Les habitants de
Nouvelle-Calédonie sont invités à se prononcer par référendum sur
l’indépendance de l’archipel ou leur maintien en France. Les premiers résultats
devraient être connus dimanche dans la matinée (heure de Paris).
Sept à vingt-cinq ans de prison.
Ce sont les réquisitions à l’encontre à l’encontre de 12 des 18 dirigeants
indépendantistes catalans qui vont être jugés prochainement pour leur rôle dans
la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017.
Dans la nuit de jeudi à vendredi,
les forces de l’ordre ont dû disperser des jeunes avenue Brossolette, dans le
quartier de Terraillon. Une voiture y avait été incendiée quelques minutes
plus tôt, entraînant l’intervention des sapeurs-pompiers. Des soldats du feu
caillassés à leur arrivée par un groupe d’une dizaine de jeunes. […] Le Progrès
Jeudi soir, deux adolescents
emprisonnés à l’Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM) de Lavaur ont
saccagé une unité de vie. En ce jour de Toussaint, vers 16h30, ces deux mineurs
étaient dans le patio de leur unité de vie quand ils s’en sont pris violemment
aux surveillants. «Ils ont alors commencé à casser les vitres et […]
Une cascade de délits qui a
conduit le tribunal d’Agen, hier, à le condamner à un an de prison et de
lourdes amendes. Récit d’une soirée partie complètement en vrille. Cette
nuit-là, avenue de Pujols, les policiers effectuent des contrôles en vue d’une
soirée animée. Jusqu’à ce qu’un véhicule arrive vers eux, ralentisse, puis
accélère […]
Sous le coup d’une expulsion au
Maroc suite à la perte de la nationalité belge, Malika El Aroud, que l’on
surnomme « La veuve noire du Djihad », vient de faire une demande d’asile
politique en Belgique. Et cela devient urgent pour cette femme d’origine
marocaine, puisqu’elle est actuellement dans un centre fermé en vue […]
(…) Une semaine après la mort de Kevin Ribal,
un jeune Cannois de 23 ans, un suspect vient de passer sa première nuit en
détention provisoire. A l’issue de 48 heures de garde à vue, ce Niçois de 26
ans a été mis en examen pour assassinat par un juge d’instruction de Grasse, ce
vendredi […]
Il est scandaleux de piétiner
ainsi les symboles de la République. Alors que l’autorité des forces de l’ordre
est sans cesse défiée, nous serons sans faiblesse. Je souhaite que les
poursuites judiciaires soient fortes. — Christian Estrosi (@cestrosi) November
3, 2018 Le maire LR de Nice Christian Estrosi a annoncé avoir fait annuler ce
samedi […]
Il est environ 21h30 quand commence,
au niveau de la station Casal Bernocchi, entre les deux Ukrainiens de 23 ans et
l’Indien, une discussion qui va très vite prendre un ton de plus en plus vif.
Les deux agresseurs crient quelque chose dans une langue étrangère (qui
s’avérera plus tard être de l’ukrainien) au jeune […]
Avant l’Autriche, seuls les USA,
l’Australie et, en tant qu’unique État européen, la Hongrie avaient jusqu’à
présent annoncé leur intention de ne pas adhérer au « Pacte mondial pour
des migrations sûres, ordonnées et régulières » qui doit être signé les 10
et 11 décembre dans le cadre d’une conférence de l’ONU à Marrakech (Maroc).
Mais le […]
Une femme du Kentucky pourrait
faire l’objet d’une enquête pour fausse déclaration de viol contre le juge de
la Cour suprême Brett Kavanaugh. Une femme du Kentucky pourrait faire
l’objet d’une enquête après qu’elle aurait admis avoir déposé une fausse
plainte pour viol contre le juge Brett Kavanaugh, actuellement à la Cour
suprême, ont rapporté plusieurs […]
Tout laisse à penser que plus
aucun TER n’empruntera le tronçon entre Angoulême et Saillat-sur-Vienne
(Haute-Vienne). « Un cas d’école », souligne, dans sa chronique, Frédéric
Potet, journaliste au « Monde ». Ubu travaille à la SNCF, il est chef de gare à
Ruelle-sur-Touvre (Charente), près d’Angoulême. Cette petite ville de 7 500
habitants a […]
Un gang, dirigé par un financier
de l’attaque du 11-Septembre, démantelé en Espagne Samedi, la police espagnole
a annoncé le démantèlement d’un gang dirigé par un ressortissant algérien qui
avait été incarcéré pour avoir aidé au financement de l’attentat du
11-Septembre. La police espagnole a annoncé samedi le démantèlement d’un gang
spécialisé dans la reproduction […]
Le premier ministre français, qui
avait salué la veille la mémoire du père de l’indépendance Ho Chi Minh dans le
livre d’or signé à Hanoï, a aussi salué celle des « soldats vietnamiens qui se
sont battus pour l’indépendance » d’un pays qui était alors une colonie
française. Aucun responsable vietnamien n’avait cependant fait le […]
03/11/2018 Une mineure de 13 ans
mise en examen pour avoir jeté de l’acide sur un policier le soir d’Halloween
Une adolescente de 13 ans, soupçonnée d’avoir jeté de l’acide sur un policier
le soir d’Halloween à Montgeron (Essonne), le blessant légèrement à la main, a
été mise en examen vendredi, a-t-on appris samedi auprès […]
(…) Le profil de ce musulman non
pratiquant inquiète d’autant qu’il a tenu des propos qui font froid dans le
dos. Il invoque la charia, la loi islamique. « Le divorce c’est non,
en ce qui concerne la religion ! » maintenait-il encore, mardi,
devant le juge. « S i je suivais la religion, je serais obligé
de l’égorger, » avait-il […]
Dans un entretien
au Magazine littéraire, vous posiez la question : « En quoi l’islam
a-t-il été utile à l’humanité ? » . Que répondriez-vous ? Il s’agit de la
formulation un peu brutale d’une autre question : en quoi sommes-nous
universels, et le sommes-nous encore ? La réponse pourrait être la suivante :
nous voulons à la […]
03/11/2018 Le meurtrier présumé
et mari de Razia, Afghane de 34 ans poignardée à mort mardi en pleine rue à
Besançon (Doubs), a été arrêté vendredi à l’aéroport d’Athènes. Le drame avait
suscité une vive émotion. L’homme a été placé en garde à vue et devrait être
incarcéré dans l’attente de son extradition Trois jours […]
Ado blessé par un tir de lanceur
de balle à Rennes: la famille porte plainte
Espagne : démantèlement d'un gang
dirigé par un financier des attentats du 11 septembre
Agression d'un policier dans le Var
: 2 ados présentés à un juge
Drôme: 20 clandestins pakistanais
interceptés
Démantèlement d'une équipe
dévalisant des touristes asiatiques à Paris
Allemagne : un élu sauve un
adversaire politique
Essonne : une ado de 13 ans mise
en examen
Pakistan : l'avocat d'Asia Bibi
quitte le pays, craignant pour sa vie
Pakistan: troisième jour de
manifestations anti-Asia Bibi
Pakistan: assassinat d'un
influent mollah proche des talibans
Enquête ouverte après une
agression homophobe envers une femme
Rouen : rassemblement contre
l'homophobie
Marseille : rassemblement contre
l'homophobie
« En quoi l’islam a-t-il été utile à l’humanité ? » : « En
rien du tout » répond Kamel Daoud
Dans un entretien au Magazine littéraire, vous posiez la
question : « En quoi l’islam a-t-il été utile à l’humanité ? » .
Que répondriez-vous ?
Il s’agit de la formulation un peu brutale d’une autre question : en quoi
sommes-nous universels, et le sommes-nous encore ? La réponse pourrait être la
suivante : nous voulons à la fois appartenir à cette humanité et nous refusons
qu’elle fasse partie de nous. Nous refusons les valeurs universelles et en même
temps nous crions au scandale d’une humanité qui refuse les musulmans de
culture ou de croyance. C’est quelque chose qui m’interpelle depuis très
longtemps : nous gémissons parce que le monde nous exclut, mais nous excluons
tout ce qui est universel, et nous ne faisons que nourrir nos particularismes
au nom d’une identité culturelle fantasmée. Honnêtement, qu’est-ce que nous
apportons au monde ? Rien du tout. C’est cruel de le dire, c’est blessant pour
l’image narcissique des post-colonisés, ça heurte cette culture du din [de
la religion, ndlr] chez nous, mais c’est la vérité. Je ne remets pas
en question l’apport d’individualités, la bonne foi de beaucoup de gens et leur
sacrifice ; je parle d’un bilan collectif.
« Retour des années 30 »: Macron fait joujou avec
l’histoire
Un président post-tragique, ça se trompe énormément
Par Arnaud Benedetti
- 3 novembre 2018
Emmanuel Macron. Sipa. Numéro de reportage : AP22263904_000099.
Comme le montre sa dernière sortie sur « le retour des années 30 », le rapport du jeune
Macron à la vieille histoire fonctionne comme un extraordinaire révélateur. Du
conformisme des jeunes élites, de l’inaptitude à penser l’irréductibilité des
événements sans recourir à des cadres pré-établis, et de l’hubris de
l’hyper-contemporanéité.
Petit-fils des Trente glorieuses et de l’après-68, Macron est un
président post-tragique. Il appartient en effet à une génération qui n’a rien
connu, ou presque, des cruautés de l’histoire : ni guerre, ni révolution
violente, tout au plus des conflits extérieurs par procuration.
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Le président d’une société post-historique
Notre Occident de paix est parvenu à son objectif : disjoindre histoire
et violence, anesthésier les injustices par la consommation, libérer le citoyen
du devoir sacrificiel, substituer toujours plus de confort aux grandes
fatalités, oublier in fine la conflictualité des peuples. L’adoucissement est
la marque de notre temps, de ses enfants et de ses mœurs. Macron ne représente
rien d’autre que cette forme de Finistère, mais ce Finistère est un réduit qui
du haut de sa solitude se trompe d’histoire, tant l’histoire l’a abandonné.
Emmanuel Macron est le président d’une société post-historique pour laquelle
les traumas de l’histoire ont été mis à distance, abolis, comme endoloris au
profit d’un homme consommateur, spectateur, visiteur de ce grand parc
d’attractions que semble être devenue une cité toute tournée vers les délices
hypnotiques du divertissement. Externalisée toujours plus au sein d’un ordre
techno-économique, la politique renonce peu à peu à sa fonction originelle qui
consiste à opérer l’histoire, à en exprimer non seulement toute l’acuité de
l’action mais à en incarner également au plus haut point la conscience. Ruse du
destin, cet homme issu de l’ultime génération de l’après-Guerre froide,
insensibilisée à l’inattendu, se trouve bien malgré
lui confronté au retour de l’histoire…
Exhumer des angoisses passées pour éviter de penser le présent
Face à l’histoire, Macron apparaît nécessairement désemparé. Il semble
parfois tenté d’en faire une matière communicante, élément parmi d’autres de
son storytelling qu’il transforme en appel au sursaut. Mais ses appels à
la mobilisation tiennent de la tentative maladroite. L’inexpérience que le
président laisse transparaître est celle des élites de son époque.
Tâtonnants, instables et trébuchants comme les aveugles de Brueghel, nos jeunes
dirigeants n’ont d’autre choix que de convoquer le passé pour affronter
l’avenir. Ce contre-sens est le produit d’une hypertrophie mémorielle,
caractéristique de l’instrumentalisation politique de l’historiographie. La
référence aux années 30 pour caractériser la situation actuelle a pour vocation
de réactiver un imaginaire exacerbé, anxiogène, aisément identifiable, d’en
référer à une crise, celle de l’avant-guerre qui littéralement fonctionne comme
un moment fatidique de la conscience contemporaine. Cette fétichisation d’une
séquence primordiale de notre histoire récente traduit d’abord une
impossibilité à penser le présent.
Inapte à comprendre la nature des menaces
Ironie de la comparaison, le seul point commun entre nos années et celles
qui précédèrent la déflagration de la Seconde guerre mondiale échappe au
discours présidentiel : l’inaptitude à comprendre la nature des menaces, à les
confondre dans la même généralisation hâtive qui incita en son temps par
exemple les gouvernants d’avant-guerre à voir dans le nazisme une simple
répétition de la volonté de puissance prussienne de toujours.
