dimanche 2 décembre 2018

Immigration, djihad et grand remplacement 02.12.2018



Céline Verzeletti, Secrétaire Confédérale CGT, veut généraliser la grève pour intensifier la pression sur le gouvernement : «Nous allons essayer de généraliser la mobilisation, et en ce qui nous concerne, généraliser la grève, parce qu’à un moment donné, il va bien falloir arriver à bloquer, et bloquer la production, ça peut aussi aider à faire […]
Le JDD publie en exclusivité une vaste étude sur l’immigration en France, réalisée par l’Ifop en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et l’American Jewish Committee. Ce sondage révèle un durcissement de l’opinion française à l’égard de l’accueil d’étrangers dans le pays, même si un vif clivage gauche-droite persiste. Huit Français sur dix considèrent que notre […]
Dans le chaos et au milieu des gaz lacrymogène, la flamme du soldat inconnu est rallumée
Aujourd'hui s'est aussi déroulé une manifestation avec les Indigènes de la République, des islamistes et des élus de La France insoumise dont @Simonnet2 https://www.pscp.tv/w/1gqGvnPWOwzGB 

Une vidéo postée sur Facebook montre Stéphane Trompille, le député En Marche de la quatrième circonscription de l’Ain en pleine altercation avec des Gilets jaunes, vendredi soir, au péage d’Attignat.
Le député LREM de la 4ème circonscription de l'Ain Stéphane #Trompille en état d'ébriété face aux #giletsjaunes d'#Attignat !

Bravo aux citoyens qui ont su garder leur sang froid ......
LA préfecture du Puy-en-Velay en flamme
Tolle Demo gegen UN-Migrationspakt in Berlin mit knapp 5000 Teilnehmern, tollen Rednern und dem @COMPACTMagazin !#AfD #Poggenburg
Haut du formulaire
Les incidents à Paris sont-ils bénéfiques pour les gilets jaunes ?
Bas du formulaire
(…) Interrogé sur la revendication du pouvoir d’achat mise en avant par les gilets jaunes, Griveaux a répondu : «On ne parle pas du pouvoir d’achat des gilets jaunes, on parle du pouvoir d’achat des Français. Le pouvoir d’achat des Français, depuis le début de l’année, il a pris 3%, parce que nous avons supprimé […]
La CGT a « beaucoup de revendications communes » avec les « gilets jaunes », qui manifestent également samedi, a déclaré Philippe Martinez. « Droit au travail et à un revenu de remplacement pour tous les privés d’emploi », proclame la banderole en tête du cortège. A Paris, plus d’un millier de manifestants se sont […]
En ce jour de Sainte-Barbe, les pompiers de Cholet ont exprimé leur mécontentement. En cause, des problèmes d’effectif. La cérémonie de la Sainte-Barbe a tourné court à Cholet ce samedi 1er décembre. Il est 10 h 30 à la caserne de Cholet, lorsque celle-ci doit commencer. Des sapeurs pompiers tournent alors le dos aux élus, […]
Les migrants, comment en parler aux enfants ? Enquête au salon du livre de Montreuil Des ombres dans la ville, des images choquantes à la télévision, des discours politiques, des questions qui surgissent à l’école, dans la rue, à la maison… Comment parler des migrants aux enfants et aux ados ? Quel rôle le livre […]
Fdesouche est cité à 32:30 par Daniel Schneidermann (et encore à 36:30 par Alain Finkielkraut). On entend dire de tous côtés que l’époque que nous vivons a un air de déjà vu, un air d’entre deux guerres et de montée du fascisme. Qu’en est-il réellement ? Répliques aborde le sujet sans tabou. De nombreux livres […]
Un groupe de manifestants Gilets Jaunes a réussi à défiler dans les Champs Élysées avec une banderole : «Macron, arrête de nous prendre pour des cons !» – TF1, 20h Des pillards détruisent un restaurant et une boutique d’optique et se servent. D’autres saccagent une banque LCL et entrent dans les locaux. D’autres tentent d’entrer […]
Plusieurs axes autoroutiers sont bloqués et des manifestations sont organisées dans toute la France. Alors que des scènes de guérilla urbaine sont observées dans le centre de Paris ce samedi, la mobilisation des Gilets jaunes se poursuit aussi en région, où plus de 30000 d’entre eux ont été comptabilisés par les forces de l’ordre. Les […]
Le gouvernement danois de centre-droit continue de durcir son orientation anti-réfugiés et il a l’intention de loger à l’avenir sur une île les demandeurs d’asile déboutés ainsi que les étrangers tombés dans la délinquance. Un centre pour personnes tenues de quitter le pays doit être créé à partir de 2021 sur la petite île de […]
#LaurentNunez : "C'est l'image que je veux retenir, des gens qui sont extrêmement violents venus pour casser" #SoldatInconnu#GiletsJaunes #BFMTV #1erDecembre #ChampsElysees #ArcDeTriomphe #Paris #Marseillaise
Des «gilets jaunes» protègent la flamme du soldat inconnu https://bit.ly/2rclIF2 
FIGAROVOX.- Votre livre «Délivrez-nous du bien», évoque le titre L’empire du Bien de Muray. Est-ce voulu? Natacha POLONY.- Totalement. Philippe Muray faisait de l’anticipation mais aujourd’hui, tout ce qu’il décrivait prend vie. C’est un étonnant cauchemar. Comme dans les récits de Philippe Muray, des gens qui se croyaient jusqu’à présent à peu près corrects, dans […]
Pour cette historienne des mouvements sociaux, les «gilets jaunes» constituent un mouvement inédit dans sa forme et le symptôme «préoccupant» d’un délitement du cadre politique français. Quels sont les aspects inédits d’un mouvement comme celui des «gilets jaunes» en France? Jusqu’alors, l’émergence d’un grand mouvement devait s’appuyer sur des socles identifiés. À gauche, cela pouvait […]


