jeudi 5 octobre 2017

islamisme et politique 04.10.2017


Damien Le Guay: «Que nous le voulions ou non, nous sommes en état de “ guerre civile”» (02.10.2017)
Après une vive polémique, un colloque «contre l’islamophobie» annulé (04.10.2017)
Une étudiante se prend en selfie avec les hommes qui la harcèlent dans la rue (04.10.2017)
Danièle Obono, chiffon rouge de l'Assemblée (04.10.2017)
Députée de la majorité et ex-policière, elle n'a pas voté la loi antiterroriste (04.10.2017)
La néo-sénatrice FN qui compare les migrants aux envahisseurs nazis suspendue (04.10.2017)
Après les attaques de Marseille et Las Vegas, les revendications de Daech en question (04.10.2017)
Attentat de Marseille : «Qui a armé le bras d'Ahmed Hanachi ?» (04.10.2017)
Las Vegas : un arsenal dans la chambre du tireur, sa compagne de retour aux États-Unis (04.10.2017)
Philippe Bilger: «Marseille: une négligence professionnelle de la préfecture du Rhône » (04.10.2017)
Éric Zemmour : «Les racines religieuses de la gauche et de la droite»
Attaque à Marseille: les enquêteurs s'intéressent à l'entourage du terroriste (04.10.2017)
Facebook, Google et la culture de l'excuse permanente (05.10.2017)



Damien Le Guay: «Que nous le voulions ou non, nous sommes en état de “ guerre civile”»


  • Par  Alexandre Devecchio 
  • Mis à jour le 03/10/2017 à 08:00 
  • Publié le 02/10/2017 à 15:06
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Pour Damien Le Guay, il est vain de parler de «folie meurtrière» ou d' «acte barbare» pour qualifier les actes terroristes survenus sur notre sol. Il est temps de nommer clairement le réel sans avoir peur de «faire le jeu» du Front national.

Damien Le Guay est philosophe, essayiste, critique littéraire, conférencier. Il a publié La guerre civile qui vient est déjà là (éditions du Cerf).

FIGAROVOX.- Une attaque au couteau a eu lieu hier, dimanche, à la gare Saint-Charles à Marseille. Deux femmes ont été tuées. L'assaillant, qui a crié «Allah Akbar» a été abattu. Votre dernier livre s'intitule, La guerre civile qui vient est déjà là. Est-ce à dire que nous sommes dans cette guerre civile - du moins sur certains territoires?

Lorsque deux jeunes femmes innocentes (de 17 et 21 ans) sont égorgées au couteau, par-derrière, gare Saint-Charles et qu'un cri de guerre islamiste est répété par l'assassin, n'est-on pas en droit de constater qu'un climat de terreur est entretenu de mois en mois, attaques après attaques! Quand on constate que des attentats de ce type se répètent régulièrement sur notre territoire et qu'ils sont perpétrés par des nationaux, ne sommes-nous en droit de nous reconnaître dans une sorte de guerre civile qui ne dit pas son nom! Quand les victimes sont trucidées au hasard et que tous les meurtriers agissent au nom de l'Islam, ne sommes-nous pas en situation de guerre sur notre territoire! Ajoutons que le ministre de l'intérieur nous dit que des dizaines d'attentats ont été déjoués depuis le début de l'année et que 17.400 «fichés S» sont répertoriés, sans parler de tous ceux qui reviennent de Syrie et qu'il va falloir surveiller.

De toute évidence quand des assassinats se répètent, régulièrement, avec toujours les mêmes revendications, quand la menace est désormais partout et que nous sommes tous des victimes en puissance, quand les mesures de sécurité augmentent dans tous les lieux publics, quand les spécialistes vous disent que nous en avons pour plus de vingt ans, est-il encore possible de considérer qu'il s'agit là de simples «faits divers» à répétition qu'il faut, à chaque fois, minimiser? Non. Et pourtant, à chaque fois (comme hier pour Marseille) nos autorités «déplorent» ces attentats, montrent leur «compassion» à l'égard des victimes, indiquent leur «indignation»

Non, Monsieur le premier ministre, il n'y a pas de « folie » dans un terrorisme politique qui vise, au nom d'une idéologie islamiste, à lutter contre l'Occident, contre les « infidèles »

et dénoncent (comme hier le ministre de l'intérieur) «une attaque odieuse». À chaque fois nos autorités éludent la situation, relativisent l'acte et considèrent l'assassin comme un «fou». Ainsi, hier, le premier ministre, dans un communiqué, s'est-il empressé, de dénoncer le «criminel» et de s'en prendre à «sa folie meurtrière». Non, Monsieur le premier ministre, il n'y a pas de «folie» dans un terrorisme politique qui vise, au nom d'une idéologie islamiste, à lutter contre l'Occident, contre les «infidèles», contre les «impurs», les kouffars que nous sommes tous. Non, Monsieur le premier ministre, à chaque fois on découvre que ces terroristes suivent, d'une manière ou d'une autre, les mots d'ordre de l'Etat islamique avec, souvent, des «cellules-souches» animées par un imam salafiste qui prêche la haine et finit par convaincre certains de ses fidèles qu'il faut tuer «des mécréants». Et comme on pouvait s'en douter, dimanche soir, l'Etat islamique a revendiqué l'attentat. Tout cela renforce l'évidence: certains, ici, nous détestent et feront tout pour détruire ce tissu national qui tient ensemble tout le monde et défend une certaine manière de vivre «à la française».

Or, il nous faut considérer que des attentats répétés depuis au moins 2015, tous commis en invoquant le nom d'Allah, revendiqués par l'État islamique, ne relèvent pas de la folie d'individus isolés mais d'une action d'envergure et convergente, visant à lutter contre la France et ses valeurs pour imposer un climat de terreur et de défiance tous azimuts. De toute évidence, ces attentats sont liés les uns aux autres. Ils sont politiques avant d'être psychiatriques. Ils instaurent une «guerre civile larvée», selon l'expression de Gilles Kepel. Ne pas reconnaître cette «guerre civile» contre nous, entre nous, plutôt que d'améliorer la situation, l'aggrave. L'euphémisme tue, lui aussi. Nos politiques, par naïveté, manque de courage ou défaut de lucidité, refusent l'évidence. Dès lors, pour ne pas prendre la mesure de la situation, ils tergiversent. Plutôt que de soigner notre tissu national, ils laissent les problèmes s'envenimer. Prenons deux éléments. Le rejet de l'Islam ne cesse d'augmenter en Europe. En France l'enquête de Fondapol indiquait, il y a peu, que ce rejet est pratiqué par 60 % de nos concitoyens qui, dans les mêmes proportions, considèrent que l'Islam est une menace contre la République. D'autre part, les indices de radicalisation des Français musulmans augmentent. Un tiers d'entre eux, selon le rapport Montaigne d'il y a un an, font prévaloir les lois de l'Islam sur celles de la République. Et une enquête du CNRS indiquait, en mars dernier, que 15 % des lycéens musulmans de France pensent acceptable de lutter «les armes à la main pour sa religion».

Si les indices sont graves et convergents pour laisser penser que nous sommes, que nous le voulions ou non, en «guerre civile», pourquoi nos politiques ne le reconnaissent pas?

Une triple peur existe et paralyse nos politiques. D'une part, celle de «faire le jeu du Front national» en reconnaissant qu'est intervenu dans les années 2000 un raidissement de la communauté musulmane, sous l'influence de prêcheurs venus d'ailleurs, au point de promouvoir, ici ou là, une indifférente de rejet culturel ou une animosité à l'égard de nos manières de vivre et l'apparition de terroristes musulmans nationaux. L'immigration ne serait pas, contrairement au leitmotiv proclamé par tout le monde, seulement «une chance pour la France» et générerait une «insécurité culturelle», mise en évidence par Laurent Bouvet, grandement ressentie par la «France périphérique». D'autre part, la peur d'être suspecté «d'islamophobie» - concept extensif, protéiforme, manié sans discernement et rendant impossible toute discussion relative à l'Islam ou aux musulmans. Cette arme de destruction massive, sorte de «racisme imaginaire» dénoncé par Pascal Bruckner, étouffe tous les débats intellectuels et range assez vite ceux qui, comme Alain Finkielkraut, osent discuter franchement de la situation, dans la «fachosphère». Ainsi, entre Marine Le Pen et le CCIF (le Collectif contre l'Islamophobie en France), la ligne de crête est étroite, la parole contrôlée, la lucidité faible. Donner raison à l'extrême droite est une faute politique - au point de dissimuler certaines évidences. Quand au CCIF, il traîne devant les tribunaux ceux qui remettent en cause certaines dérives de la communauté musulmane - comme ce fut le cas pour Georges Bensoussan ou Pascal Bruckner. À cela s'ajoute une troisième peur: celle de s'en prendre «à la religion des pauvres» (ce qu'est l'Islam nous dit Emmanuel Todd), aux «damnés de la terre», aux victimes de la colonisation. Un gauchisme culturel, avec des kyrielles d'associations et des relais médiatiques et universitaires puissants, finit par considérer les victimes d'aujourd'hui comme des coupables historiques et les coupables d'aujourd'hui comme des victimes de ségrégations anciennes. L'histoire réglerait ses comptes sur le dos des innocents d'aujourd'hui avec des excuses raciales d'un côté et des culpabilités de blancheur de l'autre.