En “absolutisant” la référence au second conflit mondial, le président
s’empêche de saisir ce qui est au cœur des dynamiques historiques, leur
incommensurable exclusivité. Il fait sien à mi-chemin seulement le mot fameux
de Marx selon lequel « les hommes font leur histoire dans des conditions
directement héritées du passé mais ne savent pas l’histoire qu’ils
font ». Ainsi, Macron préfère le prêt-à-penser à une appréhension
sans concessions du réel. Ce faisant, le président puise dans les
ressources d’une historiographie aussi bien-pensante que dominante pour
s’économiser une réflexion sur les impasses de l’Europe de Maastricht et
les défis identitaires qu’il doit relever.
Macron refait le match en noir et blanc
Ce qui frappe à la porte du vieux continent est tout simplement évacué au
prix d’un passé convoqué pour mettre en scène l’opposition entre « progressistes »
d’un côté, « populistes » de l’autre. En somme, il s’agit d’une pure
et simple manœuvre de communication politique.
En rejouant un match en noir et blanc, le chef de l’Etat cède à ce
réflexe hyper contemporain qui consiste à se réapproprier – pour mieux la juger
et la dénoncer – une histoire qui ne nous appartient pas, en y plaquant une
grille de lecture forcément anachronique. L’histoire selon Macron se décline
sur le mode de la désapprobation, du ressentiment, de la repentance… et parfois
de la pudibonderie. Ses déclarations sur la France en Algérie, loin d’épouser
la complexité de la présence française de l’autre côté de la Méditerranée,
repoussent le curseur toujours plus en direction des autorités d’Alger. On
reconnaît la responsabilité de l’Etat dans la mort d’Audin, mais les massacres d’Oran en juillet 62 demeurent un
no man’s land mémoriel… Sur un autre plan, les célébrations de la fin de la
Première guerre mondiale préféreront voir dans le choc des nationalismes la
forge de l’hécatombe alors que les alliances inter-étatiques étaient aussi mues
par d’indiscutables intérêts capitalistiques.
Un progressiste aussi caricatural que ses ennemis
Sur le fond, Macron n’innove pas. Il confirme que l’histoire demeure
d’abord un terrain de projection idéologique, un outil de mobilisation
symbolique, une arme pour polir les imaginaires. Il l’incorpore dans son
appareil communicant en la simplifiant, en la brandissant dans une acception
sommaire, appauvrie et répétitive. À trop la caricaturer, il agit comme ses
adversaires qu’il entend dénoncer et combattre, trahissant ainsi face aux
événements qui montent d’un horizon digne du Désert des tartares ou
du Rivage des Syrtes le crépuscule de cette résilience
indispensable au repos des institutions. La com’ n’a jamais dissous l’histoire.
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France télévisions s’interroge : un historien peut-il
débattre avec Zemmour ?
Poser la question, c’est y répondre...
Par Martin Pimentel
- 2 novembre 2018
Eric Zemmour. Sipa. Numéro de reportage : 00715073_000036.
« Les chercheurs ont-il vocation à intervenir dans les médias
? » se demande
(sérieusement ?) le site de France TV Info. Alors que
les « partis-pris » d’Eric Zemmour gagnent du terrain dans
l’opinion, à force de sectarisme, les journalistes du service public
ont des nœuds dans le cerveau…
Sur le site de France TV info, quatre intellectuels
ont décidé de prendre leurs distances avec le pugilat médiatique. Bruno
Cautrès, Pierre Lefébure, Julien Longhi et Claire Sécail se questionnent en
synode sur le rôle que doivent tenir les chercheurs dans nos médias. Une
entreprise curieuse… eux l’ont apparemment estimée salutaire !
« Certains chercheurs vont jusqu’à débattre avec Eric Zemmour de nos
jours… Où va-t-on, mes bons amis ? »
Anne-Claire Ruel, conseillère en stratégie d’opinion et prof de fac,
était d’humeur un peu chafouine après un éprouvant visionnage. De quoi
parle-t-on ? Du débat contradictoire de BFMTV entre un polémiste
trop orienté idéologiquement à son goût (Eric Zemmour) et un historien du CNRS
fort respectable (Patrick Weil), où il faut bien reconnaître que le second n’a
pas été le plus brillant orateur. A sa décharge, au programme étaient abordés
tous les thèmes sulfureux adorés par Zemmour (collaboration en 1940, invasion
de hordes arabes dans l’hexagone, multiplication des librairies halal etc.).
Un petit festival :
Anne-Claire Ruel décroche son téléphone pour interroger ses plus éminents
confrères sur le sujet et organiser une réflexion entre ecclésiastiques
éclairés. Voir débattre à la télévision un éminent historien accrédité avec un
polémiste populaire n’est-il pas un mélange des genres des plus vulgaires ?
« Certains chercheurs vont jusqu’à débattre avec Eric Zemmour de nos
jours… Où va-t-on, mes bons amis ? » s’emporte-t-elle outrée au téléphone.
Les réflexions de haute tenue qui vont suivre sont regroupées dans le
long et soporifique billet de blog hébergé par France Télévisions (la redevance
télé est décidément judicieusement dépensée).
A part leur rejet sous-jacent permanent des théories du journaliste
du Figaro Magazine, pas évident en vérité de voir où veulent en
venir nos régisseurs du débat d’idées ! Sous le prétexte d’expliquer combien il
est difficile pour un chercheur de s’adapter aux contraintes des affreux médias
modernes où ils sont appelés à témoigner, une glose sans fin se développe.
Voici la substantifique moelle qu’on peut tirer des questionnements de nos
éminents savants « progressistes ».
Zemmour n’est même pas chercheur au CNRS !
Les médias n’offrent pas le support idéal pour exposer tout le savoir
scientifique. Les chaînes info en continu sont apparemment un fléau où les
journalistes travaillent dans l’urgence. Les émissions racoleuses concoctées
par ces derniers ne permettent que trop rarement au chercheur d’y développer
toute l’étendue de son sidéral savoir universitaire. Scoop !
Les médiatiques mettent sur un plan d’égalité les différents intervenants. Un petit scandale ! Si le vote de chaque citoyen a la même valeur, dans le domaine des opinions, faudrait pas pousser ! Demandons à BFMTV de mettre en gros et en bien gras les titres des scientifiques intervenants sur les plateaux. Ils y sont visiblement très attachés . Sinon, la parole d’un vulgaire « polémiste » est autant considérée que celle d’un « vrai » chercheur. Comment le citoyen peut-il ne pas voter comme un sagouin ensuite ?
La télévision ne permet pas de « notes de bas de pages », de « bibliographie », « d’équations ou de modèles ». C’est vraiment ballot, car les scientifiques excellent dans ces domaines.
Les médiatiques mettent sur un plan d’égalité les différents intervenants. Un petit scandale ! Si le vote de chaque citoyen a la même valeur, dans le domaine des opinions, faudrait pas pousser ! Demandons à BFMTV de mettre en gros et en bien gras les titres des scientifiques intervenants sur les plateaux. Ils y sont visiblement très attachés . Sinon, la parole d’un vulgaire « polémiste » est autant considérée que celle d’un « vrai » chercheur. Comment le citoyen peut-il ne pas voter comme un sagouin ensuite ?
La télévision ne permet pas de « notes de bas de pages », de « bibliographie », « d’équations ou de modèles ». C’est vraiment ballot, car les scientifiques excellent dans ces domaines.
Certains journalistes mal intentionnés retranscrivent de travers les
citations les plus brillantes de nos savants. Ceci dans le but fallacieux de
« conforter ou illustrer un aspect de l’angle développé dans [leur]
article ». Salauds !
Pour en revenir à Belzébuth (Gargamel / Zemmour NDLR), qui parvient de son côté à se jouer de tous ces pièges, son « régime de parole » est celui du « domaine de l’opinion masquée derrière une pseudo-scientificité ». Alors que, bien sûr, le régime de parole de Weil « c’est la vérité du savoir et des connaissances scientifiques ».
Pour en revenir à Belzébuth (Gargamel / Zemmour NDLR), qui parvient de son côté à se jouer de tous ces pièges, son « régime de parole » est celui du « domaine de l’opinion masquée derrière une pseudo-scientificité ». Alors que, bien sûr, le régime de parole de Weil « c’est la vérité du savoir et des connaissances scientifiques ».
Déplorant que Weil n’ait pas eu droit à sa propre émission (Gargamel est
parfois invité seul ce privilégié !), le conclave de conclure : « Il y a
donc une double responsabilité : celle des historiens scientifiques de
s’exprimer dans les médias et celles des médias de leur fournir les conditions
les plus favorables puisque, par ailleurs, leur fonctionnement ordinaire
fournit à Zemmour des formats d’expression dans lesquels il est à
l’aise. »
Certains idéologues sont plus égaux que d’autres
Tout le champ lexical pédant des sciences sociales et de la linguistique
a beau être convoqué, la glose de nos archidiacres ci-dessus résumée peine à
accoucher d’autre chose que d’une souris pour défendre la cause du
malheureux Patrick Weil.
D’une part, Zemmour, en vérité toujours présenté avec beaucoup de
pincettes par les journalistes qui l’invitent, accepte humblement de se voir
qualifier d’ « essayiste » voire de « polémiste » (ce qui
peut être un rien condescendant). D’autre part, il n’a jamais réclamé le titre
d’historien.
Quelque idéologie qui puisse s’en dégager, quiconque a lu un de ses
bouquins ne peut qu’en relever la qualité. Et dans la République des Lettres,
400 000 exemplaires du Suicide français vendus valent fort
heureusement bien des titres académiques pompeux, n’en déplaise à certains !
Sur BFMTV deux idéologies se sont opposées (ouverture et fermeture). Nos quatre
experts font semblant de ne pas voir l’essentiel : sur la bataille des
idées, le camp progressiste a du plomb dans l’aile. Des deux
idéologies et analyses de l’immigration ou de l’islam en France, la première
étant tellement hégémonique dans leurs cercles, nos archidiacres ne distinguent
plus qu’autre chose puisse seulement exister ! Zemmour peut continuer de
ricaner dans sa barbe et s’en aller plus loin manger deux ou trois autres
Schtroumpfs ! Nos quatre experts, eux, peuvent crier : « Raphaël Glucksmann,
vite ! »
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Dans les villes éthiopiennes frontalières de l’Erythrée,
« l’affluence de réfugiés ne tarit pas »
Ethiopie-Erythrée, une
réconciliation en marche (1/3). Plus de 14 000 migrants ont été
enregistrés en Ethiopie depuis la réouverture de la frontière en septembre
après vingt ans de fermeture.
Par Emeline Wuilbercq
(Zalambessa, Ethiopie, envoyée spéciale)
LE MONDE Le 30.10.2018 à
10h54 • Mis à jour le 31.10.2018 à 11h13
Teddy (le prénom a été modifié)
est sur le départ. Ce jeune Erythréen à peine majeur n’a qu’une
envie : rejoindre son
père aux Etats-Unis. Originaire d’Asmara, la capitale, il a traversé la
frontière « le plus vite possible » quand le premier
ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le président érythréen, Isaias Afwerki, ont
décidé de la démilitariser et
de l’ouvrir, le 11 septembre.
Lire aussi : Addis-Abeba
et Asmara signent en Arabie saoudite un accord consolidant leur réconciliation
Cette mesure a donné le signal du
départ pour sa famille, qui compte désormais sur la procédure de regroupement
familial pour parvenir outre-Atlantique.
Ce matin de fin octobre, sa mère et ses trois frères patientent à Zalambessa,
ville frontière côté éthiopien, comme 700 autres Erythréens répartis dans
13 autobus en partance pour le centre de réception d’Endabaguna, à environ
200 km à l’ouest, la première étape avant les camps de réfugiés.
