samedi 30 décembre 2017

Patronat et Union européenne favorables à l'immigration de masse pour faire baisser les salaires et empêcher les luttes sociales

Pour un commissaire européen, l’immigration est « la nouvelle norme » (30.12.2017)

Pierre Gattaz : l’accueil des migrants est « une opportunité pour notre pays » (11.09.2015)
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees...

Le Medef pour l'immigration et contre la prime de 1000 euros (16.04.2011)
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«Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage», a-t-elle déclaré dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi. «Je ne crois pas qu’il faille faire (de l’immigration légale liée au travail) un problème», a-t-elle poursuivi en indiquant que celle-ci représente de 20 à 30.000 personnes par an. Pour elle, "les pays qui se sont repliés sur eux-mêmes dans les moments difficiles se sont toujours appauvris".

Immigration : pourquoi le patronat en veut toujours plus (30.04.2010)


Dimitris Avramopoulos, commissaire européen, novembre 2017. SIPA. AP22129285_000002
Comme cadeau de Noël, le commissaire européen aux migrations, le Grec Dimitris Avramopoulos s’est fendu d’un article dans PoliticoEurope, un média qui joue un rôle croissant dans les cercles européens (« Europe’s migrants are here to stay »Politico, 18 décembre). Sa tribune illustre, hélas, tout ce qui est reproché à la Commission européenne, un mélange d’arrogance bureaucratique, de croyances reposant sur des dogmes plutôt que sur des faits et un mépris pour le débat démocratique.
« Nous ne pouvons et ne pourrons jamais stopper les migrations »
« Il est temps de regarder la vérité en face […] le seul [je souligne]moyen de faire de nos politiques migratoires des politiques d’avenir est de changer collectivement notre façon de penser », écrit le commissaire. Stupides citoyens, surtout ne vous ennuyez plus à penser par vous-mêmes ! Comme Zeus – un autre Grec – de son mont Olympe, la vérité descend désormais vers les peuples européens et irradie depuis le dernier étage du Berlaymont, le siège de la Commission à Bruxelles. Avis aux péquenots : écoutez, taisez-vous et soumettez-vous car « nous ne pouvons et ne pourrons jamais stopper les migrations » ! Point final.
Etudes après études, Eurobaromètre après Eurobaromètre, élections après élections, il est pourtant clair qu’une majeure partie des citoyens européens est non seulement inquiète de l’immigration mais souhaite aussi – sinon l’arrêter – au moins la réduire drastiquement et regagner le contrôle perdu de nos frontières. Mais cette tendance de fond et ces signaux sont balayés en quelques mots : « l’immigration est un sujet émotionnel, sensible […] influencé par la montée du nationalisme, du populisme et de la xénophobie ». Ainsi, toute velléité de réduire l’immigration est cataloguée comme raciste et ce label infâme permet de disqualifier toute personne cherchant à s’opposer au futur Meilleur des mondes rêvé par la Commission Juncker. Fin du débat.
« Ce n’est pas seulement un impératif moral mais aussi un impératif économique et social »
Selon notre Commissaire, ces approches quasi racistes ont « limité nos possibilités de mettre en place des politiques intelligentes d’avenir », politiques qui seront pensées et mises en œuvre par… devinez ? Les institutions européennes, dans leur grande sagesse, évidemment, bien éloignée de ce populisme délétère.
Dans un processus démocratique normal, chaque pays devrait être capable de choisir sa politique migratoire à travers son Parlement national. Au niveau européen, la volonté clairement exprimée d’une majorité de la population devrait être prise en compte. Mais Avramopoulos s’en moque. Selon ce commissaire non élu, « nous tous [je souligne] avons besoin d’accepter l’immigration, la mobilité et la diversité comme la nouvelle norme ». Une nouvelle norme, comme la taille des pommes ou la courbe des concombres, qui serait déterminée par la Commission. L’immigration ne sera donc pas une question ouverte au débat ; ce sera une « norme ».
Ainsi, nous devons accepter les migrants et les réfugiés. « Ce n’est pas seulement un impératif moral mais aussi un impératif économique et social pour notre continent vieillissant ». Voici un autre cliché que la Commission essaye, non sans succès, d’imposer depuis des années sans débat au sein de l’Union européenne. Combien de fois ai-je lu ou entendu ce poncif ! Dans son livre Exodus, How migration is changing the world (hélas non traduit en français), le professeur Paul Collier de l’Université d’Oxford, s’est replongé dans la littérature scientifique soutenant cette affirmation. Selon lui, presque tous ces articles reposent sur de nombreux biais idéologiques plutôt que sur des preuves scientifiquement irréfutables.
Dimitris Avramopoulos est un homme de droite
Et qu’en est-il des quatre millions de jeunes Européens, souvent diplômés mais sans emploi ? Ces dernières années, le taux de chômage des jeunes dans l’Union européenne  a oscillé entre 15 et 20%. N’avons-nous pas, en tant que politiques, un « impératif moral », pour reprendre les termes d’Avramopoulos, de leur trouver un emploi et de leur proposer un futur décent avant d’accepter davantage de nouveaux arrivants ? D’ailleurs en Grèce,  ce taux n’est pas de 17% (la moyenne européenne actuelle) mais explose à plus de 40% ! La plupart des jeunes Grecs ne voient aucun avenir en Grèce et souhaitent s’expatrier. Faut-il les remplacer par des migrants ou bien accepter cette migration intra-européenne quasi forcée comme une fatalité ? En Grèce, au Portugal, en Espagne, en Italie,… nous sommes témoin d’une génération perdue.
Peut-être l’aspect le plus triste de cet article est que M. Avramopoulos n’est pas un homme de gauche. Il vient du Parti de la Nouvelle Démocratie, formation de droite. Il est la preuve vivante que la gauche en est venue à dominer le paysage intellectuel des institutions européennes et a imposé sa façon de penser. Avec des politiciens de droite comme ce commissaire ou Angela Merkel, rien de surprenant à la montée du « populisme » qu’ils sont pourtant les premiers à dénoncer.
Quand les politiques de droite et du centre abandonnent leurs valeurs et se conforment au mode de pensée de gauche, trahissant ainsi leurs électeurs, ne jouons pas les étonnés si ces derniers se réfugient du côté des extrêmes.

