mercredi 3 janvier 2018

Islamisme et politique 01.01.2018

Le rapport choc sur les incidents de la Saint-Sylvestre en Île-de-France (02.01.2018)
Donald Trump menace de couper les vivres aux Palestiniens (03.01.2018)
Nouvel An: quatre personnes tués au couteau à Londres (01.01.2018)
La Knesset verrouille le statut de Jérusalem
Ahed Tamimi, le nouveau visage de la révolte palestinienne (02.01.2018)
Agression de policiers à Champigny: la fête n'était pas «autorisée» (02.01.2018)
Champigny : Éric Ciotti veut faire du soutien aux policiers «une priorité nationale»
Pakistan: Trump menace de supprimer l'aide, convocation de l'ambassadeur américain (02.01.2018)
Saint-Sylvestre : deux policiers roués de coups à Champigny-sur-Marne (01.01.2018)
Castaner : l'accueil des réfugiés "ne peut plus continuer ainsi" (31.12.2017)
«Toute une partie de la gauche n'accepte pas la liberté d'expression à l'encontre de l'islam» (29.12.2017)

Syrie/Ghouta: l'armée veut briser le siège (03.01.2018)
La Norvège suspend ses ventes d'armes aux Emirats arabes unis (03.01.2018)
Nigeria: au moins 11 morts dans un attentat (03.01.2018)
Les djihadistes françaises doivent être «jugées là où elles se trouvent» (Guirous) (03.01.2018)
Un Palestinien inculpé d'espionnage pour l'Iran (03.01.2018)
Israël lance son programme d'expulsion de 40.000 migrants
Israël lance son programme d'expulsion de 40.000 migrants (03.01.2018)
Le passé simple est-il condamné à disparaître ? (03.01.2018)
Mike Tyson se lance dans la culture de cannabis (03.01.2018)
Iran : comprendre la crise en cinq questions (02.01.2018)
Iran : ces vagues de contestation lancés par des mouvements étudiants (03.01.2018)
Iran: Macron dit sa «préoccupation» et reporte la visite de Le Drian (02.01.2018)
En Iran, le pouvoir durcit la répression contre les manifestants (02.01.2018)
À Jérusalem, une découverte archéologique vient confirmer les dires de la Bible (02.01.2018)
Gilles-William Goldnadel : «Lynchage de deux policiers à Champigny : nommons les faits» (02.01.2018)
Pourquoi Trump renforce son bras de fer avec les mollahs en Iran (02.01.2018)
Iran : colère mortelle contre le régime (01.01.2018)
Entre Israël et le Liban, la «ligne bleue» sous haute tension (01.01.2018)
Le général Philippe Rondot, «maître espion», est mort (31.12.2017)
Le général Lecointre réveillonne au Sud-Liban avec les Casques bleus français (31.12.2017)
Mohammad Rasoulof : «La corruption est partout en Iran» (05.12.2017)
Justice, terrorisme, immigration : les Français seront-ils mieux protégés cette année ? (01.01.2018)
SpaceX va-t-il dominer le secteur spatial ? (01.01.2018)

Le rapport choc sur les incidents de la Saint-Sylvestre en Île-de-France (02.01.2018)

Par Jean-Marc Leclerc
Mis à jour le 03/01/2018 à 09h48 | Publié le 02/01/2018 à 19h52
EXCLUSIF - Tirs de mortiers, course-poursuite sur l'autoroute, chien d'attaque neutralisé... Le document, que le Figaro a pu consulter, répertorie minutieusement les nombreux incidents qui ont émaillé la nuit du 31 décembre au 1er janvier.
Le «bilan du dispositif de sécurisation» de la «Saint-Sylvestre 2017», dont Le Figaro a eu connaissance, se suffit à lui-même. On y découvre ce que veut dire un «soir de fête» pour la seule région Île-de-France, qui a connu de nombreux incidents dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier.
L'affaire de Champigny? Elle y figure, mais seulement en quelques lignes, dans un rapport de 17 pages qui fourmille d'indications, de tableaux et de chiffres sur les faits signalés. Nous l'avons agrémenté d'une carte des incendies de véhicules pour mieux visualiser les secteurs où les forces de l'ordre ont dû intervenir.
http://i.f1g.fr/media/figaro/805x/2018/01/02/INFa91c38a0-efb0-11e7-9dfb-6e10ecd2d4f3-805x783.jpg
Jets de projectiles et tirs de mortiers
Ce soir-là, sur Paris et les trois départements limitrophes (92, 93, 94), «à retenir: 2936 effectifs engagés dont 2698 sur la voie publique et les transports et 238 en charge du suivi judiciaire», mais aussi «6,5 unités mobiles engagées, 213 interpellations réalisées (202 en 2016), 168 mesures de garde à vue (168 en 2016), 163 véhicules incendiés (134 en 2016) dont 53 endommagés par propagation (51 en 2016), 25 jets de projectiles dont 6 mortiers tirés contre les forces de l'ordre (8 en 2016 dont 2  mortiers), 3 policiers blessés (2 en 2016), pas d'affrontement direct entre groupes (comme en 2016)».
Le «récapitulatif des violences urbaines», inséré dans le document, fait état de 110 «foyers» d'incendies de véhicules, auxquels il faut ajouter 53 véhicules «endommagés par propagation». S'y ajoutent 18 feux de poubelles, 25 jets de «projectiles», le plus souvent sur la police.
À Paris même, il est mentionné qu'à «20 h 50, à l'angle de l'avenue des Champs-Élysées et de la rue Balzac, les gendarmes mobiles ont arrêté sept individus qui jetaient des canettes dans la foule. Les victimes n'ont pas pu être identifiées. Les mis en cause, de nationalité afghane, en situation irrégulière, ont été placés en retenue administrative».
Un employé du Fouquet's blessé à l'arme blanche
Dans le VIIIe, angle des Champs et de Marigny, «lors du déplacement pédestre d'un homme politique, les policiers (...) ont interpellé un individu qui s'approchait de la personnalité en vociférant». Contrôlé, l'individu faisait l'objet d'une «fiche S», car «en relation avec la mouvance anarcho-autonome susceptible de se livrer à des actions violentes».
Le rapport évoque également un employé du Fouquet's blessé à l'arme blanche, alors qu'il voulait s'interposer dans une bagarre. Une agression sexuelle est aussi à déplorer contre une serveuse de bar, rue de Lappe (XIe).
En banlieue, destructions et dégradations sont légion. À Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), la police a pris en chasse une Audi A3, avec quatre hommes à bord et un chien d'attaque. Course-poursuite jusqu'à l'A 104. Après avoir percuté une voiture de police, les fuyards sont stoppés. Il faut abattre le chien qui «a saisi la main gantée d'un policier». Retrouvés dans l'Audi: «20 g de résine de cannabis.»
La police a eu aussi maille à partir avec une bande à Stains (Seine-Saint-Denis): «Usage de LDB 40 (NDLR: lanceur de balles de défense), à cinq reprises, et de grenades MP7, à quatre reprises, pour se désengager». Les effectifs de la petite couronne parviennent ce soir-là à prendre sur le fait plusieurs incendiaires, notamment à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à Gentilly et Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), ainsi qu'à Choisy-le-Roi.
«Guet-apens»
En grande couronne, où 87 véhicules ont brûlé, la police doit se défendre à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne). Là, il faut faire «usage de trois tirs de MP7 et cinq tirs de 40/46 pour disperser les hostiles (sic)». À Orsay (Essonne), selon le rapport de la préfecture, on signale une «rébellion lors d'une interpellation en marge d'une soirée de la commune», tandis qu'à Arpajon les «équipages TI 700 et TV 350» de la police interpellent «deux individus en train de prendre la fuite à proximité de l'incendie de trois gros containers à ordures. L'un d'eux est notamment trouvé en possession de trois briquets encore chauds».
Et il y en a des tableaux entiers! Les faits sont soigneusement répertoriés, ville par ville, par heure ensuite, selon la qualification de l'infraction, le nombre d'interpellations, de blessés et le type de dégâts.
Sans oublier les «observations» à la marge. On y apprend ainsi qu'à Sevran (Seine-Saint-Denis), la Brigade de soutien des quartiers (BSQ) a eu droit, elle aussi, à des «jets de projectiles», à la suite d'un «guet-apens». À Houilles (Yvelines), scénario à peine différent, nécessitant «cinq tirs de Flash-Ball et un tir de Cougar», ce lanceur de grenades utilisé pour éviter le contact avec les assaillants. N'oublions pas le machiniste de la société de bus Kéolis «aspergé de lacrymogène par plusieurs individus», à Clichy-la-Garenne.
C'était le réveillon de l'an neuf pour la seule Île-de-France. Mais un autre rapport, plus fourni encore, était sur le bureau du ministre de l'Intérieur, le 1er janvier aux aurores, pour y détailler la situation dans le reste de la France. Avec trois fois plus d'incidents qu'à Paris. Un soir de violence ordinaire.

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Rédacteur en chef adjoint (sécurité intérieure, affaires judiciaires, immigration)
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Donald Trump menace de couper les vivres aux Palestiniens (03.01.2018)

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 11:17 

  • Publié le 03/01/2018 à 09:58
VIDÉO - « Puisqu'ils ne sont plus disposés à parler de paix, pourquoi devrions-nous leur verser des paiements massifs à l'avenir ? », a interrogé sur Twitter le président américain. Les Palestiniens dénoncent un « chantage ».
Un mois presque jour pour jour après avoir reconnu la souveraineté israélienne sur Jérusalem, le président Donald Trump menace de couper les vivre aux Palestiniens «s'ils refusent de négocier un traité de paix avec Israël qui se fait attendre depuis trop longtemps». «Puisqu'ils ne sont plus disposés à parler de paix, pourquoi devrions-nous leur verser des paiements massifs à l'avenir?», a-t-il interrogé mercredi matin sur Twitter.
Son ambassadrice auprès des Nations-Unies, Nikki Haley, avait menacé peu auparavant de couper le financement américain de l'Agence des Nations-Unies en charge des réfugiés palestiniens (Unrwa) «tant qu'ils ne seront pas revenus à la table des négociations». Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, a rétorqué en dénonçant un «chantage» avant de déclarer: «les droits des Palestiniens ne sont pas à vendre».
Les dirigeants palestiniens estiment que les États-Unis se sont disqualifiés de leur traditionnel rôle de médiateur en appuyant unilatéralement, le 6 décembre dernier, les revendications de l'État hébreu sur la ville sainte. Ils refusent depuis lors de rencontrer les négociateurs américains chargés de préparer l'«accord ultime» promis par Donald Trump. À la veille de Noël, Mahmoud Abbas a par ailleurs refusé de recevoir le vice-président américain, Mike Pence, à l'occasion d'un déplacement que celui-ci prévoyait d'effectuer au Proche-Orient. La visite, reportée, aurait été reprogrammée au 21 janvier prochain mais le chef de l'Autorité palestinienne campe visiblement sur ses positions. «Il n'a pas changé d'avis», confirme Majdi Khaldi, son conseiller diplomatique.
Une situation humanitaire déjà précaire
«Les Américains disent vouloir nous ramener à la table des négociations mais ce sont eux qui l'ont quittée en violant les règles du jeu en vigueur depuis près de vingt-cinq ans, poursuit M. Khaldi. Ils menacent maintenant de couper l'aide versée aux réfugiés palestiniens, mais doivent avoir à l'esprit qu'il s'agit d'une initiative très dangereuse. Le sort des réfugiés est une question à la fois sensible et très complexe, qui retentit non seulement sur la situation en Cisjordanie et à Gaza mais aussi dans les pays où ils sont hébergés - tels le Liban, la Jordanie ou l'Irak. Si l'Administration souhaite renouer le dialogue, il n'y a qu'une chose à faire: reconnaître que Jérusalem-Est est la capitale de l'État de Palestine.»
Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël
Donald Trump a reconnu mercredi Jérusalem comme capitale d'Israël, marquant une rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs et il a également ordonné des préparatifs pour le transfert de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem
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Selon les données publiées par l'Administration américaine, l'Agence pour l'aide et le développement (Usaid) a financé en 2016 des projets palestiniens à hauteur de 319 millions de dollars. Quelque 36 millions seraient par ailleurs versés chaque année pour financer les services de sécurité de l'Autorité palestinienne. Enfin, la contribution américaine à l'Unrwa représente 368 millions de dollars, soit un quart environ du budget de l'agence. La remise en cause de ce financement risque d'aggraver la situation humanitaire déjà précaire dans laquelle vivent nombre de réfugiés palestiniens. «Nous n'avons reçu aucune information des États-Unis sur leur éventuelle intention de remettre en cause leur contribution», assure toutefois le porte-parole de l'agence, Chris Gunness.
Fin décembre, alors que l'Assemblée générale des Nations-Unies s'apprêtait à condamner la décision américaine sur Jérusalem, l'ambassadrice Nikki Haley avait menacé de représailles. «Nous nous en souviendrons quand on nous demandera encore une fois de verser la plus importante contribution» financière à l'ONU, avait-elle notamment indiqué. «Nous payons aux Palestiniens des CENTAINES DE MILLIONS DE DOLLARS sans la moindre reconnaissance ni le moindre respect», a pour sa part fulminé mercredi Donald Trump.
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Nouvel An: quatre personnes tués au couteau à Londres (01.01.2018)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 01/01/2018 à 22:16 

  • Publié le 01/01/2018 à 13:45
Quatre jeunes hommes ont été tués à Londres dans des agressions au couteau entre dimanche et les premières heures du jour de l'an, a annoncé lundi Scotland Yard, en pleine recrudescence des attaques à l'arme blanche dans la capitale britannique.
Les "quatre meurtres", sans lien apparent entre eux, se sont produits "dans le nord, l'est et le sud de Londres", a déclaré la police londonienne dans un communiqué. Les victimes sont des hommes âgés de 17, 18 et 20 ans. Un cinquième homme d'une vingtaine d'années, également victime d'une de ces attaques, a été hospitalisé dans un état critique, a ajouté Scotland Yard, indiquant avoir interpellé cinq hommes dans le cadre d'une des enquêtes criminelles.
La première agression mortelle a eu lieu dimanche vers 11H30 (11H30 GMT) dans une zone résidentielle, les trois autres entre 19H35 et 02h35 dans différents quartiers plus ou moins fréquentés de la ville, mais à l'écart du gros des festivités du Nouvel an. Celles-ci ont rassemblé, entre autres, plus de 100.000 personnes sur les rives de la Tamise pour un feu d'artifice. Bien que la capitale britannique ait été la cible de quatre attentats en 2017, Scotland Yard avait indiqué avoir mobilisé moins de policiers que l'an dernier.
Ces meurtres à l'arme blanche surviennent alors que la ville tente de lutter contre la recrudescence de ce type d'attaques. Entre avril 2016 et mars 2017, la police a dénombré près de 12.100 agressions au couteau à Londres, qui ont fait plus de 4.400 blessés. Des statistiques au plus haut depuis cinq ans. Entre le début de 2017 et le 22 décembre, ces attaques ont fait 77 morts, a ajouté lundi Scotland Yard.
Dans la plupart des cas, les agressions ne sont pas liées à la criminalité organisée mais à des individus isolés, qui portent une arme pour se sentir en sécurité ou se donner une allure. Le phénomène touche particulièrement les mineurs, de plus en plus nombreux à porter un couteau. Face à ce fléau, le maire de Londres Sadiq Khan a lancé sur les réseaux sociaux une campagne de sensibilisation à destination des jeunes, baptisée "Londres a besoin de vous en vie: ne portez pas de couteau".

La Knesset verrouille le statut de Jérusalem
La partie orientale de la ville fut conquise par Israël en 1967 mais son annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.
  1.  

  1. Actualité

  1. International
http://plus.lefigaro.fr/sites/default/files/imagecache/Petite/images/avatar-journalistes-defaut.jpg
Par Cyrille Louis
Publié le 02/01/2018 à 19h03
Une loi initiée par la droite israélienne bloque les revendications des Palestiniens sur la partie orientale de la ville.
La coalition de droite au pouvoir en Israël, enhardie par la récente décision américaine sur le statut de Jérusalem, veut désormais pousser son avantage. Un texte visant à compliquer la cession, par l'État hébreu, d'une partie de la ville dans le cadre d'un accord de paix avec une puissance étrangère, a été adopté par la Knesset dans la nuit de lundi à mardi. Cette disposition fragilise un peu plus encore les espoirs palestiniens de fonder la capitale de leur futur État dans sa partie orientale, qui fut conquise par Israël en juin 1967 mais dont l'annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. «Nous avons garanti l'unité de Jérusalem. Le mont des Oliviers, la Veille Ville et la Cité de David resteront à nous pour toujours», s'est réjoui Naftali Bennett, ministre de l'Éducation et chef de file du parti national-religieux Foyer juif, à l'origine du texte. Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, accuse pour sa part Israël d'avoir ainsi «déclaré la guerre» à son peuple.
«Nous avons garanti l'unité de Jérusalem. Le mont des Oliviers, la Veille Ville et la Cité de David resteront à nous pour toujours»
Naftali Bennett, ministre de l'Éducation et chef de file du parti national-religieux Foyer juif, à l'origine du texte
La loi controversée était en chantier depuis plusieurs mois mais Benyamin Nétanyahou avait jusqu'à présent choisi d'en repousser l'examen, par crainte qu'elle ne creuse l'isolement de son pays sur la scène internationale. Son principal objectif est de renforcer le caractère «indivisible» de Jérusalem, tel qu'il fut défini par une loi fondamentale votée le 30 juillet 1980. Ce texte imposait à tout gouvernement envisageant de céder une partie de la ville l'obligation, soit de réunir une majorité absolue à la Knesset ainsi que de soumettre son projet à référendum, soit d'obtenir une «supermajorité» de 81 députés sur 120. En vertu de la nouvelle loi, il aura désormais l'obligation d'en passer par la seconde option. «Cela signifie que, même dans l'hypothèse où la quasi-totalité de la population israélienne soutiendrait un accord de paix impliquant de renoncer à une partie de la ville, les députés de droite conserveront la capacité de bloquer le processus», déplore l'avocat Daniel Seidemann, directeur de l'ONG Jérusalem terrestre.
Négociations serrées
Le débat peut sembler théorique dans la mesure où l'actuelle coalition est opposée à la création d'un État palestinien et, plus encore, au partage de Jérusalem. Benyamin Nétanyahou, s'il a opéré en 2009 une volte-face en acceptant la solution dite des deux États à certaines conditions, n'en promet pas moins régulièrement de défendre l'unité de la capitale autoproclamée. Mais la reconnaissance, par Donald Trump, de la souveraineté israélienne sur la ville n'a pas éteint la méfiance de la droite religieuse. «N'oublions pas que deux premiers ministres [Ehoud Barak et Ehoud Olmert, NDLR] ont, par le passé, tenté de diviser Jérusalem», a rappelé la députée Shuli Moalem (Foyer juif). Lors de son allocution du 6 décembre, le président américain a indiqué que sa décision ne préjuge pas «des limites spécifiques de la souveraineté israélienne sur Jérusalem ni du tracé des frontières contestées». Par ces quelques mots, il a semblé laisser la porte ouverte à la création d'un État palestinien dont la capitale pourrait voir le jour dans une partie de la Ville sainte au terme de négociations - tout en précisant, quelques jours plus tard, qu'il ne voit pas comment celle-ci pourrait englober le mur des Lamentations, pourtant situé à Jérusalem-Est.
L'article 5 de la nouvelle loi vise plus particulièrement à garantir une majorité juive dans la ville en «excisant» certains quartiers situés au-delà du mur de séparation
L'article 5 de la nouvelle loi, qui a fait l'objet de négociations serrées jusqu'à sa mise au vote, vise plus particulièrement à garantir une majorité juive dans la ville en «excisant» certains quartiers situés au-delà du mur de séparation - comme ceux de Kufr Aqab et d'Anata, où résident près de 140.000 Palestiniens. Dans cette perspective, le ministre (Likoud) Zeev Elkin aurait souhaité que le texte autorise le gouvernement à redessiner seul les limites administratives de la ville. Mais les élus du Foyer juif s'y sont opposés, craignant qu'il n'en profite pour transférer ces territoires à l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. La loi finalement adoptée envisage la création de nouvelles localités aux marges de Jérusalem, mais subordonne celle-ci à l'approbation de la Knesset. Le député (Meretz, gauche) Essawi Freij a aussitôt dénoncé «un texte raciste et destiné à nettoyer la ville de sa population arabe».
Redécoupage de Jérusalem
Nir Hasson, spécialiste de Jérusalem au quotidien Haaretz, estime que l'impact concret de la loi ne doit pas être exagéré. «Son adoption illustre surtout l'ascendant de la droite religieuse face un premier ministre fragilisé par les affaires judiciaires ainsi que par les spéculations sur de possibles élections anticipées dans les prochains mois, décrypte-t-il. Elle impose, certes, une majorité de 81 votes pour diviser Jérusalem. Mais un gouvernement en position de conclure un accord de paix avec les Palestiniens n'aurait besoin que de 61 votes pour la faire annuler.» Daniel Seidemann, lui, se montre plus pessimiste. «Invalider une telle loi ne sera pas facile, dit-il. Elle constitue un obstacle de plus sur le chemin déjà très escarpé vers un accord de paix avec les Palestiniens.»
«Son adoption illustre surtout l'ascendant de la droite religieuse face un premier ministre fragilisé par les affaires judiciaires ainsi que par les spéculations sur de possibles élections anticipées»
Nir Hasson, spécialiste de Jérusalem au quotidien «Haaretz»
L'adoption, dimanche, par le comité central du Likoud, d'une résolution appelant à «débloquer les constructions» ainsi qu'à «appliquer la loi et la souveraineté israélienne» dans l'ensemble des colonies juives de Cisjordanie résume l'état d'esprit de la droite nationaliste. «Toutes ces décisions vont dans le même sens, s'inquiète Menachem Klein, professeur de sciences politiques à l'université Bar-Ilan. En déclarant son intention de déplacer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, Donald Trump a implicitement fait don de la Cisjordanie à l'État d'Israël. Il a précisé soutenir la solution des deux États si les deux parties l'approuvent, mais n'a pas dit un mot des arguments qui la fondent au regard du droit international. La droite israélienne a bien entendu le message et agit en conséquence. Aujourd'hui elle prépare le redécoupage de Jérusalem et envisage d'absorber les principales colonies. Mais demain, soyez-en sûrs, c'est toute la Cisjordanie qu'elle annexera.»

