vendredi 6 octobre 2017

Islamisme et politique 02.10.2017

Mulhouse: l'incendie "très probablement d'origine criminelle"
Yémen: des migrants africains enlevés et torturés
Manuel Valls : «Le terrorisme n'est pas lié au chômage ou à la misère» (03.10.2017)
Les perturbateurs endocriniens affecteraient le comportement des petits garçons (02.10.2017)
Vesoul: violences après la création d'une brigade de police nocturne
Crise anglophone au Cameroun: au moins 17 morts (02.10.2017)
Michel Onfray: « Michel Houellebecq a diagnostiqué l'effondrement spirituel de notre époque » (29.09.2017)
Jeannette Bougrab : «Malgré l'attentat islamiste de Marseille, le déni continue» (02.10.2017)
Tuerie/mosquée de Québec: l'auteur présumé inculpé (02.10.2017)
Huit membres du Hezbollah tués par un drone (02.10.2017)
Russie: un groupe lié à l'EI démantelé
«Terrorisme islamique, basque ou corse» : un dangereux amalgame (03.10.2017)
L'assaillant de Marseille signalé à sept reprises sous sept identités différentes (02.10.2017)
Le roi Salmane attendu jeudi en Russie (02.10.2017)
Attentat de Marseille : un texte déposé mardi pour «systématiser l'expulsion des étrangers délinquants» (02.10.2017)
Kurdistan: l'Irak déploie des chars à la frontière (02.10.2017)
Huit membres du Hezbollah tués par un drone (02.10.2017)
Clandestin et multi-récidiviste : le parcours sidérant du terroriste islamiste de Marseille (02.10.2017)
Un restaurateur impose la détox digitale à ses clients (02.10.2017)
Le chef de la diplomatie iranienne à Oman (02.10.2017)
Le Front national votera contre le projet de loi antiterroriste (03.10.2017)
Tension sourde au procès d'Abdelkader Merah (02.10.2017)
Robert Redeker : «La défaite médiatique de Rajoy est aussi une défaite de la raison» (03.10.2017)
L'auteur de l'attaque de Marseille était un SDF en situation irrégulière (02.10.2017)
Les partisans de l'Espagne unie font entendre leur voix (02.10.2017)
La droite divisée sur son attitude face au projet de loi antiterroriste (02.10.2017)
Mohamed Merah, un «loup» qui était bien loin d'être solitaire (02.10.2017)
Jacques Julliard : «Face à l'islamisme, la volonté de ne pas savoir» (02.10.2017)


Mulhouse: l'incendie "très probablement d'origine criminelle"

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 19:09 
  • Publié le 02/10/2017 à 17:01
Un incendie s'est déclaré la nuit dernière dans un immeuble HLM du quartier de Bourtzwiller à Mulhouse (Haut-Rhin), faisant au moins cinq morts et huit blessés.Le procureur a indiqué aujourd'hui que l'incendie était "très probablement d'origine criminelle. Tout le laisse à croire". 
Au cours d'une conférence de presse, Dominique Alzeari a également ajouté: "Une personne a été mise en garde à vue lundi à 2h40. Un homme âgé de 28 ans qui a des antécédents pour des faits de dégradations par incendie".

LIRE AUSSI :

Yémen: des migrants africains enlevés et torturés (02.10.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 15:02 
  • Publié le 02/10/2017 à 14:54
Des migrants arrivant au Yémen de la Corne de l'Afrique sont souvent enlevés et torturés par des "gangs de criminels" qui cherchent à obtenir le versement de rançons, a affirmé aujourd'hui l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Malgré une guerre qui a tué des milliers de personnes et poussé le Yémen au bord de la famine, quelque 6.000 migrants continuent d'entrer dans le pays chaque mois, a indiqué l'OIM qui fait partie du système des Nations unies.


Ils viennent souvent d'Ethiopie ou de Somalie et espèrent se rendre par voie terrestre dans les pays riches du Golfe pour trouver du travail. Selon l'OIM, nombre d'entre eux sont enlevés par des bandes de criminels à leur arrivée au Yémen et torturés pour obtenir le versement de rançons. "Une technique courante consiste à appeler la famille du migrant, tout en laissant le plastique brûlant d'une bouteille d'eau vide couler sur la peau du migrant, causant des brûlures et des douleurs atroces", a déclaré William Lacy Swing, directeur général de l'OIM.

"En général, les familles payent rapidement et les migrants continuent souvent leur voyage pour être extorqués à plusieurs reprises par différents gangs avant d'atteindre leur destination". Des dizaines de migrants sont morts lors du voyage au Yémen cette année. En août, au moins 50 migrants somaliens et éthiopiens ont été délibérément noyés sur la côte du Yémen par des passeurs qui semblaient avoir repéré des gardes-côtes stationnés le long de la côte de Chabwa, dans la mer d'Oman, selon les Nations unies.

En mars, un hélicoptère a ouvert le feu sur un bateau transportant plus de 140 passagers au large des côtes de la mer Rouge, tuant 42 civils et en blessant 34 autres. Selon des rapports non confirmés, la majorité des passagers étaient des migrants. Les Nations unies ont déclaré que l'attaque avait presque certainement été perpétrée par la coalition dirigée par les Saoudiens au Yémen, dans le cadre d'une opération qu'elles ont qualifiée de violation du droit humanitaire international.

La semaine dernière, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a décidé d'envoyer des enquêteurs au Yémen où plus de 8.500 personnes ont été tuées et près de 49.000 blessées depuis mars 2015, date à laquelle la coalition arabe sous commandement saoudien est intervenue en soutien au gouvernement luttant contre des rebelles soutenus par l'Iran.

Manuel Valls : «Le terrorisme n'est pas lié au chômage ou à la misère» (03.10.2017)

  • Par   Arthur Berdah 
  • Mis à jour le 03/10/2017 à 11:09 
  • Publié le 03/10/2017 à 10:21
LE SCAN POLITIQUE - Invité de RTL ce mardi matin, l'ancien premier ministre a dénoncé le «discours islamo-gauchiste» de la France Insoumise, et accusé la députée Danièle Obono de «complicité avec l'islam politique».

Il a conservé sa préférence pour les question régaliennes. Invité de RTL ce mardi matin pour commenter le projet de loi antiterroriste présenté par le gouvernement, Manuel Valls s'est longuement exprimé sur le péril islamiste qui meurtrit la France depuis plusieurs années. Ainsi, l'ancien premier ministre a notamment affirmé que «le terrorisme, aujourd'hui, n'est pas issu d'un terreau, et n'est pas lié au chômage ou à la misère», mais qu'il s'agit d'une «idéologie totalitaire» puisant «sa source dans l'islam politique».


Avec cette sortie, le député apparenté LREM de l'Essonne prend le contre-pied total du chef de l'État. En effet, lorsqu'il était à Bercy, Emmanuel Macron, avait dénoncé un «terreau (qui est) de notre responsabilité». «Nous avons une part de responsabilité, parce que ce totalitarisme se nourrit de la défiance que nous avons laissée s'installer dans la société», jugeait-il encore. De même, lors de sa campagne présidentielle, le fondateur d'En marche! a regretté qu'une partie de la population ait été «assignée à résidence».

«Une partie de la gauche a failli sur ces questions-là»

Le propos de Manuel Valls rappelle toutefois ce qu'il martelait lorsqu'il était à Matignon. Au lendemain des attentats du 13 novembre, il disait en avoir «assez» de «ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications sociologiques» au djihadisme. «Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser», ajoutait-il. Face à la «polémique», il était toutefois revenu en arrière, assurant qu'il «faut bien sûr chercher à comprendre», mais pas «chercher je ne sais quelle explication».

Selon Manuel Valls, «une partie de la gauche a failli sur ces questions-là»... À commencer par la France Insoumise, dont il dénonce le «discours islamo-gauchiste». «Ils sont irresponsables. Dans leurs pratiques concernant l'islam radical, il y a de la complaisance, il y a de l'ambiguïté», assène-t-il. Avec, dans son viseur, la députée de Paris, Danièle Obono, selon qui un homme qui refuse de conduire un bus après une femme n'est pas forcément radicalisé. «C'est de la complicité avec l'islam politique», juge-t-il.

Les perturbateurs endocriniens affecteraient le comportement des petits garçons (02.10.2017)

Selon l’Inserm, l’exposition de femmes enceintes entre 2003 et 2006 au bisphénol A, au triclosan et à certains phtalates est associée à des troubles du comportement.

Une étude épidémiologique menée en France montre que l’exposition des femmes enceintes au bisphénol A, au triclosan et à certains phtalates, est associée à des troubles du comportement chez leurs petits garçons.


Hyperactivité, repli sur soi, anxiété, crainte devant les situations nouvelles: l’effet sur les enfants diffère selon les substances chimiques auxquelles la mère a été exposée pendant sa grossesse.

Pour l’Inserm, l’Institut français de la santé et de la recherche médicale, parmi la quinzaine de substances chimiques testées, les composés «les plus préoccupants à cet égard» sont le bisphénol A et le triclosan (qui sont des phénols) et le DBP (di-n-butyl phtalate) qui est un phtalate.


Les résultats de l’étude de l’Inserm viennent d’être publiés dans la revue Environmental Health Perspective. «C’est une preuve de plus de l’effet de ces perturbateurs endocriniens», déclare à l’AFP Rémy Slama, épidémiologiste à l’Institut pour l’avancée des biosciences à Grenoble.

Des recherches in vitro et sur les animaux ont mis en évidence que toutes ces substances chimiques étaient des perturbateurs endocriniens suspectés. Ils sont susceptibles d’interagir avec le système hormonal qui contrôle le développement du cerveau de l’enfant.

Le bisphénol A a été interdit de tous les contenants alimentaires en France en janvier 2015, soit après la réalisation de cette étude. Mais on le trouve encore dans les lunettes, les CD etc.

Une étude sur 529 garçons

Le triclosan est un agent antibactérien présent dans certains dentifrices et savons. Il est autorisé jusqu’à certaines valeurs limites dans les cosmétiques et est interdit dans les textiles au niveau de l’Union européenne. Le DBP est utilisé dans les colles, vernis à ongles et laques pour les cheveux et pour assouplir des matières plastiques comme le PVC. Lui aussi est réglementé selon une logique de valeur limite et il est interdit dans les cosmétiques.


L’étude, réalisée par Claire Philippat et pilotée par Rémy Slama, a porté sur 529 petits garçons de la cohorte mère-enfant Eden, mise en place par l’Inserm. Les femmes enceintes avaient été recrutées entre 2003 et 2006. Pendant leur grossesse, ces femmes ont vu leur urine analysée pour doser les biomarqueurs caractéristiques de l’exposition aux phénols et aux phtalates. Il est apparu que 70 à 100% des femmes de la cohorte Eden étaient alors exposées à des niveaux détectables de ces substances.

Aux troisième et cinquième anniversaires de leur enfant, elles ont rempli un questionnaire évaluant certains aspects de leur comportement comme l’hyperactivité, les troubles émotionnels et relationnels.


L’étude montre que l’exposition au bisphénol A était associée à une augmentation des troubles relationnels à 3 ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans. «Ce travail confirme que les effets du bisphénol A sur le comportement, observés chez l’animal de laboratoire, se retrouvent chez l’humain à des expositions faibles, probablement inférieures à celles préconisées par l’autorité européenne de sécurité alimentaire», indique l’Inserm.

Étudier le cas des petites filles 

Le DBP était lui associé à davantage de troubles émotionnels et relationnels, incluant les comportements de repli, à 3 ans, mais pas à 5 en ce qui concerne les troubles émotionnels. Les associations entre le DBP et le comportement avaient déjà été mis en évidence dans des études précédentes chez de jeunes garçons et chez l’animal. «L’étau se resserre aussi autour de cette substance», commente Rémy Slama.


L’étude a aussi montré une association entre le triclosan et une augmentation des troubles émotionnels à 3 et 5 ans. «Il s’agit de la première étude évaluant les effets de ce composé sur le comportement humain», relève l’épidémiologiste. Son équipe avait déjà mis en évidence une diminution du périmètre crânien à la naissance chez les petits garçons exposés in utero au triclosan.
Une des limites de l’étude réside dans le fait que les femmes enceintes ont fait l’objet d’un seul prélèvement d’urine. Les équipes de Grenoble vont s’attacher à affiner les résultats en suivant une nouvelle cohorte mère-enfant (Sepages) de l’Inserm.

De nombreux échantillons d’urine par participant (mère mais aussi enfant) seront recueillis durant la grossesse et les premières années de l’enfant, pour mieux mesurer l’exposition aux substances. L’étude sera élargie aux petites filles car l’effet des perturbateurs endocriniens est susceptible d’être différent sur elles.


Vesoul: violences après la création d'une brigade de police nocturne
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 02/10/2017 à 19:16 

  • Publié le 02/10/2017 à 19:14
Incendies volontaires, pompiers et policiers pris dans un "guet-apens": des violences urbaines ont éclaté ce week-end à Vesoul (Haute-Saône) après la création d'une brigade de police nocturne, et deux suspects ont été interpellés aujourd'hui, a indiqué le parquet. Dans la nuit de vendredi à samedi, une voiture et six poubelles ont été volontairement incendiées dans le quartier sensible du Montmarin, a indiqué à l'AFP le procureur de Vesoul, Emmanuel Dupic.

Les pompiers arrivés pour éteindre les incendies, ainsi que les policiers qui les accompagnaient, ont ensuite été la cible de jets de tessons de bouteilles et de pavés. Un fonctionnaire de police a été légèrement blessé au genou, et plusieurs véhicules touchés par des projectiles, a-t-il précisé. "Les départs d'incendies ont été organisés. C'est une situation de guet-apens qui a été tendue aux policiers et aux pompiers", a estimé le procureur.

"Le mouvement de violences urbaines est probablement lié à la récente création d'un groupe de sécurité et de protection de la police - l'équivalent d'une brigade anticriminalité (Bac) - qui patrouille et intervient la nuit à Vesoul et notamment dans le quartier du Montmarin", selon M. Dupic. Cette nouvelle formation perturbe le trafic de drogue dans la quartier, où deux dealers présumés ont été interpellés la semaine dernière.

Aujourd'hui, ce sont deux Vésuliens de 17 et 44 ans, connus de la justice pour des faits de violences, qui ont été interpellés et placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête ouverte pour "violences aggravées sur dépositaires de l'ordre public, en réunion et avec armes", ainsi que pour "destruction" par incendie.

Devant les enquêteurs, ils auraient reconnu leur présence sur les lieux, mais pas leur participation aux faits. "D'autres identifications sont en cours", a noté M. Dupic, parmi la dizaine de personnes ayant selon lui participé aux violences.

