Socialistes et Insoumis étrillent le texte porté par le ministère de l'Intérieur
qui prévoit le «recensement» de migrants dans les centres d'hébergement
d'urgence.
C'est une levée de bouclier qui
en dit long sur les débats à venir sur la loi «immigration - asile.» Le texte ne sera présenté
en conseil des ministres qu'au mois de février. Mais une circulaire du ministère de l'Intérieur envoyée aux préfets
le 12 décembre, a d'ores et déjà mis le feu aux poudres. Gérard Collomb y
invite les agents de l'État à envoyer des «brigades mobiles» pour procéder à un
recensement dans les centres d'hébergement d'urgence de migrants.
Une initiative visant à orienter
vers des structures différentes réfugiés, demandeurs d'asiles et déboutés qui
«remet en cause un droit fondamental», s'est insurgé le chef de file des
députés PS, Olivier Faure, mardi matin sur Cnews. «C'est une concession à l'air
du temps, une concession à ce que porte depuis fort longtemps la droite la plus
extrême avec une volonté de durcir le ton vis-à-vis de gens dont on considère
qu'ils sont finalement moins que rien», a-t-il lancé.
Dans un communiqué, les
porte-paroles d'Europe-Ecologie-Les Verts, Sandra Regol et Julien Bayou
attaquent quant à eux «une honte» du gouvernement et soutiennent «les
associations qui ont fait appel au Défenseur des droits.» Un soutien également
partagé dans les rangs de la France insoumise. La députée de Paris Danièle
Obono a appelé «à la mise en place sur l'ensemble du territoire national de
centres transitoires pour les primo-arrivants» lundi, à l'occasion de la
journée internationale des migrants.
Pour le Parti communiste
français, «Le président de la République se livre à une véritable chasse à
l'homme en triant les migrants au sein même des centres d'hébergement qui sont
censés les accueillir et les protéger, tonne-t-il dans un communiqué. Cette
circulaire du 12 décembre - la circulaire de la honte - provoque colère et
condamnation de la part des associations, de toutes celles et ceux attachés à
la défense des droits humains. Le Parti communiste français exige son
abrogation immédiate.»
Saisi de la circulaire, le défenseur des droits Jacques Toubon a écrit au
ministre de l'Intérieur pour lui faire «une série d'observations», et n'a
pas hésité à souligner sur France inter, les «risques de conflits» que pouvait
engendrer «l'intervention dans certaines préfectures des services de police à
l'intérieur des centres sociaux d'hébergement d'urgence.» Des réactions qui
augurent des débats musclés pour l'exécutif, jusque dans les rangs de sa propre
majorité, dès la rentrée.
Circulaire Collomb sur les migrants : le gouvernement cherche
à déminer (19.12.2017)
- Par Marcelo
Wesfreid
- Mis à jour le 19/12/2017 à 14:38
- Publié le 19/12/2017 à 12:20
LE SCAN POLITIQUE - Face aux
critiques qui se multiplient contre le recensement des migrants dans les
centres d'hébergement d'urgence, l'exécutif assure que ce contrôle ne sera pas
coercitif.
Après la polémique, le déminage.
Interrogée sur France Info à propos de la
circulaire du 12 décembre, qui stipule que des «équipes mobiles» seront
dépêchées dans les centres d'hébergement d'urgence afin de recenser les étrangers,
la
ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau a donné une lecture moins
répressive de ce texte, qui déchaîne les associations d'aides aux
sans-papiers.
«Ce ne sont pas des patrouilles,
a insisté la ministre, mardi. Ce sont des agents de la préfecture et de
l'Office français d'immigration et d'intégration qui vont aller dans les
centres d'hébergement pour examiner, pour ceux qui l'acceptent, qui ne
forceront personne, leur situation administrative». Et d'insister: il n'y aura
«aucune obligation de répondre», «ce n'est pas un recensement, mais un examen,
une proposition».
Gérard Collomb confirme sa
volonté d'expulser plus de déboutés du droit d'asile
«95.000 demandes d'asile par an :
si nous accueillons tout le monde, nous ne pourrions pas le faire dans de
bonnes conditions» a déclaré Gérard Collomb ce lundi 18 décembre sur RTL.
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Des «convocations en
préfecture» pour les récalcitrants
«Ce ne sera pas coercitif»,
assure de son côté le ministère de l'Intérieur. «Les agents publics ne pourront
pas interpeller les migrants, ni procéder à des contrôles d'identité, ni mettre
des gens dans la rue», renchérit un conseiller ministériel.
Ces derniers jours, plusieurs
associations ont claqué la porte des discussions avec le ministère de
l'Intérieur pour dénoncer un «tri», un texte liberticide. De son côté, le
Défenseur des droits Jacques Toubon a dénoncé une atteinte «aux droits
fondamentaux».
Le gouvernement a donc décidé de
faire baisser la température. «Cette circulaire prend des proportions
exagérées, il faut déminer le truc», glisse une source gouvernementale. Il
n'empêche: le virage en matière de communication n'estompe pas les dimensions
répressives du texte. Ainsi, si les personnes interrogées dans les centres
d'hébergement refusent de coopérer, des «procédures» peuvent être enclenchées à
leur encontre, explique-t-on dans un cabinet ministériel, comme une
«convocation à la préfecture en vue d'un examen plus complet de leur dossier».
La rédaction vous conseille
- Le
recensement des migrants prévu par l'État provoque la colère des
associations
- Migrants:
l'Etat fixe les modalités de recensement dans l'héb
Avec Macron, la société française s'ouvre au libéralisme
(19.12.2017)
Par Pascal Perrineau et Service
InfographieMis à jour le 19/12/2017 à 16h26 | Publié le 19/12/2017 à
16h14
INFOGRAPHIES - Souvent présentés
comme «illibéraux», les Français semblent davantage prêts à accepter les
réformes sociales-libérales du président.
Le libéralisme en tant que force
d'émancipation de l'individu vis-à-vis des tutelles traditionnelles (Églises,
pouvoirs, idéologies…) a été une réalité qui a fait son œuvre du
XVIe siècle jusqu'à nos jours. C'est l'histoire du libéralisme politique
que Lucien Jaume résume parfaitement par la formule suivante: «émancipation,
par la règle commune, de la société et de la personne vis-à-vis des
souverainetés du moment». Sinon, comment expliquer qu'aujourd'hui le mot
préféré des Français, dans la trilogie de la devise nationale, est «liberté».
