http://www.troisiemeguerremondiale.net/article-la-verite-sur-mahomet-rapporte-dans-les-hadiths-1-3-118548404.html
http://atheisme.org/hadiths.html
La vie et les propos de Mahomet rapportés par les hadiths
La Sunna et le hadîth
© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc
Bloch, Strasbourg
(Sur
la phénoménologie des Ecritures sacrées, voir ici )
La Sunna
Les deux
principales sources de la théologie islamique sont le Coran et la Sunna. Le
Coran est le recueil, de dimensions somme toute modestes (6235 versets), des
paroles que le Prophète a reçues en état de Révélation.
Cet état de Révélation est décrit plus loin en Bu 1.1.2 et 1.1.3b.. Les
propos qu'il a pu tenir en dehors des instants de Révélation, ainsi que les
témoignages sur les actes qu'il a pu accomplir dans sa vie publique ou privée
et les ratifications silencieuses (taqrîrât) de tel ou tel acte de sa
part, sont intégrés dans des récits qu'on appelle des hadith ("dit")
et dont l'ensemble forme la Sunna ("manière de vivre du Prophète").
Le fiqh
L'étude systématique du hadith à des fins éthiques et juridiques
s'appelle le fiqh ("scruter attentivement") et le
résultat en est la sharî`a ("fil
conducteur dans la vie").
La Sunna et le hadîth
La Sunna (encore appelée le hadith) est un immense corpus
littéraire qui s'est cristallisé au 3ème/9ème siècle après une longue période
d'élaboration sur laquelle nous ne savons que peu de choses. Il est né de la
nécessité historique de compléter le Coran ou de l'interpréter dans le cas où
il était silencieux ou incomplet. Prenons l'exemple de la prière. Le Coran
établit l'obligation générale de la prière (Coran 73.20, 20.14 etc.), sans
cependant en donner la liturgie. C'est précisément à la Sunna qu'il revient de
la donner: les formules à prononcer, les attitudes du corps, les ablutions, la
préparation mentale (niyya).) Mais il n'y a pas de hadith qui nous
indiquerait à lui tout seul la liturgie in extenso. On nous la
fournit pour ainsi dire par bribes.
Un compagnon témoigne qu'il a vu le Prophète commencer la prière par
telle ou telle formule (Bu 10.85.1), un autre qu'il la terminait par telle
autre (Bu 10.149.2), qu'il élevait les mains à telle hauteur pendant
l'invocation du début de la prière (Bu 10.85.1), qu'il procédait de telle
manière à l'enchaînement de la prière (Bu 10.95.3), que pendant les ablutions
il reniflait une, deux ou trois fois l'eau dans les narines (4.38.1).) Un
hadith, c'est un témoignage ponctuel sur la vie du Prophète, ou sur l'une de
ses paroles. C'est, en général, un texte fort bref de quelques lignes (3 à 10).
Il y a des hadiths d'une page ou plus, mais ils sont extrêmement rares (cf plus
loin 1.1.3a, 1.1.6).) Ce sont des unités textuelles minimales qui ressemblent
par certains traits aux logia néo-testamentaires.
Mais l'analogie a ses limites. Les logia sont reliés
entre eux par une trame chronologique. Les hadiths sont classés soit par
affinités ou par sujets (c'est le genre musannaf), soit par
traditeurs (c'est le genre musnad).
Quand il y a une trame
chronologique, on passe à un autre genre littéraire, la Sîra. La Sîra,
c'est la biographie théologique du Prophète, tout comme un Evangile, c'est la
biographie théologique de Jésus. Mais précisément pour l'islam, la Sîra n'est
pas canonique. Elles n'est pas considérée comme source de la théologie, de
l'éthique et du droit. Ce sont le Coran et la Sunna qui jouent ce rôle.
Autrement dit, et c'est là un premier sujet d'étonnement pour un
Occidental de tradition chrétienne, ce n'est pas la vie du Prophète dans son
ensemble, dans son déroulement historique qui est considérée comme
paradigmatique et normative, mais chacun de ses instants pris individuellement,
comme figé dans un plan photographique ou cinématographique. L'islam a une conception
atomistique du temps, et c'est chaque atome de la vie du Prophète qui est pour
le musulman paradigme et norme.
Alors qu'il n'y a qu'un seul Coran, il y a plusieurs recueils canoniques
de hadiths, qui se sont imposés petit à petit dans la communauté musulmane par
consensus, puisqu'il n'y a pas d'autorité dogmatique centrale en islam comme
dans le catholicisme.