Le Medef pour l'immigration et contre la prime de 1000 euros (16.04.2011)
— 16 avril 2011 à 15:23
La présidente du syndicat patronal s'oppose à ces deux annonces du gouvernement.

 Le Medef pour l'immigration et contre la prime de 1000 euros
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a plaidé samedi pour que la France reste un pays «ouvert» à l’immigration légale et réaffirmé son opposition à la proposition du gouvernement de lier dividendes et prime aux salariés.
«Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage», a-t-elle déclaré dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi. «Je ne crois pas qu’il faille faire (de l’immigration légale liée au travail) un problème», a-t-elle poursuivi en indiquant que celle-ci représente de 20 à 30.000 personnes par an.
Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, veut réduire l’immigration légale au motif que «l’intégration est en panne» en France. Il a indiqué vendredi qu’il comptait faire passer «dans un premier temps» de 200.000 à 180.000 le nombre d’étrangers admis chaque année dans le pays. Mais pour Parisot, ces questions relèvent d’abord de l’école. Si «il y a des enjeux d’intégration dans notre pays, c’est notamment à l’école et avec les enseignants qu’il faut les aborder», a-t-elle estimé.
La patronne du Medef a également redit son opposition à la proposition du gouvernement de contraindre les entreprises versant des dividendes à octroyer une prime de 1.000 euros à leurs salariés, annoncée cette semaine par le ministre du Budget François Baroin.
«Nous sommes un peu stupéfaits», a-t-elle déclaré. «Comment accepter que l’Etat décide de la politique salariale de chaque entreprise au risque de tuer l’envie d’entreprendre et d’étouffer la liberté créatrice?» «Comment imaginer que cela ne pèse pas immédiatement sur la masse salariale des entreprises au risque d’empêcher les recrutements à venir», a-t-elle poursuivi, en estimant que cela n’aurait pas le même poids pour les petites, les moyennes et les grandes entreprises. «Une telle proposition, qui entrave la liberté contractuelle et la liberté d’entreprendre, est-elle vraiment compatible avec la Constitution?», a-t-elle fait valoir.
Parisot a enfin assuré que cette question n’avait pas été évoquée lors de la rencontre qu’elle a eu avec le Premier ministre François Fillon il y a une dizaine de jours.
(Source AFP)

Immigration : le Medef s'oppose aux mesures de Guéant
Le patronat français exhorte le gouvernement à maintenir l'ouverture de la France à l'immigration légale, que le ministre de l'Intérieur Claude Guéant entend réduire de 20.000 entrées par an. Dans un entretien publié dans Le Monde paru samedi, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a également redoublé de critiques contre l'idée de l'exécutif d'obliger les entreprises qui distribuent des dividendes à octroyer une prime de 1.000 euros à leurs salariés pour augmenter le pouvoir d'achat. Claude Guéant a affiché vendredi sur TF1 sa volonté de diminuer le nombre d'étrangers autorisés à immigrer en France. 
La présidente du Medef, Laurence ParisotCrédit : AFP/Archives - Eric Piermont
PUBLIÉ LE 16/04/2011 À 18:08
"Aujourd'hui, il y a à peu près 200.000 étrangers supplémentaires qui sont autorisés à séjourner en France", a dit lundi le ministre de l'Intérieur. "L'objectif, c'est de réduire ce nombre de 20.000." 

Laurence Parisot estime, à l'instar de plusieurs membres du gouvernement, comme la ministre de l'Economie Christine Lagarde, qu'il ne faut pas faire de l'immigration légale "un problème".

"Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et tire profit du métissage", a-t-elle déclaré au Monde en estimant que, si des problèmes d'intégration existent, c'est à l'école qu'il faut les aborder.

Pour elle, "les pays qui se sont repliés sur eux-mêmes dans les moments difficiles se sont toujours appauvris".

La "patronne des patrons" ne comprend pas non plus l'idée défendue par le gouvernement d'une prime exceptionnelle pour les salariés des entreprises distribuant des dividendes, qui a été jugée insuffisante par les syndicats.