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Ahed Tamimi, le nouveau visage de la révolte palestinienne (02.01.2018)

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 11:19 

  • Publié le 02/01/2018 à 21:13
Ahed Tamini, l'adolescente devenue symbole pour les Palestiniens
À 16 ans, Ahed Tamini est devenue une icône de la lutte contre l'occupation israélienne pour les Palestiniens. Le 15 décembre dernier, elle avait été filmée en train de frapper des soldats israéliens dans la cour d'une maison.
Deux yeux bleus sous un amas de cheveux blonds et bouclés. En quelques années, la jeune fille est devenue un symbole. Âgée de 16 ans, elle est actuellement en prison pour avoir frappé des soldats israéliens.
Elle rêvait de devenir footballeuse au FC Barcelone. Le sport n'aura pas fait d'elle une icône, l'activisme politique, oui. Ahed Tamimi, 16 ans seulement, est devenue en quelques années, et autant d'images choc, le nouveau visage de la révolte palestinienne face à l'occupation israélienne de la Cisjordanie. La jeune femme a été placée en détention fin décembre suite à la diffusion d'une vidéo, devenue virale, où on la voit frapper deux soldats israéliens. Retour sur le parcours éclair d'une militante tombée dans l'activisme dès son plus jeune âge.
L'histoire d'Ahed Tamimi est intrinsèquement liée à Nabi Saleh, petit village de Cisjordanie, situé entre Tel Aviv et Jérusalem. Cette bourgade arabe de quelques centaines d'habitants fait face à la colonie israélienne de Halamish, qui s'est appropriée des terres et une source d'eau appartenant au village. Un acte qui révolte les habitants de Nabi Saleh. Dès 2009, une marche hebdomadaire de protestation est organisée et tourne régulièrement à la confrontation avec les forces israéliennes. La famille Tamimi est en pointe de la contestation.

Arrêté de nombreuses fois, le père d'Ahed, Bassem Tamimi, 50 ans, en est un des leaders. Bassem rêve de créer «un modèle de résistance civile, qui prouverait que nous ne sommes pas des terroristes et que nous sommes les propriétaires de ces terres, explique-t-il au journal israélienHaaretz, en 2010. Nous voulons envoyer aux Palestiniens et Israéliens le message qu'il existe cet autre modèle de résistance, non-violent.» En 2012, son activisme le conduit une nouvelle fois en prison, Amnesty international mènera une campagne pour faire libérer celui que l'ONG qualifie de «prisonnier de conscience».
L'arme, c'est l'image
Lors des manifestations de Nabi Saleh, les pierres volent. Mais ce ne sont pas les projectiles principaux. La véritable arme ici, c'est l'image. L'oncle d'Ahed, Bilal Tamimi a lancé son «agence de presse citoyenne», «Tamimi press international». En réalité un blog diffusant quelques nouvelles de la lutte locale. La mère d'Ahed, Nariman Tamimi, tout aussi engagée que son mari, se retrouve souvent derrière la caméra, à filmer les confrontations.

Et pour parvenir à ses fins, la famille Tamimi ne craint pas non plus de mettre en avant ses enfants. Bassem Tamimi estime même que leur présence est «cruciale pour les aider à prendre confiance et leur apprendre à faire face aux problèmes». C'est ainsi qu'en 2010, Ahed Tamimi se retrouve sur la première photo diffusée à l'international par l'Agence France presse (voir ci-dessus). Âgée de 9 ans, la petite fille est alors vêtue d'une robe taillée dans un keffieh palestinien. Devant elle s'avance un soldat israélien, dont le fusil d'assaut semble presque aussi grand qu'elle.
Deux ans plus tard sera prise la photo qui fera d'elle une icône. La fillette a un peu grandi. Elle est cette fois vêtue d'un débardeur où l'on voit distinctement le mot Love (amour) et le symbole de la paix popularisé par les hippies. Ahed Tamimi, poursuit des militaires, lève un poing menaçant, bien que totalement dérisoire face aux grands soldats qui l'entourent et que cette rébellion infantile fait sourire. «Je suis plus forte que n'importe lequel de tes soldats», hurle-t-elle. Un reportage de France 2 montre qu'Ahed sait déjà comment jouer avec les caméras. De quoi s'attirer les premières critiques de manipulation.
«L'image est la seule arme dont ils disposent, explique au FigaroBertrand Heilbronn, le président de l'association France Palestine solidarité, qui a pu rencontrer plusieurs fois certains membres de la famille. Bien sûr, ils cherchent à se faire photographier. Mais c'est également la seule façon qu'ils ont de se protéger face à des soldats. Cela fait partie de la lutte non-violente.»

Notoriété internationale
Qu'importe, sa notoriété est faite. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, l'invite pour la féliciter. Un honneur dont l'adolescente n'a que faire. «N'importe quel Palestinien vaut deux Erdogan, car on se bat pour notre terre», dira-t-elle en retour. Le New York Times magazine consacre sa une de mars 2013 à Nabi Saleh, avec pour titre «S'il y a une troisième intifada, nous voulons être ceux qui l'ont lancée.» Ahed Tamimi est l'un des douze portraits mis en valeur par la publication américaine.
En 2015, une nouvelle image fait le tour du monde. On y voit un soldat israélien plaquer au sol un jeune enfant, le frère d'Ahed, le bras dans le plâtre, mais accusé d'avoir lancé des pierres sur les militaires. Un groupe de femmes l'agrippent, dont Ahed Tamimi, qui mord la main de l'homme.

À l'été 2017, Ahed Tamimi réapparait en Afrique du Sud. À 16 ans, elle est maintenant une jeune fille à la grande chevelure blonde et bouclée. Elle porte toujours le keffieh palestinien. La visite est hautement symbolique: accompagnés de deux autres jeunes activistes, elle dépose une gerbe de fleurs au mémorial de Hector Pieterson, jeune Sud-Africain tué lors d'une manifestation de la population noire à Soweto dans les années 1960. Elle expliquait alors lors d'une rencontre avec les habitants qu'elle ne voulait pas être soutenue «à cause de quelques larmes photogéniques, mais parce que nous avons fait le choix d'une juste lutte. C'est la seule façon d'arrêter de pleurer un jour.»
La jeune fille est de toutes les luttes. Aussi, lorsque le président américain Donald Trump décide de transférer l'ambassade américaine à Jérusalem, elle se joint aux manifestations de Palestiniens. Avec sa cousine Nour, elles s'en prennent à deux soldats israéliens, comme elles l'ont fait si souvent. Elles les frappent, les giflent. Les deux hommes restent impassibles.
Relayée par les médias, la vidéo est vue des millions de fois. Sauf que l'image d'Ahed Tamimi n'est pas du tout la même, côté israélien. On n'y voit pas la résistante, mais une «provocatrice qui sait médiatiser ses actes», selon certains journaux, qui soulignent l'humiliation dont sont victimes les soldats de Tsahal et, à travers eux, de tout le pays. Dans la nuit du 18 au 19 décembre, l'adolescente est arrêtée. Les images de la jeune femme sont à nouveau publiées dans tous les médias.

Le 1er janvier, le tribunal décide de retenir 12 chefs d'inculpation contre elle, portant notamment sur 5 autres faits de l'année précédente (agression des forces de sécurité, lancé de pierres ou encore pour avoir participé à des émeutes). Sa garde à vue a été prolongée d'une semaine. Elle risque plusieurs années de prison.
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Agression de Champigny: comment une soirée privée a viré à l'émeute

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 14:47 

  • Publié le 02/01/2018 à 18:52

A voir aussi
Agression de policiers à Champigny: la fête n'était pas «autorisée» (02.01.2018)
Le premier adjoint au maire de Champigny-sur-Marne a affirmé mardi que la fête, en marge de laquelle deux policiers ont été roués de coups, "n'aurait pas dû se tenir" et qu'elle "n'avait pas d'autorisation, ni par la mairie ni par la préfecture".
VIDÉO - «Tapez-les, ils sont tout seuls !» : à Champigny-sur-Marne, des témoins racontent dans quelles circonstances une soirée non autorisée du Nouvel An a tourné au chaos et mené au passage à tabac de deux policiers. Le parquet de Créteil a ouvert une enquête.
Dans la rue menant à la zone industrielle de Champigny-sur-Marne (Val de Marne), lieu des exactions, les enquêteurs s'affairaient mardi autour de plusieurs véhicules. Pare-brise éclatés sous les coups de barres ou les jets de pierres, morceaux de phares éparpillés: les environs du hangar où était organisée la soirée de la Saint-Sylvestre, sans l'autorisation de la préfecture ni de la mairie, portent encore les traces des violences. Devant l'entrée principale, un muret de briques a été en partie détruit, et le rideau métallique d'une entrée latérale défoncé.
Ali, 18 ans, était ici dimanche soir. Arrivé devant le hangar pour rejoindre des amis, il voit alors la foule qui attend devant l'entrée, où la soirée a déjà commencé. «Il y avait une queue énorme, c'était pire qu'à Disneyland», explique le jeune homme. À l'intérieur, «200 personnes» font la fête, selon un ami du propriétaire, tandis qu'à l'extérieur deux vigiles tentent de contenir plusieurs centaines de jeunes qui voulaient s'inviter dans la salle, servant habituellement à des fêtes religieuses. «On attendait 200 personnes mais il y a eu beaucoup de monde qui est arrivé», a reconnu un proche du propriétaire des lieux.
«Il y avait des gens qui ont attendu trois heures, on leur a dit de partir, ils ont pété un câble», raconte Ali. Puis «tous ceux qui étaient derrière se sont mis à doubler, il y a des gens qui sont tombés par terre, qui criaient». Devant l'entrée, le petit muret en briques s'écroule sous la pression de la foule. Sur un autre côté du bâtiment, «ils ont forcé le rideau de fer» qui était baissé, montre l'ami du propriétaire. À la sortie du hangar, un tas de débris: «Il y avait un mur de placo derrière le rideau de fer, ils l'ont défoncé aussi.»
«300 à 400 personnes voulaient rentrer»
Débordé, le propriétaire finit par appeler le 17. «La police est arrivée, on a vu les CRS avec leurs boucliers, ils tiraient des Flash-Ball», ajoute Ali, montrant un large bleu circulaire sur sa cuisse, trace d'une balle reçue selon lui. Aux gaz lacrymogènes de la police, des jeunes ripostent par des jets de projectiles, ou à l'aide d'extincteurs trouvés dans les locaux industriels voisins. «Ça n'arrêtait pas de péter, il y avait de la fumée partout... C'était une catastrophe», relate Ali, évoquant une «panique générale». Il y avait «des trucs qui volaient dans tous les sens, des gens qui cavalaient dans tous les sens», rapporte Manu, 55 ans, qui avait garé sa voiture derrière le hangar.
La police a été appelée alors que «300 à 400 personnes» voulaient pénétrer dans l'enceinte «qui n'était pas dimensionnée pour (les) accueillir», a confirmé lundi le directeur territorial de la sécurité publique du Val-de-Marne, Jean-Yves Oses. Sous la pression de la foule, «la porte de la salle est tombée et les personnes sont entrées à l'intérieur en nombre important». «Un groupe d'individus particulièrement virulent s'en est pris aux policiers qui ont dû faire usage de moyens lacrymogènes», a-t-il raconté à BFMTV.
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a ainsi résumé la séquence sur Europe 1: «Un groupe essaie de rentrer dans cette soirée, force les portes et, à ce moment-là, les policiers sont appelés. Ils essaient de séparer les deux groupes et le groupe agresseur se retourne contre les policiers. Deux sont séparés du reste de leurs collègues et sont frappés».
Sur place, Ali, ses amis, et de nombreuses personnes se mettent à courir vers la sortie de la zone industrielle. C'est là, à une centaine de mètres de la salle, que deux policiers, un capitaine et une gardienne de la paix, se retrouvent isolés suite à un mouvement de foule, et sont pris à partie. «Tout le monde était devenu fou. Quelqu'un a crié: “Tapez-les, tapez-les, ils sont tout seuls!”», relate Ali, qui décrit une «vingtaine de personnes» encerclant la policière, au sol, et lui donnant des «coups de pied». Ce sont ces images de lynchage qui ont fait lundi le tour des réseaux sociaux. Elles montrent une foule d'individus qui se précipitent sur un véhicule retourné. On voit ensuite plusieurs personnes tapant dessus à coups de barres, ainsi qu'une femme en uniforme, à terre, encerclée, qui reçoit des coups de pied.
«Organisation déplorable»
Ali dit s'être interposé pour protéger la policière et la ramener vers une voiture de ses collègues. «Elle était en état de choc. Elle ne parlait pas, elle saignait de la bouche», se souvient le jeune homme, «écœuré» par le déchaînement des agresseurs prêts à «massacrer» les policiers. Le capitaine et la gardienne de la paix se sont respectivement vus prescrire dix et sept jours d'incapacité totale de travail (ITT). Plusieurs véhicules, dont deux des pompiers et de la sécurité civile, ont été dégradés.
«C'est une soirée privée dans une zone industrielle, ça aurait pu se passer dans n'importe quelle commune», a déclaré le député (Les Républicains) du Val-de-Marne, Gilles Carrez , qui a aussi rappelé que «le quartier sensible du Bois l'Abbé, où est installé le commissariat, a été tout à fait calme». Pour le premier adjoint à la mairie de Champigny-sur-Marne, Christian Fauré, «il ne s'agit en aucun cas de violence urbaine... Beaucoup de jeunes gens étaient plutôt très bienveillants vis-à-vis de la police». De retour mardi matin d'une rencontre avec les policiers des commissariats de Champigny-sur-Marne et Chennevières-sur-Marne (auquel appartiennent les deux policiers agressés), il a attribué la responsabilité des incidents à l'«organisation déplorable» de la soirée.
À ce jour, aucune arrestation en lien avec l'agression n'a eu lieu. Mardi soir, une enquête a été ouverte par le parquet de Créteil pour «mise en danger de la vie d'autrui» et «ouverture au public d'un établissement sans autorisation», a révélé franceinfo mercredi. Le propriétaire de la salle a été entendu par les enquêteurs. «Il a assuré qu'il louait la salle à une église évangélique», selon une source proche de l'enquête à l'AFP. D'autres témoins doivent également être auditionnés. L'enquête a été confiée à la Sûreté territoriale.
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Champigny : Éric Ciotti veut faire du soutien aux policiers «une priorité nationale»

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 15:01 

  • Publié le 03/01/2018 à 12:06
LE SCAN POLITIQUE - Indigné après l'agression de policiers à Champigny-sur-Marne, Eric Ciotti a appelé mercredi sur BFMTV à une «réaction de la société» face à cette «barbarie contemporaine». Dans Le Parisien, Bruno Retailleau a lui réclamé «un plan Marshall pour les forces de sécurité».
L'agression de deux policiers à Champigny-sur-Marne le soir du réveillon a indigné l'ensemble de la classe politique. Très remontée, la droite regrette une banalisation des violences et réclame davantage de protection pour les forces de l'ordre. «Il y a un événement, il y a une réaction, il y a des drames, et puis après plus rien. Je veux aujourd'hui que l'on soit sur le long terme, que l'action, le soutien aux policiers soit une priorité nationale. J'ai envie de dire “Touche pas à mon flic!”», a affirmé mercredi sur BFMTV Éric Ciotti, le député LR des Alpes-Maritimes.
«Il faudrait qu'il y ait une réaction de notre pays, de l'État, de la société même au-delà de l'État. L'État a le devoir de protéger ces policiers parce qu'ils incarnent une autorité républicaine, mais il faut qu'on dise aujourd'hui que toucher un policier ou un gendarme, toucher à ceux qui portent, grâce à l'uniforme, l'autorité de la République est une ligne infranchissable», a voulu souligner Éric Ciotti.
La droite pour le rétablissement des peines planchers
Dans Le Parisien mercredi, Bruno Retailleau, à l'origine de la création d'une commission d'enquête sur l'état des forces de sécurité intérieure, a de son côté constaté «une haine antiflics, qui n'est rien d'autre que la haine de la République». «Il n'y a pas pire pour le moral d'un policier ou d'un gendarme qu'un délinquant arrêté la veille et remis en liberté plus tard», a pesté le député LR de Vendée. Il a ainsi proposé «un plan Marshall pour nos forces de l'ordre afin qu'elles soient mieux équipées, mais aussi mieux respectées en rétablissant les peines planchers.»
Une mesure, notamment réclamée par le syndicat de policiersAlliance, qui a été écartée ce mercredi matin par Édouard Philippe. Sur France 2, le premier ministre a estimé qu'il existait «déjà des peines sévères». «Il faut se battre pour qu'il y ait plus de policiers dans la rue, sur le terrain. Il n'y a pas une seule réponse, c'est l'ensemble des réponses qui vont permettre d'apporter une solution», a-t-il expliqué, en évoquant notamment la police de sécurité du quotidien dont l'expérimentation commencera début 2018.
Dans la lignée du président, Édouard Philippe a confirmé sur France 2 qu'il y aurait une «une grande sévérité judiciaire et pénale» pour les auteurs de l'agression.
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Pakistan: Trump menace de supprimer l'aide, convocation de l'ambassadeur américain (02.01.2018)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/01/2018 à 08:51 

  • Publié le 02/01/2018 à 08:08
Le président américain Donald Trump a laissé entendre qu'il pourrait supprimer l'aide fournie au Pakistan, reprochant une nouvelle fois à Islamabad de ne pas faire assez pour combattre le terrorisme.
"Les Etats-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars d'aide au Pakistan ces 15 dernières années, et ils ne nous ont rien donné en retour si ce n'est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots", a écrit le président des Etats-Unis, dans son premier tweet de 2018 envoyé hier. "Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C'est fini!", a lancé M. Trump.
La réaction du Pakistan ne s'est pas faite attendre. Le Pakistan "a donné gratuitement accès aux Etats-Unis à son espace aérien et terrestre, des bases militaires et une coopération en matière d'intelligence qui ont décimé al-Qaida depuis 16 ans, mais ils ne nous ont rien donné en échange, à part des invectives et de la méfiance", a tweeté le ministre pakistanais de la Défense Khurram Dastgir-Khan.
Interrogé peu après sur la chaîne pakistanaise Geo Television, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Khawaja Mohammad Asif a attribué les commentaires de Donald Trump au fait que les Etats-Unis se retrouvent "dans une impasse en Afghanistan". "Si nous recevons de l'argent des Etats-Unis, c'est pour des services rendus", a ajouté le chef de la diplomatie pakistanaise.
Le New York Times avait rapporté la semaine dernière que l'administration Trump examinait très sérieusement la possibilité de ne pas verser 255 millions de dollars d'aide dont le versement a déjà été retardé, estimant qu'Islamabad ne fait pas assez pour combattre les groupes terroristes qui se trouvent sur son territoire. Une décision devrait être prise "dans les prochaines semaines", précisait le quotidien.
Le Pakistan convoque l'ambassadeur américain
Le Pakistan dément de longue date les accusations américaines et reproche à Washington d'ignorer les milliers de Pakistanais tués dans la lutte contre le terrorisme et les milliards de dollars dépensés pour la lutte contre les extrémistes.
Le Pakistan a convoqué hier l'ambassadeur américain à Islamabad, a indiqué aujourd'hui un porte-parole américain, un geste de défiance rare. L'ambassadeur David Hale a été invité à se rendre hier soir au ministère des Affaires étrangères pakistanais, a déclaré un porte-parole de l'ambassade, ajoutant : "Il y est allé et a rencontré des responsables. Nous n'avons pas de commentaire à faire sur la teneur de la réunion." Le ministères Affaires étrangères pakistanais n'a pas souhaité réagir sur la question.
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Saint-Sylvestre : deux policiers roués de coups à Champigny-sur-Marne (01.01.2018)