Crise anglophone au Cameroun: au moins 17 morts (02.10.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 20:16 
  • Publié le 02/10/2017 à 20:14
Au moins 17 personnes ont été tuées hier dans les deux régions anglophones du Cameroun en marge d'une proclamation symbolique d'"indépendance" par des séparatistes vis-à-vis de la majorité francophone, selon un bilan établi lundi par Amnesty International et des sources officielles consultées par l'AFP.

"Amnesty International peut confirmer qu'au moins 17 personnes ont été tuées par les forces de sécurité lors des manifestations d'hier (dimanche) dans plusieurs villes des régions anglophones du Cameroun", a indiqué l'ONG dans un communiqué.


Au moins dix-sept civils, dont deux Nigérians, ont été tués, a-t-on confirmé de sources officielles. Le gouverneur du Nord-Ouest, une des deux provinces anglophones, a compté onze morts dans sa seule région, dont cinq dans une tentative d'évasion dans une prison. "Nous avons globalement sur l'ensemble de la région six décès qui ont été enregistrés", a déclaré à la CRTV le gouverneur, Adolphe Lele Lafrique.

A ce chiffre s'ajoute la mort de cinq détenus dans une prison de Kumbo, a-t-il ajouté. Les prisonniers "ont décidé de mettre le feu à leur prison pour faciliter leur évasion. Sur le coup de cette évasion, les gardiens de prison ont atteint quatre d'entre eux qui ont rendu l'âme sur place. L'un d'entre eux, évacué, a rendu l'âme à l'hôpital. Trois autres sont sous soins médicaux", a dit le gouverneur.
Six personnes ont en outre été tuées hier dans la seconde région anglophone, le Sud-Ouest, selon un premier comptage des autorités régionales. Au moins un gendarme et plusieurs civils y ont aussi été blessées.

Aujourd'hui, l'AFP a eu connaissance de deux autres morts au cours des violences du week-end. Un jeune habitant de Kumba, dans la région du Sud-Ouest, a été "tué samedi par les forces de sécurité", a déclaré à l'AFP un infirmier de la ville. Le maire de la ville de Kumbo, Donatus Njong, a affirmé que les forces de l'ordre avaient"tué un citoyen" hier.

Michel Onfray: « Michel Houellebecq a diagnostiqué l'effondrement spirituel de notre époque » (29.09.2017)

  • Par  Alexandre Devecchio 
  • Mis à jour le 30/09/2017 à 19:07 
  • Publié le 29/09/2017 à 20:33
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - A l'occasion de la parution de son dernier livre, Miroir du nihilismeHouellebecq éducateur, Michel Onfray a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Il y décrypte la philosophie de l'auteur de Soumission.
Michel Onfray philosophe et essayiste. En septembre, il publie deux livres consacrés à des auteurs qu'il admire: Vivre une vie philosophique: Thoreau le sauvage et Miroir du nihilisme. Houellebecq éducateur.

FIGAROVOX.- Vous publiez aux éditions Galilée, Miroir du nihilisme, un essai consacré à Soumission de Michel Houellebecq. Vous êtes longtemps passé à côté de l'œuvre de ce dernier. Pourquoi son dernier roman vous a-t-il fait changé de point de vue?

Michel ONFRAY.- J'avais aimé la performance littéraire d'Extensiondu domaine de la lutte qui était vif et bref, rapide et percutant. Les autres romans m'avaient paru techniquement moins rapides. J'aime les stylistes et les textes qui vont vite. Voilà pour la forme.

J'avais commis l'erreur de croire que le diagnosticien du nihilisme consentait au nihilisme, s'en réjouissait même, voire, s'y complaisait… C'était une erreur.

Pour le fond, j'avais commis l'erreur de croire que le diagnosticien du nihilisme consentait au nihilisme, s'en réjouissait même, voire, s'y complaisait… C'était une erreur. C'est confondre le cancérologue qui diagnostique la pathologie avec le cancer, la pathologie qu'il a diagnostiquée. J'étais, selon l'image bien connue, l'imbécile qui regarde le doigt quand le sage lui montre la lune!
Soumission m'a plu parce qu'il renoue avec la vitesse d'Extension. Il m'a éloigné du doigt et ramené à la lune quand j'ai constaté chez Michel Houellebecq la grande souffrance qui était la sienne à se savoir, se voir, se constater, s'expérimenter corporellement et spirituellement tel un sismographe de notre époque en cours d'effondrement.

En termes hégéliens, il est le grand homme choisi par l'Histoire pour qu'il en fasse la narration. Il est au cœur nucléaire du processus de Ruse de la raison. Le savoir, ce qui est son cas, car il est d'une redoutable lucidité, c'est affronter les plus grands tourments.

En quoi Houellebecq est-il le romancier du nihilisme?

En tant que sismographe, il enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques civilisationnelles: il a diagnostiqué l'effondrement spirituels des générations produites par des parents soixante-huitards, l'écœurement d'une sexualité indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des carrières et des pensées, la contamination de l'art contemporain par le snobisme et le marché, la tyrannie de l'argent en régime libéral, la fin de la France depuis l'abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht.

Mais aussi la veulerie du tourisme sexuel en Asie, le caractère inéluctable de l'engagement de nos civilisations occidentales vers le projet transhumaniste, l'effondrement de la religion judéo-chrétienne et des valeurs qui l'accompagnaient, et, avec Soumission, le processus de collaboration des élites avec les idéologies liberticides - ici un islam francisé.

Depuis 1994, Michel Houellebecq dépèce minutieusement le Veau d'or - c'est en cela qu'il est le grand romancier du nihilisme occidental.

Houellebecq s'inscrit volontiers dans la filiation d'Auguste Comte qui était positiviste…

Mais aussi de Schopenhauer - ou de Huysmans. Il n'est pas homme à s'enfermer dans des cases, à aimer l'un, donc pas l'autre, à choisir celui-ci, donc à écarter celui-là… Il est un homme authentiquement libre.

Ce qu'il aime chez Auguste Comte, c'est sa réflexion sur la place de la religion dans la société, sur la possibilité d'une liaison d'un certain type de sacré avec le social. Qui dira qu'il ne s'agit pas d'une question essentielle si l'on veut aujourd'hui penser la question politique?

Le positivisme n'est pas la philosophe un peu bêtasse de Monsieur Homais, mais la pensée mal connue d'un homme qui estimait que la religion sociologique des Hommes pouvait remplacer la religion théologique de Dieu.

La question de la religion est un leitmotiv dans la pensée de Michel Houellebecq: que faire dans un monde vidé de toute transcendance? Lui qui décrit dans le détail le désespoir qu'il y a à vivre dans un monde de pure immanence (ce qui n'est pas mon cas: je crois que la sagesse tragique permet de vivre dans la seule immanence sans désespoir…) , il est normal qu'Auguste Comte lui parle.

Votre livre est sous-titré Houellebecq éducateur. Comment peut-on être à la fois nihiliste et éducateur?

En enseignant la nature tragique du monde, autrement dit, en évitant deux choses: la lecture optimiste du monde et… la lecture pessimiste! L'optimiste voit le meilleur partout et ne veut pas entendre parler du pire ; le pessimiste voit le pire partout et ne veut pas entendre parler du meilleur.

Le tragique quant à lui sait qu'il y a du pire et du meilleur partout… Michel Houellebecq nous enseigne où est le pire, ce qui n'a pas besoin d'être démontré, mais aussi le meilleur.

Le tragique quant à lui sait qu'il y a du pire et du meilleur partout… Michel Houellebecq nous enseigne où est le pire, ce qui n'a pas besoin d'être démontré, mais aussi le meilleur - qui provient chez lui, paradoxalement, de Schopenhauer pour qui il existe des solutions à ce monde sombre dans la pitié et la contemplation esthétique.

N'oublions pas que Schopenhauer a aussi écrit un Art d'être heureux… On connaît sa vision du monde animal, elle est d'une grande compassion. Il y a dans sa conversation en tête à tête la même présence attentive à l'autre. On n'ignore pas non plus qu'il trouve dans l'art un sens à sa vie: il a produit des romans, des essais, des poèmes, des films, des photographies, des performances d'art contemporain…

En tant qu'il dit le monde tel qu'il est, sans faux-semblants, et qu'il vit une vie poétique sans l'imposer ou la conseiller à qui que ce soit, il invite chacun à construire sa propre existence dans un temps de détresse.

Beaucoup ont vu dans ‘Soumission' une critique de l'islam radical. Vous y voyez plutôt un grand roman de la collaboration. Qui sont les «collabos» d'aujourd'hui?

Les «collabos» sont ceux qui estiment que l'Islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et ne veulent pas entendre parler d'un Islam de guerre, d'intolérance et de haine.

Ceux qui estiment que l'Islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et ne veulent pas entendre parler d'un Islam de guerre, d'intolérance et de haine.

Certes, il existe un islam pratiqué par des gens qui voient en cette religion une coutume familiale ou un signe d'appartenance dans laquelle dominent effectivement la tolérance, la paix et l'amour.

Mais il y a aussi, dans le Coran et dans l'histoire de l'islam, terrorismes inclus, une autre voie qui est celle de la misogynie, de la phallocratie, de l'homophobie, de l'antisémitisme, du bellicisme, de la guerre qui constituent des valeurs à exporter par le djihad guerrier.

Le collaborateur ne veut voir que le premier islam en estimant que le second n'a rien à voir avec l'islam. Le Coran est un livre dont les sourates justifient aussi bien le premier que le second islam.
Concrètement, ces collaborateurs sont les islamo-gauchistes qu'on trouve ici ou là au NPA, dans la France Insoumise, dans l'aile gauche du PS, au PCF, ou à EELV. Il y en a également dans l'aile gauche des Républicains - chez les juppéistes par exemple.

C'est aussi une critique acerbe du monde universitaire. Un monde avec lequel vous avez toujours pris vos distances …

Michel Houellebecq se contente de décrire cette institution qui fonctionne à la cooptation, au piston, donc au phénomène de cour ; avec retard, elle suit les modes qu'elle ne crée jamais ; elle se prétend du côté de la science alors qu'elle est le lieu de l'idéologie ; elle est un lieu de rituels d'écriture scrupuleux et de reproduction institutionnelle - comme l'a bien vu Bourdieu ; elle dit être un lieu de recherche mais on y cherche ceux qui y trouveraient -précisons que je parle des seuls secteurs littéraires, sociologiques, philosophiques…

C'est pour ma part un monde contre lequel je n'ai rien puisque j'ai refusé de l'intégrer après ma soutenance alors que ma directrice de thèse me proposait d'y faire carrière et que j'ai préféré rester professeur de philosophie dans un lycée technique.

Mais, en effet, l'Université est une institution et, en tant que telle, elle est un lieu où la liberté, l'autonomie et l'indépendance soufflent peu! Ni Montaigne ni La Boétie, ni Descartes ni Voltaire, ni Nietzche ni Proudhon, ni Alain ni Camus n'ont eu besoin de l'université pour penser - et leurs pensées furent vraiment libres…

Presque aussi intéressant que le livre lui-même a été son accueil au moment même où la réalité rejoignait la fiction avec les attentats de janvier 2015. Comment analysez-vous son rejet par une partie des médias?

J'ai repris le dossier de presse de l'accueil de ce livre pour essayer de voir comment on avait lynché l'homme sans avoir lu l'œuvre pour ne pas avoir à la lire et à la commenter - parce qu'elle mettait le doigt dans la plaie…

Il est intéressant de constater combien les instruments et les personnes de la pensée dominante dans les médias de l'islamo-gauchisme ont sali Michel Houellebecq afin de discréditer l'œuvre.

Il est intéressant de constater combien les instruments et les personnes de la pensée dominante dans les médias de l'islamo-gauchisme ont sali l'homme Michel Houellebecq en lançant une polémique comme ils savent le faire pour souiller l'homme afin de discréditer l'œuvre.

Il est également intéressant de mettre en perspective ceux qui ont écrit ou parlé en faveur de Mehdi Meklat (blogueur islamophile, antisémite, phallocrate, misogyne, antisémite, belliciste) dans Libération, Le Monde , Les Inrockuptibles ou France-Inter et de rappeler ce que les mêmes ont écrit contre Houellebecq.

Ce travail a été riche d'enseignements pour moi sur le fonctionnement du dispositif collaborationniste français… Je vous renvoie au détail de l'analyse (noms, lieux, citations, analyse de tweets, etc) dans mon livre…

C'est aussi un livre sur la perte de sens dans notre civilisation occidentale. Le christianisme et l'idéologie totalitaires ont laissé la place à la religion du marché et à l'islam conquérant. En tant qu'athée et matérialiste, que cela vous inspire-t-il? Pourquoi la raison a-t-elle échoué à être le ciment d'une nouvelle civilisation?

L'Histoire témoigne qu'il n'y eut pas de civilisation construite sur l'athéisme et le matérialisme qui , l'un et l'autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d'une civilisation.

Une civilisation n'est possible qu'avec une spiritualité qui la soutient et qui, elle-même, découle d'une religion. Depuis que le monde est monde, c'est ainsi. L'Histoire témoigne.

Elle témoigne également qu'il n'y eut pas de civilisation construite sur l'athéisme et le matérialisme qui , l'un et l'autre, sont des signes, voire des symptômes, de la décomposition d'une civilisation - je le sais au premier chef puisque je suis athée et matérialiste… On ne lie pas les hommes sans le secours du sacré.

J'en profite pour m'opposer à cette scie musicale chantée par un certain nombre de philosophes pour lesquels la religion serait ce qui relierait les hommes entre eux - sur le principe du religare, relier… C'est une vision étroite de… matérialiste, voire… d'athée!

Car, si la religion relie bien, elle ne relie pas les hommes entre eux, sur le terrain de l'immanence, mais avec le sacré, sur le terrain de la transcendance. Elle n'est pas un lien des hommes entre eux, mais des hommes avec ce qui les dépasse. Or nous sommes dans une civilisation qui a congédié toute transcendance.

Vous publiez également, Thoreau le sauvage, un livre sur Henry-David Thoreau. Qui était ce «penseur de champs»?

C'est un homme qui montre qu'il existe une philosophie américaine loin de la philosophie européenne - et qui, ostensiblement, lui tourne le dos… L'Europe philosophique aime les Idées éthérées et les Concepts purs, elle chérit plus que tout le beau raisonnement même s'il est faux, elle aime les cathédrales utopiques même si elles sont inhabitables.

Thoreau se moque des concepts et des idées, des beaux raisonnements et des cathédrales utopiques: il veut que la philosophie soit l'art de parvenir à une sagesse qui est connaissance de la nature et invitation à y trouver sa place.

Thoreau est un marcheur, un herboriste, un géologue, un nageur, un chasseur, un pécheur, un jardinier qui mène une vie philosophique. Il n'imagine pas une seule seconde une idée découplée de ce qu'elle doit produire: une action concrète, un comportement, une pratique. C'est un penseur existentiel comme je les aime…

Sa philosophie ne peut-elle être une alternative au nihilisme que vous décrivez?
C'est une solution, oui. Pas forcément la seule.