« Là-bas, il n’y a plus de
jeunes »
L’ouverture de la frontière a
permis aux deux peuples de renouer des
relations commerciales. Mais elle a aussi créé un appel d’air, entraînant un
afflux massif de migrants en Ethiopie. Selon des chiffres du Haut-Commissariat
des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 15 000 Erythréens
ont traversé la frontière les trois premières semaines. Certains d’entre eux
sont simplement venus acheter des
vivres et des marchandises ou retrouver des
proches perdus de vue depuis la guerre. Mais la plupart ont l’intention
de rester. « Je
n’ai pas envie de rentrer à Asmara.
Là-bas, il n’y a plus de jeunes : soit ils sont partis, soit ils sont
morts en mer, soit ils sont ici », poursuit Teddy.
Chaque année, des milliers
d’Erythréens fuient leur pays, depuis longtemps critiqué par les organisations
de défense des droits humains pour le recours à la détention arbitraire, la
disparition d’opposants et la restriction des libertés d’expression et de
religion. La perspective d’être enrôlé à vie dans un service militaire
obligatoire, jusque-là justifié par la menace du voisin éthiopien, a poussé une
grande partie de la jeunesse sur la route de l’exil. Pour l’heure, l’accord de
paix entre les deux pays n’a pas fait changer d’avis
les candidats au départ, au contraire.
Depuis plusieurs semaines,
l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait des allers-retours
entre le centre d’Endabaguna et Zalambessa et Rama, les deux principaux points
de passage grâce auxquels traverse la grande majorité des nouveaux arrivants –
surtout des femmes et des enfants. « L’affluence ne tarit
pas », explique un humanitaire. Près de 320 personnes
franchiraient la frontière quotidiennement, soit six fois plus qu’avant. Côté
érythréen, les militaires tiennent un registre des départs, mais le contrôle
s’arrête là.
Une situation
« critique »
Après leur enregistrement au
centre d’Endabaguna, les migrants seront répartis dans des camps. Plus de
14 000 arrivants ont été recensés depuis l’ouverture de la
frontière. « L’un des camps est saturé », confie le
même humanitaire. Quant au HCR, il juge la situation « critique ».Cette
nouvelle donne risque d’accentuer la pression sur l’Ethiopie, qui compte déjà
près d’un million de réfugiés, dont aujourd’hui plus de 175 000
Erythréens, et voit augmenter le
nombre de déplacés internes : ceux-ci sont environ 2,8 millions à travers
le pays.
Lire aussi : A
Addis-Abeba, le président érythréen promet de lancer son pays sur « la
voie de la prospérité »
Si la visite du premier ministre
éthiopien à Paris, Berlin et Francfort, du lundi 29 au mercredi
31 octobre, se voulait à dominante économique, la lancinante question
migratoire a forcément plané sur les discussions. Et l’Europe, qui cherche
à éviter les départs
du continent africain, a trouvé en Abiy Ahmed un allié, puisque l’Ethiopie
prévoit d’intégrer davantage les réfugiés en leur accordant bientôt des permis
de travail et des licences commerciales. C’est l’un des objectifs du « cadre
d’action globale pour les réfugiés » imaginé par les Nations unies.
Addis-Abeba doit confier à cette
population déracinée une partie des 100 000 emplois créés dans de
nouveaux parcs industriels construits grâce à un prêt de la Banque européenne
d’investissement et aux subventions du Royaume-Uni et de la Banque mondiale.
En attendant, à Zalambessa, les
nouveaux arrivants devront passer une ou
plusieurs nuits dans un refuge de fortune en tôle, près de la gare routière.
Ils sont des centaines à y dormir. Adiat et Feruz,
deux jeunes femmes coquettes, viennent de déposer leurs
gros sacs. Autour d’elles, de nombreux migrants s’enregistrent pour ne
pas rater les prochains
bus. « Notre pays est en train de se vider. Dans mon village,
il n’y a plus personne », lâche, amère, Feruz, qui rappelle que
beaucoup d’Erythréens sont partis avant l’ouverture de la frontière,
illégalement. Elle se dit prête à sacrifier une
ou deux années dans un camp de réfugiés avant d’obtenir, peut-être, le droit
d’aller vivre en Europe,
son rêve. La perspective de devenir ouvrière
en Ethiopie est moins séduisante.
Maroc : « Le
seul moment où l’Europe est cohérente, c’est pour mettre la pression sur les
pays de transit »
Dans un entretien au « Monde »,
Nasser Bourita, chef de la diplomatie du royaume, revient sur la Libye, le
Sahara occidental et les migrations.
Propos recueillis par Charlotte
Bozonnet
LE MONDE Le 02.11.2018 à
11h49 • Mis à jour le 02.11.2018 à 19h28
De passage à Paris, mercredi
31 octobre, où il a rencontré son homologue Jean-Yves Le Drian, le
ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, revient sur
plusieurs échéances à venir de l’agenda
international : le sommet sur la Libye à Palerme les 12 et
13 novembre, les discussions avec l’Union européenne (UE) sur le contrôle
des migrations et la relance des négociations sur le Sahara occidental, prévue
début décembre à Genève.
Vous vous êtes entretenu avec
Jean-Yves Le Drian à la Celle-Saint-Cloud. Quel était l’objectif de cette
rencontre ?
Nasser Bourita Nous
devions préparer plusieurs
échéances bilatérales, notamment une visite prochaine du président de la
République, Emmanuel Macron, au Maroc, qui aura lieu dans le courant du mois.
Mais aussi une importante réunion sur la Libye prévue dans une dizaine de jours
en Italie. Une réunion qui s’inscrit dans le prolongement de l’accord de
Paris [en mai, les quatre principaux acteurs de la crise libyenne
s’étaient notamment engagés sur la tenue d’élections en décembre] mais
qui doit prévoir des
ajustements tenant compte des évolutions intervenues depuis.
Nous pensons que la dimension
sécuritaire du problème devrait recevoir la même
attention que le processus politique. On peut fixer toutes les
échéances électorales que l’on veut, si on ne prépare pas le terrain, notamment
en termes sécuritaires, cela s’avérera contre-productif. Comme en août à
Tripoli, où la perspective d’une élection a excité les différentes milices,
chacune voulant renforcer ses
positions. Le principal objectif est alors devenu l’obtention d’un
cessez-le-feu plutôt qu’un travail sur le processus politique.
Lire aussi : En
Libye, les espoirs de paix minés par les rentiers du chaos et les guéguerres
diplomatiques
Cet épisode montre bien qu’un
élément clé des accords de Skhirat [accords de paix interlibyens signés
au Maroc en décembre 2015], à savoir l’article 34
sur les arrangements sécuritaires, n’a jamais reçu l’attention nécessaire de la
part de la communauté internationale. Ces accords ne portaient pas seulement
sur une transition politique. Il s’agissait aussi de passer d’un pays
contrôlé par les milices à la constitution d’une police nationale libyenne
professionnelle. C’est fondamental. J’ai vu Ghassan Salamé, l’envoyé spécial de
l’ONU en Libye, il y a quelques jours à Rabat, et nous avons longuement échangé
là-dessus, à savoir : comment faire de la réunion
de Palerme une étape concrète pour la préparation d’un contexte favorable à la
tenue d’élections en Libye. Cela veut dire, par exemple, renforcer
les structures chargées de superviser le
cessez-le-feu, veiller à ce que
les infrastructures importantes de l’Etat, comme l’aéroport, sortent des mains
des milices pour être confiées à une
police nationale, mais aussi assurer la
formation d’une telle police dont l’allégeance irait à la Libye tout entière.
Sans cela, le processus politique restera vain.
Enfin, nous avons évoqué le
sommet sur la Méditerranée qui se tiendra en juin 2019 à Marseille, et que
le Maroc considère comme un moment important. Les sujets sur cette zone sont en
effet très nombreux, mais il existe peu d’espaces pour en discuter.
L’un de ces sujets est celui
des migrations. Depuis cet été, des milliers de ressortissants subsahariens ont
été arrêtés au Maroc et déplacés de force dans le sud du pays. Pourquoi un tel
durcissement de votre politique migratoire ?
Dès le départ, la politique
migratoire du Maroc a reposé sur trois piliers : la solidarité, la
responsabilité et la coopération internationale. Nous avons lancé en 2013
un large processus de régularisations. Alors qu’en Europe les gouvernements se
renvoient la balle en se disant « J’en ai pris 100, tu dois
en prendre 300 »,
nous, un pays en développement, avons traité 50 000 demandes de
régularisation en trois ans, dont 90 % ont été satisfaites.
S’agissant de ceux qui ne veulent
pas rester, nous avons
prévenu dès le début : nous n’accepterons pas que le Maroc devienne une
plate-forme pour des actions illégales. Cet été, la situation dans le nord
était devenue inacceptable. A Cassiago [la forêt proche de l’enclave
espagnole de Ceuta] et à Nador [ville marocaine voisine de
l’enclave de Melilla], la mainmise de réseaux de trafiquants a
débouché sur des attaques contre les forces de l’ordre et des violences sur les
migrants eux-mêmes. La décision du gouvernement italien de fermer le pays aux
arrivées depuis la Libye a poussé les réseaux de passeurs à se redéployer vers
la route Maroc-Espagne. Nous nous devions de prendre nos responsabilités
vis-à-vis de nos citoyens et des migrants. Nous l’avons fait en associant les
ambassades des pays d’origine de ces derniers, qui ont elles-mêmes mené des opérations
d’identification de leurs ressortissants.
Le troisième pilier de notre
politique est la coopération internationale : ce que fait le Maroc au sein
de l’Union africaine, ou l’accueil à Marrakech de la Conférence internationale
sur la migration sous l’égide de l’ONU, les 10 et 11 décembre.
Ce n’est pas la première fois
que des opérations de déplacement de migrants sont menées, mais elles ne
l’avaient jamais été de façon aussi massive et brutale, comme l’attestent ceux
qui travaillent sur le sujet, médias ou ONG. Des migrants ont été arrêtés
jusque dans leur domicile.
On généralise sur la base de
témoignages individuels. Nous avons éloigné ces gens du nord du pays pour des
raisons évidentes : leur objectif était de partir, de prendre la
mer, au risque de perdre la vie
comme beaucoup d’autres avant eux. En outre, certains pays et médias font en
sorte de se focaliser sur
les pays de transit en les accusant de mal gérer, de ne pas faire
leur travail. Le Maroc a agi en partenaire responsable de l’Europe et n’a pas
de leçons à recevoir.
A combien s’élève l’aide financière
de l’UE au Maroc pour le contrôle des frontières ?
Une offre a été avancée par
l’Europe – autour de 140 millions d’euros –, mais ce sont les premières
discussions. On est toutefois bien loin de ce qui a été exigé par certains
pays. Le Maroc n’est pas dans une politique de chantage, du type « Je
suis votre gendarme, combien vous me payez ? ». Il a sa propre
politique migratoire et entend y être fidèle. Nous pensons que les pays de
transit ne doivent pas être au cœur de la politique. Il faut que tous les pays
d’origine, de transit, de destination assument leurs responsabilités. Le fait
de donner de l’argent
relève de la même logique que l’idée d’installer des centres. Ce sont de
fausses bonnes idées qui créeront plus de problèmes qu’elles n’en régleront.
Qu’attendez-vous de
l’UE ?
Une approche migratoire
cohérente. Aujourd’hui, il y a presque autant de politiques migratoires que de
pays. Il n’y a qu’à voir les débats au
sein du Conseil européen. Le seul moment où l’UE est cohérente, c’est
pour mettre la pression
sur les pays de transit. Ce n’est pas comme ça que l’on trouvera des solutions.
La migration doit être prise pour ce qu’elle est, à savoir un phénomène
naturel. Il y a 256 millions de migrants dans le monde (3 % de la
population mondiale), dont 36 millions d’Africains. A 80 %, ces
migrants africains restent sur le continent. Il reste donc 7 millions de
personnes qui quittent l’Afrique pour le reste du monde, dont 1,5 million
de façon irrégulière. A l’arrivée, 0,5 % de la migration mondiale est
africaine et illégale. Voilà de quoi nous parlons. Or, quand on écoute les
discours politiques en Europe, quand on regarde certains reportages, on
présente cela comme une invasion de l’Europe par l’Afrique. Si on ramenait le
problème à sa dimension réelle, le débat serait plus serein et efficace.