  • Mis à jour le 02/01/2018 à 09:55 

  • Publié le 01/01/2018 à 17:04

Dans la nuit de dimanche à lundi , deux policiers, dont une femme, ont été passés à tabac par des individus qui voulaient s'inviter dans une soirée privée. Macron promet que les agresseurs seront «retrouvés et punis» et Collomb appelle à briser «une mécanique infernale». Sur l'ensemble du territoire, plus de 1000 véhicules ont été brûlés.
Les images sont sans équivoque. Elles ont été filmées par les émeutiers puis diffusées sur les réseaux sociaux, le soir de la Saint-Sylvestre 2017, à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). On y voit une femme policier à terre, cheveux roux et queue-de-cheval, rouée de coups de pied par une horde déchaînée. À chaque assaut, recroquevillée et se protégeant le visage, alors que les plus lâches de la meute visent son visage, elle hurle de peur. Son corps va et vient sous les salves comme un sac de sable. Cette fonctionnaire, dont c'était la première affectation, a été transportée à l'hôpital de Saint-Camille à Bry-sur-Marne. Elle s'en est sortie par miracle et porte la trace de multiples hématomes. Elle souffre de commotions au visage et s'est vu prescrire sept jours d'incapacité totale de travail.
Et elle n'était pas seule. Cette jeune femme était le chauffeur du capitaine de police de permanence, chef du service de sécurité publique de Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), circonscription voisine de Champigny. Tous deux se rendaient à Champigny, alors qu'un attroupement venait de s'y former. En arrivant par la rue Benoît-Frachon, ils tombent sur quelque 300 individus furieux d'avoir été refoulés d'une soirée privée où ils n'étaient pas conviés. L'enceinte «n'était pas dimensionnée pour (les) accueillir», a expliqué le directeur territorial de la sécurité publique du val-de-Marne, Jean-Yves Oses. Ce dernier raconte que sous la pression de la foule, «la porte de la salle est tombée et les personnes sont entrées à l'intérieur en nombre important», avant d'être évacuées par la police.
«Guêpier»
L'équipage de policier était-il suffisamment renseigné sur le climat de tension régnant dans le quartier? En sortant de leur véhicule, dans un secteur en travaux, les deux fonctionnaires sont aussitôt agressés par-derrière. Le capitaine tente de se dégager avec sa collègue en utilisant du gaz lacrymogène. Selon certains témoignages, face à la violence des assaillants, il est même contraint de sortir son arme de service. À la fin de l'émeute, il a été transporté à l'hôpital Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), avec un nez cassé, de multiples hématomes et peut-être même une lésion à l'œil. Il s'est vu prescrire dix jours d'ITT. Avec sa collègue, il a porté plainte. Deux personnes ont été placées en garde à vue après l'intervention de policiers venus en renfort.
«Je ne comprends pas qu'ils aient pu se trouver seuls dans un tel guêpier. C'est de la folie pure et simple!» s'étonne Patrice Ribeiro, le patron du syndicat de policiers Synergie-officiers. Le syndicaliste déclare: «Cela témoigne de l'explosion exponentielle des violences perpétrées contre les policiers, avec une volonté homicide décomplexée. Cette scène de lynchage est digne des pays où les mœurs les plus barbares ont cours. Sans réponses judiciaires fermes, nous courrons à des drames.» Même colère à l'Unsa-police, où le secrétaire général, Philippe Capon, dénonce des«faits intolérables. Cela montre que certains quartiers sont loin d'être pacifiés». Le syndicat Alliance a une nouvelle fois demandé le «retour des peines planchers», abrogées en 2014, pour les agresseurs de policiers.
L'opposition a dénoncé l'agression de Champigny-sur-Marne, notamment par la voix du président des Républicains, Laurent Wauquiez, qui a réclamé sur Twitter des «actes fermes». «Ce n'est pas d'une police de proximité dont nous avons besoin, mais d'une politique de sécurité», a-t-il ironisé. Pour Marine Le Pen, qui s'est exprimée via un communiqué du Front national, «ces scènes d'une rare violence viennent rappeler que perdure et s'amplifie dans notre pays, à côte de la menace terroriste, une insécurité confinant parfois à la guérilla urbaine». L'ex-premier ministre Manuel Valls a condamné une «violence insupportable contre nos forces de l'ordre».
Lundi, dans l'après-midi, le chef de l'État, Emmanuel Macron, a assuré dans un tweet que «les coupables du lynchage lâche et criminel des policiers faisant leur devoir une nuit de 31 décembre seront retrouvés et punis. Force restera à la loi. Honneur à la police et soutien total à tous les agents bassement agressés».En visite au commissariat de Champigny-sur-Marne dans la soirée, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a indiqué s'être entretenu par téléphone avec les policiers après cette agression «totalement déplorable» et «inadmissible». «Nous identifierons celles et ceux qui sont coupables», a-t-il assuré.
«Cette société de la violence ne saurait continuer à exister dans les prochaines années, il faut y mettre fin», a insisté le ministre mardi matin sur Europe 1. Pour lutter contre la violence, outre la police de la sécurité du quotidien (PSQ) dont l'expérimentation débutera en février, «ce sont ces quartiers qu'il faut changer», a-t-il estimé. «J'étais à Champigny hier (lundi). Lorsque l'on voit ces grandes barres, on se dit qu'il y a un aspect totalement inhumain qui ne peut générer que de la violence. Ce sont des réformes de fonds qu'il faut mener, de politique de la ville», a-t-il poursuivi. «Ces quartiers ne peuvent pas rester comme ça. (...) Un certain nombre de quartiers ces dix, quinze dernières années se sont paupérisés, ghettoïsés, où les gens vivent plutôt côte-à-côte et demain ils peuvent se retrouver face à face. C'est cette mécanique infernale qu'il faut briser», a-t-il expliqué.
Dans l'ensemble de la France, les festivités de la Saint-Sylvestre se sont globalement «bien passées», avec «très peu d'incidents» à déplorer, a toutefois estimé le ministre.
Place Beauvau, un officiel reconnaissait malgré tout que la soirée du 31 décembre au 1er janvier a été «un peu chaude». Au total, huit policiers et trois militaires ont été blessés en France dans la nuit de dimanche à lundi, au cours de laquelle 1031 véhicules ont été incendiées et 510 personnes arrêtées, a indiqué le ministère de l'Intérieur. L'année précédente, 935 voiture avaient brûlé et 456 individus avaient été arrêtés
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Castaner : l'accueil des réfugiés "ne peut plus continuer ainsi" (31.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 31/12/2017 à 09:45 

  • Publié le 31/12/2017 à 09:16
Dans une tribune publiée ce matin dans le JJD, Christophe Castaner, le patron du parti LREM, affirme que la France "peut relever le défi de l'intégration des réfugiés" à condition de réformer son système d'accueil qui "ne peut plus continuer ainsi".
Face aux critiques suscitées par le projet de loi en préparation sur le droit d'asile, Christophe Castaner, délégué général de La République en Marche, invite dans son texte au Journal du Dimanche à dresser "un constat lucide sur notre système d'accueil et d'intégration".
"Les demandes d'asile ont augmenté de 80% depuis 2010", souligne l'homme politique, pour qui les conditions dans lesquelles la France accueille les demandeurs d'asile et les réfugiés "ne sont pas dignes". Nous changerons la réalité du droit d'asile "en ayant le courage de remettre à plat toute notre procédure d'asile pour en assurer vraiment l'efficacité", poursuit-il. La France aura dans les prochains mois "un débat important sur le droit d'asile", qui "sera réussi à trois conditions", note-t-il.
"La France peut relever ce défi de l'intégration des réfugiés"
"Il devra d'abord permettre de réformer en profondeur les procédures de demande d'asile. En confortant les moyens de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et en lui fixant pour objectif de traiter les dossier en moins de deux mois", poursuit Christophe Castaner. L'Ofpra devra également organiser "des missions" dans les pays de transit "pour mieux maîtriser les flux".
L'accueil de ceux "qui ont vocation à s'installer durablement dans le pays" suppose également d'"éloigner plus systématiquement ceux qui n'ont pas obtenu le droit d'asile", fait-il valoir, rappelant que "seuls 4% des déboutés" font aujourd'hui l'objet d'une mesure d'éloignement.
"La France peut relever ce défi de l'intégration des réfugiés. C'est la conviction du gouvernement, qui s'est saisi avec courage et sans tabou de ce sujet sensible. Parce que notre système d'accueil ne peut plus continuer ainsi", conclut-il.

«Toute une partie de la gauche n'accepte pas la liberté d'expression à l'encontre de l'islam» (29.12.2017)

  • Mis à jour le 29/12/2017 à 13:59 

  • Publié le 29/12/2017 à 12:42
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Le 6 janvier prochain, le Printemps Républicain organise aux Folies Bergères une grande manifestation «Toujours Charlie», pour commémorer les attentats de janvier 2013. A cette occasion, Laurent Bouvet accorde au Figaro Vox un grand entretien.

Laurent Bouvet est professeur de Science politique à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il a publié L'Insécurité culturelle chez Fayard en 2015.

FIGAROVOX. - Le 6 janvier, aux Folies Bergères, pour commémorer les attentats de Charlie Hebdo, Le Printemps Républicain organise une grande manifestation intitulée, «Toujours Charlie». De quoi s'agit-il exactement?
LAURENT BOUVET. - Il s'agit à la fois de commémorer, en dehors des cérémonies officielles, le 3ème anniversaire des attentats de janvier 2015 qui ont commencé le 7 janvier par Charlie Hebdo, et de dire que trois ans après, malgré les menaces et les renoncements, nous sommes «toujours Charlie!», c'est-à-dire en faveur de la liberté d'expression et contre toutes les formes d'intimidation, en particulier celles venant de tous ceux qui refusent cette liberté d'expression dès lors qu'elle concerne leur foi religieuse.
Pour ce faire, le Printemps républicain s'est associé avec le Comité Laïcité République et la LICRA, et des membres de l'équipe de Charlie Hebdo nous ont apporté leur soutien. Le sens de cette démarche est de rassembler très largement, et de montrer ainsi, au-delà des différences et clivages politiques notamment, qu'une très large majorité de nos concitoyens reste, trois ans après, «toujours Charlie» et très attachée à la liberté d'expression.
Concrètement, il s'agira d'une grande journée de témoignages et de débats, d'acteurs de terrain, d'intellectuels, de journalistes, d'artistes... qui viendront nous dire pourquoi ils sont «toujours Charlie». La journée se conclura par un spectacle inédit, fait de moments musicaux et de lectures de textes, dont la «Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes», le texte posthume de Charb. Cette journée se déroulera dans la salle des Folies Bergère à Paris (9ème arrondissement) en deux parties: les témoignages et les débats de 15h à 19h puis le spectacle de 20h30 à 23h. A cette occasion, nous révélerons aussi les résultats d'un sondage exclusif fait avec l'IFOP sur «les Français et Charlie, 3 ans après». Le programme, les informations et l'inscription (indispensable) à cette journée sont disponibles sur le site.
Trois ans après les attentats de janvier 2015, qu'est-ce qui a changé?
Toute une partie de la jeunesse de culture ou de confession musulmane se reconnaissait aisément dans une forme de radicalisation islamiste
A la fois beaucoup et peu! Beaucoup, parce que nous avons, collectivement, en tant que Français et plus largement en Europe d'ailleurs, pris conscience que la poussée de l'islamisme et du terrorisme qui lui est lié, telle qu'elle se déroulait dans le monde depuis des années, au moins depuis le 11 septembre 2001, et tout spécialement dans les pays musulmans, nous touchait directement à son tour. Les attentats de Toulouse et Montauban en 2012 étaient restés un événement isolé, perpétré par un seul homme, Mohammed Merah, et n'avaient pas soulevé la même prise de conscience que les actes des 7, 8 et 9 janvier 2015. On a découvert aussi que ces terroristes étaient des jeunes Français, élevés et éduqués en France. Et au-delà des attentats eux-mêmes que toute une partie de la jeunesse de culture ou de confession musulmane se reconnaissait aisément dans une forme de radicalisation islamiste même si bien évidemment, et heureusement, les passages à l'acte terroriste ou au djihadisme au Moyent-Orient restent des phénomènes limités.
Peu aussi, parce que malgré le choc terroriste et sa répétition en novembre 2015 à Paris puis en juillet 2016 à Nice notamment, malgré la prise de conscience collective, malgré les changements induits en termes de sécurité et de lutte contre le terrorisme ou la radicalisation, nous avons pu constater que les menaces contre Charlie Hebdo ou les propos antisémites, par exemple, n'avaient pas cessé, bien au contraire. Ces dernières semaines, la tension autour de quelques «unes» de Charlie a bien montré que toute une partie de cette jeunesse dont nous parlions à l'instant, et avec elle toute une partie de la gauche, n'accepte pas que la liberté d'expression, la liberté de caricature et finalement la liberté de la presse se fasse à l'encontre de la religion musulmane - tout en acceptant d'ailleurs très bien l'exercice de ces libertés à l'encontre des autres religions. Comme s'il existait une spécificité propre à l'islam, comme si cette religion et elle seule devait bénéficier d'un statut particulier en la matière. Que des croyants puissent penser ainsi, on peut le concevoir, mais qu'une partie de la gauche suive cette pente est proprement inconcevable.
Il y a tout juste un mois Edwy Plenel accusait Charlie Hebdo de faire la guerre aux musulmans…
Cette accusation, grave et irresponsable de la part du directeur de Mediapart (rappelons que les membres de la rédaction de Charlie Hebdo vivent en permanence sous protection policière depuis des années et qu'Edwy Plenel le sait parfaitement) a permis de mesurer combien toute une partie de la gauche s'est égarée depuis 2015.
C'est faire la courte échelle aux islamistes, dans les médias, sur des tribunes publiques, à l'université, dans les associations, dans les communes... qui revient à faire la guerre aux musulmans
Cette accusation de «faire la guerre aux musulmans» comme celle «d'islamophobie» à l'égard de ceux qui défendent la liberté d'expression sans préférence ni exception et qui se battent contre l'islamisme sous ses différentes formes est tout simplement indigne. Car c'est précisément aux côtés des musulmans qui refusent l'islamisme et ses diktats en matière religieuse comme en politique que se battent ceux qu'accuse Plenel. D'ailleurs, ses accusations ont été abondamment et complaisamment relayées par toute une «islamosphère», dont la proximité avec les thèses des Frères musulmans se manifeste désormais tous les jours. N'oublions pas que la hargne de Plenel s'est déployée quand on a pointé du doigt sa complaisance à l'égard de Tariq Ramadan et finalement de toute cette islamosphère, auxquels il identifie trop aisément les musulmans dans leur ensemble.
Bref, faire la guerre aux islamistes n'est pas faire la guerre aux musulmans. C'est faire la courte échelle aux islamistes, dans les médias, sur des tribunes publiques, à l'université, dans les associations, dans les communes... qui revient à faire la guerre aux musulmans.
Quelle est la vocation du Printemps Républicain créé en 2016. S'agit-il d'une association, d'un mouvement politique?
Il s'agit d'un mouvement de citoyens constitué sous la forme d'une association de loi 1901. Le Printemps républicain est né en mars 2016 d'un double constat. Celui, d'abord, d'une volonté de «faire quelque chose» de'un ensemble de gens, après les attentats de novembre 2015 et différentes «affaires» qui ont suivi où l'on a constaté que toute une partie de la gauche politique, syndicale, associative, dans les médias ou à l'université refusait de voir la réalité de l'idéologie islamiste à l'oeuvre sous des formes différentes, du terrorisme et du djihadisme bien évidemment mais jusque et y compris dans les discours et les manipulations organisées pour faire avancer un certain nombre d'idées dans le débat public, en particulier contre l'égalité hommes-femmes ou contre la liberté d'expression.
Toute une partie de la gauche politique, syndicale, associative, dans les médias ou à l'université refusait de voir la réalité de l'idéologie islamiste à l'oeuvre sous des formes différentes
Celui, ensuite, d'un vide politique, au sein de la gauche traditionnelle, et bien au-delà il faut le dire et le reconnaître, autour des enjeux dits culturels, à partir d'une position pleinement républicaine, c'est à dire à la fois démocratique (attachement à l'état de droit, aux libertés publiques, à l'action, l'éducation et la mobilisation des citoyens...) ; laïque (autour de la volonté de voir la laïcité restaurée dans son interprétation républicaine comme liberté de conscience, des cultes et de séparation entre l'Etat et les religions, et non plus dévoyée dans une interprétation libérale contraire à son esprit comme à sa lettre à coup de «liberté religieuse», de «coexistence des cultes et des croyances» ou de simple «neutralité de l'Etat») ; et sociale (il s'agit ici pour le Printemps républicain de réaffirmer l'indispensable dimension d'égalité entre les citoyens que ce soit dans l'exercice de leurs droits, dans l'accès aux services publics, sur tous les territoires de la République, à une école de qualité notamment et en termes de solidarité).
Le Printemps républicain prend sa place dans un ensemble, parmi de nombreuses organisations qui existaient déjà et se battent autour de principes proches, dont la LICRA et le CLR font partie comme tout le milieu laïque traditionnel, tout en essayant d'insuffler de nouvelles pratiques, militantes notamment, avec des adhérents jeunes très mobilisés - ainsi, l'organisation d'un événement comme «Toujours Charlie» repose pleinement sur cette force militante, sur des bénévoles, qui ont souvent fait l'expérience d'engagements partisans ou associatifs préalables mais décevants - autour d'un corpus théorique retravaillé et réaffirmé.
En 2017, le Printemps républicain est resté dans son rôle de vigie et de mobilisation, sur les réseaux sociaux notamment, lorsque les principes que j'évoquais plus haut ont été mis en cause. Nous avons ainsi, par exemple, joué un rôle majeur dans le dévoilement public des propos antisémites, homophobes et sexistes de Mehdi Meklat, et des complicités dont il a si longtemps bénéficié dans les médias. Mais c'était une année électorale, et le pluralisme politique qui est aussi un des principes fondateurs du Printemps républicain - comme le refus de subventions publiques ou la collégialité des décisions par exemple - nous a conduit à ne pas prendre parti dans toute la séquence électorale, des primaires aux législatives, en passant bien sûr par la présidentielle. Cela a limité notre activité. Ce ne sera pas le cas évidemment en 2018 où nous allons pouvoir reprendre un rythme plus soutenu, dont Toujours Charlie marque le démarrage.
Vous réclamez-vous de la gauche ou accueillez-vous des républicains de toutes les rives?
Nous venons, pour ce qui est de l'essentiel des fondateurs et des animateurs, sans aucun doute aussi des adhérents, de la gauche mais nous accueillons bien évidemment, dès lors qu'il y a accord avec les principes énoncés plus hauts (ceux inscrits dans notre «manifeste» fondateur en mars 2016), tous ceux qui veulent nous rejoindre. Nous ne demandons de papiers ou de pedigree à personne! La République ne se divise ni ne se confisque d'aucun côté politique. On peut avoir des divergences sur tel ou tel sujet, et des conceptions différentes de l'action publique, mais dès lors qu'elles sont débattues dans un cadre commun, dès lors que la querelle politique est comprise dans le cadre républicain, il n'y a aucune raison ni de la refuser ni d'y renoncer. C'est une question de respect des règles communes et d'éthique de la discussion politique. Bien sûr, ceux qui refusent de respecter ces règles républicaines et ne se conforment pas à cette éthique de la discussion, qui ne veulent pas s'appuyer sur une forme de raison commune en quelque sorte, ceux-là ne sont pas les bienvenus au Printemps républicain, et d'ailleurs nous les combattons dans l'espace public - sur les réseaux sociaux en particulier où les dérives en la matière sont hélas très fréquentes.
Je ne suis pas en revanche très favorable au terme «républicains de toutes les rives» qui me rappelle le «républicains des deux rives» des années 1990-2000. Car si l'accord doit se faire sur le cadre républicain lui-même, son exigence et sa rigueur, cela ne fait pas un programme politique pour autant, tel qu'il était envisagé à l'époque autour du «souverainisme», en tentant de faire pivoter vers la question européenne l'axe de la politique française. Cela a été un échec, un lourd échec. Nous avons clairement dépassé aujourd'hui cette phase et cette époque. Les conditions nouvelles de la politique, en France comme au-delà de nos frontières, avec la montée de populismes de différentes natures et de «mouvements» très centrés autour de leur chef, réponses imparfaites, insatisfaisantes et précaires aux nouveaux enjeux qui bousculent nos conceptions et les frontières politiques (idéologie islamiste, défi environnemental, transhumanisme, privatisation généralisée des données, transformations profondes de l'économie productive et du travail...) nous conduisent à revoir en profondeur la manière même dont nous pensons la politique.
L'idée républicaine est d'essence politique et non économique, sociale, culturelle ou religieuse
Et c'est là que l'idée républicaine, bien davantage que le régime ou les institutions qui l'incarnent, prend tout son sens. Et que contrairement à ce que l'on peut lire un peu partout aujourd'hui, elle est une idée neuve, une idée pour aujourd'hui et pour demain. Précisément parce qu'elle est d'essence politique et non économique, sociale, culturelle ou religieuse ; précisément parce qu'en faisant de nous des citoyens, elle nous ouvre des possibles, ici et maintenant, grâce à notre volonté commune, que nos identités et appartenances multiples, nos intérêts particuliers ou nos conceptions du monde, légitimement différentes, ne peuvent nous ouvrir.
La gauche républicaine n'est plus représentée par aucun parti politique... A terme le but n'est-il pas, malgré tout, de créer un parti?
Vous avez raison! La gauche républicaine n'est plus représentée non seulement par aucun parti politique mais pratiquement plus dans aucun parti politique. Et cela manque, profondément, au débat public. Le Printemps républicain entend bien participer à combler ce vide mais certainement pas en devenant un parti politique lui-même - pas dans un avenir proche en tout cas. Nous voulons au contraire essayer de sensibiliser et de mobiliser dans l'ensemble des partis et mouvements politiques autour des principes énoncés plus haut, de manière transversale. Notre terrain de lutte est le débat public, autour des idées et des grands enjeux politiques.
Certains vous soupçonnent d'être le comité de soutien non officiel de Manuel Valls.
On soupçonne le Printemps républicain de bien des choses! Dernièrement, on nous a attribué, entre autres, l'éviction de Rokhaya Diallo du Conseil national du numérique ou encore les difficultés à remplir les salles de sa tournée à venir de l'humoriste Yassine Belattar! C'est prêter bien du pouvoir à une association encore très jeune (nous n'avons pas deux ans) et constituée de simples citoyens qui s'engagent sur leur temps libre pour des idées et des principes - pas de lutte pour des places ou des gratifications matérielles au Printemps républicain.
Concernant les rumeurs régulièrement colportées et complaisamment entretenues, dans la presse notamment, sur notre proximité avec Manuel Valls, là encore, on nous prête décidément beaucoup. D'abord parce que, comme je vous l'ai dit plus haut, il y a au Printemps républicain des gens de différentes sensibilités politiques, de la France Insoumise à la République en Marche et même un peu au-delà vers la droite, qui n'accepteraient pas qu'on se range derrière tel ou tel, Manuel Valls ou un autre. Ensuite parce que si nous pouvons partager avec Manuel Valls des combats communs, autour de l'idée d'une gauche clemenciste (en référence à Clemenceau) notamment, nous ne l'avons pas soutenu aux primaires de la gauche, pas plus qu'un autre candidat, et pas plus qu'un autre encore à la présidentielle. Enfin parce que ce n'est pas notre vocation de soutenir tel ou tel responsable politique autrement que dans l'expression d'idées et de principes qui sont les nôtres. Ainsi, par exemple, nous soutenons publiquement les membres de la France Insoumise qui se battent, au sein de leur mouvement, pour la laïcité, contre les idées indigénistes (en référence aux Indigènes de la République) ou les accommodements pas toujours raisonnables avec des associations et des personnalités proches des islamistes, comme nous soutenons au gouvernement des ministres tels que Jean-Michel Blanquer ou Marlène Schiappa, et de la même manière que nous soutenons, à la LREM, les députés et militants qui se prononcent eux aussi en républicains pour la laïcité, et non pour sa version libérale.
Combat d'idées et non de personnes, combat de principe et non de posture. Voilà ce qu'est la politique pour le Printemps républicain.
Le film «L'Étoile de Noël» a été arrêté en pleine séance scolaire, à Langon, pour cause de laïcité. L'expression «joyeux Noël» est, elle -même, sujette à polémique. Que cela vous inspire-t-il? Ce type de controverse ne vient-il pas décrédibiliser le principe de laïcité?
La laïcité est mise en cause par des idéologies concurrentes, du côté d'un individualisme mal compris, et du côté de toutes les dérives et manipulations identitaires
D'abord, que le combat laïque est une chose sérieuse, car aujourd'hui la définition même de ce qui nous est commun - dont la laïcité comme principe philosophique et politique est un élément-clef en France - est mise en cause par des idéologies concurrentes, à la fois du côté d'un individualisme mal compris, réduit à son matérialisme plat voire cynique, noyé dans le consumérisme notamment, et du côté de toutes les dérives et manipulations identitaires, autour de craintes culturelles parfois justifiées mais aussi de constructions ou de reconstructions totalement imaginaires.
Ensuite, qu'il faut faire attention, quand on a une responsabilité éducative envers les enfants, de ne pas induire chez eux de confusion. Il me semble que lorsque l'on emmène sa classe voir un film intitulé «L'étoile de Noël» au cinéma, on sait à quoi s'attendre. Ou alors, il faut faire un autre métier. Et arrêter un film comme ça, en pleine séance, c'est vraiment ridicule. La laïcité, ce n'est certainement pas ça.
Enfin, qu'il faut raison garder et arrêter de monter en épingle la moindre contestation ou le moindre désagrément. Je ne vois pas le problème avec l'expression «joyeux Noël»! Que les croyants l'utilisent et que ceux qui ne croient pas en utilisent une autre comme «joyeuses fêtes» par exemple me paraît du simple bon sens. Nul ne devant être obligé ou contraint à faire l'un ou l'autre. C'est totalement ridicule.
Toutes ces controverses décrédibilisent surtout ceux qui s'y prêtent. La laïcité vaut infiniment mieux et les combats à mener en son nom, et il y en a, sont infiniment plus importants.
Aujourd'hui, c'est l'islam, et aucune autre religion, qui est susceptible de menacer la République. Pourquoi ne pas le dire clairement plutôt que de continuer à «gifler sa grand-mère»?
Je ne suis pas certain que l'islam en tant que religion menace la République. Que l'islam articule, différemment du christianisme, le théologique et le politique, en raison des conditions de naissance très différentes et des premiers siècles d'évolution de ces deux grandes religions prosélytes, c'est une évidence. Mais l'Histoire nous a aussi montré que l'islam s'adaptait à différentes civilisations et cultures au moins autant qu'il s'imposait à elles. Donc je ne peux en conclure que l'islam menace la République.
Après, qu'il y ait une partie de la population de culture ou de confession musulmane, en Europe, et en France, qui refuse clairement certains principes sur lesquels sont bâties nos sociétés, c'est une évidence. Ce sont des musulmans qui se réclament de lectures souvent littérales, fondamentalistes ou intégristes, de leurs principes religieux, parfois d'une inculture totale en la matière aussi d'après ce qu'en disent certains spécialistes, et qu'ils comprennent comme incompatibles avec toute autre conception du monde, que ce soit d'ailleurs au sein de l'islam ou en dehors. C'est précisément ça l'islamisme: une forme idéologique donnée à la religion et qui en déborde le cadre pour prétendre à une hégémonie dans tous les domaines de la vie humaine, et sur toute autre forme culturelle, religieuse, politique ou sociale.
Et il faut le dire clairement en effet, mais cela ne doit pas exclure tous les musulmans qui ont une autre lecture de leur religion, et qui par leur pratique la rendent tout à fait compatible avec la République, comme le font les autres citoyens à partir de leurs différentes identités et croyances. La République ne vise certainement pas à se substituer aux religions et aux croyances, elle vise à faire de chacun des citoyens qui la composent, un égal en droits et devoirs aux autres, quelle que soit son origine, son identité, sa foi, etc. Il n'y a a priori aucune incompatibilité d'aucune sorte dans la mesure où la République est le lieu du commun, face à tous les particuliers et les particularismes. Ce commun étant le résultat à la fois d'une histoire, complexe et parfois violente, riche de ses contradictions et de ses évolutions, et d'une projection dans un destin commun, riche lui de ses possibilités. Les communs restent différents entre peuples, pays, nations... En France, ce commun, c'est «la République, notre royaume de France» comme disait Péguy. Et si quelqu'un ne veut pas de ce commun et des principes qui le régissent, alors il ne peut être citoyen, qu'il soit athée, musulman, catholique ou témoin de Jéhovah...
Mais je comprends, à la citation de la célèbre expression de Marx que vous faites, que notre «grand-mère» serait le catholicisme ou du moins le christianisme, auxquel il serait plus aisé de s'en prendre qu'à l'islam.
Faire respecter par toutes les religions, sans aucune exception, les principes du commun, en la matière la laïcité, ce n'est certainement pas nier le passé de la France
Pour moi, faire respecter par toutes les religions, sans aucune exception, les principes du commun, en la matière la laïcité, n'est certainement pas nier le passé de la France. La laïcité elle-même est un principe qui vient de notre histoire, française, elle est née et s'est déployée dans un cadre irréductible à tout autre historiquement. Mais elle a permis précisément de mettre à distance la religion dominante, catholique, pour construire un commun ouvert à tous, sans prééminence religieuse. C'est au nom même de cette mise à distance qu'on peut aujourd'hui proposer ce cadre commun à d'autres croyants, issus d'autres religions et d'autres cultures. Il n'y a donc ni ambiguïté sur les différences à faire entre islam et catholicisme en matière historique et culturelle, ni ambiguïté sur l'égalité de traitement à réserver aux deux religions, comme aux autres, au regard de la laïcité.
Et je trouve aussi pitoyables qu'injustes les accusations que l'on entend parfois à propos des défenseurs de la laïcité qui s'en prendraient aux catholiques pour mieux pouvoir justifier de s'en prendre aux musulmans. Accusations qu'on trouve d'ailleurs aussi bien du côté catholique que musulman pour des raisons qui ne sont pourtant pas les mêmes. Faire respecter des principes communs, c'est précisément ne s'en prendre à personne. Comme si d'ailleurs, symétriquement, il n'y avait jamais aucune collusion anti-laïque ou anti-laïcité entre croyants de différentes religions, tout à fait d'accord pour dire que finalement un croyant sera toujours un meilleur homme qu'un non croyant - je n'ai pas oublié à ce propos la phrase, terrible, de Nicolas Sarkozy dans son discours de Latran en décembre 2007: «Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s'il s'en approche, parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance.»
Bref, essayons de rester à la fois rationnels et raisonnables en la matière, et de (re)faire de la laïcité le pilier du commun républicain dont nous avons tant besoin aujourd'hui. Cela nous permettra d'éviter bien des dérives et des dérapages identitaires.
Emmanuel Macron a promis de s'exprimer sur la laïcité en janvier. Qu'attendez-vous de ce discours?
Je dirais, sans doute comme tout le monde, une clarification de la position même du président de la République sur le sujet compte tenu des signes contraires qu'il a envoyés jusqu'ici, en montrant parfois sa préférence pour la vision libérale de la laïcité comme liberté religieuse et coexistence des religions (notamment quand il a renommé la même équipe à la tête de l'Observatoire de la laïcité), alors qu'il a aussi choisi des ministres comme J.-M. Blanquer et M. Schiappa qui ont eux clairement réaffirmé une conception républicaine de la laïcité.
Depuis une trentaine d'années, la vision libérale a largement progressé au sein de l'Etat lui-même
Mais, sur le fond, je ne suis pas certain que la position du président de la République soit elle-même déterminante en la matière. Il choisira peut-être telle ou telle position sur le sujet, ou peut-être restera-t-il dans une forme d'ambiguïté, mais sa fonction n'est assurément pas de définir la laïcité. Celle-ci échappe en effet à des choix politiques sur l'instant même si les institutions peuvent, en suivant telle ou telle conception, privilégier l'une par rapport à l'autre. Ainsi, depuis une trentaine d'années, la vision libérale a-t-elle largement progressé au sein de l'Etat lui-même, et chez nombre de ses hauts cadres comme chez bien des responsables politiques. C'est l'effet de multiples décisions, choix et orientations pris par plusieurs générations de responsables de l'Etat. Pourtant cela n'a pas empêché qu'une vision républicaine, moins sensible sans doute aux effets de la mondialisation dominée par le paradigme libéral de la tolérance et du multiculturalisme normatif qu'elle véhicule, subsiste et continue d'être transmise et défendue.
Aujourd'hui, alors que nous sommes entrés de plain-pied dans dans l'âge identitaire, pour les individus comme pour les religions, il n'est pas certain que cette laïcité d'ascendance républicaine soit pour autant la plus mal placée pour répondre aux défis qui se présentent à nous. Si le Printemps républicain peut servir à quelque chose, c'est bien démontrer l'utilité de celle-ci dans le débat public