Ces trois peurs se conjuguent pour éviter des remises en cause idéologique, pour promouvoir de la confusion intellectuelle, pour restreindre l'analyse. Quand les ennemis ne sont pas des ennemis, quand il ne faut rien dire de mal contre l'Islam et que toute l'insécurité culturelle ressentie par les électeurs du Front national est forcément exagérée, pour ne pas dire inventer, nos politiques sont presque aphones. Ils ne savent pas quoi dire. «Toute élite qui n'est pas prête à livrer bataille pour défendre ses positions est en pleine décadence» nous dit Pareto. Alors, faute de mieux, reste, avec emphase, une immense compassion pour les victimes et la dénonciation creuse de la «folie meurtrière» des assassins. Hier, le président de la République évoquait un «acte barbare». Reste la réponse sécuritaire qui prolongera indéfiniment «l'état d'urgence» que nous connaissons. Reste des bouquets de fleurs et des nounours déposés sur les lieux des attaques. Reste des mots d'ordre automatiques: «pas d'amalgame», «non à l'islamophobie». Chantal Delsol s'était étonnée, à juste titre, que lors des manifestations de Barcelone, la foule ne refusait pas «l'occidentalophobie» mais «l'islamophobie» comme si les terroristes s'en étaient pris à l'Islam alors même qu'ils s'en réclamaient. Ce paradoxe serait généreux s'il n'était pas tragique!

Quel serait alors l'avantage, selon vous, après l'attentat de Marseille, de nous reconnaître en guerre?

Les musulmans français ne sont pas des ennemis, c'est une évidence mais certains d'entre eux pratiquent une guerre contre cette Nation qu'ils haïssent et que nous n'aimons pas assez. N'oublions pas que François Hollande reconnaissait qu'une «partition du territoire» était en train de se produire quand son ministre de la ville constatait qu'existaient «cent Molenbeek» en France. Si nous voulons lutter contre ces dérives et ces spasmes terroristes

Pour désarmer les terroristes encore faut-il désarmer les consciences. La guerre civile est d'abord dans les têtes.

qui agitent régulièrement la France (comme ce fut le cas hier à Marseille) encore faut-il lutter contre les terreaux idéologiques qui arment les consciences des terroristes. Pour désarmer les terroristes encore faut-il désarmer les consciences. La guerre civile est d'abord dans les têtes. Comment agir? En désamorçant les trois peurs évoquées plus haut. En réformant «l'islam de France» - contre l'islam consulaire et ceux des imams qui, sans contrôle, prêchent la haine - à la suite du rapport des sénatrices Féret et Goulet de juillet 2016. Or, ces réformes n'avancent pas alors que le temps est compté. En demandant aux Français musulmans, comme le fait Ghaled Bencheikh, de choisir entre les solidarités musulmanes et l'amour de la France. Or, des rapports parlementaires montrent que «la lutte contre la radicalisation», nouvel euphémisme inventé par nos politiques, est un échec. Elle coûte cher, s'appuie sur des analyses tronquées et des associations peu fiables. Ce sursaut n'est possible qu'à la condition de se hisser à hauteur de l'événement - et de l'attentat de Marseille, pour ne parler que de lui. Encore faut-il condamner l'angélisme multiculturel de certains et œuvrer (comme mon livre le propose) à une «déradicalisation de l'antiracisme». Que nous le voulions ou non, nous sommes en état de «guerre civile». Considérons-la pour mieux l'éviter. Une guerre, dit Lévinas, revient à «se saisir de la substance de l'autre» et à rechercher son «talon d'Achille». Les terroristes français, soldats de l'Etat islamique et de l'islamisme culturel, cultivent nos peurs et réussissent à se saisir de notre «substance». Ils nous poussant vers toujours plus de multiculturalisme, toujours plus de mutisme, toujours plus de détestation de nous-mêmes.

Depuis 2015, on ne compte plus ce type d'attentats. Assiste-t-on à une forme de banalisation et de résignation?

On est en mesure de le craindre. Que va-t-il se passer après Marseille? On aimerait penser à un sursaut. Mais, l'étouffement sous les ours en peluche et les larmes de crocodile est plus probable. Nous allons attendre une nouvelle manifestation de «folie meurtrière» sans tout mettre sur la table et s'en prendre aux complicités idéologiques musulmanes. Il ne faudrait pas nous exposer à passer pour un islomophobe primaire! Ainsi, sans le vouloir mais sans rien pouvoir faire pour l'éviter, nous irons de petites défaites en grands renoncements, d'attentats terroristes en habitudes résignées, de lassitudes angoissées en soumissions volontaires. Nous nous en prendrons alors, dans une sorte de passivité complice, à la défaillance de nos politiques, à cette grande défaite de l'intelligence et à notre manque de courage. Ce constat douloureux devrait suffir à provoquer un sursaut d'orgueil. Mais même l'orgueil est interdit à cette Europe qui a tant à expier, tant à se faire pardonner!

Après une vive polémique, un colloque «contre l’islamophobie» annulé (04.10.2017)


Par Louis Heidsieck • Publié le 04/10/2017 à 16:58 • Mis à jour le 04/10/2017 à 17:42

Un texte de Jean-Louis Bianco, président de l’observatoire de la laïcité, devait être lu en ouverture du colloque.Crédits photo: Copie d'écran

Alors qu’il devait avoir lieu samedi 14 octobre, le colloque a finalement été annulé par la direction de l’université Lyon 2. La liste des participants, dont une personne fichée S, avait suscité la controverse ces derniers jours.

«Les conditions n’étant pas réunies pour garantir la sérénité des échanges et le bon déroulement des débats autour de la question de l’islamophobie, [...] la Présidence de l’université Lumière Lyon 2 a pris la décision d’annuler la tenue du colloque». Alors qu’il devait être organisé par l’Institut Supérieur d’Étude des Religions et de la Laïcité (ISERL) de la faculté le 14 octobre prochain, le débat qui suscitait une controverse depuis quelques jours a donc finalement été annulé. Les raisons avancées dans ce communiqué de presse de l’établissement tiennent donc de la sécurité autour de l’événement.

Mais le débat avait largement fait polémique au moment où en avaient été dévoilés les participants. Le site d’extrême droite Fdesouche avait condamné la tenue de ce «colloque islamiste» (avant de s’auto-féliciter de sa propre «vigilance citoyenne» qui en aurait entraîné l’annulation). Tout est parti d’un tweet de Laurent Bouvet, un politologue engagé et co-fondateur du Printemps républicain, qui avait invectivé dès le 22 septembre l’Observatoire national de la laïcité et l’université de Lyon 2. Selon lui, il s’agissait d’un «colloque plein d’intervenants islamistes sous couvert académique». Une injonction largement reprise, à dessein, par le site Fdesouche. Un communiqué de la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (Licra) avait dénoncé, lui, un «colloque laïcophobe».

Un colloque plein d'intervenants islamistes sous couvert académique à @universitelyon2 ? cc @ObservLaicite


Sur le site de débats et d’opinions du FigaroVox, l’essayiste Céline Pina avait listé le 29 septembre dernier les intervenants au débat, dont Abdelaziz Chaambi, un fiché S, comme le confirme le site de la coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), qui défend ses positions. On peut aussi citer Jamilah Farah, qui s’était présentée aux législatives sous les couleurs du parti égalité justice (PEJ), un parti ne masque pas sa proximité au régime turc de Recep Tayyip Erdoğan.


«Un immense travail partout sur le terrain»

Jean-Louis Bianco, le président de l’Observatoire de la laïcité dont un texte devait être lu en incipit de l’événement, a lui fustigé ces accusations dans un tweet, jugeant ces attaques «mensongères et ridicules». Il a aussi affirmé qu’elles mettaient à mal «un immense travail partout sur le terrain». Une source proche de l’affaire affirme que M. Bianco faisait confiance en l’ISERL, qui organisait de l’événement, mais qu’il n’était peut-être pas au courant de tous les intervenants au débat. Selon elle, l’Observatoire pour la laïcité n’avait été convié que pour écrire un texte sur «La laïcité dans notre République».