Lire aussi : Immigration :
faut-il s’attendre à une « ruée vers l’Europe » ? La réponse des
démographes
Autre sujet d’actualité pour
la diplomatie marocaine : le Sahara occidental. Le mandat de la Minurso
vient d’être renouvelé pour six mois, et non pour un an, par le Conseil de
sécurité de l’ONU. Et des discussions directes, les premières depuis 2012,
doivent se tenir en décembre à
Genève. Qu’en attendez-vous ?
Le débat sur la durée du
renouvellement est un faux débat. Ce n’est pas la durée qui est importante,
mais le processus politique qui est indépendant de l’opération de maintien de la
paix. Nous attendons des discussions de décembre qu’elles soient différentes
des précédentes sur le format : qu’il n’y ait pas de distinction entre les
participants, que chacun des acteurs – Maroc, Front Polisario, Algérie,
Mauritanie – soit mis sur le même plan que les autres.
Différentes, aussi, sur l’ordre
du jour : qu’il y ait plus de réalisme et de compromis, moins de
rhétorique. Certaines choses ne sont pas négociables pour le Maroc, à savoir
toute solution qui remettrait en cause l’intégrité territoriale du royaume ou
qui prévoirait une option référendaire.
Francis Vallat,
président de SOS Méditerranée : « La question du sauvetage est d’une
simplicité lumineuse »
Le Français, qui refuse de
prendre position sur le plan politique, estime que la mission de sauvetage de
l’association est « en droite ligne avec les idéaux des gens de la
mer ».
LE MONDE | 07.10.2018 à
06h28 • Mis à jour le 07.10.2018 à 15h39 |Par Philippe
Ridet
Longtemps, le nom de Francis
Vallat, président de SOS Méditerranée, n’a parlé qu’aux spécialistes du
transport maritime. En 1997, Le Monde rendait compte de
son départ de la présidence de Van Ommeren Tankers, filiale de l’armateur
néerlandais van Ommeren, où il était entré comme chef du personnel
en 1971 : « Francis Vallat a la réputation de ne faire
aucune concession sur les questions de sécurité des navires et de formation des
équipages, et il n’a jamais été tenté de recourir au pavillon de complaisance. »
En décembre 2014, c’est sur
le site Internet spécialisé Mer et marine qu’on le retrouve.
Il vient de quitter ses fonctions de président du Cluster maritime français,
qu’il a fondé en 2005, soit une structure fédérant près de 450 entreprises
du secteur. Une première imitée ensuite par dix-sept pays européens.
Il a représenté la France pendant
dix ans auprès de l’Agence européenne de sécurité maritime et dirigé l’Institut
français de la mer. Commentaire du journaliste : « Des
personnalités comme Francis Vallat, il n’y en a pas
beaucoup. »
Personnalité incontestable du
monde maritime
Enfin, en cet après-midi
ensoleillé de fin septembre à Paris, il est face à nous sur la terrasse d’une
brasserie porte d’Auteuil. Il s’excuse de devoir garder son téléphone allumé.
A 2 500 kilomètres de là, l’Aquarius, le navire de
l’association, affronte des creux de cinq mètres en Méditerranée avec sa
cargaison grelottante de cinquante-huit migrants repêchés les jours précédents.
Le voilà donc, ce dangereux « complice
des passeurs », comme le ministre de l’intérieur italien, Matteo
Salvini, désigne les responsables des associations humanitaires qui ont assuré
le sauvetage des migrants avant que l’Aquarius, ses 77 mètres et
ses trente membres d’équipage ne restent seuls sur la zone entre l’Afrique et
l’Europe. C’est donc lui, cet « utopiste »prêt à
accueillir...
Femmes noires et métisses : une libération qui commence
par les cheveux
Après des décennies d’injonction
au défrisage et de canons de beauté édictés par les Blancs, elles affirment
leur identité en laissant leurs cheveux au naturel.
M le magazine du
Monde | 02.11.2018 à 06h35 • Mis à jour le 03.11.2018 à
11h25 |Par Caroline Rousseau
Elle en a un peu marre qu’on ne
lui parle que de ça. Juliette Sméralda est sociologue, enseignante et
chercheuse à l’université des Antilles, pôle Martinique. Depuis qu’elle est
venue présenter en 2005, au Salon Boucles d’Ebène à Saint-Denis (93), son
livre Peau noire, cheveu crépu. L’histoire d’une aliénation (éditions
Jasor), elle a beau avoir des tonnes de choses à dire sur l’immigration
indienne ou sur le rapport au sucre aux Antilles, on la sollicite, on l’invite,
on lui demande conseil et pourquoi la peau noire ceci ou les cheveux crépus cela…
Treize ans que les questions et les témoignages fusent partout où elle va.
Samedi 13 octobre, conviée par
l’association Sciences Pop, la mairie de Saint-Denis et le Théâtre
Gérard-Philipe, elle a donné une conférence devant une salle bondée. Elle l’a fait
dans le cadre de l’exposition itinérante « Afro ! » conçue par la journaliste
et militante féministe et antiraciste Rokhaya Diallo et la photographe Brigitte
Sombié, auteures du livre éponyme (éditions Les Arènes), qui donne à voir des
personnes médiatiques ou inconnues, à l’aise avec leurs cheveux naturels.
Juliette Sméralda descendait tout juste de l’avion mais a partagé pendant deux
heures son savoir et sa réflexion uniques.
« C’est un souci permanent
de vivre dans un pays qui nous donne le sentiment qu’on n’existe pas parce que
rien n’est pensé pour nous, ni les pansements, ni les coiffeurs, ni les fonds
de teint. » Rokhaya Diallo
« Quand je me suis lancée
dans Peau noire, cheveu crépu, j’ai dû faire face à une
absence totale de documentation, notamment en français. Nous sommes censés
avoir une université à la Martinique et à la Guadeloupe, mais je ne sais pas de
quoi elles s’occupent car il n’y a pas de socio, de philo. Pas de psycho… Il y
a des lettres par contre. Beaucoup de gens qui inventent la réalité au lieu de
l’explorer. Du coup, on ne voit pas clair dans ces questions. Que faisaient les
Africains de leurs cheveux...
Entre l’Espagne et la France, la nouvelle route migratoire
prend de l’ampleur
L’Espagne est devenue la
principale porte d’entrée en Europe pour des personnes originaires d’Afrique de
l’Ouest qui tentent de gagner la France.
LE MONDE | 03.11.2018 à
06h37 • Mis à jour le 03.11.2018 à 10h50 |Par Julia
Pascual (Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) et Irun (Espagne), envoyée
spéciale)
Emmitouflé dans un manteau, la
tête abritée sous un bonnet, Boris disparaît dans la nuit, sous la pluie. Ce
Camerounais de 33 ans, qui parle un français parfait, « traîne » à
Irun depuis un mois. Dans cette petite commune du Pays basque espagnol, il
attend de pouvoir traverser la frontière et de rejoindre la France, à quelques
mètres de là. L’aventure a trop peu de chances de réussir s’il la tente à pied,
et il n’a pas l’argent pour se payer un passage en voiture. Il aimerait rejoindre
Paris. Mais il doute : « On me dit que c’est saturé. C’est
vrai ? Est-ce qu’il y a des ONG ? Vous connaissez Reims ? »
Parti depuis un an de son pays,
Boris a traversé le Nigeria, le Niger, l’Algérie et le Maroc avant de gagner
l’Europe par la mer. Comme de plus en plus de personnes, il a emprunté la route
dite de la Méditerranée occidentale, qui passe par le détroit de Gibraltar. Le
passage par la Libye, privilégié ces dernières années, est devenu « trop
dangereux » et incertain, dit-il.
En 2018, l’Espagne est
devenue la principale porte d’entrée en Europe. Quelque
50 000 personnes migrantes sont arrivées sur les côtes andalouses
depuis le début de l’année, en provenance du Maroc, ce qui représente près de
la moitié des entrées sur le continent.
Sous l’effet de la baisse des départs
depuis la Libye et des arrivées en Italie, les routes migratoires se
redessinent. Et bien que les flux soient sans commune mesure avec le pic de
2015, lorsque 1,8 million d’arrivées en Europe ont été enregistrées, ils
prennent de court les autorités et en particulier en France, qui apparaît comme
la destination privilégiée par ces nouveaux arrivants originaires
majoritairement d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb.
80 à 100 arrivées quotidiennes
A Irun, Txema Pérez observe le
passage en nombre de ces migrants et le compare à l’exil des réfugiés espagnols
lors de la guerre civile en 1939 : « On n’a pas vu
ça depuis la Retirada »,...
Coups de feu à Bordeaux : 2 blessés légers
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 03/11/2018 à 14h59 | Publié le 03/11/2018 à 14h57
Quatre personnes ont été arrêtées
aujourd'hui après avoir tiré des coups de feu dans le centre de Bordeaux et
blessé légèrement deux personnes, a appris l'AFP auprès de la police, qui
privilégie la piste d'une rivalité amoureuse sur fond de soirée alcoolisée.
Quatre hommes, d'origine
marocaine et âgés d'une quarantaine d'années, visaient un homme qui sortait
avec deux autres personnes, vers 09h Cours de l'Yser, d'une soirée qui
s'était prolongée jusqu'au matin. Deux personnes, légèrement blessées, ont été
hospitalisées.
Les auteurs des coups de feu, qui
ont utilisé des "munitions de ball-trap", ont été arrêtés et placés
en garde à vue, a précisé la police. L'enquête a été confiée à la sécurité
départementale de la police.
Un mariage annulé à Nice après un jet de fumigène
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 03/11/2018 à 17h31 | Publié le 03/11/2018 à 17h30
Le maire LR de Nice Christian
Estrosi a annoncé avoir fait annuler samedi une cérémonie de mariage qui devait
avoir lieu dans la journée, après un jet de fumigène sur un commissariat, lors
du passage du cortège nuptial. La police a indiqué de son côté avoir procédé à
deux interpellations.
"Après les nombreuses
infractions au code de la route d'un cortège, l'utilisation et le jet de
fumigènes sur le commissariat Auvare, j'ai donné des instructions de ne pas célébrer
un mariage prévu ce jour, en vertu de la charte signée par les futurs
époux", a précisé M. Estrosi. "Compte tenu de la gravité des
infractions", il n'a pas "souhaité indiquer de date de report"
du mariage.
L'auteur du jet de fumigène, un
Marseillais de 26 ans qui conduisait l'une des voitures du cortège, a été placé
en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour "violences
volontaires avec arme par destination contre personne dépositaire de l'autorité
publique", a précisé une source policière.
Il a reconnu le lancer du
fumigène par dessus le mur d'enceinte du commissariat et sa Mercedes a été
saisie. Un autre participant au mariage a par ailleurs été interpellé, pour
outrage, après avoir insulté les forces de l'ordre et placé en garde à vue. Le
2 septembre, un mariage avait déjà été reporté, à la suite de nombreuses
infractions au code de la route et de la mise en danger d'autrui par un autre
cortège nuptial.
Il s'agissait alors de la
cinquième cérémonie de mariage annulée en vertu de cette charte des mariages,
dénoncée comme discriminatoire et électoraliste par l'opposition de gauche à
Nice. Edictée en 2012 à Nice, la charte engage les futurs mariés "à ne pas
troubler la quiétude, la tranquillité et la solennité de l'instant". Elle
leur interdit encore de déployer des "drapeaux, notamment étrangers".
Rouen : rassemblement contre l'homophobie
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 03/11/2018 à 18h47 | Publié le 03/11/2018 à 18h46
Près de 800 personnes se sont
rassemblées samedi sur le pont Pierre-Corneille à Rouen pour dénoncer les actes
homophobes après la violente agression d'un homme de 34 ans à la sortie d'une
boîte de nuit, ont rapporté les organisateurs et la police. Plusieurs temps de
parole ont été organisés, en présence du maire de Rouen Yvon Robert, et de
familles venues avec des enfants qui tenaient des drapeaux arc en ciel. Une
lettre transmise par la victime de l'agression a été lue, a constaté un
photographe de l'AFP.
