Eliott Savy@Consilliumlol Jun 29
Bon aujourd'hui, truc qui me tient à cœur… petit thread sur mon expérience de la 2ème année et 3ème année en Science Po à l'université #Lyon2.
Vous allez pouvoir voir qu'il n'y a pas qu'à Paris que des choses assez "spéciales" se passent…
J'arrête tout de suite ceux qui vont me dire "Pourquoi tu ne l'as pas fait avant ?" pour simplement rappeler que bon j'étais étudiant dans cette UFR et qu'il est "facile" de me sanctionner d'une manière ou d'une autre pour mes prises de position…
Avant de commencer, il faut comprendre que cela va principalement concerner l'UFR ASSP de Lyon 2. Il ne s'agit pas d'attaquer les profs, mais de dénoncer des pratiques devenues banales au sein de cet UFR.
Pour rappel, l'Université Lumière Lyon 2 est une Université publique française qui se divise en deux campus, un sur les quais proches du Rhône (1/3 des étudiants) et un autre à Bron (2/3 des étudiants). L'Université est considérée comme "à gauche" politiquement.
Qu'est-ce que l'UFR ASSP ? C'est l'Unité de Formation et de Recherche d'Anthropologie, de Sociologie et de Science Politique. Ce sont eux qui gèrent les programmes, les recrutements… Et déjà, avant même de se pencher sur mes cours, on peut voir une certaine idéologie suinter…
Bien que le ridicule ne tue pas, nous voyons quand même le niveau… Et ce n'est pas tout, l'administration vous envoie des mails militants alors que c'est une université PUBLIQUE (neutralité tout ça…)
À cela s'ajoutent, bien entendu, des banalisations de cours à tout bout de champ dès qu'il y a un mouvement social et que des étudiants veulent se "mobiliser" sans être pénalisés par leur mobilisation… (Tant qu'à faire, hein…)
Vous pouvez donc voir que déjà, si l'administration ne nous incite pas directement à nous "mobiliser", elle nous facilite grandement la vie sur cette question… Ce qui est largement le rôle de l'université, vous en conviendrez, non ?
Mais maintenant, concentrons-nous sur le contenu de mes cours et de ma scolarité… Je vais principalement évoquer ici ma troisième année car ici, militantisme et "cours universitaire" sont allègrement mélangés sans que quiconque (à part quelques étudiants) ne s'en émeuve.
Je ne reviendrai pas ici sur TOUS mes cours, simplement ceux dont le contenu est problématique (et pas qu'un peu, vous allez voir). Je vais essayer de trier ça par cours pour une question de clarté… Commençons donc par mon cours de Politique comparée : les États Postcoloniaux
Cours de Politique comparée : les États Postcoloniaux
Bon, déjà, rien que le nom, pour celles et ceux qui connaissent un peu le vocabulaire des "post studies", ça doit vous parler… Ce cours, comme tout cours ce divise en TD (travaux dirigés) et en CM (cours magistraux). Néanmoins, les deux se complètent.
Durant ce cours, nous évoquerons de nombreuses choses, toujours sous une logique post-studies, et nous devons, en groupe, défendre un point de vue particulier sous forme "d'exposé". Première séance, on nous expose les différents thèmes que l'on va discuter en TD (voir photo).
Tous les screens ci-dessus viennent de mon syllabus concernant ce cours… Alors, si vous avez tout lu, vous avez pu voir que certains cours sont plus que problématiques, notamment la séance 11 en TD qui est sur "Le féminisme islamique".
Avant de se focaliser sur les lectures, regardons un peu le point de vue… C'est une citation de Lallab. Voyant cela, et étant pas mal investi personnellement sur la laïcité et sur ces thèmes-là, j'arrive à obtenir ce sujet pour mon groupe.
Maintenant, il s'agit de se focaliser sur la lecture OBLIGATOIRE qui pose problème et qu'on nous impose pour cette séance : Zahra Ali, "Féminisme islamiques", pages 39-54, soit le chapitre sur "Femmes musulmanes et oppression : lire la libération à partir du Coran".