Ces recueils sont au nombre de six pour le sunnisme et de quatre pour le
chiisme. Alors que sunnisme et chiisme reconnaissent le même Coran, ils
s'opposent sur des recueils de hadiths différents.) Ils se sont constitués au
9ème siècle.
Il s'agit pour le sunnisme de :
* Bukhârî (m. 256/870): al-Djâmi` as-Sahîh (en
abrégé Sahîh), 7397 hadiths dont 2762 différents ( il y a, en
effet, de nombreux doublets).
* Muslim (m. 261/875): al-Djâmi` as-Sahîh,
environ 4000 hadiths différents, beaucoup plus si on compte les doublets
* Abu Dâwûd (m.
275/889): Kitâb as-Sunan, 5273 hadiths
* Tirmidhî (m.
279:892): Kitâb al-Djâmi`, 3956 hadiths)
* Nasâ'i (m. 303/915): Kitâb
as-Sunan, environ 2800 hadiths.
* Ibn Mâdja (m.
273/886): Kitab as-Sunan: 4341 hadiths.)
Ce dernier recueil eut le plus de mal à s'imposer, puisque, par exemple,
Ibn Khaldûn (m. 808/1406) ne parle que de cinq livres et ne reconnaît donc pas
les Sunan d'Ibn Mâdja.
D'autres recueils jouissent également d'une très haute estime, et servent
aussi de fondement au fiqh, notamment le Kitâb al-Muwatta' de
Mâlik b. Anas (m. 179/795), manuel de l'école malékite, et le Musnad d'Ahmad
b. Hanbal (m. 241/855), ouvrage de base de l'ecole hanbalite, qui
est le plus volumineux de tous (28 000 à 29 000 hadiths).
Le Musnad classe
les hadiths par traditeurs. Il s'ouvre par la section des hadiths transmis par
Abû Bakr, puis continue par celles des hadiths transmis par `Umar, `Uthman,
`Ali, Talha b. `Ubayd Allah etc... Ce classement n'est guère
pratique. Si on veut consulter des traditions sur des sujets particuliers, il
faut lire des centaines de pages sans intérêt particulier avant de trouver ce
que l'on cherche. Aussi les Six Livres Canoniques sont-ils classés par sections
(kitâb) qui correspondent aux grandes divisions du fiqh. Celui de
Bukhârî en compte 97 (Voir liste plus bas ).
Tous ces ouvrages comme d'autres encore, notamment le Musnad de
Dârimi, sont des recueils de traditions, les plus anciens du monde islamique
qui nous soient parvenus. Le hadith s'y trouve pour ainsi dire à l'état brut.
Le Kitâb al-Umm de Shâfi`î (m. le dernier jour de radjab 204 /
20 janvier 820), ouvrage de base de l'école chaféite, n'est plus un recueil de
traditions, mais déjà un manuel de fiqh où les hadiths sont cités comme
arguments dans des raisonnements juridiques ou théologiques.
Quant à l'ecole
hanéfite, son fondateur Abû Hanîfa n'a pas laissé d'ouvrage écrit.
Il est à noter qu'aucun des Six Livres Canoniques n'est le livre de
référence privilégié d'un madhab (école théologico-juridique). Quant aux
ouvrages qui le sont (le Musnad d'Ibn Hanbal et
le Kitâb al-Muwatta' d'Anas b. Mâlik), ils ne sont
précisément pas canoniques.
Ajoutons à cela que le genre littéraire du recueil de hadiths ne
s'éteindra pas avec le 9ème s., il sera cultivé tout au long de l'histoire de
l'islam. Le 11ème s. verra notamment l'éclosion du volumineux (10 gros
volumes) Kitâb as-Sunan de Bayhaqî (m. 458/1066).) Tous ces
ouvrages fournissent la matière première de la charia, dont l'histoire est tout
aussi mal connue que celle du hadith (5)
Le monde mental du hadith
Le hadith est une composante absolument essentielle de la théologie
islamique : que l'on soit en théologie "dogmatique", en mystique, en
fiqh, chaque affirmation est fondée avec une régularité quasi automatique par
des citations coraniques et des citations de hadiths. Le hadith, peut-être plus
encore que le Coran, est la brique fondamentale de la théologie et de la
pensée islamiques. On trouvera donc non seulement des hadiths dans les recueils
de hadiths, mais dans tout ouvrage à caractère religieux : théologie
spéculative (kalâm), mystique (tasawwuf), éthique et droit
(fiqh), savoir-vivre (adab)... ).