Interrogés par l'Ifop en avril
2016 (sondage «Les Français et le libéralisme», pour L'Opinion et
Génération libre), 43 % choisissent le mot «liberté», 37 % le mot
«égalité» et 20 % le mot «fraternité». La majorité «libérale» n'est que
relative et clivée politiquement. Les électeurs proches de la gauche mettent au
premier rang l'égalité (41 %) devant la liberté (36 %) et la
fraternité (23 %). Ceux de droite déclarent à 54 % que la liberté est
leur mot préféré devant l'égalité (30 %) et la fraternité (16 %). Les
électeurs du centre occupent une position très proche de la moyenne nationale
(liberté 48 %, égalité 32 % et fraternité 20 %).
44 % des Français jugent que
«dans les années qui viennent il faut donner plus de flexibilité au marché du
travail»
Au-delà des grands principes, la
sensibilité libérale est restée et reste bridée. En juin 2017, 55 % des
personnes interrogées par Ipsos (sondage «Fractures française 2017», vague 5,
pour Sciences Po, Le Monde et la Fondation Jean-Jaurès)
considèrent que «pour relancer la croissance, il faut renforcer le rôle de
l'État dans certains secteurs de l'économie française jugés porteurs et
stratégiques», 45 % pensant qu'«il faut limiter au maximum le rôle de
l'État dans l'économie française et donner aux entreprises le plus de liberté
possible».
La réponse libérale est en
baisse, alors qu'elle n'avait cessé de monter depuis 2014. D'autres indicateurs
vont dans le même sens et mettent au jour un rapport de forces serré entre une
demande libérale et une résistance étatique.
Si 44 % des Français
interrogés par Ipsos jugent que «dans les années qui viennent il faut donner
plus de flexibilité au marché du travail», 48 % pensent au contraire qu'«il
faut renforcer la protection des salariés». Enfin, sur la question du
libre-échange, pierre de touche du libéralisme économique, la division de
l'opinion publique est parfaite: 50 % considèrent qu'«il faut aller vers
plus de libre-échange», 50 % qu'«il faut aller vers plus de
protectionnisme».
La demande libre-échangiste est
largement majoritaire dans un bloc central qui va des électeurs républicains
(63 %) aux électeurs socialistes (61 %) en passant par les
sympathisants de LREM (70 %). En revanche, le protectionnisme est
majoritaire du côté des sympathisants de La France insoumise et du Front
national. La société française est donc en travail sur cette question du
libéralisme.
La mondialisation, une
«opportunité» pour une majorité de Français
La prise de conscience d'une
France de plus en plus insérée dans la globalisation fait évoluer les
attitudes. De 2013 à nos jours, la perception de la mondialisation comme
«opportunité pour la France» a progressé de 13 points pour devenir
aujourd'hui légèrement majoritaire (52 %). En même temps, la demande
d'ouverture croissante du pays augmente (+ 5 points), mais reste
légèrement en deçà (47 %) de l'attitude protectionniste (53 %).
Sous les stimuli extérieurs de
l'insertion croissante de la France dans une économie globale, l'illibéralisme
français est interrogé et le pays comme ses élites se divisent. Pendant la
campagne, on a vu des candidats porteurs d'un libéralisme assumé sur le plan
économique.
François Fillon et Emmanuel
Macron, s'ils ne se retrouvaient que peu sur le terrain du libéralisme
culturel, se sont en revanche beaucoup rencontrés sur celui du libéralisme
économique. Tous deux voulaient réduire le nombre de fonctionnaires, baisser
l'impôt sur les sociétés, supprimer ou modifier les 35 heures, baisser les
charges qui pèsent sur les entreprises, agir sur l'âge de départ à la retraite
ou encore durcir les conditions d'attribution des allocations chômage… Leurs
électorats les ont largement suivis sur ce terrain. Cela explique que les
réformes les plus libérales du gouvernement Édouard Philippe sous la présidence
d'Emmanuel Macron soient soutenues par un «alliage» des électeurs de droite et
de ceux de LREM. Sur la réforme de l'ISF ou celle qui a touché le Code du
travail, seuls les électorats de droite et de LREM accordent une majorité
absolue de soutiens.
Sous les coups de boutoir
d'Emmanuel Macron, candidat puis président «social-libéral», la France poursuit
une mue libérale, jusqu'alors largement souterraine, en tentant de trouver un
point d'équilibre qui réunisse les électeurs du centre acquis à la cause
libérale, les électeurs sociaux-libéraux exaspérés par la fronde des
sociaux-étatistes du PS et les électeurs libéraux-sociaux des Républicains, peu
convaincus par la droite identitaire de Laurent Wauquiez. C'est cette coalition
encore fragile qui porte aujourd'hui au grand jour l'aggiornamento libéral du
pays.
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Éditorial : «Au cœur des ténèbres d'Alger» (18.12.2017)
Par Arnaud de La Grange
Il y a quelque chose de conradien
dans l'Algérie d'aujourd'hui. Celui qui tente de remonter la piste du pouvoir
se sent un peu dans la peau de Marlow, le héros d'Au cœur des ténèbres. Plus
il s'enfonce dans la jungle de la nomenklatura, plus le mystère s'épaissit.
Plus il se rapproche du mystérieux personnage qui est son but ultime, plus on
s'interroge sur la réalité de son existence. Sous les obscures frondaisons
d'Alger, l'illusion des apparences…
Opacité, manœuvres de palais,
rumeurs, non-dits, ainsi va le plus grand pays du Maghreb. Diminué
physiquement, le président Bouteflika n'en finit pas de régner dans un épais
brouillard. Et l'observation de la vie politique algérienne vire à la
kremlinologie des grandes années soviétiques. On suppute, on scrute, on
dissèque. Les photos, les déclarations ou le ballet des hommes de cour.
L'Algérie semble en attente,
suspendue à la vie d'un homme malade. Que se passera-t-il, quand l'heure de la
succession sonnera? Les plus «optimistes» avancent que rien ne changera. Un
clan continuera à diriger le pays, verrouillant le champ politique et achetant
la paix sociale. Mais d'autres tirent la sonnette d'alarme. Et font valoir que
faire le vide autour de soi est confortable pour durer sur un trône. C'est
aussi, souvent, la meilleure voie vers le chaos.
À sa manière, littéraire et
enflammée, l'écrivain Boualem Sansal a écrit tout haut ce que d'autres disent
tout bas. Les convulsions lui semblent inéluctables. Quand les verrous auront
sauté, entre prétendants politiques, militaires et oligarques, les couteaux
seront tirés. Sans oublier une jeunesse balançant entre fronde et résignation,
et les dangers d'une économie de rente. Si l'Algérie vacille, la Tunisie et le
Maroc chancelleront. Et l'onde de choc inévitablement courra sous la
Méditerranée, avec la menace d'une vague migratoire massive.