"On a voulu dénoncer la
banalisation du discours homophobe. Il y a toujours plus d'agressions", a
déclaré à l'AFP Géraldine Chambon du centre LGBTI de Normandie. Une chaîne
humaine a clôturé le rassemblement. La victime de l'agression, qui a porté
plainte contre X la semaine dernière, a expliqué aux enquêteurs avoir été
"frappée à de très nombreuses reprises, avec de nombreuses insultes
homophobes" après être "montée volontairement dans une voiture à la
sortie d'une boîte de nuit rouennaise".
Selon son récit, "ses
agresseurs sont parvenus à lui dérober 800 euros. La victime est ensuite
parvenue à prendre la fuite, en profitant du sas de sortie d'une banque où il était
entré pour aller retirer de l'argent au guichet sur demande de ses
agresseurs", selon une source proche de l'enquête.
Marseille : rassemblement contre l'homophobie
A Marseille, entre 200 et 300
personnes se sont également réunies sur le Vieux-Port, en portant des drapeaux
arc-en-ciel. Ils ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes
d'actes homophobes, dont plusieurs ont eu lieu dans le centre-ville et dans la
région, comme à Arles où un étudiant homosexuel a été jeté dans le Rhône en juin.
"Je me fais insulter,
traiter de tous les noms, il faut que ça cesse", a témoigné auprès de
l'AFP Vincent, un étudiant marseillais de 21 ans, drapeau arc-en-ciel sur le
dos, en expliquant ne pas pouvoir "tenir la main de (son) copain en public
dans certains quartiers de Marseille". Pour Emilie, étudiante de 19 ans,
depuis "le mariage pour tous, les gens ont l'impression que tout va bien...
Mais l'homophobie continue. Il faut changer les mentalités, surtout chez les
jeunes, ça passe par eux".
Mathieu Bock-Côté : «Budapest, Varsovie et le sermon de
Macron»
CHRONIQUE - Lors de sa tournée à Visegrád,
Emmanuel Macron s'est permis une pique contre la Hongrie d'Orban et la Pologne.
Il y avait quelque chose d'irréel à le voir sermonner l'Europe de l'Est, elle
qui avait été très longtemps privée d'existence politique.
Emmanuel Macron a manifestement
l'intention d'aller au bout de sa croisade contre
la«lèpre» populiste, comme
on l'a vu encore cette semaine lorsqu'il a comparé la présente situation
européenne à celle qui prévalait pendant
les années 1930. C'est dans le même esprit qu'il s'est permis, lors
d'une brève tournée dans certains pays du groupe de Visegrad, une mise en garde
contre une politique nationaliste qui les éloignerait du cœur de l'Europe.
L'Europe de l'Est devrait rentrer dans les rangs. Si le président français
s'est permis comme à l'habitude une pique contre la Hongrie d'Orban, il a aussi
ciblé la Pologne, qui s'engage certes dans une aventure politique hasardeuse,
pour le dire d'un euphémisme.
Il y avait néanmoins quelque
chose d'irréel à voir Emmanuel Macron sermonner l'Europe de l'Est au moment où
la Pologne s'apprête à célébrer le centième anniversaire de sa renaissance
nationale, elle qui avait été très longtemps privée d'existence politique.
On le sait : l'Europe de l'Est
est le domaine privilégié des petites nations
Plus largement, la traversée du
XXe siècle par les petites nations d'Europe de l'Est ne saurait se réduire
à l'affrontement schématisé entre démocratie libérale et totalitarisme. Pour
elles, le XXe siècle a aussi correspondu à une négation de leur
souveraineté nationale. Elles ont, notamment, fait les frais de la doctrine de
la souveraineté limitée au temps de Brejnev et n'entendent pas répéter
l'expérience au nom cette fois de l'impérialisme humanitaire. Si la comparaison
entre URSS et Union européenne est évidemment exagérée, et même choquante, on
comprend néanmoins qu'elle ne soit pas totalement insensée à la lumière de la
conscience historique est-européenne. Cela ne veut pas dire qu'on ne s'y sent
pas appartenir à la civilisation européenne, au contraire.
On le sait: l'Europe de l'Est est
le domaine privilégié des petites nations. Milan Kundera a défini leur
situation existentielle en parlant de leur précarité historique et de la
conscience qu'elles en ont. En d'autres mots, ces nations savent qu'elles
peuvent disparaître et que leurs aspirations, à l'échelle de l'histoire, pèsent
peu. On tolère leur existence dans la mesure où celle-ci semble bucolique mais
lorsqu'elles entendent peser sur le cours des événements, on leur reproche de
basculer dans la déraison. Ces pays devraient se soumettre aux lois de
l'histoire révélées dans les grandes métropoles et ne pas leur résister. Leur
opposition frontale à l'immigration massive aujourd'hui passe pour une
manifestation d'arriération historique symptomatique d'une psychologie
autoritaire. On pourrait néanmoins se demander si les nations d'Europe
occidentale ne sont pas devenues des petites nations sans le savoir, comme
Alain Finkielkraut l'avait deviné dès la fin des années 1990. Chose certaine,
elles sont aujourd'hui hantées par la crainte de leur propre dissolution.
La tentation de la démocratie
illibérale
Les petites nations d'Europe de
l'Est savent une chose aujourd'hui oubliée à l'Ouest: une nation ne saurait se
définir exclusivement par son adhésion à un ensemble de valeurs universelles.
Aucune ne s'imagine incarner l'histoire humaine à elle seule. Aucune n'accepte
la réduction de son identité culturelle à un stock de coutumes folkloriques que
la modernité devrait tôt ou tard liquider, à la manière d'habitudes
provinciales désuètes et inadéquates à l'échelle de la mondialisation. Pour
cela, on les accuse de crispation identitaire. En réalité, l'identité
culturelle d'un peuple rend possible la mise en scène d'un monde commun sans
lequel la démocratie est condamnée à une réduction minimaliste. L'identité d'un
peuple est la médiation qui lui permet de participer au monde, et on ne saurait
l'oblitérer sans le condamner au rabougrissement. De ce point de vue, à l'est
de l'Europe, souveraineté et identité sont intimement liées.
C'est à partir de cet
arrière-fond historique qu'on doit aujourd'hui considérer la tentation de la
démocratie illibérale, qui traverse l'Est de l'Europe. À certains égards, cette
expression désigne la démocratie libérale d'avant-hier, au temps où elle
n'était pas encore victime de la judiciarisation du politique et alors qu'elle
ne faisait pas du culte de la diversité un de ses principes fondateurs. Selon
les catégories médiatiques aujourd'hui dominantes, Churchill comme de Gaulle
passeraient aujourd'hui pour de très inquiétants illibéraux, à tort par
ailleurs. Car le libéralisme bien compris se conjugue avec la souveraineté et
l'identité culturelle. La démocratie illibérale, de ce point de vue, semble
répondre à nos démocraties impolitiques. S'il ne faut d'aucune manière y voir
un contre-modèle à faire valoir contre nos sociétés en crise, on ne devrait pas
non plus croire que le refus de l'immigration massive, de la tutelle
bruxelloise et du gouvernement des juges est contradictoire avec la démocratie
libérale, dont on ne concédera pas la définition aux progressistes
autoproclamés.
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l'Est et l'Ouest»
Mathieu Bock-Côté
Midterms : en Géorgie, Stacey Abrams rêve de devenir la
première femme noire gouverneur
REPORTAGE - L'élue de 44 ans,
également écrivain, est en course pour créer la surprise dans cet État du Sud.
Au cœur de l'ancienne Confédération, sa victoire serait un symbole encore plus
fort que l'élection de Barack Obama.
Envoyé spécial à Athens et
Atlanta (Géorgie)
Quand les supporteurs de Stacey
Abrams vantent son parcours, son diplôme de la faculté de droit de Yale et ses
dix ans d'élue au Parlement de l'État, ils omettent un versant crucial de sa
biographie. La candidate au poste de gouverneur de la Géorgie est aussi
écrivain, sous le pseudonyme de Selena Montgomery, auteur de huit romans
«sentimentaux à suspense». Le premier, en 2001, l'a spontanément distinguée de
Donald Trump: il est titré L'Art du désir.
Avec un nom de plume faisant écho
à la marche de Martin Luther King pour les droits civiques de Selma à
Montgomery, en 1965, Stacey Abrams, 44 ans, a entrepris de porter
l'émancipation sociale et politique des Afro-Américains un cran plus loin.
Si elle remporte son pari le 6 novembre (ou le 4 décembre en cas de
second tour), elle deviendra la première femme noire à diriger un État
américain, qui plus est dans le Sud marqué par l'esclavage et la ségrégation,
au cœur de l'ancienne Confédération.
«Pour les plus âgés, voir une
femme noire occuper la résidence du gouverneur après 82 hommes blancs serait
encore plus fort émotionnellement que l'élection d'Obama à la Maison-Blanche»
Cliff Albright, cofondateur du Black Voters
Matter Fund
«Cette seule possibilité traduit
l'émergence d'un nouveau Sud, estime Cliff Albright, cofondateur du Black
Voters Matter Fund («Les électeurs noirs comptent»). Pour les plus âgés, voir
une femme noire occuper la résidence du gouverneur après 82 hommes blancs
serait encore plus fort émotionnellement que l'élection d'Obama à la
Maison-Blanche.»
» LIRE AUSSI - «Midterms»:
Trump défié dans ses bastions par les démocrates
Stacey la conteuse a justement
une histoire dans sa besace à propos de cette résidence à colonnades du
quartier huppé de Buckhead, à Atlanta. Adolescente, elle y avait été invitée en
tant que présidente des élèves de son lycée. Ses parents n'ayant pas de
voiture, ils l'avaient accompagnée en bus, ce qui suffit au gardien pour vouloir
l'éconduire sans même consulter sa liste.
«Je ne me souviens de rien
d'autre, raconte-t-elle au public bobo, aux deux tiers blanc, d'un café
d'Athens, à 120 kilomètres de la capitale. Seulement de cet homme me
disant que ma place n'est pas là… Lorsque je serai gouverneur, nous ouvrirons
en grand les portes de cette maison!»
Ainsi va la candidate en
campagne, son identité en bandoulière. Elle parle fréquemment d'un de ses
frères pris dans l'engrenage drogue-prison. «Nous devons être un État rédempteur.
[…] L'humanité n'exige pas de papiers d'identité. […] Cet État n'appartient pas
aux haineux. […] La diversité est notre force, pas une arme contre nous.»
Elle finit souvent par l'histoire
de son père donnant son manteau à un sans-abri «parce qu'il savait que nous
viendrions le chercher.» Sa conclusion est toute trouvée: «Géorgie, je viens à
toi!»
«Les démocrates ne peuvent pas
gagner en Géorgie sans une partie des républicains modérés qui vivent dans les
banlieues»
Alan Abramowitz, professeur de
sciences politiques à l'université Emory d'Atlanta
Dans un État dominé par les
républicains, remporté par Trump en 2016 avec 5 points d'avance, ses partisans
croient fermement en ses chances: «Elle représente l'avenir, assure Robert,
chercheur en immunologie venu l'écouter à Athens. La démographie a changé, elle
mène une campagne inclusive, elle va gagner!» «L'avantage d'être écrivain, c'est
qu'elle est capable d'exposer des idées claires», renchérit Alexis Dunn,
sage-femme afro-américaine. Les sondages la placent à deux points seulement de
son adversaire, dans une marge d'erreur qu'elle qualifie de «marge
d'opportunité» - et avec trois fois plus de fonds à dépenser dans le sprint
final.
Estimant que les efforts passés
des démocrates pour recruter au centre ont échoué, Stacey fait campagne sur un
programme «progressiste», notamment l'extension du système public
d'assurance-maladie, Medicaid. «Son armée de volontaires est impressionnante,
observe Martha, une femme d'affaires d'Atlanta. On a déjà frappé trois fois à
ma porte et je ne peux pas aller dans une épicerie sans tomber sur ses
militants.» Depuis 2013, elle a lancé une vaste campagne d'inscription sur les
listes électorales, notamment auprès des minorités, avec l'espoir d'élargir sa
base. Reste que «les démocrates ne peuvent pas gagner en Géorgie sans une
partie des républicains modérés qui vivent dans les banlieues», prévient Alan
Abramowitz, professeur de sciences politiques à l'université Emory d'Atlanta.
