C’est à 30 km de Paris que Christophe Castaner et Laurent
Nunez ont décidé de faire le tour des forces de l’ordre sur le pont pour ce
réveillon de la Saint-Sylvestre. Un peu plus de 600 personnels en Essonne dont
80 CRS et 70 militaires de la force Sentinelle. Christophe Castaner note : «
C’était […]
Le député LREM de Gironde Florent Boudié a annoncé lundi
porter plainte pour « provocation à la haine » après la découverte
sur les murs de sa permanence à Libourne de tags qu’il attribue à la
« mouvance identitaire ». Dégradation de ma permanence la nuit dernière:
des inscriptions stupides & grossières. Mais plus encore: une incitation
claire à […]
Espagne – Dopé par les résultats du scrutin régional du 2
décembre, le chef de file du parti populiste Vox souhaite «rendre son orgueil
et sa grandeur à l’Espagne». « LA RECONQUISTA commencera sur les terres
andalouses », pouvait-on entendre dans une vidéo postée à l’automne par Vox
sur Internet, dans laquelle son leader Santiago […]
Selon des sources autorisées contactées par Hespress, le
dénommé Aziz, âgé de 33 ans et originaire du village d’Aït Fdouli (province de
Midelt), avait été interpellé après des attitudes suspectes qui ont attiré
l’attention des agents d’autorité locaux ayant donné l’alerte. L’interlocuteur
affirme au média arabophone que l’homme est passé aux aveux au siège de […]
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner accuse les
« gilets jaunes » de vouloir « nuire » et « d’empêcher
les forces de l’ordre d’être efficaces », en amont du réveillon du Nouvel
an qui doit rassembler 300.000 personnes sur les Champs-Elysées.
Herstalle | 31/12/2018
#Presse
«Il n'y a presque plus de #journalistes. Il y a quelques journalistes qui font encore le boulot, mais la plupart sont achetés par 9 milliardaires. Neuf milliardaires ont acheté pratiquement tous les journaux du pays. C'est extrêmement dangereux... » @Etienne_Chouard
«Il n'y a presque plus de #journalistes. Il y a quelques journalistes qui font encore le boulot, mais la plupart sont achetés par 9 milliardaires. Neuf milliardaires ont acheté pratiquement tous les journaux du pays. C'est extrêmement dangereux... » @Etienne_Chouard
Sur tout le Royaume-Uni, près de 200 000 demandes ont été
enregistrées en 2018. Un record pour Dublin.
French-Algerian
Activist Houria Bouteldja: We Must Fight the Love of Jews (Philo-Semitism) In
Order to Fight Islamophobia
Le 8 décembre dernier, lors d’une conférence organisée
par la CIDH, la Commission islamique des droits de l’homme, « la
militante politique franco-algérienne Houria Bouteldja a prononcé un discours
intitulé ‘Combattre le philosémitisme pour combattre l’islamophobie et
le sionisme,’ rapporte l’Institut de recherche sur les médias du Moyen
Orient (Memri).
Il est formel et dit en avoir des preuves, nombreuses.