Certes, pour l'heure, le pays a
évité les soubresauts des printemps arabes. Certes, heureusement, le pire n'est
jamais pas sûr. Mais à défaut d'y voir clair, nous devons nous y préparer.
Journaliste
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Bouteflika (18.12.2017)
NOTRE GRANDE ENQUÊTE - En marge
du vieux système, la jeunesse crie son désespoir sur YouTube, se résigne ou
tente de s'inventer un avenir.
De notre envoyé spécial à
Alger
Jamais un chef d'État n'avait
régné aussi longtemps sur l'Algérie. Avant lui, Houari Boumediene détenait le
record de longévité avec treize années d'exercice du pouvoir. Le raïs était
mort dans une aura de mystère. Son décès à l'issue d'une longue période de coma
fut annoncé le 27 décembre 1978. Le surlendemain, un petit homme en
manteau noir, un certain Abdelaziz
Bouteflika, alors inamovible ministre des Affaires étrangères et héraut
du tiers-mondisme, prononça son oraison funèbre au cimetière d'Elia, près
d'Alger. Il fut évincé de la succession par les hauts dignitaires du régime et
condamné à une interminable traversée du désert avant d'être rappelé par le
«cercle des décideurs» pour remporter l'élection présidentielle de 1999.
L'Algérie émergeait d'une sanglante guerre civile entre le régime et les
islamistes, sorte de répétition générale du chaos dans lequel a glissé une
partie du monde arabe.
Place des Trois-Horloges, dans le
quartier de Bab el Oued, à Alger. Les immeubles déglingués suintent la
pauvreté. - Crédits photo : Zinedine ZEBAR pour le Figaro
Abdelaziz Bouteflika règne sur un
peuple à la fois turbulent et soumis depuis maintenant dix-huit ans et sept
mois. Le temps pour une génération de grandir tandis que son président se
recroqueville. Dans un pays où le pouvoir est opaque, le président est devenu
une ombre. Âgé de 80 ans, il est impotent depuis son hospitalisation en
urgence au Val de Grâce, à Paris, en 2013, pour un AVC.
Le chef de l'État a déserté le
palais d'el-Mouradia, situé sur les hauteurs d'Alger. Ses passages au siège de
la présidence se comptent sur les doigts d'une main depuis le début de l'année.
Abdelaziz Bouteflika y vient par obligation constitutionnelle pour des Conseils
des ministres. Quelques images filtrées par le service de communication de la
présidence sont à chaque fois diffusées dans les journaux des chaînes de
télévision. Les plans durent à peine quelques secondes. Ils donnent lieu à
d'interminables exégètes. «Il a tourné la tête, il est capable de parapher et a
même réussi à applaudir des deux mains malgré son bras paralysé», constate l'un
en spéculant sur les progrès de son état de santé. «Il parcourait un texte
alors qu'il ne peut pas lire sans lunettes», déplore un sceptique. Son visage
est passé au crible. Son regard peut être, selon les séquences, absent ou
perçant. Son teint est cireux. Et ses traits toujours figés. «Ces mises en
scène sont destinées à rassurer la population et à montrer que le pouvoir n'est
pas vacant», décrypte un ancien ministre peu convaincu qu'elles atteignent
leurs buts. «La maladie a évidemment des conséquences sur le fonctionnement de
l'État, qui est comme lui, à moitié paralysé. Un Conseil des ministres se tient
pour préserver les formes et valider, par exemple, la loi de finances, mais les
institutions sont bloquées. Les décisions se prennent ailleurs», poursuit-il.
Le president algérien Abdelaziz
Bouteflika à sa sortie du bureau de vote en novembre 2017, accompagné de son
frère Saïd (avec la moustache et la cravate bleu ciel). - Crédits photo :
Zinedine Zebar pour Le Figaro
Cet ailleurs se situe dans une
résidence médicalisée de Zéralda, une ville balnéaire du fond de la baie de
Sidi Fredj, où débarqua l'expédition française de 1830. Prononcer le nom de
Zéralda, c'est ouvrir la boîte à fantasmes. Le président passerait ses journées
sans agenda dans sa chaise roulante derrière de hauts murs sous la surveillance
d'un staff de médecins chinois et français tandis que son jeune frère, Saïd,
fidèle parmi les fidèles, gérerait les affaires de l'État dans un bureau plongé
dans la pénombre.
Terrasse sur la mer
Une autoroute embouteillée relie
la capitale au centre déplacé du pouvoir. À l'entrée de Zéralda, une route
s'enfonce à gauche dans une forêt de pins, de chênes verts et de palmiers. À
droite, un chemin interdit à la circulation aboutit à un ancien centre de repos
avec piscine et courts de tennis pour cadres supérieurs de la Sonatrach,
la société nationale d'hydrocarbures sur laquelle repose l'économie du pays.
Abdelaziz Bouteflika demeure dans le bâtiment central, un immeuble cossu à
défaut d'être luxueux. Au premier étage sont installées des cuisines, des
salles à manger et de réunions. De la terrasse, on voit au loin la mer tandis
que dans le ciel des aigrettes volent en escadrille. Au rez-de-chaussée, les
murs sont tapissés de piètres reproductions de tableaux orientalistes.
Quand il le peut, Abdelaziz
Bouteflika reçoit ses visiteurs internationaux derrière la porte d'une
antichambre fermée aux curieux. Il s'exprime, d'une voix basse et rauque, à
l'aide d'un micro-amplificateur portatif. Les invitations tombent au
compte-gouttes. À la sortie de l'entretien, les hôtes déploient des trésors de
créativité verbale pour trouver les mots appropriés. Le 6 décembre,
Jean-Yves Le Drian, qui accompagnait Emmanuel Macron, a opté pour la sobriété.
«Intellectuellement, il est parfaitement en forme», affirma-t-il sur France
Inter, avant d'ajouter: «Il est plus fatigué mais bon, ça peut arriver à un
certain âge.»
À Zéralda, le reclus vit entouré
de son clan. Il y a autour du vieux malade sa sœur, Zhora, une ex-sage-femme
qui le materne, et deux de ses frères, Abderrahim, dit Nacer, un discret haut
fonctionnaire, et Saïd, le cadet. Le rôle de ce dernier est sujet à
controverse. Ancien universitaire engagé dans la lutte syndicale puis
conseiller spécial de son frère, Saïd Bouteflika est le véritable secrétaire
général de la «République de Zéralda». D'une loyauté absolue, il sert
d'intendant et de courroie de transmission. Le déclin physique de son frère lui
aurait permis de passer d'un rôle d'entremetteur à celui d'arbitre, mais sa
marge de manœuvre est inconnue. Sa réserve naturelle et son refus de s'ouvrir
aux médias attisent les rumeurs. Pour ses plus virulents détracteurs, il est le
nœud gordien d'un puissant réseau de corruption. Ses adversaires lui prêtent
des ambitions présidentielles.
