dimanche 7 janvier 2018

Birmanie (Rohingya)

Birmanie: les rebelles rohingyas revendiquent une attaque contre l'armée (07.01.2018)

L’Arsa, une rébellion armée aux contours encore flous (18.09.2017)

La Birmanie en proie à une insurrection rohingya accrue (25.08.2017)


Birmanie: les rebelles rohingyas revendiquent une attaque contre l'armée

http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20180107-birmanie-arsa-rebelles-rohingyas-revendiquent-attaque-armee

mediaUn village rohingya entièrement brûlé dans l'Etat d'Arakane, en Birmanie, en septembre 2017.REUTERS/Soe Zeya Tun/File Photo
En Birmanie, les rebelles rohingyas revendiquent ce dimanche 7 janvier 2018 l’attaque contre un camion de l’armée birmane dans l’Etat d’Arakan. Plusieurs membres des forces de sécurité ont été blessés vendredi par des mines artisanales, dans cette région de l’ouest du pays, théâtre de la répression militaire contre la minorité musulmane des Rohingyas ces derniers mois.




Avec notre correspondante à Rangoun,  Eliza Hunt
Des viols, des villages brûlés, des personnes qui meurent de faim. Selon l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (Arsa), la répression militaire continue aujourd’hui contre cette minorité musulmane.
Dans un communiqué diffusé ce dimanche, l’Arsa l’annonce : elle n'a « pas d’autres choix que de combattre ». C’est donc bien elle qui est responsable de l’attaque de vendredi contre l’armée, précise la rébellion, sans donner davantage de détails.
Selon les militaires, les Rohingyas étaient une dizaine lors de l’embuscade, et plusieurs membres des forces de sécurité birmanes ont été blessés.
Le gouvernement birman accuse l'Arsa de retarder le retour des réfugiés
Ce que l’Arsa demande dans son communiqué, c’est que les Rohingyas soient consultés pour toutes les décisions concernant leur futur. Mais selon le gouvernement birman, l’objectif de la rébellion est de retarder le retour des réfugiés en Birmanie.
Ils sont plus de 650 000 à avoir traversé la frontière avec le Bangladesh, face aux violences de l’armée birmane après les attaques de l’Arsa contre des postes de police le 25 août dernier.
Le retour des Rohingyas devrait commencer à partir du 23 janvier. Mais les détails restent flous. La semaine dernière, le Bangladesh a annoncé avoir envoyé une liste de 100 000 noms aux autorités birmanes. Une liste que le pays doit encore approuver.

L’Arsa, une rébellion armée aux contours encore flous

http://www.liberation.fr/planete/2017/09/18/l-arsa-une-rebellion-armee-aux-contours-encore-flous_1597301
Par Arnaud Vaulerin — 18 septembre 2017 à 20:26

Un groupe de Rohingyas s’est fait connaître il y a près d’un an en attaquant des poste-frontières, tout en réfutant tout lien avec les groupes terroristes.

C’était en 2015, au mois d’octobre. La Birmanie se lançait dans la grande aventure démocratique. La campagne des premières élections législatives depuis 1990 battait son plein malgré les violences et les centaines de milliers de déplacés bouclés dans les camps. Parmi ceux-ci, les musulmans rohingyas privés de liberté de mouvement, d’éducation, de soins et donc de droit de vote pour ce scrutin historique. Ils étaient au moins 120 000 déjà entassés dans de sordides camps de tôles et de bâches aux portes de Sittwe, la capitale de l’Etat Rakhine (Arakan).
Toutes les conditions semblaient réunies pour un soulèvement sinon massif, du moins violent, comme le redoutaient alors des experts et des diplomates. Le désespoir est parfois mobilisateur et potentiellement dangereux. Sur ce terreau de violences et d’apartheid, l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (Arsa) a fait irruption dans le far-west birman en octobre 2016. Et depuis presque un an, elle a gagné en force : ainsi, le 25 août, plusieurs centaines de ses hommes ont attaqué une trentaine de postes de police, provoquant, en représailles, d’intenses «opérations de nettoyage» de l’armée birmane. Quelque 412 000 personnes ont gagné le Bangladesh pour fuir la purification ethnique.
La rébellion s’est-elle emparée des musulmans rohingyas soumis à un apartheid devenu insupportable et croissant ? Dans une région en proie à de nouveaux événements jihadistes et terroristes (au Bangladesh en 2016, aux Philippines depuis le début de l’année), l’Etat Rakhine est-il promis à un «inévitable jihad», comme l’avancent Remy Mahzam et Muhammad Ansar, deux chercheurs de l’université de Nanyang Technological à Singapour ? C’est ce que souhaitait le leader de l’Etat islamique Abou Bakr al-Baghdadi dès 2014. C’est ce qu’espèrent aujourd’hui Al-Qaeda et certains groupes indonésiens et malaisiens.
Groupe largement inconnu il y a un an, l’Arsa interroge autant qu’elle inquiète. Elle s’est fait connaître le 9 octobre 2016. Ce jour-là, de petits groupes d’hommes attaquent trois postes-frontières installés près de Maungdaw. Une trentaine de personnes trouvent la mort, dont neuf officiers de police. A cette époque, le groupe est connu sous le nom de Harakah al-Yaqin («Mouvement de la foi»). Le gouvernement birman estime alors que le groupe compte 400 à 500 membres dotés d’un armement précaire de lances, couteaux, machettes et quelques fusils. Des moyens ridicules face aux hélicoptères, avions et bataillons de l’armée birmane rodés depuis des décennies à la contre-insurrection. Le Mouvement de la foi a été créé après les émeutes et les pogroms antimusulmans de 2012 qui ont entaché l’ouverture démocratique birmane.