Le ministre du Budget, François Baroin, a évoqué mercredi la possibilité d'inclure dans le collectif budgétaire de printemps un dispositif incitant les entreprises à payer une telle prime, en évoquant un montant de 1.000 euros. (voir [ID:nLDE73C1AM])

"Nous sommes un peu stupéfaits", A dit Laurence Parisot, qui estime qu'une telle ingérence de l'Etat dans la politique salariale des entreprises risque de "tuer l'envie d'entreprendre et d'étouffer la liberté créatrice".

"Je ne crois pas avoir jamais reçu autant de SMS de chefs d'entreprise depuis mon élection à la tête du Medef en 2005. Ils sont indignés", explique-t-elle.

(Avec AFP)
Pierre Gattaz : l’accueil des migrants est « une opportunité pour notre pays » (08.09.2015)
« L’accueil décent des migrants est un impératif moral, écrit le président du Medef. La France doit donc agir pour rester fidèle à elle-même. »

LE MONDE | 08.09.2015 à 17h11 • Mis à jour le 11.09.2015 à 15h33 | Par Pierre Gattaz (Président du Medef)

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image: http://img.lemde.fr/2015/09/02/0/0/4136/3280/534/0/60/0/2a7bcab_5184478-01-06.jpg

Pierre Gattaz, lors de l'université d'été du Medef, à Jouy-en-Josas, le 27 août.
La crise actuelle des migrants nous oblige à l’action. Nous ne pouvons plus nous contenter d’assister passivement à la tragédie qui se joue à nos portes. Et cela nous impose de relever trois défis.
Premier défi : l’accueil. L’accueil décent des migrants est un impératif, d’abord pour des questions de simple humanité et de cohérence avec l’une des trois valeurs fondatrices de notre République, la fraternité. Un pays qui renonce à ses valeurs est un pays qui se perd.

Mais aussi parce que c’est une opportunité pour notre pays. Cessons toute condescendance envers ces migrants : ils ont souvent un fort niveau d’éducation, sont la plupart du temps jeunes, formés et n’ont qu’une envie, vivre en paix et pouvoir élever une famille.

La France doit donc agir pour rester fidèle à elle-même. Bien sûr, cet accueil doit se faire selon des règles, en accord avec les valeurs de notre République, avec humanité et fermeté, avec des droits et des devoirs. Il doit aussi évidemment tenir compte de notre situation économique, sociale et politique. Mais nos difficultés ne peuvent pas être une excuse pour ne rien faire. Accueillons-les et sachons tirer profit de leur dynamisme, de leur courage, de leur histoire aussi. Accélérons enfin nos réformes pour être capables de les intégrer pleinement dans la durée.

Une volonté commune
Deuxième défi : l’Europe. L’Europe que nous construisons collectivement ne peut pas se contenter d’être un grand marché. La convergence est nécessaire pour nos règles fiscales et sociales, mais aussi dans notre action face aux grandes crises mondiales. Le couple franco-allemand doit être le moteur de cette convergence. Il en va aussi de la crédibilité de l’Union européenne. Le rapprochement actuel entre nos deux pays est donc une bonne nouvelle mais ce n’est qu’un premier pas. Se coordonner pour accueillir les migrants politiques est nécessaire, mais il faut aussi savoir lutter contre les passeurs, tous les trafiquants d’êtres humains, les terroristes, et impulser une volonté commune pour régler enfin les problèmes en amont.

Troisième défi : les causes. Car après l’urgence, il faut regarder la source de ces problèmes. Et donc s’attaquer, désormais, aux causes mêmes de ces migrations.

LE MOMENT SEMBLE VENU D’UNE GRANDE AMBITION POUR LE DÉVELOPPEMENT DU MAGHREB ET DE L’AFRIQUE
Les conflits tout d’abord. En la matière, les solutions ne sont ni simples ni évidentes et demanderont des années. Ainsi la situation de chaos profond dans laquelle sont plongés la Syrie et l’Irak alimente ces exodes massifs. Mais c’est aussi une partie de notre histoire qui se joue au Moyen-Orient. La reine Rania de Jordanie nous a récemment rappelé ce qu’il en était : « L’échec n’est pas une option. Si nous échouons, l’Etat islamique gagnera. Et si ce dernier gagne, la région sera rapidement réduite à néant, entraînant des répercussions mondiales pour longtemps. »

La situation économique ensuite, notamment du Maghreb et de l’Afrique, le continent à nos portes. Comment croire, à l’heure où l’information n’a plus de frontières, que l’Europe peut se construire enfermée dans ses murs, en maintenant à distance un continent qui frappe à la porte de la prospérité ? Comment, surtout, ne pas voir le potentiel extraordinaire d’un continent jeune, dynamique, fort de richesses naturelles encore largement inexploitées ? Le moment semble venu d’une grande ambition pour le développement du Maghreb et de l’Afrique, d’un plan structuré pour que le « réveil du continent africain » devienne une réalité. Car ce continent ne doit pas être ressenti comme une menace pour l’Europe.