Alors, en attendant, qui
gouverne ? La «République de Zéralda» sans nul doute.
«Saïd est un vice-roi qui
favorise ses amis. Il a la capacité de leur ouvrir la voie aux crédits et de
les favoriser pour gagner les marchés publics mais la famille Bouteflika n'a
plus besoin d'enrichissement personnel. C'est déjà fait! Quant au choix du
successeur, il a toujours reposé dans le système algérien, où militaires et
oligarques s'imbriquent sur un consensus dénué jusqu'à ce jour de pulsions
dynastiques», tranche un familier du sérail. Alors, en attendant, qui gouverne?
La «République de Zéralda» sans nul doute. Le premier ministre, Ahmed Ouyahia,
et le général Gaït Salah, chef d'état-major des Armées, qui doit sa promotion
au président, figurent en bonne place parmi les visiteurs de l'établissement.
La mise à la retraite en 2015 par le président du général Mohamed Mediene, dit
Toufik, le tout-puissant chef du DRS (Département du renseignement et de la
sécurité, les services secrets) pendant des décennies, a mis fin à d'incessants
tiraillements. La santé chancelante du président a figé le statu quo. Bien que
décapité, le DRS reste le disque dur de l'État et le centre d'analyse politique
des militaires. Sa machinerie bien huilée fait tourner le régime.
Vidéos parodiques
L'invisibilité d'Abdelaziz
Bouteflika a en fait ajouté un rideau de fumée supplémentaire au pouvoir.
Observateur scrupuleux et lucide du régime, l'écrivain Kamel Daoud résume dans
un récent billet la situation en une formule: en Algérie, «le pouvoir est
clandestin par définition ou par fantasme collectif». On pourrait également
appliquer au pays la formule de Winston Churchill qui comparait, à la veille de
la Seconde Guerre mondiale, l'Union soviétique à «un rébus enveloppé de mystère
au sein d'une énigme».
Si elle présente l'avantage de
cuirasser le pouvoir, l'opacité a l'inconvénient d'ankyloser une administration
kafkaïenne par nature. «Beaucoup de décisions ne sont pas prises par peur de
déplaire et de payer ensuite les pots cassés. Ces blocages font de l'Algérie un
royaume immobile où rien ne bouge, en apparence», confie un haut fonctionnaire.
La succession«sera fermée à
l'opposition».
Omar Belhouchet, patron du
quotidien francophone El Watan
Fermé comme une huître, le régime
se crispe. Il interdit les manifestations de rue et a mis les médias sous
cloche. Enfermé dans une bulle souverainiste, le pays s'enfonce dans la crise
sociale. L'État n'a pas anticipé la baisse des prix du pétrole et rafistole les
brèches plutôt que de poser les véritables bases d'une nouvelle économie sortie
du tout pétrole. Les biens consommés proviennent toujours, malgré des
ajustements, à plus de 80 % des importations. La monnaie s'effondre,
l'inflation galope, le pouvoir d'achat est en berne, mais ses habitants ne
risquent pas de se révolter. «Le pouvoir joue de la peur de l'inconnu et du
basculement de la Libye, de la Syrie et du Yémen dans la violence. La
télévision nationale a diffusé pour le 20e anniversaire du massacre de
Benthala (environ 400 civils tués par le Groupe islamique armé pendant la
guerre civile) des images inédites de celle qui fut la tuerie emblématique de
la décennie noire. Elles ont été interprétées comme un message adressé aux
Algériens: taisez-vous, sinon vous aurez ça.» Les gens préfèrent manger du pain
et des oignons plutôt que de tenter le diable. Quant à la succession, «elle
sera fermée à l'opposition», dit Omar Belhouchet, le patron du quotidien
francophone El Watan, dont les ressources publicitaires se sont
taries à la suite du boycott des grands annonceurs. Le journal avait eu le tort
de ne pas soutenir Abdelaziz Bouteflika lors de la dernière présidentielle, une
élection au résultat pourtant couru d'avance. Il a vu également son nouveau
siège mis sous scellés par la justice.
Le silence est réclamé dans les
rangs mais il vient d'en haut. Grand orateur, Abdelaziz Bouteflika avait tissé
un lien unique avec son peuple par la magie du verbe. Cette relation est
aujourd'hui définitivement rompue. Le reclus de Zéralda n'a pas parlé
directement à ses concitoyens depuis cinq ans. Quant à sa dernière apparition
en public, elle remonte aux élections municipales de novembre, marquées par un
taux d'abstention record.
Durant les campagnes
électorales législatives et locales de 2017, des vidéos de youtubeurs ont
défrayé la chronique.
Durant les campagnes électorales
législatives et locales de 2017, des vidéos de youtubeurs ont défrayé la
chronique. Leur succès viral marque le gouffre qui sépare la jeunesse de ses
dirigeants. Les clips sont signés Anis Tina, DZ Joker ou Kamel
Labiad. Affichant des millions de vus sur les réseaux sociaux, elles
témoignent de la persistance d'un esprit transgressif typiquement algérien.
Dans une
parodie de film de zombies, qu'il a intitulé «La Takon Chiyyat» («Ne
sois pas un cireur de pompes ) -, Kamel Labiad montre une berline qui
roule dans la nuit et le brouillard. Saïd Bouteflika conduit, le président est
assis à l'arrière. Il est reconnaissable à ses yeux qui s'allument à la manière
d'un robot. Sur la plaque du véhicule, il est écrit «Il ne meurt pas». Des
chiyyatine (brosseurs de chaussures) portant le masque de personnalités connues
pour être des serviteurs zélés du président courent derrière lui sur une route.
Elle mène vers un fort appelé «la ferme de Bouteflika et de sa famille».
Dans la
vidéo d'Anis Tina, il est question d'une tribu «du peuple». Elle
résiste à la tribu des «députés». Le film dénonce la corruption et le
clientélisme. Tourné avec des comédiens en costume, il détourne le Messager, un
célèbre biopic arabe sur la vie du Prophète, en le mixant avec la série Kaamelott.
