Une étude américaine tendrait à démontrer que les réseaux sociaux ont tendance à limiter la parole, et surtout les prises de positions des internautes sur les sujets sensibles, selon le média utilisé pour exprimer son opinion et l’interlocuteur qui leur font face, en ligne ou IRL.
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La tendance sur les réseaux sociaux mène à penser qu’ils sont le lieu tout trouvé pour relayer les informations futiles, commenter une actualité, raconter sa vie et LT les émissions hautement culturelles.
Lire la suite : https://www.journaldugeek.com/2014/08/28/spirale-du-silence-baillonnereseaux-sociaux/
Ce n’est pas une fatalité. Le centre de réflexion américain, Pew Research Center (PRC), a mené une étude sur 1801 personnes aux États-Unis durant l’année 2013. Rendue publique le 26 août, cette étude analyse le phénomène de la « spirale du silence » dans le cadre des réseaux sociaux.
Développé par Elisabeth Noelle-Neumann en 1974, cette théorie de l’opinion publique – ou « Spirale du silence » – s’intéresse à l’influence des médias de masse et de l’opinion publique sur l’expression d’un point de vue. Sensible à son environnement social, un individu lambda sera plus enclin à partager son opinion sur un sujet donné, si celle-ci est similaire à celle du plus grand nombre et relayée par les médias de masse. Dans le cas contraire, par peur d’être marginalisé, un individu taira plus facilement ses opinions.
À l’ère des réseaux sociaux, en va-t-il de même ? Pour y répondre, le PRC a choisi une question d’intérêt publique : l’affaire Snowden et les révélations sur l’espionnage de masse de la NSA. Sujet épineux s’il en est dans la société américaine, puisqu’en 2013, 44% des personnes interrogées estimaient que la divulgation d’informations secrètes nuisait à l’intérêt général tandis que 49% pensaient l’inverse. Ces 1801 personnes hésiteraient-elles ou non à évoquer publiquement, en ligne ou IRL, leur avis personnel sur la question et quelle serait leur perception de l’opinion de leur entourage sous ces deux aspects ?
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Le constat est sans appel :
– Les personnes sondées préfèrent débattre avec leur proche, de visu, plutôt que s’étendre sur les réseaux sociaux : 86% des Américains sont prêts à discuter en personne des programmes de surveillance de la NSA mais seuls 42% sont prêts à le faire sur Twitter ou Facebook.
– Les réseaux sociaux ne représentent pas une plateforme de discussion alternative pour ceux qui n’étaient pas disposés à parler de l’affaire Snowden/NSA : sur 14% d’Américains qui ne souhaitent pas s’exprimer sur le sujet, seulement 0,3% sont prêts à le faire sur les réseaux sociaux.
– Que ce soit en ligne ou dans un cadre personnel, les personnes interrogées sont plus enclines à partager leur opinion si elles pensent qu’elle sera partagée par le public.
– Les conclusions précédemment établies sur la « spirale du silence » s’appliquent donc également aux utilisateurs des réseaux sociaux : un utilisateur Facebook ou Twitter sera plus enclin à partager son opinion sur la plateforme s’il sait que les personnes constituant son réseau partagent son avis. Sur la question Snowden/NSA, ils sont deux fois plus à accepter de participer à une discussion Facebook sur le sujet.
Comme le souligne Big Browser, les médias sociaux encouragent à l’autocensure : un utilisateur moyen (sur la plateforme plusieurs fois par jour) est deux fois moins susceptible que les autres d’exprimer ses idées s’il suppose que ses amis Facebook ne sont pas du même avis que lui.
La prise de parole est donc encore conditionnée par l’opinion de l’autre mais surtout l’adhésion majoritaire au message transmis. Ce qu’on pourrait appeler, dans une certaine mesure, la dictature du like, du RT, je pense donc tu me suis, etc. Pourtant l’étude ne précise pas pourquoi ils décident de ne pas s’exprimer. Dans la « spirale du silence » c’est généralement la peur de l’isolement, mais aussi la peur de décevoir son entourage ou de générer des disputes inutiles.
Résultat à nuancer puisque l’étude montre aussi que certaines personnes choisissent délibérément de s’exprimer quand bien même leur opinion serait minoritaire et ce pour différentes raisons : confiance en leur connaissance sur le sujet, intensité de leur opinion et niveau d’intérêt pour le sujet, notamment.
Pour plus d’informations sur le sujet, l’intégralité de l’étude : Social media and the « spiral of silence »
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