Il faudrait ajouter que ce sympathique naturaliste invitant à se plier aux lois du cosmos pour y trouver une place qui génère la sérénité fut également le militant engagé contre l'esclavagisme et qu'on lui doit un fameux De la désobéissance civile qui, certes, a inspiré Tolstoï, Gandhi, Martin Luther King, et qui connaît un succès formidable dans l'Amérique trumpienne, mais qui a également dit qu'il fallait prendre les armes pour faire triompher les idées auxquelles on croit - comme l'abolition de l'esclavage.

C'est donc un penseur plus complexe que ce qu'en disent les habituelles cartes postales sur son compte…

Vous vous décrivez comme un tragique qui observe le bateau couler. Pourtant vous consacrez une énergie prodigieuse à transmettre à travers vos nombreuses publications, votre télé ou encore l'Université populaire de Caen. Cela ne témoigne-t-il pas finalement d'une certaine foi en l'avenir malgré tout?

Certes, nous allons mourir, notre civilisation aussi, mais, en attendant, « vivons droit » comme disait Marc-Aurèle.Il n'y a aucune raison pour s'avachir !

Vous avez raison de pointer cette apparente contradiction!

Mais, de la même manière qu'une civilisation obéit à son tropisme, j'obéis au mien qui me conduit à faire ce que je ne peux pas ne pas faire: autrement dit: rendre ce que j'ai restitué quand mon vieux maître Lucien Jerphagnon me faisait découvrir à dix-sept ans que la philosophie antique, Lucrèce en particulier, peut sauver celui qui cherche un sens à sa vie sans avoir besoin du sacré, de la transcendance, du divin ou de Dieu.

Nietzsche fait du terme médical d'idiosyncrasie une idée philosophique majeure: elle lui permet de dire que chacun obéit à un tempérament contre lequel il ne peut pas lutter et que la grande liberté c'est d'accepter, voire de vouloir et d'aimer, ce qu'on ne peut éviter. Nietzsche propose une version moderne du stoïcisme - j'y souscris.

Certes, nous allons mourir, notre civilisation aussi, mais, en attendant, «vivons droit» comme disait Marc-Aurèle… Donc vous ne trouverez pas chez moi une foi en l'avenir mais un pari dans le présent: il n'y a aucune raison pour s'avachir!

Comme Houellebecq êtes-vous «un éducateur»?
Je fais ma part…

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Jeannette Bougrab : «Malgré l'attentat islamiste de Marseille, le déni continue» (02.10.2017)



Mis à jour le 03/10/2017 à 18h25 | Publié le 02/10/2017 à 19h14

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le modus operandi du terroriste présumé qui a tué deux jeunes femmes à Marseille est particulièrement inquiétant, juge l'essayiste*.

LE FIGARO. - Un attentat a eu lieu, dimanche, à la gare Saint-Charles à Marseille. Deux femmes ont été tuées…

Jeannette BOUGRAB. - L'horreur à l'état brut! Viser les femmes par égorgement et éventration, comme dans les montagnes de Blida, en Algérie, dans les années 1990, n'est pas anodin. Cela a une signification politique. Selon Ali Harb, un philosophe libanais, la violence dans l'islam est démultipliée parce que sa doxa religieuse se structure autour de deux notions: la pureté et la souillure. Dans l'islam, les femmes sont considérées comme impures. S'attaquer aux femmes, c'est répondre à une lecture littérale du Coran. Lorsque la communauté internationale s'est indignée des viols commis par l'État islamique, leurs dirigeants ont objecté qu'ils répondaient à une prescription: «Chacun doit se rappeler que réduire en esclavage les familles kuffars et prendre leurs femmes comme concubines est un aspect fermement établi par la charia. Et qu'en le niant ou le moquant, on nierait ou on moquerait les versets du Coran.» Même une femme musulmane n'existe pas seule. Mariée, on la soupçonne d'exciter les instincts masculins. Aussi doit-elle se cacher sous des voiles plus ou moins intégraux. Quant à l'égalité à laquelle le droit français nous a habitués, elle n'existe pas dans les pays musulmans. La femme est par nature inférieure. Le plus inouï, c'est qu'il y a des féministes françaises pour le justifier. Comment leur prose peut-elle être publiée dans des journaux qui hissent la cause des femmes comme étendard?

On mesure le degré de civilisation d'un pays à son respect des femmes. Or, on assiste en France à une escalade: des femmes sont chassées des rues et des cafés et désormais égorgées et éventrées. Ce qui me glace le sang au lendemain de cette boucherie de Marseille, c'est le tournant symbolique très important que cela amorce. On pensait que cette barbarie s'arrêterait aux frontières de l'Algérie, de l'Irak ou de la Syrie. Aujourd'hui, elle touche la France. Demain d'autres femmes se feront assassiner dans des conditions atroces. Il faudrait descendre dans la rue pour crier que meurtrir les femmes, c'est meurtrier le corps même de la France.

«Ce qui me glace le sang au lendemain de cette boucherie de Marseille, c'est le tournant symbolique très important que cela amorce»
Jeannette Bougrab

Depuis 2015, on ne compte plus ce type d'attentats. Assiste-t-on à une banalisation? Une résignation?

Il suffisait de regarder dimanche les chaînes d'information: cette barbarie inouïe était reléguée au second plan par rapport à la Catalogne. Plus que de la résignation ou de la banalisation, il faut parler de déni. On n'ose pas nommer le mal de peur d'être accusé de racisme ou d'«islamophobie». L'égorgement et l'éventration de ces femmes me rappelle le début des violences du FIS en Algérie à la fin des années 1980 et le discours de François Mitterrand qui expliquait ces violences par l'absence de processus démocratique dans ce pays. À l'époque, les élites françaises n'ont pas voulu voir la réalité dans sa monstruosité. Cela s'est soldé par 300.000 morts en 10 ans. De même, après les émeutes de banlieue en 2005, on expliquait qu'à Marseille, il y avait un modèle d'intégration qui fonctionnait, un vouloir vivre ensemble à travers l'identité marseillaise. Et on se rend compte aujourd'hui qu'aucune partie du territoire national n'est protégée de la barbarie islamiste.

Dans votre nouveau livre, vous faites un parallèle avec la guerre d'Algérie. Pourquoi?

La guerre d'Algérie a représenté un tournant car la terreur a été semée délibérément dans la population civile. Les combattants du FLN s'attaquaient aussi bien aux soldats qu'aux enfants et même aux femmes enceintes. Le terrorisme contemporain puise pour partie ses origines dans la guerre d'Algérie, plus précisément dans la dimension religieuse de la lutte pour l'indépendance - dimension longtemps occultée au profit de la seule dimension nationaliste à laquelle elle ne se réduisait pourtant pas. En 2016, dans un livre courageux, Jean Birnbaum, homme de gauche, a critiqué sa propre famille politique pour ce qu'il appelle son «silence religieux». À ses yeux, la gauche refuse d'admettre le fondement religieux des attentats frappant la France de peur de susciter un amalgame entre islam et terrorisme qui pourrait faire le jeu du Front national. Selon lui, ce réflexe quasi pavlovien trouve son explication dans les non-dits de la guerre d'Algérie dont, en particulier, l'occultation de la nature réelle du FLN, à savoir l'enracinement de ce mouvement dans la foi islamique. «La révolution algérienne est fondée et bâtie sur le respect des principes de l'islam», proclamait à l'époque le FLN. Ce mouvement imposait à ses combattants un rigorisme religieux: interdiction du tabac, de l'alcool, des jeux d'argent et nez coupé à ceux qui étaient surpris en train de fumer pendant le ramadan! De crainte de disqualifier ce mouvement politico-militaire indépendantiste, la gauche a préféré taire la dimension religieuse du nationalisme algérien. Pourtant une violence qui s'exerce au nom de Dieu n'est pas n'importe quelle violence. Elle est loin d'être anodine. Nous sommes les héritiers de ce non-dit.

Que faire alors pour éviter que l'histoire ne se répète?

Il y a des choses très concrètes à faire au-delà des incantations. Comment se fait-il qu'un jeune délinquant, qui a tenté à plusieurs reprises d'aller en Syrie, soit remis en liberté avec un bracelet électronique et qu'il puisse, sans être inquiété, aller égorger le père Hamel dans une église? Que faisait sur le territoire le Tunisien qui a assassiné ces deux jeunes femmes à Marseille? Non seulement il était en situation irrégulière, mais également connu des services de police! Ce genre de cas ne devrait pas exister. Il faut, au nom du principe de précaution, pouvoir priver de liberté toute personne liée de près ou de loin à une organisation terroriste. Nous devons réduire le pouvoir d'appréciation des juges qui sont susceptibles de remettre en liberté des individus radicalisés. Cela demande un changement de mentalité de la part des magistrats. Par ailleurs, comme le juge Trévidic lui-même le dit très bien, les textes juridiques ne sont plus adaptés à la situation. Et ce qui est dramatique en France, c'est qu'il y a toujours une explication pour justifier et dédouaner les auteurs d'attentats ou les islamistes qui nourrissent le terrorisme. Lorsque Danièle Obono, députée de Paris (Les Insoumis), explique qu'un chauffeur RATP qui refuse de conduire un bus après une femme n'est pas nécessairement radicalisé, mais peut être simplement «sexiste», elle se fait l'idiote utile, pour ne pas dire la complice, des islamistes. De même que les dix-neuf intellectuels supposés qui, dans Le Monde, ont mené la charge contre Kamel Daoud, coupable d'avoir dénoncé la misère sexuelle du monde musulman - intellectuels qui excusaient les auteurs des agressions sexuelles de Cologne. Depuis Sartre, cette «complicité» est propre à l'intellectuel de gauche de Saint-Germain-des-Prés ou d'ailleurs. Jadis, Alain Badiou a salué l'arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh, qui ont causé la mort de deux millions de personnes. Aujourd'hui, les intellectuels français devraient s'instruire auprès des intellectuels de culture musulmane qui ont subi l'horreur de la guerre civile en Algérie: Kamel Daoud, mais aussi Boualem Sansal, qui malgré les menaces sur sa vie ne se laisse impressionner ni par les imams qui appellent au meurtre, ni par les meneurs d'une certaine gauche française qui a corrompu le mouvement antiraciste pour en faire un outil d'oppression.

* Vient de publier «Lettre d'exil: la barbarie et nous» (Editions du Cerf, 2017, 224 p., 18 €).

VIDÉO - Jeannette Bougrab: «Nos lois de la République doivent être non négociables»

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Tuerie/mosquée de Québec: l'auteur présumé inculpé (02.10.2017)


  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 19:47 
  • Publié le 02/10/2017 à 19:38
L'auteur présumé de la tuerie qui a fait six morts dans une mosquée de Québec fin janvier a été formellement inculpé aujourd'hui d'homicide et de tentative de meurtre. Pour la première fois depuis la fusillade du 29 janvier, un homme grièvement blessé lors du drame ainsi que quatre veuves de victimes ont assisté à la comparution d'Alexandre Bissonnette, qui est demeuré impassible lors de cette courte audition chargée d'émotion.


L'homme de 27 ans a été inculpé pour le meurtre de six personnes et de tentative de meurtre concernant les 35 autres fidèles qui se trouvaient dans la mosquée, selon le procureur aux poursuites criminelles et pénales. "C'est un progrès énorme", a dit Boufeldja Benabdallah, cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, tout en déplorant que l'ancien étudiant aux idées proches de l'extrême droite n'ait pas été accusé de "terrorisme".

Les 35 fidèles survivants, dont quatre enfants de 8 à 12 ans, "ne doivent pas être laissés pour compte", a-t-il dit. "Ils étaient sur place, ils ont été blessés dans leur corps, leur moral, leur psychique. La justice est en train de jouer un rôle fondamental pour soigner ces blessures". La date du procès, "qui aura lieu devant un juge et un jury de la Cour supérieure du Québec", sera fixée le 11 décembre, a indiqué le procureur.

Le 29 janvier, pendant la prière du dimanche soir, un tireur avait fait irruption dans la mosquée du quartier résidentiel de Sainte-Foy à Québec et ouvert le feu sur les fidèles rassemblés avec une arme de poing, faisant six morts, soit l'une des pires tueries contre des musulmans en Occident. Les jours suivants, des milliers de personnes dont le Premier ministre du Canada Justin Trudeau s'étaient rassemblées à Québec pour exprimer leur soutien à la communauté musulmane.

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Huit membres du Hezbollah tués par un drone (02.10.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 13:51 
  • Publié le 02/10/2017 à 13:46
Au moins huit combattants du Hezbollah libanais, allié du régime de Damas, ont péri aujourd'hui dans une attaque aérienne menée par un drone dans le centre de la Syrie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).


L'OSDH, qui n'était pas en mesure d'identifier le drone, a indiqué que le raid avait visé une position du mouvement armé chiite près de la ville d'al-Soukhna dans le désert syrien, tuant huit de ses combattants et en blessant plus de 20 autres.

Russie: un groupe lié à l'EI démantelé (02.10.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 15:50 
  • Publié le 02/10/2017 à 15:30
Les services spéciaux russes (FSB) ont annoncé aujourd'hui le démantèlement dans la région de Moscou d'une "cellule" liée à l'organisation Etat islamique (EI) qui préparait des attentats en Russie.
Deux appareils explosifs improvisés, de haute puissance et prêts à l'emploi, des armes et des grenades ont également été saisis au cours de l'opération, a indiqué le FSB.

"Les membres de la cellule prévoyaient de commettre des actes terroristes de grande ampleur en visant les lieux de rassemblement de masse et les infrastructures de transport", ont ajouté les services russes dans un communiqué.

Selon le FSB, les membres du groupe sont originaires des républiques russes du Caucase, à majorité musulmane, et prenaient leurs ordres d'"émissaires étrangers". Un responsable du FSB, cité par les médias russes, a affirmé que deux des personnes arrêtées étaient des frères originaires du Daguestan. "L'un a 22 ans, l'autre en a 19", a-t-il précisé.

Depuis le début de son intervention militaire en Syrie le 30 septembre, la Russie, alliée du régime de Damas, a été menacée de représailles par l'EI et par la branche syrienne d'Al-Qaïda, l'ancien Front Al-Nosra et actuel Front Fateh al-Cham.

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«Terrorisme islamique, basque ou corse» : un dangereux amalgame (03.10.2017)

FIGAROVOX/TRIBUNE - « Il n'y a pas lieu de faire de distinction entre le terrorisme islamique, basque ou corse», a déclaré le rapporteur de la loi antiterrorisme à l'Assemblée nationale. Des propos jugés scandaleux par les députés Pè A Corsica.

Jean-Félix ACQUAVIVA, Michel CASTELLANI et Paul-André COLOMBANI sont députés Pè A Corsica

Le Gouvernement présente au vote de l'Assemblée nationale un projet de loi relatif à la sécurité intérieure et à la lutte contre le terrorisme.