Alors, pourquoi pas ? Il existe des études sur les faits religieux au sein de l'université française.
Mais le problème est qu’il s’agit d’une lecture… religieuse d’un texte religieux.
Je ne vais pas non plus parler du vocabulaire utilisé, les images parlent d'elles-mêmes…
Bref, ce texte n'est pas académique, religieux tout au mieux, mais c'est une lecture obligatoire. Et cela n'est pas tout, car il fallait par la suite, construire mon "point de vue" en groupe pour commenter cette citation de Lallab.
J'ai donc défendu un point de vue, un point de vue laïque sur la question, démontant en bloc toutes ses idées sur un "féminisme islamique", etc.
Chose que je n'aurais pas dû faire, la prof et une petite partie des élèves me sont tombés dessus comme jamais…
Essayant à tout prix de me contredire, en étant agressifs et j'en passe… Bref, je me doute que je ne vais pas avoir de bonne note pour ce "point de vue" (je ne l'ai pas connue d'ailleurs cette note)… Mais, j'avais pu défendre une autre position…
D'ailleurs, ce cours fut aussi montré du doigt par
@matthieuaron dans un article du Nouvel Obs en introduction
https://www.nouvelobs.com/societe/20181130.OBS6347/les-decoloniaux-a-l-assaut-des-universites.html
Cet article fut largement commenté dans ma fac y compris par les profs concernés pour "se défendre".
extrait de l'article :
"Le féminisme islamique". Sans point d'interrogation. Comme si les expressions "féminisme" et "islamique" pouvaient être accolées sans susciter la moindre controverse. Voilà sur quoi doivent plancher, à partir de cette semaine, les étudiants en sociologie et science politique de l'université Lyon-II dans le cadre d'un cours consacré aux "mouvements sociaux dans les Etats postcoloniaux".
A l'honneur lors de ces travaux dirigés, le livre de Zahra Ali "Féminismes islamiques" (éd. La Fabrique). Cette chercheuse à l'EHESS et à l'Institut français du Proche-Orient milite en faveur du port du foulard. Selon elle, le féminisme "bourgeois de Simone de Beauvoir" a été utilisé à "des fins coloniales, donc aujourd'hui postcoloniales et racistes". Elle en prône donc un nouveau, "attaché au texte sacré et à la tradition prophétique" et propose:
"une libération qui pose un tout autre rapport au corps […] marqué par des normes et par une défense du cadre familial hétérosexuel".
Zahra Ali. ©Oumma TV
Un vide académique
Cet enseignement délivré à Lyon constitue-t-il une exception ? Ou bien traduit-il l'influence grandissante des tenants de la pensée dite "décoloniale" au sein des facultés françaises ? Selon les postcolonial studies, courant venu du monde anglo-saxon et sud-américain, le "passif colonial" continuerait à structurer toutes nos institutions et représentations. Encore minoritaires dans le champ académique il y a dix ans, ces thèses semblent s'inviter de plus en plus à l'université.
... lire la suite.
Des étudiants "radicaux" de ma promo ont même voulu faire publier une tribune de soutien dans des journaux locaux, avec le soutien des profs face à cette "attaque" de l'Obs. Tribune qui a été soutenue aujourd'hui par 4 personnes (en rouge le nom du prof)…
Mais ce n'est pas tout, j'ai appris par la suite grâce à la bienveillance d'un professeur que "les profs parlent de toi, tu devrais faire attention". Mais à cette époque, ils n'ont pas la certitude que c'est moi qui ait "leak" les infos à @matthieuaron.
Bref, ce fut un épisode mouvementé… Mais ce n'est pas le seul cours dans ce cas là !
Parlons maintenant de "Mobilisation collective", un cours qui a une valeur pédagogique pour le moins douteuse… Mais où l'intersectionnalité est reine !