Syrie/Ghouta: l'armée veut briser le siège (03.01.2018)
  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 07:33 

  • Publié le 03/01/2018 à 07:04
L'armée syrienne appuyée par l'aviation russe a intensifié ses bombardements dans la Ghouta, dernière région contrôlée par les rebelles à l'est de Damas, avant de lancer une offensive pour briser le siège d'une de base encerclée par les insurgés, ont déclaré ce mercredi des habitants et des témoins.
Selon ces témoins, des troupes d'élite de l'armée de Bachar el-Assad se sont massées aux abords de la Ghouta pour venir en aide aux quelque 200 soldats assiégés depuis trois mois dans la base à Harasta. Des rebelles appartenant pour la plupart au groupe islamiste Ahrar al Cham se sont emparés ce week-end d'une partie de la base à la faveur d'une offensive destinée à alléger la pression des forces gouvernementales sur la Ghouta.
Reconquête d'Idleb dans le nord-ouest de la Syrie
L'armée syrienne a répondu par des bombardements intensifs qui ont fait 38 morts et 147 blessés parmi la population civile en quatre jours, selon des sources au sein de la Défense civile, qui assure les premiers secours en zone insurgée. Les médias officiels syriens affirment pour leur part que l'armée a riposté à des tirs de mortiers à Harasta et tué un certain nombre d'insurgés, sans plus de précisions.
La base d'Harasta a longtemps servi de centre d'artillerie pour pilonner les villages rebelles de la Ghouta, où quelque 300.000 personnes sont assiégées par les forces gouvernementales depuis 2013.
La poussée des rebelles le week-end dernier les a de nouveau rapprochés du centre de Damas, au moment où les troupes de Bachar al Assad et leurs alliés concentrent leurs efforts sur la reconquête de la province d'Idleb, dernier grand bastion insurgé dans le nord-ouest du pays, où elles ont repris une cinquantaine de villages ces derniers jours. Plusieurs dizaines de milliers de civils ont fui la zone des combats pour trouver refuge dans des camps de réfugiés dans le nord de la province, le long de la frontière turque.
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La Norvège suspend ses ventes d'armes aux Emirats arabes unis (03.01.2018)
  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 10:10 

  • Publié le 03/01/2018 à 10:09
La Norvège a suspendu ses exportations d'armes et de munitions à destination des Emirats arabes unis (EAU) craignant qu'elles puissent être employées dans le conflit au Yémen, a annoncé aujourd'hui le ministère norvégien des Affaires étrangères.
Les EAU appartiennent à la coalition internationale conduite par l'Arabie saoudite qui intervient dans la guerre civile yéménite depuis 2015 afin de combattre les milices chiites houthies favorables à l'Iran.
Ces milices contrôlent la majeure partie du nord du pays et la capitale Sanaa dans ce conflit qui a fait plus de 10.000 morts et déplacé plus de trois millions de personnes.
Le ministère norvégien des Affaires étrangères note qu'il n'existe pas de preuve que les armes fournies aux Emirats soient utilisées au Yémen mais précise qu'il existe un risque que cela soit le cas.
En 2016, ces exportations atteignaient 79 millions de couronnes (environ 8 millions d'euros) contre 41 millions (4,1 millions d'euros) en 2015.

Nigeria: au moins 11 morts dans un attentat (03.01.2018)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 12:17 

  • Publié le 03/01/2018 à 11:17
Un attentat, attribué au groupe djihadiste Boko Haram, dans une mosquée à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun a fait au moins 141morts ce matin, a-t-on appris de sources sécuritaires concordantes.
Un homme s'est fait exploser peu avant la première prière du matin au milieu des fidèles musulmans dans une mosquée de Gamboru (Etat du Borno), selon des membres des milices civiles. "Pour l'instant 14 corps ont été sortis des décombres de la mosquée, dans le quartier d'Unguwar Abuja, qui a été totalement détruite par l'explosion", a rapporté Umar Kachalla, qui combat Boko Haram aux côtés de l'armée nigériane.
"Mais le bilan pourrait s'alourdir", a-t-il précisé. "Seul le muezzin a survécu et nous pensons qu'il y a beaucoup plus de victimes sous les décombres". Gamboru, grande ville marchande entre le Nigeria et le Cameroun, était tombée aux mains de Boko Haram en août 2014. Malgré la reprise de la ville en septembre 2015, avec l'aide de l'armée tchadienne, les combattants de Boko Haram continuent de mener des attaques sporadiques sur les villages alentours et les routes de la région.
Hier, le chef de file historique du groupe djihadiste, Abubakar Shekau a diffusé une vidéo dans laquelle il revendique une série d'attaques commises au mois de décembre. Le président nigérian Muhammadu Buhari a affirmé dans son discours de la nouvelle année que le Nigeria "en a fini avec Boko Haram", mais le nombre d'attaques, d'attentats et de raids sur les postes militaires ont fortement augmenté ces deux derniers mois.
Il y a deux ans, le président Buhari avait affirmé que Boko Haram était "techniquement défait". L'insurrection, qui ravage le nord-est du Nigeria, a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis 2009 et la région fait face à une très grave crise alimentaire et humanitaire.
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Les djihadistes françaises doivent être «jugées là où elles se trouvent» (Guirous) (03.01.2018)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 12:55 

  • Publié le 03/01/2018 à 11:42
Les femmes djihadistes françaises doivent être "jugées là où elles se trouvent", a estimé aujourd'hui Lydia Guirous, porte-parole des Républicains (LR) pour qui "aucun risque ne doit être pris avec la sécurité des Français".
Figure de la mouvance djihadiste française, Emilie König, 33 ans, a été arrêtée par les forces kurdes en Syrie, selon sa mère qui vient d'écrire au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, afin de lui demander de "rapatrier" sa fille et ses enfants. "Je suis féministe, j'estime qu'il faut absolument que les femmes et les hommes soient traités de la même façon", a déclaré Mme Guirous sur Sud Radio.
"Ces femmes qui se sont engagées à aller combattre en Syrie ou en Irak contre la France, trahir la France, s'engager pour tuer, ne sont pas inconscientes. Ce sont des femmes qui ont exprimé une affinité pour l'idéologie islamiste et je pense qu'elles doivent être à mon sens non pas traitées au cas par cas, mais plutôt jugées sur le territoire où elles se trouvent, là où elles se sont engagées pour trahir la France et pour nous menacer", a insisté l'une des nouvelles porte-parole des Républicains, membre de la nouvelle équipe nommée par Laurent Wauquiez.
"Aucun risque ne doit être pris pour la sécurité des Français", "que ce soit pour les hommes, les femmes et certains mineurs". "Il faut absolument sortir de l'angélisme sur ces questions et être d'une fermeté absolue", a-t-elle dit. Délégué national d'Agir, l'ancien secrétaire d'Etat Frédéric Lefebvre souhaite également "que la France ne demande pas son extradition et qu'(Emilie König) soit jugée sur place pour toutes ses exactions".
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Un Palestinien inculpé d'espionnage pour l'Iran (03.01.2018)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 13:56 

  • Publié le 03/01/2018 à 13:44
Un Palestinien soupçonné d'avoir été recruté par l'Iran pour se livrer à des activités d'espionnage en Israël a été inculpé, a indiqué aujourd'hui le service israélien de sécurité intérieure dans un communiqué.
Israël considère l'Iran comme son ennemi numéro un. Le Shin Betha précisé avoir arrêté un Palestinien Mohamed Maharma (29 ans) qui tentait de créer "une cellule terroriste" en Cisjordanie occupée pour le compte de l'Iran. Mohamed Maharma aurait été recruté par son cousin Bachar Maharma, résidant en Afrique du sud qui ferait partie des services de renseignements iraniens.
Profitant d'un voyage en Afrique du sud de son cousin, Bachar Maharma a organisé des rencontres avec des agents iraniens qui lui ont donné des instructions pour créer une cellule en Cisjordanie. Il a été payé 8.000 dollars pour ses activités, notamment pour avoir recruté deux Palestiniens d'Hébron où il réside, selon le Shin Beth. Parmi les missions qui lui ont été assignées précise le Shin Beth, Maharma devait suivre une formation d'artificier, transférer des cartes Sim israéliennes à ses employeurs, ouvrir un magasin de matériel informatique à Hébron et recruter un Arabe israélien pour prendre des photos en territoire israélien.
Mohamed Maharma a été inculpé de contacts avec des agents étrangers, d'avoir reçu des fonds d'une "entité ennemie" et d'avoir conspiré pour créer une organisation illégale. "L'enquête a révélé l'ampleur des efforts iraniens à travers le monde pour nuire à Israël", a souligné le communiqué.
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Israël lance son programme d'expulsion de 40.000 migrants
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 13:42 

  • Publié le 03/01/2018 à 13:36
Israël a annoncé aujourd'hui le lancement d'un programme destiné à imposer à près de 40.000 migrants en situation irrégulière de choisir entre leur expulsion ou leur incarcération.
S'exprimant au début d'une réunion de son cabinet, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est félicité de la mise en place de ce projet destiné à "faire partir les migrants entrés illégalement". Ceux-ci ont jusqu'à la fin mars pour quitter Israël, faute de quoi ils seront emprisonnés pour une durée indéterminée. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 38.000 personnes sont concernées, en majorité des Erythréens et des Soudanais. Les migrants qui accepteront de partir se verront remettre un billet d'avion et près de 3.000 euros.
Dans un communiqué, le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a exprimé son inquiétude, en rappelant notamment qu'Israël avait "des obligations légales s'agissant de la protection des réfugiés". Or, depuis que les autorités israéliennes ont pris en 2009 la responsabilité de déterminer qui entre dans cette catégorie, seuls 8 Erythréens et deux Soudanais ont obtenu le statut, a poursuivi le HCR. Deux cents ressortissants soudanais originaires du Darfour (ouest) ont eux obtenu un "statut humanitaire en Israël".
Dans le cadre de son programme d'expulsion, le gouvernement israélien reconnaît tacitement que les ressortissants de ces deux pays ne peuvent retourner chez eux. Le régime érythréen a été accusé par l'ONU de crimes contre l'humanité "généralisés et systématiques". Quant au Soudan, son président Omar el-Béchir fait l'objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, contre l'humanité et génocide. Selon des ONG israéliennes soutenant les migrants, Israël a ainsi signé des accords avec des pays tiers, en l'occurrence le Rwanda et l'Ouganda, qui doivent accueillir les migrants volontaires.
Ces migrants sont pour la plupart entrés illégalement en Israël via le Sinaï égyptien à compter de 2007. Ce flux a été stoppé avec la fin de la construction par l'Etat hébreu d'une clôture électronique le long de la frontière avec l'Egypte. Israël a ouvert des centres de rétention dans le sud, où près de 1500 migrants sont soumis un régime de semi-liberté. Ces établissements vont fermer leurs portes et les migrants qui refuseront de partir seront envoyés en prison. Après la date du 1er mars, il sera encore possible pour ces personnes de quitter volontairement Israël, mais une somme inférieure leur sera remise. Ceux qui refuseront seront emprisonnés, a prévenu le ministère de l'Intérieur.
Dans un communiqué distinct, le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, chargé de l'application du programme, a lui souligné qu'Israël était "déterminé à renvoyer des dizaines de milliers de migrants entrés illégalement". Selon des chiffres officiels, 4012 migrants en situation irrégulière ont déjà quitté Israël en 2017, dont 3332 originaires d'Afrique subsaharienne. Benjamin Netanyahu s'était rendu fin août dernier dans le sud de Tel-Aviv, où résident des milliers de migrants africains, et s'était engagé "à rendre" ce secteur aux "citoyens israéliens".
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  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 13:42 

  • Publié le 03/01/2018 à 13:36
Israël a annoncé aujourd'hui le lancement d'un programme destiné à imposer à près de 40.000 migrants en situation irrégulière de choisir entre leur expulsion ou leur incarcération.
S'exprimant au début d'une réunion de son cabinet, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est félicité de la mise en place de ce projet destiné à "faire partir les migrants entrés illégalement". Ceux-ci ont jusqu'à la fin mars pour quitter Israël, faute de quoi ils seront emprisonnés pour une durée indéterminée. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 38.000 personnes sont concernées, en majorité des Erythréens et des Soudanais. Les migrants qui accepteront de partir se verront remettre un billet d'avion et près de 3.000 euros.
Dans un communiqué, le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a exprimé son inquiétude, en rappelant notamment qu'Israël avait "des obligations légales s'agissant de la protection des réfugiés". Or, depuis que les autorités israéliennes ont pris en 2009 la responsabilité de déterminer qui entre dans cette catégorie, seuls 8 Erythréens et deux Soudanais ont obtenu le statut, a poursuivi le HCR. Deux cents ressortissants soudanais originaires du Darfour (ouest) ont eux obtenu un "statut humanitaire en Israël".
Dans le cadre de son programme d'expulsion, le gouvernement israélien reconnaît tacitement que les ressortissants de ces deux pays ne peuvent retourner chez eux. Le régime érythréen a été accusé par l'ONU de crimes contre l'humanité "généralisés et systématiques". Quant au Soudan, son président Omar el-Béchir fait l'objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, contre l'humanité et génocide. Selon des ONG israéliennes soutenant les migrants, Israël a ainsi signé des accords avec des pays tiers, en l'occurrence le Rwanda et l'Ouganda, qui doivent accueillir les migrants volontaires.
Ces migrants sont pour la plupart entrés illégalement en Israël via le Sinaï égyptien à compter de 2007. Ce flux a été stoppé avec la fin de la construction par l'Etat hébreu d'une clôture électronique le long de la frontière avec l'Egypte. Israël a ouvert des centres de rétention dans le sud, où près de 1500 migrants sont soumis un régime de semi-liberté. Ces établissements vont fermer leurs portes et les migrants qui refuseront de partir seront envoyés en prison. Après la date du 1er mars, il sera encore possible pour ces personnes de quitter volontairement Israël, mais une somme inférieure leur sera remise. Ceux qui refuseront seront emprisonnés, a prévenu le ministère de l'Intérieur.
Dans un communiqué distinct, le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, chargé de l'application du programme, a lui souligné qu'Israël était "déterminé à renvoyer des dizaines de milliers de migrants entrés illégalement". Selon des chiffres officiels, 4012 migrants en situation irrégulière ont déjà quitté Israël en 2017, dont 3332 originaires d'Afrique subsaharienne. Benjamin Netanyahu s'était rendu fin août dernier dans le sud de Tel-Aviv, où résident des milliers de migrants africains, et s'était engagé "à rendre" ce secteur aux "citoyens israéliens".
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Iran: le chef des Gardiens de la révolution annonce «la fin de la sédition» (03.01.2018)
  • Par  Le Figaro 

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 15:45 

  • Publié le 03/01/2018 à 15:44
Le chef des Gardiens de la révolution, le général Mohammad Ali Jafari, a assuré mercredi être en mesure d'annoncer "la fin de la sédition", en référence aux protestations contre le pouvoir et les difficultés économiques qui secouent l'Iran depuis près d'une semaine.
"Dans ce mouvement de sédition, il y a eu au maximum des rassemblements de 1.500 personnes, et le nombre des fauteurs de trouble n'a pas dépassé 15.000 personnes sur l'ensemble du pays", a-t-il ajouté, dans des propos publiés par le site internet des Gardiens de la révolution.