Les victimes du djihadisme sont la raison d'être de ce texte. Depuis 2015, on le sait, ce sont près de trente attaques islamistes qui ont visé le sol français. Les noms de Charlie Hebdo, du Bataclan, de la promenade des Anglais, de Saint-Étienne-du-Rouvray, résonneront encore longtemps comme des lieux où la terreur et la mort ont frappé. Encore ce dimanche 1e octobre, Marseille fut frappé en son cœur à la gare saint Charles avec l'assassinat lâche de deux jeunes femmes. Leur mémoire doit être saluée et le combat contre le terrorisme lié à l'islamisme radical doit être total. La méfiance et la revendication communautariste suppléent l'amitié et la confiance qui devraient présider à toute vie démocratique.

Toutefois, nous, députés Pè A Corsica, voteront contre ce texte car il réunit 3 écueils. D'une part, il ne définit pas sa cible principale, le djihadisme, ce qui a pour conséquence directe de faire entrer dans le droit commun des mesures d'exception. Sous le vocable large «d'atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation», il applique à toutes formes de violence des mesures exceptionnelles conçues pour répondre à une menace singulière qui n'est pas nommée en tant que telle. La problématique est toujours la même: veiller à un juste équilibre entre la lutte menée contre ce qui doit être combattu, c'est-à-dire la menace que représente l'islamisme radical, et ce bien précieux que constitue la protection de la liberté des personnes. Plus les dispositions légales seront précises, moins il y aura de risque d'amalgames, d'erreurs ou de dérapages, tels qu'on a pu en relever.

En mettant sur un même plan la « violence » corse et la terreur aveugle et lâche des djihadistes, le Gouvernement ne fait pas que comparer des actes, il commet une faute politique.

D'autre part, ce texte accorde des pouvoirs de contrôle, de surveillance, d'intrusion et de privation de liberté, tout en tenant largement à l'écart l'autorité judiciaire laquelle est pourtant, selon la Constitution française, la garante des libertés individuelles. Ce projet de loi pose le problème de l'équilibre entre la nécessité de lutter contre le terrorisme et celle, tout aussi importante, de protéger les libertés fondamentales. En l'état, et malgré plusieurs amendements déposés par différentes tendances politiques, il contient des mesures attentatoires à ces libertés et constitue une menace à l'état de droit.

Enfin, les propos scandaleux du rapporteur de la loi durant les débats, à l'égard de la Corse et du Pays Basque, reflètent une tendance à l'amalgame qui ne semble pas saisir la volonté d'apaisement de la société corse. «A notre sens il n'y a pas lieu de faire de distinction entre le terrorisme islamique, basque ou corse et d'ailleurs le droit français antiterroriste ne fait pas cette distinction.» C'est là une considération juridique fondamentale que de distinguer les formes de violence. On ne peut pas séparer des actes de l'idéologie qui les motive. En mettant sur un même plan la «violence» corse et la terreur aveugle et lâche des djihadistes, le Gouvernement ne fait pas que comparer des actes, il commet une faute politique. Tout un chacun fait la distinction morale évidente entre le caillassage d'un bâtiment public vide et l'attentat sordide du Bataclan. Or, le texte aggrave le droit qui les enferme dans une seule et même qualification.

Trois ans après le dépôt des armes par le FLNC et alors que la paix tend à s'enraciner sur notre île nous ne pouvons par notre vote laisser le Gouvernement amalgamer des formes de violence radicalement différentes.

La dérive sécuritaire de l'Etat est dangereuse. Nous trouvons déplacé que la lutte contre le djihadisme serve de prétexte à durcir la répression de combats politiques qui n'ont jamais nécessité de telles mesures exorbitantes. C'est instrumentaliser le sang des victimes et le deuil des familles.

Nous, députés Pè A Corsica, seront là pour défendre les libertés individuelles et assurer une lutte contre le terrorisme tout en protégeant le droit des personnes à vivre libre. L'intégration de mesures d'exception dans le droit commun tend à faire de la France, un Etat policier dans lequel la vidéo-surveillance, le contrôle et le fichage deviennent loi. Il y a là un pas vers le «meilleur des mondes», que nous rejetons car il ne correspond pas à notre projet de société, basé sur la liberté, la démocratie et le dialogue.

L'assaillant de Marseille signalé à sept reprises sous sept identités différentes (02.10.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 12:38
L'homme qui a tué à l'arme blanche deux jeunes femmes hier à Marseille , avant d'être abattu par des militaires de Sentinelle, avait eu affaire à la police française à sept reprises depuis 2005 mais n'avait jamais été condamné et n'était pas connu des services antiterroristes, a déclaré lundi le procureur de la République de Paris.


L'agresseur avait été interpellé pour la dernière à Lyon le 29 septembre dernier pour un vol à l'étalage et avait présenté à cette occasion un passeport tunisien. Les forces de sécurité françaises lui connaissent sept identités, a précisé François Molins lors d'une conférence de presse.

"L'agresseur (...) avait été signalisé à sept reprises depuis 2005 sous sept identités différentes. La dernière signalisation, en date du 29 septembre 2017, correspond à une interpellation à Lyon pour des faits de vol à l'étalage", a-t-il dit. Il avait été placé en garde à vue jusqu'à l'après-midi du 30 septembre.

L'homme avait présenté aux policiers lyonnais "un passeport tunisien délivré le 18 novembre 2014 au nom de Ahmed H. né le 9 novembre 1987 à Bizerte", a indiqué le procureur. "Cette identité ainsi que les différents alias utilisés sont inconnus des services spécialisés antiterroristes, aucune condamnation ne figure à ce jour sur son casier judiciaire", a ajouté le magistrat.

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Le roi Salmane attendu jeudi en Russie (02.10.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 14:18
Le roi Salmane d'Arabie saoudite est attendu en Russie aujourd'hui pour la première visite d'un souverain saoudien dans ce pays, a déclaré aujourd'hui le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, cité par l'agence officielle TASS. "Nous attendons le roi en visite le 5 octobre", a indiqué M. Ouchakov, sans donner plus de détails. La Russie et l'Arabie ont aplani leurs désaccords ces derniers mois quant à la chute des prix des hydrocarbures, dont leurs économies sont très dépendantes.


La visite du roi Salmane intervient à un mois d'une nouvelle réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l'Arabie saoudite est le chef de file, et où doit être discutée la prolongation des réductions de production, ayant stimulé les prix de l'or noir. Les principaux producteurs de pétrole membres ou non de l'Opep se sont mis d'accord fin 2016 pour réduire leur production d'environ 1,8 million de barils par jour pendant six mois. L'entente a été prolongée de neuf mois supplémentaires.

Cet accord avait fait grimper les prix, qui tournent actuellement autour de 55 dollars le baril. L'économie de l'Arabie saoudite, tout comme celle de la Russie, dont la production de pétrole est quasiment au coude à coude avec Ryad, ont été durement frappées par la baisse des prix de l'or noir commencée à la mi-2014.

Alors que l'activité économique saoudienne s'est contractée pour le deuxième trimestre consécutif, principalement en raison de la faiblesse des prix du brut, le roi Salmane chercherait à s'assurer du soutien de la Russie pour faire prolonger la réduction de production jusqu'à ce que les prix de pétrole se stabilisent, selon des experts.

Pour financer ces déficits, Ryad a déjà réduit ses subventions publiques, eu recours à des emprunts sur les marchés international et intérieur et retiré environ 245 milliards de dollars de ses réserves. A partir du 1er janvier, l'Arabie saoudite doit également introduire, pour la première fois, la TVA.

Attentat de Marseille : un texte déposé mardi pour «systématiser l'expulsion des étrangers délinquants» (02.10.2017)


Guillaume Larrivé: «Le gouvernement se paye de mots avec des demi-mesures. Il fallait renforcer au contraire les mesures existantes de l'État d'urgence.» - Crédits photo : François Bouchon/LE FIGARO

Mis à jour le 02/10/2017 à 19h58

VIDÉO - Alors que la future loi antiterroriste doit être votée mardi, l'attentat de Marseille renforce la défiance des députés Les Républicains, Éric Ciotti et Guillaume Larrivé, qui font une proposition de loi de 12 articles.

Vent debout. L'opposition de droite ne décolère pas. Alors que doit être votée, mardi, la future loi antiterroristele nouvel attentat de Marseille renforce la défiance des députés Les Républicains de l'Yonne et des Alpes-Maritimes, Guillaume Larrivé et Éric Ciotti, les deux experts des questions de sécurité et de justice pour la droite. «Le terrorisme islamiste intensifie ses frappes et ses menaces contre les Français. Les assassinats de Marseille sont dans la continuité de ce que nous connaissons depuis maintenant plusieurs années», rappelle Guillaume Larrivé, qui affirme qu'il ne pourra pas «voter en conscience le texte qui doit prendre le relais de l'état d'urgence le 1er novembre». Selon lui, «le gouvernement se paye de mots avec des demi-mesures. Il fallait renforcer au contraire les mesures existantes de l'État d'urgence».

Même état d'esprit pour Éric Ciotti, qui, à la lumière des événements de dimanche à Marseille, continue de s'interroger sur «l'opportunité d'en finir avec l'état d'urgence, alors que le ministre de l'Intérieur lui-même affirme que jamais la menace n'a été aussi forte, comme le prouvent les attentats de Barcelone, Londres et maintenant Marseille». «Nous avions là des outils administratifs qui étaient efficaces, souligne-t-il. Nous sommes certains que les mesures qui seront votées mardi ne seront pas appliquées, car elles sont inapplicables.» Les deux députés LR déposeront mardi une proposition de loi de 12 articles qui «systématise l'expulsion des étrangers délinquants». «Actuellement, ils sont 2800 inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste», rappellent-ils. Ils proposent «de créer un parquet national antiterroriste, une cour de sûreté du terrorisme et d'augmenter le temps de la garde à vue à 30 jours, comme au Royaume-Uni».

«Menace terroriste endogène»

Du côté de La République en marche, on fait valoir qu'«aucune réponse ne couvrira jamais tous les risques terroristes». Sacha Houlié, député de la Vienne, affirme que «la majorité et le gouvernement construisent pas à pas une politique de sécurité et de défense cohérente». «Il y a le texte qui vient d'être discuté qui permet de mettre en place des dispositifs très ciblés, depuis la surveillance individuelle jusqu'à la visite domiciliaire, rappelle-t-il. Mais il y aura aussi ce texte sur l'immigration illégale. De même le redéploiement de “Sentinelle” a prouvé la pertinence du dispositif, puisqu'ils ont été les premiers à intervenir.»

«Il ne faut pas être caricatural. Il n'y a pas de rupture, mais une continuité avec l'état d'urgence»
Raphaël Gauvain, député de Saône-et-Loire

De son côté, Raphaël Gauvain, député de Saône-et-Loire, reconnaît qu'«il y a eu sans doute un dysfonctionnement, puisque le meurtrier de Marseille est un illégal qui n'a fait l'objet d'aucune reconduite à la frontière». Mais le député souligne que «la menace terroriste principalement endogène émane du bas du spectre étudié par le renseignement. Il ne faut pas être caricatural. Il n'y a pas de rupture, mais une continuité avec l'état d'urgence». Enfin l'ancien député PS Sébastien Pietrasanta, rapporteur PS de la commission d'enquête sur les attentats de 2015, estime que «la lutte contre le terrorisme exige de ne pas être caricatural. Il faudra une génération pour venir à bout du terrorisme. Lutter contre doit être le fait des pouvoirs publics, mais aussi de chaque citoyen».

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Kurdistan: l'Irak déploie des chars à la frontière (02.10.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 14:24
L'armée irakienne a positionné une dizaine de chars et des pièces d'artillerie le long de la frontière avec la région autonome du Kurdistan irakien, a déclaré aujourd'hui un responsable kurde à Reuters.


Ce déploiement s'inscrirait dans le cadre de manoeuvres militaires que l'Irak et l'Iran ont décidé d'organiser pour faire pression sur le gouvernement régional kurde (GRK) après la tenue du référendum d'indépendance il y a une semaine. "Les chars sont visibles depuis le côté kurde de la frontière", a dit le responsable du GRK à Erbil.

La télévision d'Etat iranienne, citant un porte-parole de l'armée, a rapporté samedi que Téhéran et Bagdad s'étaient entendus sur "des mesures pour sécuriser la frontière et pour accueillir (du côté iranien) des soldats irakiens qui seront positionnés aux postes-frontières".

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Huit membres du Hezbollah tués par un drone (02.10.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 13:51
Au moins huit combattants du Hezbollah libanais, allié du régime de Damas, ont péri aujourd'hui dans une attaque aérienne menée par un drone dans le centre de la Syrie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'OSDH, qui n'était pas en mesure d'identifier le drone, a indiqué que le raid avait visé une position du mouvement armé chiite près de la ville d'al-Soukhna dans le désert syrien, tuant huit de ses combattants et en blessant plus de 20 autres.

Clandestin et multi-récidiviste : le parcours sidérant du terroriste islamiste de Marseille (02.10.2017)

  • Mis à jour le 02/10/2017 à 20:03
Des gendarmes mobiles patrouillent devant la gare Saint-Charles, lundi à Marseille. SPEICH Frédéric/PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP

Placé en garde à vue vendredi dernier pour vol, il a été relâché, sans faire l'objet de mesure d'éloignement.

Considérée avec retenue aux premières heures de l'enquête, la piste du terrorisme islamiste a pris corps au lendemain de la tragédie de la gare Saint-Charles à Marseille qui a coûté la vie à deux jeunes femmes de vingt ans et à leur tueur. Tout, dans le mode opératoire, y concourt aux yeux du procureur de la République de Paris, François Molins. «L'attaque au couteau dans une gare correspond aux mots d'ordre permanents de l'organisation terroriste Daech», a observé lundi le haut magistrat qui a précisé en outre que l'agresseur a commis l'indicible aux cris d'«Allah Akbar!» et que les cibles visées étaient des «victimes indéterminées ainsi que des militaires de l'opération Sentinelle».

«L'attaque au couteau dans une gare correspond aux mots d'ordre permanents de l'organisation terroriste Daech»
François Molins, procureur de la République de Paris

Bien avant que l'État islamique ne revendique, dans la soirée de dimanche, cette équipée sanglante via son organe de propagande Amaq, le parquet antiterroriste s'est donc naturellement emparé du dossier et a cosaisi la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Les deux victimes, Laura et Mauranne, âgées de 20 ans, étaient respectivement élève infirmière en deuxième année à Lyon et étudiante en troisième année de médecine à Marseille. Cousines, elles s'étaient donné rendez-vous dans la Cité phocéenne pour fêter, avec quelques jours d'avance, l'anniversaire de Laura, par ailleurs cheftaine chez les scouts et guides de France. L'exploitation de la vidéosurveillance a permis de retracer les circonstances de leur assassinat, perpétré à 13 h 45.