Selon cette source, «l’ISERL est une institution sérieuse, sûre, dont il est impossible de suspecter la moindre proximité avec le milieu rigoriste islamiste», d’où la confiance accordée par M. Bianco. Et d’ajouter que le président de l’observatoire de la laïcité avait fait savoir par tous les moyens qu’il était contre l’idée de la table ronde «Peut-on parler d’islamophobie d’Etat?» (qui avait été très largement raillée par les détracteurs cités plus haut, ndlr).

Une étudiante se prend en selfie avec les hommes qui la harcèlent dans la rue (04.10.2017)


Par Mylène Bertaux | Le 04 octobre 2017

Aux Pays-Bas, une étudiante de 20 ans a immortalisé pendant un mois ses harceleurs de rue. Les clichés sont compilés sur Instagram.

 «Je sais ce que je te ferais, bébé», «hmmmm tu veux un baiser ?», «Hey fille sexy, où est-ce que tu vas comme ça ?». Ces phrases, Noa Jansma les a toutes entendues alors qu'elle était dans la rue. L'éudiante à la Design Academy de Eindhoven, au sud des Pays-Bas, excédée de se faire siffler, klaxonner et/ou importuner dans l'espace public, a décidé d'immortaliser tous les cas de harcèlement dont elle a été victime. Pour ce faire, durant un mois, elle a fait des selfies avec ses harceleurs de rue. Ledits clichés sont diffusés lecompte Instagram «dearcatcallers», autrement dit «chers harceleurs».

Lepremier post date du 29 août 2017 et résume la démarche de la jeune femme. «Ce compte a pour but de sensibiliser sur l'objetisation de la femme dans la vie quotidienne. Puisque beaucoup de personnes ne savent toujours pas avec quelle fréquence et comment arrive le harcèlement, je montrerai mes harceleurs sur une période d'un mois.»

"Je voulais faire quelque chose qui me donne du pouvoir sur eux"

«Souvent, les femmes ne savent pas répondre à un commentaire sexiste», explique-t-elle au site Redpers et traduit par le Huffington Post. «Poursuivre sa route semble être la seule solution, mais cela n'a aucune conséquence pour les harceleurs. Parfois, je leur faisais un doigt d'honneur, mais je me sentais bête après. Je voulais faire quelque chose qui me donne du pouvoir sur eux.»

Alors à chaque commentaire déplacé, Noa Jansma pose neutre, au premier plan avec son harceleur, souvent souriant, derrière elle.

Comment expliquer la facilité avec laquelle la jeune femme a pu prendre les photos ? «Ils ne sont pas du tout méfiants, détaille la jeune femme, parce qu'ils trouvent ce qu'ils font tout à fait normal.» Seul l'un d'entre eux a demandé le but de sa photo, avant de décliner sa demande.

Un mois, vingt-quatre clichés et 20.000 abonnés plus tard, que va devenir son compte Instagram ? Noa Jansma compte laisser la main à d’autres femmes victimes de harcèlement de rue. Dans le monde entier.

Danièle Obono, chiffon rouge de l'Assemblée (04.10.2017)
  • Par  Charles Sapin 
  • Mis à jour le 04/10/2017 à 18:17 
  • Publié le 04/10/2017 à 16:44
LE SCAN POLITIQUE - Polémique après polémique, la députée France insoumise de 37 ans est devenue la cible favorite d'une partie de la classe politique, qui l'accuse de complaisance avec l'islam radical.

Elle ne s'attendait pas à ça. «Camaradobono», comme elle est surnommée depuis ses 20 ans, était loin d'imaginer devenir en quelques mois une cible de choix. À 37 ans, cette bibliothécaire de profession, élue députée sur l'ancienne circonscription du PS Daniel Vaillant, à cheval entre le 18 et le 19e arrondissement de Paris, est dans le viseur de bon nombre de ses collègues parlementaires, des bancs de l'extrême droite jusqu'à ceux de la majorité où siège l'ancien premier ministre Manuel Valls.

Fille d'un opposant politique au président gabonais Omar Bongo, candidat à la présidentielle de 1998, Danièle Obono n'a jamais eu peur de l'affrontement idéologique. Durant ses années de militante à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), elle traîne de longues heures au sous-sol de la librairie la Brèche, dans le 12ème arrondissement de Paris. Les réunions politiques de l'ultra-gauche s'y succèdent. «Elle avait une bonne image même chez ses rivaux, se souvient un de ses condisciples de l'époque. C'était une figure sérieuse, elle faisait partie des moins sectaires.» Raison pour laquelle elle quittera la LCR, puis le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pour le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon en 2011.

Une proximité avec les Indigènes de la République

Encore inconnue du grand public cet été, l'ancienne porte-parole de Jean-Luc Mélenchon s'est taillée une notoriété sur un plateau télévisé quelques jours seulement après son arrivée à l'Assemblée. La Franco-gabonaise est interrogée par les Grandes gueules de RMC sur une pétition signée en 2012 en soutien au chanteur rap Saïdou, mis en examen au côté du sociologue Saïd Bouamana, pour sa chanson Nique la France. «La liberté d'expression», justifie une Danièle Obono étranglée par la question qui suit. Désormais élu de la nation, peut-elle dire «vive la France»?: «Vous voulez que je me mette au garde-à-vous et que je chante la Marseillaise?» Un refus faisant le miel des réseaux sociaux, notamment sa frange la plus droitière, qui exhume ses années passées à la Ligue communiste révolutionnaire comme sa proximité avec les controversés Indigènes de la République. «Hallucinant! La députée France Insoumise défend ceux qui chantent ‘nique la France' mais hésite à dire ‘vive la France'», s'indignait ainsi sur twitter le député LR sortant, Thierry Mariani.

Moins de quatre mois plus tard, l'histoire se répète. Dimanche dernier, la députée remet en cause sur le plateau de BFM-TV le lien entre un chauffeur de bus RATP refusant de prendre le volant après une femme, et le radicalisme religieux sous-tendu par son acte: «Ca veut dire qu'il a un préjudice contre les femmes. (...) Qu'est ce que ça a à voir avec la question du radicalisme?», s'interroge-t-elle. Son discours dissociant sexisme et radicalisation est rapidement jugé «complaisant» à l'égard de l'islam radical, notamment par l'ancien premier ministre Manuel Valls : «Je pense que c'est un discours islamo-gauchiste […] C'est plus que la complaisance, c'est une complicité avec un islam politique», a-t-il lâché mardi au micro de RTL.

Une critique que la jeune femme a déjà essuyée à plusieurs reprise dans l'hémicycle. «C'est assez dingue ce qu'il se passe autour de Danièle, témoigne le député insoumis Ugo Bernalicis. Quand Adrien Quatennens (député LFI du Nord, ndlr) ou moi défendons un amendement, rien ne se passe. Si en revanche, Danièle défend le même, elle se fait conspuer par Marine Le Pen, Guillaume Larrivé et maintenant Valls… Il faut dire que c'est une femme, de gauche et noire par dessus le marché. Pour les abrutis en face, elle ne devrait même pas exister».

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Députée de la majorité et ex-policière, elle n'a pas voté la loi antiterroriste (04.10.2017)

LE SCAN POLITIQUE - Laurence Vanceunebrock-Mialon, élue LREM de l'Allier qui a passé 25 ans dans la police nationale, se dit «en profond désaccord» sur plusieurs articles de la loi adoptée mardi et voulue par le gouvernement.

La députée prévient tout de suite: elle ne veut surtout pas être présentée comme une «frondeuse». Si elle s'est abstenue mardi dans l'hémicycle lors du vote sur le projet de loi antiterroriste, c'est parce qu'elle se sent «en profond désaccord» avec plusieurs dispositions du texte. Après 25 ans passés dans la police nationale, «autant sur le terrain que dans la procédure judiciaire», le regard de Laurence Vanceunebrock-Mialon sur cette réforme qui prévoit la fin de l'état d'urgence est forcément particulier.

La députée souhaitait par exemple réduire la durée maximale de fermeture d'un lieu de culte à quatre mois, contre six prévus dans la loi. «C'était d'ailleurs préconisé par le Conseil d'État, rappelle l'élue, j'estime que c'était suffisant pour les enquêteurs». La macroniste souhaitait que le texte s'appuie davantage sur le pouvoir judiciaire, et avait demandé par un amendement à faire supprimer l'article controversé qui autorise les contrôles d'identité sans justification ni aval de la justice (article 10). Toutes ses propositions ont été refusées, malgré des discussions.

Cinq abstentions dans les rangs de LREM

«Par certains côtés, la loi ne va pas assez loin, par d'autres elle va trop loin», estime Laurence Vanceunebrock-Mialon. «J'ai peur que par certains aspects, cette loi accentue les tensions dans la société.» Alors qu'elle souhaitait profiter de cette occasion pour élargir les pouvoirs des agents de police judiciaire, la députée de l'Allier promet qu'elle «apportera [sa] pierre à l'édifice» lors de la réforme de la police judiciaire.

