samedi 9 décembre 2017

Islamisme et politique 06.12.2017

Hamas: la décision de Trump ouvre «les portes de l'enfer» (06.12.2017)
Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël (06.12.2017)
Jérusalem: Riyad déplore la décision «irresponsable» de Trump (07.12.2017)
Jérusalem : le Hamas appelle à une «nouvelle Intifada» (06.12.2017)
Jérusalem: le Hamas appelle à une «intifada» (07.12.2017)
Jérusalem: la décision de Trump met la région «dans un cercle de feu» (Erdogan) (07.12.2017)
Jérusalem, l'un des points les plus épineux du conflit israélo-palestinien (07.12.2017)
Les jeunes femmes des grandes villes, premières victimes des violences dans la rue (07.12.2017)
Trois hommes inculpés pour avoir prémédité l'assassinat de Theresa May (06.12.2017)
Visite historique et sous tension d'Erdogan en Grèce (07.12.2017)
Macron interpellé sur la colonisation par un jeune Algérien (06.12.2017)
À Alger, Macron veut ouvrir «une page d'avenir avec la jeunesse» (06.12.2017)
Londres veut «éliminer» ses citoyens combattants de l'EI (07.12.2017)
Macron au Qatar pour parler antiterrorisme (07.12.2017)
Le Vinci vendu à un prix record ira au Louvre d'Abu Dhabi (07.12.2017)
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L'Algérie, en panne, espère un choc politique (06.12.2017)
Plus de dix millions de Français déclarent vivre en insécurité (07.12.2017)
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Conflit israélo-palestinien : le processus de paix à «quitte ou double» (06.12.2017)
Jérusalem : vendredi de colère après l'annonce de Trump (08.12.2017)
Israël, Palestine : qu'est-ce qu'une «intifada» ? (07.12.2017)
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Soudan: plus de 60 morts dans des affrontements
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La conquête compliquée de la Terre par l'homme préhistorique (07.12.2017)


Hamas: la décision de Trump ouvre «les portes de l'enfer» (06.12.2017)
Par  Le Figaro.fr avec AFP 
 Mis à jour le 06/12/2017 à 19:58 
  • Publié le 06/12/2017 à 19:51
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a affirmé aujourd'hui que la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël ouvrait «les portes de l'enfer pour les intérêts américains dans la région».
Ismaïl Radouane, un haut responsable du Hamas s'exprimant devant des journalistes dans la bande de Gaza, a appelé les pays arabes et musulmans à «couper les liens économiques et politiques» avec les ambassades américaines, et à expulser les ambassadeurs américains.
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Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël (06.12.2017)

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 07:20 
  • Publié le 06/12/2017 à 19:22
VIDÉO - Comme attendu, le président américain a décidé, ce mercredi, de reconnaître la Ville sainte comme nouvelle capitale de l'État hébreu, en lieu et place de Tel-Aviv. Des manifestations ont eu lieu en Turquie.
Donald Trump a reconnu mercredi «officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël», marquant une rupture spectaculaire avec des décennies de diplomatie américaine et internationale symbolisée par sa décision de déplacer l'ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv vers la Ville sainte. Ce faisant, le président américain a revendiqué lors d'une allocution solennelle à la Maison Blanche «une nouvelle approche» sur le conflit israélo-palestinien, assurant tenir une promesse que ses prédécesseurs ont «échoué» à respecter.
«Il est temps d'officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël», a-t-il lancé, avec la volonté dit-il de reconnaître une simple «réalité». «Après plus de deux décennies de dérogations» à une loi américaine de 1995 imposant le déplacement de l'ambassade, «nous ne sommes pas plus près d'un accord de paix entre Israël et les Palestiniens», a-t-il notamment justifié. «Les États-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties», a-t-il ajouté. «J'ai l'intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un tel accord», a martelé le milliardaire républicain, debout au pupitre devant un portrait de George Washington.
Il a notamment assuré que, si les deux parties se mettaient d'accord sur cette question, les États-Unis soutiendraient une «solution à deux États». Donald Trump a également confirmé les craintes de la communauté internationale et ordonné à son ministère des Affaires étrangères de «préparer le déménagement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem».
Conscient de la vague d'indignation internationale suscitée par l'annonce de sa décision depuis près de 24 heures, qui pourrait selon plusieurs dirigeants étrangers déstabiliser profondément une région déjà fragile, Donald Trump a dans le même temps appelé «au calme, à la modération, et à ce que les voix de la tolérance l'emportent sur les pourvoyeurs de haine». Il a indiqué qu'il enverrait le vice-président Mike Pence dans la région dans les jours à venir. Dans un apparent souci d'apaiser les Palestiniens, Donald Trump s'est dite prêt à soutenir «une solution à deux Etats» si les deux parties tombent d'accord.
Trump a par ailleurs ordonné de préparer le transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem
Il a par ailleurs ordonné de préparer le transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, sans fixer de calendrier pour ce déménagement qui devrait prendre des années. La communauté internationale n'a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et considère Jérusalem-Est comme un territoire occupé. Israël proclame tout Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale «éternelle et indivisible».
Au Congrès, de nombreux élus soutiennent Trump
Au Congrès américain, les républicains et une partie des démocrates ont salué la décision du président Donald Trump. «Ce jour était attendu depuis longtemps», a déclaré Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants, qui est allé plus loin que le dirigeant américain en qualifiant Jérusalem de capitale «indivisible» de l'État d'Israël. C'est «un fait historique, non sujet au débat». Et si «reconnaître la vérité provoque des violences, c'est ceux qui commettent des violences qui sont en faute, non la vérité», a ajouté le chef de la majorité Kevin McCarthy. Même son de cloche chez les élus démocrates traditionnellement pro-israéliens. Eliot Engel, de la commission des Affaires étrangères, souligne que Jérusalem accueille déjà le gouvernement israélien, et que la déclaration américaine ne fait que «corriger une indignité qui dure depuis des décennies».
De nombreux démocrates ont dénoncé une décision prématurée de Donald Trump
C'est une loi du Congrès, en 1995, qui avait déclaré officiellement Jérusalem comme la capitale «indivisible» d'Israël, et appelé au déménagement de l'ambassade américaine avant mai 1999. Chaque président avait jusqu'à présent demandé une exemption tous les six mois. À l'époque, la loi avait été adoptée à une écrasante majorité par les élus américains. Mais de nombreux démocrates ont dénoncé une décision prématurée de Donald Trump, craignant un regain de violences, notamment contre les intérêts et les personnels américains dans la région.
«En l'absence d'un règlement négocié entre Israël et les Palestiniens, déplacer l'ambassade américaine à Jérusalem risque de déclencher inutilement de grandes manifestations, d'alimenter les tensions, et de rendre la paix plus difficile à obtenir», a déclaré Nancy Pelosi, chef des démocrates de la Chambre. Le sénateur républicain John McCain a quant à lui regretté la méthode. «Les questions relatives au statut final et permanent de Jérusalem doivent être résolues par les Israéliens et les Palestiniens dans le cadre d'un processus de paix international», a-t-il estimé.
Manifestations en Turquie
Des centaines de personnes ont manifesté mercredi soir bruyamment mais pacifiquement devant le consulat américain à Istanbul contre la décision du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Environ 1500 personnes se sont rassemblées près du Bosphore, à l'extérieur de l'enceinte diplomatique américaine très protégée. La police a bouclé la zone à l'aide de barricades, a indiqué un correspondant de l'AFP.
Le slogan «Palestine libre» a été peint au mur du consulat et des manifestants ont jeté des bouteilles en plastique vers le bâtiment. Un bout de papier avec une représentation du drapeau d'Israël a également été brûlé. Agitant des drapeaux palestiniens et allumant des fusées éclairantes, les manifestants ont scandé «Américains assassins, partez du Moyen-Orient», «à bas l'Amérique!» et ont exhorté le groupe palestinien Hamas à «frapper Israël». Un regroupement similaire a eu lieu devant l'ambassade des États-Unis à Ankara, la capitale turque, où les manifestants ont brandi des photos du président turc Recep Tayyip Erdogan.
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Jérusalem: Riyad déplore la décision «irresponsable» de Trump (07.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec Reuters 

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 07:40 

  • Publié le 07/12/2017 à 06:08
L'Arabie saoudite a déploré dans la nuit de mercredi à aujourd'hui la décision "injustifiée et irresponsable" de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël. Dans un communiqué, la cour royale dit avoir prévenu des "dangereuses conséquences" qu'aurait un transfert de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.
L'Arabie saoudite juge aussi que "cette décision constitue un grand pas en arrière dans les efforts en cours pour faire progresser le processus de paix et viole la position de neutralité des Etats-Unis à l'égard de Jérusalem". Ryad dit aussi espérer que l'administration américaine renoncera à cette décision et respectera la volonté internationale.

Jérusalem : le Hamas appelle à une «nouvelle Intifada» (06.12.2017)

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 13:12 
  • Publié le 06/12/2017 à 20:12
VIDÉO - Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a affirmé jeudi que Donald Trump était «entré à jamais dans l'histoire» de Jérusalem en reconnaissant la ville comme la capitale de son pays. L'armée israélienne va déployer des forces supplémentaires en Cisjordanie face aux risques de violences.
La décision mercredi du président américain Donald Trump de reconnaître «officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël»a suscité une vague de condamnations au sein de la communauté internationale, à l'exception d'Israël. Dans la soirée, huit pays, ont demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. Des diplomates ont confirmé dans la soirée qu'une réunion du Conseil aurait lieu vendredi. Cette réunion, précise la délégation française à l'ONU, se tiendra vendredi en fin de matinée, heure de New York.
● Les Palestiniens s'insurgent
«Nous devrions (...) travailler au lancement d'une intifada face à l'ennemi sioniste.»
Le chef du Hamas Ismaïl Haniye
Les différents mouvements politiques palestiniens ont appelé à une grève générale et à des rassemblements jeudi. Le Hamasva plus loin et appelle à un nouveau soulèvement. «Nous devrions (...) travailler au lancement d'une intifada face à l'ennemi sioniste», a déclaré le chef de l'influent groupe islamiste palestinien, Ismaïl Haniyeh, lors d'un discours à Gaza. Le Hamas avait déjà déclaré que le président des États-Unis avait ouvert «les portes de l'enfer pour les intérêts américains dans la région».
De son côté, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a affirmé que Washington ne pouvait plus jouer leur rôle historique d'intermédiaire de la paix avec les Israéliens. «Par ces décisions déplorables, les États-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu'ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu'ils ont joué au cours des dernières décennies», a-t-il ajouté sur la télévision palestinienne. Le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine, Saëb Erakat, a déclaré que le président américain avait «détruit» la solution dite à deux États.
● Israël se félicite
«Le président Trump est entré à jamais dans l'histoire de notre capitale. Son nom s'affichera avec fierté au côté d'autres noms dans l'histoire glorieuse de notre ville», a pour sa part déclaré ce jeudi le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Il avait auparavant salué un «jour historique» et affirmé que la décision du président américain ne changerait rien en ce qui concerne les lieux saints des trois grandes religions monothéistes à Jérusalem, affirmant l'engagement israélien à maintenir le «statu quo». L'armée israélienne a annoncé jeudi qu'elle allait déployer des forces supplémentaires en Cisjordanie.
● Le Moyen-Orient unanime
L'Iran a prévenu qu'elle provoquerait aussi une «nouvelle Intifada». Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une «provocation et une décision insensée de la part des États-Unis» qui va «pousser à des comportements plus radicaux, à davantage de colère et de violence». L'Arabie saoudite déplore une décision «injustifiée et irresponsable». Riyad juge aussi que «cette décision constitue un grand pas en arrière dans les efforts en cours pour faire progresser le processus de paix et viole la position de neutralité des États-Unis à l'égard de Jérusalem».
«Ô Trump, que fais-tu ? Quelle est cette approche ? Les responsables politiques doivent œuvrer pour la réconciliation et non pas pour le chaos.»
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan
Le gouvernement de Jordanie, pays gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem, a quant à lui dénoncé «une violation du droit international». Le premier ministre libanais, Saad Hariri, «rejette et dénonce cette décision et annonce aujourd'hui sa plus totale solidarité avec le peuple palestinien». La présidence syrienne estime que «l'avenir de Jérusalem n'est pas déterminé par un État ou un président mais par son histoire, sa volonté et la détermination de ceux qui sont loyaux à la cause palestinienne». Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé mercredi qu'il invitait les leaders du monde musulman à Istanbul le 13 décembre. «Ô Trump, que fais-tu? Quelle est cette approche? Les responsables politiques doivent œuvrer pour la réconciliation et non pas pour le chaos», a-t-il ajouté.
● L'Occident inquiet
Emmanuel Macron a qualifié de «regrettable» la décision du président américain, et appelé à «éviter à tout prix les violences». La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré de son côté que son gouvernement ne soutenait pas la décision du président américain «car le statut de Jérusalem ne peut être négocié que dans le cadre d'une solution de deux États». La première ministre britannique,Theresa May, estime que cette décision n'était «d'aucune aide» pour les perspectives de paix dans la région. «Jérusalem ville sainte, unique au monde. Son futur doit être défini dans le cadre d'un processus de paix basé sur les deux États, Israël et Palestine», a réagi pour sa part sur Twitter du chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni.
L'Union européenne a également condamné la décision de Donald Trump. La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a exprimé au nom des Vingt-Huit sa «sérieuse préoccupation» sur «les répercussions que cela peut avoir sur la perspective de paix».
La Russie s'est dite jeudi «très inquiète». «Un règlement juste et sûr du conflit israélo-palestinien doit être atteint sur une base juridique internationale prenant en compte les résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies, qui prévoient le règlement de tous les aspects du statut définitif des territoires palestiniens, y compris la question sensible de Jérusalem, lors de négociations directes israélo-palestiniennes», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Pour l'ONU, le statut de Jérusalem ne peut être résolu que par une «négociation directe» entre Israéliens et Palestiniens, a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres en rappelant avoir toujours été «contre toute mesure unilatérale». «Il n'y a pas d'alternative à la solution de deux États» avec «Jérusalem comme capitale d'Israël et de la Palestine», a ajouté le patron de l'ONU.
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Jérusalem: le Hamas appelle à une «intifada» (07.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 09:50 

  • Publié le 07/12/2017 à 09:28
Le Hamas appelle aujourd'hui à une "nouvelle intifada" après l'annonce de Donald Trump sur Jérusalem. Le président américain a reconnu mercredi Jérusalem comme capitale d'Israël, marquant une rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs et suscitant une vague de réprobation au Proche-Orient et au-delà, sur fond d'inquiétudes sur une flambée de violence.
"On ne peut faire face à la politique sioniste soutenue par les Etats-Unis qu'en lançant une nouvelle intifada", a déclaré le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans un discours prononcé depuis la bande de Gaza.

Jérusalem: la décision de Trump met la région «dans un cercle de feu» (Erdogan) (07.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 08:27 

  • Publié le 07/12/2017 à 08:25
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé aujourd'hui la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par son homologue américain Donald Trump, estimant que cette décision mettait la région "dans un cercle de feu".
"Prendre une telle décision met le monde, et spécialement la région, dans un cercle de feu", a déclaré Erdogan à la presse à Ankara avant de s'envoler pour la Grèce où il doit effectuer une visite officielle.

