Par PASCAL
BRUCKNER
Publié le 06/10/2017 à 09h01
TRIBUNE - «Ce que les agents
d'influence de l'islamisme ne tolèrent plus des curés ou des pasteurs, ils
l'acceptent des mollahs ou des imams. Et veulent imposer à tous ce point de
vue», écrit le philosophe.
Les uns par anticapitalisme, les
autres par tiers-mondisme, les troisièmes par haine de la France, d'autres par
aversion d'Israël ou des juifs: autant de motivations qui structurent ce qu'on
appelle l'islamosphère. Laquelle n'a rien à voir avec cette «fascination de
l'islam» dont parlait l'orientaliste Maxime Rodinson et qui a touché les
grandes figures de notre culture, Montesquieu, Voltaire, Napoléon ou Michelet,
admiratifs de Mahomet ou éblouis par les fastes de l'Empire ottoman. Dans cette
famille, il faut distinguer entre les idiots utiles et les esprits forts
répétant à l'envi que l'islamisation est un faux problème: c'est la position
depuis toujours d'un Olivier Roy, écrivant en 2014 que «le bla-bla
pseudo-érudit sur les racines coraniques du terrorisme n'a aucun intérêt», ou
accusant le philosophe Robert Redeker, menacé de mort en 2006 après un article
dans Le Figaro, d'avoir «chatouillé la fatwa». Il y a enfin les vrais
complices, les agents d'influence aux ordres des Frères musulmans ou des
wahhabites, Edwy Plenel, capo dei capi, Vincent Geisser, François Burgat et
autres. L'islamosphère entend contrôler toute parole sur la religion du
Prophète pour l'exonérer de ses responsabilités dans les crimes djihadistes et
les imputer aux seules nations occidentales, coupables par essence.
«Ils haïssent la France non
parce qu'elle opprimerait les musulmans, mais parce qu'elle les libère»
La gauche extrême qui a tout
perdu, l'Union soviétique, le tiers-monde, la classe ouvrière, voit dans
l'islam radical un prolétariat de substitution à mobiliser contre les forces du
marché. Ce que l'on ne tolère plus des curés ou des pasteurs, on doit l'accepter
des mollahs ou des imams, incarnation d'une religion «opprimée». Ainsi ce
«progressisme halal» n'hésite-t-il pas à piétiner ses propres valeurs, à tomber
dans une idolâtrie sans faille pour le voile islamique, à s'enticher de toute
la vêture des barbus comme on s'extasiait au XIXe siècle sur les
odalisques et les harems. Le sociologue Raphaël Liogier ne compare-t-il pas les
salafistes aux amish, cette pittoresque tribu d'Amérique du Nord abonnée aux
carrioles à cheval et aux robes à crinoline?
Dénoncer le viol, s'il est commis
par des immigrés, est un acte raciste comme l'explique Caroline de Haas.
D'autant que ces agressions, confirme le sociologue Eric Fassin, sont des actes
politiques dirigés contre des femmes blanches dominantes. Quel spectacle cocasse
de voir des intellectuels faire la leçon dans les médias à des Françaises
musulmanes soucieuses de se dévoiler et de vivre comme des personnes libres!
Comment osent-elles? A nous les affres de la liberté, l'égalité entre les
sexes, le droit de déserter des vérités admises. A vous la soumission aux
hommes, la religion imposée, le blasphème sanctionné, le crime d'apostasie.
Ex-communistes, trotskistes,
maoïstes rivalisent dans leur allégeance à la bigoterie pourvu qu'elle soit
portée par les adeptes du Coran. Ils haïssent la France non parce qu'elle
opprimerait les musulmans, mais parce qu'elle les libère. Dès lors, l'ennemi à
leurs yeux devient la laïcité et surtout les dissidents de l'islam qui veulent
en finir avec la chape de plomb cléricale, avoir le droit de croire ou de ne
pas croire, de vivre comme
ils l'entendent. Ces
récalcitrants, il faut les punir, les clouer au pilori, tel Alain Gresh
fustigeant devant des sénateurs l'imam Chalghoumi, dit «l'imam des juifs»,
lui-même sous le coup d'une fatwa, ou Pierre Tevanian traitant le philosophe
Abdennour Bidar de fasciste…
L'Histoire retiendra que, face à
la Peste verte, les islamo-poujadistes, de Mediapart à Alain Soral, du Bondy
Blog et du NPA à Dieudonné, se sont prosternés comme leurs prédécesseurs du
XXe siècle face au nazisme et au communisme. Dans notre belle République,
les collabos aiment à se parer du masque des rebelles.
Auteur d'Un racisme
imaginaire, Grasset, 257 p., 19 €.
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