L'ancienne policière n'est pas la seule députée à s'être abstenue sur ce texte. Dans les rangs LREM, le député Paul Molac, issu des rangs de la gauche conteste lui aussi la loi. «Cette loi ne donnera pas plus de sécurité. Et si demain, elle était utilisée par un pouvoir autoritaire, cela pourrait aboutir à brimer les libertés des Français», a-t-il expliqué, interrogé par l'Obs . Les députés Albane Gaillot et Bénédicte Peyrol se sont également abstenues.

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La néo-sénatrice FN qui compare les migrants aux envahisseurs nazis suspendue (04.10.2017)


  • Par   Marc de Boni 
  • Mis à jour le 04/10/2017 à 16:15 
  • Publié le 04/10/2017 à 14:54
LE SCAN POLITIQUE - Claudine Kauffmann, qui succède à David Rachline au Sénat, fait déjà parler d'elle par des comparatifs outranciers, bien loin de la ligne «dédiabolisée» que souhaite encore afficher la direction du FN.

«La dédiabolisation, c'est piège à cons»: cette sortie polémique du député Gilbert Collard du 11 septembre dernier semble trouver un écho certain au sein du FN. Si le parti de Marine Le Pen n'a pas obtenu de siège supplémentaire à l'occasion des sénatoriales, cela ne l'a pas empêché de voir arriver une nouvelle élue au sein de la Haute Assemblée. Claudine Kauffmann a en effet pris la suite de David Rachline, qui a préféré conserver son siège de maire de Fréjus que de rester sénateur. Et elle illustre sa prise de fonction par des prises de positions bien tranchées, visibles sur son profil Facebook. Comme relevé par le site Buzzfeed, en mai dernier, elle comparait par exemple l'arrivée de migrants et réfugiés en région parisienne à l'occupation nazie, par un montage photo montrant Hitler face à la Tour Eiffel, et assorti de la mention «ceci me fait penser à cela».

«Quand nous étions en guerre, nous nous battions pour nous en sortir et rendre la France libre, mais aujourd'hui personne ne lutte contre cette invasion», insiste-t-elle dans les commentaires, en arguant, au sujet des réfugiés: «Si ça ne s'appelle pas de l'occupation, dites-moi comment ça s'appelle». Ce genre de prise de position publique renvoie l'élue FN à la théorie du grand remplacement condamnée par Marine Le Pen, et s'inscrit à rebours de la volonté de la direction du parti de se défaire de son image d'extrême droite. Claudine Kauffmann a donc rapidement supprimé cette publication, comme le souligne l'AFP, mais elle est coutumière des comparaisons sulfureuses, qualifiant volontiers par ailleurs les migrants de «vermine» ou «d'envahisseurs»

«On a espoir qu'elle revienne sur le droit chemin»

Claudine Kauffmann s'est fendue d'une citation attribuée à Léon Zitrone, fort prisée de Jean-Marie Le Pen, fondateur du FN: «Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe, l'essentiel, c'est qu'on parle de moi!». Et l'élue d'adresser cette mention «à l'attention de tous les tontons flingueurs!». Au FN cette entrée en matière ne passe évidemment pas très bien: «On a espoir qu'elle revienne sur le droit chemin. Si ce n'était pas le cas, sans doute allons-nous en tirer un certain nombre de conclusions», déplore un membre de la direction frontiste.

Marine Le Pen elle-même a été poursuivie pour «incitation à la haine raciale» après avoir comparé en 2010 les prières de rues à l'occupation nazie, avant d'être relaxée en décembre 2015 par le tribunal correctionnel de Lyon.

» Mise à jour du 04 octobre 2017:

Selon l'AFP, Claudine Kauffmann a été suspendue provisoirement du parti d'extrême droite ce mercredi, en début d'après-midi. «Elle est suspendue dans l'attente d'explications et de clarifications sur ses propos», a annoncé David Rachline, directeur de la communication du parti d'extrême droite. Une mesure «conservatoire» a précisé celui qui était candidat sur la même liste qu'elle aux dernières élections sénatoriales.

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Attaques mensongères et ridicules de Céline Pina, visiblement en mal de notoriété Cc. @FigaroVox @AlexDevecchio #Laïcité :

Ces intervenants manifestement controversés ont-ils poussé l’université à annuler le colloque, ou s’agit-il simplement d’une question de sécurité? «Nous avions prévu de donner un complément d’information sur les raisons de cette annulation mercredi prochain, déclare-t-on au service de presse de l’université Lyon 2 Lumière. Mais au vu de la tournure des événements, nous risquons de devoir revoir notre position.» Et d’ajouter, qu’il y aura probablement des informations d’ici à la fin de la journée. Pour l’instant l’université n’a «aucun commentaire à ajouter sur cette annulation.»

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Après les attaques de Marseille et Las Vegas, les revendications de Daech en question (04.10.2017)


  • Mis à jour le 04/10/2017 à 10:34 
  • Publié le 04/10/2017 à 08:19
VIDÉOS - L'organisation djihadiste a rapidement revendiqué ces deux attaques mais, pour le moment, rien dans le parcours des assaillants ne les relie à l'État islamique. De quoi susciter le doute, alors que de précédentes revendications se sont révélées fausses. Sans que cela n'altère l'effet de tels communiqués.

Les revendications de Daech après un attentat sont-elles fiables? Cette question prend de l'ampleur après l'assassinat de deux femmes à la gare Saint-Charles de Marseille et la pire fusillade de l'histoire des États-Unis, deux attaques survenues dimanche. Quelques heures après, l'État islamique les a revendiquées par le biais de son organe de propagande, Amaq, affirmant que les auteurs avaient agi au nom de l'organisation. Mais cette double revendication laisse les autorités et les spécialistes sceptiques.


Pourquoi ces revendications suscitent-elles le doute?

• Pas de lien entre les assaillants et l'EI

Dans le cas de Marseille, cette revendication «pose vraiment question car aucun élément ne relie l'assaillant à l'organisation», a confié une source proche du dossier à l'AFP. Pour ce qui est de Las Vegas, l'attaque a été minutieusement préparée mais le FBI a déclaré n'avoir établi «aucun lien à ce stade avec un groupe terroriste international». La CIA a également mis en garde contre «des conclusions hâtives», en renvoyant à l'enquête en cours. Le shérif de Las Vegas a évoqué un «loup solitaire» et un «psychopathe», se refusant lui aussi à évoquer la piste terroriste. Les enquêtes restent cependant en cours et de nouveaux éléments pourraient apparaître.

Plusieurs spécialistes ont également relevé des éléments imprécis ou inhabituels pour des attaques terroristes revendiquées par Daech. «De toutes les revendications de l'EI, celle de Las Vegas est la plus étrange», souligne ainsi Rita Katz, directrice du site SITE spécialisé dans la couverture des informations issues des réseaux djihadistes. «De tels assaillants laissent généralement des indicateurs» de leur radicalisation «en ligne, dans leurs voyages, dans leur histoire». La spécialiste souligne également que l'EI ne prouve pas sa connexion avec l'assaillant, ce que l'organisation prend pourtant généralement soin de faire.

• Le suicide du tireur de Las Vegas

Autre fait particulier: l'auteur de l'attaque de Las Vegas s'est suicidé, selon la police américaine. «Ce qui dénote complètement avec le mode opératoire d'un djihadiste vouant allégeance à l'État islamique», a souligné sur France 5 Wassim Nasr, journaliste pour la chaîne France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes.

Un avis partagé par Paul Cruickshank, rédacteur en chef de CTC Sentinel , journal américain spécialisé dans les questions de terrorisme. «Les djihadistes font la distinction entre le suicide, qu'ils considèrent interdit pas l'islam, et la mort en tant que martyr dans une attaque», souligne-t-il sur Twitter. Les seuls cas où la notion de suicide a pu potentiellement être envisagée dans des organisations djihadistes concernaient des personnalités détentrices d'informations cruciales. Ce qui apparaît peu probable dans le cas d'un sexagénaire sans connexion établie avec l'EI.

La revendication très rapide après ces deux événements dénote également avec la plupart des autres attentats, revendiqués plus tardivement.

De précédents exemples de revendications mensongères

Les revendications transmises par l'agence Amaq, ou directement endossées par Daech, sont généralement considérées comme fiables: elles énoncent des preuves du lien avec l'organisation ou bien elles interviennent alors que l'auteur a ouvertement déclaré agir au nom de Daech. Cette fiabilité n'a pas empêché des exagérations ou imprécisions, mais celles-ci concernaient les détails de l'opération, pas son inspiration.