Alexandre Benalla, dont le nom est aujourd’hui synonyme d’une, puis deux
affaires qui empoisonnent la vie de l’Élysée, a affirmé dimanche 30 décembre,
lors d’un entretien avec Mediapart, avoir échangé très régulièrement avec
Emmanuel Macron depuis sa mise à l’écart de la présidence l’été dernier. […]
Au premier trimestre de l’année qui s’ouvre, le gouvernement
se concentrera sur trois chantiers délicats : l’assurance chômage, la réforme
de l’Etat et le « toilettage » de la loi de 1905. La réforme des institutions,
abandonnée en juillet, a été repoussée après le grand débat lancé par le
gouvernement pour répondre à la crise […]
François Bayrou a plaidé lundi, dans ses vœux pour 2019, en
faveur de « l’unité du pays », parcouru « d’interrogations, de
doutes et de désarroi » auxquels « il va falloir trouver une
réponse », alors que des « gilets jaunes » promettent de se
faire à nouveau entendre. […] Sans citer le mouvement des « gilets
jaunes » qui dure depuis plusieurs semaines, […]
La ville de Grande-Synthe (Nord), sur le littoral de la
Manche, a rouvert un gymnase municipal pour héberger des migrants, en majorité
des Kurdes irakiens, comme elle l’avait fait l’hiver précédent, a annoncé le
maire EELV Damien Carême. « J’ai décidé, comme l’année dernière, d’ouvrir
un gymnase de ma ville » pour « y accueillir toutes les personnes […]
Déjà épinglée pour l’antisémitisme supposé de deux de ses
co-présidentes nationales, la Women’s march 2019 américaine est entachée par
une nouvelle polémique. Le communiqué diffusé le 28 décembre sur Facebook par
des organisateurs locaux de la marche pour le droit des femmes, mais aussi pour
la réforme de l’immigration ou la reconnaissance des personnes LGBT, […]
Lyon: retrouvé un an après un cambriolage, il retourne en
prison Il a été interpellé le 26 décembre devant la porte d’un
appartement, suite à l’appel d’un voisin qui a entendu du bruit. Les forces de
l’ordre ont alors découvert que ce Tunisien de 19 ans faisait l’objet d’une
fiche de recherche […] Arrivé en 2014 […]
31/12/2018 Après le succès des précédentes marches pour le
climat dont la dernière en date (le 8 décembre) qui a rassemblé 230 000
personnes dans 191 villes pour dénoncer l’inaction climatique et appeler à une
réponse à la hauteur de l’urgence, une nouvelle marche pour le climat se
prépare. A Paris, Se Lever Pour Le […]
Mérignac (33) : 2 pompiers blessés, dont l’un
grièvement, lors de l’incendie volontaire d’un gymnase
Deux pompiers ont été blessés aujourd’hui, dont l’un
grièvement, dans l’incendie volontaire d’un gymnase à Mérignac en banlieue
bordelaise, provoqué par la mise à feu de palettes de bois devant le bâtiment,
a appris l’AFP de sources concordantes. À l’arrivée des secours vers 1 heure du
matin, les 3300 m2 du gymnase Léo Lagrange à […]
Le président nouvellement élu, en poste à partir du 1er
janvier 2019, compte libéraliser le port d’arme pour les citoyens possédant un
casier judiciaire vierge. Son mandat n’est même pas encore officiellement
commencé que Jair Bolsonaro, élu en octobre dernier président du Brésil, amorce
déjà sa série de mesures chocs pour le pays d’Amérique du […]
Les Mossos d’Esquadra (police de Barcelone) ont arrêté un
citoyen français d’origine algérienne qui s’apprêtait à pénétrer à l’intérieur
de l’église Sagrada Familia de Barcelone avec cinq chargeurs d’une arme de neuf
millimètres. Selon El Periódico, des agents ont signalé que les munitions ont
été détectées à l’intérieur d’une valise lorsque le suspect a traversé […]
30/12/2018 Un homme, âgé de 32 ans, a été mis en examen
dimanche pour « tentative d’assassinat » après les agressions avec un marteau
de cinq personnes en un mois à Bordeaux, a indiqué le parquet. Le suspect qui
ne reconnaît pas les faits, a été placé en détention provisoire. (…) L’homme,
de confession musulmane, […]
Les
dénégationnistes du jihad
Par Hugo
Micheron chercheur doctorant à l’Ecole normale supérieure; Bernard Rougier
membre senior de l’Institut Universitaire de France;, et Gilles Kepel
Professeur à l’université Paris Sciences et Lettres – auteur de Sortir du Chaos
(Gallimard). — 21 décembre 2018 à 10:59 (mis à jour
à 13:23)
La police bloque la rue du Lazaret, à Strasbourg, à
proximité de l'endroit où a été abattu Chérif Chekatt le 13 décembre. Photo
Alain Jocard. AFP
Dire que les motivations de Chérif Chekatt, auteur de
l'attentat de Strasbourg, étaient sans lien avec l'islam constitue un enfumage
qui nie les liens entre salafisme et jihadisme ainsi que l'ancrage européen de
l'islamisme.
