mercredi 12 décembre 2018

Islamisme et politique 13.12.2018

Daniel Conversano
Enorme fan des interviews après attentats :
"J'comprends pas, il était normal, gentil, il lisait juste le Coran toute la journée"

Sourate 2. 191 - "Tuez tous les associateurs (les non-musulmans), où que vous les rencontriez"

Tu lis ça tous les jours mais t'es très gentil, hein.

N. Dupont-Aignan
Attaque de Strasbourg : je demande qu'on arrête avec le laxisme judiciaire. On ne peut plus se satisfaire du blabla post attentat. Des #giletsjaunes peuvent être arrêtés préventivement et un #fichéS qui a eu 27 condamnations et qui fréquente les milieux islamistes non ?
https://twitter.com/dupontaignan/status/1072879617554432001


Alexandre Devecchio
« Pour les islamistes, la fête de Noël qui approche est impie». À lire dans @Le_Figaro demain matin, le décryptage sans concession de @KepelGilles
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/12/12/31003-20181212ARTFIG00287-gilles-kepel-pour-les-islamistes-la-fete-de-noel-qui-approche-est-impie.php

 🐷 IHDF  🔵  ⚪ 🔴@Pixkanaka64
Inquiétant : l’ancien juge antiterroriste Trevidic met en garde sur les futures libérations simultanées de 450 djihadistes
https://www.lemondejuif.info/2018/12/inquietant-lancien-juge-antiterroriste-trevidic-met-en-garde-sur-les-futures-liberations-simultanees-de-450-djihadistes

h2brgrd ن
On peut, bien-sûr, se navrer du complotisme et faire des tweets pour le condamner très fort, que plein de gens instruits likeront.
On peut aussi se demander humblement d’où est venue cette défiance populaire pour l’info traditionnelle et comment recréer de la confiance.

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 Valérie Boyer et 2 autres ont aimé

Guillaume Peltier
.@laurentwauquiez a raison : appliquons le principe de précaution face au terrorisme. Expulsons les étrangers fichés S & plaçons en rétention de sûreté les Français fichés les plus dangereux. En 2016, 92000 internements psychiatriques sous contrainte. C’est donc possible.

PatrickCroquet matricule 13402
Il y a de pays où le Gouvernement est »NORMAL » Pas comme ds  notre Ripoublique 😂#macrondehors  @corte_marie @castafiore31 @FranceIZA @rayallenn34 @antiMacron22 @EnModeMacaron @Eric13287047 @AneSucre @VesztergombiA @SJallamion @CorseLoic @tropical_boy @Tsipora777 @ValskaCLT

Ze Vincent Benard
27 condamnations à 29 ans ???? !!!!

MAIS QUE FAISAIT IL DEHORS ?

#ToutLeMondeADroitAUne28eChanceSaufLesVictimes

 🐞@berenice3_15
 14 hil y a 14 heures
Plus  🐞 a retweeté Ze Vincent Benard
On va te répondre que :
- la prison n’est pas une solution
- qu’il faut laisser une 28e chance
- qu’au contraire la prison radicalise encore plus
- qu’on ne peut pas les laisser enfermer à vie
- qu’il a purgé sa peine
- qu’il faut pardonner
- qu’il était sous surveillance

DÉMOSTHÈNE : « MACRON EST DÉSORMAIS PERÇU PAR BEAUCOUP COMME UN PERVERS MANIPULATEUR »
https://lemediapresse.fr/idees/demosthene-macron-est-desormais-percu-par-beaucoup-comme-un-pervers-manipulateur/

DÉMOSTHÈNE : « MACRON EST DÉSORMAIS PERÇU PAR BEAUCOUP COMME UN PERVERS MANIPULATEUR »

Opération antiterroriste en cours dans l'Aude, neuf mois après les attaques de Trèbes et Carcassonne
Attentats de Trèbes et Carcassonne
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Le terroriste Redouane Lakdim avait été abattu dans le Super U de Trèbes./ Photo DDM archives
Le terroriste Redouane Lakdim avait été abattu dans le Super U de Trèbes./ Photo DDM archives
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Neuf mois après les attaques terroristes de Trèbes et Carcassonne, une opération  antiterroriste est en cours ce mardi matin dans l'Aude. Elle est menée par des policiers de la DGSI et la Direction générale de la police judiciaire, pilotée par des juges d'instruction parisiens.