Plus récemment, pourtant, la véracité de certaines revendications a été remise en cause. «Au cours des derniers mois, l'EI a diffusé un certain nombre de revendications dont on a pu démontrer qu'elles étaient fausses, pour des attaques qui n'avaient pas de connexion avec le terrorisme djihadiste», affirme Paul Cruickshank. Le spécialiste cite notamment l'attaque dans un casino de Manille, aux Philippines, en juin. Elle a été attribuée à l'EI après une revendication. La police a pourtant réaffirmé par la suite qu'il ne s'agissait «pas d'un acte de terrorisme». L'assaillant était lourdement endetté en raison de son addiction aux casinos, ce qui expliquait son geste. Il s'était suicidé après l'attaque.

De même, le spécialiste précise que l'organisation djihadiste avait affirmé être derrière l'alerte de sécurité survenue à l'aéroport de Paris Charles-de-Gaulle, en septembre. Il s'agissait en réalité d'une fausse alerte à la bombe après des propos tenus par une quinquagénaire qui n'était pas autorisée à voyager.

Lors de l'épisode philippin, Daech avait diffusé deux communiqués. Le premier mentionnait plusieurs assaillants, tandis que le second parlait d'un seul, dont le nom de combattant était énoncé. Le procédé rappelle justement celui consécutif à l'attaque de Las Vegas: absent du premier document, un nom de combattant a été diffusé lors d'un deuxième communiqué.

Autant d'éléments qui poussent plusieurs analystes à mettre en doute ces revendications. «Je me demande s'il ne s'agit pas de l'un de leurs premiers ratés majeurs»interroge Rukmini Callimachi, spécialiste de Daech au sein du New York Times. La plupart rappellent cependant que la prudence reste de mise face à de telles conclusions, alors que les enquêtes restent en cours.
Des revendications qui deviendraient sans effet?

En réalité, cette question de fiabilité ne change pas grand-chose à l'effet de ces communications dans l'opinion publique. «L'EI bénéficiera de sa revendication, peu importe son degré de véracité», estime ainsi Rita Katz de SITE. Si sa responsabilité est avérée, l'organisation djihadiste «aura réussi ce que ses soutiens et les autres mouvances djihadistes verront comme un exploit monumental», détaille la spécialiste. Dans le cas contraire, l'EI «perdra seulement sa crédibilité auprès de ceux qui ne lui font déjà pas confiance». Les soutiens inconditionnels, eux, garderont foi en l'organisation.

Au final, l'impact de telles communications de la part de l'organisation reste important. «Gardez en tête que les premiers relais d'information, bien que faux, sont ceux qui durent pour toujours», résume Patrick Skinner, ancien membre de la CIA au service contre-terrorisme. Ainsi, le site d'informations américain Vox juge que «la couverture des médias qui met en avant» ces revendications, ce «malgré le manque de preuves, aide au succès de la stratégie de l'EI».

Ce constat n'est pas tout à fait neuf: Ouest-France rappelle qu'après l'attentat de Nice, Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po Paris et spécialiste de l'islam, affirmait que «toutes les revendications de Daech sont opportunistes» étant donné que l'organisation «profite des opportunités». Outre les attaques coordonnées, l'EI invite en effet régulièrement ses soutiens à agir au nom de l'organisation et avec une logistique simple. La possibilité de revendications mensongères ravive toutefois la question de leur impact, autant qu'elle révèle potentiellement les difficultés de l'organisation, qui a perdu une large partie de son territoire.
(Avec AFP)

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Attentat de Marseille : «Qui a armé le bras d'Ahmed Hanachi ?» (04.10.2017)



Mis à jour le 04/10/2017 à 22h13 | Publié le 04/10/2017 à 18h41

TRIBUNE - Les causes du laxisme de l'État en matière d'expulsion des clandestins sont clairement identifiées, explique Guillaume Larrivé, député LR de l'Yonne, spécialiste des questions d'immigration.

Guillaume Larrivé est l'auteur d'Insoumission. Pour que vive la nation (Plon, 2017).

L'assassin qui a poignardé deux jeunes femmes au cri d'«Allah akbar!» est, par définition, le coupable. Rien ni personne ne peut excuser l'acte meurtrier qui est le sien. Mais nous serions bien lâches d'en rester là, sans chercher les causes qui n'ont pas permis d'éviter l'horreur terroriste.

Pourquoi le tueur était-il libre de ses mouvements à la gare Saint-Charles dimanche alors qu'il avait été interpellé vendredi à Lyon? Pourquoi cet individu, ressortissant étranger en situation illégale, connu à de multiples reprises par les services de police pour des faits de délinquance depuis plus de dix ans, n'avait-il toujours pas été expulsé vers son pays d'origine? L'enquête judiciaire et celle de l'inspection générale de l'administration préciseront l'enchaînement des faits qui ont été rendus publics, jusqu'alors, par la presse.

Si l'assassin a frappé à Marseille, c'est parce que l'immigrationnisme l'a permis

Mais pour l'essentiel, déjà, la vérité se dévoile. Si l'assassin a frappé à Marseille, c'est parce que l'immigrationnisme l'a permis. C'est un scandale d'État. Jamais la tragédie n'aurait dû surgir si la funeste idéologie de l'ouverture totale n'avait été à l'œuvre. Cette doctrine considère que l'immigration est, en soi, une chance absolue pour la France ; puisque l'immigration est regardée comme toujours positive, non seulement inéluctable mais surtout souhaitable, vouloir l'organiser, la réguler, la maîtriser serait déjà un mal ; vouloir la réduire serait un mal absolu, renvoyé devant le tribunal des «passions tristes» et des pensées interdites. Les immigrationnistes considèrent, dès lors, que la politique doit reculer, car il n'y a pas de place pour le choix: il faut et il suffit d'applaudir au spectacle de la Providence, qui peu à peu gomme la frontière, efface la distinction du national et de l'étranger, et va même jusqu'à nier la différence entre l'illégal et le légal, puisqu'on régularise celui-là pour qu'il devienne celui-ci.

Depuis de trop longues années, cette idéologie imprègne les règles juridiques et les pratiques bureaucratiques relatives à l'entrée et au séjour des étrangers en France. Sous l'influence de jurisprudences européennes, de surcroît souvent surinterprétées à Paris, le législateur a consciencieusement empilé les procédures, jusqu'à être à peu près sûr que l'État se trouve bien incapable de lutter vraiment contre l'immigration illégale.

Les derniers exemples de ce fléau, sous le quinquennat de François Hollande, sont la loi du 31 décembre 2012 supprimant le délit de séjour irrégulier et celle du 14 mars 2016 systématisant l'intervention du juge des libertés et de la détention au début d'une procédure d'éloignement.

Aujourd'hui, en France, on compte sans doute un demi-million de clandestins

Accablés par un tombereau de contraintes administratives et juridictionnelles, les policiers et les agents des préfectures font ce qu'il leur est possible de faire - c'est-à-dire, hélas, pas grand-chose. Ils sont un peu comme le garçon de café, chez Sartre, qui joue à être un garçon de café: ils s'efforcent d'exister mais ils ne parviennent pas vraiment à être.

Aujourd'hui, en France, on compte sans doute un demi-million de clandestins. Le ministère de l'Intérieur refuse d'avancer un chiffre mais, il y a une dizaine d'années, il l'estimait entre 200.000 et 400.000. Le volume s'est nécessairement accentué. Car la machine à fabriquer des clandestins tourne à plein: le système de l'asile a créé, en cinq ans, 276.281 déboutés, dont 90 % continuent à rester en France. S'y ajoutent, par milliers, des étrangers qui entrent en France avec un visa Schengen régulier mais s'y maintiennent illégalement. Sur la même période, la régularisation de 151.113 étrangers contribue paradoxalement à augmenter le nombre de clandestins, puisqu'elle alimente le marché des passeurs qui vendent à leurs victimes la perspective, aléatoire mais non nulle, de transformer l'illégal en légal.

L'État ne se donne même plus les moyens d'éloigner ceux qui, parmi les étrangers, commettent des actes de délinquance

Pendant ce temps, les préfets sont parvenus à éloigner 71.069 clandestins hors d'Europe. Ce chiffre diminue (moins 16 % en 2016). Surtout, les éloignements effectués ne représentent qu'une très faible proportion des décisions prononcées: dans 85 % des cas, la procédure d'expulsion échoue, soit empêchée par un juge (tribunal administratif ou juge des libertés et de la détention), soit abandonnée en raison d'une organisation déficiente (les centres de rétention administrative ne comptent qu'environ 1 800 places), soit obstruée par la mauvaise volonté des pays d'origine (refusant de délivrer un laissez-passer consulaire). Pire encore: les expulsions pour motifs d'ordre public sont faites au compte-gouttes. Car l'État ne se donne même plus les moyens d'éloigner ceux qui, parmi les étrangers, commettent des actes de délinquance.

