jeudi 2 août 2018

Andalousie

L'Espagne d'al-Andalus : la conquête musulmane avait-elle vocation à s'étendre à la France ?

L'Espagne d'al-Andalus : Quel rôle l'immigration a-t-elle joué dans la conquête ?

Espagne d'al-Andalus : l'Occident est-il redevable à l'islam pour la transmission des auteurs antiques ?

L'Espagne d'al-Andalus : quel a été le sort des juifs ?


L'Espagne d'al-Andalus : quel fut son apport à la médecine ?

L'Espagne musulmane, d'al-Andalus à la Reconquista

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Rémi Brague : «Certains ‘laïcards' exploitent la peur de l'islam pour en finir avec le christianisme»

Laurent Bouvet : «Il faut distinguer la question de la laïcité et celle de l'insécurité culturelle»
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/11/03/31003-20171103ARTFIG00330-laurent-bouvet-il-faut-distinguer-la-question-de-la-laicite-et-celle-de-l-insecurite-culturelle.php

Jacques Sapir : « Souverainismes social, politique et identitaire peuvent se réconcilier »
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/05/19/31001-20170519ARTFIG00300-jacques-sapir-souverainisme-social-politique-et-identitaire-peuvent-se-reconcilier.php

Michel De Jaeghere : Quand Rémi Brague pulvérise les dogmes relativistes
http://www.lefigaro.fr/vox/religion/2018/02/02/31004-20180202ARTFIG00155-michel-de-jaeghere-quand-remi-brague-pulverise-les-dogmes-relativistes.php

Éric Zemmour : «Toutes les religions ne se valent pas»

































L'Espagne d'al-Andalus : la conquête musulmane avait-elle vocation à s'étendre à la France ?
  • Par  Dario Fernandez-Morera 

  • Mis à jour le 14/02/2018 à 09:44 
  • Publié le 08/02/2018 à 16:54
AL-ANDALUS 4/9 - En 732, l'armée franque apparaît comme le dernier rempart face à des conquérants redoutables qui viennent de rayer le royaume wisigoth de la carte.
Après avoir conquis la majeure partie de l'Espagne, les forces islamiques envoyèrent des contingents militaires pour tester la résistance du royaume du Nord - une stratégie classique des premiers jihads. Ils rencontrèrent d'abord le succès en Septimanie. Mais en 732, les choses ne se passèrent pas comme prévu. La source la plus ancienne, la Chronica mozarabicade 754, décrit la manière dont les envahisseurs, «détruisant les palais et brûlant les églises»(palatia diruendo et eclesias ustulando), avancèrent à travers le pays et tentèrent de saccager Tours. Mais les guerriers francs menés par Charles Martel, des «hommes du Nord, aux membres robustes et aux mains de fer», se dressèrent alors «comme un mur de glace» et «passèrent les Arabes au fil de l'épée». Après la victoire des Europenses - nom que cet écrivain chrétien du VIIIe siècle donne aux Francs pour les distinguer des envahisseurs - aucune armée terrestre venue d'Espagne ne menaça plus jamais sérieusement l'Europe (les musulmans furent expulsés de Narbonne quelques années plus tard).
Quelques débarquements navals n'en furent pas moins menés avec succès par les Arabes pendant quelque temps, à l'image de l'occupation andalouse de Fraxinetum (aujourd'hui La Garde-Freinet) entre 887 et 972. Ces débarquements étaient caractéristiques des attaques islamiques qui seraient perpétrées durant des siècles contre l'Europe chrétienne: des musulmans saccagèrent ainsi la périphérie de Rome et la tombe de saint Pierre en 846 (le pape dut se réfugier derrière le mur d'Aurélien) et Gênes en 935. Plus tard, le califat turc occupa Otrante de 1480 à 1481 - avec son lot de massacres habituels (les martyrs d'Otrante), de pillages et de captures d'hommes, de femmes et d'enfants, destinés à être vendus comme esclaves dans le monde islamique. La course en mer prit le relais ensuite: l'historien Robert C. Davis estime qu'entre le XVIe et le XIXe siècles, 1,25 million d'esclaves blancs, capturés en mer ou dans des villes d'Italie, de France, d'Espagne, d'Angleterre, des Pays-Bas et même d'Irlande, furent vendus sur la côte des Barbaresques. Ce trafic ne prit fin qu'avec la colonisation européenne de l'Afrique du Nord.
L'Espagne musulmane, d'al-Andalus à la Reconquista, 132 pages, 8,90€, en kiosque et disponible sur le Figaro Store.
Dario Fernandez-Morera