Le passé simple est-il condamné à disparaître ? (03.01.2018)

  • Publié le 03/01/2018 à 06:00

INTERVIEW - L'apprentissage du passé simple est en péril. Comment en sommes-nous arrivés là ? Claire Beilin-Bourgois explique au Figaro les causes de cette désaffection.
C'est une polémique qui monte doucement, mais sûrement. Le passé simple serait en voie de disparaître, à l'école et au début du collège, comme dans la littérature jeunesse. En cause? Sa conjugaison qui serait trop difficile, sa disparition à l'oral et son usage, jugé par certains, «discriminant».
«Le passé simple ne s'apprend plus qu'aux troisièmes personnes du singulier et du pluriel en début de collège et la littérature jeunesse se lit de plus en plus au présent et au passé composé…», écrivait Le Point , le 19 décembre dernier. Qu'en est-il réellement? Contactées par Le Figaro, les éditions Hatier assurent que «la conjugaison du passé simple, et à toutes les personnes, est bien présente dans les manuels de français 6e, 5e, 4e et 3e, publiés en 2016 et 2017.» Idem dans les manuels Nathan. Mais il est vrai que les nouveaux programmes de 2016 ont demandé aux professeurs d'enseigner en priorité la 3e personne du singulier et pluriel dans les classes de cycle 3 (CM1, CM2 et 6e).
En réalité, ce n'est pas tant le passé simple que l'ensemble de nos conjugaisons qui est en péril affirme l'écrivain et professeur Claire Beilin-Bourgeois. Elle explique au Figaro les tenants et les aboutissants de ce débat linguistique à l'heure de l'Internet.
LE FIGARO - Le passé simple est-il en voie d'extinction à l'école?
Claire Beilin-Bourgeois - Il faut faire une distinction entre les manuels et les programmes. En effet, les programmes 2016 du cycle 3 (CM1, CM2 et 6e) prescrivent l'enseignement du passé simple uniquement aux 3e personnes. La plupart des enseignants n'étaient pas favorables à cette évolution, et les auteurs de manuels sont des professeurs. Nous avons donc à peu près tous eu la même ligne de conduite: suivre les instructions officielles tout en conservant ce qui nous apparaissait comme les fondamentaux.
«Le passé composé, qui est très difficile à orthographier, n'est pas plus facile à utiliser que le passé simple»
Dans des cahiers d'activités de 6e, les exercices portent davantage sur la 3e personne, mais il y a bien les tableaux de conjugaison complets à la fin de ces mêmes cahiers. Les enseignants de français comme les auteurs de manuels ont d'ailleurs été contraints à cette gymnastique très inconfortable sur de nombreux aspects d'une réforme aussi massive que discutable. Concernant les conjugaisons, et pas seulement le passé simple, c'est plus globalement la méthode suggérée, fondée essentiellement sur un savoir intuitif et sur une vision utilitariste de la langue (ce qu'on utilise moins, on ne l'apprend pas) qui est à mon sens inacceptable.
Tout cela n'a pas grand-chose à voir avec la question de l'emploi du passé simple en littérature. L'usage du passé simple est en effet assez rare en littérature jeunesse, parce que les thèmes traités et les situations envisagées ne correspondent pas aux valeurs de ce temps. Ce qui n'est pas très différent de la littérature générale, où l'utilisation des temps verbaux est un choix d'écrivain. Camus écritL'Étranger au passé composé et Daoud choisit le passé simple dans Meursault contre enquête. Il ne viendrait à l'idée de personne de le leur reprocher ou de les en féliciter.
Le passé simple est-il trop compliqué à apprendre ou à utiliser?
Le passé composé, qui est très difficile à orthographier, n'est pas plus facile à utiliser que le passé simple. En réalité, les élèves apprennent assez facilement le passé simple, et ils ne font pas plus d'erreurs qu'avec le présent, par exemple.
C'est vrai, le passé simple appartient aujourd'hui à la langue écrite, mais il est présent dans toute la littérature patrimoniale, qui est celle qu'on lit majoritairement à l'école. Ce débat autour de la disparition du passé simple rejoint finalement celui qui entoure toutes les formes dont l'usage évolue. Jacques Chirac était probablement un des derniers orateurs à affectionner l'imparfait du subjonctif, la plupart d'entre nous ne l'employons jamais, et pourtant, il a incontestablement une place dans la grammaire du français.
A-t-il finalement encore sa place à l'heure de l'Internet?
Le passé simple est le temps du récit, des histoires qu'on raconte. Par définition, internet n'est pas le lieu du passé simple, parce qu'il s'agit justement d'un lieu de dialogue, ancré dans le présent et la communication.
«L'orthographe est devenue très discriminante»
Son usage est-il discriminant?
Ce qui est discriminant c'est que l'on n'enseigne plus suffisamment l'ensemble des conjugaisons de manière systématique, y compris celle du passé simple. On apprend trop souvent les conjugaisons de manière partielle et approximative, ce qu'encouragent les programmes de 2016. L'enseignement de la langue n'est ni suffisamment exigeant, ni suffisamment homogène. C'est une des évolutions fâcheuses de ces vingt dernières années.
Cette évolution ne serait-elle pas non plus la conséquence du niveau des enseignants qui sont «fâchés en orthographe», comme l'ont récemment évoqué nos confrères du Parisien dans un article?
Ce niveau de polémique n'est pas raisonnable. Il y a certainement des enseignants qui orthographient mal le français, mais ne faisons pas de cas particuliers une généralité. Pendant un temps, on a attaché moins d'importance à la transmission de la langue chez les enfants. On a cru, sincèrement peut-être, que les élèves apprendraient la rigueur linguistique par imprégnation. Quand j'ai commencé à enseigner, il y a vingt-cinq ans, on nous expliquait que l'on n'avait pas de preuve que les dictées portaient leurs fruits.
Et pourtant la langue n'a jamais été aussi importante...
C'est vrai, et l'orthographe est devenue très discriminante. Il y a ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Finalement, dans le monde actuel, on écrit beaucoup, et la qualité de nos messages dépend de notre maîtrise de la langue.
Le ministre de l'Éducation a annoncé la mise en place d'une dictée quotidienne à l'école primaire. C'est un signe positif, car je pense qu'il y a quelque chose de sportif dans l'orthographe. C'est comme la course à pied, il faut s'entraîner. Il y a mille exercices différents pour progresser en orthographe, et on peut y parvenir à tout âge, mais il est démagogique de prétendre qu'on peut y parvenir sans effort: il faut apprendre et s'exercer.
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Mike Tyson se lance dans la culture de cannabis (03.01.2018)

  • Publié le 03/01/2018 à 14:52

LE SCAN SPORT - L'ancien champion du monde poids lourds de boxe, Mike Tyson, se lance dans la culture de cannabis, dans sa propriété de Californie.
Mike Tyson est avide de nouveaux défis. L'Etat de Californie ayant autorisé la consommation de cannabis à usage récréatif depuis le 1er janvier, l'ancien boxeur, âgé de 51 ans, en a profité pour se lancer dans la culture de la petite feuille étoilée. Il est propriétaire d'un terrain de 16 hectares à California City, située au sud de la vallée de la mort, depuis le début du mois de décembre 2017. «Fumez et restez» peut-on lire sur la devanture du domaine appelé le «Tyson ranch». La moitié de la superficie servira à ladite production, d'après le média californien The Blast, et l'autre moitié abritera une «école de culture Tyson» pour enseigner aux cultivateurs les meilleures façons de perfectionner leurs propres souches, une installation d'extraction à la fine pointe de la technologie, une usine comestible, une usine d'alimentation en eau et un magasin de fournitures. Le boxeur s'est entouré principalement d'anciens membres de l'armée. Le maire de California City, Jennifer Wood, visiblement satisfaite du projet, a confié qu'il s'agissait d'une «renaissance» pour sa ville.
Floyd Landis commerce aussi de la drogue
Avant Mike Tyson, un autre ancien sportif américain a pris cette voie de reconversion. Il s'agit de Floyd Landis, vainqueur déchu du Tour de France 2006. L'ancien cycliste, âgé de 41 ans, s'est recyclé dans le commerce de marijuana dans le Colorado. Sa boutique est installée dans une petite ville de 2.700 habitants, Floyd's of Leadville. «J'ai environ 25 sortes de produits dans ma gamme. De l'huile pour la vape, des cartouches, des lotions, des patches», détaillait-il en 2016 dans l'Equipe Magazine.
Le marché du cannabis légal est juteux en Californie et aux Etats-Unis en général. Une étude, publiée lundi 2 janvier par un cabinet spécialisé, montre que d'ici 2021, il devait générer 40 milliards de dollars et plus de 400.000 emplois aux Etats-Unis.
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Iran : comprendre la crise en cinq questions (02.01.2018)

  • Mis à jour le 03/01/2018 à 07:26 

  • Publié le 02/01/2018 à 19:31

FOCUS - Des manifestations ont lieu depuis six jours en Iran, émaillées de nombreuses violences. Une vingtaine de personnes ont été tuées dans des heurts avec les forces de sécurité. Le Figaro fait le point sur une vague de contestation pour l'instant peu organisée face au régime des mollahs.
La République islamique d'Iran est touchée par une vague de protestations qui traverse tout le pays, bien qu'elle épargne relativement la capitale, Téhéran. Depuis jeudi, une vingtaine de personnes ont été tuées, dont une majorité de manifestants hostiles au gouvernement.
Alors que le président iranien Hassan Rohani, chef de file des modérés, a été réélu à la tête du pays en mai dernier, Le Figaro fait le point sur ce mouvement de contestation protéiforme qui met en avant des revendications tant économiques, sociales que politiques.
● Quelle est l'ampleur des protestations?
Les manifestations ont commencé dans le nord-est de l'Iran dès jeudi à Machhad, la deuxième ville du pays, mais ont rapidement gagné du terrain. Les manifestations concernaient, mardi 2 janvier, une quarantaine de villes petites et moyennes, la capitale, Téhéran, étant moins touchée par la mobilisation. «Le mouvement ne semble pas toucher pour l'instant l'épicentre du pouvoir», commente au Figaro Vincent Eiffling, chercheur à l'Université de Louvain, qui note qu'il est difficile de mesurer l'ampleur des rassemblements dans des zones de faible densité de population.
«Les manifestations sont caractérisées par un haut degré de violence», explique ce spécialiste de l'Iran, qui remarque qu'y prennent part surtout des jeunes de moins de vingt-cinq ans issus de zones rurales traditionnellement conservatrices et généralement acquises au régime. Depuis six jours, 21 personnes ont été tuées, dont 16 manifestants, dans des heurts avec les forces de sécurité. Dans la seule province d'Ispahan, neuf personnes sont mortes dans la nuit de lundi à mardi, selon la télévision publique.

 Quelles sont les causes possibles de ce mouvement?
La contestation s'enracine dans un contexte économique et social fortement dégradé dans un pays où l'inflation a fortement progressé et où la corruption est légion. «C'est un mouvement hétéroclite, au départ spontané, avec personne à sa tête. Il découle d'un fort sentiment de frustration», explique Vincent Eiffling. En cause, les Iraniens des couches populaires, mais aussi des classes moyennes ne voient pas les retombées de la politique du président modéré Hassan Rohani, notamment celles espérées après la conclusion de l'accord international en juillet 2015, qui a permis la levée des sanctions économiques en échange de l'arrêt du programme nucléaire de Téhéran.
À cette grogne économique et sociale se sont greffées des revendications plus politiques, directement contre le régime en place, pour exiger plus de libertés individuelles - notamment pour les femmes - et plus de transparence. Le 29 décembre, des centaines de personnes ont ainsi manifesté à Qom dans le nord du pays, scandant «Mort au dictateur» ou encore «Libérez les prisonniers politiques». «Ces demandes de changement de régime sont les plus visibles, mais ne sont pas forcément majoritaires», tempère Vincent Eiffling.

 Comment a réagi le gouvernement iranien?
Dès le 30 décembre, le pouvoir organise des contre-manifestations auxquelles participent des dizaines de milliers d'Iraniens. «Le régime dispose d'une forte capacité de mobilisation», confirme le chercheur. En parallèle, le ministre de l'Intérieur demande à la population de ne pas participer à «des rassemblements illégaux». Le sous-préfet de Téhéran, ville pourtant moins touchée, annonce que quelque 450 personnes y ont été arrêtées depuis samedi. L'accès aux réseaux sociaux, à commencer par Telegram et Instagram, est également restreint. «Pour l'instant, ce sont surtout les policiers qui sont déployés, même si certaines organisations de jeunesse paramilitaires comme les volontaires Bassidj le sont également. Mais l'appareil sécuritaire du régime ne s'est pas encore vraiment mis en marche», poursuit Vincent Eiffling qui remarque que «les Gardiens de la Révolution, la pointe du glaive en Iran, n'ont pas encore été mobilisés». L'un des miliciens de cette organisation militaire d'élite au sein du régime a néanmoins été tué à Ispahan.
Politiquement, le président iranien Hassan Rohani a condamné les violences dès le 31 décembre mais a reconnu que l'Iran devait fournir «un espace» pour que la population puisse exprimer ses «inquiétudes quotidiennes». «Le discours de Rohani est inédit. Les autorités n'avaient jamais reconnu que ces troubles pouvaient être légitimes», explique le chercheur. Beaucoup moins compréhensif, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a quant à lui brisé son silence ce mardi en accusant les «ennemis» de l'Iran de s'unir pour porter atteinte au régime, sans les citer nommément.
● Quelles sont les réactions internationales?
Derrière les accusations d'ingérence, le guide suprême visait certainement les États-Unis. Le président Donald Trump qui fustige régulièrement l'accord nucléaire signé par son prédécesseur s'est réjoui que «les Iraniens agissent enfin contre le régime iranien brutal et corrompu», dans le dernier des nombreux tweets qu'il a déjà rédigés sur ces manifestations. Les Iraniens ont «faim de nourriture et de liberté» et leurs protestations montrent que «le temps du changement» est venu dans le pays, a encore ajouté le locataire de la Maison-Blanche. «Au lieu de perdre son temps en envoyant des tweets inutiles et insultants, [M. Trump] ferait mieux de s'occuper des problèmes intérieurs de son pays, notamment [...] ses millions de sans-abri et d'affamés», a lâché , ce mardi, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.
D'autres pays ont réagi avec plus de modération. Dans un communiqué, le Quai d'Orsay a ainsi exprimé, ce mardi, «sa préoccupation face au nombre important des victimes et des arrestations». Après un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et son homologue iranien, les deux dirigeants ont décidé de reporter à une date ultérieure la visite que devait effectuer le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à Téhéran à la fin de la semaine. La Turquie, «inquiète», met en garde contre une «escalade» et des «provocations». Moscou estime qu'«il s'agit d'une affaire intérieure iranienne». L'Union européenne dit «espérer» que le droit de manifester sera «garanti».
 Ces manifestations peuvent-elles annoncer une révolution?
Ces manifestations sont les plus importantes depuis le mouvement de contestation, violemment réprimé, contre la réélection de l'ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009. Néanmoins, ces deux épisodes ne sont pas comparables selon Vincent Eiffling qui note que le «mouvement vert» de 2009 avait surtout concerné la capitale iranienne, Téhéran, et était structuré autour d'une opposition politiquement organisée.
«Il s'agit à l'heure actuelle d'une révolte, pas d'une révolution. À court terme, je ne vois pas le régime en danger», estime le chercheur de l'Université de Louvain. La tournure des événements dépendra en effet de la réaction du gouvernement iranien, mais aussi des opposants. «Si les manifestations entraînent trop de violence, cela pourrait les affaiblir, car beaucoup d'Iraniens, qui observent ce qui se passe en Irak ou en Syrie, craignent plus que tout une guerre civile», poursuit-il. Quant au président Rohani, il essaie de récupérer le mouvement à son profit en évoquant la légitimité des protestations. «Membre du clan modéré, le président justifie la mauvaise situation économique de son pays par l'hostilité des éléments les plus conservateurs de son gouvernement, en espérant s'en débarrasser pour pouvoir mener son propre agenda», explique le chercheur qui estime que sa stratégie a peu de chance de porter auprès des manifestants, mais pourrait satisfaire ceux qui hésitent à franchir le pas.
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Iran : ces vagues de contestation lancés par des mouvements étudiants (03.01.2018)
Par Louis Heidsieck • Publié le 03/01/2018 à 09:21 • Mis à jour le 03/01/2018 à 12:31
Devant l’université de Téhéran, les étudiants manifestent contre la «vie chère» Crédits photo: STR/AFP
Un large mouvement de contestation contre le coût de la vie en Iran continue d’être réprimé dans le sang, de Mashhad à Téhéran. Comme souvent, c’est d’un soulèvement étudiant qu’est partie l’étincelle.
Mai 68, Tiananmen, Hong Kong... De nombreux mouvements sociaux d’ampleurs internationales, parfois anéantis par de violentes ripostes armées, ont pris racine dans les universités pour se métastaser ensuite. Ces vindictes populaires visent souvent les élites, les pouvoirs d’oppression ou les atteintes à la liberté d’expression. Et quand ils prennent appui sur un contexte global favorable, les étudiants ont souvent pu, dans le passé, faire vaciller la marche de l’histoire.
«Les étudiants ont un rapport au danger différent des autres classes de la société», explique Robi Morder, le directeur du groupe d’études et de recherche sur les mouvements étudiants (Germe). Selon lui, c’est cette insouciance qui place souvent ces jeunes au cœur des revendications sociales, parfois périlleuses. Mais c’est aussi la structure même du statut d’étudiant: «Ils ont une plus grande disponibilité horaire que des salariés à plein-temps et à leur disposition des salles de réunion, des amphithéâtres...» Un terreau fertile pour nourrir les «foyers de réflexions» que peuvent devenir les universités. Sans oublier que «les étudiants sont des intellectuels -ou apprentis intellectuels- qui ont pour objectif de réfléchir au bien-fondé de la société.»
Ce milieu étudiant, «plaque sensible de la société», ne peut toutefois pas se suffire à lui-même. «Il faut une conjonction d’un effet de masse étudiant et d’un mouvement global de la société pour que ces mouvements prennent de l’ampleur», poursuit Robi Morder, qui insiste sur la massification: «Entre 1960 et 2017, le nombre d’étudiants en France a été multiplié par vingt, ce qui a largement contribué aux mouvements sociaux. De la même façon, en Iran, avec 5% de la population sur les bancs de l’université, on n’est plus dans une situation où les étudiants sont une petite élite séparée de la société. Ils représentent le peuple dans son ensemble et c’est dans ces conditions qu’ils peuvent être pris au sérieux.»
Un réseau de minitels en 1986
Dernier élément important pour expliquer la puissance des mouvements étudiants: la maîtrise de la technologie. Et cela ne date pas d’hier. «En 1986, déjà, pour lutter contre la réforme universitaire d’Alain Duvaquet (notamment sur la sélection, ndlr), les étudiants avaient installé des cellules de communication dans certains journaux, comme Libération qui laissait des Minitel à disposition.» Plus récemment, à Hong Kong lors de la révolution des parapluies, un collectif de codeurs s’était mis en branle pour organiser toute la dimension technologique des manifestations et le hashtag #OccupyCentral permettait aux étudiants d’être tenus au courant en temps réel.
Les grandes tendances des vindictes populaires sont restées peu ou prou les mêmes à travers les années: les réformes universitaires ou celles qui concernent les emplois jeunes d’un côté, la liberté d’expression ou la lutte contre la dictature de l’autre. «Depuis cinquante ans, la lutte contre les grandes réformes de l’enseignement supérieur rythme les manifestations des jeunes en Europe. Avec souvent le même objectif: éviter que l’excellence universitaire ne soit réservée aux élites. Dans les pays en développement, on a d’avatange vu des mouvements s’ériger en garant des libertés individuelles et collectives.»