Appel religieux à se lever

A sa tête, on trouve Ataullah Abou Ammar Jununi, né à Karachi, au Pakistan, et élevé en Arabie Saoudite. A plusieurs reprises, il est apparu sur YouTube pour défendre les «droits fondamentaux de tous les Arakanais, y compris les innocents Rohingyas qui meurent des assauts continus de l’armée birmane», rappelle Remy Mahzam. Six mois avant les attaques d’octobre 2016, Ataullah a recruté et appelé à la lutte armée. «Les Rohingyas ne sont pas obligés de gagner les rangs du mouvement,précise Remy Mahzam. Mais l’adhésion à l’Arsa correspond maintenant à une forme d’appel religieux à se lever et à se battre pour leurs droits et pour assurer leur survie.» Basée en Thaïlande, l’ONG Fortify Rights a recueilli des témoignages qui contredisent cette version. Certains villageois proches de Maungdaw ont mentionné des cas d’hommes et de garçons forcés par l’Arsa à rester dans leur village pour affronter les forces de sécurité birmane.
L’Arsa est-elle sous influence étrangère ? Dans une vidéo en date du 18 août, Ataullah Abou Ammar Jununi a répété que l’Arsa «n’avait aucun lien avec les organisations terroristes comme Al-Qaeda et l’Etat islamique, analyse Mahzam, ajoutant que son groupe n’était pas sous influence de l’Arabie Saoudite, ne recevait aucun financement de l’étranger et n’avait aucun lien avec des groupes opérant au Pakistan, au Bangladesh ou en Afghanistan.»
Début septembre pourtant, sur la base de rapports des services de renseignement indiens et bangladais, le site birman Mizzima assurait que l’Etat islamique et des membres des services pakistanais étaient derrière l’offensive de l’Arsa. Il avançait que le chef militaire de l’armée rohingya, un certain Hafiz Tohar, aurait créé le groupuscule Aqa Mul Mujahideen, avant d’être entraîné par des membres du Lashkar-e-Taiba, un groupe terroriste pakistanais.

Empreinte jihadiste

L’Arsa cherche à se démarquer de l’empreinte jihadiste qui fait florès dans la région. Le 29 mars, Harakah al-Yaqin s’est renommé Arsa «pour montrer qu’ils n’étaient pas un groupe terroriste, comme l’a labellisé Aung San Suu Kyi, note Remy Mahzam. Plusieurs responsables du gouvernement ont accusé l’Arsa d’utiliser la violence pour établir un Etat islamique».
Ce type d’insurrection en Birmanie n’est pas nouveau. Le modus operandi de l’Arsa ressemble à celui de l’ex-organisation de solidarité rohingya (RSO), un groupe créé dans les années 80 qui visait l’oppression des forces de sécurité birmanes. Le RSO a eu, un temps, des camps au Bangladesh d’où il lançait des assauts. Sans que ses revendications soient entendues.


La Birmanie en proie à une insurrection rohingya accrue

http://www.liberation.fr/planete/2017/08/25/la-birmanie-en-proie-a-une-insurrection-rohingya-accrue_1591998
Par Arnaud Vaulerin — 25 août 2017 à 18:55
A la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, où des populations tentent de passer, vendredi.
A la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, où des populations tentent de passer, vendredi. AFP

Une nouvelle série d'attaques menées par un millier d'hommes de la minorité musulmane a fait au moins 89 morts et fait craindre une riposte violente de l'armée dans une région verrouillée.