«Je suis plus Trump que
Trump !»
Brian Kemp, candidat du Parti
républicain
Le choix offert à ces derniers ne
saurait être plus contrasté. Avec Brian Kemp, 54 ans, le Parti républicain
a misé sur un homme réputé «solide», mais bourru et terne. Avant de projeter
l'image d'un bon père de famille, le secrétaire d'État de Géorgie s'était
distingué durant les primaires par des spots télévisés au marteau-pilon. Dans
l'un, il brandissait son fusil sur un adolescent venu inviter sa fille et
proclamait qu'on ne lui «arracherait jamais» ses armes. Dans l'autre, il
sillonnait les routes avec son pick-up pour rafler les immigrés illégaux et les
livrer à la police. Son positionnement politique ne souffre aucune ambiguïté:
«Je suis plus Trump que Trump!»
Sans y voir de lèse-majesté, le
fils du président, Donald
Junior, et sa nouvelle compagne Kimberly Guilfoyle, ex-présentatrice de
Fox News, sont venus le soutenir à Athens. «Nous sommes en pays trumpien!,
proclame la jeune femme, plus enjouée que ses compères. Nous allons bâtir ce
grand beau mur (sur la frontière) ! Et nous ne nous agenouillons qu'à l'église!»,
une flèche contre les joueurs de football américain qui protestent pendant
l'hymne national.
Don Jr s'en prend de façon
cryptique à Barack Obama, «qui n'a jamais signé un chèque de sa vie». Kemp
accuse sa rivale de lever des fonds jusqu'à San Francisco et promet: «Nous ne
laisserons personne acheter l'élection, il en va de l'âme de la Géorgie!»
Brian Kemp possède une arme
fatale. En tant que secrétaire d'État, il est responsable de l'organisation du
scrutin
«On ne connaît à cet homme ni
talent ni succès particulier, affirme la présidente d'une ONG internationale à
Atlanta, qui soutient Stacey Abrams. Elle est tellement plus brillante, mieux
préparée et capable!» Mais Brian Kemp possède une arme fatale. En tant que
secrétaire d'État, il est responsable de l'organisation du scrutin. Un avantage
auquel il refuse de renoncer en démissionnant, quitte à être juge et partie.
Ainsi, il peut appliquer avec
zèle une politique dite «de correspondance exacte», selon laquelle toute
personne dont le nom ou l'adresse dévie même d'un iota des registres de la
sécurité sociale ou du permis de conduire est rayée des listes électorales.
Quelque 53.000 inscrits viennent ainsi d'être mis «en suspens», sous
réserve de prouver leur droit de voter le jour du scrutin.
«L'intention de cette loi est de
limiter la participation des minorités, qui sont plus démocrates», affirme Alan
Abramowitz. L'Associated Press, qui a analysé la liste des «suspendus», y a
trouvé 70 % d'Afro-Américains, alors qu'ils ne représentent que 32 %
de la population - et 80 % de minorités avec les Latinos et les
Asiatiques. Cette mesure succède à la «purge», l'an dernier, de 670.000 noms
des listes électorales, «un processus de mise à jour mené agressivement par les
républicains», selon le politologue.
Facteur racial
La Géorgie est en outre l'un des
rares États à utiliser un système de vote électronique sans aucune trace
papier, rendant impossible un recompte des voix. En dépit de tentatives de
piratage dans trois comtés, le secrétaire d'État refuse les fonds fédéraux pour
renforcer la cybersécurité du scrutin…
En butte au système, Stacey
Abrams doit aussi surmonter le facteur racial, qui «joue ici un rôle
considérable», souligne le professeur Abramowitz: les sondages promettent
75 % du vote blanc à Kemp et 92 % du vote noir à Abrams - le
premier pesant deux fois plus lourd que le second. «La ligne de fracture est
très claire, estime Cliff Albright. Le vote blanc est aligné derrière Donald
Trump.» Pas totalement, assure Martha: «La couleur de peau de Stacey Abrams ne
fait pas peur aux Blancs éduqués.» L'émergence - ou pas - d'un «nouveau Sud» le
dira.
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Correspondant à Washington
«En Nouvelle-Calédonie, le multiculturalisme rend impossible
la construction d'une identité nationale»
FIGAROVOX/ANALYSE - Dimanche, les
habitants de Nouvelle-Calédonie seront consultés par référendum pour dire s'ils
souhaitent que ce territoire d'Outre-Mer français prenne son indépendance. Mais
pour le géographe Laurent Chalard, la multiplicité des cultures présentes sur
l'archipel est un obstacle de poids pour l'indépendance.
Laurent Chalard est géographe
à l'European Centre for International Affairs. Retrouvez-le surson blog personnel.
Comme la Polynésie Française, la
Nouvelle-Calédonie présente une situation géopolitique spécifique, très
différente des autres territoires d'Outre-Mer, car elle figure sur la liste de
l'ONU, définie en 1946 et actualisée régulièrement, des 17 territoires non
autonomes, c'est-à-dire dont la population ne s'administre pas par elle-même,
qui sont donc considérés comme étant à «décoloniser».
En effet, c'est un territoire
annexé par la France en 1853 au moment de son expansion coloniale, qui n'était
alors habité que par un peuple indigène, les Kanaks, et dans lequel une
colonisation de peuplement s'est ensuite mise en place, que l'historien
Frédéric Angleviel considère comme la plus importante menée par l'État français
derrière l'Algérie. Il s'ensuit que, quelles que soient les positions des uns
ou des autres concernant le devenir de ce territoire, le référendum
d'autodétermination est complètement légal, légitime et incontestable, d'autant
plus qu'il a été acté à l'issue de violences entre les deux principales
communautés de l'archipel, qui avaient atteint leur paroxysme en 1988 avec
l'attaque de la gendarmerie de Fayaoué et la prise d'otages de la grotte
d'Ouvéa. Ces dernières avaient fait un total de 25 victimes, 19 militants kanaks
et six gendarmes français.
La création d'une identité
nationale s'avère extrêmement complexe car sa perception est très variable
selon les groupes ethniques.
Au premier abord, on pourrait
donc penser que le oui à l'indépendance devrait l'emporter dimanche,
s'inscrivant dans le sens de l'histoire: un peuple indigène perçu comme opprimé
par une puissance colonisatrice très lointaine, située à 16 900 kilomètres. Or,
sauf surprise de taille, ce scénario semble peu probable, étant donné les
sondages qui prévoient 60 % d'intention de vote pour le non et
l'appel des indépendantistes radicaux à boycotter le scrutin. Une question se
pose alors: pourquoi l'indépendance ne va pas de soi pour les habitants d'un
territoire qui bénéficie de ressources économiques largement appréciables, que
ce soit le nickel (dont elle est le sixième producteur mondial) ou le tourisme
(au potentiel de développement considérable grâce à sa relative proximité du
marché de clientèle de l'Australie et de l'Asie Orientale), lui permettant
d'espérer de conserver un niveau de vie raisonnable, une fois acquise sa
séparation de la puissance tutélaire? La réponse se situe dans les
caractéristiques démographiques de ce territoire. Pour espérer gagner un
référendum d'auto-détermination, il faut que la population autochtone, en
l'occurrence les Kanaks, constitue une large majorité du corps électoral et que
son projet national soit partagé par le plus grand nombre. Or, le contexte de
multiculturalisme de la société néo-calédonienne obère fortement les
perspectives, à court comme à plus long terme, d'une indépendance.
S'il est convenu de diviser la
population néo-calédonienne en deux grands groupes ethniques aux intérêts
divergents, les descendants des colons européens, les «Caldoches», et les
«Kanaks», peuple indigène, dans les faits la situation est plus complexe,
puisqu'environ un quart des habitants de l'archipel n'appartient à aucune des
deux communautés. Nous sommes donc face à une situation typique de
multiculturalisme, où la création d'une identité nationale s'avère extrêmement
complexe car sa perception est très variable selon les groupes ethniques.
Le premier groupe, les «Kanaks»,
qui constitue le peuple autochtone, ne représente que 39,1 % de la population
au recensement de 2014, soit bien loin de la majorité. Ayant des liens très
distendus avec l'Hexagone, perçu comme un colonisateur qui n'a pas hésité à
user de la violence par le passé pour faire régner l'ordre, et dont il ne
connaît guère le pays d'origine, même si les voyages d'étudiants kanaks vers la
métropole ont progressé au cours des dernières décennies, les Kanaks sont largement
partisans de l'indépendance. Sous la houlette du Front de libération nationale
kanak et socialiste (FLNKS), ils souhaitent une Nouvelle-Calédonie qui renoue
avec ses racines, magnifiées dans le centre culturel Tjibaou, percevant les
cultures amenées par les autres populations, «Européens» et «autres minorités
ethniques», comme non légitimes. Selon le programme politique kanak, dans le
nouvel État indépendant, la place accordée aux autres ethnies peuplant
l'archipel serait très marginale, puisqu'ils ont appelé à le diriger. Or, pour
assurer le succès de leur projet d'État indépendant, les Kanaks se devraient de
négocier un projet national avec au moins une des deux autres composantes
ethniques de l'archipel.
» LIRE AUSSI - Nouvelle-Calédonie:
ce qu'il faut savoir sur le référendum
Le second groupe, les
«Européens», rassemble 27,2 % de la population en 2014, auxquels il faut
ajouter la majorité des personnes se déclarant comme «Calédoniens» au
recensement, soit 8,7 % de la population en 2014. Arrivés en plusieurs vagues
migratoires successives depuis le rattachement de l'archipel à la France, ils
sont très attachés à la France Métropolitaine, dont ils partagent pleinement la
culture et qu'ils fréquentent régulièrement, en particulier lors de leurs
études supérieures. Pour eux, la perspective de l'indépendance paraît
inenvisageable, pas tant pour des raisons de viabilité économique que par peur
d'un État qui serait dominé par les Kanaks, remettant potentiellement en cause
leur position économique et sociale dominante dans l'archipel. Ils ont en
mémoire les nombreux épisodes de décolonisation, qui se sont terminés par le
départ contraint et forcé des anciens colons, même si leur famille était présente
sur le territoire depuis plusieurs générations. Étant minoritaires, la
stratégie des «Caldoches» vise à s'allier avec les autres minorités ethniques
pour contrer la puissance démographique kanake, tout en essayant d'amadouer une
partie de cette dernière communauté.
La Nouvelle-Calédonie est un
exemple singulier d'une problématique qui se généralise à l'échelle de la
planète : l'hétérogénéisation du peuplement.
Le troisième groupe ethnique, qui
ne comprend pas moins de 25 % de la population, n'en est pas un au sens premier
du terme, se caractérisant par sa grande hétérogénéité, mais en forme un par
défaut, celui des «autres minorités ethniques». Ces communautés bigarrées, originaires
d'autres territoires d'Océanie (Wallis et Futuna, Tahiti, Vanuatu) ou d'États
d'Asie du Sud-Est (Indonésie, Vietnam, Chine), n'adhèrent que minoritairement
au projet indépendantiste, qui leur paraît trop «nationaliste», les Kanaks
radicaux dénonçant aussi bien la colonisation européenne que celle des
Wallisiens ou autres minorités, qu'elles rendent complices d'un complot
«caldoche» visant à les minoriser perpétuellement. Il s'ensuit un attachement
au lien tutélaire avec la France, mais il s'inscrit plus dans un contexte
d'identité culturelle d'une France d'Outre-Mer (à Wallis et Futuna pour des
raisons évidentes) que de la France métropolitaine. Rester au sein de la
France, c'est maintenir le contact avec le reste de l'Outre-Mer où résident des
parents et se préserver des dérives nationalistes kanakes.