Quelques exemples depuis cinquante ans
● 1965-1971: aux États-Unis, haro sur la guerre du Vietnam
Alors que les États-Unis sont engagés dans une guerre de position au Vietnam depuis 1961, une grogne commence à s’intensifier chez les étudiants américains dès 1965. Partout dans le monde, des mouvements se forment, comme le comité Vietnam national en France. En 1970, pour protester contre l’invasion du Cambodge, des étudiants manifestent devant l’université du Kent (Ohio). Quatre seront tués par la garde nationale. En réponse, 4 millions d’étudiants -dont un certain Bernie Sanders à Chicago- déferleront la même année dans tout le pays et l’opinion publique se retourne définitivement. Les États-Unis de Nixon quitteront un Vietnam toujours en guerre en 1973.
● Mai 68 en France, les prémices d’une société nouvelle
Le plus grand mouvement social du XXème siècle en France a pris racine à l’université de Nanterre, où étudiait un jeune franco-allemand, Daniel Cohn Bendhit, figure de proue de la rébellion estudiantine. Dans son sillon, c’est toute la société française qui sera paralysée pendant des semaines pour lutter contre les inégalités salariales, l’autorité et la société conservatrice. Résultat, les accords de Grenelle seront signés entre le gouvernement et les syndicats, avec principalement une revalorisation du Smig de +35%. Le président Charles de Gaulle décidera aussi, dans la foulée, de dissoudre l’Assemblée nationale.
● 1969: Jan Palach, l’étudiant tchèque qui s’immole contre le communisme en Europe de l’Est
Le jeune Jan Palach est une figure de la résistance thèque contre l’occupant soviétique. Le 16 janvier 1969, cet étudiant en philosophie de 21 ans s’était immolé, imitant les moines bouddhistes tibétains, sur la place Venceslas de Prague. Il est mort trois jours après à l’hôpital. Un geste en opposition à la démonstration de force de Moscou, qui avait écrasé le printemps de Prague de ses tanks un an auparavant. Malgré son injonction à ne pas reproduire son acte, d’autres étudiants imiteront Palach la même année. Finalement, le pouvoir bolchevique perdurera à Prague jusqu’en 1990.
● 1989: à Tiananmen, un bain de sang et une photo pour l’éternité
Inquiets d’une inflation en feu et usés par la corruption aux plus hauts postes du parti communiste, la jeunesse pékinoise se réunit dès le 18 avril 1989 sur l’immense et austère place Tiananmen, symbolique car face à la cité interdite de Pékin. Le 4 juin, l’armée chinoise décide de démanteler les groupes présents sur la place. Un rapport récent évoque le nombre de 10.000 morts ce jour-là à Pékin. «les étudiants ont cru comprendre qu’ils avaient une heure pour évacuer, mais après seulement cinq minutes, les blindés ont attaqué», rapporte Alan Donald, ambassadeur du Royaume-Uni dans un télégramme secret rendu public le mois dernier. Les manifestants «ont été taillés en pièces». La photo d’un étudiant arrêtant une colonne de tanks marque le symbole de la rébellion anti-régime en Chine.
● 2005: le CPE, un projet tué dans l’œuf par un immense élan populaire
Le projet de loi qui devait mettre en pratique le contrat première embauche du gouvernement de Dominique de Villepin (2006) a soulevé la France entière. Très vite, les étudiants et lycéens bloquent leurs établissements pour investir la rue. Bientôt rejoints par les syndicats, des grèves généralisées commencent à paralyser le pays. Jusqu’au 28 mars, où 1 à 3 millions de Français ont défilé dans la rue. La loi, pourtant votée et validée par le conseil constitutionnel, sera retirée le 10 avril.
● Sit-in dans l’université de Sanaa (Yemen) en 2011, dans la lignée des printemps arabes
Fin janvier, des centaines d’étudiants se donnent rendez-vous au sein de l’université de la capitale Sanaa pour des sit-in exigeant le départ du président au pouvoir Ali Abdallah Sale. Après avoir pris une ampleur nationale, le mouvement sera le fer de lance de l’expulsion du pouvoir de Saleh après le bombardement de son palais en juin. Depuis, le pays vit une guerre civile sanglante et une crise humanitaire sans précédent, entre les rebelles Houthis chiites au nord-ouest et le pouvoir sunnite du président Hadi à Sanaa.
● Joshua Wong, l’adolescent qui réclamait le suffrage universel à Hong Kong
Joshua Wong est devenu célèbre dans le monde entier en 2014. Quand il a pris la tête du mouvement «Occupy central», contre la volonté par Pékin de mettre sa main dans les rouages du système démocratique hongkongais, ce jeune étudiant n’avait que 17 ans. Des centaines de milliers de Hongkongais entendront son appel. Ils se réuniront sur le «civic square» pendant un mois et le projet de loi chinois visant à encadrer le suffrage universel dans la mégalopole sera avorté un an après, en 2015.
● 2017/2018, les Iraniens dans la rue contre «la vie chère»
Samedi 30 décembre dernier, quelques dizaines d’étudiants étaient expulsées par la police devant l’université de Téhéran. Ils manifestaient contre la corruption dans les arcanes du pouvoir en place et le coût de la vie. L’élan a largement dépassé les universités et vingt personnes au moins sont mortes dans les cinq derniers jours. Difficile d’imaginer les conséquences à moyen et long terme, mais déjà en 1979, les étudiants étaient parmi les premiers à se mobiliser en faveur de la chute du Shah et donc de la révolution islamique.
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Iran: Macron dit sa «préoccupation» et reporte la visite de Le Drian (02.01.2018)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/01/2018 à 22:57 

  • Publié le 02/01/2018 à 21:46
Le président français Emmanuel Macron a exprimé mardi, dans un entretien téléphonique avec son homologue iranien Hassan Rohani, sa "préoccupation" face "au nombre de victimes liées aux manifestations" des derniers jours en Iran et a appelé Téhéran à "la retenue et à l'apaisement", a indiqué l'Elysée. Dans ce contexte, les deux dirigeants ont décidé de reporter à une date ultérieure la visite que devait effectuer le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à Téhéran à la fin de la semaine, a précisé l'Elysée.
Les deux dirigeants se sont entretenus au sixième jour d'un mouvement de contestation marqué par des violences meurtrières et des centaines d'arrestations dans plusieurs villes iraniennes. Au cours de cet appel, prévu avant ces évènements, M. Macron a fait "part de sa préoccupation face au nombre de victimes liées aux manifestations" et a "encouragé son homologue à la retenue et l'apaisement. Les libertés fondamentales, notamment les libertés d'expression et de manifestation, doivent être respectées", a indiqué l'Elysée dans un communiqué.
Rendant compte un peu plus tôt de cette discussion, la télévision iranienne a indiqué que M. Rohani avait demandé à M. Macron de prendre des mesures contre les activités d'un "groupe terroriste" iranien basé en France et impliqué selon lui dans les récentes manifestations. Téhéran accuse les Moudjahidine du peuple, qualifiés par le pouvoir iranien d'hypocrites (monafeghines), d'alimenter les violences et d'être liés à l'Arabie saoudite, rivale régionale de l'Iran. Le communiqué de l'Elysée n'a pas fait état de cette question mais a précisé que les deux présidents avaient évoqué l'accord nucléaire de 2015, "dont la France soutient l'application stricte, sous supervision internationale". M. Rohani "a demandé l'appui de la communauté internationale pour défendre cet accord et respecter les engagements pris", a précisé la présidence française.
L'avenir de cet accord est incertain après la décision du président américain Donald Trump de le remettre en cause. MM. Rohani et Macron ont également discuté de la situation au Moyen-Orient, notamment en Irak et en Syrie, le président français appelant à "un dialogue renforcé sur le contrôle des armements, y compris balistiques, dans la région" selon l'Elysée.
La visite de M. Le Drian, pour laquelle une nouvelle date sera trouvée selon l'Elysée, doit préparer celle de M. Macron, qui a annoncé mi-octobre son intention de se rendre en Iran en 2018.

En Iran, le pouvoir durcit la répression contre les manifestants (02.01.2018)

  • Mis à jour le 02/01/2018 à 19:44 

  • Publié le 02/01/2018 à 19:18
Alors que les arrestations se multiplient dans l'espoir de venir à bout de la contestation populaire, le guide suprême, Ali Khamenei, accuse «l'ennemi» venu de l'étranger.
Face aux manifestants qui continuent d'exprimer leur colère, le pouvoir a choisi de durcir la répression. Dans la nuit de lundi à mardi, six contestataires ont été tués dans la province d'Ispahan, alors qu'ils tentaient de prendre d'assaut un poste de police à Qahderijan. En parallèle, au sixième jour de cette vague de mécontentement qui a fait plus de 20 morts à travers le pays, les arrestations se multiplient: une centaine, lundi soir, dans la province d'Ispahan, mais aussi à Téhéran, la capitale, pourtant peu touchée par la fronde, où 450 personnes ont été appréhendées, dont 100 lundi et 150 dimanche.
Alors que les autorités ont déployé des forces de sécurité supplémentaires dans le pays, le ministère du Renseignement assure que «les émeutiers et les instigateurs» ont été identifiés et «bientôt, on s'occupera d'eux». Ce qui laisse présager d'autres arrestations.
«Le crime des personnes arrêtées devient chaque jour plus grave et leur punition sera plus lourde.»
Moussa Ghazanfarabadi, chef du tribunal révolutionnaire de Téhéran
«Chaque jour qui passe, le crime des personnes arrêtées devient plus grave et leur punition sera plus lourde», a mis en garde le chef du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Moussa Ghazanfarabadi. «Nous ne les considérons plus comme des protestataires qui réclament leurs droits, mais comme des gens qui visent le régime.» Ce pilier de la République islamique désavoue le président modéré, Hassan Rohani, dont la première prise de position durant le week-end insistait sur la nécessité d'offrir «un espace de liberté» aux contestataires.
Mardi, les partisans de la manière forte au sommet de l'État ont été encouragés par la première prise de parole du numéro un du régime, l'ayatollah Ali Khamenei. À la télévision d'État, le guide suprême a déclaré que «les ennemis (de l'Iran) s'étaient unis en utilisant leurs moyens, leur argent, leurs armes (…) et leurs services de sécurité pour créer des problèmes au régime islamique». Bref, la République islamique est en danger face au complot venu de l'étranger. Une rhétorique classique dans la bouche du guide, qui contredit, lui aussi, le président Rohani. «Tous ces gens ne prennent pas leurs ordres de l'étranger et certains sont descendus dans les rues en raison de leurs sentiments et de leurs problèmes», déclarait samedi le président de la République.
Des manifestants très jeunes
Même si les appels de Donald Trump et de Benyamin Nétanyahou à renverser le régime accréditent d'une certaine façon cette antienne du péril extérieur, celle-ci trahit le désarroi des autorités face à «un mouvement aussi amorphe avec des revendications multiples qui vont des chômeurs qui ne retrouvent pas de travail aux ouvriers qui ne sont plus payés depuis des mois jusqu'aux opposants politiques», ainsi que le constate François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran.
À Téhéran, par exemple, les manifestants sont peu nombreux. Ils sortent le soir en petits groupes, rejoints par d'autres en voitures qui scandent des slogans antirégime, avant de fuir les forces de sécurité déployées en grand nombre, dans une métropole où la tension est palpable.
Dans la capitale, comme en province, les manifestants sont très jeunes: 90 % des personnes arrêtées ont moins de 25 ans, selon le ministère de l'Intérieur. Ces rebelles, issus de la génération 90, n'ont pas connu la monarchie du chah, et très peu ont pris part aux manifestations de 2009 - très politiques celles-là - qui ébranlèrent le régime. D'ailleurs, les leaders réformateurs qui menaient la révolte de 2009 ont condamné «les violences», ainsi que «la duperie» des États-Unis.
Aucun chef identifié
La contestation reste provinciale, n'affectant encore que peu de grands centres urbains. Mais ces jeunes, qui n'obéissent à aucun chef identifié - une difficulté supplémentaire pour le régime -, n'ont rien à perdre. Au fil des jours, leurs manifestations paraissent également plus violentes. À Khomeynichahr, dans le centre du pays, un enfant de 11 ans a été tué et son père blessé par des tirs de manifestants, alors qu'ils passaient près d'un rassemblement. Les armes à feu ont fait leur apparition, comme le montre encore la mort d'un gardien de la révolution tué par un fusil de chasse à Kahrig Sang, toujours dans le centre. Petits groupes difficiles à neutraliser, mais aussi difficultés à casser la mécanique de la mobilisation, via la messagerie Telegram et la chaîne Amad News administrée par le fils d'un religieux réformateur en exil, qui a joué un rôle essentiel. Même si les autorités ont restreint l'accès à Telegram, à laquelle 40 millions d'Iraniens sont connectés.
Signe toutefois que la situation reste encore largement sous contrôle: contrairement à 2009, les gardiens de la révolution et les bassidjis, une milice du régime islamique, n'ont pas encore été sollicités pour réprimer les manifestants.
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À Jérusalem, une découverte archéologique vient confirmer les dires de la Bible (02.01.2018)

  • Mis à jour le 02/01/2018 à 15:46 

  • Publié le 02/01/2018 à 13:00

Découverte à Jérusalem d'un sceau du "gouverneur de la ville"
Un sceau en argile datant de 2.700 ans et découvert à Jérusalem a été présenté lundi comme une première preuve matérielle de l'existence d'un gouverneur dans cette ville, selon l'Autorité israélienne des Antiquités.
VIDÉO - Une trouvaille fantastique. Dans la ville sainte, un sceau en argile vieux de près de trois millénaires a été découvert près du mur des Lamentations. Un trésor qui vient apporter la preuve que le titre de «Gouverneur de la ville», dont seul l'Ancien Testament parlait jusqu'ici, a bel et bien existé.
Un sceau en argile datant de 2 700 ans et découvert à Jérusalem a été présenté lundi comme une première preuve matérielle de l'existence d'un gouverneur dans cette ville, selon l'autorité israélienne des antiquités. Cet artefact rond de la taille d'un bouton a été découvert dans un bâtiment sur l'esplanade du mur des Lamentations, dans la vieille ville de Jérusalem. Il date du sixième ou septième siècle avant notre ère et illustre l'existence d'un dirigeant à Jérusalem, a ajouté le département israélien dans un communiqué.
Cette période correspond à celle du premier temple juif dans la ville sainte. Sur la pièce figurent deux hommes revêtus de robes se faisant face et se tendant la main, avec ce qui semble être une lune entre les deux mains tendues. En dessous de cette représentation, une inscription en ancien hébreu indique: «Au gouverneur de la ville.» Mention qui correspond aux fonctions de maire.
Un poste évoqué dans la Bible
Le sceau était apparemment attaché à une sorte de livraison et servait «de logo ou d'un petit souvenir, envoyé au nom du gouverneur de la ville», a affirmé Shlomit Weksler-Bdolah, qui participe aux fouilles de l'autorité des antiquités sur le site du mur des Lamentations. «C'est une découverte très rare», a-t-elle affirmé à l'AFP. Selon elle, elle confirme la mention dans la Bible d'un dirigeant de Jérusalem.

«L'importance de cette découverte réside dans le fait que jusqu'à présent, nous ne connaissions l'expression de ‘‘gouverneur de la ville'' que par la Bible», a-t-elle souligné. «C'est la première fois que nous trouvons cette mention dans un contexte archéologique (...).» Le sceau ne mentionne pas le nom du dirigeant de Jérusalem mais Shlomit Weksler-Bdolah pense qu'il se réfère à la Vieille ville car il a été retrouvé dans le même bâtiment où d'autres artefacts avaient été mis au jour.
Les examens scientifiques qui seront pratiqués prochainement devraient confirmer le lien avec Jérusalem, estime-t-elle. La lune figurant sur le sceau pourrait illustrer l'existence d'influences étrangères. «Ce qui est intéressant est que la lune est connue comme un objet de culte de cultures avoisinantes», conclut-elle.
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Gilles-William Goldnadel : «Lynchage de deux policiers à Champigny : nommons les faits» (02.01.2018)
Par Gilles William Goldnadel
Publié le 02/01/2018 à 16h45
TRIBUNE - L'agression odieuse dont ont été victimes deux policiers à Champigny-sur-Marne n'est pas une catastrophe naturelle qu'on devrait commenter avec fatalisme, souligne l'avocat à la Cour.
Après avoir regardé les images écœurantes de cette nuit de la Saint-Sylvestre 2017 à Champigny-sur-Marne, la main qui veut porter le fer de la plume dans la plaie ne doit pas trembler. Une foule hystérique et haineuse en train de se repaître de la douleur de deux êtres. Un lynchage en règle.
Sur deux jeunes policiers innocents, dont une femme sur laquelle on s'acharne joyeusement à grands coups de pied au visage. Un lynchage en règle, pour rien, ou plutôt parce qu'ils sont policiers, inoffensifs et sans défense.
Écrivons sans trembler: si les jeunes crapules à capuche n'avaient pas posté avec fierté leurs forfaits sur les réseaux asociaux, la France de ce début de 2018 et ses médias insouciants et satisfaits se seraient congratulés pour l'an neuf, auraient disserté sur des vœux présidentiels qui n'avaient rien de nouveau et auraient souhaité un vivre-ensemble encore plus inclusif et réussi. Mais les images de Champigny-sur-Marne obligent à regarder une réalité autrement plus crue et bien moins convenue.
Cette haine sauvage des policiers français n'est pas issue mystérieusement d'une génération spontanée. Elle est cultivée quotidiennement dans les éprouvettes de la détestation stupide de rebelles sur canapé
Poursuivons sans crainte de fâcher ces fâcheux qui nous empêchent depuis trop longtemps de regarder la cruauté en face. Cette haine sauvage des policiers français n'est pas issue mystérieusement d'une génération spontanée. Elle est cultivée quotidiennement dans les éprouvettes de la détestation stupide de rebelles sur canapé.
Ainsi, rien que cette semaine, deux rebelles de salon ont proféré impunément quelques incriminations antipolicières pour épater la galerie médiatique. Mathieu Kassovitz, tout d'abord, qui gazouillait ainsi sur Twitter: «Bande de bâtards. 7 g!! Vous êtes une belle bande de bon (sic) à rien@policenationaletwitter.com.» À décharge, l'avocat que je suis est le premier à reconnaître à Kassovitz une belle suite dans ses vilaines idées. Je me souviens encore de lui venu témoigner avec ferveur en faveur de ses amis rappeurs de Ministère Amer lorsque je plaidais pour ces policiers qu'avait révoltés leur Sacrifice de pouletsscandé en cadence… Il est vrai que ce gazouilleur impénitent à, mais un peu tard, écrit tout l'effroi que lui inspiraient les images des policiers en détresse. On a connu plus spontané.
Un chroniqueur de Mediapart, ensuite, dénommé Usul, qui se présente doctement comme «commentateur politique marxiste» et pérore tranquillement ainsi dans une vidéo: «La démocratie est bloquée, donc essayons de la débloquer (…) et on peut en effet la débloquer en gueulant un bon coup, en sortant dans la rue et en tabassant des flics, enfin en tabassant, c'est un grand mot, vu comment ils sont protégés, c'est pas évident.» Le 1er janvier au matin, notre commentateur marxiste a dû être agréablement surpris par la jolie tournure de la nouvelle année: deux flics ont été tabassés selon ses vœux, roués de coups, sans être protégés.
Et quand ce ne sont pas des frappes en capuche qui le font à Viry-Châtillon, ce sont ses camarades antifas qui essayent de les brûler vifs à Paris dans leur voiture de fonction. Sacrés antifascistes. Les brûlots des uns qui attisent le feu de la haine des autres. Les bouts de mots des boutefeux.
Les jeunes en groupe déchaînés semblaient habités d'une impression d'impunité. Je ne suis pas le plus mal placé pour écrire qu'elle est largement fondée
Continuons sans circonlocutions. Les jeunes en groupe déchaînés semblaient habités d'une impression d'impunité. Je ne suis pas le plus mal placé pour écrire qu'elle est largement fondée.
La justice pénale française, pratiquement paralysée, est guettée par la thrombose. Les peines qu'elle prononce sont très souvent inexécutées. Christiane Taubira a refusé par idéologie de construire des prisons. Il semblerait que celle qui occupe aujourd'hui la Chancellerie, de manière moins frontale, ait décidé de poursuivre factuellement la même politique anticarcérale. À Champigny-sur-Marne, les voyous ne tremblaient pas à la Saint-Sylvestre.
Ces jeunes de Champigny-sur-haine sont manifestement issus de l'immigration. De cette immigration ratée, faute d'intégration
Le plus dur pour la fin. Et toujours sans trembler. Qui a osé décrire l'indicible vérité qui se dissimule derrière le vocable craintif de «jeunes» et qui, pourtant, saute même aux yeux des plus myopes? Ces jeunes de Champigny-sur-haine sont manifestement issus de l'immigration. De cette immigration ratée, faute d'intégration. De cette immigration sabotée consciencieusement par tous les faux rebelles marxistes ou gauchistes qui auront inoculé non seulement le bacille de la haine des policiers français, mais celui tout bonnement de la France prétendument raciste.
Et du racisme parlons-en à la fin. On n'entend guère ce mot à propos du lynchage de Champigny. Or supposons un instant, dans une autre affaire, dix Blancs s'acharnant sur deux Noirs à terre: ceux que révulserait ce lynchage odieux et qui le qualifieraient de raciste seraient-ils taxés de spéculations oiseuses ou d'instrumentalisation scandaleuse d'un fait divers?
J'ai entendu sur une chaîne de télévision continue un journaliste ingénu s'interrogeant sur le fait de savoir si Emmanuel Macron n'avait pas «surjoué» en disant son émotion après le drame de Champigny-sur-Marne. Je n'avais pas entendu pareilles conjectures lorsque son prédécesseur s'était rendu au chevet de Théo.
Il n'est que temps de questionner le racisme anti-Blanc, le racisme antifemme et le racisme antipolicier qui sévit dans les quartiers. Sans trembler.