Les policiers ont interpellé plusieurs personnes dans l'entourage de Redouane Lakdim, le terroriste abattu par le GIGN dans le Super U de Trèbes, après son parcours sanglant entre Carassonne et Trèbes. Le colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame avait été abattu dans le supermarché le 23 mars 2018. Au moins deux suspects ont été placés en garde à vue selon nos confrères de Midi-Libre, des perquisitions sont en cours et des auditions ont débuté.


Une précédente opération antiterroriste avait eu lieu chez des proches du terroriste le 16 octobre dernier dans l'Aude, l'Hérault et les Bouches-du-Rhône. Trois suspects avaient été mis en examen pour association de malfaiteurs terroristes. Ils ont été écroués.















































































































DÉMOSTHÈNE : « MACRON EST DÉSORMAIS PERÇU PAR BEAUCOUP COMME UN PERVERS MANIPULATEUR »
Posted by Kévin Boucaud-Victoire | 5 Déc 2018 | Idées | 4

Démosthène : « Macron est désormais perçu par beaucoup comme un pervers manipulateur »
Anonyme, « bien introduit dans les différents cercles de la macronie », selon ses propres mots, Démosthène est l’auteur du Code Jupiter : Philosophie de la ruse et de la démesure, qui vient de paraître aux Éditions des Équateurs. Il y dissèque la philosophie de Macron, libérale et machiavélique. Il revient avec nous sur son pamphlet.

« J’ai écrit ce petit pamphlet parce que je désire expliciter ce “nouveau monde”, son mystérieux projet dont les réformes en cours, nombreuses, ne laissent entrevoir que la pointe de l’Iceberg », nous avertit Démosthène dans son avant-propos. Celui qui se perçoit comme un « ethnologue qui a réussi à pénétrer une tribu très exotique, aux mœurs inconnues, et à s’y fondre », propose une analyse à la fois inédite et novatrice « de la start-up Macron ». Pour Démosthène – qui emprunte son pseudonyme à « cet Athénien qui bégayait beaucoup et devint pourtant à force d’obstination le plus brillant orateur de l’Antiquité » –, la philosophie du président s’inspire (parfois mal) de cinq penseurs : Descartes, Machiavel, Mandeville, Hegel et Ricœur. Le premier est « le philosophe organique » du capitalisme pré-industriel. Du second, il retient que le pouvoir a le devoir de cacher ses objectifs pour réussir. Comme le troisième, il estime que « les vices privés font la vertu publique » et donc que « seul le capitalisme, parce qu’il est amoral, peut sauver le monde. » Macron utilise un Hegel « radicalement dé-marxi-sé » pour justifier la domination des classes possédantes. Enfin, il reprend de Paul Ricœur, dont il s’est présenté comme le disciple, le « en même temps » qu’il a rendu célèbre.

Le Média : Selon vous, ce qui apparaît souvent comme des dérapages (« ceux qui aiment foutre le bordel », « cyniques », « ceux qui ne sont rien et heureux de l’être », « chômeurs multirécidivistes du refus d’embauche », etc.) n’en sont pas. Macron invente une « classe dangereuse » afin de « constituer deux classes se regardant en chiens de faïence ». Les gilets jaunes prouvent-ils que cette stratégie se retourne contre lui ? A-t-il creusé sa propre tombe ?