Finalement, en Nouvelle-Calédonie,
comme dans d'autres régions du monde, dans un contexte de multiculturalisme
affirmé, il apparaît compliqué de faire partager une identité nationale commune
à un ensemble de populations aux cultures et intérêts divergents. La vision
traditionnelle défendue par les Kanaks, un État équivaut à une nation, en
l'occurrence celle «indigène», peut difficilement faire consensus auprès des
autres communautés. D'une certaine manière, la Nouvelle-Calédonie est un
exemple singulier d'une problématique qui se généralise à l'échelle de la
planète, avec la multiplication des migrations internationales, à l'origine
d'une hétérogénéisation du peuplement dans de nombreux pays, source de tensions
concernant les éléments constitutifs de leur identité nationale.
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Nouvelle-Calédonie, un archipel multiculturel
La Nouvelle-Calédonie, un archipel multiculturel
INFOGRAPHIE - L'archipel
calédonien que le président Macron visite en ce moment et qui décidera de son
avenir le 4 novembre prochain n'est pas habité que par les Kanaks et les
«Caldoches». Un tiers de la population se réclame d'autres communautés.
À Nouméa
«Deux couleurs, un seul peuple.»
C'est le slogan prôné depuis plus d'un demi-siècle par le parti indépendantiste
Union calédonienne. Dans les débats, cette image d'une Calédonie à deux visages
est largement véhiculée, avec d'un côté les Kanaks, peuple autochtone depuis
4 000 ans, de l'autre les «Européens», incluant aussi bien les «Caldoches»
vivant sur le «Caillou» depuis plusieurs générations que les Métropolitains,
arrivés plus récemment sur le territoire.
Mais les chiffres du dernier recensement *
contredisent cette vision binaire de la société calédonienne. En 2014,
39,05 % des habitants se sont déclarés kanaks et 27,2 % européens.
Les 33,75 % restants se sont réclamés d'autres communautés, notamment
vietnamienne ou indonésienne, présentes depuis 120 ans sur le territoire,
mais aussi wallisienne et futunienne, tahitienne, ni-Vanutu…
Michel Fongue, le président de
l'amicale de la communauté chinoise, a rappelé cette réalité à Manuel Valls et
Christian Jacob, lors de leur visite en février dans le cadre de la mission
d'information sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Pour ce Tahitien aux
ancêtres chinois, ces 33,75 % «sont une majorité silencieuse dont on ne
parle pas du tout» et qui «n'est pas représentée dans le G10», le groupe
politique - devenu G8 - chargé de préparer l'avant et
l'après-référendum. «C'est comme si, en France, sur les 66 millions
d'habitants, on excluait 21 millions de Français!» a-t-il déclaré, avant
de souligner qu'il n'y avait «aucune majorité ethnique sur ce territoire».
Depuis 1963, les Kanaks sont en
effet devenus minoritaires en Nouvelle-Calédonie. Si ce «pur loyaliste»
souhaite rester dans la France, parce qu'«elle a permis à la population
calédonienne de s'émanciper», il estime «tout à fait légitimes» les «revendications
indépendantistes».
«Certains leaders
indépendantistes voudraient limiter le droit de vote aux seuls Kanaks, mais, en
cherchant bien, beaucoup de Calédoniens ont des origines mélanésiennes, eux
aussi»
Jean-Pierre Aïfa, descendant
d'Algériens condamnés au bagne
Après les Kanaks et les
Européens, les Wallisiens et Futuniens représentent la plus forte proportion de
la population (8,1 %). L'immigration de cette communauté de tradition
loyaliste fut longtemps encouragée par la droite locale pour contrecarrer le
vote indépendantiste. Mais une minorité, comme Arnaud Chollet-Léakava,
39 ans, adhère aux thèses indépendantistes. «Comme les Kanaks, nous sommes
français depuis 150 ans, mais océaniens depuis plusieurs milliers
d'années. Même si des progrès ont été faits, nous partageons les mêmes
conditions sociales et enregistrons le même échec scolaire», constate le
secrétaire général du RDO, le Rassemblement démocratique océanien, qui a
rejoint, il y a vingt ans, les rangs du FLNKS.
Autre donnée intéressante: 8,7 %
des habitants affirment être calédoniens ou n'appartenir à aucune communauté
précise, à l'image de Jean-Pierre Aïfa, descendant d'Algériens condamnés au
bagne. «Le métissage est une réalité dont on ne parle pas assez en
Nouvelle-Calédonie, signale celui qui fut secrétaire général de l'Union
calédonienne de 1971 à 1977 aux côtés de Jean-Marie Tjibaou, avant que le parti
ne change de cap et n'opte pour l'indépendance. Certains leaders
indépendantistes voudraient limiter le droit de vote aux seuls Kanaks, mais, en
cherchant bien, beaucoup de Calédoniens ont des origines mélanésiennes, eux
aussi.»
* L'exception calédonienne
permet defaire état de la «communauté d'appartenance» lors des recensements,
etce depuis la Seconde Guerre mondiale.
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Ado blessé par un tir de lanceur de balle à Rennes: la
famille porte plainte
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 03/11/2018 à 19h56 | Publié le 03/11/2018 à 19h51
Une plainte a été déposée
vendredi par la famille d'un adolescent de 15 ans gravement blessé par un tir
de lanceurs de balle de défense (LBD) mercredi soir à Rennes alors qu'il
lançait des projectiles en direction de policiers, a rapporté une source
judiciaire ce samedi.
La mère a déposé plainte pour
violence avec arme par un dépositaire de l'autorité, a précisé le parquet de
Rennes. L'adolescent a été blessé à la tempe et s'est vu prescrire 30 jours
d'interruption totale de travail (ITT) par un médecin légiste, selon le
parquet. Il souffre de "blessures importantes", notamment d'un
hématome et d'une fracture, mais l'oeil n'est pas atteint.
Le parquet de Rennes a ouvert
deux enquêtes distinctes sur ces faits, intervenus dans le quartier sensible de
Villejean, à Rennes, lors
de la soirée d'Halloween. La première enquête, confiée à la sûreté
départementale, vise "à faire la lumière sur les violences commises contre
les policiers", selon le parquet qui a précisé qu'un policier avait été
"légèrement blessé au visage" par un projectile.
La deuxième enquête, confiée à
l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), vise "à déterminer
les circonstances exactes de ces blessures que le jeune a subies et à vérifier
si l'usage de l'arme est conforme aux conditions légales du recours à la force
par les policiers". Treize voitures et une vingtaine de poubelles ont été
incendiées dans différents quartiers de l'agglomération, lors de la soirée
d'Halloween, entre 18H00 et 02H00 du matin, selon la préfecture.
Espagne : démantèlement d'un gang dirigé par un financier des
attentats du 11 septembre
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 03/11/2018 à 13h05 | Publié le 03/11/2018 à 12h48
La police espagnole a
annoncéaujourd'hui le démantèlement d'un gang spécialisé dans la
reproduction de fausses cartes de crédit et dirigé par un ressortissant
algérien qui avait été incarcéré pour avoir aidé au financement de l'attentat
du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Dix-neuf personnes ont été
arrêtées à Madrid. Elles fabriquaient de fausses cartes de crédit après avoir
recueilli sur le darknet les coordonnées d'utilisateurs, telles que leur code
pin, en les transférant sur d'autres cartes, a précisé la police espagnole dans
un communiqué. Les faussaires pouvaient alors retirer des espèces depuis des
distributeurs ou procéder à des achats dans des magasins, a-t-on ajouté de même
source.
Le même procédé utilisé pour
financer les attentats du 11 septembre
Le chef du gang, un Algérien de
49 ans dont l'identité n'a pas été rendue publique, avait eu recours au même
procédé pour aider au financement de l'attentat du 11 septembre 2001 aux
Etats-Unis, qui a coûté la vie à près de 3000 personnes. Une porte-parole de la
police a indiqué que l'homme avait été jugé et condamné en Espagne mais elle
n'a pas été en mesure de préciser combien de temps il était resté derrière les
barreaux avant d'être libéré. Il opérait cette fois-ci pour son propre
bénéfice, a ajouté toutefois la porte-parole.
Un procès de masse de personnes
soupçonnées d'avoir été impliquées dans l'attentat du 11 septembre 2001 s'était
tenu en 2005 en Espagne. Vingt-quatre personnes accusées de faire partie d'Al
Qaida avaient comparu avec des mesures de sécurité draconiennes. Dix-huit
d'entre elles avaient été incarcérées. Il n'était pas possible dans l'immédiat
de préciser si le chef algérien de ce gang figurait alors parmi les condamnés
ou s'il avait été jugé séparément.
Agression d'un policier dans le Var : 2 ados présentés à un
juge
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 03/11/2018 à 14h10 | Publié le 03/11/2018 à 12h59
Deux adolescents de 16 et 17 ans
soupçonnés d'être impliqués dans l'agression d'un policier toulonnais jeudi
devant son domicile à Hyères (Var), doivent être présentés à un juge
d'instruction aujourd'hui, a appris l'AFP de source judiciaire.
Les deux mineurs doivent passer
devant le juge d'instruction à l'issue de leur garde à vue, pour une possible
mise en examen, puis devant le juge des libertés et de la détention (JLD). Le
parquet demandera leur incarcération, a précisé cette source.
Une ITT de cinq jours
Jeudi à l'aube, alors qu'il
rentrait du travail, le policier avait surpris deux personnes en train de
casser sa voiture. "Il a alors fait connaître sa qualité de policier, ce
que les mis en cause ne semblaient pas ignorer", avait précisé le parquet
soulignant qu'ils l'auraient "reconnu".
>> Lire aussi - Hyères: un policier agressé devant chez lui
Une bagarre s'en est suivie au
cours de laquelle l'un des deux agresseurs a appelé le concours d'autres
personnes - une dizaine au total - qui sont venues leur prêter main forte. Le
policier s'est vu accorder une interruption de travail de cinq jours.
Le lendemain, le secrétaire
d'État auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait dénoncé des
"faits très graves".
LIRE AUSSI :
Drôme: 20 clandestins pakistanais interceptés
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 02/11/2018 à 18h31 | Publié le 02/11/2018 à 18h24
Un véhicule immatriculé en Italie
transportant 20 clandestins pakistanais a été contrôlé aujourd'hui dans la
Drôme et son conducteur, un Italien soupçonné d'être leur passeur, a été placé
en garde à vue, selon le parquet de Valence.
Le passager avant de cette
camionnette, de nationalité indienne, a également été placé en garde à vue pour
"aide à l'entrée et au séjour irréguliers sur le territoire
national", a précisé le procureur de la République, Alex Perrin. Vingt
personnes d'origine pakistanaise sans titre de séjour, dont quatre mineurs,
étaient transportées dans la partie arrière du véhicule, dépourvue de fenêtre
et fermée par un cadenas. Les gendarmes du peloton autoroutier départemental
l'ont contrôlé ce matin alors qu'il était arrêté sur la bande d'arrêt d'urgence
de l'A7 à Montboucher-sur-Jabron, apparemment tombé en panne. "Les
premiers éléments de l'enquête laissent penser que le chauffeur et son passager
seraient des passeurs. Ils ont été placés en garde à vue. Les autres personnes
ont été placées en rétention administrative et font l'objet d'une procédure
d'obligation de quitter le territoire par la préfecture", a indiqué le
procureur. Circulant dans le sens nord-sud, le véhicule serait entré sur
l'autoroute à Vienne, en provenance d'Italie, selon la même source.
Démantèlement d'une équipe dévalisant des touristes
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 02/11/2018 à 18h23 | Publié le 02/11/2018 à 18h21
Ils ciblaient les groupes de
touristes asiatiques séjournant dans des hôtels de région parisienne: une
équipe de malfaiteurs "extrêmement mobile" mise en cause dans huit
vols violents a été démantelée cet automne, a appris l'AFP aujourd'hui de
sources concordantes.
» LIRE AUSSI - Tourisme
: vers un record de recettes pour la France en 2018
Cinq hommes âgés de 21 à 28 ans
ont été mis en examen, dont quatre ont été incarcérés, a indiqué le parquet de
Pontoise. Ils ont été interpellés en septembre et octobre par des gendarmes de
la section de recherches de Versailles et du groupement du Val-d'Oise.