Improvisation totale

Arrivé en gare à 13 h 32, l'agresseur grimpe l'escalier monumental et paraît sur le parvis à 13 h 38. Il y reste assis sur un banc pendant sept minutes avant de se lever soudain et de passer à l'action. Armé d'une lame longue de 20 centimètres et d'un second petit couteau de cuisine en Inox, il bondit sur sa première victime et la frappe mortellement à plusieurs reprises. L'homme agit ensuite de manière assez déconcertante et dans la plus totale improvisation. Confirmant le fait «étrange» évoqué la veille par le ministre de l'Intérieur, François Molins a noté que l'agresseur est d'abord «parti en courant» après son premier crime, avant de «tourner en rond et revenir sur ses pas» pour larder de coups la seconde étudiante. Une passante courageuse a tenté, en vain, de stopper la séquence en s'interposant à l'aide d'un porte-drapeau.

À la vue de la patrouille Sentinelle, le fanatique s'est lancé en direction des militaires en invoquant une ultime fois «Allah». Après les sommations verbales d'usage, les soldats l'ont neutralisé de deux balles de fusil d'assaut. Outre ses armes blanches retrouvées à une dizaine de mètres, l'examen de son téléphone mobile pourrait éclairer les policiers sur ses possibles liens avec l'organisation d'Abou Bakr al-Baghdadi, sorti du silence la semaine dernière pour appeler ses fidèles à la «poursuite de la guerre partout».

Inconnu des services antiterroristes

Pour l'heure, rien dans le parcours du tueur ne laissait augurer un tel passage à l'acte, ni un quelconque lien avec l'islam radical. Jamais condamné, ce vagabond est un parfait inconnu des services spécialisés antiterroristes. Ses relevés d'empreintes ont établi qu'il a été signalisé à sept reprises et sous sept alias qui lui donnent entre 30 et 37 ans. Son ultime affaire remonte à vendredi dernier quand, selon nos informations, il a été interpellé pour le vol d'une veste valant 39,90 euros dans un magasin de vêtements du quartier de La Part-Dieu à Lyon. En garde à vue, il a fourni un passeport tunisien délivré le 18 novembre 2014 au nom d'Ahmed H., né le 9 novembre 1987 à Bizerte. Toujours selon nos informations, l'homme s'est aussi fait appeler «Bachir H.», «Yanis H.» ou encore «Salahdine H.» quand il a été surpris en situation illégale et en possession de stupéfiants à Toulon ou Menton dès 2005. Ou lorsqu'il a été appréhendé pour port d'arme prohibé en 2014 à Chalons. Devant les enquêteurs lyonnais, il s'est présenté comme SDF et chômeur, bricolant parfois comme «peintre non déclaré», «divorcé» et «consommateur de drogues dures».

«Sa garde à vue a été levée par le parquet de Lyon après que la procédure diligentée contre lui a été classée sans suite pour cause d'infraction insuffisamment caractérisée»
François Molins, procureur de la République de Paris

À l'issue de son audition, samedi, les policiers lui ont rendu son passeport non sans en avoir fait une photocopie, dont ils n'imaginaient à quel point elle serait précieuse. «Sa garde à vue a été levée par le parquet de Lyon après que la procédure diligentée contre lui a été classée sans suite pour cause d'infraction insuffisamment caractérisée», a expliqué le procureur François Molins.

Mais Gérard Collomb a annoncé, lundi, avoir saisi l'Inspection générale de l'administration (IGA) pour déterminer dans quelles circonstances le meurtrier a été remis en liberté. Alors qu'une amorce de polémique s'est fait jour à propos de son maintien sur le sol français, François Molins a ajouté que «les autorités préfectorales locales n'ont pas été en mesure de prendre une décision d'éloignement à son encontre». De fait, une source précise que «la personne de permanence à la préfecture du Rhône, ayant autorité pour signer l'obligation de quitter le territoire (OQTF) et le placement en centre de rétention de l'assaillant de Marseille, était absente», ce qui a empêché la procédure d'arriver à son terme. Pour ne rien arranger, ajoute une autre source, «il y avait aussi un problème de disponibilité de place en rétention le samedi matin».

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Un restaurateur impose la détox digitale à ses clients (02.10.2017)

FIGARO DEMAIN - Au Petit Jardin installé à Saint-Guilhem-le-Désert dans l'Hérault, les téléphones et autres tablettes sont interdits d'une manière peu banale... L'établissement souhaite ainsi restaurer la convivialité à ses tables où les produits locaux sont à l'honneur.

Hugues Marchal

A l'heure où tout le monde parle de la déconnexion mais peu de gens passent à l'acte, un restaurateur a décidé d'interdire les téléphones aux tables de son restaurant. Les clients sont prévenus dès l'entrée de son établissement. Une pancarte intitulée «engagements et convivialité» indique à ceux qui souhaitent s'attabler que les écrans sont interdits dans l'antre du «Petit jardin» situé à Saint-Guilhem-le-Désert. Le Coca-cola, la mayonnaise ou le ketchup figurent également sur la liste des produits interdits.

Hugues Marchal

Jean-Noël Fleury, propriétaire des lieux, estime que son établissement au cadre paradisiaque est propice aux échanges familiaux et intergénérationnels. Mais la consultation permanente d'un téléphone pendant un repas brise cette convivialité. Or les Français sont de plus en plus nombreux à le faire puisque 8 sur 10 disent utiliser leur smartphone pendant les repas pris en famille ou en compagnie d'amis, selon une étude de Deloitte.

Au «Petit Jardin», il a ainsi décidé de lutter contre cette connexion permanente avec humour. Et gare à ceux qui contreviendraient aux règles de l'établissement: les serveurs ou le propriétaire adressent des cartons jaune puis rouge! «Nous nous sommes inspirés des codes du football et, de façon humoristique, nous décernons des cartons aux clients qui enfreignent les règles, indique Jean-Noël Fleury. Les cartons et coups de sifflets font toujours effet», ajoute le restaurateur. Le ramdam attire volontairement l'attention des autres clients amusés et la plupart du temps, la personne visée éloigne son portable dans la seconde!

Les portables consultés 30 fois par jour

«Notre système permet d'impliquer tout le restaurant et de créer des dialogues entre les tables», précise le restaurateur avant d'ajouter: C'est une tradition en France de parler pendant les repas». La gastronomie française a même été inscrite au patrimoine de l'Unesco, un moyen de souligner l'importance du repas dans la culture hexagonale.

Mais cette déconnexion forcée n'est pas toujours appréciée des adolescents! De fait, ce sont souvent eux qui restent accrochés à leurs téléphones et sont les plus difficiles à «désintoxiquer». «Sur le compte Facebook du restaurant, nous avons reçu quelques commentaires désagréables de jeunes qui n'ont pas apprécié l'interdiction du téléphone portable et les cartons reçus publiquement. Nous laissons volontairement ces messages qui sont en fait une bonne publicité pour l'établissement!», s'amuse Jean-Noël Fleury. Au fait des pratiques de ce restaurateur, certains parents se rendent même dans son établissement pour pouvoir passer des repas sans téléphone avec leur adolescent.

La brève cure de désintox digitale imposée par le Petit Jardin permet ainsi aux familles de communiquer…le temps d'un repas. L'usage excessif du téléphone serait en effet une cause de conflits intergénérationnels pour 43% des jeunes, selon l'étude de Deloitte. Il faut dire que les Français sont ultra connectés avec une vaste majorité - 77% - qui possèdent un smartphone. Nous mangeons, dormons vivons avec nos portables et les consultons près de 30 fois par jour, un chiffre qui s'élève même à 50 fois pour les jeunes (18-24 ans)!

Et même si les méthodes de Jean-Noël Fleury sont peu banales, les incitations au «break numérique» sont de plus en plus nombreuses. Des applications pour aider les Français à décrocher de leur portable le temps d'un repas ont même été créés à l'image de Dinner Mode qui interdit l'utilisation du portable à table. La plateforme dissuade ses utilisateurs de consulter leur téléphone lors des repas…sous peine de les humilier! La startup française Certideal propose même de vous confisquer votre smartphone le temps de vos vacances. En échange, elle s'engage à vous fournir un mobile de première génération, et donc sans accès à l'Internet mobile. Des agences de voyages en ont fait leur spécialité et des centres de thalasso et hôtels spa ont également ajouté le «jeûne numérique» à leurs menus. Au fait, vous avez lu cet article depuis votre portable?!

Le chef de la diplomatie iranienne à Oman (02.10.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 02/10/2017 à 14:04 
  • Publié le 02/10/2017 à 13:52
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a eu des entretiens aujourd'hui à Oman avant de se rendre à Doha pour des discussions sur les relations Iran-Qatar, en pleine crise diplomatique dans le Golfe, a-t-on appris de sources officielles. A Mascate, Zarif a évoqué avec ses interlocuteurs omanais les relations dans "les domaines de l'énergie, du commerce et du transport", a indiqué l'agence officielle omanaise ONA.


Le sultanat d'Oman, qui fait traditionnellement preuve de neutralité dans les affaires régionales, garde de bonnes relations avec l'Iran malgré son appartenance au Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar), qui connaît une grave crise en raison d'un quasi-divorce entre le Qatar et trois pays du CCG. Zarif est ensuite attendu dans l'après-midi à Doha, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la diplomatie iranienne, Bahram Ghassemi.

Il s'agit de sa première visite au Qatar depuis le début de la crise en juin entre cet émirat et trois de ses voisins arabes du Golfe, a indiqué M. Ghassemi. A Doha, le chef de la diplomatie iranienne "doit rencontrer son homologue qatari (Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani) et l'émir du Qatar (cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani) pour parler de la coopération économique, des derniers événements en Syrie, en Irak et au Yémen et de l'ensemble des questions" régionales, a-t-il ajouté.

L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn --ainsi que l'Égypte-- ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar en lui reprochant de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de Téhéran, grand rival régional de Ryad. Le ministre des Affaires étrangères qatari a déclaré le 25 septembre à Paris que ce "blocus" imposé à son pays le poussait de facto vers l'Iran.

"Ils accusent le Qatar d'être proche de l'Iran mais avec leurs mesures (..) il poussent le Qatar vers l'Iran. Ils donnent le Qatar tel un cadeau à l'Iran", a-t-il dit.

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Le Front national votera contre le projet de loi antiterroriste (03.10.2017)

LE SCAN POLITIQUE - Les élus du parti de Marine Le Pen, qui parlent du texte comme d'une «escroquerie», exigent de lier terrorisme et immigration.

Le Front national entendait reprendre de la voix à l'occasion du vote sur le projet de loi antiterroriste, l'actualité vient servir son dessein. Deux jours après l'attaque de Marseille et au lendemain de l'attaque meurtrière de Las Vegas, l'Assemblée nationale doit étudier le projet de loi antiterroriste qui vise à maintenir un niveau de sécurité élevé tout en sortant de l'état d'urgence. Inacceptable pour Marine Le Pen et les députés FN qui confirment ce mardi matin lorsqu'une conférence de presse à l'Assemblée qu'ils voteront contre le projet de loi antiterroriste, en estimant que la protection du pays en serait amoindrie.

«Cette loi est une escroquerie, c'est un sous-état d'urgence, nous ne voterons pas ce texte nuisible», a décrété Marine Le Pen. Ce texte «sera encore moins efficace que l'état d'urgence car moins applicable», a encore jugé la députée du Pas-de-Calais, arguant qu'il «ne s'attaque ni à la dimension spécifique du terrorisme, ni à l'idéologie islamiste qui nous fait la guerre». Les élus FN ont également exposé les options qu'ils voudraient voir mises en œuvre. Selon Marine Le Pen une bonne loi antiterroriste doit inclure «l'expulsion systématique des délinquants étrangers» et «la sortie de la France de l'espace Schengen». Elle plaide pour l'instauration «de juridictions d'exception», a même de traiter les crimes et délits liés aux terrorisme comme «un acte de guerre».

Le FN a également tenu à se distinguer par sa virulence sur les réseaux sociaux et dans les médias. Alors que Marine Le Pen a jugé que le ministre de l'Intérieur «devrait avoir honte», Steeve Briois, nouveau secrétaire général du FN, a quant à lui jugé sur les réseaux sociaux: «Défaillances lourdes des services de l'État concernant Marseille: Gérard Collomb doit s'expliquer, assumer sa responsabilité et démissionner». Un propos repris par de nombreux responsables frontistes. «Le FN aux manettes, les deux jeunes femmes tuées au nom d'Allah par un clandestin hier à Marseille seraient encore en vie», s'est également indignée l'eurodéputée Christel Lechevalier, provoquant assez rapidement un tollé. Ce genre de sortie rappelle celle de Marine Le Pen le 18 avril dernier: la candidate à la présidentielle avait assuré «avec moi, il n'y aurait pas eu de Mohamed Merah, ni les terroristes migrants du Bataclan et du Stade de France».

Le FN veut également se montrer sur le terrain

La présidente du FN s'est par ailleurs également exprimée lundi sur l'attentat de Las Vegas, pour exprimer sa «solidarité avec le peuple américain, endeuillé lui aussi par le fléau mondial du terrorisme islamiste». Un message qui ne semble pas prendre pas en comptes les doutes exprimés par le FBI sur la validité de la revendication de l'attentat par Daech ni le profil singulier du tueur.

Le FN entend aussi creuser le sillon sur le terrain, et la découverte d'un dispositif explosif dans le XVIe arrondissement de Paris donne matière à des actions de terrain, menées par la fédération FN de Paris. «Plusieurs suspects ont été arrêtés, l'un d'eux fiché S pour radicalisation, laissant peu de doute sur la motivation islamiste de cette nouvelle tentative d'attentat sur le sol parisien», tranche un communiqué. «Expulsion des fichés S étrangers et mise hors d'état de nuire des nationaux, lutte contre l'islam politique et maîtrise de nos frontières sont les seules solutions», peut-on encore lire.

Contre l'avis du FN, Emmanuelle Ménard votera pour le projet de loi

Élue avec les voix du FN, mais sans affiliation au parti, la députée Emmanuelle Ménard répète régulièrement qu'elle «ne prend pas ses ordres à Nanterre». Elle le pouve à nouveau ce mardi en affichant un avis divergeant de celui de Marine Le Pen sur le projet de loi antiterroriste. Bien qu'elle n'adhère pas aux options retenues par le projet de loi, elle confie au Figaro que «par esprit de responsabilité», elle envisageait de voter pour le texte. «La sortie de l'état d'urgence n'est pas en débat elle a été actée. Donc si le vote contre était majoritaire ce mardi après-midi, ça voudrait dire que la France sort de l'état d'urgence le 1er novembre pour revenir aux dispositions du droit commun, inadapté au niveau de la menace actuel. Au lendemain du drame de Marseille, ce n'est pas possible de prendre ce risque de voir le pays dépouillé face à la menace», a fait valoir l'élue de l'Hérault.