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Pourquoi Trump renforce son bras de fer avec les mollahs en Iran (02.01.2018)

Par Philippe Gélie
Mis à jour le 03/01/2018 à 12h26 | Publié le 02/01/2018 à 20h13
ANALYSE - L'Administration républicaine envisage de rétablir des sanctions, ciblées contre les gardiens de la révolution, le bras armé du régime, afin de ne pas pénaliser la population qui proteste.
La diplomatie par les tweets peut être difficile à décrypter, mais les Iraniens auraient tort de prendre les dernières saillies de Donald Trump pour de simples coups de menton. Le président américain voit dans les manifestations réprimées par le régime des mollahs l'occasion de déployer la politique musclée qu'il prône depuis son accession au pouvoir, au risque de creuser le fossé avec ses alliés européens.
Cinq tweets depuis le 30 décembre annoncent un durcissement du bras de fer entre Washington et Téhéran. «L'Iran échoue à tous les niveaux, malgré le terrible accord passé par l'Administration Obama, a déclaré Trump lundi. Le grand peuple d'Iran est réprimé depuis des années. Il a faim de nourriture et de liberté. Comme les droits de l'homme, sa richesse lui est dérobée. Le temps du changement est venu !» Le tweeteur en chef a ajouté mardi: «Les Iraniens passent finalement à l'action contre ce régime brutal et corrompu. Tout l'argent qu'Obama leur a si stupidement donné est allé au terrorisme et dans leurs poches. (…) Les États-Unis vous regardent !»
«Au lieu de devenir une force de stabilisation, l'Iran a attisé les braises dans toute la région, déclenchant une guerre par procuration au Yémen, alimentant la guerre civile en Syrie, armant les talibans en Afghanistan»
Arthur Herman, du Hudson Institute
Pour Trump, prendre le contre-pied de son prédécesseur représente une constante, quasiment une boussole dans la conduite des affaires publiques. Sur l'Iran, cette position atteint son paroxysme. En 2009, lors du «printemps de Téhéran», Barack Obama s'était mollement dit «troublé» par les violences contre les protestataires.
Le journal Politico vient de révéler que son Administration avait neutralisé une enquête internationale de la Drug Enforcement Agency (DEA) contre les trafics et blanchiments par lesquels s'enrichit le Hezbollah, milice chiite libanaise soutenue par l'Iran, pour ne pas risquer de compromettre l'accord sur le nucléaire finalement conclu en juillet 2015.
La conviction du président démocrate, partagée par les Européens, était à l'époque que l'Iran deviendrait «une puissance régionale contribuant à la stabilité internationale». Cette promesse non tenue nourrit aujourd'hui le consensus à Washington. Les manifestations «nous disent que l'approche d'Obama de lever les sanctions a échoué», a déclaré dimanche le sénateur républicain Lindsey Graham. «Maintenant nous savons, renchérit Arthur Herman du Hudson Institute. Au lieu de devenir une force de stabilisation, l'Iran a attisé les braises dans toute la région, déclenchant une guerre par procuration au Yémen, alimentant la guerre civile en Syrie, armant les talibans en Afghanistan…»
Trump salué par le Washington Post
La fermeté de Donald Trump n'en est que plus applaudie. Même le Washington Post salue dans un éditorial «son soutien aux manifestants. Les Européens, jusqu'ici beaucoup plus prudents, devraient élever la voix». Herman met en avant «une opportunité de redémarrer (reset) la politique des États-Unis envers la République islamique». Graham félicite le président de ses «tweets amicaux envers le peuple iranien», mais ajoute: «Vous ne pouvez pas vous contenter de tweeter là-dessus.» Il l'appelle à «déployer un plan» et le met en garde: la Corée du Nord «observe» comment il va passer des paroles aux actes sur l'Iran. «Si nous cillons, que Dieu nous préserve tous !»
L'Administration républicaine envisage dans un premier temps de rétablir des sanctions, ciblées contre les gardiens de la révolution, le bras armé du régime, afin de ne pas pénaliser la population qui proteste. Le secrétaire d'État, Rex Tillerson, serait chargé de rallier la communauté internationale à ce durcissement, mais l'étape suivante pourrait compliquer sa tâche. Le 15 janvier, le président doit à nouveau «certifier» le respect par l'Iran de ses obligations nucléaires, le Congrès n'ayant pris aucune disposition depuis la «décertification» partielle du 15 octobre. Lindsey Graham l'encourage à le dénoncer cette fois intégralement et «à s'expliquer dans un discours à la nation».
«Notre but devrait être le changement de régime»
John Bolton, ex-ambassadeur à l'ONU et proche de Trump
«L'accord nucléaire a normalisé le comportement anormal de l'Iran, approuve David Gerstman du Israel Project. En supprimant les sanctions, il a privé la communauté internationale de levier». Herman suggère de les rétablir, «en particulier contre quiconque fait des affaires avec les gardiens de la révolution».
Il recommande aussi de «mettre les Européens en garde», conscient qu'un choix difficile se profile pour les alliés: déjà poussés à «punir» l'Iran pour son programme balistique, jusqu'où suivraient-ils Washington dans une escalade? Selon le faucon John Bolton, ex-ambassadeur à l'ONU et proche de Trump, «notre but devrait être le changement de régime».
La mention de cette formule dans un tweet du président n'a échappé à personne. Se voulant rassurant, le secrétaire à la Défense, James Mattis, avait, le 15 décembre dernier, écarté toute option militaire contre l'Iran «à ce stade».

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Iran : colère mortelle contre le régime (01.01.2018)
Par Georges Malbrunot
Mis à jour le 02/01/2018 à 09h00 | Publié le 01/01/2018 à 22h18
Au total, 21 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations de mécontentement populaire qui touchent le pays.
Malgré l'appel au calme lancé par le président de la République, Hassan Rohani, les manifestations se poursuivent depuis dimanche à travers une dizaine de villes d'Iran, et dans la nuit dans le centre du pays. Au total, 21 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement de contestation.
Neuf personnes sont mortes dans la nuit de lundi à mardi dans plusieurs villes de la province d'Ispahan (centre) ; À Qahderijan, six manifestants ont été tués alors qu'ils tentaient de prendre d'assaut un poste de police. Un enfant de 11 ans a été tué et son père blessé par des tirs de manifestants à Khomeinyshahr alors qu'ils passaient près d'un rassemblement. Un jeune membre des Gardiens de la révolution -l'armée d'élite du régime- a par ailleurs été tué et un autre blessé par des tirs de fusil de chasse à Kahriz Sang. Les autorités avaient en outre déjà fait état lundi soir de la mort d'un policier, tué par des tirs d'une arme de chasse à Najafabad.
Dimanche soir, selon la télévision d'État et d'autres médias, six personnes ont péri à Toyserkan, une ville à l'ouest de Téhéran, et quatre sont mortes à Izeh (Sud-Ouest) et Doroud (Ouest). Les morts de Toyserkan seraient dus à des «tirs suspects», selon la télévision qui affirme que les forces de l'ordre ne tirent pas sur les manifestants. Elle accuse «des contre-révolutionnaires» armés d'avoir infiltré les protestataires. À Izeh, les deux manifestants tués par balles l'ont été, sans que l'on sache l'origine des tirs.
À Téhéran, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser dimanche soir un petit groupe de manifestants qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir dans le quartier de l'université. Lundi, de nombreux policiers étaient déployés près de la place de la Révolution à Téhéran, selon le témoignage de Ahmad, un habitant de la capitale, joint au téléphone. Ailleurs, selon des vidéos mises en ligne par les médias iraniens et les réseaux sociaux, les manifestants ont attaqué et parfois incendié des bâtiments publics, des centres religieux et des banques ou des sièges du Bassidj (milice islamique du régime). Au total, 400 personnes ont été arrêtées, dont la moitié à Téhéran.
Face à cette fronde naissante, le régime répond par un mélange de mises en garde, de blocage des messageries Telegram et Instagram, utilisées pour appeler à manifester, et une répression, jusque-là, très limitée. Mais jusqu'où la contestation ira-t-elle?
Silence du guide suprême
Cette vague de colère gêne le président Rohani, réélu en mai sur la promesse d'apporter un mieux-vivre à la population grâce aux retombées de l'accord nucléaire, signé en 2015 entre Téhéran et les pays occidentaux. Mais deux ans après, les Iraniens n'ont pas goûté aux dividendes de l'accord. Le chômage reste élevé et l'inflation galopante. Ce qui fait le jeu des ultraconservateurs, qui seraient derrière les premières manifestations de Machhad, fief de son adversaire malheureux au scrutin présidentiel, le religieux Ebrahim Raissi. Sur la corde raide, Rohani a dû hausser le ton lundi, affirmant que «le peuple répondra aux fauteurs de troubles et hors-la-loi». Il n'a pas hésité à qualifier les protestataires de «petite minorité qui insulte les valeurs sacrées et révolutionnaires». Pourtant, la veille, le président, apprécié par de nombreux jeunes, avait reconnu que son pays devait fournir «un espace» pour que la population puisse exprimer ses «inquiétudes». Mais dans le même temps, le ministre de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani, menaçait ceux qui «agissent dans l'illégalité».
Le guide suprême et détenteur des principaux pouvoirs, l'ayatollah Ali Khamenei, se tait face à un mouvement d'un genre nouveau, qui n'est pas récupéré par le camp réformateur, d'ordinaire partisan d'une libéralisation accrue. Cette fronde sociale ne ressemble, en effet, en rien aux protestations de 2009, déclenchées par l'élection truquée du populiste, Mahmoud Ahmadinejad. En 2009, les rassemblements s'étaient concentrés à Téhéran. Cette fois, ils visent une dizaine de villes. Mais alors qu'en 2009, plus d'un million d'Iraniens en colère descendaient dans les rues de la capitale, ils ne sont aujourd'hui que quelques milliers à travers le pays. Et sans leader, contrairement au «Mouvement vert» décapité, après 2009, par une répression féroce.
L'appel de Donald Trump
«C'est un peu compliqué de comprendre ce qui se passe», reconnaît Bijan, un jeune cadre, avide de réformes, qui a voté Rohani, mais s'abstient de manifester. «Je peux comprendre les gens en colère à cause des difficultés économiques, mais il n'y a pas seulement ça. On a bien vu qu'au début à Machhad, ce sont des partisans de Raissi ou d'Ahmadinejad qui ont manifesté. En tant que réformateur, je ne défends pas ce mouvement.» Les conservateurs de Machhad, qui ont allumé la mèche, se sont-ils fait rapidement déborder? C'est probable lorsqu'on entend des slogans comme «Mort au dictateur» ou «A bas la République islamique».
«Même si certains déçus de Rohani manifestent ces derniers jours, analyse l'expert irano-américain, Trita Parsi, le noyau dur des protestataires vient d'ailleurs. Ce sont des gens, ajoute-t-il, qui ne votent plus, ne croyant plus que le système puisse être réformé, auxquels il faut ajouter tous ceux désespérés par les problèmes économiques». Ces dernières semaines, des mouvements de protestation ont éclaté à Tabriz de la part de fabricants de tracteurs mécontents de la fermeture de leur usine, mais aussi dans le secteur pétrolier pour des retards de paiement. Cette colère rampante n'a fait qu'augmenter avec l'effondrement des sociétés de crédit qui a affecté des millions d'investisseurs.
«Je ne suis pas surpris, confie à l'AFP, Mojtaba Moussavi, un autre analyste, basé à Téhéran. Nous avons eu ces deux dernières années des défilés dans la rue contre les banques. Tout le monde dit que les manifestants viennent des classes défavorisées mais de nombreux manifestants font partie de la classe moyenne, qui a perdu beaucoup de ses avoirs.»
Bref, une grogne sur laquelle planent encore de nombreuses incertitudes. Va-t-elle durer? Oui, selon la Prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi, exilée à Londres. «Non, car les manifestants ne sont pas très nombreux», répond Bijan, le cadre à Téhéran. Iront-ils jusqu'à suivre Donald Trump, qui a appelé à «un changement de régime»? Rien n'est moins sûr. Et Hassan Rohani pourrait en profiter dans son bras de fer pour davantage d'ouverture. Mais une chose est sûre, selon Bijan: «La répression se durcira, si les manifestations durent, car le régime n'est pas uni face aux protestations.»

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Entre Israël et le Liban, la «ligne bleue» sous haute tension (01.01.2018)
Par Cyrille Louis
Mis à jour le 01/01/2018 à 21h34 | Publié le 01/01/2018 à 16h48
REPORTAGE - L'État hébreu soupçonne le Hezbollah d'avoir truffé les villages situés de l'autre côté de la ligne de cessez-le-feu de sites de lancement de roquettes. Alors qu'un minutieux travail de déconfliction est mené de part et d'autre, chacun sait que la prochaine guerre fera beaucoup plus de dégâts que la précédente.
Envoyé spécial à Har Adir
http://i.f1g.fr/media/figaro/300x375/2018/01/01/INF83310344-eefe-11e7-850f-fd380f9f2723-300x375.jpg
Un chapelet de villages émerge à travers la brume de cette fin d'automne. Côté israélien, le sommet du mont Adir offre une vue envoûtante sur la zone frontalière avec le Liban. Au premier plan ondulent des courbes verdoyantes protégées par Tsahal. Puis, au-delà de la ligne de cessez-le-feu, des sols dévorés par la sécheresse. Le contraste est saisissant. Une route de patrouille, tracée le long de la «clôture technique» édifiée par l'État hébreu pour prévenir d'éventuelles incursions, serpente à flanc de collines. Le village de Maroun al-Ras, théâtre d'une furieuse bataille durant la seconde guerre du liban, s'étend en contrebas du mont Hermon, à huit kilomètres à vol d'oiseau de ce point d'observation, non loin du «triangle» composé par trois villages chrétiens.
La bourgade d'Ayta al-Chab se dessine un peu plus à l'ouest. D'après l'armée israélienne, c'est au départ de cette localité majoritairement chiite qu'un commando du Hezbollah enleva deux soldats israéliens et en tua trois autres le 12 juillet 2006.
L'embuscade déclencha une guerre de 34 jours durant laquelle 165 Israéliens et plus de 1200 Libanais furent tués, tandis que plus d'un million de civils furent déplacés de part et d'autre. «Onze ans plus tard, nous savons que ce gros village demeure une place forte du Hezbollah, qui y a entreposé d'importants stocks de munitions et aménagé des sites de lancements de roquettes», assure un officier de l'armée israélienne sous couvert de l'anonymat.
135.000 roquettes et missiles
Le parti-milice chiite, dont l'influence sur les institutions libanaises n'a cessé depuis lors cessé de s'accroître, peut compter sur une solide implantation dans les villages situés entre le fleuve Litani et la ligne de cessez-le-feu («ligne bleue»). Il constitue, aux yeux des dirigeants israéliens, la principale menace stratégique à moyen terme. Les renseignements militaires estiment que son arsenal comprend 135 000 roquettes et missiles, dont plusieurs milliers auraient une portée leur permettant d'atteindre le centre et le sud du territoire israélien.
La plupart des observateurs s'accordent à penser que le Hezbollah, éprouvé par son engagement dans le conflit syrien au secours de Bachar el-Assad, n'est pas pressé d'ouvrir une nouvelle confrontation avec Israël. Mais la milice a aussi tiré de ces combats une précieuse expérience, et chacun pressent que la prochaine guerre fera beaucoup plus de dégâts que la précédente. Les systèmes israéliens de défense antiaérienne, quelle que soit leur efficacité, ne seront en mesure d'intercepter qu'un nombre limité de roquettes. «Si un tel scénario se réalise, nous raserons le Liban jusqu'au niveau du sol et le renverrons à l'âge de pierre», a récemment déclaré le ministre du Renseignement, Yisrael Katz. «Nous sommes prêts à engager une nouvelle guerre dans le sud du Liban», a pour sa part assuré Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, avant de lancer: «Vous serez contraints de fermer vos ports et vos aéroports, car il n'existe pas un seul endroit que les roquettes de la résistance ne puissent atteindre sur le sol de la Palestine occupée.»
Ces rodomontades, récurrentes, contrastent avec le calme qui règne pour l'heure à la frontière. «Nous n'avons pas eu d'incident majeur depuis trois ans», explique Imran Riza, chef adjoint de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Sa mission, définie par la résolution 1 701 du Conseil de sécurité, est de veiller au respect du cessez-le-feu et d'empêcher la constitution d'infrastructures militaires indépendantes des Forces armées libanaises entre le Litani et la «ligne bleue».
10.500 Casques bleus envoyés par 41 pays
Elle s'appuie pour cela sur 10.500 Casques bleus envoyés par 41 pays, déployés à travers 55 positions réparties sur une zone de 1059 km². L'armée israélienne, convaincue que les villages du secteur sont truffés de sites de lancement de roquettes dissimulés parmi les habitations, juge toutefois ces moyens insuffisants et accuse le Hezbollah d'entraver les activités de la Finul. «Les Casques bleus travaillent très consciencieusement, mais dès qu'ils approchent trop près d'une maison suspecte ou d'un verger où ils ne sont pas censés mettre leur nez, on voit la population s'attaquer à eux pour les faire reculer», explique l'officier israélien. «Il arrive que nos patrouilles, notamment lorsqu'elles utilisent des véhicules lourds et passent près des habitations, essuient des réactions négatives, nuance Imran Riza. Mais nous réussissons la plupart du temps à désamorcer les tensions en poursuivant nos inspections à pied - si bien que les cas d'entrave réelle sont très peu nombreux.»
En liaison avec Tsahal comme avec l'armée libanaise, la Finul veille en permanence à éviter qu'un incident mineur ne dégénère en conflit ouvert sur la base d'un malentendu. Dans cette zone sauvage et accidentée, il est fréquent que des bergers ou des agriculteurs franchissent, sans nécessairement s'en rendre compte, la ligne de cessez-le-feu. Des tonneaux métalliques de couleur bleue ont été disposés, tous les 250 mètres, afin d'en marquer plus clairement le tracé. Les Israéliens font également appel au contingent international lorsqu'ils entreprennent des travaux de débroussaillage ou édifient des ouvrages défensifs, afin d'éviter que ces activités ne soient mal interprétées par la partie adverse.
En cas d'incident imprévu, l'officier de liaison de la mission se met aussitôt en contact avec les deux parties pour éviter tout emballement. Ce fut le cas le 26 octobre 2016, près de Metula, lorsqu'un soldat israélien fut touché par une balle tirée depuis l'autre côté de la frontière alors qu'il débroussaillait les abords de la ligne de cessez-le-feu. Ou encore, dans des circonstances plus tragiques, lorsque deux soldats israéliens furent tués, fin janvier 2015, par un missile antichar tiré en représailles à une frappe aérienne conduite quelques jours plus tôt, sur le plateau du Golan, contre un convoi du Hezbollah. Un Casque bleu espagnol perdit la vie dans l'échange de feu qui suivit.
Tsahal prévoit des évacuations
Toutes les six semaines, les officiers de liaison israélien et libanais se rencontrent dans des locaux de la Finul, entre Rosh HaNikra et Naqoura, afin de désamorcer d'éventuels points de tension. Imran Riza, le numéro deux de la Finul, estime que «ces mécanismes de déconfliction, s'ils ne remplaceront jamais un processus politique pour l'heure au point mort, créent de la confiance». Le fait que des agriculteurs libanais reviennent depuis peu cultiver leurs terres près de la ligne de cessez-le-feu, détaille-t-il, constitue à terme un gage de stabilité. Mais l'argument ne convainc pas totalement ses interlocuteurs israéliens. «Nous constatons qu'un nombre croissant de soi-disant civils s'approchent avec de plus en plus d'audace de la clôture pour examiner nos lignes de défenses et recueillir du renseignement micro-tactique», s'inquiète l'officier de Tsahal, qui dit prendre cette activité très au sérieux. «Le Hezbollah a clairement indiqué qu'il attaquerait nos localités situées près de la frontière lors de la prochaine guerre», rappelle-t-il.
« S'il est clair que le Hezbollah renforce considérablement son arsenal, il semble qu'il ait cette fois choisi de ne pas le faire dans la zone frontalière, mais plus en profondeur sur le territoire libanais. »
Une source proche de l'ONU
Au printemps, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a accusé la milice chiite d'utiliser des tours d'observation édifiées par une organisation de protection de l'environnement pour espionner Israël. La Finul indique avoir ouvert une enquête, mais affirme que celle-ci n'a mis en évidence aucune violation du cessez-le-feu. «Nous prenons très au sérieux les signalements transmis par les autorités israéliennes, assure Imran Riza, mais nos vérifications ne débouchent en général que sur la découverte d'infractions mineures - comme la détention de fusils de chasse.» Sous le couvert de l'anonymat, une autre source proche de l'ONU, assure: «S'il est clair que le Hezbollah renforce considérablement son arsenal, il semble qu'il ait cette fois choisi de ne pas le faire dans la zone frontalière, mais plus en profondeur sur le territoire libanais.»
L'armée israélienne, qui se prépare à essuyer une pluie de roquettes durant les premiers jours de la prochaine guerre, a révisé ses plans en conséquence. Rompant avec ce que fut sa doctrine lors des précédents conflits avec les pays voisins, elle prévoit d'évacuer une cinquantaine de localités où résident quelque 78 000 civils dans une bande de quatre kilomètres le long de la ligne de cessez-le-feu. Depuis plusieurs années, les généraux de Tsahal préviennent par ailleurs qu'ils n'auront d'autre choix que de frapper durement les dizaines de villages frontaliers où se nichent, d'après eux, les armes du Hezbollah. «Compte tenu de la quantité d'informations que nous avons recueillies sur leur infrastructure, il sera très difficile de nous arrêter une fois qu'ils auront décidé d'engager les hostilités», prévenait récemment l'un de ces officiers. «Pour éviter un tel drame, explique un autre gradé, il serait essentiel que les amis du Liban fassent sérieusement pression pour limiter l'influence du Hezbollah sur les institutions nationales, mais aussi pour accroître le contrôle pour l'heure insuffisant que les Forces armées libanaises exercent dans le sud du pays. Il en va de la vie de nombreux civils…»

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Le général Philippe Rondot, «maître espion», est mort (31.12.2017)

  • Mis à jour le 31/12/2017 à 17:34 

  • Publié le 31/12/2017 à 12:14
Ancien de la DGSE et de la DST et acteur de l'affaire Clearstream, il avait arrêté le terroriste international Carlos en 1994. Il a été inhumé samedi, il avait 81 ans.
La radio Europe 1 a annoncé dimanche 31 décembre la mort du général Philippe Rondot. Selon une source citée par l'AFP, il est décédé d'un «arrêt cardiaque». L'ancien de la DGSE et de la DST a été inhumé samedi 30 décembre à Flety dans la Nièvre. «Je garde le souvenir d'un homme droit et intègre avec le souci de la préservation de la réputation de nos Services chevillé au corps (...) Il est mort comme il a toujours voulu vivre: en secret», a indiqué sur Europe 1 son ancien avocat, Me Éric Morain.
Longtemps, on n'a connu de Philippe Rondot que la photographie en noir et blanc, pas très nette, d'un homme brun, nez fort et joues pleines, qui lui ressemble si peu qu'on dirait un leurre. Mais à l'époque, en 1994, le nom du général, qui vient d'arrêter le terroriste Carlos au Soudan, est révélé au grand public et il faut bien mettre une tête dessus? Un peu plus tard apparaît un second cliché, qui n'a rien à voir avec le premier: une capture d'écran montre, sur un plateau de télévision, un homme aux traits émaciés qui évoque un peu François Mitterrand jeune.
Philippe Rondot fut longtemps un fantasme sans visage fixe, et il faudra attendre 2006 pour découvrir la véritable physionomie du général de division, gloire des services secrets français sous le pseudonyme de Max - comme Jean Moulin -, qui apparaît au cœur de la calamiteuse affaire Clearstream. Car «le maître espion», l'un des rares à avoir brillé à la DST comme à la DGSE, avait une petite manie: il notait tout et archivait méticuleusement ses carnets secrets. Lorsque la justice a perquisitionné son domicile de Meudon dans les Hauts-de-Seine et s'apprêtait à repartir bredouille, une greffière a écarté sans le vouloir une tenture, découvrant la porte blindée d'une chambre forte. Bingo: les fiches du général proposaient une chronologie complète de la manipulation avortée. Sans elles, pas d'affaire Clearstream - en tout cas, pas de procès.
Humble et plein d'humour
La graphomanie de l'officier est héréditaire. Son père, prénommé Pierre et disparu à l'âge de 96 ans, fut, lui aussi, l'un des agents français les plus réputés de son temps. Il avait l'habitude de noircir des pages et des pages, que Philippe Rondot a conservées, au premier étage de son manoir nivernais. Dans le vaste parc, il a planté un cèdre du Liban, souvenir d'un Moyen-Orient qu'il connaît comme sa poche et qui fut son terrain de chasse favori. Ce veuf solitaire avait un fils qui a suivi ses traces dans l'armée. Il avait choisi sa nièce comme assistante. Ses amis le décrivaient comme plein d'humour et, surtout, d'une humilité extraordinaire. Il a fréquenté ses homologues et les dirigeants des pays arabes pendant des décennies. Auteur de monographies sur la Syrie, la Jordanie et l'Irak publiées par les Presses universitaires de France, il savait amadouer ses terribles interlocuteurs en partageant, au besoin, leurs hobbies innocents. Ainsi de cet ancien ministre d'Hafez el-Assad, avec lequel il visionnait des films lestes pour détendre l'atmosphère.
Espion, féru de philosophie, écrivain, professeur, diplomate, polyglotte, le général Rondot se reprochera jusqu'à la fin de ses jours de n'avoir pas pu sauver les moines de Tibéhirine. Il est intervenu, entre autres, dans la libération des otages du Liban, ou auprès d'Abou Nidal pour juguler la campagne d'attentats palestiniens. Il faut donc faire un gros effort pour admettre qu'un homme de sa trempe s'est laissé gruger par Imad Lahoud, présenté par l'accusation comme le faussaire des listings Clearstream. À sa décharge, le général n'est pas la seule dupe de M. Lahoud qui, sortant de prison, a réussi à le convaincre, ainsi qu'un aréopage des services secrets français et quelques cadres de la CIA, qu'il pouvait le mener jusqu'à Oussama Ben Laden.
La seule chose que ne supportait pas Philippe Rondot, c'était qu'on lui manque de respect. Depuis décembre 2005, il était à la retraite et selon Le Parisien, «occupait un discret bureau dans les combles du ministère de la Défense orné d'un écriteau: ‘Bureau des secrets perdus'».