Les dénégationnistes du jihad
Tribune. A en croire certaines opinions parues
dans la presse, le tueur présumé du marché de Noël à Strasbourg n’aurait rien à
voir avec l’islam. «Chérif Chekatt ou le faux jihadiste», écrivait le sociologue Farhad Khosrokhavar dans les pages
Débats du Monde. Dans la même rubrique, le sociologue de
l’université Paris-XIII Daniel Verba surenchérissait dans cette rengaine
dénégationniste: «Il n’y a en quelque sorte que de faux jihadistes» (15
et 18 décembre 2018). Selon eux, le crime aurait été commis «par
désespoir», dû à la «souffrance psycho-affective» d’un «jeune
de banlieue» faisant partie des populations «racisées» – ce
dernier terme relevant du lexique militant du Parti des Indigènes de la
République, soudain hissé par certains universitaires à la dignité de concept
des sciences sociales. En vidant son chargeur dans les rues de Strasbourg au
cri de «Allah Akbar» («Dieu est le plus grand»), il
n’aurait cherché qu’à «attirer l’attention des médias» pour
donner une résonance religieuse superficielle à un geste criminel
essentiellement motivé par le désir de «revanche sociale», et
assurer sa rédemption en «martyr». Le propre père de celui-ci,
lui-même salafiste assumé a pourtant témoigné de l’admiration de Chérif «pour
Daech, qui agissait pour une juste cause». Mais pour les dénégationnistes
tout cela est sans pertinence: il n’y a «rien à voir» – et donc à savoir
ni à apprendre – sur la dimension idéologique de pareil terrorisme.
Pourtant, les recherches minutieusement conduites sur le
terrain, des quartiers populaires aux prisons en passant par la Toile,
démontrent exactement le contraire. Prétendre que «les nouveaux
terroristes ne connaissent pas bien l’islam» traduit l’ignorance de la réalité sociale et notamment de cet angle
mort des sociologues dénégationnistes où s’élaborent, entre mosquée, librairie
islamiste, salle de sport, marchés et connexions numériques, les dispositifs
idéologiques et existentiels du salafisme d’imprégnation communautaire exclusive
et de rupture avec la société globale «mécréante». Cet espace sociologique et
idéologique demeure inexploré par la majorité des chercheurs faute d’accès à un
terrain difficile et d’une connaissance éprouvée de la langue arabe et des
cultures musulmanes dont elle est le vecteur principiel. En connexion avec des
foyers religieux et militants moyen-orientaux et maghrébins, parmi lesquels le
«califat Islamique» (la dawla) de Daech entre 2014 et 2017 a
constitué le référent le plus grisant, un système de normes a reconfiguré les
contours de l’identité sociale par un codage salafiste –poreux dans nombre de
cas au répertoire jihadiste.
Salafisme et jihadisme
Quantité d’exemples illustrent cette interpénétration. Le
cheikh Abou Qatada, figure du «Londonistan» des années 90, sommité
intellectuelle du jihadisme mondial, est passé par les réseaux fondamentalistes
du Tabligh (organisation prosélyte qui prône auprès de ses membres l’imitation
littérale du prophète) en Jordanie avant de s’engager dans le jihadisme en
Afghanistan. Plus près de nous, Fabien Clain et son frère Jean-Michel, aujourd’hui
soupçonnés d’avoir joué un rôle cardinal au sein de Daech dans l’organisation
des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, ont également
fréquenté le Tabligh, puis les milieux salafistes de la mosquée dite de Basso
Cambo, dans le quartier de Bellefontaine à Toulouse dans les années 2000, avant
de basculer à leur tour dans la violence jihadiste.