Mais le «must» est le
slam de Chemseddine Lamrani, alias DZ Joker, vu par plus de
11 millions de personnes sur YouTube. Il a inspiré le hashtag #Mansotich
(un jeu de mots sur le thème «je ne vais pas voter») .
DZ Joker évoque la misère des
petites gens. L'artiste montre des images poétiques et léchées d'un harraga, un
migrant clandestin, flottant dans l'eau qui s'excuse auprès de sa mère parce
que son bateau s'est retourné. Un malade couché sur un lit d'hôpital dénonce la
construction d'«une mosquée de deux milliards d'euros» au détriment d'hôpitaux.
Un père de famille n'a pas de quoi nourrir sa famille. Un sportif est contraint
de s'entraîner dans sa baignoire. DZ Joker appelle l'Algérie «Elle» et ses
dirigeants «Eux». «Ce n'est pas contre toi que je dis ça, tu m'as bien compris,
toi je t'aime, mais je parle d'eux», scande-t-il.
La «Hogra», la haine
Les autorités ont tenté de réagir
en dénonçant une «violente campagne» de manipulation politique et de
dénigrement des valeurs religieuses. Relayée par la chaîne de télévision
Ennahar, la polémique n'en finit pas. Âgés d'une trentaine d'années, les
youtubeurs sont détestés ou adulés. L'immense masse des conservateurs religieux
les exècre. Leur nihilisme est dénoncé par les secteurs dynamiques de la
population. L'argent qu'ils récoltent grâce à leurs cartons sur YouTube agace.
Une partie de la jeunesse qui réclame sa part de la rente pétrolière a, elle,
élevé DZ Joker et ses acolytes au rang de héros. À Bab el-Oued, les «porteurs
de mur», les jeunes désœuvrés, attendent avec gourmandise les nouvelles mises
en ligne.
Karim et Islam, jeunes Algerois à
Bab El Oued. - Crédits photo : Zinedine Zebar pour Le Figaro
Ce vendredi, les fidèles ont fini
de prier dans les mosquées du quartier et le match de football opposant
l'équipe locale de l'USMA d'Alger aux Kabyles du JSK de Tizi Ouzou n'a pas
commencé. À Bab el-Oued, les rues sont sales et les immeubles déglingués. Elles
suintent la pauvreté et l'absence d'espoir des éternels perdants. «DZ Joker dit
ce que l'on pense. C'est un homme! Un vrai! Nous n'avons rien! Il n'y a pas de
boulot et nous savons que la politique ne sert que ceux qui en font», dit
Karim. Son pote, Islam, acquiesce. Ils portent la gandoura sous une veste de
survêtement et sont nu-pieds dans des claquettes. La dégaine à la mode sur les
trottoirs de la place des Trois-Horloges. Karim va au lycée. Islam est
mécanicien de bateau au chômage. Le portable et ses réseaux sociaux rythment
leur existence. «On vit à dix dans notre appartement. Quand je me réveille le
matin, je ne sais pas ce que je vais faire. Je n'ai pas d'avenir», assure
Islam. La hogra, cette haine contre une société jugée injuste, se transmet de
génération en génération, tout comme l'envie d'aller voir ailleurs. Avant, les
enfants de Bab el-Oued montaient dans les maquis islamistes. Aujourd'hui, ils
ont en ligne de mire l'immigration. «On nous délaisse. Si j'obtiens une
formation, je demanderai un visa pour partir en Espagne», assure Karim.
Enfant de Bab el-Oued, Abdellah
Malek, 30 ans, a, lui, rompu avec le pessimisme ambiant. Il a fondé, près
du port, dans les sous-sols d'une ancienne usine de batteries électriques,
Sylabs, un accélérateur de start-up, un mot entré voici peu dans le vocabulaire
algérien. Abdellah raconte un autre monde. Ses amis montent des entreprises
dans l'e-tourisme local ou l'accompagnement des loisirs grâce à l'émergence
durant les prix hauts du pétrole d'une classe moyenne. «Le modèle de réussite,
ce n'est plus de partir en Europe mais de sortir de la passivité et d'avoir un
challenge à accomplir», dit-il.
Des livres par milliers
Lancée par des pionniers, la
tendance se pérennise avec l'ouverture de parcs numériques. C'est en tout cas
l'avis de Chams-Eddine Bezzitouni, 27 ans, l'un des chefs de file de ce
mouvement. Il a inventé sur Twitter le hashtag #je suis content (Raniferhane)
pour répondre sur un ton provoquant au #je suis furieux (Ranizaafane) des
youtubeurs de la colère. «J'en avais assez de leur nihilisme et de leur
populisme. Évidemment, les richesses sont mal réparties mais l'avenir est beau,
parce que l'avenir, c'est nous. Il nous appartiendra dans quelques années pour
des raisons de limite biologique. Il s'agit de savoir en attendant si nous
voulons rester comme nous sommes, c'est-à-dire des gens qui souffrent et
réclament pour être pris en charge, ou si nous voulons changer. Les youtubeurs
devraient soigner leur réputation et montrer la voie.»
«Chams» fonctionne par communautés.
Il se méfie de la société civile, qu'il juge trop politisée. Il monte des
événements 2.0. «On y dialogue sur le mode pause-café pour construire un futur
qui reste à inventer. Créer du lien, c'est créer de la valeur, dit-il. Le
chômage n'est pas une fatalité, nous pouvons créer des emplois malgré les
freins et un écosystème qui n'est pas le meilleur.» Sur les réseaux sociaux, la
bataille entre «contents» et «furieux» tourne plutôt en faveur des jeunes gens
en colère, plus nombreux, mais le débat est ouvert. Ces frémissements d'une
société qui s'interroge sur elle-même passent aussi par le retour du récit. Une
nouvelle génération d'écrivains perce en marge de la culture officielle tandis
que des auteurs confirmés s'imposent. Le dissident kabyle Boualem Sansal
pourfend l'ordre islamique. Kamel Daoud n'est pas seulement un romancier
reconnu en France. Meursault, contre-enquête est un best-seller en Algérie,
avec plus de 15.000 exemplaires vendus. Son dernier livre, Zabor ou les
Psaumes, vient de franchir la barre des 8000 exemplaires.
C'est que Kamel Daoud est d'abord
un écrivain algérien. Il est publié en Algérie avant d'être diffusé à
l'étranger et défendu par les Éditions Barzakh, fondées il y a une quinzaine
d'années par Sofiane Hadjadj et Selma Hellal. «Nous allons avec nos écrivains,
comme des forains, à la rencontre des lecteurs en province. Le public est
assoiffé de livres de culture algérienne qui parlent de l'Algérie
d'aujourd'hui. Il veut un accès direct aux auteurs bannis des médias
officiels», dit Sofiane Hadjadj. L'éditeur indépendant reconnaît toutefois
devoir pratiquer l'autocensure. «On évite par exemple l'offense à la religion
et l'outrage à l'armée», précise-t-il.