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Démosthène : Pour comprendre ces saillies de Macron, il faut en revenir à Mandeville (1670-1733) que Hayek, chef de file de l’école néo-libérale, présentait comme un « master mind » ― c’est vous dire l’importance de ce penseur mal connu du grand public, mais extrêmement apprécié dans la mouvance néo-libérale. Ces deux traits sont d’ailleurs complémentaires : c’est parce que Mandeville dit tout sans aucune circonlocution morale sur les mécanismes de l’appropriation privée qu’il faut le cacher au grand public. Mandeville est ainsi l’inventeur d’un redoutable art de gouverner fondé sur un habile dosage de la flatterie et du blâme. Cet art se présente comme une réponse à la question politique centrale : comment faire vivre les hommes ensemble sachant qu’ils sont égoïstes et que la contrainte n’est pas suffisante pour les soumettre ? Réponse de Mandeville : pour qu’ils consentent à obéir aux lois, il faut ― rançon de leur égoïsme ― les payer. Mais, comme ils sont nombreux et qu’il n’y aurait jamais assez d’argent pour tous les rémunérer, il faut les dédommager avec une monnaie… qui ne coûte rien ― sinon un peu de vent. C’est en effet en parole qu’on peut les payer, avec des flatteries célébrant l’étendue de leur entendement, leur merveilleux désintéressement personnel, leur noble souci de la chose publique et donc l’élévation de leurs âmes. Cette façon de circonvenir les hommes constitue, selon Mandeville, l’essence du Politique, le cœur de l’économie politique. Cette politique de la flatterie, menée par des politiques rusés est pour lui la seule susceptible de pouvoir faire vivre les hommes ensemble. On peut la mettre en œuvre en agissant sur deux leviers. D’une part, on désignera une classe d’individus dangereux constituée de « ceux qui aiment foutre le bordel », des « cyniques, » de « ceux qui ne sont rien et heureux de l’être », des « chômeurs multirécidivistes du refus d’embauche », des « pauvres qui coutent un pognon dingue » et autres amabilités. D’autre part, le fait de désigner à la vindicte publique cette basse classe d’irréductibles permet de poser en regard une large classe toute en dignité composée d’êtres travailleurs et obéissants à qui l’on dira qu’ils ont réussi là où les autres ont failli, ce qui permettra de les ériger en individus modèles capables de se modérer et de prendre autrui en considération. Le but, c’est non seulement de créer deux classes imaginaires opposées stabilisant le champ social, mais c’est aussi et surtout de donner libre cours à une troisième classe tirant les ficelles de l’ensemble. Cette troisième classe se caractérise de faire semblant d’obéir à la loi dans un double but : profiter du prestige des vertueux et, surtout, tenir tout le monde tranquille afin d’en tirer tous les bénéfices possibles. Nous sommes là au cœur de la politique du Capital qui intéresse aujourd’hui beaucoup le capitalisme financier d’où vient Macron.
Or, pour mettre en œuvre cette politique, on peut être habile, semi-habile ou maladroit. Et Macron fut maladroit. Il l’a été en flattant beaucoup les « premiers de cordées » et, dans sa fougue maladroite, il l’a été en cédant beaucoup aux délices de la stigmatisation de ceux qu’il aurait dû s’employer à faire tomber dans le panneau de la vertu. À un point tel que certains « vertueux » se sont sentis visés et se sont logiquement retournés contre lui. Comme ces derniers ont voulu que cela se sache et se voie, ils se sont revêtus d’un « gilet jaune » phosphorescent. On peut le dire autrement : le « Mozart de la finance » est un piètre politique !

Macron s’est rendu compte de ses maladresses un peu tard et s’est alors mis à faire des démonstrations de flatterie compassionnelle. C’est apparu clairement lors de son voyage aux Antilles lorsqu’à Saint Martin, il a serré dans ses bras ces jeunes gens noirs au torse nu qui venaient d’avouer être des braqueurs… Cette démonstration compassionnelle était aussi le but de son « itinérance mémorielle »… qui s’est transformée pour lui en un véritable chemin de croix.

Ce jeune président prétentieux et sans expérience politique paie donc aujourd’hui très cher les maladresses de son début de règne : au lieu d’avoir réussi à dominer en opposant les « vertueux » et les « dangereux », il apparaît désormais comme appartenant à cette troisième classe cynique composée de ceux qui tirent les ficelles en simulant l’abnégation et dissimulant leurs désirs insatiables, ces « premiers de cordée » dont Carlos Ghosn fournit l’archétype. Macron est désormais perçu par beaucoup comme un pervers manipulateur. Et il est si désemparé qu’il ne trouve rien de mieux que de persévérer : dans sa compassion nouvelle, il avait prévenu les « gilets jaunes » des tentatives de récupération qui les menaçaient, or c’est lui qui aujourd’hui apparaît comme courant derrière eux pour démontrer son écoute et son empathie, mais sans rien vouloir changer à sa politique de défense des « premiers de cordée ». C’est voué à l’échec. Et nul ne sait aujourd’hui où ce mouvement s’arrêtera. Il suffirait que les lycéens, puis les étudiants entrent en scène pour que…

Vous relevez que Macron se voit en personnage balzacien. Est-il plus Eugène de Rastignac, jeune loup aux dents longues, Lucien de Rubempré, poète épris de gloire, ou le baron Frédéric de Nucingen, financier impitoyable ?