Proposons des mesures concrètes
C’est d’abord et principalement une chance si nous savons nous y prendre. Proposons une vision commune, un espoir, des mesures concrètes. Travaillons avec les pays qui le veulent. Développons des projets de coopération économiques et sociaux. Motivons et soutenons nos entrepreneurs pour qu’ils se saisissent des opportunités qui s’ouvrent dans ce continent. Négocions des transferts de technologies, formons, éduquons, stabilisons le continent en somme.

En tant que partenaire historique, linguistique, politique et économique de beaucoup de pays du Maghreb et d’Afrique, la France a une carte à jouer pour que ce grand continent, qui passera d’une population de 1 milliard d’individus aujourd’hui, à 2 milliards en 2050, se réveille comme l’ont fait la Chine et les dragons asiatiques. Le continent africain doit devenir ainsi économiquement viable afin d’être politiquement stable et être enfin maître de son destin.

Nous en sortirons tous gagnants. Agissons.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/09/08/les-migrants-sont-un-atout-pour-la-france_4749301_3232.html#HRxYZEFPkgM0sHLb.99

Immigration : pourquoi le patronat en veut toujours plus (30.04.2010)
Par €ric le 30/04/2010
Parce que l’immigration permet de payer les salariés toujours moins. C’est ce que dit un rapport du très sérieux et très officiel Conseil d’analyse économique, intitulé «Immigration, qualifications et marché du travail.»
On se souvient du président Pompidou, avouant peu avant sa mort qu’il avait ouvert les vannes de l’immigration en France, à la demande des grands patrons, désireux de pouvoir bénéficier d’une main d’oeuvre nombreuse, docile et bon marché, d’une réserve quasi inépuisable, à même de réduire les ardeurs revendicatrices des travailleurs français souvent organisés.
Quarante ans plus tard, rien ne semble avoir changé. Au contraire, les appels à l’immigration viennent toujours du même côté, et toujours pour les mêmes raisons. Seule différence : les secteurs économiques concernés sont désormais plus nombreux, dépassant le cercle du BTP ou de la restauration pour atteindre des professions autrefois épargnées, telles que les ingénieurs ou les informaticiens.
Ainsi, les rapports de la Commission européenne, du Medef ou du Business Europe (le Medef européen) n’ont eu de cesse, depuis plusieurs décennies, d’en appeler à toujours plus d’immigration. En 2008, le célèbre rapport Attali, commandé par Nicolas Sarkozy, dressait un tableau de plus de 300 mesures d’inspiration très libérale, parmi lesquelles une accélération de l’immigration. C’est d’ailleurs cette pente que suit le président de la République depuis son élection, à travers ce qu’il a nommé « l’immigration choisie. »

L’immigration souhaitée par le grand patronat pour faire pression à la baisse sur les salaires, voilà en résumé l’explication souvent avancée. Pour la première fois, un rapport « officiel, » que nous avons décortiqué, confirme cette intuition.
Il date de 2009, et émane du Conseil d’Analyse Économique (CAE). Le CAE est un organe placé auprès du Premier ministre, peu réputé pour son caractère subversif, dans la mesure où il regroupe tout le gratin des économistes français « officiels, » ceux que les télévisions et les journaux acceptent de recevoir.
Vous allez le constater, la démonstration est sans appel.
Elle explique d’abord qu’en économie, la notion de « pénurie » de main d’oeuvre, dans un secteur d’activité donné, n’a pas de sens en période de chômage. C’est pourtant, systématiquement, ce facteur qui est mis en avant pour justifier le recours à l’immigration : le bâtiment peine à recruter tant de dizaines de milliers de travailleurs en France, il faut donc aller chercher la main d’oeuvre ailleurs, entend-on souvent.
« Du point de vue de la science économique, la notion de pénurie n’est pas évidente », nous dit ce rapport, ajoutant que le « fait que certains natifs rejettent certains types d’emplois, peut simplement signifier que les travailleurs ont de meilleures opportunités que d’occuper ces emplois et donc, que les salaires correspondants devraient augmenter pour qu’ils soient pourvus » (page 45).
Autrement dit, une pénurie de main d’oeuvre se forme, lorsqu’un secteur n’offre pas les salaires jugés suffisants pour devenir attractif. Poursuivons le raisonnement, et alors on comprend qu’au lieu d’augmenter les salaires, le patronat a tout intérêt à créer une pénurie, qu’il comblera en allant chercher ailleurs une main d’oeuvre prête à accepter des salaires plus faibles.
C’est la conclusion à laquelle le rapport parvient sans ambiguïté : « Dans le cas du marché du travail, cela signifie qu’à la place de l’immigration des années soixante, on aurait pu envisager une hausse du salaire des moins qualifiés » (page 46).
Le rapport du Conseil d’Analyse Économique recense également une série d’études françaises et étrangères, qui ont tenté de chiffrer l’impact de l’immigration sur les salaires : « Atlonji et Card [deux économistes] trouvent qu’une hausse de la proportion d’immigrés d’un point de pourcentage, réduit le salaire de 1,2% » (page 37)
« Hunt [une autre économiste] trouve qu’une hausse de la proportion de rapatriés d’un point de pourcentage, a réduit le salaire d’environ 0,8%» (page 37).
Concernant les États-Unis, « Borjas [un économiste] conclut son étude en affirmant qu’entre 1980 et 2000, l’immigration aurait accueilli l’offre de travail d’environ 11%, ce qui aurait réduit le salaire des natifs d’environ 3,2%, et que cette réduction frappe la plupart des catégories d’expérience et d’éducation, mais de manière inégale » (page 38).
Voilà des éléments qui devraient éclairer le débat public sur l’immigration.
Il est regrettable que, dans notre pays, une chape de plomb irrationnelle rende toute discussion sur ce sujet quasiment impossible, ce qui a le précieux avantage de permettre aux gouvernements, de gauche comme de droite, de continuer à mener la même politique favorable aux desiderata du grand patronat.