Espagne d'al-Andalus : l'Occident est-il redevable à l'islam pour la transmission des auteurs antiques ?
  • Par  Dario Fernandez-Morera 

  • Mis à jour le 22/02/2018 à 16:50 

  • Publié le 22/02/2018 à 16:08
AL-ANDALUS 9/9 - Avant comme après l'apparition de l'islam, les textes antiques ont été étudiés et conservés par les érudits chrétiens de l'Empire gréco-romain, qui diffusèrent ce savoir en Europe.
Cette idée de «sauvegarde et transmission» par l'Islam est un autre mythe. Tout d'abord, les textes classiques n'ont jamais été «perdus» puis «récupérés» pour être gracieusement «transmis» à un Moyen Age européen ignorant. Ils ont été commentés et conservés dans l'Empire chrétien gréco-romain («byzantin») pendant des siècles avant et après l'apparition de l'Islam. Michael H. Harris observe ainsi dans History of Libraries in the Western World que les textes classiques étaient toujours disponibles pour les peuples de l'empire et les Occidentaux qui avaient un contact diplomatique et culturel avec eux. Au moins 75 % des classiques grecs que nous connaissons aujourd'hui proviennent de copies réalisées sous l'empire. L'historien John Julius Norwich observe quant à lui qu'«une grande partie de ce que nous savons de l'Antiquité - en particulier la littérature hellénique et romaine et la loi romaine - aurait été perdue pour toujours sans les érudits et les scribes de Constantinople».
Les intellectuels musulmans, propagandistes du même calife qui fut le pionnier de l'inquisition islamique, affirmèrent à maintes reprises que le christianisme avait empêché les Rum (les habitants de l'Empire gréco-romain) de profiter du savoir classique. Cela ne correspond pas aux faits, comme l'ont montré Speros Vryonis et d'autres, et comme le prouve l'essor donné, par les chrétiens de l'empire, au savoir grec antique. Les Arabes goûtèrent d'ailleurs ce développement lorsque leurs vastes flottes furent écrasées par le fameux «feu grec» de la marine grecque chrétienne, moins imposante en nombre mais technologiquement supérieure.
Les Grecs eux-mêmes étaient conscients de la supériorité de leur civilisation et de la propagande que les musulmans menaient contre elle. Quand, au IXe siècle, saint Cyrille, l'apôtre des Slaves, fut envoyé par l'empereur romain en ambassade auprès des Arabes, il les étonna par ses connaissances philosophiques et scientifiques. L'historienne Maria Mavroudi raconte: «Lorsqu'ils lui demandèrent comment il lui était possible de savoir autant de choses, il [Cyril] fit une comparaison entre la réaction musulmane à son érudition et la fierté de quelqu'un qui gardait l'eau de mer dans une outre à vin en se vantant de posséder un liquide rare. Finalement, il rencontra un homme provenant d'une région en bord de mer, qui lui expliqua que seul un fou se vanterait du contenu de l'outre, car les gens de sa région possédaient une abondance infinie d'eau de mer. Les musulmans sont semblables à l'homme possédant l'outre, et les [Grecs] à l'homme du bord de mer parce que, comme concluait le saint en réponse, tout apprentissage émanait des [Grecs].»
« Grâce aux traductions réalisées au monastère du Mont-Saint-Michel, les érudits médiévaux n'avaient guère besoin de traductions depuis l'arabe. »
Saint Thomas d'Aquin lut Aristote grâce aux traductions réalisées directement du grec au latin par Guillaume de Moerbeke (1215-1286), un dominicain qui fut évêque de Corinthe. Ce dernier effectua plus de vingt-cinq traductions d'Aristote en plus de traductions d'Archimède, de Proclus, de Ptolémée, de Galien et de beaucoup d'autres penseurs grecs. Plusieurs ouvrages d'Aristote étaient à la disposition des érudits chrétiens du Moyen Age dans des traductions latines remontant à Boèce (VIe siècle) et à Marius Victorinus (IVe siècle). La Columbia History of Western Philosophy nous rappelle qu'à la fin du XIIe siècle, «les auteurs de l'Occident latin connaissaient bien la logique (Organon) d'Aristote». Sylvain Gouguenheim a montré que, grâce aux traductions réalisées au monastère du Mont-Saint-Michel, les érudits médiévaux n'avaient guère besoin de traductions depuis l'arabe.
