Par Dario Fernandez-Morera Mis à jour le 14/02/2018 à 09:44 Publié le 08/02/2018 à 16:54
AL-ANDALUS 4/9 - En 732, l'armée franque apparaît comme
le dernier rempart face à des conquérants redoutables qui viennent de rayer le
royaume wisigoth de la carte.
Après avoir conquis la majeure partie de l'Espagne, les
forces islamiques envoyèrent des contingents militaires pour tester la
résistance du royaume du Nord - une stratégie classique des premiers jihads.
Ils rencontrèrent d'abord le succès en Septimanie. Mais en 732, les choses ne
se passèrent pas comme prévu. La source la plus ancienne, la Chronica
mozarabicade 754, décrit la manière dont les envahisseurs, «détruisant
les palais et brûlant les églises»(palatia diruendo et eclesias ustulando),
avancèrent à travers le pays et tentèrent de saccager Tours. Mais les guerriers
francs menés par Charles Martel, des «hommes du Nord, aux membres
robustes et aux mains de fer», se dressèrent alors «comme un mur de
glace» et «passèrent les Arabes au fil de l'épée». Après
la victoire des Europenses - nom que cet écrivain chrétien du
VIIIe siècle donne aux Francs pour les distinguer des envahisseurs -
aucune armée terrestre venue d'Espagne ne menaça plus jamais sérieusement
l'Europe (les musulmans furent expulsés de Narbonne quelques années plus tard).
Quelques débarquements navals n'en furent pas moins menés avec
succès par les Arabes pendant quelque temps, à l'image de l'occupation
andalouse de Fraxinetum (aujourd'hui La Garde-Freinet) entre 887 et 972. Ces
débarquements étaient caractéristiques des attaques islamiques qui seraient
perpétrées durant des siècles contre l'Europe chrétienne: des musulmans
saccagèrent ainsi la périphérie de Rome et la tombe de saint Pierre en 846 (le
pape dut se réfugier derrière le mur d'Aurélien) et Gênes en 935. Plus
tard, le califat turc occupa Otrante de 1480 à 1481 - avec son lot de massacres
habituels (les martyrs d'Otrante), de pillages et de captures d'hommes, de
femmes et d'enfants, destinés à être vendus comme esclaves dans le monde
islamique. La course en mer prit le relais ensuite: l'historien Robert C. Davis
estime qu'entre le XVIe et le XIXe siècles, 1,25 million d'esclaves
blancs, capturés en mer ou dans des villes d'Italie, de France, d'Espagne,
d'Angleterre, des Pays-Bas et même d'Irlande, furent vendus sur la côte des
Barbaresques. Ce trafic ne prit fin qu'avec la colonisation européenne de
l'Afrique du Nord.
L'Espagne musulmane, d'al-Andalus à la Reconquista,
132 pages, 8,90€, en kiosque et disponible sur le Figaro Store.
Dario Fernandez-Morera
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