Jérusalem, l'un des points les plus épineux du conflit israélo-palestinien (07.12.2017)

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 09:54 

  • Publié le 04/12/2017 à 19:37
INFOGRAPHIE - Le président américain Donald Trump a reconnu, ce mercredi, Jérusalem comme capitale d'Israël. Une décision lourde de conséquences.
Correspondant à Jérusalem
Le statut de Jérusalem, à propos duquel le président américain a pris, ce mercredi, une décision lourde de conséquences, constitue, depuis un demi-siècle, l'un des points les plus épineux du conflit israélo-palestinien. Donald Trump avait promis à plusieurs reprises, durant sa campagne électorale, d'y transférer l'ambassade des États-Unis auprès de l'État hébreu (celle-ci est actuellement située à Tel Aviv). Une loi votée en 1995 par le Congrès affirme que «Jérusalem doit être reconnue comme la capitale de l'État d'Israël» et impose d'y implanter la représentation américaine. Les présidents successifs avaient jusqu'à présent repoussé son application de six mois en six mois, dans l'attente que les deux parties adverses se mettent d'accord sur un partage de la ville.
La dernière dérogation signée en ce sens était arrivée à expiration ce lundi. «L'heure est venue», a déclaré Donald Trump, ce mercredi, dans une allocution télévisée depuis la Maison-Blanche. L'État hébreu, en tant qu'État souverain, «a le droit de déterminer sa propre capitale», a ajouté le président américain qui a ordonné des préparatifs pour le transfert de l'ambassade américaine.
Capitale «unifiée et indivisible»
La position de la communauté internationale au sujet de Jérusalem n'a guère varié depuis 70 ans. Le plan de partage voté par l'assemblée générale des Nations unies le 29 novembre 1947 prévoyait d'y créer un «corpus separatum» placé sous un régime d'administration internationale. L'histoire en décida cependant autrement, puisque Jérusalem fut divisée à l'issue de la première guerre israélo-arabe (1948-49). Sa partie Ouest fut conquise par le tout jeune État d'Israël, qui décida rapidement d'en faire sa capitale. Quant à la moitié orientale, où se situent la Vieille ville et les lieux saints des trois grandes religions monothéistes (le mur des Lamentations, la basilique du Saint-Sépulcre et la mosquée al-Aqsa), elle tomba provisoirement dans l'escarcelle du Royaume de Jordanie. Mais une large majorité de la communauté internationale persista à ne reconnaître aucune souveraineté sur la ville, si bien que de nombreux pays installèrent leur ambassade auprès d'Israël à Tel Aviv.
Depuis les accords d'Oslo, il existe un large consensus pour considérer que Jérusalem-Est a vocation à devenir la capitale d'un futur État palestinien
La guerre des Six-Jours, qui opposa début juin 1967 l'État hébreu à ses voisins arabes, changea une nouvelle fois la donne. Après trois jours de combats, Tsahal s'empara non seulement du Sinaï, de la Cisjordanie et de Gaza, mais aussi de Jérusalem-Est. Le gouvernement décida peu après d'y appliquer la loi israélienne. En juillet 1980, la Knesset vota une Loi fondamentale faisant de la ville la capitale «unifiée et indivisible» de l'État. Des bâtiments administratifs furent implantés dans sa partie orientale et de vastes quartiers de colonisation y furent développés. Mais l'Europe et les États-Unis persistèrent à juger cette occupation non conforme au droit international. C'est pourquoi ils avaient jusqu'à présent toujours refusé d'y transférer leurs représentations diplomatiques.
Depuis les accords d'Oslo, il existe un large consensus pour considérer que Jérusalem-Est a vocation à devenir la capitale d'un futur État palestinien. Des négociations furent engagées en ce sens au début des années 2000, mais elles tournèrent court. Les chefs de la coalition de droite actuellement au pouvoir en Israël sont résolument hostiles à l'idée de céder une partie de la ville. La reconnaissance de son statut de capitale par les États-Unis serait, de leur point de vue, une victoire. De nombreux Palestiniens estiment au contraire qu'elle consacrerait l'échec de leur rêve d'indépendance.
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Les jeunes femmes des grandes villes, premières victimes des violences dans la rue (07.12.2017)

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 09:52 

  • Publié le 07/12/2017 à 06:00
VIDÉO - Une étude de l'Ined mesure l'ampleur du phénomène. Plus de la moitié des femmes de 20 à 25 ans sont concernées.
Sifflements salaces, insultes, pelotage intempestif, attouchements, propositions sexuelles insistantes, coups... En France, une femme sur quatre a subi au moins une violence dans les espaces publics sur une année. Entre 20 et 25 ans, plus de la moitié d'entre elles sont concernées. À l'heure où le harcèlement de rue a pris une place croissante dans le débat et devrait prochainement faire l'objet d'une loi, l'Ined tente de quantifier ce phénomène dans une nouvelle étude dévoilée jeudi. Cette dernière est fondée sur les résultats de l'enquête Virage, qui a mesuré en 2015 les violences subies dans les douze derniers mois et au cours de la vie, dans les différents espaces de vie (famille, études, travail, couple actuel ou passé, espaces publics), sur un échantillon représentatif de 15 556 femmes et 11 712 hommes âgés de 20 à 69 ans.
De quelle nature sont ces violences?
Sur cent femmes, vingt ont mentionné avoir été sifflées au moins une fois. Elles citent ensuite les insultes (8%), le fait d'avoir été suivie (3%) et le pelotage accompagné parfois de baisers forcés (2%). Les propositions sexuelles insistantes et l'exhibitionnisme ou le voyeurisme concernent 1% d'entre elles. Tout comme les brutalités physiques (gifle, coup, secouement). En prenant en compte la drague importune, le harcèlement et les atteintes sexuelles, les violences sexuelles, plus d'une femme sur cinq est concernée. Selon l'Ined, 3 millions de femmes âgées de 20 à 69 ans sont touchées par la drague importune dans les espaces publics, en France, tous les ans. Elles seraient un million à subir chaque année des situations de harcèlement et d'atteintes sexuels.
Quelles sont les femmes les plus concernées?
Les plus jeunes. Entre 20 et 25 ans, c'est le cas pour plus de la moitié d'entre elles. À ces âges, 40 % déclarent en effet avoir fait l'objet d'une drague importune au cours des douze derniers mois tandis que 14 % évoquent des situations de harcèlement et d'atteinte sexuelle. Les situations de drague importune, de harcèlement et d'atteintes sexuelles restent néanmoins fréquentes tout au long de la vie. «Elles constituent la majorité des faits subis au cours des douze derniers mois par les femmes jusqu'à l'âge de 60-64 ans», décrit l'Ined. Les femmes plus âgées sont par ailleurs davantage touchées par les insultes.
Ile-de-France, premier lieu des violences sexuelles
Les grandes villes, «un espace sexiste et violent»? L'Ined pose directement la question dans son étude. Au printemps dernier, une pétition des résidentes du quartier parisien de La Chapelle-Pajol dénonçant un harcèlement de rue omniprésent avait mis ce phénomène sous le feu des projecteurs. Dans l'agglomération parisienne, une femme sur cinq (20%) a subi de la drague importune dans les douze derniers mois et une sur dix (10%) des situations relevant du harcèlement et des atteintes sexuels, indique l'étude, sans rentrer dans le détail des zones les plus touchées.
C'est en Ile-de-France que les violences de toutes sortes sont les plus fréquentes. «37% des femmes et 18% des hommes âgés de 20 à 69 ans ont déclaré avoir subi au moins un fait dans les douze derniers mois, et 15% et 7% au moins un fait grave», selon les données de l'enquête Virage. Chez les jeunes franciliens de 20-24 ans, cette proportion s'envole à 68 % pour les femmes. Plus préservés, seules 17 % de femmes et 9 % d'hommes installés dans une zone rurale déclarent avoir subi une violence l'an passé.
Enfin, tout territoire confondu, c'est dans les espaces publics que les agressions sexuelles sont les plus fréquentes. C'est là que 7,9% des femmes et 2,2% des hommes en ont subi une au cours de leur vie. À l'inverse, les viols et tentatives de viols sont moins nombreux dans l'espace public (avec 0,9 % des femmes concernées) que dans un cadre familial ou conjugal.
Les hommes, également victimes?
Moins touchés que les femmes, 14% des hommes déclarent avoir subi au moins une violence au cours des 12 derniers mois dans l'espace public. L'insulte, citée par 8 % des hommes, arrive pour eux au premier rang de ces violences. 2,3% d'entre eux indiquent également avoir subi un fait de violence physique au cours des douze derniers mois. Un pourcentage qui grimpe à 4,1%, en incluant les bagarres.
Enfin, 3 % d'hommes disent avoir subi des sifflements et interpellations sous prétexte de drague. Des épisodes qu'ils ne considèrent pas comme graves. 1 % déclare avoir été la cible de propositions sexuelles insistantes malgré leur refus.
Comment les victimes jugent-elles les faits?
«Les faits déclarés comme graves relèvent le plus souvent des violences physiques et sexuelles», décrit l'Ined. D'autres agissements paraissent «largement tolérés» par les femmes, comme les sifflements et interpellations sous prétexte de drague jugés sans gravité par une large majorité de femmes (86%). Plus de la moitié d'entre elles ne s'alarment pas non plus des insultes. In fine, «8% des femmes déclarent avoir subi dans les 12 derniers mois au moins un fait grave dans les espaces publics et 17% un fait sans gravité», résume l'Ined. Au-delà de cette évaluation des victimes, l'Ined relève que les faits jugés anodins, comme la drague importune, «sont fortement corrélés à des faits plus graves de harcèlement ou de violence sexuels».
Ces violences ont-elles pris de l'ampleur?
Quinze ans plus tôt, selon l'enquête Enveff (Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France) de l'an 2000, 19% de femmes étaient victimes d'atteintes dans les espaces publics. Ce pourcentage, plus faible qu'en 2015, semble montrer une augmentation de ces violences. Mais la comparaison n'est pas aisée car des nouvelles questions relevant du harcèlement sexuel ont été ajoutées à l'enquête Virage de 2015. Elles pourraient expliquer «la fréquence plus élevée de déclaration dans l'enquête», souligne l'Ined. En outre, les campagnes de sensibilisation menées depuis les années 2000 et la réprobation sociale plus forte de ces agissements laissent imaginer que les femmes sont plus promptes à les dénoncer.
La rédaction vous conseille

Trois hommes inculpés pour avoir prémédité l'assassinat de Theresa May (06.12.2017)
  • Par  AFP, Reuters Agences 

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 08:59 

  • Publié le 06/12/2017 à 14:12
Un attentat visant la première ministre britannique aurait été déjoué.Trois hommes ont comparu mercredi lors d'une audience à Londres.
Theresa May a-t-elle échappé au pire? La police londonienne a révélé ce mercredi qu'un complot visant à assassiner la première ministre britannique avait été déjoué. Selon les services de sécurité, l'idée était de lancer un engin explosif contre la résidence de la première ministre au 10, Downing Street, et de profiter du chaos pour la tuer, précise Sky News. La menace était jugée tellement sérieuse que le directeur général du MI5, les services de renseignement intérieur, en a informé le conseil des ministres, poursuit la chaîne. D'après Sky News, cela faisait plusieurs semaines que Scotland Yard et la police du comté des West Midlands étaient sur la piste de ce complot.
Trois hommes inculpés de terrorisme ont comparu mercredi devant un tribunal de Londres, l'un d'eux pour avoir fomenté un projet d'assassinat contre la première ministre britannique, un autre pour avoir voulu faire du prince George une cible.
Husnain Rashid, un Britannique de 31 ans arrêté le 22 novembre, est accusé d'avoir publié sur la messagerie cryptée Telegram des informations susceptibles d'être utilisées pour mener des attentats, concernant des cibles potentielles comme des stades mais aussi le petit prince George, 4 ans, dont il a partagé une photo et l'adresse de l'école. Selon l'accusation, il projetait également de se rendre en Syrie pour combattre dans les rangs du groupe djihadiste Etat islamique. La magistrate en chef, Emma Arbuthnot, a ordonné son placement en détention lors de l'audience, durant laquelle il s'est contenté de décliner son identité.
Les deux autres hommes, inculpés pour le projet d'attentat contre la première ministre, sont Naa'imur Zakariyah Rahman, 20 ans, originaire du nord de Londres et de Mohammed Aqib Imran, 21 ans, qui vivait à Birmingham. Lors de l'audience, le premier a déclaré qu'il était «britannique bangladais», et le second qu'il était «britannique pakistanais». Ils prévoyaient de commettre un attentat à la bombe au niveau des barrières de sécurité entourant Downing Street, à l'aide d'un engin explosif dissimulé dans un sac. Puis, ils comptaient s'introduire à l'intérieur avant d'attaquer Theresa May au couteau, a décrit le procureur Mark Carrol lors de l'audience de moins de dix minutes. «Ils avaient prévu d'utiliser une ceinture d'explosifs, une bombe lacrymogène et un couteau», a déclaré le procureur devant les magistrats du tribunal de Westminster.
Naa'imur Zakariyah Rahman est accusé d'avoir aidé Mohammed Aqib Imran, 21 ans, à préparer un autre attentat. Ce dernier est également soupçonné d'avoir tenté de rejoindre le groupe EI en essayant d'obtenir un faux passeport pour voyager en Libye. Ils ont tous deux été arrêtés le 28 novembre alors que Rahman portait sur lui deux engins explosifs improvisés inertes, tandis que le second était en possession d'une vidéo enregistrée par Rahman.
22 complots terroristes déjoués
L'information a notamment été dévoilée dans The Sun en parallèle d'un rapport officiel sur les cinq attaques terroristes perpétrées dans le pays cette année. Le tabloïd affirme que les services secrets britanniques possédaient des informations qui auraient pu empêcher l'attentat suicide de mai 2017 à Manchester.
Mardi, le porte-parole de Theresa May a dit que la Grande-Bretagne avait contrecarré neuf complots au cours des 12 derniers mois. Amber Rudd, ministre de l'Intérieur, avait également indiqué que «22 complots terroristes islamistes» ont été déjoués depuis l'assassinat d'un soldat en pleine rue à Londres, en mai 2013.
«Le Royaume-Uni est confronté à une menace terroriste intense, laquelle est multidimensionnelle, évolue rapidement et opère à une échelle et un rythme jamais vu par le passé», avait alors commenté la police londonienne.
D'après la police, «bien plus de 500 enquêtes de contre-terrorisme sont en cours, impliquant plus de 3.000 personnes». Plus de 20.000 autres ont déjà fait l'objet d'une enquête pour terrorisme dans le passé, selon la même source.
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Visite historique et sous tension d'Erdogan en Grèce (07.12.2017)

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 13:49 

  • Publié le 07/12/2017 à 08:04
Athènes s'est dite «préoccupée» mercredi soir par des propos du président turc suggérant une révision du Traité de Lausanne sur les frontières de la Turquie, à la veille de la première visite en Grèce d'un chef d'Etat turc depuis 65 ans.
Correspondante à Istanbul
C'est une visite historique, la première d'un chef d'État turc en 65 ans. Le président Recep Tayyip Erdogan entame ce jeudi un déplacement en Grèce supposer accélérer le réchauffement entre les deux pays voisins. Plusieurs sujets de friction accompagnent ce déplacement: les désaccords territoriaux, la coopération énergétique, la question migratoire, le dossier de réunification de Chypre, et, actualité oblige, la question des ressortissants turcs (dont certains officiers de l'armée) venus demander l'asile en Grèce.
Après plusieurs décennies de rapports houleux, qui ont même failli dégénérer en affrontements en 1996, les deux pays ont entamé un dégel initié en 1999 par l'aide d'Athènes à la Turquie à la suite d'un séisme ayant dévasté Istanbul. Cette détente a favorisé un renforcement des échanges commerciaux qui trouve son illustration dans cette visite: pour ses deux jours de déplacement, Erdogan est accompagné d'une centaine de ministres et d'hommes et femmes d'affaires.
Le découpage territorial en question
Mais les deux pays continuent à butter sur d'importants différends. À commencer par la question du patrimoine byzantin en Turquie, la situation de la minorité musulmane dans le nord de la Grèce ou encore le découpage territorial en mer Égée. Dans une interview diffusée mercredi soir par la chaîne de télévision grecque Skai, Erdogan a d'ailleurs suscité «la préoccupation» d'Athènes à ce sujet.
À la veille de sa visite, le président turc est revenu sur ce découpage déjà contesté par le passé, en critiquant le Traité de Lausanne de 1923, qui définit les frontières de la Turquie. Tout en prenant un ton conciliant, il a appelé à des «améliorations» concernant la mesure des espaces aériens et des eaux territoriales en mer Égée. Pour lui, le dit Traité devrait être «révisé», ce qui serait «mutuellement bénéfique».
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Macron interpellé sur la colonisation par un jeune Algérien (06.12.2017)