Cours de "Mobilisation collective"
Au milieu de certaines références académiques sur le sujet, il y a des textes beaucoup plus militants....
Bon, ce cours, est "marrant", le premier truc que l'on fait pendant ce premier cours, c'est de regarder les émeutes de Gènes de 2001 anti G8. Oui, c'est vrai que comme entrée en matière pour des mobilisations collectives, les émeutes c'est pas mal…
Bon, et durant ce cours, on va bien entendu bien plus insister sur la répression policière que le caractère violent des manifestants ! Tant qu'à faire...
Bon, passons à la séance 4, qui m'a bien fait rire, celui sur l'intersectionnalité ! Bah oui, jusqu'à présent on ne parlait pas vraiment de l'intersectionnalité (pourquoi faire hein ?), mais maintenant oui ! Avec l'extrait de Crenshaw comme base.
Bon, vu que cette séance est, comme d'habitude, à sens unique, j'essaye d'expliquer en quoi, le concept d'intersectionnalité n'est pas un bon concept, etc. Je me fais presque traiter de facho par quelques étudiants qui défendent ce concept sous le regard amusé de la chargée de TD.
Cette chargée de TD va défendre la notion de "réunion en non-mixité" en prenant exemple sur les syndicats du 19ème siècles composé uniquement d'hommes… Voilà voilà…
Ah, si, aussi l'intersectionnalité permet de démontrer le "racisme structurel de l'État" selon des étudiants…
Bon, on pourrait regarder en détail plus en détail ce cours, mais je pense que vous avez bien saisi l'esprit général et l'absence totale à la fois de contradiction (en dehors de mes remarques) et de pluralité de point de vue.
A ce stade, petite parenthèse dans ce thread.
Même si l'idéologie est omniprésente au sein de mon cursus universitaire, il se trouve que l'on peut se faire accuser de "biais idéologique" dans des dossiers que l'on rend. Oui oui, c'est pas une blague.
Bon, je pourrais ensuite vous parler des nombreux cours qui sont, à un moment, dominé par le prisme du genre ou de la race… Mais ça va faire beaucoup… Je vais juste laisser les screenshots des séances concernées (et qui concernent donc plusieurs cours différents)…
Enfin, s'il est un cours qui permette d'atteindre l'apogée de ce militantisme dans les cours, c'est bien le cours de "Science sociale d'aujourd'hui" qui est uniquement dispensé en CM (Cours Magistral).
Cours de "Science sociale d'aujourd'hui"
Bon, déjà, la prof fait de la promo pour Laurence de Cock et Mathilde Larrère, que l'on ne présente plus sur ce réseau, je me dis que l'on va pas s'ennuyer… Et je ne me suis pas trompé.
Donc le cours est divisé en 2 grandes parties, "Nouvelles controverses, nouveaux paradigmes" et "Partie 2 : Nouvelles controverses, nouveaux objets (De nouveaux territoires pour les sciences sociales).". Je m'attends au pire… Et ce fut vraiment "incroyable".
Déjà, dans l'intro, c'est pas mal, on en profite pour tacler tous les politiques qui nous déplaisent… (la copie d'écran vient de prise de note, désolé pour les fautes et la syntaxe).
On peut d’ailleurs remarquer que sur la phrase de Manuel Valls, il a fait plusieurs fois amende honorable sur cette phrase... Mais cela n'est pas mentionné par la prof.
Si globalement le première partie est relativement "soft" puisqu'elle est principalement descriptif, la seconde nécessite qu'on s'y attarde. Pour rappel, ce cours, "Science Sociale d'aujourd'hui", est un cours dispensé en CM sans TD et où on a un partiel à la fin de l'année.
Chapitre 1, on commence avec "- Le genre : un sujet de controverse dans l’espace public " où l'on parle de "l'invisibilisation des femmes" et "d'État patriarcal" et on évoque les "innovations" telles que "les réunions en non-mixités" ou la "radicalisation du répertoire d'action"