Il participe des trois. Ce qu’il a avoué sans ambages dans Révolution, son livre sorti au moment de la campagne qu’il « était porté par l’ambition dévorante des jeunes loups de Balzac » (p. 24). La particularité de Macron est qu’il a vu dans la finance le champ de bataille adéquat permettant à son lyrisme romanesque de conquête du monde, de recherche de pouvoirs hors norme et de gloire de se réaliser. Il connaît bien les théories de l’identité narrative de Ricœur et c’est manifestement à ces personnages balzaciens qu’il a référé son identité, composée d’une improbable alliance du roman, de la finance et du politique.

En faisant de Macron un héritier de Machiavel, Mandeville, Hegel, Descartes et Ricoeur, ne rétablissez-vous pas la fable médiatique du « président-philosophe » déconstruit avec brio par Harold Bernat dans Le néant et la politique : Critique de l’avènement Macron (L’échappée, 2017) ?

Oui, cette histoire de « président-philosophe » est une fable. Dans son entretien à la NRF, il disait avoir fait beaucoup de philosophie. Or, à regarder de près sa biographie, ce « beaucoup » se limite à trois ou quatre ans, ses années à Nanterre, notamment avec Étienne Balibar… qui ne se souvient pas de lui, et sa rencontre avec Ricœur. Cela ne l’empêche pas de se prendre pour un grand philosophe. Se disant que, si un penseur aussi brillant que lui avait échoué par deux fois au concours de Normale Sup., cela ne pouvait avoir qu’une explication : les vieux professeurs qui ont corrigé ses épreuves n’ont pas su reconnaître son génie novateur. Que lui restait-il alors à faire ? Sinon à prouver cette explication. Ce qu’il a fait en tentant d’inventer une philosophie alternative. Et plus précisément une philosophie politique alternative où, comme j’essaie de le montrer dans ce livre, quelques idées iconoclastes côtoient de franches absurdités quand ce n’est pas des monstruosités ― bref, il veut oublier (et faire oublier) son échec à Normale Sup.

Du coup, il révise Machiavel en ne retenant que Le Prince alors que ce texte n’a de sens qu’en tant que complément des Discours sur la première décade de Tite-Live, écrits peu avant, qui font clairement l’éloge du régime républicain privilégiant le bien commun. Il voit dans Mandeville une recette pour gouverner et, du coup, il applique mal son art retors de gouverner ― une chance pour nous. Il enrôle Descartes au service du développement du capitalisme. Contre l’héritage du hégélianisme de gauche, il réhabilite un Hegel de droite, apologète du Maître contre l’Esclave et gardien de l’Esprit absolu qui triomphera avec lui à la fin de l’histoire. Quant à Ricœur, il ne retient que la division du sujet entre mêmeté (ce que le sujet a d’immuable dans la durée) et ipséité (ce qui renvoie à l’action instantanée dans ce qu’elle a d’unique). De sorte qu’autrui (dont Ricœur parle beaucoup) disparaît purement et simplement au profit d’une duplicité interne du soi, jouant de sa division entre mêmeté et ipséité ― ce qui fait alors apparaître Macron comme un personnage essentiellement intéressé à tisser sa propre légende.

Vous présentez Macron en prince machiavélien, qui pilote le capitalisme. Ce dernier n’est-il pas plutôt un « processus sans sujet », qui remplace le « gouvernement des hommes » par « l’administration des choses » (Saint-Simon) ?