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 07:46 

  • Publié le 06/12/2017 à 20:18
LE SCAN POLITIQUE - En déplacement à Alger, le président français a échangé avec un jeune homme sur le passé colonial de la France vis-à-vis de l'Algérie, ce mercredi. «Mais vous n'avez jamais connu la colonisation !», lui a lancé Emmanuel Macron.
Près d'un an après avoir créé la polémique en déclarant à la télévision algérienne que la colonisation française avait été un «crime contre l'humanité», Emmanuel Macron a été à nouveau confronté à cette période de l'histoire française.
«Il faut que la France assume son passé colonial vis-à-vis de l'Algérie», lui a lancé un jeune dans une rue d'Alger, ce mercredi. Le président a alors assuré que la France avait depuis «longtemps assumé» son histoire. «Vous évitez le fond du sujet», a rétorqué son interlocuteur.
«Qu'est-ce que vous venez m'embrouiller avec ça ?»
Emmanuel Macron à Alger
«Qui évite quoi? J'évite de venir vous voir? J'évite de dire ce qui s'est passé? Mais il s'est passé des choses, comme je l'ai dit... Il y a des gens qui ont vécu des histoires d'amour ici. Il y a des gens, français, qui aiment encore terriblement l'Algérie, qui ont contribué et qui ont fait des belles choses, il y en a qui ont fait des choses atroces. On a cette histoire entre nous mais moi je n'en suis pas prisonnier. Mais vous, vous avez quel âge?», s'est défendu Emmanuel Macron. «J'ai 25 ans», a répondu le jeune homme. «Mais vous n'avez jamais connu la colonisation! Qu'est-ce que vous venez m'embrouiller avec ça? Vous votre génération, elle doit regarder l'avenir». «C'est une page d'avenir que je viens ouvrir avec cette nouvelle génération», a-t-il ajouté, sur fond de youyous descendant des balcons des vieux immeubles haussmanniens du centre d'Alger et dans une cohue bon enfant.
L'échange a été filmé par France Info :
À un journaliste algérien qui lui demandait si la «position du président Macron» était la même que celle du «candidat Macron» sur «la question de la mémoire», le chef de l'État a répondu «je ne suis pas quelqu'un d'incohérent. C'est le même homme qui vous parle». Mais il n'a pas répété ses propos de candidat.
VIDÉO - Algérie: Macron dépose une gerbe au Monument des Martyrs
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À Alger, Macron veut ouvrir «une page d'avenir avec la jeunesse» (06.12.2017)

  • Mis à jour le 06/12/2017 à 20:30 

  • Publié le 06/12/2017 à 15:06
VIDÉO - Pour sa première visite en Algérie, le président français a souhaité raviver la relation entre les deux pays avec le travail mémoriel.
Envoyé spécial à Alger
Emmanuel Macron a choisi une librairie comme épicentre de sa visite à Alger et un site Internet pour s'adresser aux Algériens. Une façon de rompre avec les codes des voyages officiels à Alger. Le président tenait à se rendre dans les locaux de la librairie du Tiers-Monde, haut lieu de la vie intellectuelle algéroise où défilent toutes les figures de la vie culturelle de la capitale. Tandis que les badauds pouvaient voir en devanture des livres de Houellebecq, de Camus ou de Tolkien, le chef de l'État accordait entre les rayons de la boutique une interview au site TSA (Tout sur l'Algérie) pour annoncer être «prêt» à restituer les crânes de combattants algériens tués dans les années 1850 par l'armée française et conservés au Musée de l'homme à Paris. «Je souhaite qu'on ravive la relation entre nos deux pays avec le travail mémoriel, que la restitution des crânes soit décidée, je la déciderai, je suis prêt», dit-il. Durant son court séjour en Algérie, Macron n'a pas cessé de naviguer, avec une aisance certaine entre le passé et le présent.
Ce président français est sans doute le premier à porter le lourd passé franco-algérien sans trop ployer sous la charge. Emmanuel Macron n'a pas de liens organiques avec les réseaux franco-algériens ancrés dans les partis de droite ou de gauche. Il n'a pas, à la différence de millions de Français, d'histoire personnelle qui le relie au Maghreb. Il est enfin le premier chef de l'État français né après la sanglante guerre d'Algérie. Ce statut d'homme presque vierge et encore neuf sur la scène internationale rend quasi inopérantes les récriminations idéologiques d'un régime qui tire encore aujourd'hui sa légitimité de la lutte pour l'indépendance.
La journée a commencé par une cohue dans le centre-ville. Emmanuel Macron est parti de l'élégant immeuble de la grande poste pour déambuler dans la rue Larbi-Ben-M'ihdi, l'ex-rue d'Isly. Des curieux se massent derrière les barrières. «On ne le connaît pas beaucoup. On attend de voir ce qu'il fera pour les Algériens» commente un homme. Les femmes sont les plus enthousiastes. L'une d'elles, visage long, lunettes et foulard sur la tête, le serre dans ses bras, l'embrasse. «Elle est où?» demande-t-elle. «Qui?» répond le président. «Eh bien Brigitte. Votre femme. On l'aime. Faites-lui des baisers gratuits.» Macron sourit. L'ambiance est bon enfant. L'accueil ressemble à celui d'une star de cinéma. Il n'y a ni drapeau ni folklore. Les échanges sont brefs. «Nous avançons de génération en génération. Je suis là pour ouvrir une nouvelle page, une page d'avenir avec la jeunesse» dit le président, visiblement ravi.
Entretien avec Bouteflika
Planté sur son cheval, le sabre tendu vers le ciel azur, l'émir Abdelkader trône en fin de parcours au centre de la place du même nom. Au bas de la statue, l'historien Benjamin Stora se charge des présentations. «L'émir fut un grand résistant à la pénétration coloniale française. Il a eu ensuite la force de trouver la voie de la réconciliation tout en restant fidèle à lui-même. Son parcours est exemplaire», explique-t-il. «Alger est une ville chargée d'histoire. Ici, le général Salan a échappé à un attentat, là c'est le Milk Bar, le café des pieds noirs visé par un attentat sanglant», lance le réalisateur Alexandre Arcady, né au bas de la Casbah. Le président n'écoute plus. Il lève la tête en direction des étages du bar devenu un fast-food. Des femmes l'applaudissent au balcon. «La jeunesse algérienne est aux fenêtres», dit-il.
En l'absence du président Bouteflika, les officiels algériens l'accompagnent en ordre dispersé. Il y a dans la petite foule le président du Sénat, le maire d'Alger, le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel. Côté français, son homologue, Jean-Yves Le Drian. «Nous travaillons ensemble contre le terrorisme, pour la stabilisation du Sahel et sur le dossier libyen (envenimé par la question des migrants prisonniers des trafiquants d'esclaves, NDLR). Il n'y a pas de tiraillements car nous échangeons beaucoup, ce qui permet d'éviter les malentendus, mais il faut aller plus loin dans les discussions», raconte Abdelkader Messahel. Après un déjeuner avec des intellectuels algériens, dont les écrivains Kamel Daoud et Boualem Sansal et le dessinateur Dilem, trois figures transgressives de la scène algérienne, Emmanuel Macron se rend à Zéralda, à 30 kilomètres d'Alger pour s'entretenir avec Abdelaziz Bouteflika dans sa résidence présidentielle médicalisée. Il reçoit dans un ancien centre de repos pour cadres pétroliers devenu son domicile en 2013 après son AVC. Au loin, on voit la mer. Le président algérien parle d'une voix peu audible. L'entretien dure une heure. L'occasion d'évoquer la question de Jérusalem et pour Macron, d'annoncer la création d'un fonds conjoint d'investissement pour les PME et d'une école du numérique à Alger.
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Londres veut «éliminer» ses citoyens combattants de l'EI (07.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 07:39 

  • Publié le 07/12/2017 à 07:16
Les citoyens britanniques qui se battent pour l'organisation Etat islamique (EI) devraient être localisés et tués et non autorisés à rentrer dans le pays, a déclaré aujourd'hui le nouveau ministre de la Défense britannique Gavin Williamson au Daily Mail. "Tout simplement, mon point de vue est qu'un terroriste mort ne peut pas faire de mal à la Grande-Bretagne", a-t-il déclaré au quotidien tabloïd. "Nous devrions faire tout ce que nous pouvons pour détruire et éliminer cette menace", a-t-il ajouté.
On estime à 800 le nombre de possesseurs de passeports britanniques qui se sont rendus en Irak et en Syrie pour combattre, dont 130 ont été tués et environ 400 sont rentrés, laissant quelque 270 encore au Moyen-Orient. La question a été fortement abordée en 2014 lorsque un citoyen britannique, Mohammed Emwazi - également connu sous le nom de "Jihad John" - est apparu dans les vidéos de propagande de l'EI montrant la décapitation d'un certain nombre de prisonniers.
Gavin Williamson, qui est devenu ministre de la Défense le mois dernier après que Michael Fallon eut démissionné à la suite d'allégations d'inconduite envers des femmes, a juré que les combattants qui ont fui vers d'autres pays seraient également suivis et se verraient refuser le retour en Grande-Bretagne. "Nous devons nous assurer qu'au fur et à mesure qu'ils se divisent et qu'ils se dispersent en Irak, en Syrie et dans d'autres régions, nous continuons de les pourchasser", a-t-il dit au Daily Mail. "Faites en sorte qu'il n'y ait pas d'espace sûr pour eux, qu'ils ne puissent pas aller dans d'autres pays prêcher leur haine, prêcher leur culte de la mort."
Son interview a eu lieu quelques heures après que deux hommes eurent comparu devant le tribunal de Londres accusés d'un complot visant à tuer le Premier ministre britannique Theresa May.

Macron au Qatar pour parler antiterrorisme (07.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 08:46 

  • Publié le 07/12/2017 à 08:02
Après Alger, le président français Emmanuel Macron est attendu aujourd'hui au Qatar pour une brève visite où il doit annoncer plusieurs gros contrats et évoquer la lutte antiterroriste et la crise au Moyen-Orient après l'annonce de Donald Trump sur Jérusalem. En complément d'une tournée africaine largement consacrée à la lutte contre les djihadistes au Sahel, ainsi que d'une visite aux Emirats et à Ryad, Emmanuel Macron doit aborder à nouveau ce dossier à Doha où il escompte des résultats contre le financement de la radicalisation.
Il a en effet annoncé lors du sommet Europe-Afrique d'Abidjan la semaine dernière qu'il demanderait au Qatar de ne plus financer en France de fondations ou d'écoles encourageant l'islam radical. E. Macron a précisé avoir déjà obtenu cet engagement de la part du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dont le pays est actuellement en crise ouverte avec le Qatar. Il s'est même proposé de se faire le relais d'autres pays en remettant de leur part au Qatar et à l'Arabie saoudite une liste d'institutions suspectes.
Le président français entamera sa visite en se rendant sur la base américaine d'Al-Udeid, à 30 km au sud-ouest de Doha, la plus grande du Moyen-Orient et siège du Centcom, le commandement central américain des opérations antijihadistes. Il y rencontrera le commandement américain, ainsi que les troupes françaises stationnées sur place.
Il s'entretiendra ensuite avec le jeune émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, qu'il avait reçu à Paris en septembre, avant une conférence de presse conjointe. Les deux dirigeants ouvriront "la première réunion pour la coopération bilatérale en matière de lutte contre le terrorisme, le financement du terrorisme et la radicalisation", précise l'Elysée. Macron compte organiser début 2018 à Paris une conférence internationale sur le financement du terrorisme à laquelle il conviera tous les acteurs de la région.
Les deux chefs d'Etat devraient également signer plusieurs contrats dont "la maturité est proche", selon l'Elysée. Parmi eux pourraient figurer l'achat par Doha de douze nouveaux avions de combat Rafale (groupe Dassault) et la concession du métro de Doha aux groupes RATP et Keolis, pour quelque 3 milliards d'euros selon la presse économique. Autre contrat en négociation, l'achat de 300 véhicules blindés au groupe Nexter, qui pourrait représenter jusqu'à 2 milliards d'euros. En 2016, Doha avait acquis 24 Rafale pour 6,3 milliards d'euros.

Le Vinci vendu à un prix record ira au Louvre d'Abu Dhabi (07.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 07/12/2017 à 09:29 

  • Publié le 07/12/2017 à 06:48

Un tableau du peintre italien Léonard de Vinci, vendu en novembre aux enchères pour un montant record de 450,3 millions de dollars, va être exposé dans le tout nouveau Louvre d'Abu Dhabi. Le musée l'a annoncé sur Twitter.
Le Louvre d'Abu Dhabi ne précise pas dans quel cadre le tableau va rejoindre ses murs. C'est un coup de projecteur exceptionnel pour ce nouveau musée.
"Félicitations", a tweeté la maison d'enchères Christie's, qui avait organisé à New York la vente au cours de laquelle le tableau "Salvator Mundi" a pulvérisé le record de la toile la plus chère du monde, jusqu'ici détenu par "Les Femmes d'Alger (version 0)" de Pablo Picasso, vendue 179,4 millions de dollars en 2015.
Depuis, les spéculations vont bon train sur l'identité de l'acheteur du tableau vendu par le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, qui l'avait acquis pour 127,3 millions de dollars en 2013, un prix qu'il avait ensuite jugé sur-évalué. En début de soirée, le New York Times a affirmé que l'acquéreur était le prince saoudien Bader ben Abdullah ben Mohammed ben Farhan Al-Saud, proche du prince héritier Mohammed ben Salmane. Très peu d'informations sont disponibles sur celui qui n'est pas connu pour être un collectionneur.
Ce tableau était le seul connu de Léonard de Vinci à appartenir encore à un collectionneur privé, tous les autres étant la propriété de musées.
Ce qu'est Mona Lisa au Louvre 
L'histoire de cette oeuvre de 65 cm sur 45, peinte autour de 1500 par Léonard de Vinci (1452-1519), est digne d'un roman. Certains experts estiment qu'elle pourrait avoir été commandée par le cour de France et elle a été propriété des rois d'Angleterre. Après sa réapparition à la fin du XIXème siècle, elle a longtemps été considérée comme l'oeuvre d'un contemporain de Léonard de Vinci: vendue pour 45 livres en 1958 chez Sotheby's, elle n'a été authentifiée formellement comme un "Leonardo" qu'en 2005. Depuis, quelques spécialistes ont émis des réserves sur le rôle qu'a effectivement joué Léonard de Vinci dans sa conception.
"Il n'y aurait pas de Louvre sans Mona Lisa et d'une certaine manière, on pourrait faire valoir qu'il n'y aurait pas de Paris sans le Louvre", avait déclaré Loïc Gouzer, co-président des départements d'art post-seconde guerre mondiale et contemporain pour la zone Amériques de Christie's, lors de la présentation du tableau, le 10 octobre. "Donc quiconque achètera ce tableau placera son nom, sa collection, probablement son musée et peut-être sa ville dans le paysage culturel", avait ajouté celui qui est considéré comme le principal artisan de cette vente historique.
Depuis son inauguration, le Louvre Abu Dhabi avait déjà dans ses murs un autre tableau de Léonard de Vinci, "La Belle Ferronnière", portrait prêté par le Louvre Paris et présenté comme la star du nouveau musée. Au total, 300 oeuvres ont été prêtées par 13 musées français, dont "Autoportrait" de Vincent van Gogh.
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Éric Zemmour : «Utopie, que de crimes on commet en ton nom !» (06.12.2017)
Par Eric Zemmour
Publié le 06/12/2017 à 16h43
CHRONIQUE - Trois Utopies contemporaines de Francis Wolff est une réflexion fine et critique sur les utopies à la mode que sont le transhumanisme et l'animalisme. Mais le temps se gâte quand notre professeur se met à défendre le cosmopolitisme.