A DEPLACER DANS ANTIRACISME
Laissez parler Rokhaya Diallo… mais pas au CNNum
 - 22 décembre 2017
https://www.causeur.fr/rokhaya-diallo-conseil-national-numerique-148558
Rokhaya Diallo, janvier 2016. SIPA. 00736823_000055
Le racisme, le vrai, est une chose extrêmement grave. Grave en raison de ce qu’il favorise, et grave aussi en lui-même.
Le racisme sert bien souvent de « justification » idéologique à toutes sortes de crimes et d’injustices, qui vont de l’extermination à l’indifférence égoïste, en passant par l’esclavage, qui restent des crimes même lorsqu’ils ne s’accompagnent pas de racisme, même lorsqu’auteur et victime appartiennent à la même ethnie. L’esclavage est et a toujours été une abomination, que ce soit l’esclavage d’hilotes grecs par des spartiates grecs, celui de Gaulois par des Romains, celui de noirs par des arabes, de noirs par des blancs, de blancs par des arabes, ou de noirs par des noirs comme aujourd’hui encore en Mauritanie. Et contrairement à ce que prétend Houria Bouteldja, le viol doit être dénoncé, poursuivi et sanctionné, peu importe qui en sont l’auteur et la victime, peu importe leurs sexes, couleurs de peau ou positions sociales.
Le vrai racisme n’est pas partout
Le racisme est aussi en lui-même un déni d’humanité, une mutilation que le raciste tente d’imposer aux autres et qu’il s’impose à lui-même. Si je nie l’appartenance de certaines ethnies à l’humanité, ce qui reste et dont j’estime faire partie n’est plus l’humanité, mais un groupe appauvri à qui il manque tout ce que ces ethnies rejetées ont fait de beau et de grand.
De quel droit interdirais-je à mes enfants de se sentir inspirés et appelés au meilleur d’eux-mêmes lorsqu’ils admirent le courage, la vertu, l’intelligence, la bonté ou la créativité de quelqu’un qui n’a pas la même couleur de peau qu’eux ? De quel droit refuserais-je de reconnaître la dignité intrinsèque de qui que ce soit sous prétexte que nos ancêtres communs remonteraient à un trop grand nombre de générations ?
« Les dieux s’occupent de tous les hommes quelle que soit la région, la partie du monde qu’ils habitent et si distante qu’elle puisse être du cercle qui borne notre horizon à nous », lit-on dans De la nature des dieux de Cicéron.
« Si la philosophie possède en soi quelque mérite, elle a surtout celui de ne point regarde aux généalogies. Tous les hommes, si on les rappelle à l’origine première, sont enfants des dieux. (…) La sagesse est accessible à tous ; devant elle nous sommes tous nobles. (…) La philosophie, en adoptant Platon, ne lui demanda pas ses titres, elle les lui conféra. Pourquoi désespérerais-tu de ressembler à ces grands hommes ? Ils sont tous tes ancêtres, si tu te rends digne d’eux, et pour l’être, il faut tout d’abord te persuader que nul n’est de meilleure maison que toi. Nous avons tous même nombre d’aïeux ; notre origine à tous remonte plus loin que la mémoire des hommes. « Point de roi, dit Platon, qui n’ait des esclaves pour ancêtres, point d’esclave qui ne sorte du sang des rois. » (…) Quel est le vrai noble ? Celui que la nature a bien préparé pour la vertu. Voilà le seul titre à considérer. » ?, écrit aussi Sénèque dans Lettres à Lucilius (lettre 44).
« Je suis un homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. », dit encore Térence, esclave probablement d’origine berbère, qui devint l’un des plus talentueux dramaturges hellénisés de la littérature latine.
« Tu peux aimer ta culture, ta langue, ta famille, ta patrie, ta communauté, ton histoire et ton dieu. Tu peux leur obéir. Tu dois certainement les respecter. Souviens-toi cependant que seule ta liberté te rend digne de ton humanité. Tu n’es humain que par cela. Rien ne doit donc violer son enceinte. Elle seule t’apprend à tenir à distance les forces qui pourraient sceller ton esprit : ta culture, ta langue, ta famille, ta patrie, ta communauté, ton histoire et ton dieu », assure enfin Yadh Ben Achour dans La deuxième Fâtiha, l’islam et la pensée des droits de l’homme.
Oui, le racisme est une chose grave. Le vrai racisme.
Ni Griezmann ni Miss France ne sont racistes
Et c’est une chose trop grave pour qu’on l’édulcore en appelant « racisme » ce qui n’est que « l’ensemble des propos et comportements pouvant froisser des gens à la susceptibilité exacerbée ».
Je ne suis pas Japonais, pourtant mon admiration pour les Poèmes de ma hutte de montagne de Saigyô et certaines fulgurances théologiques de Motoori Norinaga ne sont pas de « l’appropriation culturelle », mais simplement la conscience que ces œuvres profondément ancrées dans leur culture particulière ont en même temps une portée universelle, et que le beau et le vrai transcendent les époques et les distances.