Ce sont des théoriciens critiques du capitalisme qui, le plus souvent, présentent ce régime comme un « processus sans sujet ». C’est vrai vu de loin lorsqu’on pose un « système » qui régit tout en fonction d’une finalité donnée : le profit maximal. Or, vu de près, c’est moins vrai. Lorsque vous entrez dans ce « système », vous vous apercevez qu’il doit sans cesse intégrer des données nouvelles (par exemple, des branches de production ou des produits qu’il faut abandonner et d’autres qu’il faut développer). Ce qui suppose de faire des choix entre des propositions différentes, émanant d' »acteurs » différents). Bref, les apologètes du capitalisme savent que le capitalisme est à la merci d’inventions et de réinventions (contingentes, faites par des acteurs ou des sujets) qui lui permettent, ou non, de se renouveler. C’est ce qui est arrivé avec Trump dont l’élection était tout sauf prévue. Ce qui survient avec lui procède du surgissement d’un sujet qui a réussi à ériger une forme nationale du capitalisme que l’ont croyait finie, le « national capitalisme », allant contre le capitalisme mondialisant. Macron aimerait justement se poser comme sujet ou héraut de cette forme mondialisante ― ce qui, pour lui, suppose qu’elle se renouvelle complètement. Pour ma part, je ne connais pas l’issue de cette lutte entre ces deux formes de capitalisme. Ni d’ailleurs, les aspects (politiques, économiques, voire militaires…) que pourraient prendre cette lutte. C’est pourquoi d’ailleurs, je tiens en suspicion cette expression d’ « administration des choses » qui laisse croire à un système capitaliste « pépère » qui tournerait et s’autorégulerait tout seul. Je préfère parler au propos du capitalisme d’un « gouvernement par les nombres », sachant que les seuls nombres qui intéressent le capitalisme sont ceux qui permettent la performance optimale. Or, comme je viens de l’indiquer, il existe au moins deux propositions contraires prétendant assurer la performance optimale dans le capitalisme actuel.

Vous faites de Macron le président des 0,1 %. Pourtant, cette base semble trop étroite pour faire élire un président. Sa victoire n’est-elle pas plutôt le résultat des classes supérieures, qui ont intérêt au maintien du capitalisme, même quand elles n’appartiennent pas aux possédants ?

Dire « Macron est le président des 0,1 % » relève du registre économico-social.

Dire « Macron a été élu Président de la République française en 2017 » relève du registre politique.

Les deux propositions sont vraies. Le seul problème est qu’on ne sait pas passer de l’une à l’autre. Comment, en d’autres termes, le « président des 0,1 % » a pu devenir le « Président de tous les Français », selon la formule consacrée. Or, c’est justement pour expliquer cette énigme que j’ai écrit ce livre. Dont le sous-titre n’a pas pu vous échapper : « Philosophie de la ruse et de la démesure ». Je veux dire que c’est par ruse que le président des 0,1 % a pu devenir le Président de tous les Français. Une ruse dûment montée et orchestrée, avec un brio certain. En ce domaine, les talents du Président sont indéniables. Par là, je veux dire aux « innocents », qui croiraient encore que la politique est le lieu d’un débat démocratique au terme duquel chacun se prononce en son âme et conscience citoyenne en déposant son bulletin dans l’urne, qu’il est temps de se réveiller ― c’est d’ailleurs ce qu’ils font. La politique est un spectacle tel que ce qui est faux peut être dit vrai et vice-versa. Mon livre doit être perçu comme une tentative de renversement du spectacle puisque j’en révèle les coulisses et les trucs (à entendre au sens originel du terme : un dispositif scénique destiné à créer une illusion). Or, ces ruses, ces montages, ces coups tordus, Macron en est justement devenu le grand spécialiste lorsqu’il exerçait à la banque d’affaires Rothschild & Cie, comme spécialiste des fusions-acquisitions. Une fonction qu’Alain Minc décrit ainsi : « Un banquier d’affaires doit être intelligent, souple, rapide, et s’il peut être en plus charmant (parce que c’est quand même un métier de pute…), c’est une qualité. [Macron] les avait toutes et il a merveilleusement réussi ». Ce à quoi, son patron d’alors, François Henrot ajoutait : « Il [Macron] a été pour moi la révélation immédiate ! Ce jeune trentenaire n’avait pas seulement des capacités intellectuelles extraordinaires ! Je lui ai dit : “Considère que tu es fait associé dans cette maison !” Là, on apprend vraiment l’art de la négociation, (…) et, d’une certaine façon aussi, des techniques de… comment j’allais dire… pas de manipulation de l’opinion, mais de… un petit peu ». En fait, c’est « un petit peu, beaucoup », car la dernière campagne des présidentielles fut saturée de coups (la construction du produit « Macron », son extraordinaire levée de fonds et le soutien enthousiaste de la grande presse, l’incapacité de Hollande de se représenter, le torpillage de la candidature Fillon…). Soyons clair : je ne crie pas au complot, je dis seulement qu’il faut étudier sérieusement les techniques de manipulation, autant anciennes que nouvelles, qui hypothèquent gravement le fonctionnement démocratique. Je tente dans ce livre d’en isoler quelques-unes et de montrer comment les Maîtres (ou ceux qui se croient tels) les utilisent sciemment pour perpétuer leur domination en les justifiant par des constructions philosophiques très élaborées.