- Crédits photo : Fayard
La France est le pays des idées. Des idéologies, des abstractions, des conceptualisations. Des utopies. La France est cette nation où les politiques doivent porter une vision, et les intellectuels doivent concevoir et défendre des utopies. Où la réalité doit céder le pas à l'idée, où l'intérêt, même national, doit se soumettre à l'universel. Pour le meilleur et pour le pire.
Francis Wolff est professeur de philosophie à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, où l'on forge depuis deux siècles des générations d'intellectuels à la française. Il en a toutes les qualités et tous les tics: une culture livresque approfondie et le don de la formule sèche et élégante ; le goût immodéré du concept et de l'abstraction ; un talent didactique pour le thèse-antithèse-synthèse ; un respect religieux, quasi fétichiste, pour les Lumières du XVIIIe siècle. Et ce ton docte inimitable pour asséner des banalités sur le «règne des droits individuels» qui se serait substitué aux «rêves d'émancipation collective».
Notre professeur émérite est à l'aise dans l'éreintement. Un éreintement distingué et un brin hypocrite, qui laisse la parole à l'adversaire, pour mieux l'abattre. Un crime en gants blancs. Ses deux victimes sont les idéologies à la mode à Normale sup et dans les campus californiens. Le posthumanisme et l'animalisme sortent en lambeaux des mains expertes à les torturer. Le posthumanisme qui nous rêve en dieux ; l'animalisme qui nous réduit à des bêtes. Un posthumanisme qui veut transformer les hommes en robots et les robots en hommes, sans vouloir admettre qu'un «robot n'aura probablement jamais de conscience». Un animalisme qui ne voit pas que les prétendus «droits des animaux» ne sont en réalité que nos devoirs, et que «nous ne sommes pas des animaux comme les autres justement parce que nous nous sentons des obligations par rapport aux autres animaux». Conclusion implacable de notre professeur: «Nous avons perdu les deux repères qui nous définissaient en tant qu'hommes, c'est-à-dire ni des bêtes ni des dieux.»
Il a démoli pour mieux construire
Mais notre auteur ne peut s'arrêter là. Il a démoli pour mieux construire. Il a éliminé les deux utopies à la mode pour mieux dégager le terrain à une autre utopie, la seule qui vaille à ses yeux, «la seule dont la visée soit juste», la seule qui, «contrairement aux deux autres révolutions, demeure dans le prolongement de l'humanisme des Lumières, dont il est l'achèvement»: le cosmopolitisme. Pourtant, Francis Wolff avait remarquablement résumé la situation dans son introduction: «Des doctes rêvent d'abattre les frontières, les populations réclament des murs.» On comprend à le lire dans quel camp il se situe. Bien sûr, il a les bonnes lectures, les bonnes références: le Kant du Projet de paix perpétuelle (1795) et Habermas, qui, deux siècles plus tard, va encore plus loin, avec son concept de «citoyen du monde». Deux Allemands qui poussent à l'extrême les idées françaises de droits de l'homme universels. «L'utopie cosmopolitique est révolutionnaire, elle absolutise les principes de l'humanisme pour en réaliser l'idée. Elle mérite donc d'être défendue, même si elle paraît être la plus chimérique des trois», plaide notre professeur. Selon sa bonne méthode pédagogique, il se donne les gants de rendre des points à l'adversaire. Il fait mine d'admirer le formidable éloge des frontières de Régis Debray - «À quoi sert la frontière en définitive? À faire corps» - pour mieux l'ignorer et le nier. Il reprend avec soin les arguments des partisans d'un cosmopolitisme absolu, politique et juridique. Comme eux, notre auteur pense que «sans la distinction du citoyen et de l'étranger, y aurait-il des guerres? Supprimons les frontières et nous éliminerons les guerres».
«Notre cher professeur ne veut pas voir que son utopie est déjà réalité. Pour notre plus grand malheur.»
Éric Zemmour
Erreur classique de perspective qui n'est pas la plus grave. C'est que notre auteur prétend que son cosmopolitisme absolu n'est qu'une utopie. Il croit même que c'est la plus chimérique des trois qu'il a pris le soin d'étudier. C'est en réalité l'inverse. Ce sont les frontières, en tout cas à l'intérieur de l'Europe, mais surtout à l'extérieur de l'Union, qui sont désormais des chimères. Quand notre auteur reprend à son compte l'argument des «sansfrontiéristes» sur la fermeture de l'Europe et «les rejets de demandes d'asile (qui) atteignent désormais des taux proches des 100 %», il oublie seulement de préciser que les expulsions de ces déboutés du droit d'asile sont, elles, proches de 0 %. Quand il rappelle les heures glorieuses de l'immigration européenne vers l'Amérique - «En 1903, plus de 12.000 migrants pouvaient arriver en une seule journée dans le seul port d'Ellis Island»  -, il oublie seulement de considérer que cette invasion d'hommes blancs se fit au détriment des habitants du continent, les Indiens, qui finirent massacrés et parqués dans des réserves. Quand il nous affirme, la main sur le cœur, que «seule l'utopie cosmopolitique n'a le soutien ni des financiers ni des opinions publiques», il fait mine de ne pas connaître George Soros, le financier de Wall Street, qui arrose généreusement tous les mouvements en faveur des migrants, ou la propagande médiatique en faveur des malheureux «réfugiés» ou encore les subventions publiques qui nourrissent grassement les associations antiracistes. Quand il nous assène que «le droit cosmopolitique implique la superposition de la morale et de la politique», on a envie de lui rappeler Pascal: «Qui veut faire l'ange fait la bête.»
Notre cher professeur ne veut pas voir que son utopie est déjà réalité. Pour notre plus grand malheur. Loin de l'universalisme éthéré de Kant et Habermas et plus près de la «guerre des civilisations» de Samuel Huntington. L'Occident ressemble déjà à cette formule acérée d'Alain de Benoist, que notre professeur devrait goûter au moins pour son balancement formel très français: «L'humanité se présentait autrefois comme un ensemble hétérogène de peuples relativement homogènes, on veut aujourd'hui en faire un ensemble homogène de peuples radicalement hétérogènes.»
La France et le monde ne se réduisent pas à une salle de classe de la Rue d'Ulm.

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Journaliste, chroniqueur
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Stéphane Martin : «L'Afrique ne peut pas être privée des témoignages de son passé» (06.12.2017)

Par Eric Biétry-Rivierre
Mis à jour le 07/12/2017 à 12h47 | Publié le 06/12/2017 à 18h58
INTERVIEW - Emmanuel Macron a déclaré à Ouagadougou «ne pas accepter qu'une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France». Pour Stéphane Martin, président du Musée du quai Branly-Jacques Chirac, cette situation «n'a pas vocation à durer».
LE FIGARO. - Lors de sa visite en Afrique, Emmanuel Macron a dit «ne pas accepter qu'une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France». Partagez-vous ce constat?

- Crédits photo : musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Greg Semu
Stéphane MARTIN. - Oui. La proportion de ce qui a été enlevé du sol africain et dispersé en France comme dans le reste du monde est considérable. C'est presque la totalité. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à considérer la provenance des objets de notre exposition actuelle «Forêts natales» sur les arts de l'Afrique équatoriale atlantique.
Mais cette situation est-elle déplorable ou véritablement inacceptable?
Elle n'a pas vocation à durer. On ne peut pas avoir un continent à ce point privé des témoignages de son passé et de son génie plastique. Je ne porte pas de jugement moral. Ce déséquilibre est le produit d'une longue histoire, où les responsabilités sont de tous les côtés. Tant dans une Europe coloniale que dans les pays d'origine qui n'ont pas toujours été à la hauteur.
«Il faut imaginer un nouveau partage et une nouvelle promotion de ces biens communs, avec plus de partenariats»
Quelle proportion des collections africaines du Quai Branly-Jacques Chirac pourrait être concernée par les restitutions?
La plupart des objets des musées, et je ne pense pas seulement à ceux qui sont dédiés aux civilisations extra-européennes, n'ont pas été créés pour être accrochés à leurs murs ou reposer dans leurs vitrines. Les musées sont-ils pour autant illégitimes? J'aborderai la question différemment.
Il y a une nouvelle géographie culturelle, la carte des pays participant à la mise en valeur du patrimoine de l'humanité ne cesse de s'étendre. Il faut donc imaginer un nouveau partage et une nouvelle promotion de ces biens communs, avec plus de partenariats.
Mais le patrimoine valorisé dans nos musées demeurera bien propriété de la nation…
La question de la propriété légale est évidemment un élément important. Elle peut évoluer, elle ne se gère pas aujourd'hui comme il y a cinquante  ans : on a beau être propriétaire de droit, un regard collectif est souvent nécessaire. Le destin de ces pièces passera certainement par le retour d'une partie d'entre elles, du moins si l'Afrique les accueille dans des institutions capables de les conserver et de les promouvoir correctement.
«La question la plus importante est : l'Afrique a-t-elle envie d'investir dans une politique culturelle et un parc de musée aux normes»
Comment ne pas attenter au principe d'inaliénabilité des collections publiques?
La décision de changer ou non la nature de la propriété d'un objet est de l'autorité et de la responsabilité de l'État. Le discours du président met le doigt sur un réel déséquilibre qui doit être corrigé. La question la plus importante est: l'Afrique a-t-elle envie d'investir dans une politique culturelle et un parc de musée aux normes? La communauté internationale attend qu'elle le soit.
Avez-vous reçu de nouvelles demandes de restitution?
Non, c'est l'État, propriétaire, qui les reçoit. C'est le cas de la demande béninoise. Cela dit, les trésors d'Abomey ont été exposés au Bénin en 2006-2007.
Le discours de Ouagadougou va-t-il raviver la revendication de repentance?
Il faut séparer les questions qui relèvent du domaine moral, de cette volonté de punir symboliquement les actes coloniaux ou l'esclavage, et celles qui entendent mieux donner à voir et à partager le patrimoine mondial. La communauté internationale ne peut pas se contenter de quelques transferts symboliques de propriété. Il faut être plus ambitieux.

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En Chine, la presse officielle explique comment survivre à une attaque nucléaire (06.12.2017)

  • Mis à jour le 06/12/2017 à 23:15 

  • Publié le 06/12/2017 à 11:29
En Chine, la presse officielle explique comment survivre à une attaque nucléaire
Une semaine après le dernier tir de missile balistique nord-coréen, un article pédagogique d'un journal d'État d'une province frontalière a affolé les internautes.
Correspondant à Pékin
Une semaine après le dernier tir de missile balistique nord-coréen, un article publié ce mercredi dans un journal d'État de la province du Jilin, frontalière avec la Corée du Nord, a créé un vent de panique chez les internautes chinois. Alors que Pékin avait exprimé sa «vive inquiétude» face à cette nouvelle provocation, le Jilin Daily détaille sur une pleine page comment se protéger face à une attaque nucléaire.
Le texte ne mentionne pas explicitement une agression de la part du Royaume ermite, mais précise de quelle façon les armes nucléaires sèment la destruction: rayonnement lumineux, onde de choc, radiations nucléaires, impulsions électromagnétiques et émissions radioactives. Les trois premières tuent instantanément, insiste l'article. Pour limiter au maximum les risques de décès en cas d'attaque, il conseille notamment de porter lunettes, chapeau et masque et de couvrir les portions de peau exposées ; de se coucher rapidement dans un fossé ou de plonger dans une rivière si on ne trouve pas de construction de défense aérienne ; et de prendre au plus vite des comprimés d'iode.
«Si une guerre éclate...»
Le journal illustre aussi avec des dessins la manière d'éliminer la contamination radioactive: laver ses chaussures à l'eau, prendre une douche, se nettoyer les oreilles avec un coton-tige, faire vomir quelqu'un s'il a mangé quelque chose de contaminé. Pour être complet, l'auteur de l'article - qui ne craint visiblement pas d'alarmer ses lecteurs - rappelle que la bombe larguée par les Américains sur Hiroshima en 1945 a détruit plus de 80% des habitations de la ville et tué plus de 70.000 personnes.
«Si une guerre éclate, la possibilité d'une contamination nucléaire sur la péninsule n'est pas à écarter. Il faut donc étudier sérieusement les contre-mesures et les communiquer»
Global Times
L'influent Global Times, un quotidien national officiel, a cherché dans la même journée à justifier cette publication et a tenté de rassurer. Dans un éditorial, il assure que le gouvernement «s'est pleinement préparé» à toutes les éventualités et fera tout pour limiter l'impact sur le nord-est du pays en cas de conflit. «Si une guerre éclate, la possibilité d'une contamination nucléaire sur la péninsule n'est pas à écarter. Il faut donc étudier sérieusement les contre-mesures et les communiquer» à la population, poursuit le journal, tout en estimant que la province Jilin n'était pas confrontée à un risque «imminent» d'attaque.
Les conseils du Jilin Daily ont affolé les réseaux sociaux. «J'aimerais bien partir, mais pour aller où?», s'interroge une habitante d'une région frontalière sur Weibo, le Twitter chinois. «Ma famille est dans le Jilin: je panique!», a réagi une autre. «Pékin est à portée de missile, c'est terrible…», renchérit un habitant de la capitale.
L'article sort à un moment où la tension est à son comble dans la région. Alors que les observateurs craignent qu'un incident ne mette le feu aux poudres, des bombardiers américains ont survolé mercredi la péninsule coréenne, dans le cadre d'exercices militaires à grande échelle menés conjointement par les États-Unis et la Corée du Sud. De quoi provoquer la fureur de Pyongyang, qui considère que ces exercices mettent la péninsule «au bord de la guerre». De son côté, le président américain a promis de «totalement détruire» la Corée du Nord si les États-Unis ou leurs alliés étaient menacés. La Chine plaide, pour sa part, à la fois pour l'arrêt des essais nucléaires et des tirs de missiles nord-coréens, et pour la suspension des exercices militaires conjoints entre Washington et Séoul.
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L'Algérie, en panne, espère un choc politique (06.12.2017)

