jeudi 20 décembre 2018

Réfugié politique dans mon propre pays (Robert Redeker)

Courant septembre 2006 j’ai écrit dans un grand quotidien français, Le Figaro, un article titré “Contre les intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?”. Il s’agissait d’une vive critique de la pression que fait peser l’islam sur la vie quotidienne des pays occidentaux.

Très vite je fus submergé par des menaces de mort. Sur la chaîne de télévision Al Jazzera, l’influent prédicateur Yousef Al Qaradawhi me désigna à la vindicte publique. Plus : sur Al Hesbah, le site web officiel de toute la mouvance djihadiste, j’étais condamné à mort. Un appel était lancé aux musulmans du monde entier pour me couper la tête. “ Ce porc, qui a osé critiquer Mahomet, doit avoir la tête tranchée ” – voilà ce qui fut écrit sur Al Hesbah. Les musulmans étaient invités à me faire subir le sort de Théo Van Gogh. Cette condamnation à mort était accompagnée de ma photo, de mon adresse, de mon numéro de téléphone, de l’adresse de mes lieux d’enseignement et du plan détaillé pour se rendre à mon domicile. Tout était prêt pour les tueurs. Le permis d’assassiner et la feuille de route étaient diffusés dans le monde entier. Il pouvait être reçu dans les banlieues des grandes villes françaises, où existent des réseaux islamistes. Tout à coup, pour un simple article irréligieux dans un journal occidental, je devins un homme à abattre. Condamné à mort pour délit d’opinion ! Je devins une cible ambulante. Bref, j’étais devenu l’objet d’une sorte de fatwa au pays de Voltaire.

http://www.redeker.fr/wa_files/ArtAllemagneGazette.pdf

Courant septembre 2006 j’ai écrit dans un grand quotidien français, Le Figaro, un article titré “ Contre les intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ? ”. Il s’agissait d’une vive critique de la pression que fait peser l’islam sur la vie quotidienne des pays occidentaux. La religion musulmane elle-même, dans ses aspects excessifs, était blâmée. Il s’agissait également de comparer Jésus et Mahomet, à l’avantage de Jésus ; de comparer le christianisme et l’islam, en donnant l’avantage au christianisme. Je souhaitais aussi prendre la défense de Benoît XVI, contre qui un climat hystérique de fanatisme et d’intolérance se développait dans le monde musulman. A travers cet article j’exerçais un droit constitutionnel, qui est aussi un droit intellectuel. Le ton employé était celui de l’Appendice au Livre I de l’Ethique de Spinoza1, et de nombreux écrits de Voltaire, c’est-à-dire un ton à la fois vif et ironique. Dans la vie intellectuelle européenne, la critique antireligieuse par des philosophes et des écrivains est une tradition solidement établie. Il ne suffit pas de dire que cette critique est un élément de la liberté. Elle a fait avancer la liberté. C’est par la critique de la religion que la liberté s’est élargie en Europe, qu’elle s’est étendue au point de devenir une sorte de loi fondamentale de nos sociétés. Toutes les libertés – liberté de penser, liberté d’écrire, liberté de publier - sont issues de la critique antireligieuse, qui se développa en Europe à partir du XVIIème siècle. Mon article n’avait donc rien d’anormal pour un Européen.

Très vite je fus submergé par des menaces de mort. Sur la chaîne de télévision Al Jazzera, l’influent prédicateur Yousef Al Qaradawhi me désigna à la vindicte publique. Plus : sur Al Hesbah, le site web officiel de toute la mouvance djihadiste, j’étais condamné à mort. Un appel était lancé aux musulmans du monde entier pour me couper la tête. “ Ce porc, qui a osé critiquer Mahomet, doit avoir la tête tranchée ” – voilà ce qui fut écrit sur Al Hesbah. Les musulmans étaient invités à me faire subir le sort de Théo Van Gogh. Cette condamnation à mort était accompagnée de ma photo, de mon adresse, de mon numéro de téléphone, de l’adresse de mes lieux d’enseignement et du plan détaillé pour se rendre à mon domicile. Tout était prêt pour les tueurs. Le permis d’assassiner et la feuille de route étaient diffusés dans le monde entier. Il pouvait être reçu dans les banlieues des grandes villes françaises, où existent des réseaux islamistes. Tout à coup, pour un simple article irréligieux dans un journal occidental, je devins un homme à abattre. Condamné à mort pour délit d’opinion ! Je devins une cible ambulante. Bref, j’étais devenu l’objet d’une sorte de fatwa au pays de Voltaire.

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