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Tension sourde au procès d'Abdelkader Merah (02.10.2017)


Par Stéphane Durand-Souffland
Mis à jour le 03/10/2017 à 09h33 | Publié le 02/10/2017 à 19h44

VIDÉO - Le frère du terroriste qui a tué sept personnes en 2012 ainsi qu'un petit délinquant algérien sont accusés d'avoir été ses complices.

On ne l'imaginait pas ainsi, Abdelkader Merah. Le frère du terroriste toulousain entre dans le box des assises de Paris tout de blanc vêtu, tenue qui fait ressortir le noir jais de sa longue barbe, celui du catogan touffu qui lui bat la nuque, et une carrure de déménageur. À ses côtés, Fettah Malki est un gringalet en polo noir, le regard furtif, rasé de près. Les deux hommes, nés en 1982 à Toulouse pour le grand, en Algérie pour le petit, sont accusés d'avoir été les complices de Mohamed Merah, qui a assassiné sept personnes en mars 2012.

Face au box, les parties civiles sont nombreuses. La tension est sourde. Lorsque la mère de M. Merah quitte la barre après avoir noté le jour et l'heure de sa prochaine déposition en tant que témoin, elle échange avec son fils un geste affectueux. Après quoi, alors qu'elle passe à côté des proches des victimes, l'un d'eux lui lance à voix basse: «Grosse merde, grosse merde» - le président n'entend pas.

Abdelkader Merah et Fettah Malki devant le tribunal. - Crédits photo : BENOIT PEYRUCQ/AFP
Trous de mémoire

Le premier interrogatoire porte sur la personnalité de Fettah Malki. Celui-ci offre le profil type navrant du petit voyou de cité. Naissance en Algérie, arrivée en France à 11 ans, scolarité pourtant prometteuse en rapide décrochage, petite délinquance, absentéisme chronique, échec au bac «parce que je ne me suis pas réveillé pour une épreuve, j'ai été disqualifié», union avec une femme plus âgée qui se termine par une série de comparutions pour des violences diverses et des menaces du genre «je vais te saigner comme un gibier»…

M. Malki parle comme on marche pieds nus sur du verre pilé: il se méfie de chaque mot. Il est, comme il se doit, affecté de trous de mémoire, surtout quand il s'agit d'évoquer les faits qui lui ont valu huit condamnations. Des amis? Il en a, mais il ne souhaite pas donner leur nom, car «c'est une histoire médiatique». Des complices? Il en a eu. Il décline leur patronyme, cite un Mehdi et un Larbi qui, hélas, sont tous deux décédés. Dans l'arrêt de renvoi, il est dépeint comme «le commercial du quartier», fournissant un peu de tout - shit, voitures, téléphones, bijoux - à des gens qui n'ont pas de nom. À Mohamed Merah, qu'al-Qaida appelait «Youssouf le Français» dans son communiqué de revendication, il a cédé un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur et ses munitions. Durant l'enquête, M. Malki a prétendu que le tueur au scooter devait simplement, pour lui rendre service, nettoyer l'arme qui a servi lors du carnage de l'école Ozar Hatorah.

Mais Fettah Malki s'est toujours défendu d'avoir épousé les idées radicales prêtées aux frères Merah. Selon l'accusation, Abdelkader a formé Mohamed à la cause djihadiste, le convaincant, entre autres, que les Juifs sont «des sous-hommes, des singes, des porcs». Le président rappelle qu'à l'instruction, l'accusé en polo noir a pris soin de préciser: «Je ne suis pas un religieux, je n'ai rien contre les Juifs, je ne suis ni un meurtrier ni un djihadiste. Je voulais me faire de l'argent, c'est tout.» Debout face aux magistrats professionnels qui le jugent, l'accusé évoque sa détention à Fleury-Mérogis, qu'aucun incident n'a émaillé: «Au début ils m'ont mis dans l'unité dédiée (aux islamistes écroués), mais au bout de deux mois ils m'ont sorti, j'ai rien à faire là.» Fataliste, il conclut: «Ma vie a été un peu chaotique, mais bon, c'est ma vie.»

Qui est vraiment Fettah Malki: le complice qui a armé le bras de l'un des pires assassins islamistes qui ont sévi en France ou un «commercial» pas assez regardant sur sa clientèle? La cour s'est donné un mois pour trancher. Mardi matin, elle se penche sur la personnalité d'Abdelkader Merah.

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Robert Redeker : «La défaite médiatique de Rajoy est aussi une défaite de la raison» (03.10.2017)


Mis à jour le 02/10/2017 à 19h45 | Publié le 02/10/2017 à 18h03

TRIBUNE - Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a pour lui le droit et le sens du devoir, mais il a perdu la guerre des images, argumente  le philosophe.
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Les échauffourées causées par le référendum sur l'indépendance de la Catalogne le rappellent: il arrive que l'on perde la bataille de l'image tout en ayant raison politiquement. Ce sort injuste vient de s'abattre sur le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy. Les images télévisées tournant en boucle s'adressent à l'émotion plutôt qu'à l'intelligence. Du coup déferlent sur les réseaux sociaux, dans les médias, dans les commentaires de la rue, des condamnations appuyées sur de graves confusions historiques, assimilant Rajoy à Franco, et l'Espagne actuelle à une dictature impitoyable. Ces amalgames expriment une pathologie politique: l'oubli, par une partie de l'opinion publique, de la légitimité démocratique et du droit.

«Sous Franco, la répression se serait soldée par un spectaculaire bain de sang»

La Guardia Civil - la police d'État espagnole - s'est au cours de ces événements signalée par son professionnalisme et sa retenue. Avides de sensationnel, nombre de médias omettent cette vérité élémentaire: il n'y a pas eu un seul mort. Cette mortalité zéro dans la répression est pourtant le fait majeur de cette journée très tendue outre-Pyrénées. Elle manifeste une retenue des forces de l'ordre qui fait écho à celle des CRS français lors des émeutes de Mai 68, quand d'arrogants écervelés hurlaient du haut de leurs barricades d'opérette «CRS=SS». Malgré leur fausseté, la portée symbolique des deux slogans, «CRS=SS» et «Rajoy=Franco», est la même, le régime de Franco s'étant révélé particulièrement criminel. Dans les deux situations, Mai 68 et le référendum catalan, le doigté policier dans le maintien de l'ordre fut comparable. Ce résultat atteste que, contrairement à ce qui est tonitrué ici et là, et aux critiques et insultes qui s'abattent sur elle, la Guardia Civil a atteint la maturité qu'on est en droit d'attendre dans un régime démocratique. Sous Franco, la répression se serait soldée par un spectaculaire bain de sang.

Dans le domaine du maintien de l'ordre, l'office de la police est de garantir le respect de la Constitution de 1978 et de l'État de droit. Cette Constitution lie entre eux tous les Espagnols. La Cour constitutionnelle a jugé sur le fond: le gouvernement catalan n'était pas fondé à procéder à ce référendum. La Cour constitutionnelle a énoncé le droit de manière non ambiguë. Une fois prononcé, le droit doit s'appliquer ; c'est la raison d'être de l'État. Au demeurant, ce droit entre en accord avec l'opinion de l'immense majorité des Espagnols, opposés à la tenue de ce référendum, convergence qui renforçait la légitimité de la décision de la Cour constitutionnelle. Plus: ce référendum sur la sécession des Catalans, pour être crédible, aurait dû être proposé à tous les Espagnols, puisque tous, des Basques aux Andalous, des Asturiens aux Castillans, Catalans compris, sont liés entre eux par la Constitution qui permit ce qu'on appelle «la transition démocratique», c'est-à-dire la sortie en douceur du franquisme à la fin des années 1970.

Illégale, l'organisation du référendum fut une violence originaire, blessant tous les Espagnols. Comment un gouvernement doit-il réagir lorsque la légalité est ainsi violée, la Constitution offensée, ainsi publiquement et à grand fracas déchirée? S'il laisse faire, il ouvre une boîte de Pandore et détruit implicitement la notion même de droit, source de sa légitimité. S'il baisse les bras, il abandonne son autorité dans cette affaire, de telle sorte qu'il sera contraint de l'abandonner toujours, à l'avenir. Il lui deviendra alors difficile de s'opposer à d'autres formes d'illégalité. Même juridiquement fondée, même indispensable, chacune de ses tentatives pour mettre fin à des actions illégales sera paralysée. À la fin de ces renoncements, le droit ne sera plus qu'un vain mot, la liberté un pâle souvenir.

«Rajoy a perdu la guerre de la communication parce qu'il n'a pas su présenter l'unité espagnole comme victime de la violence symbolique du séparatisme catalan»

L'esprit hébété par les images vues à la télévision, les propagateurs de l'amalgame entre Rajoy et Franco devraient méditer l'histoire: Franco a organisé un soulèvement militaire après les élections de 1936, alors que Rajoy a gagné les élections législatives en toute légalité ; ce sont les indépendantistes catalans qui sont entrés dans l'illégalité avec ce référendum. Certains ont osé des rapprochements entre l'Algérie française et la Catalogne ; or, ce qu'occulte cette grotesque comparaison, c'est qu'à la différence des Français musulmans d'alors, les Catalans sont des Espagnols comme les autres. La Catalogne n'est pas une colonie espagnole, les Catalans ne sont pas des colonisés. Procédé involontairement comique, l'amalgame entre Rajoy et Franco est la version espagnole de la reductio ad hitlerum. Rajoy a perdu la guerre de la communication parce qu'il n'a pas su présenter l'unité espagnole comme victime de la violence symbolique du séparatisme catalan. Le choc des images impose une loi à tout acteur politique: être perçu par l'opinion téléspectatrice comme une victime injustement fauchée dans l'exercice de ses justes droits. Dans un monde organisé selon un imaginaire compassionnel, l'émotion s'élève comme un obstacle à la réflexion et à la connaissance de la vérité, et le statut de victime fonde la légitimité politique. La défaite de Rajoy dans l'univers des images est aussi la défaite de la raison.

* Dernier ouvrage paru: «L'Éclipse de la mort» (Desclée de Brouwer, 2017, 224 p., 18 €).

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L'auteur de l'attaque de Marseille était un SDF en situation irrégulière (02.10.2017)


VIDÉO - Deux jeunes femmes ont été tuées dimanche à l'arme blanche devant la gare Saint-Charles par un homme qui a ensuite été abattu par des militaires. L'État islamique a revendiqué l'attaque dans la soirée.

Deux femmes assassinées à l'arme blanche en pleine journée devant l'une des gares les plus fréquentées de France et un assaillant abattu par une patrouille de «Sentinelle» lors d'une fusillade qui a semé un vent de panique dans la foule. Jusque-là épargnée comme par miracle, Marseille vient à son tour de basculer dans la terreur.

Au lendemain des faits, le procureur de Paris, François Molins a décrit brièvement l'attitude du tueur. Ce dernier est arrivé à la gare Saint-Charles à 13h32. Il s'est alors dirigé vers le parvis avant de s'assoir sur un banc à 13h38. À 13h45, il s'est levé et a porté plusieurs coups de couteau à une première jeune femme au niveau des reins. Il se met ensuite à tourner en rond et revient frapper une seconde jeune femme, au niveau du cou. Une passante, munie d'un porte-drapeau, tente d'intervenir et met à terre l'agresseur.

Alertés par les cris, des militaires qui patrouillaient non loin sont rapidement arrivés sur place. À la vue du soldat qui a fait un tir de sommation, l'agresseur, qui s'est relevé, a alors tenté de se ruer dans leur direction. Il a été abattu par deux tirs de riposte, en état de légitime défense et avec beaucoup de «sang-froid» selon le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. Le tout a été filmé par les caméras de surveillance de la gare. Pendant tout ces méfaits, l'individu a crié «Allah Akbar», il était armé d'un couteau d'une vingtaine de centimètres ainsi que d'un plus petit couteau de cuisine en inox.

Sept identités différentes
Ses victimes sont deux cousines âgées de 20 ans. Une première, étudiante en médecine, venait passer le week-end chez la seconde, afin de fêter son anniversaire.

L'agresseur était défavorablement connu des services de police. Il avait été arrêté à sept reprises depuis 2005 et avait donné sept fois des identités différentes. Il était inconnu des services antiterroristes. Sa dernière arrestation remonte à vendredi dernier à Lyon, où il avait été mis en garde à vue pour un vol à l'étalage. Il a alors fourni un passeport tunisien aux forces de l'ordre, ce dernier indiquant qu'il s'appelait Ahmed H, et serait né le 9 novembre 1987. Il avait déclaré vivre à Lyon, en tant que sans domicile fixe, réalisant des missions de peintre de temps à autres. Des investigations sont «en cours pour s'assurer de l'authenticité» du passeport, qu'il n'avait pas sur lui au moment de l'attaque à Marseille. En situation irrégulière sur le territoire, il était également «consommateur de drogues dures» et «divorcé», a poursuivi Molins. Au terme de sa garde à vue, il se trouvait encore à Lyon samedi après-midi.

Panique

Épouvanté par la violence de la scène et le claquement des balles, le public s'est mis à courir en tous sens. «J'ai entendu crier et une personne s'est effondrée», raconte Mélanie, une étudiante de 18 ans qui a décrit «un homme vêtu tout en noir.» «Tout le monde est sorti en hurlant. Et c'est là que j'ai entendu deux coups de feu», raconte au Figaro Lionel, un interne en médecine de 23 ans qui s'apprêtait à regagner Lyon avec le TGV de 14 h 14. «En moins de cinq minutes, des dizaines de policiers sont arrivées de tous les côtés», poursuit l'étudiant. Dans la panique, de nombreuses valises ont été abandonnées sur place, obligeant le service de sécurité à toutes les vérifier.

Juste après l'attaque, la confusion à propos d'un éventuel second assaillant a été entretenue par la présence d'un homme armé aperçu par des voyageurs. Vérifications faites, il s'agissait d'un des policiers en civil dont le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a salué la réactivité. «L'auteur est passé seul à l'action», confirme une source. Avant de procéder à de premières vérifications, les forces de l'ordre se sont assurées que l'agresseur n'était pas porteur d'une ceinture explosive.

Les autorités prudentes sur les motivations de l'agresseur

Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête pour «assassinats en relation avec une entreprise terroriste» et «tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique». La Sous-direction antiterroriste (Sdat) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été saisie d'une enquête. En fin de journée dimanche, les enquêteurs affichaient une certaine prudence sur les motivations de l'assaillant dont le mode opératoire, rudimentaire, porte la marque d'un terrorisme islamiste de type low-cost. L'hypothèse du passage à l'acte d'un «frustré du djihad», aiguillonné par la propagande djihadiste et sévissant en France faute de partir dans les zones de combats, ne peut être exclue au premier stade des investigations. L'attaque a été revendiquée dans la soirée par l'État islamique, a annoncé Amak, l'organe de propagande du mouvement djihadiste. Cependant, lundi, une source proche de l'enquête indiquait qu'aucun lien ne permettait à ce stade de relier l'assaillant à l'Etat islamique.