Ainsi va l'idéologie immigrationniste, qui domine les faiseurs de mauvaises lois, entrave l'État et le prive de sa pleine souveraineté. Là est le scandale, dans la résignation bureaucratique à accepter, au fond, que l'assassin de Marseille ait pu continuer à séjourner si longtemps sur notre territoire. La Marseillaise nous en a avertis: «Ils viennent, jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes.» Libérons-nous de cette emprise, vite. Restaurons l'autorité de la République et de la loi. Pour que vive la France. Et pour sauver des vies.

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Las Vegas : un arsenal dans la chambre du tireur, sa compagne de retour aux États-Unis (04.10.2017)


  • Mis à jour le 04/10/2017 à 15:29 
  • Publié le 04/10/2017 à 12:11
VIDÉO - Des images publiées dans les médias montrent plusieurs fusils semi-automatiques modifiés pour tirer en rafale et des dizaines de cartouches répandues sur le sol. Le FBI poursuit son enquête, notamment sur les motivations du meurtrier, et devait entendre mercredi sa petite amie revenue des Philippines.

Deux jours après la tuerie de masse de Las Vegas, les motivations du tireur ne sont toujours pas clairement établies. Mais les éléments de l'enquête, ainsi que des photos publiées par plusieurs médias, montrent que Stephen Paddock disposait d'un arsenal impressionnant, et qu'il avait soigneusement préparé son crime.

● Une vingtaine d'armes retrouvées dans la chambre d'hôtel

Les policiers ont retrouvé une vingtaine d'armes cachées dans la chambre d'hôtel du retraité. Parmi elles, 12 fusils semi-automatiques avaient été modifiés pour tirer plusieurs centaines de cartouches à la minute par une pression continue sur la détente. Sur des photos prises dans la chambre d'hôtel de Stephen Paddock et diffusées par plusieurs médias, il apparaît que certaines de ses armes avaient en effet été équipées d'un «bump stock».


Ce mécanisme, homologué par l'agence fédérale ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms), utilise le recul de l'arme semi-automatique pour obtenir une cadence de tir similaire à celle d'un fusil d'assaut, dont la vente est interdite depuis les années 1980. Le fusil ainsi modifié produit des rafales très imprécises, mais extrêmement meurtrières sur une foule comme celle qui participait au festival de country «Route 91 Harvest».

L'une des photos montre le corps sans vie du tireur allongé près de deux fusils d'assaut, équipés d'une lunette de visée. Près de son pied, sur une table, se trouve ce qui semble être une lettre écrite à la main. D'autres photos montrent des armes longues posées sur des fauteuils, des piles de chargeurs et le sol jonché de douilles. Une image montre aussi la porte de la suite criblée de balles, probablement celles tirées par Stephen Paddock qui ont blessé un vigile.

Le shérif de Las Vegas, Joseph Lombardo, a précisé mardi que Stephen Paddock avait installé des caméras et des appareils photo, à l'intérieur comme à l'extérieur de sa chambre située au 32e étage du Mandalay Bay. L'un de ces appareils était installé sur un chariot repas dans le couloir, vraisemblablement pour surveiller l'arrivée des forces de l'ordre.

● Le mystère persiste sur ses motivations

Pourquoi Stephen Paddock, un retraité aisé de 62 ans, a tiré pendant près de neuf minutes sur une foule de 22.000 personnes? «Nous progressons, mais je n'ai pas encore toutes les réponses», a admis le shérif de Las Vegas, Joseph Lombardo, lors d'une conférence de presse. Une chose est certaine: l'attaque, qui a fait 59 morts (le tireur fait partie de ces victimes) et plus de 500 blessés, était «évidemment préméditée». «C'était planifié. Je suis sûr qu'il avait anticipé tout ce qu'il a fait», a dit le shérif Lombardo.

Le groupe État islamique a revendiqué l'attaque, affirmant que le tireur s'était récemment converti à l'islam. Mais le FBI a dit lundi n'avoir absolument rien trouvé liant Stephen Paddock au groupe djihadiste.


Paddock a accumulé dans la plus grande discrétion un arsenal de 49 fusils et armes de poing, des explosifs et des milliers de munitions. En plus de celles retrouvées dans sa chambre d'hôtel, les policiers ont découvert 19 armes à feu à son domicile à Mesquite, ainsi que des explosifs et des milliers de balles. Dans son véhicule, ils ont trouvé du nitrate d'ammonium, un engrais qui peut servir à fabriquer des explosifs.

Agé de 64 ans, Stephen Paddock, comptable et gérant d'appartements à la retraite, était un joueur invétéré, habitué des hôtels-casinos où il pariait des sommes très importantes et où il pouvait vivre pendant des mois consécutifs, selon son frère Eric. Etrange et reclus, selon ses voisins, il était devenu millionnaire grâce à des investissements immobiliers, a dit son frère. Il a vécu en Californie, au Texas et en Floride avant de s'installer dans le Nevada il y a deux ans.

Il s'est suicidé dans sa chambre d'hôtel, à l'arrivée des forces de l'ordre. Les conclusions des investigations sur la personnalité et le mobile du tueur auront des conséquences très politiques.

● Sa petite amie de retour aux Etats-Unis

Australienne de 62 ans originaire des Philippines, ancienne employée de casinos, Marilou Danley était en couple avec Stephen Paddock. La police a annoncé mardi qu'elle se trouvait aux Philippines, après avoir dit la veille qu'elle était à Tokyo, au Japon.

Elle a embarqué mardi soir sur un vol à destination de Los Angeles, a déclaré à l'AFP une porte-parole des services philippins de l'immigration. Des sites spécialisés ont montré que l'avion avait atterri aux États-Unis mardi soir à Los Angeles. Elle a été accueillie à son arrivée par des agents du FBI, selon la presse américaine. Les enquêteurs la considèrent comme une «personne» présentant un «intérêt» mais elle est libre d'aller où elle veut.

Les autorités australiennes ont indiqué que Marilou Danley est une de leurs ressortissantes qui a émigré aux États-Unis il y a 20 ans pour travailler dans les casinos. «Il y a des informations selon lesquelles ses papiers d'identité ont servi à réserver l'hôtel ou des détails comme ça», a déclaré mardi la ministre australienne des Affaires étrangères, Julia Bishop.

NBC News a révélé, citant des sources policières, que Stephen Paddock avait viré 100.000 dollars sur un compte bancaire aux Philippines la semaine précédant son crime, et qu'il avait parié un total de 160.000 dollars dans des casinos ces dernières semaines.

● Donald Trump se rendra sur place aujourd'hui

Le président américain était attendu mercredi à Las Vegas pour y rencontrer des blessés ainsi que les forces de l'ordre. Il a qualifié le tueur de «malade» et de «dément». «Nous allons voir des gens convalescents, certains des survivants. C'est vraiment horrible rien que d'y penser, vraiment horrible», avait déclaré Donald Trump mardi soir.


Philippe Bilger: «Marseille: une négligence professionnelle de la préfecture du Rhône » (04.10.2017)

  • Par  Philippe Bilger 
  • Publié le 04/10/2017 à 12:31
FIGAROVOX/TRIBUNE - L‘attentat de dimanche aurait pu être évité si le tueur n'avait été relâché par la préfecture du Rhône, estime Philippe Bilger. Il plaide pour un renforcement des contrôles professionnels et arrêter de croire que les lois nouvelles remplaceront les actes.

Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat général à la Cour d'Assises de Paris. Auteur de très nombreux ouvrages, il tient le blog Justice au singulier et a dernièrement publié Moi, Emmanuel Macron, je me dis... (éd. du Cerf, 2017).

Sentinelle a heureusement évité à Marseille, en tuant l'assassin, d'autres victimes que les deux malheureuses jeunes femmes. Qui pourrait discuter l'utilité de cette force de surveillance, de vigilance et de riposte?

Qui pourrait douter de la nécessité de voter au plus vite le projet de loi antiterroriste qui ajoute des armes à l'état de droit en maintenant celui-ci à la pointe extrême de ce qu'une démocratie peut se permettre d'accepter?

Si je confirme mon adhésion à cette présence militaire si efficace en l'occurrence et aux futures dispositions législatives qui sont attendues par le peuple français - son approbation vaut bien la contestation des universitaires et des juristes qui les récusent -, cela tient à un sentiment que j'ai éprouvé régulièrement face aux crimes terroristes.

Depuis l'affaire Merah jusqu'à toutes celles qui ont endeuillé, au fil du temps, la France, l'Etat s'est immédiatement et spontanément projeté, après chaque désastre, dans des inventions législatives.