S’il est vrai que les grands noms du salafisme saoudien
condamnent le terrorisme jihadiste au nom de l’obéissance au détenteur de
l’autorité légitime (wali al-amr, en précisant toutefois que celui-ci
doit être musulman), ils ne prohibent pas pour autant toutes les formes de
violence (dans son best-seller international la Voie
du musulman, le cheikh algérien Abou Bakr al-Jaza’iri, décédé quasi
centenaire en août dernier après une interminable carrière à l’université de
Médine, s’appuie sur le hadith [propos attribué au Prophète] pour justifier
l’élimination physique des homosexuels, «passifs ou actifs» – ce
que Daech mettra en œuvre en jetant les coupables du haut des immeubles –
de même que la possibilité pour le mari de frapper sa femme désobéissante «sur
les parties molles»).
Au niveau de la fréquentation des mosquées, les trajectoires
militantes illustrent une grande perméabilité entre salafisme piétiste et jihadiste, ce
qui n’a rien d’étonnant au regard de l’identité des sources doctrinales
s’agissant des normes morales, de la pureté corporelle, du rapport à l’altérité
et aux institutions. La bibliothèque numérique d’Abdelkader Merah mélangeait
les deux genres, l’intéressé justifiant cette curiosité lors de son procès en
octobre 2017 par la «recherche de la science». Le balayage des
sites religieux en ligne suggère que les deux publics, jihadiste et salafiste,
se lisent mutuellement, quitte à s’excommunier réciproquement sur les enjeux
politiques, tout en se disputant l’interprétation la plus fidèle des mêmes
auteurs canoniques (Ibn Hanbal, Ibn Taymiyya, Mohammed ibn Abd al-Wahhab). Les
jihadistes se réclament d’une meilleure cohérence que leurs frères salafistes,
car ils tirent quant à eux les conclusions politiques de leur engagement
religieux en passant à l’action terroriste.
Mi-délinquant, mi-jihadiste
Le cas de Chérif Chekatt est riche d’enseignements. Il va
bien au-delà de«l’individu stigmatisé», et de son «besoin
inassouvi de reconnaissance». Il ne s’est pas «radicalisé» en
prison (pour employer un terme qui fait écran à l’intelligence du phénomène),
mais a été signalé comme prosélyte, ce qui indique qu’il avait déjà acquis de
fortes convictions idéologiques qu’il tentait d’imposer aux autres détenus. Son
profil hybride, mi-délinquant, mi-jihadiste, correspond à une catégorie (parmi
d’autres) de militants, spécialement valorisée par Daech –ceux qui savent
manier les armes, participer aux basses besognes du groupe en Syrie, et
fournissent planques sûres et appartements conspiratifs en Europe grâce à leur
passé criminel. Il évoque irrésistiblement le cas de Mohammed Merah, lui-même
délinquant et jihadiste (nul obstacle théologique à vendre de la drogue aux
mécréants, puisque cela les affaiblit).
Strasbourg s’inscrit, avec Toulouse, Nice, Lille, dans une géographie nodale du
jihadisme qui ne doit rien au hasard. Le Groupe islamique armé (GIA) y avait mis en place des
cellules en lien avec la ville de Francfort et ces expériences forment des
jalons sur la piste des nouvelles générations, comme en témoigne le projet
d’attentat sur le marché de Noël de Strasbourg dès 2000. A
l’été 2012, les Strasbourgeois, comme les Toulousains, sont les premiers à
faire leur hijra en Syrie et l’un d’eux, Fouad Aggad, originaire du Neuhof,
dans la banlieue sud-est de Strasbourg, a participé au massacre du Bataclan. Le
jihadisme, dans son idéologie, ses modes d’action, ses dispositifs militants,
s’inscrit dans un cadre beaucoup plus large, dont la chronologie remonte à la
guerre en Afghanistan dans la seconde moitié des années 80, et n’est pas
intelligible sans prendre en compte les modes d’inscription de ce phénomène
global dans les contextes locaux. Depuis des semaines, les sites jihadistes
francophones animés depuis la Syrie invitent à frapper les marchés de Noël,
symbole de la mécréance, pour accroître le chaos dans une France fragilisée par
la crise des gilets jaunes et s’immiscer dans ses failles.