Macron apparaît souvent comme un libéral sur tous les plans, économique, politique et culturel, héritier du « libéralisme-libertaire » post-soixante-huitard. Sa politique migratoire, sa volonté de mettre au pas la presse ou l’affaire Benalla ne révèlent pas plutôt un personnage autoritaire ?

Ce que vous relevez à juste titre indique qu’on ne comprend pas bien le positionnement de Macron par rapport au néo-libéralisme. Cela tient à ce que, en France, on croit que le néo-libéralisme signifie obligatoirement un État réduit aux fonctions régaliennes, se débarrassant des services publics et de la redistribution pour les remplacer par un « laissez-faire » économique faisant la part belle aux intérêts privés. Ceci est vrai à propos de Macron, sauf qu’il ajoute à cette couche libérale-libertaire ou anarcho-capitaliste une couche venue du second courant du néo-libéralisme. Je veux parler de l’ordo-libéralisme qui ressortit beaucoup moins de l’école de Chicago que du libéralisme allemand, né de l’opposition au nazisme et au communisme. Cet ordo-libéralisme assigne à l’État la mission de créer un cadre normatif permettant la concurrence libre et non faussée partout, aussi bien entre les entreprises qu’entre les individus. Macron en ce sens ne veut pas moins d’État comme dans l’ultralibéralisme, mais un État reconstruit autrement, avec moins de corps intermédiaires et plus de présence directe des forces économiques vives. C’est ce qui donne à la politique de Macron sa coloration autoritaire. La visée, c’est la mise en place partout du crédo entrepreneurial de la compétition et de la concurrence. En bref, Macron veut mettre tous les acteurs (entreprises et individus) en concurrence permanente. Toutes les réformes prévues dans tous les secteurs reposent sur ce principe. Toujours et partout, il va donc falloir faire ses preuves pour montrer qu’on est le meilleur ou alors consentir au déclassement et à la paupérisation. Mais est-ce que la plupart des Français sont prêts à consentir à cet horizon harassant ? Est-ce qu’ils sont prêts à en finir avec les différentes formes de solidarité et à ne miser que sur leurs passions égoïstes ? Pas sûr…

Légende : Emmanuel Macron à Versailles, le 29 mai 2017

Crédits : Wikimedia Commons



La reculade de Macron pour étouffer les gilets jaunes

En annonçant des gestes sur la CSG des retraités et les revenus des salariés payés au Smic, Emmanuel Macron n'opère pas de "virage social". Sa stratégie consiste à donner l'impression qu'il donne satisfaction aux gilets jaunes, alors que son discours ne leur est pas destiné : c'est à l'opinion qu'il s'adresse, pour contourner le mouvement.

Ils n'attendaient qu'une vaguelette pour crier à la fin des gilets jaunes. Dans la foulée du discours d'Emmanuel Macron ce lundi 10 décembre, membres du gouvernement, députés LREM et éditorialistes bienveillants ont défilé dans les médias pour applaudir à tout rompre les annonces présidentielles : un "geste extrêmement important" pour le ministre de la Transition écologique François de Rugy, une "accélération sur la trajectoire de justice sociale" d'après l'élue Aurore Bergé. Le journaliste d'Europe 1 Jean-Michel Aphatie a même prévenu : "S'il y a un acte 5 des gilets jaunes, il faudra en expliquer sérieusement la raison". L'intervieweur politique vedette résumant - sans doute malgré lui - l'objectif manifeste de l'intervention du président de la République : donner l'illusion d'avoir accédé aux demandes principales des gilets jaunes, afin de délégitimer leur contestation aux yeux de ceux qui, de sondage en sondage, la soutiennent sans y prendre une part active.

jean-michel aphatie

@jmaphatie
 Le ton, le contenu, les propositions: @EmmanuelMacron a réussi l’intervention qu’il ne pouvait pas manquer. S’il y a un acte V des #giletsjaunes ilnfaudra en expliquer sérieusement la raison