Originaires de Seine-Saint-Denis, ils sont suspectés de s'être
"spécialisés" dans les agressions de touristes aux abords des hôtels,
en particulier dans la zone de l'aéroport de Roissy, a détaillé une source
proche de l'enquête.
A l'été 2018, plusieurs groupes
de touristes asiatiques - réputés voyager avec d'importantes sommes en liquide
- sont ainsi agressés dans plusieurs départements de région parisienne, selon
cette source. Fin août, les gendarmes interceptent une voiture désertée par ses
occupants qui viennent de commettre une agression. Les enquêteurs remontent la
trace d'une "équipe extrêmement mobile" qui utilise des véhicules
volés, précise la source proche de l'enquête. Huit agressions de touristes lui
sont imputées, pour un préjudice de "plusieurs dizaines de milliers
d'euros".
Les hôtels proches de Roissy
comme les axes routiers entre l'aéroport et Paris sont régulièrement le théâtre
d'agressions visant les biens de valeur transportés par les touristes. En
août 2016, l'agression d'un car de Chinois, détroussés devant leur hôtel,
avait accentué en Chine l'image d'une France à la sécurité défaillante.
Allemagne : un élu sauve un adversaire politique
Par Le Figaro.fr - Mis à jour le
03/11/2018 à 11h44 | Publié le 03/11/2018 à 11h14
Toute la presse allemande en
parle. Mercredi, lors d'une réunion d'un comité de santé à Düsseldorf
(Rhénanie-du-Nord-Westphalie), un député social-démocrate (SPD) d'origine kurde,
élu au Parlement de ce Land du nord-ouest de l'Allemagne, a sauvé un
collaborateur du parti d'extrême droite Alternativ für Deutschland (AfD).
En pleine réunion, ce dernier
s'est levé, a marché quelques mètres puis s'est effondré. Serdar Yüksel a alors
pris les choses en main. Celui qui a travaillé pendant quinze ans comme
infirmier en soins intensifs avant de se lancer en politique a pratiqué un
massage cardiaque et organisé les secours, avec l'aide d'une autre élue du
parti libéral-démocrate FDP.
"Je n'ai fait que mon
devoir"
"L'homme serait mort s'il
n'avait pas été secouru immédiatement", mais "je ne suis pas un
héros, je n'ai fait que mon devoir", a témoigné Serdar Yüksel dans
le Frankfurter Allgemeine . "Dans les situations
d'urgence, les gens doivent s'entraider. Peu importe les préférences politiques
ou de parti!", a-t-il insisté.
L'élu en a profité pour appeler
ses concitoyens à rafraîchir leurs connaissances en matière de secourisme.
"C'est un des plus beaux cadeaux de la vie de pouvoir aider un homme dans
le besoin. D'autant plus qu'il peut toujours s'agir d'un proche", a-t-il
estimé.
Essonne : une ado de 13 ans mise en examen
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 03/11/2018 à 11h09 | Publié le 03/11/2018 à 11h05
Une adolescente de 13 ans,
soupçonnée d'avoir jeté de l'acide sur un policier le soir d'Halloween à
Montgeron (Essonne), le blessant légèrement à la main, a été mise en examen
hier, a appris aujourd'hui l'AFP auprès du parquet d'Evry. Deux autres
adolescentes qui avaient été interpellées ont également été remises en liberté
avec un simple rappel à la loi.
>> Lire aussi - Nuit d'Halloween : 116 interpellations partout en France
Le jeune fille de 13 ans a été
mise en examen par le juge des enfants pour "violences volontaires sur
personne dépositaire de l'autorité publique avec arme", a précisé cette
même source, confirmant une information du Parisien. "Elle a
été remise en liberté surveillée préjudicielle et devra faire l'objet d'un
suivi éducatif avec des éducateurs", a détaillé le parquet.
Concrètement, étant donné le
jeune âge de l'adolescente, elle devra comparaître devant un juge des enfants
mais ne pourra faire l'objet d'une condamnation pénale. Des sanctions
éducatives pourront toutefois être prononcées à son encontre, explique la
source.
Une nuit particulièrement
agitée en Essonne
Les faits remontent à la nuit de
mercredi à jeudi à Montgeron. Trois jeunes, le visage masqué, tentent de
pénétrer de force dans une épicerie. Une patrouille de police présente dans le
secteur intervient et un policier est légèrement blessé à la main. "Il a
été légèrement brûlé par de l'acide, mais cela ne l'a empêché de poursuivre son
service", selon une source policière à l'AFP.
La nuit d'Halloween a été
émaillée d'incidents dans ce département de banlieue parisienne. Au total, en
France, plus d'une centaine de personnes ont été interpellées en marge de la
fête, un chiffre toutefois inférieur aux années précédentes, selon le ministère
de l'Intérieur.
LIRE AUSSI :
Pakistan : l'avocat d'Asia Bibi quitte le pays, craignant
pour sa vie
Par Le Figaro.fr - Mis à jour le
03/11/2018 à 08h03 | Publié le 03/11/2018 à 08h00
L'avocat qui a sauvé la
Pakistanaise chrétienne Asia
Bibi d'une pendaison pour blasphème, Saif-ul-Mulook, a quitté le pays
samedi, déclarant craindre pour sa vie après des menaces d'islamistes radicaux.
» LIRE AUSSI - L'affaire
Asia Bibi déstabilise le Pakistan
Saif-ul-Mulook était le défenseur
d'Asia Bibi dans l'affaire qui lui a valu de passer près de dix ans dans
le couloir de la mort avant d'être acquittée mercredi par un verdict de la Cour
suprême qui a provoqué la fureur des milieux extrémistes musulmans.
Ceux-ci sont descendus dans les
rues, paralysant
une grande partie du pays pendant trois jours, avant qu'un accord y mettant
fin ne soit conclu dans la nuit de vendredi à samedi entre les autorités et les
manifestants.
"Dans le scénario actuel, il
ne m'est pas possible de vivre au Pakistan, a déclaré l'avocat à l'AFP avant
d'embarquer à bord d'un avion tôt samedi. J'ai besoin de rester en vie car je
dois poursuivre la bataille judiciaire pour Asia Bibi". Le sexagénaire ne
s'est vu accorder aucune protection rapprochée après le verdict en faveur de sa
cliente.
La réaction violente des
extrémistes au jugement était selon lui "malheureuse mais pas
inattendue".
Pakistan: troisième jour de manifestations anti-Asia Bibi
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 02/11/2018 à 18h19 | Publié le 02/11/2018 à 18h14
Le Pakistan demeurait aujourd'hui
en grande partie paralysé par des islamistes protestant contre l'acquittement
de la chrétienne Asia Bibi, bien que la
puissante armée les ait appelés à ne pas abuser de sa patience.
» LIRE AUSSI - Pakistan
: la chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème, finalement
acquittée
Tous les grands axes et
autoroutes du pays étaient fermés au trafic aujourd'hui, tandis que la
circulation apparaissait réduite sur les routes secondaires, beaucoup de gens
ayant préféré rester chez eux. De nombreux commerces et écoles sont restés
fermés et le réseau mobile est resté coupé une bonne partie de la journée dans
les grandes villes. Plusieurs groupes religieux avaient appelé à des
manifestations aujourd'hui après la prière pour protester contre l'acquittement
mercredi de la
chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort en 2010 pour blasphème, un sujet très
sensible au Pakistan.
L'atmosphère a été encore
alourdie dans la soirée par l'annonce de l'assassinat d'un influent mollah
octogénaire, Sami ul-Haq, connu pour ses ses liens étroits avec les talibans
afghans et dont le parti est un allié de celui du Premier ministre Imran Khan.
Ce dernier a condamné le meurtre depuis Pékin, où il se trouve en visite
officielle, et ordonné une enquête, selon ses services. A Islamabad, quelque
5000 personnes se réclamant de partis religieux s"étaient rassemblées dans
l'après-midi, appelant à la pendaison d'Asia Bibi et des juges qui l'ont
acquittée, qualifiés eux aussi de "blasphémateurs", a constaté l'AFP.
"Libérer Asia est un premier pas vers une abrogation de la loi sur le
blasphème au Pakistan. L'Occident a toujours essayé de modifier cette loi mais
nous résisterons", a lancé un orateur devant la foule. La plupart des
rassemblements sont menés par le parti radical Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP),
connu pour sa ligne particulièrement dure en matière de blasphème.
Des négociations hier avec les autorités
se sont soldées par un échec, a déclaré l'un de leurs chefs de file, Pir Afzal
Qadri. "Nos négociations sont au point mort et ils ont menacé de nous
tuer. Nous avons décidé de rester sur place et aucune menace ne nous effraiera",
a-t-il dit dans la nuit, selon une vidéo visible sur le site du parti.
LIRE AUSSI -
Pakistan: assassinat d'un influent mollah proche des talibans
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 02/11/2018 à 17h26 | Publié le 02/11/2018 à 17h22
Le mollah pakistanais Sami
ul-Haq, connu pour ses liens étroits avec les talibans afghans, a été assassiné
aujourd'hui par des inconnus, a-t-on appris auprès de sa famille et de
sources officielles.
L'influent mollah octogénaire,
qui était surnommé le "père des talibans" résidait dans la ville de
Rawalpindi (centre). Il dirigeait de longue date l'école coranique de Dar-
ul-uloom Haqqania dans l'ouest du Pakistan, qui avait jadis accueilli dans ses
rangs l'ex-chef des talibans afghans, le Mollah Omar, et l'ancien leader du
réseau Haqqani, Jalaluddin Haqqani. "Des assaillants inconnus ont tué le
Maulana Sami ul Haq à son domicile", a déclaré Umar Jahangir, un haut
responsable du gouvernement aux médias d'Etat pakistanais. Le meurtre a été
confirmé sur la chaîne GEO TV par le fils du mollah, Hamid Ul-Haq, selon qui
les assaillants ont d'abord poignardé la victime avant d'ouvrir le feu sur
elle. Son parti a également confirmé le meurtre.
Sami ul-Haq faisait partie des
négociateurs lors de pourparlers de paix entre le mouvement taliban pakistanais
(TTP) et les autorités pakistanaises en 2014, qui avaient donné lieu à un
cessez-le-feu avant de finalement échouer. Ce meurtre intervient alors que le
Pakistan est depuis trois jours en partie paralysé par des manifestations
d'islamistes radicaux protestant contre l'acquittement par la Cour suprême de
la chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort en 2010 pour blasphème.
Enquête ouverte après une agression homophobe envers une
femme
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à
jour le 02/11/2018 à 12h41 | Publié le 02/11/2018 à 12h39
Une enquête a été ouverte après
la plainte d'une femme disant avoir été victime d'une agression à caractère
homophobe mercredi soir parce qu'elle embrassait sa compagne à un arrêt de bus
à Paris, selon des sources concordantes, confirmant une information de
franceinfo. Selon une source policière, cette femme née en 1972 embrassait son
amie lorsqu'un homme a tiré les cheveux de cette dernière. Pour connaître les
raisons de son geste, elle a alors poursuivi cet individu, qui lui a donné un
coup de poing, entraînant 21 jours d'interruption totale de travail (ITT).
L'enquête a été ouverte pour "violences commises à raison de l'orientation
sexuelle dans un lieu destiné à l'accès à un transport collectif de voyageurs
ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours", a précisé une source
judiciaire.
» LIRE AUSSI - Lutte
contre l'homophobie: le gouvernement mobilisé
Les investigations ont été
confiées au Service de l'accueil et de l'investigation de proximité (SAIP) du
IXe arrondissement, où ont eu lieu les faits. Le 21 octobre, quelque 3.000
personnes s'étaient rassemblées à Paris pour dénoncer une série d'agressions
homophobes dans la capitale ces dernières semaines. Plusieurs membres du
gouvernement étaient présents à ce rassemblement organisé à l'appel
d'associations. Lundi, le président Emmanuel Macron avait dénoncé sur Twitter
ces agressions comme "indignes de la France", et annoncé de futures
"mesures concrètes", sans en préciser le contenu.
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