Invoquer ici «faux débat» ou «faux
jihadistes» constitue un enfumage qui ignore les liens entre la
constitution d’enclaves idéologiques à l’intérieur des quartiers populaires et
les socialisations religieuses conduisant à l’acte terroriste. Face à pareil
dénégationnisme, il importe plus que jamais de décrire les phénomènes dans leur
complexité au lieu de les occulter par dogmatisme. L’objectif n’est pas «de
faire peur à la société», mais de fournir à celle-ci les outils de
compréhension d’un phénomène résilient susceptible de bouleverser en profondeur
les équilibres politiques à l’échelle nationale et européenne – dont la
conséquence la plus prévisible est la montée en réaction de l’extrême droite
dans les urnes et dans la rue. L’acte criminel de Strasbourg met aussi la
recherche face à sa mission scientifique.
Pourquoi
une crise économique américaine en 2019 pourrait signifier la fin du
néolibéralisme
- Par David
Cayla
- Publié le
31/12/2018 à 19:40
FIGAROVOX/TRIBUNE - L'économiste David Cayla revient sur
le bras de fer qui oppose Donald Trump et la Fed, la banque centrale
américaine. Selon lui, les principes libéraux qui maintiennent l'économie à
distance du politique, sont en passe de devenir obsolètes.
David Cayla est économiste, maître de conférences à
l'université d'Angers. Il a notamment contribué à l'ouvrage collectif,
coordonné par Henri Sterdyniak, Macron,
un mauvais tournant (Les liens qui libèrent, 2018).
Depuis son élection, le président américain Donald Trump a
fait de la hausse de Wall Street un indicateur de la bonne santé économique
américaine et de la réussite de sa politique. Mais voilà: les effets conjugués
d'une déréglementation financière et d'une réduction massive d'impôts
s'estompent. La chute brutale, en fin d'année, des indices boursiers américains
est perçue comme le signe annonciateur d'une crise économique imminente. Il y a
quelques bonnes raisons d'y croire.
Les États-Unis en sont à leur neuvième année consécutive
de croissance, l'un des plus longs cycles de croissance de leur histoire.
La première et la principale source d'inquiétude est que les
États-Unis en sont à leur neuvième année consécutive de croissance économique,
ce qui correspond à l'un des plus longs cycles de croissance de leur histoire.
La dernière performance de ce type date de 1992-2000 ; elle avait débouché sur
une brève récession en 2001, à la suite de l'effondrement de la bulle Internet.
Or, loin de s'affaiblir, la croissance américaine des derniers mois s'est en
fait accélérée, dépassant les 3 % en rythme annuel au 2ème et 3ème trimestre.
Bonne nouvelle? Pas vraiment, car cette croissance se fait sur une économie de
plein-emploi (3,7 % de chômage) et n'apparaît pas soutenable à court terme.
Elle l'est d'autant moins qu'ailleurs dans le monde les performances économiques
régressent. Les économies européennes et chinoises sont en phase de
décélération tandis que les pays émergents tels que la Turquie, le Brésil ou
l'Argentine ont plongé dans la crise depuis le début de l'année.
Des conflits commerciaux en suspens
Autre signe peu encourageant, l'administration Trump ne
cesse de souffler le chaud et le froid en matière commerciale. Tantôt elle
menace ses partenaires commerciaux d'une hausse unilatérale de droits de
douane, tantôt elle annonce la conclusion d'un accord ou d'une trêve,
lorsqu'elle parvient à obtenir quelques concessions chez la partie adverse. La
stratégie commerciale américaine est en réalité loin d'être erratique. Depuis
qu'il est au pouvoir, Donald Trump applique une politique déterminée qui
consiste à négocier en position de force avec la Chine et l'Union européenne à
tour de rôle. Cette stratégie fonctionne dans la mesure où ni les autorités
européennes ni la Chine ne parviennent pour l'instant à lire clairement les
objectifs américains de long terme qui semblent varier en fonction des
circonstances.