La maison d'édition a pignon sur
rue à Alger, via son élégante librairie L'Arbre à Livres. On peut y trouver sur
les étagères Mon testament pour les libertés, un ouvrage sorti le
8 décembre d'Abdenour Ali-Yahia, 96 ans, figure algéroise, fin connaisseur
des arcanes du pouvoir et défenseur des droits de l'homme depuis les années
1980. Il y réclame - comme il l'a fait pendant près d'un siècle - la
«fin de la tutelle sur le peuple», ainsi que le départ du président. Reclus,
lui aussi, dans son appartement, le vieillard, ancien ministre comme Abdelaziz
Bouteflika de Houari Boumediene, envoie un dernier message à ce président qui
«refuse de céder un pouvoir qu'il ne peut plus exercer». Un message que, bien
entendu, le chef de l'État n'entendra pas. Un raïs n'abdique jamais!
La rédaction vous
conseille :
«La mise à l'index des professeurs qui ont une orthographe correcte
est inadmissible» (19.12.2017)
INTERVIEW - Le sujet est encore
tabou, mais de plus en plus d'enseignants ont de grosses faiblesses en
orthographe. Blanche Lochmann, présidente de la Société des agrégés, prône des
solutions en amont.
LE FIGARO. - Comme l'a relevé
une enquête du Parisien, de plus en plus de professeurs sont fâchés
avec l'orthographe. Comment l'expliquez-vous?
Blanche LOCHMANN. -Nous ne
disposons pas de chiffres précis, mais cela peut s'expliquer par la
massification du recrutement. L'augmentation du nombre d'élèves et d'étudiants
a exigé une augmentation du nombre de professeurs. Plusieurs milliers
d'enseignants sont désormais retenus chaque année pour près de 1 million
de personnes en exercice. C'est un défi auquel l'institution doit répondre par
un mode de recrutement efficace.
Le quinquennat précédent a choisi
d'augmenter le nombre de places aux concours pour tenter de mettre un
professeur devant chaque classe, dans un contexte démographique tendu. La publication du nombre de postes offerts en 2018 montre
que ce n'est pas le choix politique actuel. Dès lors, il faut que la
mission de ce quinquennat réside dans la formation continue des professeurs et
qu'un investissement conséquent - financier et humain - y soit consacré.
«Le ministère n'a pas encore
su trouver les moyens de rendre la profession attractive alors qu'elle est en
concurrence avec d'autres débouchés»
Blanche Lochmann
Constatez-vous un laxisme dans
le recrutement des professeurs?
À l'agrégation externe, chaque
année, environ 1700 excellents lauréats sont recrutés. Il n'y a aucun laxisme
dans la manière dont les jurys organisent la sélection, sur le fond comme sur
la forme. Ils ne pourvoient pas tous les postes s'ils estiment le niveau
insuffisant et, si les candidats d'une section sont particulièrement brillants,
ils proposent une liste complémentaire. Plusieurs centaines de professeurs
passent l'agrégation interne, se remettant en question en cours de carrière et
le décidant seuls, sans encouragement particulier de l'institution: non
seulement le concours est exigeant, mais ils le sont avec eux-mêmes.
Peut-on encore penser que les
concours de l'Éducation nationale promeuvent l'excellence?
Ils le font, malgré les critiques
hors sujet contre leur sélectivité! L'enjeu est de recruter les meilleurs
éléments. Le ministère n'a pas encore su trouver les moyens de rendre la
profession attractive alors qu'elle est en concurrence avec d'autres débouchés.
«L'institution doit dire
clairement que la maîtrise de la langue française est une condition
indispensable à l'exercice du métier»
Blanche Lochmann
Cette baisse de niveau
entraîne-t-elle un manque d'exigence à l'école?
Ce qui est inquiétant, c'est
l'atmosphère d'anti-intellectualisme qui règne dans l'institution. Comment
justifier qu'on lance méchamment à une collègue suggérant une correction dans
un document: «Ah, tu ne vas pas encore faire ta “prof” de français!»? Quand,
loin de se dire qu'il faut remédier à un problème que les parents sont de plus
en plus nombreux à constater et de moins en moins enclins à supporter, on
semble se mettre d'accord pour évacuer ce problème, c'est préoccupant. La mise
à l'index de ceux qui ont une orthographe correcte est inadmissible.
Bien sûr, il n'est pas évident de
reconnaître ses difficultés, mais on sait bien que la langue française est
ardue, qu'on doit vérifier plusieurs fois ce qu'on écrit et procéder à la mise
à jour régulière de ses connaissances. L'institution doit dire clairement que
la maîtrise de la langue française est une condition indispensable à l'exercice
du métier et ne pas laisser affirmer que c'est un rigorisme dépassé. Il y a
pléthore d'esprits inventifs désireux de partager leurs connaissances, c'est
très bien. Être professeur, ce n'est pas seulement cela, c'est s'efforcer
d'être irréprochable: il y a un devoir d'exemplarité.
«Il serait temps de se pencher
sur les Espé. Ces écoles ne répondent absolument pas aux problèmes concrets de
nos collègues»
Blanche Lochmann
Quelles solutions
préconisez-vous pour lutter contre ce problème?
Il faut trouver des solutions en
amont. Lors de cours de remise à niveau dans une université, j'ai pu constater
que les exercices de grammaire n'étaient pas suffisants. Lorsqu'il s'agit de
compléter des phrases, les étudiants sont excellents: les difficultés ne se
voient pas parce qu'un seul problème est posé à la fois. Il est plus compliqué
en revanche d'orthographier correctement un texte contenant des difficultés de
natures différentes.
Les fautes sont dues au manque de
pratique et à plusieurs facteurs: les lacunes des programmes, la réduction du
nombre d'heures de français, la disparition ou l'évolution de l'enseignement de
disciplines qui permettaient de revoir la grammaire française autrement
(langues anciennes et langues vivantes avec, notamment, la pratique de la
version), enfin, la réticence des professeurs d'autres disciplines à corriger
les fautes dans les devoirs, suivant en cela - il faut bien le dire - les
instructions de certains inspecteurs.