Depuis l'affaire Merah jusqu'à toutes celles qui ont endeuillé, au fil du temps, la France, l'Etat s'est immédiatement et spontanément projeté, après chaque désastre, dans des inventions législatives.
Parce qu'il y croit et qu'il espère d'elles une plus grande sûreté et une répression plus rigoureuse contre les assassins. Et qu'il éprouve le besoin légitime de répondre à l'attente explicite des citoyens.
On n'a pas à se moquer de ce prurit venant poser sur le chagrin collectif comme une consolation vigoureuse et mieux armée pour demain.

Il n'empêche que la France abuse de la pratique législative qui vise à faire croire en certaines circonstances qu'on agit, que la loi peut devenir un substitut au véritable accomplissement.

En amont de chaque processus criminel, si on voulait bien analyser dans le détail en n'ayant pas peur de pointer les responsabilités et les défaillances, on s'apercevrait qu'à chaque fois des comportements humains, professionnels, techniques n'ont pas été à la hauteur de ce qu'ils auraient dû inscrire dans la quotidienneté. Dans la chaîne de l'excellence, un maillon a sauté et tout s'est délité. Et, en définitive, le paroxysme de l'horreur est atteint.

Il n'est pas une de ces terrifiantes affaires où à sa source on n'ait pas été confronté à une incurie, une négligence, une coordination lacunaire ou absente.

Le pouvoir politique a moins peur en France de faire voter des lois que d'exercer un redoutable contrôle professionnel sur tous ceux qui à un moment ou à un autre ont failli.

Pour le double crime de Marseille, la police pourrait à Lyon être questionnée sur ce plan mais surtout la préfecture du Rhône qui n'a pas permis que la rétention du tueur puisse être édictée le samedi 30 septembre. Ce qui aurait empêché la double monstruosité sur laquelle on verse des larmes et des torrents d'indignation.

Mais au risque de choquer, le pouvoir politique a moins peur en France de faire voter des lois que d'exercer un redoutable contrôle professionnel sur tous ceux qui à un moment ou à un autre ont failli et donc, sans le savoir, fait surgir le pire.

Il convient de perdre l'habitude de pourfendre des abstractions pour n'être pas obligé de sanctionner des coupables. Adopter une telle démarche reviendrait à changer d'esprit, de méthode et de courage.
Les massacres ne sont pas forcément facilités par de mauvaises lois. Mais, le plus souvent, par des hommes ou des femmes qui ont fait dévier, par insuffisance, incompétence, légèreté, le cours de notre destin collectif vers l'innommable.

Rien de ce qui est proprement humain n'est étranger à la sauvagerie, à cette saleté du terrorisme.
Il faudrait être doublement sans faiblesse.

Pas dans le même registre évidemment.

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Éric Zemmour : «Les racines religieuses de la gauche et de la droite»


Par Eric Zemmour 

Publié le 04/10/2017 à 16h29

CHRONIQUE - Le clivage droite-gauche ne peut pas être dépassé, car il est indépassable. Jean-Louis Harouel, grand connaisseur de l'histoire de la religion chrétienne, en fait la démonstration brillante dans son livre Droite-gauche. Ce n'est pas fini.

Droite-gauche. Ce n'est pas fini. Jean-Louis Harouel. DDB. 275 p. 18,90 €. - Crédits photo : DDB
Connaissez-vous Marcion? Non, pas Macron! Cette presque homonymie est mieux qu'un hasard. Ce livre aurait pu s'intituler De Marcion à Macron. Ou encore: Macron par Marcion. Mais qui est ce Marcion? Un prédicateur religieux du IIe siècle qui entreprit de débarrasser le christianisme de ses racines juives et de substituer au «Dieu juste» de l'Ancien Testament un «Dieu bon», seulement incarné en Jésus. Pour lui, les hommes sont tous des Dieux et n'ont que faire des interdits du Décalogue: ne pas tuer, ne pas voler… Il fut condamné par l'Église et cette hérésie s'appelle la gnose.
Mais quel rapport avec Macron? Un peu de patience. Les gnostiques rejettent tout ce qui entrave leurs hommes-Dieux: famille, mariage, procréation, patrie ; ils ont une passion pour le criminel, l'ennemi, la prostituée, l'homosexuel, tous ceux qui paraissent en marge ou en rupture de la société. Vous commencez à comprendre: les gnostiques sont les ancêtres du libéralisme sociétal qui fait de l'individu un roi et de ses caprices une règle d'or.

Clair, lumineux même, notre professeur nous emmène aux sources religieuses de la pensée de gauche en nous décrivant ses deux branches principales, le libertarisme sociétal et le communisme, comme deux hérésies du christianisme

On peut aisément récapituler la descendance de Marcion et de ses gnostiques: avortement, divorce, mariage homosexuel, PMA et GPA pour tous, mais aussi laxisme pénal ou encore internationalisme militant. Même si cette révélation afflige l'orgueil de notre Jupiter tonnant, les sociétés occidentales vivent dans l'ombre, non de Macron, mais de Marcion. Et ce n'est pas fini: une autre hérésie chrétienne, le millénarisme, version prosaïque du messianisme religieux, promet le bonheur sur terre ; un bonheur collectif, au nom de l'égalité. Ce millénarisme est bien sûr l'ancêtre de Marx et des mouvements communistes. Le millénarisme et la glose sont les deux branches de la gauche, les deux gauches, l'autoritaire et la libérale, la collectiviste et la libertaire, la gauche-caserne et la gauche-phalanstère. Elles s'allient et se combattent alternativement.

On a coutume de dire après Chesterton que les utopies de la gauche sont «des idées chrétiennes devenues folles». Notre auteur précise: pas folles, hérétiques. Jean-Louis Harouel est un professeur de droit éminent qui, depuis plusieurs ouvrages déjà, tourne sa réflexion autour de l'influence du facteur religieux sur les comportements idéologiques et politiques. Il a enfin trouvé un éditeur qui ne gâche pas son travail. Ce dernier livre est l'aboutissement de sa réflexion: clair, lumineux même, notre professeur nous emmène aux sources religieuses de la pensée de gauche en nous décrivant ses deux branches principales, le libertarisme sociétal et le communisme, comme deux hérésies du christianisme.

Hérésie, car, comme nous l'explique Paul Veyne, le christianisme est une religion du salut dans l'au-delà et non un projet social ou politique pour ce bas monde. Hérésie car «c'est un contresens que de construire un droit sur la base des préceptes évangéliques alors que Jésus n'a pas voulu être créateur de droit, qu'il n'a aucunement judiciarisé la vie quotidienne». Avis aux chrétiens de gauche qui ont fait de l'accueil des migrants une religion qui se moque des patries, avis aux droit-de-l'hommistes, qui ont pris la place des communistes comme les nouveaux millénaristes: ils sont tous des enfants de Marcion. Tous hérétiques.

Seconde leçon que notre auteur ne tire pas explicitement : la droite n'existe plus. Elle n'est qu'une autre gauche d'une société déchristianisée

Et la droite dans tout ça? Elle est tout ce que la gauche n'est pas. Elle est le christianisme. Elle est le contraire de l'utopie, ce qui la protège de la violence révolutionnaire. Elle ne coupe pas l'universalisme chrétien du nationalisme du peuple juif de la Bible. Elle respecte l'individu, maître de son destin, car le christianisme est une religion du salut individuel. Elle pense que le mal est en l'homme et non à l'extérieur, dans la société ; qu'il faut d'abord punir le criminel, et non le rééduquer. Elle est au fond indifférente envers l'organisation politique et sociale de la cité terrestre, car l'objectif du christianisme est de changer les âmes, pas la société. Elle est libérale mais pas libertaire, car le libéralisme sociétal est contre la société et contre la liberté. Pas libre-échangiste non plus si cela va à l'encontre des intérêts de son pays. Elle fait passer, à la manière d'un Burke ou d'un Joseph de Maistre, les droits des Anglais ou des Français avant les «droits humains».

On tire ainsi une double leçon de ce livre remarquable. La première donne le titre à l'ouvrage: le clivage droite-gauche ne peut être dépassé car il est indépassable, puisque ses racines religieuses millénaires ne peuvent être arrachées. L'actuelle fracture entre populisme et progressisme, entre homme enraciné et hors-sol, ressuscite la traditionnelle opposition entre la gauche et la droite. Les partis politiques qui incarnaient ce clivage depuis plusieurs décennies meurent sous nos yeux, mais le clivage droite-gauche renaît.

Ce livre est un bréviaire pour une droite en quête de programme. Mais on ne voit personne capable de l'assumer

Seconde leçon que notre auteur ne tire pas explicitement: la droite n'existe plus. Elle n'est qu'une autre gauche d'une société déchristianisée. Elle est, elle aussi, une hérésie, une utopie, se veut le parti de demain, comme la gauche, libérale et libre-échangiste, mondialiste et droit-de-l'hommiste, faisant de l'individu roi un terrible bélier enfonçant les structures traditionnelles.