Par Adam Arroudj
Mis à jour le 06/12/2017 à 18h57 | Publié le 06/12/2017 à 18h41
Corruption et affairisme, chômage et crise économique sont le quotidien de la majorité des Algériens.
«Quand je vois ce que la Libye est devenue, je me dis qu'en Algérie, grâce à Dieu, on a échappé au pire.» Farouk, 34 ans, père de famille depuis quelques semaines, est au chômage. Pour vivre - c'est-à-dire gagner à peine plus que le salaire minimum, équivalent à environ 130 euros - il cumule plusieurs petits boulots au noir. Il passe le reste de son temps dans son quartier, à Kouba (Alger), entre sa maison où il regarde en boucle les chaînes algériennes d'information en continu et la mosquée, où avec ses amis et ses voisins, il discute politique et surtout, des «menaces» qui pèsent sur l'Algérie. À force d'entendre les officiels répéter que le pays est menacé par les terroristes aux frontières avec la Libye, la Tunisie, le Mali et le Niger, par la contrebande et la drogue en provenance du Maroc, par les migrants, par l'impérialisme occidental, etc. Farouk et ses amis se disent heureux de vivre dans un pays «aussi stable que l'Algérie».
Même si leur quotidien, ils l'admettent, n'est pas une partie de plaisir. Tous sont au chômage - il touche officiellement 12,3 % de la population (et selon les dernières statistiques, 17,6 % des universitaires) - et se plaignent de l'inflation qui frappe les produits de première nécessité. «Une des conséquences des mesures prises ces derniers mois par le gouvernement pour limiter les importations et relancer la production nationale, résume Mourad, chef d'entreprise dans le bâtiment. Le marché informel explose. Car les Algériens se débrouillent pour faire entrer les marchandises, du fromage jusqu'aux voitures, dont l'État ne veut plus. Et au lieu de se vendre au taux officiel, elles se vendent au prix du marché noir.»
«Avec plus de 100 milliards de dollars de réserves de change, l'Algérie a encore de l'argent pour fonctionner»
Nordine Grim, conseiller de l'ex-chef de gouvernement Sid Ahmed Ghozali
L'électrochoc provoqué par la chute du prix du baril de pétrole (95 % des recettes d'exportations, 19 % du PIB), qui aurait dû, selon les économistes, provoquer un déclic salutaire chez les décideurs et impulser une nouvelle politique économique moins dépendante des hydrocarbures, n'a pas eu lieu. Dans les milieux économiques proches du pouvoir, on évoque d'ailleurs sans culpabilité «le soulagement» en voyant le cours du brut remonter pour se stabiliser à 60 dollars. «Les années fastes sont terminées, mais à 60 dollars, on peut continuer à fonctionner sans rien changer», explique un haut fonctionnaire.
Ce comportement désole l'analyste Nordine Grim, qui fut conseiller de l'ex-chef de gouvernement Sid Ahmed Ghozali. «Avec plus de 100 milliards de dollars de réserves de change, l'Algérie a encore de l'argent pour fonctionner. Et le gouvernement le sait. Le discours d'austérité ne sert qu'à préparer les gens et leur dire: “Attention, si je prends des mesures plus sévères, il ne faudra pas m'en vouloir.” L'État doit absolument se départir de cette logique rentière et clientéliste.»
Car les voyants économiques ne sont pas les seuls au rouge. La pression démographique - le taux de natalité a doublé entre 2000 et 2015 - pose notamment problème. «Si, pour un pays organisé, la hausse des naissances peut tirer la croissance vers le haut, on se demande comment le nôtre pourra absorber toutes ces bouches à nourrir, tous ces enfants à scolariser, et tous ces jeunes à qui fournir un emploi», s'interroge Nordine Grim.
Dans l'entourage de la présidence, les scénarios catastrophes sont rejetés en bloc. «Regardez autour de vous! La communauté internationale salue la stabilité de l'Algérie! Si la santé du président continue à s'améliorer, tout le monde sera soulagé de le voir se présenter à un cinquième mandat», s'enthousiasme un fidèle. Depuis la fin de l'été, des officiels, pas forcément les mieux informés, mais de ceux que l'on envoie porter la bonne parole pour convaincre les foules, ont déjà assuré qu'Abdelaziz Bouteflika se porterait à nouveau candidat pour la présidentielle de 2019. L'annonce n'a provoqué aucun frémissement. Il faut dire que l'opposition politique a été neutralisée.
L'argent de la rente a acheté les émeutiers qui, il y a quelques années, faisaient trembler le gouvernement en coupant les routes pour protester contre leurs conditions de vie. Et les mouvements sociaux politisés, comme celui des chômeurs ou contre le gaz de schiste, n'ont pas résisté au départ de leurs leaders. À tel point que, début octobre, lorsque le premier ministre Ahmed Ouyahia a demandé à Sonatrach, le premier groupe pétrolier, de reprendre l'exploitation du gaz de schiste, rien n'a bougé dans le Sahara algérien qui s'était pourtant soulevé en 2015.
«Aujourd'hui, notre littérature et notre cinéma s'exportent dans tous les festivals du monde. Le secret? Ne pas compter sur l'État, mais sur soi-même»
Lydia, cadre dans la communication à Alger
Pour autant, la contestation existe et frappe fort. Les jeunes YouTubeurs, qui se mettent en scène dans des clips ultraléchés évoquant l'univers de films ou de séries, attirent des millions de visiteurs. Ils dénoncent des maux qui parlent à tous les Algériens: corruption et affairisme, délitement du système de santé, phénomène des harragas (migrants algériens)… Contestés par le pouvoir qui les accuse d'être manipulés par «la main de l'étranger», ces nouveaux opposants sont aussi critiqués par une autre frange de la société, celle des trentenaires urbains, pour certains formés à l'étranger, qui se sont construits à la faveur de l'essor du secteur privé et dessinent une nouvelle classe moyenne, plus visible car décomplexée.
«On sait que la situation dans laquelle on vit n'est pas idéale. Mais ceux qui critiquent ne réclament qu'une part de la rente. Nous, on essaie de construire l'Algérie de demain, plus juste, témoigne Lydia, cadre dans la communication à Alger. On peut y arriver. Aujourd'hui, notre littérature et notre cinéma s'exportent dans tous les festivals du monde. Le secret? Ne pas compter sur l'État, mais sur soi-même.»
Paradoxe, «de telles volontés de sortir le pays de sa torpeur rentière existent aussi à l'intérieur du système, note un haut cadre de l'État. Mais le favoritisme, l'incompétence, la bureaucratie, et l'idéologie qui servent de feuille de vigne à tout cela, au mieux annihilent, au pire étouffent ces initiatives.» Numérisation du service public, projets de développement de l'agriculture, énergies renouvelables, modernisation des transports publics… Les exemples de projets avortés ne manquent pas. «Le pays fonctionne comme ça. Et pour rompre avec ces blocages, nous n'avons pas le choix, conclut-il. Il nous faut un choc politique.»
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 07/12/2017. Accédez à sa version PDF en cliquant ici
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Plus de dix millions de Français déclarent vivre en insécurité (07.12.2017)
Par Christophe Cornevin et Jean-Marc LeclercMis à jour le 07/12/2017 à 09h56 | Publié le 07/12/2017 à 06h30
INFOGRAPHIES - Selon la dernière enquête de victimation de l'Observatoire de la délinquance, 32 % des sondés disent avoir été les témoins d'au moins une infraction ces 12 derniers mois.
Le sentiment d'insécurité progresse à travers le pays au point d'atteindre son plus haut niveau historique. Désormais, plus d'un Français sur cinq (21 %) affirme éprouver une crainte et parfois de la peur dans le quartier ou le village dans lequel il vit. Soit, au total, 10,8 millions de nos compatriotes âgés de 14 ans et plus. C'est ce que révèle l'enquête annuelle de «victimation», conduite au premier semestre par l'Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP) auprès de 16.000 ménages interrogés en «face à face» lors du premier semestre. Selon ce document, pas moins de 43 % des sondés inquiets déclarent même «renoncer à sortir seuls dans leur quartier».L'appréhension est particulièrement sensible chez les femmes, puisqu'un quart d'entre elles disent en souffrir, contre «seulement» 16 % des hommes. «De manière générale, on constate que l'insécurité ressentie dans le quartier ou le village tend à diminuer avec l'âge», note le rapport, précisant qu'elle concerne «26 % chez les filles de 14-17 ans contre à peine 15 % des hommes de 50 ans et plus».
Pour éclairer ce tableau de bord, que la Place Beauvau ne manquera pas de décortiquer à la veille de lancer son emblématique police de sécurité du quotidien, les analystes de l'ONDRP passent au crible les problèmes auxquels sont confrontés les Français. Soucieuse «d'évaluer la part de la population témoin de certains phénomènes dans leur quartier, tels que la consommation exagérée d'alcool, la consommation ou le trafic de drogue, les trafics divers, la prostitution ou toute autre forme de délinquance», leur étude grand format révèle qu'«en 2017, près de 32 % des personnes de 14 ans et plus ont déclaré qu'il leur est arrivé d'observer, dans leur quartier ou leur village l'un de ces phénomènes au cours des 12 derniers mois». Soit environ 8,8 millions de riverains empoisonnés au jour le jour par l'incivilité et la petite délinquance qui mine des pans entiers du territoire.

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Des signaux encourageants
Ainsi, les villages isolés de campagne semblent plutôt épargnés puisque seuls 17 % des ruraux déclarent y avoir été les témoins d'au moins un de ces phénomènes. En revanche, les urbains établis dans les grandes agglomérations sont touchés de plein fouet, en particulier en région parisienne où 48 % des habitants sont en proie à des scènes régulières d'ivresse, d'usage de stupéfiants ou de deal, voire de prostitution ou de recels en tout genre.
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Même si elle est un peu moins importante qu'à l'extérieur, l'insécurité ressentie au sein même du domicile rencontre également une hausse cette année: désormais, un peu plus de 8,2 millions de personnes affirment la ressentir, soit 16 % des interrogés. Ce sentiment, dont l'ONDRP relève par définition la «subjectivité» en préambule de son étude, a même tendance à augmenter avec l'âge puisqu'il concerne 17 % des plus de 50 ans. Il est plus fort encore chez les femmes, dans la mesure où une sur cinq se déclare parfois peu rassurée au sein du logis.
Le terrorisme inquiète
Au chapitre des «préoccupations majeures en France», le rapport confirme, tableaux à l'appui, que la question du terrorisme, «quasiment inexistante avant les attaques des 7 et 9 janvier 2015 et de l'attentat du Bataclan en novembre 2015», reste en tête de classement pour la seconde année consécutive. Cité avant tout autre problème par 32 % des sondés, ce thème, nourri par la menace djihadiste, passe loin devant le chômage (23 %), la précarité de l'emploi, la santé, l'environnement, la sécurité routière, le racisme ou encore la discrimination. Il est vrai que ce sondage de grande ampleur a été réalisé quelques mois après l'assassinat du couple de policiers à Magnanville, le 13 juin 2016, et l'attentat de Nice durant la célébration du 14 juillet 2016. Une séquence traumatique marquée par l'empreinte de Daech.
«Un peu moins de 14 % des Français confiaient être préoccupés par la question de la délinquance en 2014 contre 9 % en 2017»
Auteurs du rapport
L'enquête de «victimation» de l'ONDRP complète la statistique policière qui éclaire, pour sa part, l'activité des services. Elle nourrit une analyse nuancée d'où il ressort que les Français évoluent peu à peu dans leurs perceptions. Même si un sentiment d'insécurité diffus persiste, la question de la délinquance n'est plus aussi obsessionnelle qu'il y a quelques années. «Un peu moins de 14 % des Français confiaient être préoccupés par celle-ci en 2014 contre 9 % en 2017», constatent les auteurs du rapport. Contrasté, le tableau de bord de l'ONDRP laisse apparaître des signaux encourageants.
Ainsi, le nombre des victimes d'agressions, catégorisées dans les «violences physiques hors ménage», a chuté pour s'établir à 610.000 en 2016. Soit un repli de 21,29 % par rapport à l'année précédente et le meilleur résultat enregistré depuis plus de dix ans. Autre indicateur à la baisse: les vols de voitures, puisque le nombre des ménages victimes de ce type de délit a diminué de moitié en dix ans, passant de 505.000 en 2006 à 238.000 l'année dernière. Certains fronts délinquants reculent. De quoi conforter l'action des hommes et des femmes qui œuvrent inlassablement à la sécurité de tous.

- Crédits photo : Service infographie

Moins de cambriolages de domiciles
Les cambriolages et tentatives de cambriolages dans les résidences principales ont tendance à diminuer en France, confirmant une tendance amorcée en 2015, selon l'étude de l'ONDRP. Le nombre de ménages victimes en 2016 s'établit à 470.000 (1,6 % des ménages). Dans la moitié des cas, les tentatives ont échoué. Toutefois, le niveau de délits déclaré dépasse celui de 2008 (349.000 victimes). Les habitants des villes de plus de 20.000 habitants sont deux fois plus exposés à ce risque que ceux des communes rurales. Les victimes portant plainte dans environ 57 % des cas. Un tiers des faits se déroule au cours des mois de juillet, août et décembre. 7 % des victimes l'ont été plus d'une fois au cours de l'année civile. 5 % font appel à une société de protection privée après le cambriolage et autant évoquent le souhait de déménager «en raison de problèmes de délinquance dans leurs quartiers, contre 1 % chez les ménages non victimes». Environ 30 % des faits se déroulent quand une personne est présente au domicile. Les cambrioleurs ont toutes les audaces.

Les débits bancaires frauduleux explosent
Tout commence par une carte SIM piratée chez son opérateur et se termine par 11.800 euros dérobés sur un compte en ligne. Cette arnaque à distance dont a été victime une habitante du Morbihan, l'été dernier, est emblématique de la nouvelle criminalité. Les escroqueries bancaires ont littéralement explosé dans l'Hexagone. La dernière enquête menée auprès d'un large panel de Français par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) est sans équivoque. Le nombre de ménages se disant victimes d'au moins un débit frauduleux sur leurs comptes est passé de 500.000 en 2010 à plus de 1,21 million en 2016 (+ 142 %).
En 2016, seulement 29 % des faits signalés aux autorités ont fait l'objet d'une plainte et 11 % ont fini en main courante
Ce sont désormais 4,3 % des ménages qui se déclarent concernés. L'essor des paiements électroniques y contribue largement. L'étude nous apprend que «près de 7 ménages sur 10 victimes d'escroqueries bancaires sur deux ans ont déclaré que les sommes dérobées ont servi à effectuer un achat». Elle précise que 48 % des arnaques subies entre 2010 et 2013 ont servi à effectuer un achat sur Internet.
Cet éclairage est d'autant plus précieux que, sur les consignes de la Chancellerie, depuis la circulaire Caillibotte du 2 août 2011, policiers et gendarmes sont invités à remettre aux victimes de fraude sur Internet un simple récépissé de déclaration. Motif invoqué: les banques remboursent les victimes et peuvent porter plainte à leur place. En 2016, seulement 29 % des faits signalés aux autorités ont fait l'objet d'une plainte et 11 % ont fini en main courante, ce registre des commissariats où les faits sont notés pour mémoire.
La moitié des victimes a pourtant subi un préjudice de 100 à 1000 euros. L'ONDRP indique, en tout cas, qu'un tiers d'entre elles (34 %) affirme avoir été escroqué d'un montant inférieur à 100 euros et que près de deux débits frauduleux sur dix (18 %) portent sur des valeurs supérieures à 1000 euros. Pour ces montants très élevés, les victimes ont été 53 % à déposer plainte.
Les deux tiers des victimes disent avoir découvert la fraude en consultant leurs relevés bancaires et un quart a été alerté par sa propre banque. «Près de 63 % des ménages victimes (…) disent n'avoir aucune idée quant à la manière dont l'auteur a procédé» et «23 % déclarent connaître avec certitude le mode opératoire mis en place», tandis que «14 % pensent savoir comment l'auteur a procédé mais sans certitude».
En France, les clients bénéficient d'un délai de 13 mois pour réclamer le remboursement des sommes débitées frauduleusement. «Ce qui n'empêche pas d'insister pour porter plainte», estime un avocat spécialisé.

Une société propice aux menaces
Le citoyen français aurait-il la menace facile? «En 2016, on estime à 1,8 million le nombre de personnes de 14 ans et plus ayant subi des menaces», révèle la dernière enquête de l'ONDRP. «Le taux de victimation pour ce type d'atteinte avoisine les 3,5 % .» Selon cette étude, «52 % des victimes déclarent que l'atteinte subie était une menace de violences physiques, 36 % des victimes déclarent que la menace consistait à dire ou faire quelque chose pouvant leur causer du tort, 22 % des victimes déclarent que la menace consistait à les contraindre ou les empêcher de faire quelque chose, 14 % des victimes indiquent que la menace consistait à détruire ou dégrader un de leurs biens». Par ailleurs, «les personnes âgées de moins de 30 ans ont un taux de victimation deux fois plus élevé (5,7 %) que celles âgées de plus de 30 ans (2,9 %)». Les menaces ne font pas toutes, loin s'en faut, l'objet de suites judiciaires. Comme le révèle l'enquête de l'ONDRP, «un peu plus d'un cinquième des victimes (22 %) se déplace dans une unité de gendarmerie ou un service de police suite aux menaces subies». Au bout de la démarche, seule une victime sur dix porte plainte après avoir été accostée ou avoir reçu le courrier d'un corbeau.
À visionner sur ce sujet: un bus pour lutter contre l'insécurité:

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Donald Trump et l'Arabie Saoudite, l'alliance explosive (06.12.2017)