En réalité, ce sont les érudits chrétiens qui transmirent le savoir grec aux musulmans, après la conquête par l'Islam des régions (Moyen-Orient et Afrique du Nord) où une riche civilisation chrétienne grecque s'était développée - une civilisation que l'Islam s'attacha bien entendu à détruire.
Les traductions effectuées directement du grec qu'appréciaient les savants occidentaux contrastent avec les traductions utilisées par des gens comme Ibn Rushd («Averroès»), qui étaient de vieilles traductions arabes réalisées par des érudits chrétiens à partir de traductions syriaques, elles-mêmes traduites par des érudits chrétiens à partir des textes grecs qui restaient dans les territoires de l'Empire gréco-romain chrétien conquis par les musulmans. Un fait qui résiste aux allégations sur «l'influence profonde» qu'auraient eue sur l'Europe les «commentaires» d'Aristote par les musulmans.
« Les savants grecs de Constantinople qui enseignaient en Italie avaient pointé du doigt les erreurs commises par ceux qui se fiaient à Averroès pour comprendre Aristote.»
L'humaniste Juan Luis Vives a remarqué que, dans son «commentaire» d'Aristote (dans la traduction latine utilisée en Europe), Averroès, considéré comme «le plus grand philosophe andalou», fait référence à Héraclite comme à une secte: les «Herculéens». Il affirme que le premier philosophe de cette secte «herculéenne» est Socrate. Vives constata aussi qu'Averroès confondait Cratylus avec Démocrite et Pythagore avec Protagoras. L'humaniste Marsile Ficin considérait qu'Averroès ne comprenait pas Aristote. Plus tôt, les savants grecs de Constantinople qui enseignaient en Italie avaient pointé du doigt les erreurs commises par ceux qui se fiaient à Averroès pour comprendre Aristote.
Averroès était sans aucun doute un homme doté d'une grande intelligence ; il avait même de merveilleuses intuitions aristotéliciennes, comme nous l'assurent aujourd'hui les experts en philosophie islamique. Mais son métier n'était pas d'être un philosophe (soit un praticien de la philosophia, concept inconnu des Arabes avant leur rencontre avec les Grecs, qu'ils embrouillèrent avec le mot arabe falsafa). Son métier était celui d'un éminent juge de la charia à Cordoue. Il a écrit un formidable traité d'instruction pour les juges de la charia, où il discute les opinions des clercs islamiques savants sur des sujets d'importance, comme la façon dont il faut, selon la religion, lapider une femme musulmane adultère (Averroès accepte le consensus de la jurisprudence islamique malikite selon laquelle il n'est pas obligatoire de la placer dans un trou pour la lapider). Il explique comment le pèlerinage à La Mecque devient invalide si les «deux circoncisions» (de l'homme et de la femme) sont entrées en contact. Il disserte sur le jihad, compris comme la guerre sainte et non comme «un combat spirituel pour résister à la tentation et devenir le meilleur possible».
Tout au long de l'histoire de l'Empire gréco-romain chrétien, les savants grecs ont apporté le savoir antique à l'Europe. Vers la fin de l'empire, dont l'Islam était en train de détruire la civilisation entière, cette transmission s'intensifia, tandis que de plus en plus de Grecs se rendaient en Italie, apportant un savoir et des textes précieux. Ils furent des figures clés de ce mouvement culturel que nous appelons la Renaissance.