Antoine Griezmann n’est pas raciste. Et plus que son éventuelle maladresse je déplore la mauvaise foi de ceux qui ne veulent pas voir la sincérité de son hommage.
Notre nouvelle Miss France n’est pas non plus raciste lorsqu’elle évoque « la crinière de lionne » de celle qui la précède, et il est ridicule d’y voir une quelconque volonté « d’animaliser la femme noire ». Merci au passage à Eric Dupond-Moretti pour son bon sens et son franc-parler, particulièrement bienvenus !
Être associée au « roi des animaux » n’a rien de péjoratif, et les comparaisons animales sont une figure de style des plus classiques. Que je sache, c’est bien pour les honorer qu’on appela Richard Plantagenêt « Coeur de lion » et le commandant Massoud « le Lion du Panshir ». La couleur de peau n’a aucun rapport avec le fait de s’entraîner en écoutant « Eye of the tiger », et si on me dit que j’ai un regard d’aigle, la ruse du renard, la majesté du cerf et la force du bœuf, je n’y verrai assurément pas du racisme mais de la flatterie – et j’aurai donc peur qu’on me prenne pour le corbeau de la fable…
Le racialisme est une forme de racisme
A l’inverse, le racialisme est bel et bien du racisme, même s’il tente de se présenter comme du militantisme antiraciste – hommage du vice à la vertu, ou manipulation.
Le racialisme ne cherche pas à mettre fin aux rapports de domination (supposés) qu’il prétend combattre, mais à les inverser pour que ceux qui se disent dominés deviennent les nouveaux dominants. A une hypothétique dictature de la majorité, il veut substituer une tyrannie des minorités. Prétendant combattre l’impérialisme, il combat en fait l’universalisme en oubliant que c’est justement cet universalisme qui, du moins en Occident, permet les différences et incite à la tolérance vis-à-vis de ce qui est exogène. Il sacrifie la liberté des individus au nom d’une prétendue liberté des communautés, et veut transférer aux groupes les droits des personnes au détriment de ces dernières. Il mélange humanité et citoyenneté. Il confond (volontairement ?) les réalités génétiques (ethnies) et culturelles (civilisations). Il mélange ce qui vient de la transmission, et ce qui bien qu’influencé par l’éducation relève in finede la responsabilité individuelle et du choix de chacun (convictions politiques, philosophiques, éthiques, religieuses, dont il est impossible de dire que « toutes se valent car tout est subjectif » à moins de défendre les sacrifices humains). Il nie l’existence d’êtres pleinement dotés du libre-arbitre, ne voyant que des membres de tel ou tel groupe. Se voulant « décolonial », il s’oppose à la territorialité du droit en Occident, mais prône le respect des coutumes locales ailleurs. Il exalte les particularités culturelles des « racisés », mais tente d’abattre la civilisation occidentale en se faisant le chantre du relativisme moral – toujours pour critiquer les convictions des « blancs ».
Fatiha Boudjahlat, notamment, dit et analyse tout ceci bien mieux que moi dans de remarquables articles (par exemple iciici et ici), et Yadh Ben Achour résume simplement le problème : « Les droits de l’homme ne peuvent se conjuguer avec le relativisme culturel. »
Libre de le dire ailleurs
Et c’est bien pour cette raison que le gouvernement a eu parfaitement raison d’imposer l’éviction de Rokhaya Diallo du Conseil national du Numérique (CNNum). Certes, ses opinions étaient connues au moment de sa nomination, et pour critiquables qu’elles soient elles ne sont pas illégales. Il y a donc une part d’hypocrisie – ou au moins d’amateurisme – dans la volte-face gouvernementale. Il y a aussi une immense maladresse dans les arguments avancés : depuis quand un débat devrait-il privilégier la sérénité sur la confrontation franche des idées ? Je veux croire néanmoins que la décision finale est le signe d’un sursaut de lucidité plutôt que d’une peur de la polémique.
Précisons aussi qu’il n’est nullement question de vouloir empêcher Rokhaya Diallo d’exprimer publiquement ses idées, et heureusement. D’une part, parce que la liberté de penser est la liberté de croire des âneries, et que la liberté d’expression est la liberté de choquer – ou alors elles ne sont pas. D’autre part, parce que l’on ne peut contredire que les thèses dont on accepte de débattre, ce qui suppose de laisser leurs défenseurs présenter leurs arguments, et pas celles que l’on tenterait de bâillonner. Mais c’est une chose de permettre que des idées soient exposées librement, c’en est une autre de leur donner la caution d’une nomination officielle.