Le général Lecointre réveillonne au Sud-Liban avec les Casques bleus français (31.12.2017)

  • Mis à jour le 01/01/2018 à 07:48 

  • Publié le 31/12/2017 à 22:19
EN IMAGES - Le chef d'état-major des armées, qui a fêté la nouvelle année dimanche soir avec les militaires français de la Finul au Sud-Liban, s'est félicité d'un « effort historique » en faveur du budget des armées en 2018.
De notre envoyé spécial à Deir Kifa (Sud-Liban)
«Votre mission a assuré onze ans de paix continue dans cette région du Liban, si vous n'étiez pas là la situation dégénérerait», a déclaré le général François Lecointre aux 750 militaires du contingent français de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) réunis pour le réveillon sur leur base de Deir Kifa qu'ils occupent depuis 2006. «Une mission délicate que vous remplissez avec une conscience professionnelle et une vigilance remarquables dans une région vers la laquelle se tournent tous les regards», leur a dit le chef d'état-major des armées (CEMA).
Devant les troupes, le général Lecointre a également évoqué la question sensible du budget. «Les ressources que le président de la République a décidé d'accorder aux armées iront croissant dans les prochaines années», a-t-il souligné. Un effort qu'il a qualifié d'«inflexion majeure depuis la fin de la guerre froide».

Dîner au foie gras et saumon
«On ne porte jamais au crédit d'un soldat le fait que le pire a été évité. Votre mission ne consiste pas à combattre baïonnette au canon mais elle permet d'éviter la guerre. Elle ne vous conduira pas à défiler sous l'Arc de Triomphe mais c'est la vraie fierté du soldat professionnel», a souligné François Lecointre, avant le dîner au foie gras et saumon organisé sous une vaste tente et rythmé par les chants régimentaires et la musique rock d'une formation mixte franco finlandaise. Cent cinquante casques bleus finlandais cohabitent à Deir Kifa avec le contingent français.
«La France est la France lorsqu'elle assume une part de la noblesse du monde.»
Le général François Lecointre citant André Malraux
Mise en place en 1978 par les résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité des Nations unies à la suite de l'invasion du Liban par Israël, renforcée après la crise de 2006 par les résolutions 1701 et 2373, la Finul qui compte actuellement 10.500 hommes de 41 nationalités, célébrera ses quarante ans en mars prochain. «Cette zone est au cœur de tensions importantes. Le président de la République y est particulièrement attentif. C'est avec le Sahel sa principale préoccupation», a relevé le CEMA. «Au Liban, que nous devons être des acteurs majeurs», a-t-il ajouté, en concluant son propos par une citation d'André Malraux: «La France est la France lorsqu'elle assume une part de la noblesse du monde».

Arrivé en milieu de journée à Beyrouth, le général Lecointre a rencontré son homologue libanais, le général Joseph Aoun, avant de gagner le Sud-Liban en hélicoptère. Le CEMA s'est ensuite rendu en véhicule blindé sur une colline où les casques bleus français mettent en œuvre un radar de contrebatterie Cobra chargé de détecter les échanges de tirs d'artillerie échangés de la part et d'autres de la «ligne bleue» entre le Liban et Israël. Plus de 3200 tirs de canon, 2700 de mortiers et 200 roquettes ont ainsi été enregistrés depuis onze ans.
Pour le général Lecointre, «2018 sera l'année de la remontée en puissance». Dans le «monde dangereux» dépeint par la récente Revue stratégique, «la guerre est redevenue un objet que les politiques prennent en considération», a-t-il estimé. «L'effort qui va être marqué sera très important», a encore indiqué le général Lecointre, ajoutant que ces ressources iront à la modernisation d'un certain nombre d'équipements, aux infrastructures et au soutien des familles de militaires. Emmanuel Macron devrait détailler ces engagements lors de ses vœux aux armées, à la mi-janvier.

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Mohammad Rasoulof : «La corruption est partout en Iran» (05.12.2017)

Par Etienne Sorin
Mis à jour le 05/12/2017 à 17h07 | Publié le 05/12/2017 à 16h14
INTERVIEW - Prix Un certain regard à Cannes, Un homme intègre dépeint un pays perverti. Son réalisateur, privé de passeport, risque six ans de prison.
Le 16 septembre dernier, Mohammad Rasoulof rentre en Iran à l'issue d'une tournée internationale. À l'aéroport, son passeport est immédiatement confisqué. Il est retenu pour deux heures d'interrogatoire. Deux jours plus tard, il reçoit une convocation le prévenant qu'une enquête est diligentée par les renseignements des gardiens de la révolution. Son crime? Un film, Un homme intègre , prix Un certain regard au Festival de Cannes.
L'histoire de Reza, éleveur de poissons installé loin de Téhéran et rattrapé par la corruption qui gangrène la société tout entière. Un thriller kafkaïen, sans concession. Sans surprise, Un homme intègre n'a pas été choisi pour représenter la République islamique d'Iran aux Oscars. Entretien par Skype avec un cinéaste victime de la censure et assigné à résidence.
LE FIGARO. - Quelle est votre situation aujourd'hui?
Mohammad RASOULOF. - J'attends qu'on m'appelle pour me présenter au prochain interrogatoire. Ma situation actuelle est assez floue. C'est un processus d'usure. J'encours une peine de six ans d'emprisonnement pour les deux chefs d'accusation retenus contre moi: atteinte à la sécurité nationale et propagande contre le régime. Les investigations sont en cours. Une fois mon dossier bouclé, je devrais comparaître devant le tribunal.
À quelles questions avez-vous dû répondre lors de votre interrogatoire?
Le 3 octobre dernier, ils m'ont interrogé pendant quatre heures. Il était question essentiellement de mes deux derniers films, Les manuscrits ne brûlent pas et Un homme intègre. Ceux qui menaient l'interrogatoire étaient déterminés à me faire comprendre que le cinéma indépendant iranien n'était qu'une blague et qu'ils avaient la ferme intention de mettre fin à cette blague.
«Il faut bien comprendre que vous n'avez pas affaire à une dictature monolithique cohérente mais à un système autoritaire qui utilise et dénature les instruments de la démocratie pour imposer sa volonté»
Mohammad Rasoulof
Ce n'est pas la première fois que vous êtes inquiété…
J'ai malheureusement l'habitude d'être sous pression. La dernière fois, mon dossier était entre les mains du ministère du Renseignement, qui dépend de l'exécutif. Cette fois-ci, il est entre les mains des renseignements des gardiens de la révolution, connus pour être proches du Bureau du Guide et des éléments ultraconservateurs du régime. Eux se considèrent vraiment au-dessus de la loi. Ils semblent même en vouloir au ministère de la Guidance islamique et aux autorités de la censure de m'avoir donné l'autorisation de tourner.
La censure n'avait pas lu le scénario avant?
Le régime iranien n'est pas un système cohérent. À chaque échelon, vous avez des responsables qui pensent et agissent de manière différente. À l'époque d'Ahmadinejad, la censure agissait comme un marteau. Lors du premier mandat de Rohani, élu en 2013 en prônant certaines valeurs démocratiques comme la liberté d'expression ou les droits des citoyens, les choses se sont un peu assouplies. J'essaie de m'engouffrer dans les failles du pouvoir. Au bout de plusieurs mois, j'ai fini par obtenir l'autorisation de tourner Un homme intègre sur la base du scénario que j'ai soumis à la censure. Une fois le film tourné, il me fallait une autorisation pour la sortie du film. Je ne l'ai jamais eue… Il faut bien comprendre que vous n'avez pas affaire à une dictature monolithique cohérente mais à un système autoritaire qui utilise et dénature les instruments de la démocratie pour imposer sa volonté…
«En Iran, je suis comme dans le viseur d'un tireur d'élite. Je ne sais pas ce qu'il va m'arriver dans cinq mètres ou dans cinq minutes»
Mohammad Rasoulof
Un homme intègre n'a donc pas été tourné clandestinement?
En Iran, je suis comme dans le viseur d'un tireur d'élite. Je ne sais pas ce qu'il va m'arriver dans cinq mètres ou dans cinq minutes. C'est une image mais je dois m'adapter en permanence. Je ne vous donnerai pas de détails sur la manière dont j'ai tourné Un homme intègre. J'ai déjà fait un film de manière totalement clandestine, Les manuscrits ne brûlent pas, avec une toute petite caméra, comme Jafar Panahi pour Taxi Téhéran. Vu ma situation aujourd'hui, je risque de devoir revenir à ce mode de production.
Les renseignements ont-ils découvert Un homme intègre à Cannes?
Il faudrait leur poser la question. En tout cas, ils l'ont vu avec beaucoup d'attention et le connaissent dans les moindres détails. Je pense que les renseignements envoient des gens à Cannes. Et pour voir les films et pour surveiller qui vient, qui voit qui. De façon générale, les autorités font tout leur possible pour limiter la diffusion de mes films à l'international. À l'intérieur, c'est le boycott total. Mes films ne sortent pas et mon nom ne doit pas être prononcé. Sauf de temps en temps, on ouvre le robinet et on laisse couler la boue pour me salir. Votre soutien, en France et à l'étranger, me sauve.
Le personnage de Reza est sombre et énigmatique...
Au fur et à mesure, le passé de Reza devient plus clair. On comprend pourquoi la joie de vivre l'a quitté. Reza a décidé de s'isoler complètement, il a choisi de se terrer loin de tout pour s'occuper de son élevage de poissons et de sa famille. Mais le système le rattrape. La corruption est partout, à tous les niveaux. Où qu'il aille, quoi qu'il fasse, Reza ne peut y échapper.
«Nos deux pays, l'Iran et la Roumanie, ont des blessures communes. Nous sommes balafrés de la même manière»
Mohammad Rasoulof
Son seul refuge est la grotte où il se baigne et boit l'alcool qu'il distille lui-même…
Reza s'insurge contre l'hypocrisie. En Iran, une partie significative de la population, musulmane ou non, non seulement consomme de l'alcool mais en produit de façon artisanale. Cette hypocrisie se retrouve dans tous les domaines de la société. Reza révèle la façon dont la structure du pouvoir l'impose et la démultiplie. La culture persane n'est pas fondamentalement hypocrite. Il s'agit d'une décadence du corps social. En Iran aujourd'hui, l'effondrement moral est total.
Vous mettez en scène une société où tout le monde surveille tout le monde.Vous comparez la situation en Iran avec la Roumanie de Ceausescu...
Oui, par ce que j'appelle la distribution des intérêts, le système rend tout le monde interdépendant. Sans la coopération de tous, ce système ne tiendrait pas. Il fait de chacun un opprimé et un oppresseur. Chacun est écrasé par quelqu'un de plus fort et en vient lui-même à écraser quelqu'un de plus faible.
Un homme intègre n'est-il pas proche de Baccalauréat du Roumain Cristian Mungiu, portrait terrible d'un pays en proie à la corruption, séquelle de la dictature communiste?
Je connais très bien Cristian Mungiu et ses films, comme le cinéma roumain en général. Nos deux pays ont des blessures communes. Nous sommes balafrés de la même manière.

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Justice, terrorisme, immigration : les Français seront-ils mieux protégés cette année ? (01.01.2018)
Par Jean-Marc LeclercChristophe CornevinPaule Gonzalès et Jean ChichizolaMis à jour le 01/01/2018 à 20h22 | Publié le 01/01/2018 à 19h54
Une loi sur l'asile  et l'immigration, des réformes ambitieuses de la police et de la justice sont au programme en 2018. Le gouvernement devra être à la hauteur des attentes très élevées en matière de sécurité.
• Immigration: comment rendre  plus efficaces  les éloignements?
Le gouvernement va vouloir jouer l'équilibre. D'un côté, un plan de 5000 places de plus dans les centres provisoires d'hébergement en 2018 pour les réfugiés et 7500 places de plus pour les demandeurs d'asile. De l'autre, une action résolue pour que le système se désengorge, puisque la présence en masse de migrants économiques illégaux dans les structures d'accueil empêche de protéger les demandeurs réellement persécutés. D'où la circulaire Collomb du 12 décembre dernier pour envoyer des «équipes mobiles» vérifier dans les centres d'hébergement d'urgence le statut des personnes. La loi asile et immigration qui arrivera en Conseil des ministres avant février doit permettre de réduire les délais d'instruction des dossiers à six mois, mais aussi de rendre plus efficaces les éloignements de clandestins et autres déboutés. Le délai de séjour maximal en centre de rétention administratif (CRA) sera doublé (de 45 à 90 jours), pour donner le temps de récupérer les «laissez-passer» consulaires des pays d'origine des illégaux. Ce qui n'empêchera pas d'amplifier la démarche d'intégration, en particulier en faveur des réfugiés statutaires. Un «accompagnement» est prévu en matière d'accès au logement, de santé, d'éducation, d'emploi. Mais les textes ne suffiront pas. Les budgets doivent suivre et cette question demeure floue. Une chose est sûre: la France comptera 100.000 nouveaux expulsables en 2018, dont les trois quarts restent d'ordinaire, et ce depuis des années.
• Justice: numérique, simplification… les justiciables seront-ils mieux traités  grâce à la réforme?
Simplifier, numériser, concentrer. Ainsi peut se résumer le chantier titanesque lancé par la Chancellerie qui entend réformer la justice et en finir avec ses dysfonctionnements grâce à une loi de programmation qui devrait être votée au cours du premier semestre 2018. Parmi les révolutions annoncées, la plus visible pour le justiciable pourrait être la création de plateformes de dépôts de plainte pour certains petits contentieux, ou la simplification de certaines procédures. La réforme prévoit également de «forfaitiser» le délit d'usage de stupéfiants. En matière civile, les règles de saisine du juge seront aussi simplifiées et conciliation et médiation, renforcées. La garde des Sceaux envisage aussi de revoir la carte judiciaire en recentrant les juridictions sur le département. Elle promet de ne fermer aucun site.
• Sécurité: La police de sécurité du quotidien  sera-t-elle efficace?
Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron, la police de sécurité du quotidien (PSQ) dévoilera enfin ses contours d'ici à la fin janvier. Considérée comme un volet majeur de la feuille de route de Gérard Collomb, la réforme est ambitieuse: il s'agit d'alléger les tâches des policiers et des gendarmes afin qu'ils soient plus disponibles et se concentrent sur leur cœur de métier. Objectifs: mieux lutter contre la délinquance sur le terrain et se rapprocher d'une population avec laquelle le lien s'est effiloché. Au terme d'une vaste concertation menée depuis le 28 octobre dernier, le ministre de l'Intérieur va retenir une série de sites expérimentaux. Chacun devrait développer une thématique «innovante», comme une coordination renforcée avec la police municipale ou encore un rapport «modernisé» avec le public fondé sur le numérique. Pour forger la doctrine au niveau national, la PSQ se fondera par ailleurs sur un «socle» de mesures applicables à tout le territoire. Très attendues, elles viseront à simplifier à terme la procédure administrative, à alléger les missions «indues» (transfèrements de détenus, gardes statiques…) ou encore à forfaitiser certaines infractions (lire ci-contre). Pour Beauvau, l'enjeu est crucial car il en ira de sa crédibilité à bouger les lignes à un moment où le climat de défiance atteint des sommets. Comme l'a révélé une récente étude de l'Observatoire national de la délinquance (Ondrp), 10,8 millions de compatriotes affirment éprouver une crainte et parfois de la peur dans leur quartier ou leur village. Aujourd'hui, 90 % des Français réclament avec impatience la mise en place d'un nouveau schéma de fonctionnement. Autant dire que la PSQ n'aura pas droit à l'erreur.
• Terrorisme: comment relancer  la lutte contre  la radicalisation?
Sur le front de la lutte antiterroriste, l'année 2018 s'ouvrira sur la présentation du nouveau plan de prévention de la radicalisation. En ces temps de «menace terroriste endogène», le projet est visiblement essentiel aux yeux d'Emmanuel Macron, qui y a fait référence dans ses discours aux préfets, le 5 septembre, aux forces de sécurité intérieure, le 18 octobre, et encore le 15 novembre dans son discours de Roubaix sur la politique de la ville. En évoquant des pistes de travail. Sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur, des plans d'action locaux seraient ainsi mis en œuvre dans les départements «confrontés à des processus de radicalisation qui gangrènent certains territoires». Ces plans mobiliseront, outre l'Intérieur, de nombreux acteurs: services sociaux, collectivités territoriales, associations, services éducatifs… Emmanuel Macron a donné en exemple «le travail fait pour certains quartiers, à [sa] demande, en particulier Trappes, dans les Yvelines». Autre piste: l'expérimentation d'un centre de personnes radicalisées sous main de justice (et non plus volontaires comme c'était le cas avec l'ex-centre de Pontourny). En septembre, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, avait également insisté sur une rénovation des outils de communication sur Internet pour une contre-propagande plus efficace. Ce fils d'un ouvrier et d'une femme de ménage avait par ailleurs suggéré de promouvoir des modèles de réussite sociale. Pour le président de la République, ce nouveau plan doit s'accompagner «dans les quartiers les plus vulnérables, d'un agenda ambitieux en matière éducative, sociale, en matière de mobilité économique, pour lutter contre la ghettoïsation de certains quartiers, ou l'assignation à résidence de certains de nos concitoyens».

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SpaceX va-t-il dominer le secteur spatial ? (01.01.2018)

Par Cyrille Vanlerberghe
Mis à jour le 01/01/2018 à 18h07 | Publié le 01/01/2018 à 17h54
La société américaine doit tester en janvier une superfusée, Falcon Heavy, capable de placer plus de 60 tonnes en orbite, plus du double de ce que peut faire la plus puissante de ses concurrentes.
Les derniers préparatifs battent son plein sur le pas de tir 39A à cap Canaveral pour préparer le premier lancement de Falcon Heavy, dernier-né de la société SpaceX. C'est sans aucun doute le tir le plus attendu de l'année 2018, avec une date non précisée mais prévue avant la fin du mois de janvier, pour un lanceur qui sera de très loin le plus puissant de tous ceux actuellement en service.
Elon Musk, le flamboyant patron de SpaceX, plus connu pour sa société Tesla, avait au départ annoncé un premier lancement du Falcon Heavy pour 2013. Cinq années de retard qui s'expliquent en partie par une mise au point bien plus compliquée que prévu, comme l'a reconnu publiquement Elon Musk en juillet 2017. Il faut dire que l'architecture de l'engin mise plus sur la puissance brute que sur la finesse. Pour augmenter la capacité d'emport, les ingénieurs américains ont décidé d'attacher ensemble trois premiers étages de la fusée Falcon 9, ce qui permet de combiner la puissance de 27 moteurs! Le tout donne une poussée au décollage qui dépasse tout ce qui existe aujourd'hui: 2,3 millions de tonnes, contre 1,5 million de tonnes pour le lanceur européen Ariane 5.
Elon Musk voit déjà plus loin
Une puissance énorme qui se traduit surtout par une capacité d'emport en orbite jamais vue depuis la fusée lunaire Saturn V des missions Apollo, et la géante russe Energia, abandonnée en 1988. Falcon Heavy pourra envoyer d'un seul coup jusqu'à 63 tonnes en orbite basse, soit plus du double de l'actuel record détenu par Delta 4 Heavy de société américaine United Launch Alliance (29 tonnes). Cela permet même d'envoyer vers Mars de très lourdes charges (16,8 tonnes)!
La capacité d'emport de Falcon Heavy peut même paraître démesurée par rapport aux besoins actuels du marché commercial, sachant que les plus gros satellites de télécommunications pèsent un peu moins de 7 tonnes. Mais cela donne en fait de la marge pour SpaceX pour pouvoir récupérer et réutiliser par la suite les trois éléments du premier étage, une opération qui consomme du carburant et qui réduit la capacité de transport.
Pour ce premier vol d'essai, SpaceX n'a pas de client payant, mais Elon Musk a réussi un nouveau «coup» de communication en plaçant au sommet du lanceur une de ses voitures personnelles: un petit roadster électrique rouge de marque Tesla! L'idée folle du milliardaire est d'envoyer «sa voiture rouge vers la planète rouge (Mars)».
Mais même avec un coût au lancement réduit grâce à la récupération possible des trois premiers étages, et un prix annoncé comme trois fois moins cher que la concurrence, il n'est pas sûr que SpaceX place beaucoup d'efforts sur la commercialisation de ce Falcon Heavy. D'autant qu'Elon Musk voit déjà plus loin. Il a annoncé cet été que SpaceX avait déjà commencé à travailler sur une autre fusée géante, encore plus ambitieuse. Cette future BFR (pour Big Fucking Rocket), pourrait être réutilisable tout en emportant 150 tonnes en orbite! Une puissance qui rendrait dérisoire les performances de Flacon Heavy, et pourrait profondément bouleverser l'économie des lancements spatiaux dans le monde. SpaceX, qui pousse déjà tous ses concurrents à travailler sur des lanceurs réutilisables, ne compte pas s'endormir sur ses lauriers.

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Journaliste au Figaro - Rubriques Sciences, Santé et Environnement
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