Par Laure Mandeville
Mis à jour le 07/12/2017 à 07h40 | Publié le 06/12/2017 à 17h40
ENQUÊTE - Jadis basée sur un réseau sophistiqué d'échanges officiels et informels, la relation américano-saoudienne est soudain devenue un jeu opaque et très personnalisé entre la famille Trump et le nouvel homme fort d'Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, qui vise à bousculer codes et statu quo, affolant le monde de la diplomatie.
«Aidez-nous à purger les fantassins du mal, faites-les sortir de vos lieux de prière», s'écria le président aux cheveux blond-orange, devant un parterre de dignitaires musulmans en robe blanche. C'était le 21 mai 2017 et Donald Trump était à Riyad, dans les ors du palais des Saoud, en Arabie, pour son premier voyage de président à l'étranger. «Un choix extraordinaire, vu que tous ses prédécesseurs s'étaient rendus au Mexique ou au Canada», note l'expert du Moyen-Orient, Aaron David Miller. Conscients de l'opportunité géopolitique, le vieux roi Salman et son fils Mohammed Ben Salman (MBS), 32 ans, avaient mis les petits plats dans les grands pour éblouir le nouveau patron de l'Amérique, sa femme Melania, et bien sûr le couple «princier» Jared Kushner et Ivanka Trump, gendre et fille du nouveau président. Il fallait que tout fût parfait pour subjuguer le nouveau locataire de la Maison-Blanche venu déclarer la guerre aux visées hégémoniques de l'Iran et - sujet plus embarrassant vu d'Arabie - à l'extrémisme islamique. Un duo inattendu allait se nouer: MBS et Jared, les deux jeunes princes trentenaires.
Malgré ses contradictions, la relation américano-saoudienne n'avait jamais manqué d'allure, depuis la rencontre de Franklin Roosevelt et du roi Ibn Saoud sur l'USS Quincy en mer Rouge, le 4 février 1945. Le Saoudien était arrivé à bord du navire américain avec 14 gardes du corps et huit agneaux vivants destinés à être grillés sur place pour le dîner. L'entrevue allait déboucher sur un «pacte» durable de realpolitik entre l'Arabie et l'Amérique: pétrole contre sécurité.
Un étrange ballet des visites discrètes
Mais le faste déployé à l'occasion de la venue de Trump visait à mettre les bouchées doubles après les tensions bilatérales suscitées par l'ouverture de Barack Obama vers l'Iran. Délaissés, inquiets de l'emprise croissante de Téhéran sur le Moyen-Orient, les Saoudiens voulaient «faire revenir» Washington «côté sunnite». «Pour cela, il fallait éblouir Trump», explique l'ancien ambassadeur américain à Riyad, Chas Freeman. Des achats d'une centaine de milliards de dollars d'équipements militaires américains furent annoncés, pour le plus grand plaisir du président. Mais les Saoudiens ne furent pas déçus de leurs efforts. Donald Trump prononça un discours virulent contre l'Iran. Il profita aussi de cette plateforme, pour lancer sa grande bataille contre l'islam radical, appelant à une «alliance des nations» contre l'extrémisme.
Huit mois plus tard, le discours de Trump résonne d'une étrange actualité, alors que MBS a lancé une vaste purge, destinée à combattre la corruption, moderniser le pays et ramener l'islam vers la modération.
Sur le coup, ses déclarations furent accueillies avec sarcasme à Washington, où l'on souligna qu'il était décalé de prononcer de telles paroles au pays de l'exportation massive de l'idéologie salafiste wahhabite. Mais huit mois plus tard, le discours de Trump résonne d'une étrange actualité, alors que MBS a lancé une vaste purge, destinée à combattre la corruption, moderniser le pays et ramener l'islam vers la modération et la réconciliation avec les autres religions du Livre, si l'on en croit l'interview de quatre heures accordée à l'éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman.
Du coup, à Washington, les questions fusent: le tremblement de terre politique saoudien a-t-il été encouragé par l'Administration américaine en sous-main ou le nouveau président n'a-t-il fait que prendre acte de la révolution lancée par le jeune prince? Trump fait-il preuve d'une incroyable naïveté face au jeu de pouvoir saoudien ou est-il en train de donner une chance «au printemps arabe» de l'Arabie, comme veut le croire Thomas Friedman? Va-t-il tenter de bouleverser la donne moyen-orientale à l'aide des Saoud, notamment sur le conflit israélo-palestinien, au risque d'une explosion de violences? «Je fais une grande confiance au roi Salman et au prince héritier d'Arabie saoudite, ils savent exactement ce qu'ils font…», a tweeté le président Trump dans la foulée des décisions de Riyad. Donald Trump est «l'homme adéquat au moment adéquat», a répondu MBS.
Face à cette lune de miel, la communauté de politique étrangère washingtonienne, tenue à l'écart, est en plein désarroi. L'étrange ballet des visites discrètes que le gendre de Trump, Jared Kushner, jeune promoteur immobilier de New York, juif orthodoxe, et sans la moindre expérience de la région, effectue au Moyen-Orient, se déploie en dehors de tout plan officiel. Pas d'experts orientalistes autour de lui! Chargé par son beau-père de trouver une solution au casse-tête israélo-palestinien, l'entrepreneur à la voix douce, 37 ans, agit en quasi-électron libre, entouré d'un cercle ultraétroit, composé de l'émissaire de Trump au Moyen-Orient, Jason Greenblatt, de la conseillère adjointe à la sécurité nationale, Dina Powell, une Égyptienne copte influente, et de l'ambassadeur en Israël, David Friedman. «C'est fou. Les conversations de Jared ne sont absolument pas fixées par écrit, contrairement aux procédures diplomatiques. Kushner comprend-il ce qui lui est dit, ou en surévalue-t-il la portée? Nous n'en savons rien puisqu'il s'agit de tête-à-tête», note Joseph Bahout, spécialiste du Moyen-Orient à la Carnegie. Un article de l'analyste David Ignatius, proche des agences de renseignement, sur la présence de Kushner à Riyad, 48 heures avant les décisions radicales prises par MBS, a alimenté le moulin à supputations. Les deux «princes» auraient parlé tard dans la nuit…«La relation américano-saoudienne est devenue un trou noir», résume Bahout.
«Où sont nos grands diplomates ? Il n'y a pas de plan américain ! Le seul plan, c'est l'ego du président. Nous allons défaire notre propre système d'influence.»
L'ancien ambassadeur en Arabie, Chas Freeman
À cette obscurité, s'ajoute l'effondrement des réseaux saoudiens qui irriguaient jusqu'ici copieusement le réseau des think-tanks et des diplomates. Le prince al-Walid Ben Talal, investisseur le plus en vue du pays, et relais essentiel des Américains à Riyad, a été arrêté, avec beaucoup d'autres. «Personne ne sait ce qui se passe. Les connaisseurs de la vieille Arabie n'ont aucune information sur la nouvelle Arabie qui émerge», s'inquiète Joseph Bahout. Le nouvel ambassadeur à Washington n'est autre que le jeune frère de MBS, 28 ans. «Où sont nos grands diplomates? Il n'y a pas de plan américain! Le seul plan, c'est l'ego du président. Nous allons défaire notre propre système d'influence», affirme l'ancien ambassadeur en Arabie, Chas Freeman.
Communauté au credo généralement interventionniste, le puissant monde washingtonien des think-tanks et lobbies de la sécurité nationale avait déjà été pris à rebrousse-poil sous la présidence du «réaliste» Obama, qui avait cherché un retrait partiel des conflits dans l'idée «de ne pas faire de choses stupides». Face à Trump, il ne s'agit plus seulement de défiance, mais de mépris. Maints experts avaient rejoint les listes des «Never Trumpers» pendant la campagne. Ils n'ont avalé ni ses tweets, ni ses menaces de remettre en cause l'article 5 de l'Otan, ni ses appels du pied à Poutine, même s'il a orchestré dans les faits une politique beaucoup plus classique sur ces fronts-là.
Les risques d'une «carte blanche» à MBS
En réalité, les élites de politique étrangère sont en train de comprendre que l'essence de la «méthode» Trump n'est pas l'isolationnisme, mais la perturbation tous azimuts pour débloquer les problèmes au risque de l'explosion, comme on le voit en Corée du Nord, et en Israël avec l'annonce du déménagement de l'ambassade américaine. «Le président regarde de haut les experts qu'il juge incapables de penser “en dehors du cadre classique”, note une source dans l'administration. Il ne leur fait pas confiance et s'appuie donc exclusivement sur sa famille et les militaires.»
Est-ce à dire qu'il n'y a pas de stratégie, juste les instincts brouillons du chef de l'État et ses promesses de campagne? Après des mois d'«écoute des acteurs de la région», la petite cellule créée autour de Kushner semble au contraire avoir accouché d'une ébauche de stratégie moyen-orientale si ambitieuse qu'elle apparaît aux connaisseurs irréaliste et dangereuse: elle viserait à isoler drastiquement l'Iran, et à soutenir à fond le projet 2030 de modernisation de l'Arabie de MBS, ainsi que sa bataille contre les responsables religieux conservateurs et son rapprochement avec Israël face à Téhéran, en échange d'un engagement à débloquer le dossier israélo-palestinien. Le jeune prince saoudien aurait convoqué le président palestinien Mahmoud Abbas à Riyad pour le sommer d'accepter un plan très favorable à Israël, menaçant de le faire partir s'il refuse, voire de couper les vivres à l'Autorité palestinienne. Selon le New York Times, le Saoudien serait même prêt à abandonner Jérusalem peu ou prou aux Américains (même s'il s'en défend officiellement), d'où la montée au créneau de Trump sur le sujet. «Des naïvetés d'adolescents, dit l'ancien ambassadeur Chas Freeman. L'Arabie est un élément clé du puzzle, mais ne pourra pas apporter l'accord des Palestiniens sur un plateau.»
L'écrasante majorité des experts redoute que l'éléphant Trump mette le feu au magasin de porcelaine moyen-oriental. Ils insistent sur les risques d'une «carte blanche» à MBS, qui lui permettrait de construire un pouvoir absolu et de se lancer dans des aventures extérieures dangereuses, comme il l'a fait au Yémen, au Qatar ou au Liban, où il a multiplié les échecs déstabilisateurs. L'aventurisme régional de la politique saoudienne a d'ailleurs poussé le Pentagone à faire pression sur la Maison-Blanche, pour qu'elle modère son soutien au prince héritier sur ces fronts extérieurs, rapporte la journaliste Laura Rozen dans Al-Monitor. Sur ce point, «le président a donné raison aux militaires, signe qu'ils jouent un rôle modérateur», note Aaron David Miller. Mais Trump le grand perturbateur semble penser que les étoiles sont alignées pour un big bang et qu'il a trouvé en MBS le réformateur transgresseur un partenaire idéal pour passer «des deals» et tenter de trancher les nœuds gordiens du Moyen-Orient, au moyen de leur alliance explosive.
VIDÉO - Macron qualifie de «regrettable» la décision de Trump

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Conflit israélo-palestinien : le processus de paix à «quitte ou double» (06.12.2017)
Par Patrick Saint-Paul
Mis à jour le 06/12/2017 à 22h27 | Publié le 06/12/2017 à 20h10
DÉCRYPTAGE - En reconnaissant Jérusalem capitale d'Israël, le «dealmaker» Donald Trump ose un coup de poker. Soit, contre toute attente, le processus de paix est relancé, soit la situation risque de s'embraser.
En reconnaissant Jérusalem comme capitale d'Israël, s'engageant à y transférer l'ambassade des États-Unis, Donald Trump vient de tirer un trait sur des décennies de diplomatie internationale et de politique américaine. Son coup de poker fait peser sur la région la menace d'un nouvel embrasement et risque d'enterrer définitivement un processus de paix moribond. Il fait peser une autre incertitude: les États-Unis peuvent-ils encore jouer le rôle «d'honnête parrain» des négociations entre Israéliens et Palestiniens?
En se rangeant du côté de l'un des acteurs du conflit, les États-Unis perdent le statut de facilitateur neutre auquel ils s'astreignent depuis des années, bon gré, mal gré
Le président américain, qui se flatte de ses talents de dealmaker, entendait décrocher au Proche-Orient «l'accord définitif», promettant de réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué. Les dealmakers ne font généralement pas de concessions avant même le début des négociations. Donald Trump, lui, vient de trancher la question la plus épineuse du processus de paix, remplissant une promesse électorale destinée à son électorat évangéliste et à la communauté juive américaine, avant d'avoir dévoilé ses pistes pour un règlement du conflit.
Pour les Israéliens, Jérusalem est la «capitale indivisible et éternelle» de l'État hébreu. De leur côté, les Palestiniens espèrent toujours établir la capitale de leur futur État dans sa partie orientale, conquise par Israël en 1967. L'ONU ne reconnaît pas l'annexion de Jérusalem-Est, qu'elle considère comme territoire occupé.
La vision internationale reste celle de Jérusalem comme capitale d'Israël et d'un État palestinien indépendant. Le statut final de la Ville sainte doit être négocié entre les deux parties. Depuis les accords d'Oslo de 1994, les négociateurs ont repoussé cette question, ainsi que celle toute aussi épineuse du retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants, à la dernière phase des pourparlers.
L'Administration américaine argue qu'elle se contente de reconnaître une réalité: la Knesset, le premier ministre israélien et l'essentiel de son gouvernement siègent à Jérusalem. Ses prédécesseurs avaient su éviter les pièges de la politique des «faits accomplis». Peu importe que Trump n'ait pas pris position sur la question de la division de Jérusalem, ni sur le statut de la Vieille ville. Celle-ci abrite les sanctuaires des trois grandes religions monothéistes, notamment al-Haram al-Charif (mont du Temple pour les juifs), troisième lieu saint de l'islam, et le mur des Lamentations, premier lieu saint du judaïsme. En se rangeant du côté de l'un des acteurs du conflit, les États-Unis perdent le statut de facilitateur neutre auquel ils s'astreignent depuis des années, bon gré, mal gré.
Les pistes étudiées comprendraient la création d'un État palestinien non continu en Cisjordanie, qui n'aurait pas Jérusalem-Est pour capitale mais le faubourg d'Abou Dis, et sans droit au retour des réfugiés
Au-delà de la question israélo-palestinienne, cette reconnaissance risque d'avoir un impact négatif dans l'ensemble du monde arabo-musulman et hypothèque le rapprochement voulu par Donald Trump entre Israël et les pays sunnites face à l'ennemi commun chiite. Pour son Administration, il s'agit d'écarter une source d'ambiguïté dans la position américaine et de favoriser ainsi une solution. En réalité, le fait que Trump soit prêt à courir le risque d'un embrasement montre le peu de progrès réalisé par ses négociateurs, menés par son gendre, Jared Kushner.
Le président américain s'est dit prêt à envisager la solution de deux États - la seule qui permettrait de préserver à la fois le caractère juif et démocratique d'Israël, deux piliers essentiels de sa fondation en 1948 -, mais aussi celle d'un seul État. Selon des fuites parues dans le New York Times, les pistes étudiées avec le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, comprendraient la création d'un État palestinien non continu en Cisjordanie, qui n'aurait pas Jérusalem-Est pour capitale mais le faubourg d'Abou Dis, et sans droit au retour des réfugiés. La plupart des colonies israéliennes, illégales au regard du droit international, seraient maintenues.
Aucun dirigeant palestinien ne pourrait soutenir un tel plan sans commettre un suicide politique. Donald Trump, quant à lui, veut croire que son pari sera payant… L'avenir dira s'il a dynamité le processus de paix ou s'il a réussi à le relancer contre toute attente.

