samedi 27 juillet 2019

En France, la guerre civile viendra si l'Etat continue à "se mettre la tête dans le sable"

Le fantôme de la guerre civile ne cesse d'énerver l'Etat français. Il peut vraiment y avoir une guerre civile si l'Etat est faible et si cela pousse certains à l'autodéfense et à l'autoprotection, explique l'auteur de l'essai "La guerre civile qui vient" et éditorialiste au Figaro Ivan Rioufol dans un entretien à Sputnik.
Patrouille de soldats français dans les rues de Paris.
© REUTERS / PHILIPPE WOJAZER
En l'espace de ces derniers mois, Patrick Calvar, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a mis en garde contre une guerre civile à plusieurs reprises : "Les extrémismes montent partout et nous sommes, nous, services intérieurs, en train de déplacer des ressources pour nous intéresser à l'ultra-droite qui n'attend que la confrontation".
Le mouvement clandestin Corse du 22-Octobre (FLNC) a mis de son côté le
feu aux poudres des polémiques anti-terroristes en mettant en garde les "islamistes radicaux de Corse" qu'une attaque déclencherait "une réponse déterminée sans aucun état d'âme". La réponse du président nationaliste de l'assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a été aussi déterminée. Il a appelé les Corses à "repousser toute tentation de réponse individuelle ou d'initiative désordonnée" en cas d'attentat islamiste dans l'île.
Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro et auteur de l'essai "La guerre civile qui vient", n'est pas hostile à l'idée que ces confrontations reflètent certaines tendances sous-jacentes.
"Il peut y avoir une guerre civile, si l'Etat est faible et si cela pousse certaines individualités à l'autodéfense, à l'autoprotection. Il y a aussi le deuxième risque de guerre civile : que l'Etat lui-même se décide à prendre les armes face à un ennemi intérieur qui porte la nationalité française. Ces deux hypothèses de guerre civile sont à examiner aujourd'hui. Je ne dis pas qu'elles sont imminentes, mais en tout cas la première, celle d'une irritation d'une partie de la population, est à prendre en compte. Et le FLNC a révélé cet état d'exaspération", a affirmé à Sputnik M. Rioufol.
Par ailleurs, il a pointé du doigt les "endormissements" et "somnambulismes" face à ce qu'il appelle la "défrancisation de l'Hexagone" et qu'il considère comme frein au combat lucide de l'islamisme radical. Pourtant, la réaction des nationalistes corses peut paraître communautaire :
"La réaction du FLNC est une réaction identitaire, d'une défense d'une identité. Je ne vois pas matière à faire grief à ceci. La menace islamiste est moins grave que notre propre prétention à savoir nous défendre, nous aimer, à ne plus vouloir récupérer nos racines, notre mémoire, notre passé", a-t-il estimé ajoutant que les Corses étaient forts "précisément de ce qui nous a rendu faibles sur le continent".
Il y a un vrai travail de reconstruction, de reconquête de soi-même du peuple français avant qu'il ne puisse envisager d'affronter ce totalitarisme islamiste. Sans se couper bien sûr de la grande majorité des Français musulmans qui aussi subissent, naturellement, ce totalitarisme. Il n'est pas acceptable qu'une idéologie puisse vouloir imposer la charia — la loi de Dieu dans une démocratie — la loi du peuple.
Donc, il y a une incompatibilité qui n'est pas posée pour l'instant dans le débat public, a poursuivi M. Rioufol.
"La guerre civile viendrait si l'Etat continuait à se mettre la tête dans le sable et à ne pas vouloir interdire les prêches incendiaires ou fermer les 150 mosquées salafistes (il parait qu'il n'y en a eu que 10 de ferme, pourquoi pas et les autres?) et de mettre sous surveillance ou interdire le salafisme dans ces prêches qui attisent la violence. Tous ces éléments de logique qui n'ont rien de stigmatisant pour les musulmans français".
En fin de compte, que ça soit en Corse ou ailleurs, c'est à l'Etat qu'incombe la responsabilité de la lutte anti-terroriste. Alors qu'on met en garde contre le gouvernement qui ne veut pas ouvrir les yeux sur cette menace-là et qui par la voix du président de la république encore le 14 juillet a déclaré "Ce qui nous menace, c'est la montée des populismes", la menace n'est pas là.
"Non, ce qui nous menace, ce n'est pas la montée des populismes, la montée de l'extrême-droite, de l'ultra-droite où que sais-je encore", a signalé l'interlocuteur de Sputnik. "Nous n'avons pas vu l'ultra-droite mener des ratonnades comme certains l'avaient prédit. Au contraire, le peuple français se tient parfaitement responsable et n'entre pas dans cette course à la violence, dans cette course mimétique".
Mais en revanche, il faut s'attendre à ce que les islamistes radicaux poursuivent leur offensive, leurs tentatives de conquête à travers la multiplication d'actes de terreur. Il ne suffit pas, de son point de vue, d'une mobilisation sécuritaire de l'Etat français qui n'est pas à la hauteur des événements. Ils peuvent craindre qu'il puisse avoir des initiatives des gens excédés qui se sentant isolés et désarmés, décident par eux-mêmes d'assurer leur propre sécurité. C'est naturellement quelque chose qui peut très bien se comprendre et qu'il faut éviter à tout prix.
L'important est ainsi que l'Etat assume ses responsabilités, qu'il s'affronte et soit plus violent encore que la violence qui lui est imposée.
"Il ne peut pas se dérober à la guerre qui lui est déclarée. S'il se dérobe à cette guerre-là, cela voudrait dire qu'il renonce et qu'il se soumet", a résumé M. Rioufol.
https://fr.sputniknews.com/france/201608091027219106-france-corse-menace-terrorisme

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