Pour les professeurs, il faut une
formation continue. Il serait temps de se pencher sur les Espé (écoles
supérieures du professorat et de l'éducation), leur rôle et leur
fonctionnement. Ces écoles ne répondent absolument pas aux problèmes concrets
de nos collègues, elles ne sont pas adaptées aux enjeux actuels et elles sont
encore trop souvent le foyer d'idéologies dépassées. Pour aider nos collègues,
pour participer à l'effort indispensable de formation, la Société des agrégés
est prête à s'engager et à mettre en place des solutions concrètes et constructives,
comme elle le fait pour les agrégatifs dans le cadre des ateliers de
l'agrégation. Mais une prise de conscience institutionnelle est nécessaire pour
que la situation évolue.
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«Il est impossible de lutter contre l'islamisme radical sans
associer le religieux» (19.12.2017)
INTERVIEW - Directeur d'études à
l'EHESS, Farhad Khosrokhavar explique la nécessité de poursuivre les
programmes de déradicalisation en France, et met en garde contre une stratégie
qui nierait le fait religieux.
Farhad Khosrokhavar est directeur
d'études à l'EHESS. Il a été le patron du Centre d'analyse et d'intervention
sociologiques (CADIS, EHESS-CNRS) de mai 2015 à août 2016. Il est aujourd'hui
directeur de l'Observatoire de la radicalisation à la Maison des sciences de
l'homme. Ses recherches se sont concentrées sur la sociologie de l'Iran
contemporain, sur les problèmes sociaux et anthropologiques de l'islam en
France et sur la philosophie des sciences sociales.
LE FIGARO. - Les
professionnels se plaignent de l'absence de toute évaluation des programmes mis
en place après les attentats de 2015…
Farhad KHOSROKHAVAR. - Il
n'y a pas de programme qui puisse s'évaluer de manière pertinente en un ou deux
ans. Les programmes de déradicalisation ont démarré en France à la mi-2014
et ont été stoppés en 2016. Or aucune étude d'impact ne
peut être réalisée dans des temps si courts. En Allemagne, en Norvège ou en
Grande-Bretagne, cela fait une dizaine d'années que des stratégies sont tentées
avec des donnes communautaires bien plus compliquées que ce que nous connaissons
en France. De plus, les moyens sont très importants. La Grande-Bretagne a
consacré une centaine de millions d'euros à la lutte contre le terrorisme
- et les personnes impliquées sont bien plus nombreuses -, soit le
double de la France.
«Je crois qu'il faut accepter
que l'État se désengage de ces programmes»
Farhad Khosrokhavar
Comment expliquez-vous que la
France soit incapable de mettre en place des programmes qui tiennent la route?
Comme on a pu le constater, cette
lutte contre la déradicalisation a d'abord été le fait de
l'administration. Cela a été le cas à Fresnes puis à Fleury, avec
des fortunes diverses. En cas d'échec, ces administrations doivent essuyer des
critiques très sévères de l'opinion publique et du politique. C'est un
face-à-face malsain qui n'incite pas à recommencer. Ne rien faire, c'est être
sûr de ne pas être cloué au pilori.
L'administration pénitentiaire
n'a pas envie de prêter le flanc aux critiques. Ailleurs en Europe, les choix
sont différents. La société civile est bien plus impliquée dans la lutte contre
le djihadisme. En Grande-Bretagne, les mères ont été et sont très actives. Sont
associés aux programmes les psychothérapeutes, les imams, les représentants des
quartiers, de l'ordre public et les mairies. Je crois qu'il faut accepter que
l'État se désengage de ces programmes.
Beaucoup estiment que lutter
contre l'islam radical est impossible…
Tâtonner est normal mais il ne
faut pas abandonner. La France est le pays qui a été le plus touché par les
attentats. Aucun autre n'a connu de drames comme ceux de janvier et de novembre 2015 puis
de juillet 2016. Il est impossible de ne rien faire, de ne rien tenter. Avec la
disparition de Daech, le terrorisme va évoluer, mais le danger est toujours là,
et d'autant plus important que l'on se détourne de cette lutte. Ce qui marche,
c'est la prévention. C'est ce que disent les policiers anglais, par exemple.
Ailleurs, en Norvège ou au Danemark, c'est l'intégration qui est vertueuse. Moi,
je suis persuadé qu'il est impossible de lutter contre l'islamisme radical sans
associer le religieux. En France, c'est un concept très difficile à cause d'une
laïcité parfois mal comprise. Il faut dépasser ce conflit.
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révolution industrielle» (19.12.2017)
TRIBUNE - Le célèbre essayiste
américain invite le président de la République à construire une « France
2.0 ». La transformation digitale et la transition énergétique doivent
compléter les réformes du travail et le programme de lutte contre le changement
climatique.
Le président français a élaboré
un programme ambitieux grâce auquel il entend réformer en profondeur le
travail, les marchés et la fiscalité. Son objectif? Favoriser l'émergence
d'innovations susceptibles d'accélérer la productivité et la croissance
économique et stimuler la création massive d'emplois dans l'économie française.
Bien que ces réformes soient essentielles, elles ne suffiront cependant pas
tant que les infrastructures de la deuxième révolution industrielle - les
grosses sociétés de télécommunication, l'industrie des énergies fossiles et le
nucléaire - ainsi que les transports routiers, ferroviaires, maritimes et
aériens utilisant le moteur à combustion interne resteront la plateforme
utilisée en priorité pour gérer, alimenter et faire progresser l'activité
économique dans la chaîne de valeur française.
Même si les infrastructures de la
deuxième révolution industrielle ont effectivement rendu possibles les gains de
productivité qui ont provoqué une augmentation spectaculaire de la croissance
durant le XXe siècle, ce cycle a atteint son pic dans l'ensemble des
nations industrielles au cours des quinze à vingt dernières années, ce qui a
conduit au déclin du PIB et à la hausse correspondante du taux de chômage. Même
une modernisation de ces infrastructures n'aurait qu'un effet limité sur
l'efficacité globale, la productivité, les débouchés commerciaux, l'emploi et
la croissance. Les énergies fossiles et l'énergie nucléaire arrivent en fin de
vie. Les technologies conçues et mises au point pour fonctionner avec ces
énergies, comme les réseaux de télécommunication, le système électrique
centralisé et les modes de transport à combustion interne, arrivent au bout de
leur potentiel de productivité.