La littérature du hadith est absolument déconcertante et déroutante
pour le lecteur occidental. Bien que touchant à tous les aspects de la vie,
elle apparaît au premier abord avec l'aspect rébarbatif dune littérature très
technique. Les hadiths sont classés par thèmes selon les grandes divisions du
fiqh et à l'intérieur de chaque section par chapitres (bâb), sans que la
logique des classements soit toujours évidente.) On a vu plus haut que les
hadiths ne présentent pas la vie du Prophète dans son développement
chronologique, naturel, historique, comme la Sîra par
exemple.
Chacun d'entre eux rapporte simplement un acte singulier du Prophète dans
sa vie quotidienne ou cite une parole de lui. La vie du Prophète y est donc
découpée en une myriade d'instants. Le Musnad d'Ibn Hanbal
contient ainsi 29 000 hadiths, c-à-d 29 000 instants de la vie quotidienne du
Prophète qui ont valeur paradigmatique pour la Communauté.
Chaque instant de la
vie du Prophète même dans ses activités les plus humbles et les plus intimes
(manger, aller au lit, relations sexuelles) a valeur paradigmatique, parce que
pour l'islam, la vie du Prophète s'est passée en totale conformité avec la
parole de Dieu et sa volonté. Chaque instant de la vie du Prophète pris un à un
est donc un vivant commentaire de la Parole divine. Il est comme la
cristallisation dans le domaine du visible et du charnel de la volonté
immatérielle de Dieu et cependant transcrite dans son Livre.) Ce qui veut dire
qu'il n'y a pour l'homme ordinaire aucun acte naturel, fût-il le plus anodin:
tout acte de la vie quotidienne doit être ordonné à la vie du Prophète, qui en
est le modèle idéal, pour être agréé de Dieu.) On touche ici du doigt une
réalité de l'histoire des religions.
Pour l'homme religieux (homo religiosus) des civilisations
pré-modernes, chaque instant a une potentialité religieuse, sacrale, à tel
point que dans les sociétés les plus archaïques, il n y a même pas de terme
pour désigner la religion, parce que la sphère du religieux et du profane s'y
entrecroisent à l'infini. Chaque activité a été inaugurée aux temps
premiers par telle divinité, ou enseignée aux hommes par tel héros civilisateur
à caractère divin.) On pourrait presque dire que la vie du Prophète ramène aux
temps premiers. Le Prophète n'a-t-il pas dit dans son discours d'adieu: wa
inna z-zamâna qadi stadâra ka hayâtihi yawma khalaqa Llâhu s-samawâti wa l-arda ("
Le temps a terminé son cycle et est comme le jour où Dieu a créé les
cieux et la terre ") ? ( Ibn Hishâm, Sîra, vol. IV, p. 275
).
Le Prophète fixe le modèle archétypal des activités
fondamentales de la vie, comme le héros civilisateur des religions archaïques.
Il s'agit ainsi de rendre le lecteur et l'auditeur contemporain des temps
inauguraux. En histoire des religions, le héros civilisateur se meut dans un
espace primordial, mythique . C'est ce qui se passe dans la tradition
islamique mutatis mutandis. La vie du Prophète y est sacralisée et
mythologisée. Elle se meut dans un espace-temps flottant non localisé très
vague. Il y a très peu de hadiths qui fournissent des indications historiques
ou géographiques précises sur le déroulement de l'action prophétique. Ainsi le
chapitre 4 de Bukhârî comporte-t-il 111 hadiths. Seuls 14 sur ces 111 hadiths
font allusion, et encore de manière très vague, à une localisation historique
ou géographique.
La finalité de la Sunna
Si on saisit la dimension archétypale et sacrale de la Sunna, on sera
aussi à même de lui faire justice de l'accusation de légalisme qu'on a souvent
porté à son encontre. La Sunna est plus et autre chose qu'un catalogue de
règles de comportement. Elle est le témoignage de ce que l'islam, comme toutes
les religions, prend au sérieux l'incarnation de l'homme. Chaque religion le
fait à sa manière, et nous essaierons de voir plus loin comment l'islam s'y
prend.
Pour l'islam, la foi s'inscrit dans l'homme tout entier, dans son
âme certes, mais pas uniquement; précisément parce que l'homme est un être
incarné, elle s'inscrit également dans le support, l'enveloppe de cette âme: le
corps, et dans ce dans quoi il s'exprime: la vie. Ce qui est en cause dans la
Sunna, c'est en effet la relation de l'homme à Dieu: il n'y a pas de relation à
Dieu sans que celle-ci n'en laisse des traces visibles dans la vie du corps
individuel, dans la vie du corps social, de la société et de la cité.