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Chef du Service International
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Jérusalem : vendredi de colère après l'annonce de Trump (08.12.2017)
  • Par   Le figaro.fr 
  • Mis à jour le 08/12/2017 à 22:05 
  • Publié le 08/12/2017 à 14:25
VIDÉO - La reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d'Israël par les États-Unis provoque de vives tensions dans le monde arabe, et plus largement dans la communauté musulmane. Deux Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne dans la bande de Gaza et 14 personnes blessées dans des raids israéliens. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est inquiété d'une potentielle escalade de la violence et a appelé au «calme».
Depuis la reconnaissance unilatérale mercredi de Jérusalem comme capitale d'Israël par les États-Unis, l'onde de choc est mondiale. Ce vendredi, de nombreuses manifestations ont été observées dans le monde musulman.
• Des heurts en Cisjordanie
Incités à se soulever et à entamer une nouvelle intifada par le Hamas, des dizaines de manifestants ont affronté ce vendredi matin les forces de l'ordre à Jérusalem-Est et dans la Vieille ville, faisant voler en éclats des vitrines. Les policiers israéliens ont battu et matraqué les manifestants palestiniens pour les repousser dans les rues adjacentes. À Hébron, Bethléem, Jéricho et près de Naplouse, les forces israéliennes ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes aux jets de pierres.
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Deux Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza. Mahmoud al-Masri, 30 ans, a été tué à l'est de Khan Younès alors qu'il protestait près de la barrière de sécurité fermant les frontières d'Israël avec la bande de Gaza. Il est le premier Palestinien tué au cours de ces manifestations contre la décision américaine. Un second Palestinien était vendredi soir dans un état critique, atteint d'une balle dans la tête.
Vendredi soir, l'armée israélienne a indiqué avoir intercepté deux roquettes tirées de Gaza vers son territoire. Elle a répliqué en frappant des positions militaires du mouvement islamiste Hamas dans cette enclave palestinienne. Bilan: 14 blessés, selon le ministère de la Santé palestinien à Gaza. L'armée a fait état un peu plus tard d'un nouveau tir de roquette de Gaza ayant touché la ville de Sderot.
• Des manifestations partout dans le monde
En ce vendredi, jour de grande prière dans l'Islam, la colère s'est étendu. En Afghanistan, quelques centaines de personnes ont manifesté. Un drapeau israélien et un américain ont été brûlés. Quelques dizaines de manifestants ont tenté de marcher vers l'ambassade américaine, mais ont été rapidement refoulés, en amont de l'enceinte.
En Turquie, plusieurs milliers de personnes défilaient dans le quartier conservateur de Fatih, sur la rive européenne d'Istanbul, brandissant des drapeaux palestiniens et des pancartes proclamant «Jérusalem est notre honneur», «A bas l'Amérique, à bas Israël».
Des milliers de personnes ont également manifesté en Malaisieet en Indonésie. Environ 5000 manifestants ont défilé dans la capitale malaisienne Kuala Lumpur après la grande prière. Ils criaient des slogans tels «Ne touchez pas à Jérusalem» ou «Faites tomber le président Trump». En Indonésie, archipel voisin de la Malaisie et pays musulman le plus peuplé au monde, plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l'ambassade des États-Unis à Jakarta, exhibant des banderoles avec des slogans tels «Non à Trump» et un grand drapeau palestinien. Un chiffre à relativiser: la ville ne compte pas moins de 10 millions d'habitants intra-muros.
À Téhéran, l'imam de la prière a appelé les Palestiniens à se soulever. Des manifestations ont également rassemblé des milliers de personnes.
En Jordanie, le seul pays arabe avec l'Egypte à avoir signé la paix avec Israël en 1994, quelque 20.000 personnes ont manifesté à Amman et dans d'autres villes, en criant que «Jérusalem est la capitale de Palestine».
Au Caire, des centaines de fidèles entourés de policiers anti-émeute, ont manifesté à la mosquée al-Azhar. «Nous sacrifierons notre âme et notre sang pour toi, al-Aqsa», sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, ont scandé les manifestants, certains brûlant des drapeaux américain et israélien.
Au Liban, des milliers de membres de partis islamistes et de gauche, ainsi que des Palestiniens ont organisé une marche à Beyrouth. Certains ont porté des photos de Trump et du drapeau américain barrés d'un grand X rouge. Des manifestations ont également été organisées dans trois des 12 camps de réfugiés palestiniens du Liban, Baddaoui, Borj-Barajné (Beyrouth) et Aïn Héloué (sud).
À Bagdad, des centaines d'Irakiens ont manifesté dans le quartier de Sadr, en brandissant des pancartes sur lesquelles était écrit «Jérusalem est à nous et Jérusalem appartient aux Arabes». Là aussi, ils ont brûlé les drapeaux israélien et américain.
D'autres manifestations ont été signalées en Inde ou au Pakistan.
• Une reconnaissance unilatérale
En décidant de transférer l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, Donald Trump décide de reconnaître de fait cette ville comme la capitale d'Israël. Une décision qui compromet un peu plus un processus de paix déjà au point mort. Outre les réactions négatives du monde musulman, elle a suscité laréprobation des chancelleries occidentales. Pour la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le risque est un «retour à des temps encore plus sombres que ceux que nous vivons aujourd'hui». La Russie, qui entretient avec Israël des relations diplomatiques actives, s'est dite «très inquiète». Vladimir Poutine a prévu de se rendre en Turquie lundi pour évoquer, entre autre, ce sujet.
Le même écho négatif a été propagé par nombre de capitales européennes: une décision «regrettable», selon Emmanuel Macron, tandis qu'Angela Merkel faisait savoir, avec un tweet de son porte-parole, que l'Allemagne «ne soutient pas la position» du président américain.
• Réunion du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence vendredi pour débattre de la décision du président américain. L'ONU est «particulièrement inquiète des risques d'une escalade violente» a affirmé lors de la réunion Nickolay Mladenov, coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient. «Du 6 au 8 décembre» sont annoncés «trois jours de rage», craignant qu'une hausse du «radicalisme religieux» ne soit une autre conséquence de la décision de Trump. Le responsable de l'ONU a appelé les dirigeants du monde entier «à montrer de la sagesse» pour ramener le calme dans la région.
Les États-Unis «restent engagés dans le processus de paix» au Proche-Orient, a affirmé l'ambassadrice américaine Nikki Haley, rejetant «les sermons et les leçons». «Je comprends que le changement soit difficile» pour les autres membres de la communauté internationale. Mais «nos actions visent à faire progresser la cause de la paix». «Nous voulons un accord négocié» et Donald Trump n'a «pas pris position sur les limites ou les frontières» et le «statu quo est maintenu sur les lieux saints», a-t-elle expliqué.
Lors d'une déclaration solennelle en fin de réunion, les ambassadeurs de France, Royaume-Uni, Italie, Suède et d'Allemagne ont affirmé que la décision de Trump ne favorisait pas la «perspective de paix dans la région». Les diplomates ont également appelé «toutes les parties et tous les acteurs régionaux à travailler ensemble à maintenir le calme». Et de souligner: «Le statut de Jérusalem doit être déterminé par des négociations entre Israéliens et Palestiniens, qui doivent conduire à un accord sur le statut final. Jérusalem devra être la capitale des deux Etats, Israël et la Palestine. En l'absence d'accord, nous ne reconnaissons aucune souveraineté sur Jérusalem».
• Un déménagement «probablement» pas avant au moins deux ans
Le secrétaire américain d'État Rex Tillerson a cependant précisé que l'ambassade américaine ne serait «probablement» pas déménagée à Jérusalem avant deux ans. «Ce n'est pas quelque chose qui va arriver cette année ni même probablement l'année prochaine, mais le président (Donald Trump) veut que nous avancions de façon très concrète et très résolue», a-t-il déclaré à l'issue d'une rencontre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian à Paris.
Donald Trump, s'est, lui, justifié dans un tweet, d'avoir tenu une promesse de campagne, là où ses prédécesseurs avait fait marche arrière. Bill Clinton comme George W. Bush avaient tous les deux affirmé, durant leur campagne, être en faveur du déménagement de l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem avant de changer d'avis une fois au pouvoir. Barack Obama ne s'était pas montré explicite sur l'ambassade mais avait qualifié Jérusalem de «capitale d'Israël».
Emmanuel Macron recevra le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou dimanche après-midi à l'Elysée. Les deux hommes auront un déjeuner de travail puis feront une déclaration conjointe. Jeudi, le chef de l'État a «désapprouvé» l'annonce de Trump. «C'est une décision unilatérale (...) je ne partage pas cette décision et je la désapprouve car elle contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil sécurité des Nations unies», a-t-il dit.
Paris défend «une solution à deux Etats, avec des frontières internationalement reconnues et ayant chacun Jérusalem pour capitale», solution qui doit être trouvée par une «négociation entre Israéliens et Palestiniens».
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Israël, Palestine : qu'est-ce qu'une «intifada» ? (07.12.2017)

  • Mis à jour le 08/12/2017 à 13:20 

  • Publié le 07/12/2017 à 18:46
Israël, Palestine : qu'est-ce qu'une «intifada» ?
Après la décision américaine de transférer son ambassade à Jérusalem, le leader du Hamas s'est prononcé pour le lancement d'une nouvelle «intifada». Ce terme, signifiant «soulèvement» en arabe, est associé aux deux grandes révoltes palestiniennes de 1987 et 2000. Le spectre d'une troisième intifada ressurgit depuis régulièrement.
Les Palestiniens ont appelé, ce jeudi, à une grève générale et à des manifestations dans les territoires occupés pour protester contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme la capitale d'Israël, alors que le mouvement islamiste du Hamas allait plus loin encore en se prononçant pour une «nouvelle intifada», selon les mots de son chef, Ismaïl Haniyeh. «Intifada», un terme arabe qui signifie «soulèvement» et qui fait écho à deux moments historiques du conflit israélo-palestinien.
Alors que le risque d'une escalade est craint par de nombreux États à travers le monde, qui ont été nombreux à mettre en garde Washington contre le transfert de son ambassadeLe Figaro revient sur les deux «intifida» de 1987 et de 2000, mais aussi sur la crainte récurrente du lancement d'une troisième intifada.
De 1987 à 1993, la première intifada ou la «guerre des pierres»
La première intifada a lieu vingt ans après la Guerre des six jours de 1967 qui a vu Israël occuper Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la Bande de Gaza. Sous l'impulsion de Yasser Arafat, dirigeant du Fatah, les organisations palestiniennes choisissent la lutte armée, procédant à de nombreux sabotages et à des attentats.
Pourtant, l'intifada de 1987, il y a tout juste trente ans, n'est pas lancée par les organisations palestiniennes, alors en exil. «C'est chez les Palestiniens de l'intérieur qu'un sursaut spontané a lieu dans les territoires occupés par Israël. Grèves et révoltes non armées caractérisent ces événements», écrit Olivier Carré, ancien directeur de recherche au Ceri à Sciences Po Paris, dans l'Encyclopédie Universalis. Yasser Arafat soutient alors le mouvement populaire. En 1998, il proclame l'État palestinien, tout en reconnaissant celui d'Israël, et renonce au terrorisme.
Yitzahak Rabin, Bill Clinton et Yasser Arafat à Oslo en 1993.
Fortement médiatisée, la «guerre des pierres», lancées contre les soldats israéliens, n'a pas débouché sur un conflit armé, même si des bouteilles incendiaires artisanales succèdent rapidement aux cailloux. Une «résistance passive» s'organise parallèlement, avec le boycott des produits israéliens, le refus de payer les taxes et les impôts et l'organisation de grèves générales. La riposte israélienne est néanmoins virulente: arrestations, expulsions, cas de torture, ripostes armées quotidiennes. «L'intifada se solde par 1.260 Palestiniens tués par l'armée israélienne ou des colons, 970 Palestiniens “collaborateurs” et 205 Israéliens tués par les Palestiniens», explique Olivier Carré. En 1993, la guerre des pierres s'achève avec la signature des Accords d'Oslo par le premier ministre israélien, Yitzahak Rabin, et Yasser Arafat, qui devient, en 1996, le président de la nouvelle Autorité palestinienne.
De 2000 à 2005, l'intifada Al-Aqsa, marquée par la violence
Dans les deux camps, les détracteurs des accords d'Oslo sont nombreux. Les négociations échouent en juillet 2000 à Camp David, aux États-Unis. Des sujets sensibles sont abordés, comme le tracé des frontières ou le statut d'Israël. Les dirigeants palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l'État auquel ils aspirent. Israël proclame tout Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale «éternelle et indivisible».
Des soldats israéliens à Nablus.
C'est dans ce contexte qu'Ariel Sharon, alors membre de l'opposition israélienne et premier ministre de 2001 à 2006, se rend en septembre 2000 sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem, où il revendique la souveraineté de ce lieu symbolique pour les Palestiniens, ce qui déclenche la seconde intifada. L'«intifada Al-Aqsa» - du nom de la mosquée qui se trouve sur l'Esplanade - va rapidement se militariser, contrairement à la première, avec des centaines d'attentats-suicides palestiniens, ciblant principalement des civils. L'armée israélienne répond notamment par des frappes aériennes.
«Plus qu'un mouvement de masse qui mobiliserait une large proportion de la population civile, [la deuxième intifada] renvoie à une succession d'affrontements, aussi violents que localisés, dans lesquels des secteurs limités de la société palestinienne sont impliqués. Il n'en bénéficie pas moins d'un fort soutien populaire qui va croissant», écrit Aude Signoles, maître de conférences à l'Institut d'études politique d'Aix-en-Provence, dans l'Encyclopédie Universalis. Le conflit, qui dure jusqu'en 2005, va causer la mort de plus de 3000 Palestiniens et 1000 Israéliens.
Les craintes récurrentes d'une troisième intifada
La crainte d'une troisième intifada réapparaît régulièrement. Défendant depuis 1993 la voie d'une solution diplomatique pour sortir du conflit israélo-palestinien, l'Autorité palestinienne, dominée par le Fatah, est politiquement affaiblie. En 2006, le parti islamiste du Hamas, qui a été créé en 1988 pendant la première intifada et qui considère les accords d'Oslo comme une trahison, remporte largement les élections législatives et prend de facto le pouvoir dans la Bande de Gaza, mais pas en Cisjordanie, où l'Autorité palestinienne conserve le sien. Lié aux Frères musulmans et considéré comme un mouvement terroriste dans de nombreux pays, le Hamas a renoncé l'année précédente aux attentats-suicides, mais privilégie le tir de roquettes et de missiles sur les villes israéliennes.
Son renforcement au détriment du Fatah va conduire à un durcissement de la politique israélienne. Un blocus est organisé contre la Bande de Gaza depuis 2007, ce qui mène à une aggravation de la situation économique et sociale. L'armée israélienne intervient plusieurs fois dans les territoires palestiniens. En 2008, après l'opération israélienne «Plomb durci», Khaled Mechaal, le chef du Hamas en exil, appelle, sur Al-Jazeera, à «une intifada». En 2015, commence ce qui est appelé «l'intifada des couteaux», mais qui, par son ampleur, ne peut être comparé à celles de 1987 et 2000. Des centaines d'attaques isolées à l'arme blanche ou des attentats à la voiture piégée ont depuis été commis par des Palestiniens, entraînant des ripostes de l'armée israélienne. Néanmoins, cette vague de violence ne s'est pas transformée en soulèvement général des territoires palestiniens, l'Autorité palestinienne condamnant officiellement les attentats.
L'appel du leader du Hamas de lancer une nouvelle intifada après la décision de Donald Trump de transférer à Jérusalem l'ambassade américaine entre dans cette longue série de crises plus ou moins aiguës, toutes marquées par le souvenir des deux intifadas de 1987 et 2000.
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Le mauvais climat des établissements scolaires, une cause majeure du décrochage (08.12.2017)
  • Par  3 Auteurs 

  • Mis à jour le 08/12/2017 à 12:43 

  • Publié le 08/12/2017 à 11:49
Le nombre d'élèves quittant l'école sans diplôme a nettement reculé en France. Mais cela reste un phénomène préoccupant et coûteux, qui nécessite de mettre l'accent sur des politiques de prévention, selon un rapport publié vendredi.
«Le décrochage recule nettement en France, quels que soient les indicateurs mobilisés», selon Nathalie Mons, à l'occasion de la publication de la conférence de comparaison internationale du Cnesco intitulée «Comment agir plus efficacement face au décrochage scolaire?» et menée en partenariat avec le CIEP. La France compte 8,8 % d'élèves en décrochage scolaire en 2016, en deçà de l'objectif de 10 % fixé à l'échelle européenne.
Cette «tendance à la diminution» existe «depuis les années 2000. La baisse historique s'est stabilisée entre 2000 et 2008, et depuis la fin des années 2000, on enregistre un nouveau mouvement de baisse. Aujourd'hui environ 100.000 jeunes sortent chaque année du système scolaire, et environ 450.000 jeunes âgés de 18 à 24 ans ne sont pas diplômés de l'enseignement secondaire. Les conséquences sont lourdes pour les finances publiques: 35% des financements publics en faveur des jeunes de 16 à 25 ans sont consacrés à la lutte contre le décrochage scolaire, selon la Cour des comptes.
Des difficultés scolaires précoces
«Les difficultés scolaires précoces sont le principal facteur de risque du décrochage scolaire», constate le chercheur Pierre-Yves Bernard. «Elles sont rencontrées plus souvent dans les milieux défavorisés notamment en termes de capital culturel.» Le chercheur souligne également le lien avec le niveau de diplôme de la mère: plus celui-ci est faible (ou inexistant), plus l'enfant est à risque de décrochage scolaire. À niveau scolaire égal, les garçons ont un risque de décrochage plus élevé que les filles. Le risque de décrocher augmente de 4,9 points de pourcentage pour les enfants d'ouvriers par rapport aux enfants de cadres, à compétences scolaires identiques. Et les enfants issus de l'immigration semblent plus à risque d'absentéisme, alors que ce facteur «n'a pas d'effet significatif dans environ deux tiers des pays étudiés».
Parmi les «signaux» du décrochage, «l'absentéisme est particulièrement important». Le Cnesco souligne l'importance de «l'effet établissement» en France, alors que les établissements français enregistrent le plus faible taux de sentiment d'appartenance à l'établissement (environ 40 %) de tous les pays de l'enquête Pisa. Les autres pays de l'OCDE déclarent un sentiment d'appartenance à leur établissement de 73% en moyenne.
Identifier les premiers signaux
Pour lutter contre le décrochage, les politiques publiques se sont beaucoup attachées à trouver des solutions aux jeunes ayant déjà décroché, via les missions locales pour l'insertion des jeunes, devenues les principaux lieux d'accueil de la jeunesse en difficulté, ou les écoles de la seconde chance. «Il existe un millefeuille de dispositifs, il est temps d'en faire une analyse rigoureuse», plaide Nathalie Mons. «Il faut pouvoir proposer des solutions au plus vite à un jeune sorti du système, les délais sont parfois très longs». Depuis une dizaine d'années, se développent aussi des politiques de prévention et d'intervention, pour aider les jeunes dès qu'apparaissent les premiers signes d'un possible décrochage et «traiter à la racine les problèmes qui pourraient entraîner un abandon précoce».
L'organisme recommande notamment de donner les moyens aux établissements «à risque» d'identifier les premiers signaux, et d'impliquer les familles dès qu'ils se manifestent. «Chaque établissement doit travailler à favoriser un bon climat scolaire, qui renforce le sentiment d'appartenance du jeune», et permet de diminuer significativement le risque d'absentéisme. Il s'agit de développer le sentiment d'appartenance à l'école ou à l'établissement du point de vue des élèves, par exemple en développant leur capacité à s'exprimer, du point de vue des personnels en améliorant le cadre physique des conditions de travail, et vis-à-vis de l'extérieur en établissant des liens de confiance avec des acteurs locaux.
Généraliser l'envoi d'un SMS dès la première absence non signalée
Le Cnesco fait des préconisations «autour de trois orientations»: d'urgence, de long terme, et d'autres visant le retour en formation. En urgence, pour cibler les «élèves qui risquent de décrocher»: «Identifier les signes précurseurs du décrochage» en offrant «aux personnels les moyens d'identifier les élèves à risque plus efficacement», en recueillant des informations auprès des élèves (notamment via des questionnaires), en informant les établissements sur leur exposition au risque de décrochage (notamment par des indicateurs). «Développer des alternatives pour éviter les sorties des élèves des classes ou des établissements», notamment avec des associations. «Créer des liens avec les familles les plus éloignées de l'école»: ne pas attendre que les situations se dégradent pour rencontrer les familles, les impliquer dans la prévention sur la santé, généraliser l'envoi d'un SMS dès la première absence non signalée.
À long terme, le Cnesco recommande de faire de la «prévention pour tous les élèves», en variant les situations et contextes d'apprentissage, en redonnant une perspective aux choix d'orientation, en instaurant une seconde indifférenciée et en lançant des programmes d'orientation qui visent à «combattre les perceptions genrées des métiers».
Il s'agit enfin d'agir sur «les retours en formation»: «identifier en continu et contacter tous les jeunes ayant décroché», «renforcer et permettre l'accès à une offre de solutions diversifiées» (lycées de la seconde chance, développement de solutions de transports et d'internats, etc), et «l'offre de rescolarisation.»
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Soudan: plus de 60 morts dans des affrontements
  • Par  Le Figaro 