7,199
8:13 PM - Dec 10, 2018

MACRON GARDE LE CAP LIBÉRAL
En réalité, si l'on se penche d'un peu plus près sur la batterie des annonces présidentielles, difficile d'y déceler une quelconque reculade. L'augmentation de cent euros du revenu des smicards ? Il s'agit en fait d'une hausse de la prime d'activité, déjà prévue sur trois ans, simplement avancée à janvier 2019 pour faire face aux demandes pressantes d'augmentation du pouvoir d'achat. Le choix de ce levier, plutôt qu'une revalorisation du Smic, est révélateur de l'inflexibilité idéologique du chef de l'Etat : augmenter la prime d'activité permet de ne créer aucun droit supplémentaire, ni pour la retraite ni pour l'assurance-chômage, mais aussi d'éviter que la hausse ne se propage aux niveaux supérieurs de rémunération. La progression généralisée des salaires, réclamée par les gilets jaunes, reste aux yeux du président une menace pour la compétitivité du pays.

Autre aspect bien pratique, pour le gouvernement, de la prime d'activité : elle évite de faire payer aux entreprises le coup de pouce donné aux smicards. A la place, l'exécutif choisit de creuser temporairement le déficit public… mais promet de tailler à l'avenir dans les dépenses de l'Etat pour compenser les dépenses supplémentaires. La logique libérale, promue depuis le début du quinquennat, est donc toujours en vigueur. Elle s'illustre également dans le caractère non contraignant de la prime de fin d'année demandée aux entreprises. Quant à l'impôt sur la fortune (ISF) et la flat tax, principales mesures d'allègement de la fiscalité sur le capital mises en place par Emmanuel Macron et qui nourrissent la colère des gilets jaunes, le président a été clair : il ne reviendra pas dessus, jugeant qu'un retour en arrière "nous affaiblirait". Quant aux réformes prévues en 2019, toutes à tonalité libérale - Etat, indemnisation du chômage, retraites -, elles restent à l'ordre du jour.

Même si certaines de leurs demandes (comme la défiscalisation des heures supplémentaires) ont été prises en compte, on est donc bien loin du changement de cap dont rêvaient les gilets jaunes. Et c'est logique. Examiner la liste des revendications du mouvement, c'est contempler un miroir montrant l'exact inverse de la politique toujours prônée par Emmanuel Macron. Augmenter le Smic et les retraites, instaurer un salaire maximum, rétablir l'ISF, supprimer la flat tax, amplifier la participation de l'Etat dans l'économie, développer les services publics, imposer davantage les plus riches : pour le président, appliquer ces mesures constituerait un reniement complet de ses orientations idéologiques. Cela l'obligerait en plus à remettre en question les traités de l'Union européenne et à engager un bras de fer avec la Commission… à mille lieux du rôle de sauveur libéral de la construction européenne qu'il aime tant endosser.

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CONFLIT POLITIQUE… ET LUTTE DE CLASSES
Entre les demandes des gilets jaunes et le projet du chef de l'Etat, il ne semble guère y avoir de réconciliation possible. Les diverses enquêtes menées révèlent que la revendication numéro un des gilets jaunes est l'amélioration de la justice sociale via une redistribution plus grande des richesses, ainsi que la restauration des services publics. Quand dans le même temps, Emmanuel Macron a fait de la défiscalisation du capital et de la baisse des impôts des plus fortunés la pierre angulaire de sa politique visant à restaurer "l'attractivité" du pays auprès des investisseurs… Nés de la hausse des taxes sur le carburant, les gilets jaunes ne se battent pas pour obtenir satisfaction sur quelques revendications précises : ils portent un projet de société alternatif, non soluble dans le macronisme.

Serge Escalé
@Serge_Escale
 Un graphique très intéressant du Monde (octobre 2018) Sans conteste, oui, #Macron est le Président des très riches Noter l'augmentation des revenus des 1% le plus riches, la paupérisation des pauvres et la stagnation des classes moyennes aux portes du déclassement #GiletsJaunes

Cette opposition idéologique se double d'un contraste sociologique marqué. Les gilets jaunes, ainsi que les citoyens qui les soutiennent, appartiennent très majoritairement aux classes populaires et à la petite classe moyenne : les employés (un tiers des gilets jaunes issus de la population active), les ouvriers, une partie des artisans et des commerçants y sont surreprésentés. Le revenu médian du foyer déclaré chez les gilets jaunes est de 1.700 euros par mois, soit 30% de moins que le revenu médian moyen. A l'inverse, les cadres sont bien moins nombreux à soutenir le mouvement, encore moins à en faire partie. Ces mêmes catégories supérieures constituent en revanche le socle sociologique d'Emmanuel Macron : 33% d'entre elles ont voté pour lui au premier tour, plus de 80% au second. L'analyse des dons à la campagne d'En Marche montre également que le président a été propulsé par les élites économiques dans sa course vers l'Elysée.