Le comportement de Trump relève davantage de l'homme
d'affaires que du responsable politique.
De fait, Trump ne mène pas une politique protectionniste, ce
qui consisterait à encadrer le commerce international dans le but de contribuer
à des objectifs économiques et sociaux, mais développe une stratégie de type
mercantiliste. Son comportement relève davantage de l'homme d'affaires que du
responsable politique. Il ne cherche pas à réguler mais à obtenir des concessions
spécifiques au service de ses industriels. En échange d'une trêve commerciale
de trois mois, il est ainsi parvenu à obtenir de la Chine qu'elle augmente ses
achats de gaz US et qu'elle renforce la protection légale des droits de
propriété intellectuelle. De même, en menaçant les constructeurs automobiles
allemands, il a obtenu de Merkel un renoncement au projet européen de taxation
des «GAFAM» (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), ces entreprises du
net (exclusivement américaines) qui parviennent à échapper à l'impôt en jouant
de la concurrence fiscale entre les États.
Ces tensions commerciales ne sont pas sans inquiéter. Il
pourrait arriver un moment où les partenaires commerciaux des États-Unis
pourraient se rebiffer, voire se coaliser, et imposer à leur tour des sanctions
aux entreprises américaines.
Querelles sur le front intérieur
Enfin, dernier sujet d'inquiétude, les querelles internes à
l'administration américaine elle-même. Incapable d'obtenir du Congrès les 5
milliards de dollars nécessaires au financement de la construction du mur
frontalier avec le Mexique, la présidence bloque depuis le 20 décembre
l'adoption du budget fédéral, conduisant au «shutdown», c'est-à-dire à l'arrêt
soudain du paiement des salaires de 800 000 fonctionnaires fédéraux américains
et à la cessation de nombreuses missions fédérales. Depuis les élections
partielles de novembre dernier, les Républicains ont perdu la Chambre des
représentants nécessaire à l'adoption du budget ce qui implique une forme de
cohabitation à l'américaine entre le Président républicain et la Chambre
démocrate, en particulier pour tout ce qui relève de la politique budgétaire.
Autre cohabitation difficile, celle qui oppose Donald Trump
à Jerome Powel, le président de la Réserve fédérale, la banque centrale
américaine (Fed). Depuis décembre 2015, la Fed mène une politique monétaire qui
vise à sortir de la politique accommodante menée depuis 2008. Aussi entend-elle
d'une part se débarrasser progressivement des actifs détenus à son bilan
achetés pour soutenir l'économie américaine et les dépenses publiques dans le
cadre du «Quantitative Easing», et d'autre part relever progressivement ses
taux d'intérêt directeurs. En 2018, ils ont été relevés quatre fois, passant de
1,5 % à 2,5 %, une hausse plus rapide que lors des années précédentes.
» LIRE AUSSI - La
Fed résiste à Trump et relève son taux
Donald Trump craint que cette hausse rapide des taux
d'intérêt de la Fed ne contribue à fragiliser l'économie américaine.
Or, la dernière hausse en date, celle de décembre, a suscité
le courroux du président américain. Trump accuse notamment cette dernière
hausse d'être responsable de l'effondrement des marchés financiers de décembre.
Une hausse des taux de la Fed conduit mécaniquement à hausser la rentabilité
des créances de court terme, des actifs sans risque. Aussi, plus les taux
d'intérêt augmentent, moins les marchés d'actions sont attractifs, par
comparaison. De plus, les taux d'intérêt déterminent les taux d'emprunt pour
les entreprises et les ménages ; leur hausse contribue donc à déprimer
l'investissement et la consommation et tend à freiner l'économie dans son
ensemble. Enfin, des taux d'intérêt en hausse contribuent à valoriser le dollar
sur le marché des changes, ce qui renchérit le coût des exportations et diminue
à l'inverse celui des importations. Bref, Donald Trump craint, et il n'a pas
entièrement tort, que cette hausse rapide des taux d'intérêt de la Fed ne
contribue à fragiliser l'économie américaine et ne suscite le retournement de
cycle qu'elle est censée prévenir.