On s'est souvent aussi mépris sur le sens de la méticulosité avec
laquelle le Prophète, tel que nous le présente la Sunna, a réglementé les
expressions de la foi. Or, il ne s'agissait pas tout au moins au début de
"règlements". Le Prophète apparaissait simplement comme un "exemplum",
un paradigme, le Paradigme même de l'incarnation de la foi, et ses multiples
gestes comme un vivant commentaire du message qu'il avait été chargé de
transmettre. On parle aussi souvent du totalitarisme de l'islam. En réalité,
l'islam, tel qu'il apparaît à travers la Sunna, ne prétend pas imposer un
modèle, mais simplement baliser les moments importants de la vie. Entre ces
balises ou ces jalons restent de larges espaces libres, grâce auxquels durant
de longs siècles l'islam a pu manifester son adaptation aux exigences du temps,
et qui lui ont permis d'assurer son extension et sa pérennité sur trois des
cinq continents . On peut évidemment se poser légitimement la question: ces
espaces de liberté sont-ils suffisants pour que l'islam puisse faire face aux
exigences du monde contemporain ? Ou devra-t-il procéder à une réévaluation de
ses sources ? La Sunna s'est cristallisée à la fin du 9ème s., à
une époque fort troublée: crise du califat et avènement des Bouyides (861-945),
où il s'agissait de mettre en place des repères solides face à la montée de
mouvements toujours plus aberrants les uns que les autres , afin de préserver
les chances dune réunification future de la Communauté (Voir Henri
LAOUST, Les schismes dans l'islam, p. 123ss ..) ----->
Sunna et hadîth Le Sahîh de Bukhârî Le Sahîh en tant
qu'ouvrage de théologie Biographie de Bukhârî Amour du Prophète et amour du
prochain selon le Livre de la Foi
* Point de vue
sur l'actualité L'image en islam * Islam contemporain Questions disputées dans
l'islam: voile, djihad, polygamie, tolérance
Arabie antéislamique: géographie de l'Arabie, organisation
sociale, situation
religieuse (la
religion arabe traditionnelle, Juifs et Chrétiens)
Vie de Mohammed: Mohammed à La Mecque,
( Jeunesse Vocation Message initial Oppositions
et ruptures Ascension ), Mohammed à Médine ( Installation à Médine Politique à l'égard des
Juifs Politique
à l'égard des Mecquois La fin ) Epouses et concubines du
Prophète
La théologie musulmane: le Dieu unique (les 99 noms de
Dieu, le
monothéisme, Dieu
créateur), les
anges, les
prophètes, l'eschatologie
Soufisme: bibliographie introduction, les confréries, l'initiation, la voie mystique, Makkî et Ghazâlî, Hallâdj, Sohravardi
Les hadîths sont des recueils des actes et paroles attribués au Prophète Mohammad et à ses compagnons, rapportés par une chaîne de disciples appelée isnâd, et pouvant servir de modèle de comportement et de relations entre les individus ou entre les groupes.
Rédigés au moins 150 ans après la mort de Mohammad, leur authenticité est évaluée selon le degré de fiabilité des transmetteurs, depuis les témoins les plus directs jusqu’aux chaînons les plus faibles, donnant des paroles forgées ou apocryphes.
Chaque hadîth comprend ainsi deux parties : d’abord la liste de tous ceux qui rapportent le propos et se portent garants de leurs véracité, pour qu’à travers cette chaîne on puisse remonter à l’un des compagnons du Prophète ; ensuite le texte lui-même, authentifié lorsque la série est avérée.
Avec le Coran, les hadîths forment la Sunnat al-Nabi ou « tradition du Prophète », plus communément appelée Sunna, et représentent chez les musulmans sunnites (qui en tirent leur nom) une source de droit secondaire ; elle est beaucoup moins importante pour les chiites.
Le premier recueil, celui du perse Al Boukhari (810-870) est commun à la fois aux Sunnites et aux Chiites. Les suivants diffèrent : cinq autres pour les Sunnites, trois pour les Chiites, rapportant principalement les dits des imams de la lignée de ‘Ali, gendre et cousin du Prophète, et de son épouse Fatima.
Sources : Antoine Sfeir, L’islam en 50 clés, Bayard Éditions, 2006, 156 p.
Antoine Sfeir (dir.), Dictionnaire du Moyen-Orient, Bayard Éditions, 2011, 964 p.