La dernière attaque meurtrière qui a endeuillé le pays remonte au 20 avril dernier, avec l'assassinat au nom de Daech du policier Xavier Jugelé sur les Champs-Élysées par Karim Cheurfi, lui aussi repris de justice aussitôt abattu par la police. La tragédie de Marseille intervient alors que l'Assemblée doit voter ce mardi le projet de loi antiterroriste mettant fin à l'état d'urgence le 1er novembre prochain. Il survient aussi à la veille de l'ouverture sous haute sécurité du procès du frère de Mohamed Merah qui, au nom du djihad, avait assassiné en mars 2012, trois militaires, un enseignant et trois enfants d'une école juive avant d'être tué par la police.

Plus de 200 policiers sont mobilisés selon la Sécurité publique, tandis que la Police judiciaire effectuait les premières constatations. JEAN-PAUL PELISSIER/REUTERS

Les partisans de l'Espagne unie font entendre leur voix (02.10.2017)


Un millier de personnes ont manifesté contre l'indépendance de la Catalogne, dimanche, à Madrid. - Crédits photo : RAFAEL MARCHANTE/REUTERS


Mis à jour le 02/10/2017 à 09h21

REPORTAGE - Ce week-end, à L'Hospitalet de Llobregat, dans la ceinture industrielle de Barcelone, l'élan en faveur de l'indépendance était peu palpable. Les partisans de l'unité espagnole ont, quant à eux, défilé dans le cœur de la capitale catalane.

De notre envoyée spéciale à Barcelone

Eusebio affiche une mine renfrognée. Assis, son mégot à la main, à l'abri de la pluie sur le seuil d'une «Loteria» fermée, il devise avec deux camarades, le long de la Rambla Just Oliveras. Une routine semble-t-il contrariée par le vote qui se tient à quelques centaines de mètres de là, à l'Institut Can Vilumara, un collège du centre historique de L'Hospitalet de Llobregat, dans la ceinture industrielle de Barcelone. «Je ne vois pas ça d'un bon œil du tout, confie à voix basse cet ancien ouvrier automobile chez Seat, aujourd'hui âgé de 75 ans. La Catalogne est une région d'Espagne, et cela doit rester ainsi. Je ne veux pas de l'indépendance.» Ses compagnons, taiseux, opinent du chef. «Ce serait pire politiquement et économiquement, et cela m'inquiète beaucoup pour ma retraite», ajoute-t-il. Une préoccupation partagée par les personnes les moins favorisées: à en croire une récente enquête du Centre catalan d'études d'opinion (CEO), seuls 32 % des Catalans ayant des revenus inférieurs à 900 euros soutiennent l'indépendance.

Ces dernières semaines, la ville de quelque 250.000 habitants a été le théâtre de tensions entre les partisans du vote et l'édile socialiste Nuria Marin, qui a refusé d'impliquer directement la mairie dans l'organisation du scrutin, à l'instar de Barcelone et de huit autres grandes villes catalanes. Reste que dans la commune, la deuxième de Catalogne, l'élan en faveur du référendum d'autodétermination, illégal au regard de la Constitution espagnole, est moins palpable que dans le centre de Barcelone, distant seulement d'une dizaine de stations de métro.

Les fanions, drapeaux et autres autocollants en faveur du «si» ou du droit à voter démocratiquement sont beaucoup plus discrets et le nombre de bureaux de vote informels plus limité. À l'inverse, le drapeau espagnol s'arbore plus volontiers aux balcons et la langue catalane se fait moins entendre dans les conversations. En 2015, lors du dernier scrutin, à peine un quart des habitants de L'Hospitalet de Llobregat avaient voté pour des partis indépendantistes, contre près de 50 % dans toute la Catalogne.

«Il faut une consultation légale»

«Cette ville est très mélangée, constate Clemente, une habitante originaire des Asturies. On y trouve beaucoup d'immigrés (23 %) et aussi d'Espagnols originaires d'autres régions (36 %), précise-t-elle à la sortie d'un bureau de vote. C'est beaucoup plus mixte que Barcelone.» Contrairement à son ami Ivan, qui refuse de participer à cette «consultation illégale», la trentenaire, commerciale, a voté mais a opté pour le «no». «Je trouvais important d'exercer mon droit démocratique, mais je suis contre la distinction entre les Espagnols et les Catalans ; nous sommes tous unis, ajoute-t-elle. J'ai toujours voté et je voterai toujours contre l'indépendance. Le seul argument que je partage avec les indépendantistes, c'est celui sur l'argent: nous sommes un des moteurs économiques de l'Espagne et nous donnons beaucoup trop au reste du pays. Il faut une meilleure répartition.»

À l'intérieur d'un centre commercial moribond en ce dimanche après-midi, Arsenio tue le temps et promène sa petite-fille en poussette devant les devantures de boutiques fermées. Cet avocat à la retraite de 69 ans bute également sur l'illégalité du référendum. «Je serais d'accord pour voter s'il y avait un consensus pour organiser une consultation légale. Nous avons une Constitution pour encadrer cela, sinon, il faut commencer par la changer.»

«Viva Espana»

À l'extérieur, deux douzaines de membres casqués des forces d'intervention tentent au même moment d'évacuer le bureau de vote informel. La tension monte et les insultes fusent. «Dehors les forces d'occupation!», lancent les quelques personnes résolues à voter. Deux visions de la «question catalane» s'opposent à quelques pas de distance. «Toute cette histoire de référendum découle d'une manipulation de la vérité. Ces manifestants et ces gens qui occupent le Parlement sont des groupes anticapitalistes qui disent n'importe quoi. Moi, je suis catalan, je suis espagnol et européen. Je suis citoyen du monde, insiste Arsenio. Si j'avais pu hier (samedi), je serais allé manifester à Barcelone pour l'unité de l'Espagne et contre le référendum pour défendre ces idées. Même si, là aussi, quelques groupes proches du Parti populaire et de Ciudadanos (principal parti d'opposition aux séparatistes dans la région, NDLR) étaient à la manœuvre, croit-il savoir. Il faudrait une troisième voie, mais les politiques racontent de toute façon n'importe quoi.»

«L'exécutif catalan profère toute une série de mensonges économiques et sociaux, si bien que le peuple est fracturé !»
Roman, étudiant en kiné.

Samedi, à la veille du «1-O» nom de code du référendum, plusieurs centaines de défenseurs de l'unité nationale ont défilé dans le cœur de Barcelone, le long de la Via Laietana, parée des couleurs du drapeau national rouge-jaune-rouge et parfois de la bannière étoilée européenne. «Viva Espana!» «Puigdemont démission!» (en référence au président indépendantiste de l'exécutif catalan) ont régulièrement crié les participants, venus entre amis ou en famille, avec une évidente détermination, commune aux deux camps. «La solution à cette crise, c'est de dire aux Catalans la vérité. L'exécutif catalan profère toute une série de mensonges économiques et sociaux, si bien que le peuple est fracturé! Le dialogue doit reprendre entre les Catalans et le reste de l'Espagne!», s'emporte Roman, étudiant en kiné.

Réfugiée à la hâte dans un commerce pour s'acheter un parapluie, Mercedes est venue manifester avec sa fille adolescente. «Macron et Merkel ont raison: les familles ne doivent pas se séparer. Nous ne pouvons pas voter puisque le vote est illégal. Nous sommes la majorité silencieuse.» Pour cette professeure et mère de trois enfants de 52 ans, l'indépendance nuirait en priorité à l'éducation. Un argument brandi en miroir par les partisans… du oui.

Samedi, Mercedes se félicitait de la gestion du premier ministre de droite, Mariano Rajoy (Parti populaire). «Il s'en sort bien pour l'instant et s'en tient à l'argument de la légalité, sans utiliser la force.» Eusebio, triturant son briquet, trouvait dimanche que le chef du gouvernement n'était clairement pas assez ferme. «Qu'il revienne à sa place et fasse enfin ce qu'il a promis, puisqu'il n'a pas réussi à vraiment interdire ce référendum!»

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Journaliste au service Etranger du Figaro. #EuropeGoesUS
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La droite divisée sur son attitude face au projet de loi antiterroriste (02.10.2017)


LE SCAN POLITIQUE/VIDÉOS - Au lendemain de l'attaque de la gare Saint-Charles à Marseille, les députés de droite devraient faire des choix divergents lors du vote du projet de loi antiterroriste à l'Assemblée prévu ce mardi.

Quelle position adopter au sujet du projet de loi antiterroriste, qui doit être soumis au vote des députés ce mardi? À droite, des débats animés ont marqué la semaine d'examen du texte dans l'hémicycle. Plusieurs écoles s'affrontent, une perspective délicate au lendemain de l'attentat terroriste de la gare Saint-Charles à Marseille.

Les plus offensifs, avec à leur tête les députés Éric Ciotti et Guillaume Larrivé, jugent le texte trop laxiste et entendent le combattre. «Je demande le retrait de projet de loi antiterroriste», confirme Éric Ciotti sur France inter ce lundi. «Le postulat du texte repose sur un fait très clair: c'est la sortie de l'état d'urgence (…) et on va en transposer certaines dispositions dans le droit commun. Mais ces transpositions ne sont pas à la hauteur des dispositions de l'état d'urgence», explique-t-il. «Ce n'est pas le moment de sortir de l'état d'urgence quand la menace est maximale, nous avons proposé six mois de plus. Et ce n'est pas le moment de rétablir des frontières totalement ouvertes», tranche le député des Alpes-Maritimes. Avec Guillaume Larrivé, Eric Ciotti déposera son propre projet de loi, avec le soutien du patron des députés LR Christian Jacob.

Cette ligne, validée en amont avec Laurent Wauquiez, ne fait pas l'unanimité rue de Vaugirard. Ainsi, certains élus témoignent-ils de divergences de vues: «Je ne parlerai pas de malaise, mais c'est vrai que la ligne Ciotti-Larrivé gêne certains d'entre nous. Elle ne représente pas le groupe dans son homogénéité la plus complète. Je ne suis pas sûr que le grand public comprenne que l'on vote contre», s'inquiète Philippe Gosselin interrogé dans l'Opinion ce lundi. L'élu, qui avait soutenu Alain Juppé lors de la campagne de la primaire à droite, songe à s'abstenir.

Des postures jugées «excessives»

D'autres pourraient carrément soutenir le texte, comme l'élu LR Julien Dive. Aurélien Pradié, élu du Lot, est sur la même ligne. «Dans notre famille, on approche de la caricature. Même si Gérard Collomb est gêné car il a cédé trop de terrain sur certains sujets, comme l'assignation à résidence, je ne me vois pas m'opposer à un texte de loi sécuritaire pour notre pays. Notre famille politique se trompe en pensant que sur ces sujets, les Français nous seraient reconnaissants d'être excessifs. Nos électeurs attendent que l'on soit sérieux et crédible. Pas excessif», s'alarme l'élu.

Au FN aussi, l'incertitude règne

L'attentat de Marseille changera-t-il la donne en mobilisant l'unité nationale des élus de la nation? Au sein du parti de Marine Le Pen aussi, on ne sait plus trop sur quel pied danser. Invité ce lundi matin sur France Info, le nouveau responsable de la communication frontiste David Rachline a eu du mal à expliquer que les députés de son parti allaient voter contre le texte sécuritaire. Interrogé sur l'intention de «voter contre» le texte, Rachline a hésité: «Sans doute allons nous voter contre». «Vous ne savez pas», embraye le journaliste. «Nous verrons, ce sont les députés du Front national qui vous diront ça», a éludé l'élu de Fréjus, qui a quitté le Sénat pour respecter les règles sur le non-cumul.

À VOIR AUSSI - Projet de loi antiterroriste: texte naïf ou état d'urgence permanent?

Mohamed Merah, un «loup» qui était bien loin d'être solitaire (02.10.2017)


Sabri Essid (à gauche sur l'image) devient le demi-frère de Mohamed Merah en 2010. - Crédits photo : AL-FURQAN MEDIA / AFP /Capture France 2


Mis à jour le 02/10/2017 à 10h15

Dès la fin des années 2000, à peine majeur, le futur terroriste est repéré comme un islamiste toulousain. Et il est en contact avec des «personnalités» déjà en vue.

Mohamed Merah était-il un «loup solitaire»? Après les attentats de mars 2012, la thèse, largement reprise par les médias, fut notamment défendue par le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) d'alors, Bernard Squarcini.


À l'heure où s'ouvre le procès des complices présumés du «tueur au scooter», l'affirmation pose en fait deux problèmes. Première interrogation: le «loup solitaire» Mohamed Merah a-t-il préparé seul les assassinats de Montauban et de Toulouse? Il appartient à la Cour d'assises spéciale de trancher cette question, qui sera bien sûr au cœur des débats.

Du vivant du «tueur au scooter», ses contacts avec Sabri Essid et Fabien Clain étaient déjà très inquiétants

Seconde interrogation: Mohamed Merah était-il identifié comme membre de la «mouvance islamiste radicale» et aspirant au djihad? Sur ce second point, le simple examen des faits démontre que, s'il était bien un «loup», le jeune Toulousain était bien loin d'être solitaire. Ce qui le distingue bien sûr des «primo-terroristes» d'aujourd'hui perpétrant des attaques sans lien opérationnel avec des groupes terroristes et parfois sans même de contact avec des extrémistes identifiés.

Dès la fin des années 2000, il est à peine majeur, Mohamed Merah est repéré comme un islamiste toulousain. Et il est en contact avec des «personnalités» déjà en vue. Sabri Essid, qui devient son demi-frère en 2010 quand le père d'Essid épouse la mère de Merah, est l'une de ces figures «montantes». Comme un autre individu, Fabien Clain. Les deux, ayant quitté la France en 2014 et 2015, seraient aujourd'hui quelque part dans le territoire encore contrôlé par l'État islamique. Essid a été vu sur une vidéo où son beau-fils de 12 ans tuait un prisonnier. Clain a revendiqué les attentats du 13 novembre 2015.

S'il faut se garder d'un quelconque anachronisme, Mohamed Merah étant mort et enterré au moment de ces deux faits, il convient de souligner que, du vivant du «tueur au scooter», ses contacts avec Essid et Clain étaient déjà très inquiétants. Les deux islamistes toulousains ont été en effet condamnés en 2009 dans le cadre de la filière dite d'Artigat (du nom d'un village de l'Ariège) qui envoyait des djihadistes en Irak. Mohamed Merah connaissait d'ailleurs aussi le mentor du groupe d'Artigat, le Français d'origine syrienne Olivier Corel, alias «l'émir blanc».