  • Mis à jour le 08/12/2017 à 14:34 

  • Publié le 08/12/2017 à 14:23
Plus de 60 personnes ont été tuées et des dizaines blessées depuis mercredi dans des combats entre clans rivaux, qui s'opposent pour la possession de bétail, dans le centre du Soudan du Sud, ont annoncé vendredi des responsables locaux.
"Dans les derniers combats qui ont commencé le 6 décembre, plus de 60 personnes ont été tuées et des dizaines blessées", ont indiqué deux députés de l'État des Western Lakes, situé à environ 250 km au nord-ouest de la capitale Juba, dans une lettre adressée au président Salva Kiir.
Soudan du Sud : «Les soldats abattaient les gens comme des chèvres» (14.09.2017)

Par Mélanie Gouby
Mis à jour le 14/09/2017 à 18h23 | Publié le 14/09/2017 à 17h56
REPORTAGE - Indépendante depuis 2011, la plus jeune nation du monde est le théâtre d'une guerre fratricide qui a déjà fait plus de 300.000 morts et 4 millions de déplacés, dont une large part dans les camps de réfugiés de l'Ouganda voisin.
Envoyée spéciale à Bidi Bidi, à la frontière entre l'Ouganda et le Soudan du Sud
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Le déluge s'abat sur le toit de tôle du Centre pour femmes dans un vacarme aussi assourdissant que soudain, noyant d'un coup la voix fluette d'Alice Abawu. Autour d'elle, le cercle de femmes se resserre, épaule contre épaule, têtes penchées vers la jeune femme pour mieux l'entendre, comme tant de roseaux dans la tempête de cette fin de saison des pluies. Son récit, en tant que tel, elles le connaissent toutes. C'est celui qu'elles ont vécu en fuyant le Soudan du Sud.
«Les soldats abattaient les gens comme des chèvres, même devant nos enfants. Ils ont attaqué mon village et tué tous les hommes pour les empêcher de se joindre aux rebelles, raconte-t-elle. Ils ont tué mon frère devant moi. C'était le 8 septembre 2016.» Alice et les habitantes de son village, comme la quasi-totalité des femmes interviewées lors de ce reportage, ont ensuite été violées par les soldats de l'armée gouvernementale du Soudan du Sud, le plus jeune pays du monde, plongé dans une guerre civile ayant fait fuir un quart de la population.
«Mes proches qui sont restés m'envoient des nouvelles terrifiantes. Mes enfants n'ont plus de père, je n'ai plus de frère.»
Diria Rose
«Je suis partie sans rien emmener. J'ai juste rassemblé mes enfants et nous avons quitté le village. Mon mari était déjà mort, tué lui aussi alors qu'il se cachait dans la brousse. Nous avons marché neuf jours pour arriver ici», raconte Alice. Ici, c'est le camp de Bidi Bidi, abritant plus de 287.000 réfugiés sud-soudanais parmi le million qui a rejoint le nord de l'Ouganda depuis juillet 2016, lorsque les combats entre l'armée fidèle au président Salva Kiir et les partisans de l'opposant Riek Machar ont repris. En moins d'un an, Bidi Bidi est devenu le plus grand camp de réfugiés au monde. Chaque jour, 1800  personnes en moyenne traversent la frontière ougandaise. Un rythme qui risque de reprendre de plus belle avec la fin de la saison des pluies et la reprise des combats.
Plus de 85 % des Sud-Soudanais arrivant en Ouganda sont des femmes et des enfants. Les hommes, comme le raconte Diria Rose, ont été soit tués, soit enrôlés dans les groupes armés qui se multiplient dans la région de l'Équatoria. «Mes proches qui sont restés m'envoient des nouvelles terrifiantes. Mes enfants n'ont plus de père, je n'ai plus de frère», dit la jeune femme. Des experts de l'ONU évoquent même les signes avant-coureurs d'un «génocide imminent».
Des violences sexuelles d'une brutalité extrême
Les viols sont aussi utilisés comme arme de destruction massive. Dans un rapport publié en juillet, l'ONG Amnesty International fait état de violences sexuelles d'une brutalité extrême et de plus en plus fréquentes. Si ces crimes semblent être largement commis par l'armée de Salva Kiir, majoritairement composée de Dinkas, les partisans de Riek Machaar (majoritairement nuers) en sont aussi coupables. Les victimes sont visées sur la base de leur appartenance ethnique, perçue comme une allégeance tacite à l'un ou l'autre camp.
À leur arrivée en Ouganda, nombre sont celles à se trouver dans un état de grande détresse psychologique. Seules avec leurs enfants, sans parents ou amis, certaines s'effondrent, en proie aux souvenirs traumatiques qui les hantent, se sentent incapables de prendre en charge leur famille ou tentent de mettre fin à leurs jours. «Je restais enfermée à l'intérieur de ma tente, je pensais trop et je dormais tout le temps, se rappelle Diria Rose. Mes enfants ont souffert, mais je ne savais plus comment fonctionner.»
«Je viens au Centre pour femmes deux fois par semaine pour jouer au football, faire du théâtre et continuer à danser. Nous venons pour oublier la violence, le camp. Pour nous sentir libres de nouveau.»
Alice Abawu
Dans le Centre pour femmes, Diria et Alice ont pu trouver le soutien dont elles avaient besoin. Le programme, financé par le service de la commission européenne à la Protection civile et Opérations d'aide humanitaire européennes (Echo), leur offre un espace pour se retrouver entre femmes, forger de nouvelles amitiés, avoir accès à des séances de soutien psychologique et participer à des activités leur permettant de soulager leur stress émotionnel. «Je viens ici deux fois par semaine pour jouer au football, faire du théâtre et pour continuer à danser, raconte Alice Abawu. Nous venons ici pour oublier la violence, pour oublier le camp. Pour nous sentir libres de nouveau.»
Le flot continu de nouveaux réfugiés rend leur prise en charge de plus en plus difficile et les ressources mises à la disposition des acteurs humanitaires sont aujourd'hui déployées à leur maximum. Avec des fonds limités et des besoins en constante augmentation, les programmes comme celui du Centre pour les femmes ne sont pas en capacité d'accueillir toutes les personnes nécessitant ces services.
«Nous parlons la même langue, nous avons les mêmes origines, et, surtout, nous avons nous aussi été réfugiés. Mais les communautés d'accueil ont besoin de soutien pour que cela se passe bien.»
Victor Ochen, responsable d'une ONG ougandaise
Les tensions avec la population locale ont aussi augmenté malgré l'accueil réservé par les communautés ougandaises aux réfugiés depuis le début de la crise. «Nous parlons la même langue, nous avons les mêmes origines de part et d'autre de la frontière, et, surtout, nous avons nous aussi été réfugiés auparavant, parfois chez eux, raconte Victor Ochen, responsable d'une ONG locale. Mais les communautés d'accueil ont besoin de soutien pour que cela se passe bien.»
Avec un million de réfugiés, parfois plus nombreux que les communautés d'accueil, l'accès aux points d'eau et aux ressources telles que le bois de chauffe est devenu conflictuel. Certaines écoles ont vu leurs effectifs exploser sans que de nouveaux enseignants puissent être embauchés. Dans une même classe, il n'est pas rare que le nombre d'élèves dépasse la centaine. «Toute la région du West Nile souffre d'un manque général de développement, car elle a été négligée pendant des décennies à cause du conflit avec l'Armée de résistance du Seigneur (la milice de Joseph Kony, NDLR). La région a besoin d'un plan de développement sur le long terme, pas simplement d'une aide humanitaire d'urgence», estime Isabelle D'Haudt, conseillère en aide humanitaire d'Echo en Ouganda. L'impasse dans laquelle se trouve le conflit politique au Soudan du Sud laisse présager qu'il faudra effectivement planifier la présence des réfugiés sur le long terme.

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Gard: réseau de «milliers de vols» de voitures démantelé (08.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 08/12/2017 à 14:10 

  • Publié le 08/12/2017 à 12:38
Un vaste réseau spécialisé dans le vol de voitures par "piratage électronique", qui serait parvenu à dérober "plusieurs milliers" de voitures à travers la France, a été démantelé dans le Gard, a annoncé vendredi la police de ce département. Au total, 12 personnes interpellées depuis la fin novembre sont mises en examen notamment pour "association de malfaiteurs" et "vols et recels de vols en bande organisée", a précisé la direction départementale de la sécurité publique (DDSP). Huit d'entre elles ont été incarcérées.
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Les gérants d'un garage marseillais spécialisé dans le diagnostic électronique des véhicules sont notamment impliqués. "Les mis en cause procédaient par piratage électronique à grande échelle", a précisé la police, décrivant un "trafic international" suivant un mode opératoire "original et très organisé". Au total, "plusieurs milliers de véhicules auraient été dérobés selon le même mode opératoire, sur le territoire national".
Dans la seule région de Nîmes, au moins "84 faits de vols de véhicules, de cambriolages, de car-jacking, home-jacking et casses à la voiture bélier ont été recensés". Les enquêteurs ont pu saisir 800.000 euros sur des comptes bancaires, des appartements, des véhicules, dont une Porsche, et "de nombreux objets de luxe", précise la DDSP. Le piratage électronique des systèmes de sécurité, appelé parfois "mouse jacking", représente une large majorité (68%) des vols de voitures en France, selon une étude publiée fin novembre par l'association 40 millions d'automobilistes et le cabinet d'expertise automobile BCA Expertise.

Marseille: un handicapé agressé par 5 jeunes (08.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr 

  • Mis à jour le 08/12/2017 à 14:16 

  • Publié le 08/12/2017 à 10:16
Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 4h du matin, un handicapé de 47 ans qui se trouvait aux abords de la gare Saint-Charles a été pris à partie par cinq personnes âgées de 18 à 25 ans armées d'un couteau rapporte La Provence.
Sous la menace, l'homme de 47 ans a dû leur donner son téléphone portable ainsi que l'argent qu'il avait sur lui, à savoir 20 euros. Les auteurs présumés ont rapidement été repérés puis interpellés par des hommes de la Bac. 
La victime n'a pas été blessée mais elle a été choquée par l'agression

La conquête compliquée de la Terre par l'homme préhistorique (07.12.2017)
  1. Sciences & Environnement

Par Jean-Luc Nothias
Publié le 07/12/2017 à 21h07
L'hypothèse classique soutient que l'homme moderne a gagné l'Eurasie il y a autour de 60.000 ans en une « vague » unique, mais de récentes données montrent des mouvements plus complexes et plus anciens.
L'essentiel de ce que l'on sait de l'histoire de l'homme et de son évolution repose sur les archives fossiles, c'est-à-dire sur les ossements découverts lors de fouilles. Pour les 300.000 dernières années, la piste fossile place l'émergence de l'homme dit moderne, ou préhistorique, en Afrique (c'est là que les plus vieux fossiles ont été découverts).
Que se passe-t-il ensuite? Comment Homo sapiens se retrouve-t-il partout ou presque? L'hypothèse classique, dite de la «sortie d'Afrique», soutient que l'homme moderne a gagné l'Eurasie, aussi bien à l'ouest qu'à l'est, il y a autour de 60.000 ans en une «vague» unique. Mais de récentes données, paléontologiques, archéologiques, paléoenvironnementales, géochronologiques et génétiques, surtout venues d'Asie du Sud-Est et de Chine, montrent des mouvements plus complexes et plus anciens. Avec des allers-retours, des demi-tours, des mélanges de populations anciennes et nouvelles…
Des chercheurs de l'Institut Max-Planck pour la science de l'histoire humaine et de l'université d'Hawaï ont testé, à la lumière des connaissances les plus récentes, les différentes hypothèses retraçant l'expansion de l'espèce Homo sur la planète. Ils montrent, entre autres choses, qu'Homo sapiens a atteint l'est et le sud-est de la Chine, l'Australie et l'Océanie beaucoup plus tôt qu'on ne le croyait. Et les chercheurs ont établi une carte des différentes migrations avec leurs dates (travaux publiés dans la revue Science).
Tout commencerait il y a 120.000 ans, avec des départs de petits groupes de chasseurs d'Homo primitifs au fil du temps. Les récentes découvertes en Chine centrale et du Sud de fossiles d'Homo sapiens, datant d'entre 70.000 et 120.000 ans, semblent le montrer. D'autres trouvailles, faites en Asie du Sud-Est, comme celles de l'équipe du paléontologue français Fabrice Demeter au Laos, et en Australie, font remonter l'arrivée de l'homme moderne avant 60 .000 ans. Mais les traces de migrations importantes de l'Afrique vers l'Eurasie, vers 55.000 ans, sont aussi très nettes.
«Quand deux groupes humains se croisent, ils s'agressent ou sympathisent, se parlent, échangent des vivres, des objets, des techniques et… des filles»
Yves Coppens, paléoanthropologue
«Cette publication est intéressante, de bon sens et bien documenté, estime le paléoanthropologue Yves Coppens, du Collège de France. Les premiers Homo, sans doute Erectus, prédécesseurs de H. sapiens, sortent d'Afrique il y a 2,5 millions d'années et peuplent, même de manière un peu dispersée, toute l'Eurasie. Quand les Homo sapiens sortent à leur tour, comment les rencontres entre eux et ceux d'avant vont-elles se faire? Quand deux troupeaux d'antilopes se croisent, elles s'ignorent merveilleusement. Quand deux groupes humains se croisent, ils s'agressent ou sympathisent, se parlent, échangent des vivres, des objets, des techniques et… des filles.»
La préhistorienne Amélie Vialet, du département Homme & Environnement du Muséum national d'histoire naturelle, estime pour sa part que «ce travail est important par la somme des informations qui y sont synthétisées, et original par l'approche pluridisciplinaire suivie, avec des données anthropologiques, culturelles et écologiques». Pourtant, regrette-t-elle, «il n'y a pas beaucoup de faits nouveaux et les interrogations demeurent. Mais l'ouverture sur l'hybridation des espèces est intéressante et interroge sur le rôle des espèces “archaïques” dans l'histoire des Homo sapiens».
Les récentes études génétiques sur l'ADN ancien confirment qu'il y a bien eu «hybridation» avec les populations primitives comme les néandertaliens ou les denisoviens (des cousins sibériens de Néandertal), puisqu'on trouve des traces de leurs gènes dans les nôtres. Ainsi, les populations non africaines ont entre 1 % et 4 % de gènes hérités de Neandertal. Et les Mélanésiens, habitants de la Nouvelle-Guinée et aborigènes d'Australie ont en moyenne 5 % de gènes denisoviens. Il se pourrait même qu'ils possèdent aussi un peu de néandertaliens. D'après les chercheurs, il y aurait même sans doute des traces génétiques d'autres populations archaïques d'hominidés côté asiatique et qui ne seraient pas encore caractérisées par des fossiles. «Des considérations de variations écologiques et climatiques sont à prendre en compte, tout comme les variations de comportement entre les différentes populations d'hominidés présentes en Asie, pour expliquer la mixité», explique Christopher Bae, de l'université d'Hawaï à Manoa, premier signataire de l'étude.
«Mais tous les doutes ne sont pas encore levés, tempère Yves Coppens. Qu'en est-il par exemple de l'Homme de Dali, ce crâne quasi complet découvert en Chine, datant d'au moins 200.000 ans et qui présente un mélange de caractéristiques d'H. erectus et d'H. sapiens? Les sapiens archaïques asiatiques pourraient-ils être des erectus ayant évolué de manière parallèle à ce qui est arrivé en Afrique?»
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