La mort du multilatéralisme
Tensions commerciales, fin du cycle de croissance américain,
contexte international déprimé, division au sein de l'administration américaine
sur les politiques budgétaires et monétaires… On le voit, cette fin d'année
2018 n'incite guère à l'optimisme pour 2019. Aussi, la question que se posent
aujourd'hui la plupart des économistes n'est pas de savoir s'il y aura ou non
une récession l'année prochaine (celle-ci semble acquise) mais si cette
récession sera à l'image de 2001, de courte durée, ou si elle s'accompagnera
d'un effondrement plus brutal comme ce fut le cas en 2008.
En réalité, ce ne sera certainement ni 2001, ni 2008. Ce qui
se passe aux États-Unis et plus largement dans le monde relève d'une logique
nouvelle et d'un profond tournant dans la gouvernance économique.
Premier bouleversement: la politique de Trump acte la mort
du multilatéralisme. Cette fin touche de nombreuses organisations
internationales, en premier lieu l'ONU et ses agences, dont l'Organisation
internationale du travail (OIT) qui n'est plus depuis longtemps un lieu de de
développement du droit social. Mais c'est surtout l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) qui connait la crise existentielle la plus grave. Depuis l'échec
du cycle de Doha, acté en 2006, les accords commerciaux se négocient et se
signent de manière bilatérale, sans l'aval de l'OMC, à l'initiative des pays
riches. Des accords qui excluent presque systématiquement les pays les moins
avancés. Plus grave, l'Organe de règlement des différends (ORD), chargé de
résoudre les contentieux commerciaux entre pays ne fonctionne plus qu'au
ralenti et pourrait définitivement cesser toute activité en décembre 2019. En
effet, les États-Unis bloquent le renouvellement des juges. Alors qu'ils
devraient être sept pour un fonctionnement optimal, il n'en reste plus que
trois, dont deux titulaires d'un mandat qui s'achève fin 2019.
Donald Trump n'est pas le seul responsable de
l'affaiblissement du multilatéralisme économique.
L'ORD apparaît surtout totalement dépassé par les conflits
commerciaux qui ne cessent de se développer. La gestion unilatérale du commerce
international par l'administration Trump crée en retour des représailles tout
aussi unilatérales de la part de ses partenaires commerciaux. Impossible
d'instruire judiciairement ces conflits alors qu'ils ne cessent de se multiplier.
À force, les nouvelles relations commerciales à la sauce Trump menacent de
rendre caduc tous les traités commerciaux multilatéraux négociés depuis la fin
de la Seconde Guerre mondiale.
Donald Trump n'est pourtant pas le seul responsable de
l'affaiblissement du multilatéralisme économique. De fait, la manière dont les
États-Unis tentent de s'accorder de nouveaux privilèges commerciaux n'est pas
sans rappeler la manière dont l'administration Obama a fait plier le secret
bancaire suisse en imposant aux banques du monde entier l'extraterritorialité
de son droit national… ou, pour remonter plus loin encore, la manière dont
Nixon mit subitement fin au système monétaire de Bretton Woods en renonçant (de
manière là aussi unilatérale) à assurer la convertibilité en or du dollar.
Une reprise en main du politique sur l'économie
Le mythe d'une économie mondiale qui serait organisée autour
de règles décidées en commun a vécu. La gestion contemporaine de l'économie en
revient à un ordre mondial originel, bien éloigné de celui anticipé par George
Bush senior en 1990. Ainsi, le nouvel ordre mondial qui émerge n'est pas celui
de la règle mais celui d'un ordre fondé sur la logique des rapports de force,
qui pousse chaque pays à mettre ses armes économiques au service de ses seuls
intérêts. Ce passage d'une gestion par la règle à une gestion par la force
suppose le retour du pouvoir politique et de sa capacité à agir de manière
discrétionnaire.