Au cœur du face à face entre les gilets jaunes et l'exécutif, il y a bien un conflit - on n'ose dire une lutte ! - de classes. Car plus que leur appartenance objective aux catégories populaires, il est frappant de constater que les gilets jaunes se réclament du peuple, et ont de longue date conceptualisé leur combat comme celui de la France "d'en bas" contre ceux "d'en haut". En somme, pour reprendre le vocabulaire marxiste, les gilets jaunes ont démontré une identification aux classes populaires, la classe "en soi" est devenue une classe "pour soi" : comme l'écrit le sondeur Jérôme Sainte-Marie, il ne s'agit "pas seulement d'une désignation technique mais d'une identité vécue". La gageure, pour Emmanuel Macron, consiste à sortir d'un conflit dans lequel il a démarré avec un net déficit dans l'opinion publique, sans renier sa politique ni donner l'impression de balayer d'un revers de la main les aspirations des plus modestes.

LE DISCOURS DE MACRON NE S'ADRESSE PAS AUX GILETS JAUNES
Pour ce faire, et devant le caractère contreproductif des stratégies de dramatisation ou d'assimilation des manifestants à l'extrémisme violent, le président a misé dans son discours sur l'acteur décisif dans ce conflit : la classe moyenne, prête à soutenir l'un ou l'autre des deux "camps" selon les circonstances. François Ruffin, favorable aux gilets jaunes, l'avait rappelé dans un discours place de la République, lançant cette adresse à la petite bourgeoisie parisienne : "Vous avez une responsabilité, Paris a une responsabilité. Vous êtes un public plus diplômé, plus aisé que les gilets jaunes. Nous sommes la classe intermédiaire, celle qui a le choix de se ranger derrière ceux d'en haut ou derrière ceux d'en bas". Emmanuel Macron a compris le message : ses propositions ne s'adressent pas aux gilets jaunes. Elles sont destinées à ceux qui ont jusqu'à présent soutenu la mobilisation mais peuvent encore changer d'avis. Des citoyens qui ne ressentiront pas forcément l'impact concret des mesures présidentielles mais estimeront que, grâce à elles, les gilets jaunes ont eu ce qu'ils réclamaient et que poursuivre leur action au risque de nouveaux heurts serait désormais illégitime, malgré leur sympathie initiale pour le mouvement.

En faisant ce pari, le chef de l'Etat a conscience que le mouvement des gilets jaunes a moins été propulsé par l'ampleur des mobilisations que par l'adhésion des Français : samedi 8 décembre, ils étaient 136.000 à participer à l'acte 4 des manifestations des gilets jaunes, moins que lors du conflit contre la loi Travail en septembre 2017 qui avait poussé plus de 220.000 personnes dans les rues. Mais dans les sondages, les gilets jaunes ont tutoyé les sommets : fin novembre, ils étaient plus de 84% à se déclarer favorables au mouvement, et ils étaient encore près de 70% selon les instituts avant la dernière intervention présidentielle.

Pour infléchir son désavantage dans l'opinion publique, le président cherche à évacuer la dimension politique et sociologique profonde du conflit social, à supprimer son caractère potentiellement insurrectionnel afin de la ramener à une liste de revendications pécuniaires. Il est encore trop tôt pour dire si cette stratégie suffira à empêcher la "révolution raisonnable" que craint Emmanuel Macron. Mais les premiers signes sont là : alors que les gilets jaunes semblent déjà considérer les mesures annoncées comme insuffisantes et appellent à continuer la lutte, le soutien aux mobilisations s'érode : d'après un sondage OpinionWay pour LCI mené après l'interview présidentielle, 69% des Français soutiennent toujours les gilets jaunes… mais 54% souhaitent que le mouvement s'arrête. Des chiffres seulement contradictoires en apparence : dans l'incapacité de se débarrasser des raisons prfondes de ce conflit, Emmanuel Macron veut faire disparaître son caractère global.

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