La création et le déploiement
des infrastructures intelligentes nécessaires pour lancer une troisième
révolution industrielle numériquement intégrée sont en train de devenir une
priorité vitale si la France et l'Union européenne veulent progresser dans la
construction d'un espace commercial, social et politique parfaitement intégré
La création et le déploiement des
infrastructures intelligentes nécessaires pour lancer une troisième révolution
industrielle numériquement intégrée - comprenant notamment l'Internet des
télécommunications 5G, un Internet des énergies renouvelables, ainsi qu'un
Internet de la mobilité alimenté par des véhicules électriques et équipés de
piles à combustible - sont en train de devenir une priorité vitale si la France
et l'Union européenne veulent progresser dans la construction d'un espace
commercial, social et politique parfaitement intégré. Jusqu'à présent, la
France se situe loin derrière les huit pays de l'UE les plus avancés en matière
de connectivité numérique à très haut débit.
L'amélioration de l'efficacité
réglementaire et la mise en œuvre de réformes appropriées dans le secteur du
travail, des marchés et de la fiscalité pourraient entraîner une nouvelle vague
de productivité susceptible de perdurer au cours des cinquante prochaines
années, à condition qu'elles soutiennent la transition énergétique et qu'elles
s'accompagnent d'un programme visant à accélérer la création et le déploiement
de ces nouvelles infrastructures numériques intelligentes.
Les nouvelles infrastructures
numériques françaises permettront l'apparition de nouveaux modèles commerciaux
et le développement de nouveaux types d'emploi
Prévue pour s'étaler sur une
période de quarante ans, la construction de ces infrastructures nécessitera
l'implication de pratiquement toutes les industries - les sociétés de
distribution d'énergie et d'électricité, l'industrie des télécommunications et
du câble, le secteur des technologies de l'information et de la communication
(TIC), l'industrie de l'électronique, les secteurs de la construction et de
l'immobilier, le secteur de la logistique et du transport, l'industrie
manufacturière, l'agriculture, etc. - et devrait entraîner la création de
millions d'emplois pour des travailleurs qualifiés, semi-qualifiés et professionnels.
À leur tour, les nouvelles
infrastructures numériques françaises permettront l'apparition de nouveaux
modèles commerciaux et le développement de nouveaux types d'emploi,
caractéristiques d'une évolution vers un nouveau paradigme économique
intelligent et vers une économie sobre en carbone respectueuse de
l'environnement.
Le gouvernement d'Emmanuel Macron s'est engagé à investir
50 milliards d'euros dans le déploiement des infrastructures publiques et
dans la transition énergétique afin de stimuler l'innovation
commerciale et créer de nouvelles opportunités d'emploi. Cet argent devrait
partiellement servir à ériger l'infrastructure numérique du XXIe siècle et
à accompagner la transition énergétique d'une France 2.0.
Si les infrastructures des
première et deuxième révolutions industrielles avaient été conçues pour être
centralisées, descendantes, propriétaires et verticales, la troisième
révolution industrielle progressera bien mieux avec des méthodes
décentralisées, collaboratives, ouvertes et horizontales
Jusqu'ici, trois juridictions
politiques - la région des Hauts-de-France, la région métropolitaine de Rotterdam-La
Haye, ainsi que le grand-duché de Luxembourg - ont déjà mis sur pied des
programmes pleinement intégrés pour préparer la troisième révolution
industrielle, ainsi que des initiatives en vue d'entamer la transition de leur
économie. Ce processus marque un nouveau jalon dans la gouvernance du
développement économique et social qui reflète la nature des nouvelles
infrastructures prêtes à être déployées. En effet, si les infrastructures des
première et deuxième révolutions industrielles avaient été conçues pour être
centralisées, descendantes, propriétaires et verticales, la troisième
révolution industrielle progressera bien mieux avec des méthodes
décentralisées, collaboratives, ouvertes et horizontales, modifiant ainsi la
nature même de la gouvernance.
Conscients des possibilités et
des défis découlant de cette nouvelle révolution technologique, les
gouvernements des Hauts-de-France, de la région métropolitaine de Rotterdam-La
Haye et du grand-duché du Luxembourg ont acquis un nouveau rôle de
facilitateur, remplaçant ainsi la gouvernance traditionnelle, centralisée et
descendante, par une approche horizontale reposant sur un réseau régional. Ce
réseau rassemble plusieurs centaines de parties prenantes issues du
gouvernement, du monde de l'entreprise, du milieu universitaire et de la
société civile, qui ont activement participé à la préparation des feuilles de
route régionales ainsi qu'à l'élaboration des projets de déploiement
correspondants.
«Glocalisation»
Si les première et deuxième révolutions
industrielles ont donné naissance à une mondialisation verticale de forme
descendante, la troisième révolution industrielle est à l'origine du concept de
«glocalisation», une approche plus horizontale dans laquelle des villes, des
régions, des États-nations et des unions continentales travaillent côte à côte
au sein de vastes réseaux numériques mondiaux, où ils partagent des
infrastructures de communication à haut débit, des énergies renouvelables et
des moyens de transport autonomes (électriques ou dotés de piles à
combustible), offrant une qualité de vie plus équitable et plus durable sur le
plan écologique.
La première étape pour
synchroniser et intégrer le déploiement de la nouvelle infrastructure numérique
consiste en l'élaboration d'un document-cadre par le gouvernement. Ce document
pourra ensuite inspirer, encourager, guider et pousser les dix-huit régions de
France à établir leurs propres feuilles de route afin de créer l'infrastructure
nécessaire à l'échelon régional.
Le gouvernement français a
désormais la possibilité de montrer à l'Union européenne la voie à suivre pour,
non seulement, créer une Europe 2.0., mais aussi, pour reprendre les mots du
président Macron, rendre toute sa grandeur à notre planète
Le 7 février dernier, la
Commission européenne a annoncé son intention de lancer une initiative «Smart
Europe» visant à favoriser la création d'infrastructures numériques intégrées
et la transition énergétique correspondante dans toute l'Union européenne. L'objectif
est de stimuler la productivité, de créer de nouveaux débouchés commerciaux et
de nouvelles opportunités d'emploi, ainsi que d'accélérer la transition vers
une économie sobre en carbone.
La Commission européenne a réussi
à mobiliser une enveloppe de 630 milliards d'euros - le fonds Juncker -
pour investir dans le développement économique. Une partie de cet argent sera
consacrée à la création et au déploiement des infrastructures nécessaires pour
entamer la troisième révolution industrielle en Europe. Le gouvernement
français a désormais la possibilité de montrer à l'Union européenne la voie à
suivre pour, non seulement, créer une Europe 2.0. et un espace commercial
intégré entre les vingt-huit États membres, mais aussi, pour reprendre les mots
du président Macron, rendre toute sa grandeur à notre planète.
* Dernier essai paru: «La
Nouvelle Société du coût marginal zéro. L'Internet des objets, l'émergence des
communaux collaboratifs et l'éclipse du capitalisme» (Les Liens qui libèrent)
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