Valls :
«Les candidats de la France Insoumise se compromettent avec les islamistes»
Invité ce mardi matin sur BFM-TV, l'ancien premier ministre
a chargé son adversaire Farida Amrani, qui conteste son élection dans
l'Essonne.
Manuel Valls a de nouveau attaqué le mouvement de Jean-Luc
Mélenchon. «Je pense que les candidats de la France Insoumise se compromettent
avec les islamistes», a-t-il lâché ce mardi matin sur BFM-TV. Il a martelé
qu'«ils sont dangereux pour une certaine vision de la République, pour cette
République forte, pour une certaine idée de la France».
Déjà, dans
une interview à Libération la semaine dernière,
l'ancien premier ministre accusait le parti de se compromettre «avec l'islam
politique voire avec les islamistes». Il faisait ainsi référence à son
adversaire aux élections législatives dans l'Essonne, la candidate de la France
Insoumise Farida Amrani, à qui il reproche ne n'avoir «rien dit» après avoir
reçu le soutien pour le second tour du polémiste Dieudonné, condamné pour
incitation à la haine.
Des précédents
Sa victoire de justesse - 139 voix d'avance - est contestée
devant le conseil constitutionnel par son adversaire de la France insoumise.
«Je ne voulais pas laisser cette circonscription dans la main de gens que je
considère dangereux pour notre démocratie et pour la République. La campagne
qui a été menée contre moi, au nom des idées que je défendais, la République,
la laïcité, l'égalité entre les hommes et les femmes, était un projet
dangereux», insiste-t-il.
Les députés de la France Insoumise n'ont pas tardé à réagir.
La députée FI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a dénoncé ces propos sur
Twitter: «Amalgames, mensonges et calomnies, toujours sur le même thème.
Honteux».
Manuel Valls avait déjà attaqué Clémentine Autain. En mai
2016, il l'avait accusée d'«islamo-gauchisme» pour
évoquer ses «discussions» avec Tariq Ramadan. Cette dernière, démentant avoir
rencontré l'islamologue controversé, avait menacé de porter plainte.
Adrien Quatennens, député FI dans le Nord, a lui qualifié
Manuel Valls de «minable» et d'«homme seul condamné à jouer de la grosse caisse
pour qu'on l'entende».
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«Dans la
hiérarchie des races du XIXe siècle, les Kanaks étaient au bas de l'échelle»
INTERVIEW - Sarah Mohamed-Gaillard, maître de conférences
spécialiste de la politique de la France en Océanie, revient sur les raisons
qui ont conduit à la conquête de la Nouvelle-Calédonie et sur l'image qu'avait
alors l'archipel.
Qui étaient les premiers habitants de la
Nouvelle-Calédonie avant sa découverte par les Européens?
Les Kanaks se sont installés sur l'archipel environ un
millénaire avant notre ère avec la vague de peuplement austronésienne. Ces
populations sont parties d'Asie du Sud-Est. Elles ont glissé vers les
Philippines, la Papouasie, les îles Salomon, le Vanuatu, puis la
Nouvelle-Calédonie et les îles Fidji, Samoa, Tonga et enfin l'ensemble de la
Polynésie.
Quels ont été les premiers contacts avec les Occidentaux?
Le navigateur
britannique James Cook touche pour la première fois la
Nouvelle-Calédonie par le Nord en 1774. Il la baptise en référence aux paysages
de son Écosse natale. Dans la première partie du XIXe siècle, des santaliers et
des négociants à la recherche d'holothuries (les concombres de mer, NDLR)
fréquentent l'archipel et ses alentours. Ces richesses naturelles sont captées
par ces Occidentaux contre des tissus, des objets en fer, de l'alcool, des
armes et ensuite vendues sur le marché chinois. Les chefs kanaks qui acceptent
d'entrer en contact avec eux cherchent à gagner en prestige et en pouvoir. Des
missionnaires protestants britanniques arrivent ensuite sur la Grande Terre
(l'île principale, NDLR) en 1843 ainsi que sur les îles Loyauté quelques années
plus tard. Des prêtres catholiques français leur emboîtent le pas pour ne pas
leur laisser le champ libre.
La rade de l'actuel Nouméa, au XIXe siècle. - Crédits
photo : Rue des Archives/©Rue des Archives/PVDE
Qu'est ce qui a motivé l'établissement puis la prise de
possession de la Nouvelle-Calédonie?
Les missionnaires présents dans la région demandent à la
France de formaliser sa présence dans le Pacifique. Ils craignent de voir
l'Angleterre s'emparer de l'archipel calédonien. Les Britanniques ont déjà annexé
l'Australie, imposé leur souveraineté à la Nouvelle-Zélande, et placé Tahiti
sous protectorat. En outre, la marine française a besoin d'escales, pour se
ravitailler notamment en charbon. Le 24 février 1853, le contre-amiral Febvrier
Despointes hisse le drapeau français à Balade, au Nord de la Grande Terre. Dans
la seconde moitié du XIXe siècle, les chefferies kanakes vont se rebeller. En
représailles, l'armée mène des opérations dans les vallées pour tout détruire.
Cela a un impact démographique indéniable. Puis, en 1897, la France impose le
régime de l'indigénat qui cantonne les Kanaks dans des réserves, régule leurs
déplacements, leur impose des journées de corvées ainsi qu'un impôt.
Quelles images avaient les Européens des premiers Kanaks?
Les Kanaks sont à l'époque vus comme plus violents, moins
accueillants, dans un état de civilisation moins avancé que les Polynésiens
avec qui ils sont souvent comparés. On oppose alors le cannibale mélanésien à
la vahiné polynésienne. Les Européens diffusent l'idée que les habitants de
Nouvelle-Calédonie sont moins athlétiques, ont la peau plus noire et les
cheveux crépus, qu'ils vivraient sans chef. Dans la hiérarchie des races mise
en place au XIXe siècle, les Kanaks sont au bas de l'échelle.
À part les bagnards et les millitaires, qui étaient les
Français qui choisissaient de s'installer en Nouvelle-Calédonie?
À l'époque, à cause du bagne et de son éloignement
géographique, la Nouvelle-Calédonie a mauvaise réputation. Si des colons libres
s'installent, ils restent peu nombreux. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que
le gouverneur Paul Feillet, veut favoriser l'installation de «bonnes familles
travailleuses» pour créer des plantations de café. Le territoire continuant à
manquer de main-d'œuvre, ils recrutent en Indochine, Indonésie au Japon... Les
arrivées libres ne s'accélèrent que dans la seconde partie du XXe siècle, avec
le développement du nickel et l'installation de gens qui quittent l'Indochine,
l'Algérie, ou de métropolitains en quête d'un emploi. La population kanake
devient numériquement minoritaire dans les années 1970.
Sarah Mohamed-Gaillard est maître de conférences en
histoire contemporaine à l'Inalco et chercheuse au Cessma (Centre d'études en
sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques).
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