La dernière attaque d’ampleur l’année dernière avait tué une trentainede personnes et pris de court forces de sécurité et humanitaires. Mais les violences de vendredi ont franchi un nouveau cap avec un bilan d’au moins 89 morts, dont 12 chez les policiers et les soldats, et un assaut coordonné sur une trentaine de postes de police dans l’Est birman où se font face la majorité bouddhiste et la minorité apatride des rohingyas musulmans. Si l’on en croit le récit du gouvernement et des forces armées, un millier d’assaillants ont pris part aux opérations dès les premières heures de vendredi, dans l’Etat d’Arakan, le long de la zone frontalière avec le Bangladesh.
Des groupes d’hommes ont commencé à attaquer des bâtiments et des campements équipés de bombes artisanales, d’épées, de couteaux. Environ 150 combattants s’en sont pris à la base militaire du village de Taung Bazar dans la municipalité de Buthidaung. Parmi les postes de police visés figure Kyauk Pandu, dans le sud de la municipalité de Maungdaw. Les rares témoignages recueillis par les agences de presse AFP et Reuters et ceux diffusés sur les réseaux sociaux faisaient état de scènes de panique, de tension entre communautés bouddhistes et musulmanes dans cette région pauvre et délaissée de la Birmanie rurale et enclavée.
Dans l’après-midi, le chef de l’armée birmane a souligné le fait que «les combats se poursuivaient», notamment autour des postes de police des villages de Kyar Gaung Taung et Nat Chaung. Des armes ont été dérobées dans plusieurs postes de police par les attaquants, faisant redouter une nouvelle escalade violente qui jette un doute sur les réelles capacités d’une Birmanie en transition à contrôler la situation.

Crimes de l’armée

Il reste difficile d’avoir des informations précises et fiables, une partie des zones restant inaccessibles à tout observateur indépendant. Si la prudence est donc de mise, la crainte est toutefois grande de voir les populations locales, déjà dans une situation sécuritaire et humanitaire très précaire, faire les frais d’opérations de contre insurrection. Après une première série d’attaques meurtrières, pourtant de moindre ampleur en octobre dernier, les Nations unies avaient pointé du doigt les forces de sécurité birmanes, les accusant d’avoir probablement commis des crimes contre l’humanité à l’encontre de la communauté rohingya largement honnie en Birmanie. Au moins 75 000 personnes avaient fui la zone et les violences dans les semaines qui ont suivi, rejoignant en grande majorité des camps de fortune au Bangladesh.
Le scénario de vendredi ressemble à la précédente opération d’octobre 2016 quand au moins trois postes frontaliers avaient été pris d’assaut. Mais l’insurrection a visiblement gagné en force et en capacité d’intervention. L’armée arakanaise du salut Rohingya (Arsa) a revendiqué l’attaque et a menacé d’en commettre d’autres. L’Arsa, qui serait basée dans la zone montagneuse du nord de May yu, est l’émanation du groupe Harakah al-Yaqin (HaY) responsable des opérations de l’année dernière à Maungdaw. Ces militants disent avoir créé leur groupe en 2012 en Arabie Saoudite après des émeutes anti-Rohingyas qui avaient fait plus de 100 morts et déplacé plus de 140 000 personnes, rappelait le groupe d’étude et d’analyse International Crisis group en décembre. Ils assurent combattre en défense des Rohingyas et peu voire pas du tout pour des motifs religieux ou jihadistes comme cela est le cas dans le Bangladesh voisin.
Lors d’une très rare interview en mars, Ata Ullah, identifié comme le leader d’Arsa, avait rejeté toute interférence étrangère. «Nous n’avons pas de groupes qui nous aident en secret, que ce soit d’ici ou bien à l’étranger… Nous survivons ici en vendant des vaches et des buffles»,expliquait-il à Reuters. «Nous ne pouvons pas allumer la lumière la nuit. Nous ne pouvons pas non plus nous déplacer d’un endroit à l’autre le jour. Il y a des barrages partout. Ce n’est pas ainsi que les hommes vivent.»

Supplétifs des soldats britanniques

Les Rohingyas restent les parias de l’Asie. Ces musulmans apatrides sont considérés par l’ONU comme l’une des minorités les plus persécutées au monde. Confinés dans trois districts de l’Est birman (Maungdaw, Buthidaung et Rathedaung), ils sont victimes de persécutions, travaux forcés, etc. Ayant été les supplétifs des soldats britanniques, ils ont été considérés comme des traîtres par les indépendantistes. Ils ont donc été persécutés, a fortiori depuis l’instauration en 1982 d’une loi demandant aux groupes ethniques de prouver leur présence sur le territoire avant 1823 (début de la première guerre anglo-birmane qui a mené à la colonisation) pour obtenir la nationalité birmane.
Ce n’est probablement pas un hasard si cette attaque intervient quelques heures après la publication d’un rapport de la commission présidée par Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU. Après plusieurs mois de travail sur la situation dans l’Etat d’Arakan, Annan a pointé une «inquiétante escalade dans la violence» et appelé les forces de l’ordre à «la retenue» dans leur gestion de la crise. La Commission Annan avait appelé les dirigeants birmans à donner plus de droits aux Rohingyas, notamment la liberté de mouvement, faute de quoi la communauté musulmane risquait de «se radicaliser». Plus qu’un risque, une certitude.


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