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Dario Fernandez-Morera
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L'Espagne d'al-Andalus : Quel rôle l'immigrationa-t-elle joué dans la conquête ?
  • Par  Dario Fernandez-Morera 

  • Publié le 14/02/2018 à 09:49
AL-ANDALUS 1/8 - Al-Andalus a suscité au fil des siècles de nombreuses légendes entretenant le mythe d'un « paradis andalou ». Le Figaro Histoireconsacre un numéro exceptionnel à l'Espagne musulmane : la conquête au début du VIIIe siècle fut fulgurante et impressionnante au vu de l'étendue du territoire concerné.

L'arabisant Felipe Maillo Salgado observe que les chiffres varient selon les sources, mais que l'invasion initiale devait comprendre moins de 12 000 Berbères menés par Tariq, suivis d'environ 18 000 combattants arabes menés par Musa ibn Nusayr. Le fait que quelques milliers de combattants islamiques aient pu conquérir en quelques années un si vaste territoire n'est pas aussi étonnant que beaucoup d'historiens le pensent. Des armées aux effectifs réduits peuvent réaliser des conquêtes impressionnantes si elles bénéficient de la supériorité militaire et de conditions favorables. Alexandre le Grand vainquit les armées de l'Empire perse, beaucoup plus nombreuses que les siennes, et une grande partie de ce vaste empire fut bientôt hellénisée. Les Mongols conquirent d'énormes territoires avec des armées aux effectifs modestes. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande a conquis et contrôlé en quelques mois, voire quelques semaines, plusieurs pays modernes, peuplés de millions d'habitants. Récemment, les combattants du califat islamique d'al-Baghdadi ont conquis rapidement de très grandes régions du Moyen-Orient.
Dans al-Andalus, au fil du temps, un grand nombre des esclaves et anciens esclaves, la plupart capturés pendant les jihads contre les royaumes chrétiens du nord de l'Espagne, se fondirent au sein de la population. Le génial savant Ibn Hazm, lui-même d'ascendance chrétienne - comme le fut probablement aussi le grand Ibn Rushd (Averroès) - écrivit que tous les souverains omeyyades descendaient de mères esclaves. Leur apparence physique trahissait leur ascendance européenne: ils étaient blonds ou roux (et parfois aux yeux bleus comme Abd al-Rahman III et comme le dernier Omeyyade, Hicham II, fils d'une esclave basque). Même le fondateur de la dynastie nasride de Grenade, Mohammed ben Nasr (mort en 1273), était appelé «le Rouge» (al-Hamar) à cause de sa barbe rousse. Ibn al-Khatib, chroniqueur du XIVe siècle, décrivit le peuple de Grenade comme ayant la «peau blanche». Malgré «l'immigration», les Berbères demeurèrent toujours minoritaires.
En définitive, la majorité de la population n'était pas composée d'«immigrés» mais de convertis apparus après la première génération -les muladis. Ce terme, dérivé de l'élevage bovin, qui signifie «bâtard», en dit long sur la manière dont ces convertis étaient considérés dans al-Andalus. De nombreuses révoltes de muladis éclatèrent et furent écrasées sans pitié.


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Dario Fernandez-Morera






L'Espagne d'al-Andalus : quel a été le sort des juifs ?
AL-ANDALUS 3/9 - D'abord utile aux conquérants musulmans, la communauté juive d'al-Andalus fut ensuite persécutée au même titre que les populations chrétiennes.

La législation antijuive du royaume wisigoth était sévère, mais ces lois n'étaient guère mises en œuvre en pratique. A maintes reprises, on trouve en effet de nouvelles lois regrettant que les précédentes ne soient pas appliquées par les chrétiens. La conversion de juifs était souvent pour eux un moyen d'échapper à ces lois, mais elle était parfois sincère, comme le montre l'exemple de l'évêque et historien Julien de Tolède: sa famille étant considérée comme parfaitement convertie, l'Eglise le nomma primat de tout le royaume. Lorsque les musulmans envahirent la péninsule, la communauté juive était quoi qu'il en soit encore suffisamment forte pour leur être utile.
L'existence de ces lois discriminatoires explique en effet l'alliance que nouèrent alors les juifs avec les envahisseurs. Les chroniques musulmanes rapportent qu'après la prise d'une ville importante, les musulmans installaient la communauté juive au pouvoir. N'ayant grâce à eux pas besoin de laisser de grosses garnisons derrière elles pour protéger leurs lignes de communication, les forces islamiques pouvaient progresser rapidement et créer la surprise dans d'autres bastions chrétiens.
C'est un procédé courant des conquérants d'utiliser des minorités opprimées contre la majorité conquise. La communauté juive prospéra donc pendant quelques siècles, tout en restant elle aussi soumise à la condition subalterne de dhimmi, jusqu'à ce que ses conditions de vie se détériorent avec l'arrivée des Almoravides berbères et des Almohades: ces derniers donnèrent aux juifs et aux chrétiens le choix entre la conversion et la mort. Peu à peu, les juifs migrèrent alors vers les royaumes chrétiens, où la grande majorité d'entre eux choisit finalement de vivre. D'autres, comme Maïmonide, s'enfuirent en Egypte.