Les «nouvelles filières pakistano-afghanes»

Clairement identifié comme islamiste radical, Merah était aussi un djihadiste. Il est issu de ce que les spécialistes du terrorisme appelaient, à la fin des années 2000 et au début des années 2010, les «nouvelles filières pakistano-afghanes». À la différence des premières «filières afghanes», celles des années 1990 et des camps de Ben Laden en Afghanistan, les djihadistes y étaient pris en charge plus discrètement. Accueillis au Waziristan du Nord, au cœur des régions tribales pakistanaises, ils suivaient une formation, souvent assez sommaire, parfois dans de simples maisons transformées en mini-camp d'entraînement. C'est là que Mohamed Merah a séjourné très brièvement en octobre 2011, ce qu'il parviendra à cacher aux services français.

À l'époque, les djihadistes étrangers, notamment ceux venant d'Europe, étaient pris en charge par Moez Garsallaoui, époux de la «veuve noire» Malika el-Aroud, dont le premier mari fut l'un des terroristes ayant tué le commandant Massoud, adversaire des talibans et d'al-Qaida, le 9 septembre 2001. À noter que le séjour au Pakistan de Mohamed Merah en 2011 a été facilité par deux organisations terroristes pakistanaises, le Lashkar-e-Taiba (LeT) et le Tehrik-e-Taliban (TTP). La première de ces organisations est une vieille connaissance de l'antiterrorisme français puisque le LeT a aidé un autre islamiste français, Willie Brigitte, arrêté en 2003 pour un projet d'attentat en Australie.
Quand Mohamed Merah revient en France en octobre 2011, c'est donc bien un islamiste et un djihadiste qui fait son entrée sur le territoire national. Un homme aux contacts nombreux et inquiétants en France comme à l'étranger.

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Jacques Julliard : «Face à l'islamisme, la volonté de ne pas savoir» (02.10.2017)


Jacques Julliard. - Crédits photo : François BOUCHON/Le Figaro


Mis à jour le 02/10/2017 à 13h26

LES CARNETS DE JACQUES JULLIARD - Le chef de l'État et le leader des Insoumis, si opposés par ailleurs, ont en commun l'exercice solitaire du pouvoir, argumente l'historien et essayiste*. L'intellectuel examine ensuite le concept de totalitarisme et sa pertinence pour analyser l'islamisme, à la fois idéologie et régime politique.

MACRON-MÉLENCHON: LE CÔTE-À-CÔTE

Tandis que le paysage politique français continue de se morceler - c'est désormais le bocage plutôt que l'openfield -, ils ne sont pourtant que deux sur la scène à capter la lumière: Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. L'effet de loupe produit par les médias est à la fois simplificateur et obsessionnel. Nous avons vu en moins d'un an Sarkozy, Fillon, Juppé, Bayrou, à droite, Hollande, Valls, Duflot, Laurent, Besancenot, à gauche, disparaître des écrans radar. Le grossissement médiatique finit par abolir les données les plus élémentaires: car enfin les deux ténors ont réuni ensemble le 23 avril dernier moins de 44 % des suffrages exprimés. Quant au groupe parlementaire des Insoumis, il est deux fois moins important que celui des socialistes. Il est vrai qu'il fait deux fois plus de tapage, au point de maquiller son échec en retraite aux flambeaux. Quant à Macron, il est devenu président de la République: à cheval donné on ne regarde pas la bride.

Il est vrai que tout aujourd'hui, chez les stars de la politique, s'apparente aux techniques autrefois réservées aux acteurs: le vêtement, la coupe de cheveux, le maquillage, le geste, la voix. Que de chemin parcouru depuis Jaurès, toujours fagoté comme l'as de pique, Briand, dont les costumes semblaient sortir d'une longue sieste sous les arbres, ou encore Mendès France, dont le visage mal rasé relevait plutôt de la fiche anthropométrique que du Studio Harcourt!

«Macron n'est pas un chef d'équipe. C'est un homme seul, qui se veut seul, entouré d'exécutants. Son premier ministre est à peine son collaborateur, c'est son hologramme»
Jacques Julliard

On aurait tort de ne voir là que les effets des exigences de la télévision. La personnalisation du pouvoir, que l'on impute d'ordinaire aux institutions, est une tendance profonde de l'époque, et le despotisme de l'image change de fond en comble la nature du lien entre gouvernants et gouvernés. Ne croyez surtout ni Macron ni Mélenchon, quand ils prétendent vouloir redonner du pouvoir au Parlement. Mieux vaut en juger par leur comportement, qu'ils organisent tout entier autour de leur personne. Ainsi, la velléité, à laquelle Emmanuel Macron a dû renoncer, de donner un statut officiel à la «première dame de France», expression ridicule, relevait de l'esprit de l'Ancien Régime, non de celui de la République. Lorsqu'il affuble Jean-Yves Le Drian du titre étrange de «ministre de l'Europe et des Affaires étrangères», que suggère-t-il, sinon que le véritable chef de la diplomatie c'est lui? Quand il nomme «ministre des Armées» la directrice de «SNCF voyageurs», que dit-il d'autre, sinon que le vrai patron de la défense, c'est lui? Un tel président n'est pas un chef d'équipe. C'est un homme seul, qui se veut seul, entouré d'exécutants. Son premier ministre est à peine son collaborateur, c'est son hologramme. Dommage, parce qu'Édouard Philippe est une personnalité attachante.

Quant à Jean-Luc Mélenchon, il n'est pas en reste. C'est le seul insoumis de sa bande. Sa désignation à la tête de son mouvement ne relève pas de l'élection, mais de l'acclamation, comme dans les tribus franques ou les mouvements populistes. Sa fascination pour le Venezuela de Chavez et Maduro, un pays qui n'avait encore jamais servi de Terre promise, en dit long sur son système politique implicite: le caudillisme. Un système où «le chef politique dispose d'un pouvoir dictatorial fondé sur le prestige personnel et l'appui de ses fidèles»(Le Grand Larousse).

Ne rêvons pas: on ne reviendra pas en arrière. Il y faudrait, pour ce faire, changer de fond en comble le système politique, et d'abord électoral. Dieu nous garde de la proportionnelle intégrale, qui est avec le réchauffement climatique et les méthodes pédagogiques modernes, une des calamités majeures qui menacent la France!

Alors que faire?

La moindre des choses, si le Parlement, les partis, et peut-être même les syndicats, ne sont plus les intermédiaires nécessaires entre le peuple et le chef, serait que celui-ci s'explique clairement devant celui-là. De Gaulle savait le faire à merveille, ses référendums, ses conférences de presse, ses allocutions télévisées étaient la base d'un véritable dialogue avec la population.

«Mélenchon s'écoute parler plus qu'il n'écoute les autres»

Jacques Julliard

Aujourd'hui, rien de semblable. Emmanuel Macron parle beaucoup, prononce de grands discours devant des décors grandioses, de la Pyramide du Louvre au Parthénon en passant par Versailles (il n'a pas encore osé les pyramides d'Égypte), mais il ne parle pas directement aux Français. Il ne les prend pas à témoin. Il ne les associe pas à son action. Il est retombé à cet égard dans le même travers, la même figure de style que François Hollande: le discours indirect.

Quant à Mélenchon, il s'écoute parler plus qu'il n'écoute les autres. C'est un grand art que celui d'écouter en parlant, comme savaient le faire Périclès, Roosevelt, Churchill ou Gandhi. Encore n'ai-je voulu citer ni Socrate ni le Christ. S'il veut devenir un vrai chef démocratique au lieu de tourner au démagogue, Mélenchon devra changer de méthode, et peut-être même d'ego.

L'autre responsabilité, puisqu'il s'agit pour la France de réinventer son modèle politique et social, incombe, au sens le plus large du terme, aux intellectuels. Une partie des intellectuels de gauche, désespérés par la médiocrité de leur camp, se consacre essentiellement à la critique de celui-ci. L'autre partie passe son temps à stigmatiser les premiers, qu'elle accuse du péché suprême, de «glisser à droite». Entre les deux camps, aucun dialogue n'est devenu possible, car il n'est, hélas, nul besoin d'avoir conservé la foi pour excommunier ceux qui avouent l'avoir perdue. Tout cela est désespérément classique, narcissique et stérile. Penser, c'est prendre des risques. Ni la gauche lucide ni la gauche fidèle n'en prennent beaucoup. Il faut, pour renouveler notre système politique, remettre l'intelligence française en marche.


L'ISLAMISME EST-IL UN TOTALITARISME?

Le temps n'est pas si éloigné, où au seul mot de «totalitarisme», les partisans de l'extrême gauche communiste montaient au créneau, avec pour arme ce mélange d'indignation et d'intimidation qui est devenu aujourd'hui monnaie courante dans le monde intellectuel. Certes, il y avait bien quelques analogies, concédaient-ils, mais comment oser rapprocher le pur idéal des communistes, certes dévoyé, avec la noirceur intrinsèque du nazisme? La remarque était juste ; mais il était tout de même cocasse d'entendre des marxistes s'en remettre à une morale de l'intention, que l'auteur de L'Idéologie allemande avait, comme mystification bourgeoise, mille fois criblée de ses flèches! Le même tir d'intimidation est en train de se produire à propos de l'islamisme. Le seul souci de savoir si l'islamisme peut être considéré comme une forme de totalitarisme suffit à vous faire regarder de travers. Derrière les dénégations a priori se cache la fameuse injonction du président Delegorgue au procès de Zola, à propos de Dreyfus: «La question ne sera pas posée!»

Il importe pourtant de la poser, cette question: car selon que l'on considère l'islamisme, soit comme l'œuvre d'une poignée de déséquilibrés, soit comme un courant extrême de l'islam, soit comme la forme religieuse des doctrines totalitaires propres au monde moderne, la riposte devra être de nature différente.

«Selon que l'on considère l'islamisme, soit comme l'œuvre d'une poignée de déséquilibrés, soit comme un courant extrême de l'islam, soit comme la forme religieuse des doctrines totalitaires propres au monde moderne, la riposte devra être de nature différente»
Jacques Julliard

Le totalitarisme se distingue des formes classiques de la dictature ou du despotisme par sa dimension idéologique intrinsèque. La dictature, c'est l'affirmation sans détours du primat de la force ; le totalitarisme, c'est le primat de la force justifié par une idéologie teintée de moralisme. Ajoutons: une idéologie qui prétend à un monopole absolu sur la population, grâce à l'éradication de toutes les formes de pensées concurrentes. Ce n'est pas pour rien que Raymond Aron ou Jules Monnerot ont parlé des totalitarismes modernes comme de «religions séculières», c'est-à-dire l'adhésion à un corps de doctrine considéré comme la pure et unique vérité, sans recours à la transcendance. L'objection qui prétend dénier tout usage du mot «totalitarisme» à propos d'une foi religieuse, alors qu'il s'applique d'ordinaire à des doctrines politiques, est donc sans fondement. C'est au contraire le caractère religieux de la doctrine qui caractérise toutes les formes du totalitarisme.

En revanche, alors que nazisme et communisme peuvent être tenus, comme l'a montré Hannah Arendt, comme une des formes dégénérées de la démocratie, c'est-à-dire, en principe, du pouvoir du peuple, l'islamisme proclame au contraire la toute-puissance de Dieu: c'est en théorie une différence essentielle. Islam signifie soumission, alors que démocratie implique indépendance, pour ne pas dire insoumission. Mais l'islamisme, comme d'ailleurs l'islam sunnite, insiste sur la robe sans couture que constitue l'oumma, c'est-à-dire la communauté des croyants, faisant de celle-ci l'expression même de la volonté divine. À défaut de démocratie, au sens occidental, l'oumma, c'est le peuple tout entier réuni autour d'une seule et unique religion. D'où la condition inférieure qui est faite aux «infidèles» dans les régimes musulmans (dhimmi) et, chez les islamistes les plus radicaux, la volonté de les exterminer.


Le totalitarisme, c'est la concentration du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel dans les mêmes mains. Ou, si l'on préfère, du pouvoir politique et du pouvoir religieux, accessoirement du pouvoir économique. C'est pourquoi Simone Weil n'hésite pas, dans plusieurs de ses écrits, à dénoncer le christianisme des origines, sous l'influence, à ses yeux détestable, de Rome, comme la matrice du totalitarisme, parce qu'il a la prétention de réunir le temporel et le spirituel dans les mêmes mains. À l'inverse de Rousseau, qui, au chapitre du Contrat social consacré à la religion civile, voit au contraire dans le christianisme l'origine de la séparation du spirituel et du temporel, et l'en critique violemment: «La loi chrétienne est au fond plus nuisible qu'utile à la forte constitution de l'État.» Et de lui préférer Mahomet, qui «eut des vues très saines» en confondant les deux pouvoirs. Simone Weil critique le christianisme pour être potentiellement totalitaire, tandis que Rousseau le critique pour ne pas l'être! Rien de tel que l'histoire des idées pour nous débarrasser des idées toutes faites!

Ajoutons que dans son dernier livre (Brève apologie pour un moment catholique, Grasset), Jean-Luc Marion considère, comme Rousseau, que le christianisme est une religion de «séparation» entre le temporel et le spirituel, mais pour s'en réjouir, évidemment. Ne craignant pas de voir dans le monothéisme absolu une matrice possible du totalitarisme, il se réjouit que la dimension trinitaire du christianisme, c'est-à-dire la séparation au sein même de l'unité, remette en cause cette pente totalitaire du monothéisme.

Redescendons de ces hauteurs conceptuelles à la réalité historique. Il y a deux formes du totalitarisme: le premier comme idéologie, le second comme régime politique. Dans le cas de l'islamisme, c'est le premier qui est dominant, le second, sous la forme de l'État islamique, est en train de disparaître. Mais il a assez vécu pour démontrer qu'il est non seulement un système de despotisme absolu sur les consciences, mais aussi l'expression d'une sauvagerie primitive sans limites. Quant au premier, il exerce une influence de plus en plus forte sur les pays musulmans: domination absolue de l'islam, éradication des autres religions comme en sont victimes les chrétiens d'Orient et les yazidis, discriminations de toute sorte, asservissement des femmes, législation intolérante et tyrannique.
Cette idéologie est en constant progrès chez les musulmans des pays occidentaux, notamment chez les jeunes. À telle enseigne qu'après les résultats inquiétants d'une enquête de l'Institut Montaigne, on se garde bien de mesurer régulièrement un phénomène que l'on redoute, ou bien dont on nie l'existence. La volonté de ne pas savoir est devenue, dans une partie des élites, la doxa dominante au pays de Voltaire. Décidément, la race des idiots utiles n'est pas morte avec le stalinisme.

L'AIR DU TEMPS

La force du symbole en démocratie, Emmanuel Macron la connaît bien. Il aura beau plaider l'efficacité financière, l'exonération de l'impôt sur la fortune pour les possesseurs de yachts ou d'avions privés, mais non pour un père de famille qui aurait acheté un appartement pour sa fille, cela ne passe pas, cela ne saurait passer. C'est Noël pour les possédants et le Jour des morts pour la classe moyenne. Décidément, il devrait y avoir une épreuve de bon sens à l'entrée de l'ENA.
* Éditorialiste de l'hebdomadaire «Marianne».

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