Je ne suis d'accord sur rien avec @RokhayaDiallo mais je me battrai pour qu'elle puisse défendre ses idées. Ces chasses aux sorcières sont indignes du pays des Lumières. Laissez-nous nous engueuler en paix!


Parmi les problèmes, il y a bien sûr les moments de proximité de Rokhaya Diallo avec les islamistes patentés du PIR et du CCIF, Houria Bouteldja et Marwan Muhammad en tête. Ainsi, lorsqu’elle dit : « Je ne vois pas en quoi le fait de marquer la féminité par un voile, c’est plus sexiste que de la marquer par des talons aiguilles ou une minijupe », on se demande si c’est de la complaisance, de la mauvaise foi ou de l’aveuglement ! Rappelons simplement que le voile est une prescription alors que la minijupe est une permission, qu’autant qu’on sache aucune femme n’a jamais été agressée verbalement ou physiquement parce qu’elle refusait de porter une minijupe, et qu’aucune autorité religieuse ne dit avoir reçu mandat d’Aphrodite, Freyja ou Ame no Uzume pour imposer à nos concitoyennes d’être court-vêtues. Autant de points que Rokhaya Diallo – dont je ne doute pas un instant de l’intelligence – peut difficilement ignorer.
La fiction de l’islamophobie
Quand elle affirme aussi qu’il est « important de parler du racisme que subissent les musulmans », elle entretient la fiction de l’islamophobie considérée comme un racisme, ce dont Pascal Bruckner notamment, a finement montré l’imposture. Oui, certains de nos concitoyens musulmans parfaitement honorables subissent parfois un rejet injustifié, parce que la conscience collective manque de références pour distinguer les islams qui ont leur place dans notre République de ceux qui n’ont rien à y faire. Mais assimiler le rejet d’une croyance ou d’une idéologie à du racisme est une faute intellectuelle majeure. La religion n’est pas une couleur de peau. Elle n’est pas non plus une coutume héritée, mais une conviction choisie. Confondre le tout est irrespectueux vis-à-vis des croyants pour qui la foi est un engagement, et extrêmement dangereux car remettant implicitement en cause à la fois le droit à l’apostasie, le devoir de réfléchir aux croyances que l’on professe, et la liberté intellectuelle de critiquer les religions.
Il y a la défense de la thèse malhonnête du « racisme d’état », particulièrement dangereuse puisqu’elle ne vise pas à combattre le racisme, mais à soutenir les revendications purement communautaristes de certaines ethnies ou groupes au détriment d’autres qu’elle veut culpabiliser. Or, en ethnicisant tout débat, cette attitude ne peut que renforcer de part et d’autre les crispations. En faisant croire que les intérêts des minorités sont nécessairement opposés à ceux de la majorité, elle favorise le rejet. En définissant avant tout les êtres par leur ethnie, elle encourage tous les racismes – même lorsque ses défenseurs prétendent parler de races « en tant que constructions sociales », le choix des termes « blancs » et « racisés » plutôt que, par exemple, occidentaux et non-occidentaux est révélateur de leur véritable approche.
La lutte contre le vrai racisme est une cause aussi noble que nécessaire. Notre pays n’est malheureusement pas toujours à la hauteur de ses idéaux, et le racisme y perdure trop souvent, y compris évidemment de la part de certains « blancs » à l’encontre de certains « racisés ». Il n’en demeure pas moins que ce racisme est illégal, combattu, condamné. En France, il est admis comme parfaitement normal qu’un policier blanc protège une femme noire, qu’une gendarme maghrébine se porte au secours d’un homme blanc, qu’un médecin noir soigne des patients juifs, que des enfants maghrébins apprennent à lire avec un instituteur asiatique, ou que des citoyens votent pour quelqu’un dont ils partagent les convictions plutôt que l’ethnie (et on peut permuter à l’envie les sexes et les origines des personnes que j’évoque, ça reste vrai).
« Victimes » intéressées
Dit plus simplement, nous avons la chance immense de vivre dans un pays où il est considéré comme normal qu’un être humain traite un autre humain… comme un humain. Quand Rokhaya Diallo déclare après une conférence au Caire que « les gens ne comprennent pas que la question du multiculturalisme soit source de telles crispations en France », je serais curieux d’entendre son analyse du multiculturalisme de l’Égypte moderne, assez éloigné semble-t-il de celui de l’antique université d’Alexandrie. De même, je ne crois pas qu’elle utilise ses conférences aux Nations-unies pour défendre le port de la minijupe en Arabie saoudite avec autant de verve que le port du voile en France.
Lorsqu’elle tente de justifier les réunions « interdites aux blancs » sous prétexte qu’il faudrait être victime du racisme pour le comprendre, elle défend de fait les idées – réellement racistes – selon lesquelles aucun blanc ne serait victime de racisme, tous les « non-blancs » en seraient victimes, et aucun « non-blanc » n’en serait coupable.