Voilà qui permet de mieux comprendre les tensions actuelles
entre Donal Trump et la Fed. En effet, derrière le conflit relatif au niveau
des taux d'intérêt se trouve une question bien plus fondamentale: une banque
centrale doit-elle être indépendante du pouvoir politique? Lorsque vendredi 21
décembre, Bloomberg annonce que le président américain a demandé à ses
conseillers s'il était possible de démettre Powell de ses fonctions, la presse
américaine et la plupart des économistes ont crié à l'hérésie. Interrogé par le
Washington Post, le Sénateur démocrate Mark Warner, membre de la Commission
bancaire sénatoriale, a parfaitement résumé le sentiment général: «Ce que le
Président ne comprend pas, c'est que la politique monétaire doit être séparée
de la politique. Toute mesure prise pour démanteler l'indépendance de la Fed
serait non seulement inappropriée, mais menacerait les institutions qui
protègent notre État de droit.»
Une banque centrale doit-elle être indépendante du
pouvoir politique ?
Mais dans un monde où les règles s'affaiblissent et où les
rapports de force deviennent prédominants, ne serait-ce pas Trump qui aurait
raison? La doctrine selon laquelle la banque centrale doit être strictement
indépendante du pouvoir politique repose sur l'idée qu'il faut à tout prix
éviter l'interférence du politique sur l'économie. C'est une doctrine d'obédience
libérale qui consiste à mettre la politique monétaire sur une sorte de pilotage
automatique confié à un comité d'experts chargés de créer un cadre favorable à
l'épanouissement des marchés.
Mais dans un monde où l'incertitude domine et où la gestion
économique est un important levier d'action, on ne peut plus gérer la politique
monétaire en s'extrayant de toute considération politique. Prenons la crise des
pays émergents. Le principal problème de pays tels que l'Argentine ou la
Turquie c'est que leurs entreprises ont profité des taux faibles pour emprunter
en devises étrangères, notamment en dollars. La hausse des taux américains met
ces entreprises en difficulté et l'effondrement de leurs monnaies les rend
insolvables. Ces pays auraient donc besoin d'un dollar plus faible et d'une
politique monétaire qui ne restreigne pas trop vite l'accès à la liquidité. Or,
une gestion purement administrative de la politique monétaire américaine par la
Fed est incapable de prendre ces questions en considération.
L'ère de la gouvernance économique illibérale
Du point de vue de Trump au contraire, les négociations
commerciales difficiles dans lesquels il est plongé impliqueraient des alliés
et donc une capacité à utiliser la politique monétaire comme une arme de négociation
vis-à-vis de pays tiers. Hérésie économique? Ce qui est sûr c'est que
l'affaiblissement des règles et le retour de la souveraineté politique sur les
marchés impliquent de reconsidérer l'ensemble des vérités établies auxquelles
nous nous sommes habitués. Car c'est une véritable gouvernance économique
illibérale qui est en train d'émerger aux États-Unis, mais également en Chine
et en Russie.
C'est la raison pour laquelle le prochain retournement
économique n'aura rien à voir avec ceux de 2001 et de 2008. Les principes
libéraux qui ont tracé les grandes lignes de l'économie mondiale au cours des
dernières décennies sont en train de voler en éclat. La politique qui avait été
mise à distance de la sphère économique et des marchés au nom d'une gouvernance
d'experts d'inspiration libérale est en train de faire son grand retour. Aussi,
si une crise économique apparaît aux États-Unis en 2019 elle ne manquera pas
d'ouvrir une nouvelle ère dont la gestion marquera le grand retour des
politiques économiques souveraines. C'est une ère à laquelle l'Union
européenne, avec son système institutionnel extrêmement rigide, figé dans
l'idéologie des années 80 et 90, n'est absolument pas préparée.
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