  • Par  Dario Fernandez-Morera 
  • Mis à jour le 12/02/2018 à 15:17 
  • Publié le 08/02/2018 à 11:02

L'Espagne musulmane, d'al-Andalus à la Reconquista, 132 pages, 8,90€, en kiosque et disponible sur le Figaro Store.












L'Espagne d'al-Andalus : quel fut son apport à la médecine ?
  • Par  Dario Fernandez-Morera 

  • Mis à jour le 19/02/2018 à 17:40 

  • Publié le 15/02/2018 à 12:48
AL-ANDALUS 6/9 - Dès les premiers siècles de la conquête, les musulmans d'al-Andalus purent bénéficier des travaux sur la médecine venus de l'Empire romain chrétien.
Pendant les premiers siècles des conquêtes islamiques, la connaissance que les Arabes avaient de la médecine reposait sur des textes contemporains ou antérieurs, venus de l'Empire romain chrétien. Pendant longtemps, les Arabes tirèrent profit des travaux des Grecs, notamment d'Aaron d'Alexandrie et de Galien (traduits par les chrétiens du grec au syriaque et du syriaque à l'arabe). Ils utilisèrent les œuvres de Dioscoride, traduites par le chrétien Stephanos. Al-Maqqari rapporte qu'en 948, l'empereur chrétien d'Orient, Armanius, offrit les œuvres de Dioscoride à Abd al-Rahman III dans leur original grec. Personne dans l'entourage du calife ne connaissant le grec, l'empereur envoya un moine grec en enseigner assez aux esclaves du calife pour qu'ils puissent essayer de déchiffrer ces textes. Peter E. Pormann observe que la pragmateia, compilation médicale réalisée par le Grec chrétien Paul d'Egine (VIIe siècle) et traduite en arabe, est restée en usage en Islam pendant des siècles.
Bien sûr, des penseurs islamiques comme Averroès écrivirent ensuite de grands traités, comme le Colliget, qui est resté un classique des études médicales en Europe jusqu'au XVIIIe siècle - bien qu'on puisse se demander dans quelle mesure il n'était pas lui-même redevable au savoir grec chrétien traduit en arabe. Mais il était en concurrence avec le Dynameron, formidable compendium médical du Grec Nicolas Myrepsos (XIIIe siècle). Quant aux hôpitaux, Timothy Miller a montré qu'avant qu'ils n'apparaissent en Islam et dans l'Occident latin, ils avaient déjà été développés dans l'Empire romain grec chrétien par la combinaison du savoir médical grec et de la charité chrétienne.
L'Espagne musulmane, d'al-Andalus à la Reconquista, 132 pa



L'Espagne musulmane, d'al-Andalus à la Reconquista
  • Par  Le Figaro Histoire 

  • Publié le 31/01/2018 à 17:31
LE FIGARO HISTOIRE - Le Cid et Averroès, l'Alhambra et la Reconquista... Le nouveau numéro du Figaro Histoire décrypte les réalités et les mythes de l'Espagne musulmane.

En 711, les conquérants musulmans envahissent le royaume wisigoth d'Espagne et le soumettent entièrement. Pendant tout le Moyen Age, la péninsule Ibérique, devenue al-Andalus, vivra sous la loi de l'islam. Le Figaro Histoire consacre son nouveau dossier à ces huit siècles de domination musulmane et à la lutte des souverains chrétiens pour recouvrer l'Espagne «perdue». Les meilleurs spécialistes en font revivre les grandes figures comme Le Cid ou Averroès, décryptent les légendes qui ont entretenu le mythe d'un «paradis andalou» et d'un âge d'or de la tolérance religieuse, vous ouvrent les portes de l'Alhambra de Grenade avec ses mystérieuses inscriptions.
Au cœur de l'actualité, les manifestations qui viennent d'agiter l'Iran sont l'occasion de dresser un bilan du régime fondé en 1979, entre profonde stabilité et inexorables mutations. Côté reportage, Le Figaro Histoire vous dévoile la genèse du musée du Louvre, des collections de Louis XIV au musée universel, à travers la splendide exposition qui lui est consacrée au Louvre Abu Dhabi. Il vous emmène aussi à la découverte du château de Vincennes, la plus méconnue des résidences royales, aux portes de Paris.
L'Espagne musulmane, d'al-Andalus à la Reconquista, 132 pages, 8,90€, en kiosque jeudi 1er février et disponible sur le Figaro Store.


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