La réalité n’est pas aussi simpliste. Les « petits blancs » de certains quartiers n’ont pas toujours une vie facile, et constatent à leurs dépens que leur différence par rapport à la majorité de leurs voisins « racisés » n’est pas vraiment perçue par ceux-ci comme une « diversité enrichissante ». Kamel Daoud nous rappelle que l’Occident n’a pas le monopole des problèmes. Hutus et Tutsis ont la même couleur de peau. Et, fort heureusement, tous les « racisés » vivant en France n’ont pas pour obsession de se plaindre en permanence d’un supposé racisme – et que nul n’ose prétendre que le génial François Cheng a abandonné ou trahi la Chine en rejoignant l’Académie Française.
En revanche, la vidéo « A fair chance » de l’Unicef aurait sans doute donné le même résultat ici, et ce quelle que soit la couleur de peau de la fillette.
S’il faut se garder des analyses trop rapides, reste que certains marqueurs sociaux sont probablement beaucoup plus discriminants que l’appartenance ethnique supposée – mais nombre d’antiracistes autoproclamés préfèrent manifestement se poser en victimes pour appuyer leurs intérêts propres, que se préoccuper des injustices bien réelles qui frappent des groupes auxquels ils estiment ne pas appartenir…
Rokhaya Diallo ne connait pas l’empathie
En soutenant ainsi les réunions « non-mixtes », Rokhaya Diallo appuie aussi l’idée selon laquelle l’intelligence et l’empathie humaines ne seraient pas suffisantes pour comprendre ce dont on n’a pas été victime soi-même. Pour le coup, cette position n’a rien de raciste, mais cela ne l’empêche pas d’être absurde et heureusement démentie par des millénaires d’altruisme. Siddhârtha était un privilégié, Mère Térésa et Raoul Follereau n’ont jamais été lépreux, Jean-François de Lacroix n’était ni noir ni esclave, les fondateurs comme les bénévoles des « Restos du Cœur » n’ont pas tous connu la faim, et les militants de L214 n’appartiennent pas à une espèce élevée pour sa viande.
La présidente du CNNum et un grand nombre de ses membres ont choisi de démissionner. Je le regrette. Il est bien dommage que tant de personnes de valeur donnent ainsi l’impression de soutenir sinon une vision racialiste et donc raciste de la société, du moins sa normalisation.
Lorsque Rokhaya Diallo écrit : « je n’ai pas le droit de collaborer avec les institutions de mon propre pays parce que j’ose dire publiquement qu’elles sont imparfaites ? Quelle étrange conception de la démocratie », elle a raison. Mais à deux détails près, et ces détails sont d’importance.
D’une part, parler de « racisme d’État » n’est pas une critique, ni le constat d’une imperfection, mais une accusation. Accusation d’autant plus sérieuse qu’elle ne vise pas seulement des institutions, mais toute la culture qui a présidé à leur lente élaboration et qui permet leur fonctionnement. D’autant plus sérieuse que cette accusation entre toutes permet aujourd’hui de disqualifier totalement ce ou ceux qu’elle accuse, et qu’elle est donc le contraire d’une critique constructive portant sur des points précis : elle est une condamnation morale absolue.
D’autre part, rien n’empêche ni n’empêchera à l’avenir Rokhaya Diallo d’exprimer publiquement ses idées sur le numérique sur son site internet, ou en publiant des tribunes dans la presse, ou par tout autre moyen. Sa notoriété en garantira la diffusion, et le CNNum s’y référera autant que de besoin. Qu’il l’invite même à lui exposer ses vues ! Elle pourra ainsi, sans difficulté, collaborer avec les institutions de notre pays, et c’est tant mieux. Il n’est absolument pas question de l’exclure du débat, ce qui serait injustifié, d’autant plus qu’elle est tout de même loin de l’extrémisme haineux d’une Houria Bouteldja ou même des compromissions récurrentes de Danièle Obono.
Je suis (comme) Rokhaya Diallo
Ce dont il est question, ce n’est donc pas de sa liberté de participer au débat, ni de collaborer avec les institutions, c’est de lui octroyer ou non une position officielle qui, fut-elle bénévole et au sein d’une instance indépendante, reste une nomination par le Premier ministre à une fonction de conseiller du gouvernement. Et il n’y a absolument rien de choquant à ce qu’une personne qui accuse l’État de cautionner le racisme, encourage des postures victimaires agressives et défend une vision ethniciste de la société ne puisse pas se prévaloir d’un mandat officiel du gouvernement français.
Même sous ses oripeaux « décoloniaux », même lorsqu’il joue de grandes phrases pour justifier les assignations identitaires, le racialisme ne peut pas être simplement considéré comme « une parole articulée de la diversité et de la complexité françaises ».
Rokhaya Diallo et moi n’avons pas la même couleur de peau, nous ne défendons pas les mêmes projets pour notre pays, un bon nombre de nos convictions nous opposent, et je me réjouis qu’elle ait dû quitter le CNNum et que ce qu’il y a de malsain dans certaines de ses prises de positions soit publiquement dévoilé.
Mais rien de tout cela ne m’empêchera de continuer à la considérer avant tout comme ma semblable. J’attends la même chose en retour.

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