La conclusion de notre professeur se veut peut-être incantation optimiste alors qu'elle est d'un pessimisme qui fait froid dans le dos: «Parce qu'elle a hérité du christianisme le refus de l'utopie et les valeurs qui font durer les sociétés humaines, la droite peut prendre le relais de la religion pour continuer à fonder et guider notre civilisation. Parce qu'elle a seule les moyens d'empêcher la mort de la France et des autres pays européens post-chrétiens, la droite est notre dernière chance.» Ce livre est un bréviaire pour une droite en quête de programme. Mais on ne voit personne capable de l'assumer.
Et Macron dans tout cela? Il est bien le lointain héritier de son quasi-homonyme, Marcion. Il est de gauche. On comprend après avoir lu cet ouvrage qu'il n'est qu'un hérétique du christianisme de plus. Mais il n'a pas d'opposition de droite. Il n'est pas le meilleur, il est le seul.

Attaque à Marseille: les enquêteurs s'intéressent à l'entourage du terroriste (04.10.2017)




  • Mis à jour le 04/10/2017 à 16:30 

  • Publié le 03/10/2017 à 19:07
VIDÉO - Trois jours après l'assassinat de deux jeunes filles dans la cité phocéenne, cinq personnes, interpellées et placées en garde à vue mardi pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle», sont entendues ce mercredi par la police.
L'enquête progresse, soixante-douze heures après l'assassinat de deux cousines de 20 ans sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille. Quatre hommes, âgés de 32 à 56 ans, et une femme de 35 ans ont été interpellés mardi dans la cité phocéenne. Tous sont inconnus des services de renseignement. Mercredi en début d'après-midi, ils étaient toujours interrogés à l'Évêché, le quartier général de la police marseillaise, selon une source proche du dossier. «Il ne s'agit pas de suspects qui l'auraient simplement hébergé, nous sommes dans des problématiques plus sérieuses», a précisé une source proche de l'enquête.


La police a notamment mené des perquisitions mardi dans le populaire 3e arrondissement de Marseille, ou Ahmed Hanachi louait un studio, dans lequel il a passé la nuit de samedi à dimanche. Un sac, aperçu sur les images de vidéosurveillance de la gare Saint-Charles lorsque l'homme de 29 ans était arrivé samedi en provenance de Lyon, a été retrouvé dans le logement. Mais il ne contenait que des effets personnels.

Mardi, Le Parisien révélait que «plusieurs mandats» avaient été envoyés au terroriste «pour un montant total d'environ 2000 euros». Mais les enquêteurs ne font à ce stade «aucun lien» entre cet argent, «perçu plusieurs mois avant la tuerie» et l'attaque, a précisé une source proche des investigations.

La famille du terroriste sous le choc

Pour l'heure, rien ne relie l'assaillant - qui aurait perpétré son crime au cri d'«Allah Akbar» - à l'État islamique. Domicilié près de Zarzouna, en Tunisie, le père estime «impossible» que son fils soit lié à l'organisation djihadiste. «Peut être qu'il était sous l'effet de la drogue», avance-t-il.
Les proches du terroriste décrivent Ahmed Hanachi comme un jeune homme «paumé» mais pas radicalisé. Quelques amis d'enfance se rappellent d'un fêtard, avec qui ils disent avoir essayé «toutes les drogues» fumées ou injectées, cocaïne, Subutex, etc. «Nous sommes sous le choc. Cette histoire de Daech, c'est impossible», assure son frère Anouar, 29 ans. «On allait en discothèque avec lui l'été, je ne l'ai jamais entendu dire “Allah Akbar”». Pour autant, une source de sécurité iaffirme qu'Ahmed et son frère seraient classés comme «extrémistes».

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Facebook, Google et la culture de l'excuse permanente (05.10.2017)


Mis à jour le 05/10/2017 à 15h53 | Publié le 05/10/2017 à 11h38

CHRONIQUE/NOS FUTURS - Google et Facebook se sont confondus en excuses après avoir avoir fait ressortir des informations mensongères sur l'attentat de Las Vegas. Une mauvaise habitude chez ces plateformes Web.


Benjamin Ferran est journaliste au Figaro. Chaque semaine dans la chronique «Nos futurs», il revient sur les évolutions technologiques qui façonnent nos vies.

C'est leur refrain préféré. Le petit air qu'ils savent si bien entonner. Cette semaine encore, Google et Facebook se sont confondus en excuses après avoir fait ressortir sur leurs pages des informations mensongères sur l'attentat de Las Vegas. «Cela n'aurait jamais dû se passer ainsi, et nous allons continuer à améliorer nos algorithmes pour que cela ne se répète plus à l'avenir», a dit l'un. «Nous sommes à pied d'œuvre pour résoudre ce problème et regrettons profondément d'avoir pu causer une confusion», a lancé l'autre.

Chez ces géants de la tech, d'aussi loin que l'on se souvienne, règne une culture de l'excuse permanente. Désolé d'avoir placé de la publicité à côté de vidéos YouTube extrêmes, d'avoir tagué des Noirs comme des «gorilles»dans une application de photos (ou sept ans plus tôt Michelle Obama dans les recherches), d'avoir complètement raté une blague pour le 1er avril, d'avoir censuré une mère Chrétienne et la photo de la petite fille au Napalm. Désolé, bien sûr, d'avoir gonflé les chiffres d'affichages de publicités vidéos et d'avoir permis de cibler les «personnes qui détestent les Juifs». Des exemples parmi tant d'autres.

Prise indépendamment, chacune de ces excuses est louable et nécessaire. Combinées, elles font naître des doutes sur la bonne foi de ces entreprises voire, de manière plus inquiétante, sur leur capacité à résoudre une bonne fois pour toutes ces problèmes. Car c'est bien leur cœur de métier qui est en cause.

L'excuse des algorithmes

Google et Facebook fonctionnent sur la promesse de classer intelligemment des informations qui leur sont chaque jour déversées, sur des sites Internet ou dans des messages partagés sur les réseaux. Ils ont mis au point des mécaniques sophistiquées et inégalables pour absorber et traiter nos données, répondre et même devancer nos désirs, développant pour cela des logiciels et du matériel incomparables. Malgré tout, une poignée de personnes malveillantes et déterminées continuent de pouvoir propager sur leurs pages des mensonges éhontés.

À chaque polémique, la réponse est la même: la faute en revient aux «algorithmes», qu'il faut continuer de perfectionner, comme s'ils étaient dotés d'une vie propre et échappaient au contrôle de leurs créateurs. Jamais le débat ne porte sur les biais des développeurs, des managers, qui ont conduit à la mise en ligne de ces codes. Ce serait admettre une forme de responsabilité.

Google et Facebook se permettent pareilles libertés, car ils bénéficient, comme tout hébergeur, d'un régime de responsabilité limitée, fondement de l'économie du Web. Ils ne sont pas comptables de leurs erreurs, dès lors qu'ils corrigent le tir promptement. Pour obtenir mieux d'elles, il faut s'engager dans un rapport de force. En Europe, la pression s'accroît pour que les contenus incitant à la violence et à la haine en ligne ne réapparaissent plus de sitôt. Il en va «de la confiance du public dans l'environnement numérique», écrit justement Bruxelles.

Un devoir moral

Par leur emprise, ces plateformes ont un devoir moral particulier. Plus d'un milliard de personnes prennent des décisions et s'y informent chaque jour, davantage que sur n'importe quel autre média. Une telle domination devrait les conduire à se plier à des audits réguliers, et à prendre des mesures plus radicales. Dans de rares cas, ils consentent à l'embauche de batteries de modérateurs pour valider, en dernière étape, les décisions automatiques. Mais jamais, ô grand jamais, ces sociétés ont accepté de laisser analyser leurs codes.

Ces géants de la tech, lorsqu'ils y trouvent un intérêt, savent pourtant s'y prendre. Bientôt, des voitures autonomes conçues dans les laboratoires de Google seront lancées dans les rues. Des algorithmes seront chargés de calculer la bonne vitesse, l'espacement entre les véhicules, de détecter un animal sur la voie et de freiner. Google ne pourra plus, avec légèreté, affirmer après un accident que «cela n'aurait jamais dû se passer ainsi» et promettre «d'améliorer les algorithmes pour que cela ne se répète plus à l'avenir». Car alors il sera responsable et toute erreur sera inacceptable.

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Journaliste au Figaro • Adjoint du service Médias et Technologies • Responsable du FigaroTech
Sur Twitter: @benjaminferran
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