Benoît Barret (Alliance) : « La lacrymo ça ne fait pleurer que les policiers » « C’est pas un coup de gueule, c’est une révolte » « On est au point de rupture »
Par Ex-Atlas le 02/12/2018
"Les collègues sont usés." Le coup de gueule d'un policier "au point de la rupture" après les violences à Paris.

En Afrique les femmes ont entre 4 et 5 fois plus de chances d’être tuées par leur compagnon ou un membre de leur famille qu’en Europe.
Par Ex-Atlas le 02/12/2018
(…)
« Elles sont aussi celles qui ont le plus de probabilité d’être tuées par leur compagnon ou des membres de leur famille (…) ce qui fait du domicile l’endroit le plus dangereux pour une femme« , a-t-il souligné. « Le fait que les femmes continuent à être victimes de ce type de violences davantage que les hommes dénote un déséquilibre dans les rapports de pouvoir entre hommes et femmes dans la sphère domestique ».
Selon les calculs du Bureau de l’ONU, le taux global de femmes victimes d’homicide s’élève à 1,3 victime pour 100.000 femmes. En outre, l’Afrique et les Amériques sont les régions du monde où les femmes ont le plus de risques d’être tuées par leur compagnon ou un membre de leur famille. En Afrique, le taux s’élève à 3,2 victimes pour 100.000 femmes, dans les Amériques 1,6, en Océanie 1,3 et en Asie 0,9. Le taux le plus bas est observé en Europe, où il s’élève à 0,7.
Selon le Bureau de l’ONU, « aucun progrès tangible » pour combattre ce fléau n’a été fait ces dernières années « en dépit de législations et de programmes développés pour éradiquer les violences contre les femmes ».
(…)


Zemmour, Soral, Fassin… «Ces idéologues qui poussent à la guerre civile»
Par perubu le 02/12/2018

Zemmour, Soral, Fassin… Obsédés à des degrés divers par l’identité, ils renvoient chacun à son origine ou à sa religion, divisant les Français.
Le marché du prêt-à-penser réactionnaire et identitaire étant en pleine expansion, l’époque s’annonce prospère pour ses petits boutiquiers ! Plus qu’une guerre civile, c’est une bataille idéologique et culturelle qu’ils mènent sur le terrain, en sabotant le débat public avec leurs bombes à fragmentation lente. Leurs poisons favoris : la xénophobie, l’antisémitisme, l’homophobie, l’anticapitalisme, le climatoscepticisme, le «décolonialisme», le suprémacisme, l’anarchie, l’islamisme, le nationalisme… Bref, les bricoleurs de l’identité sont partout. A l’extrême gauche ou à l’extrême droite, avec ou sans gilet jaune, avec ou sans religion, ils errent dans le paysage politique comme des artificiers fous en quête compulsive d’une mèche sociale à enflammer. Ils ne portent aucun projet de société et ne veulent surtout pas le pouvoir. Leur seule obsession, c’est de souffler sur les braises du conflit. […]
Créer des failles idéologiques. Chaque camp se nourrit de ce qu’il prétend combattre et encourage le camp adverse à se radicaliser. «Pour chaque livre d’Eric Zemmour vendu, c’est un ami décolonial de Rokhaya Diallo qui naît, résume l’ancien député socialiste Malek Boutih. Dans son délire identitaire, l’extrême gauche détruit de l’intérieur les structures de la gauche avec des idées comme le décolonialisme ou l’antiracisme raciste. Le même phénomène s’observe aussi avec l’extrême droite, qui sape les forces conservatrices de la droite traditionnelle.» La méthode est toujours la même : créer des failles idéologiques dans l’espoir de les transformer en fossés, puis en gouffres. Les autoentrepreneurs de l’identité profitent de la faiblesse structurelle des syndicats et des partis politiques, ils se faufilent dans les manifestations toujours prêtes à basculer dans la violence et savent utiliser mieux que personne les réseaux sociaux pour attaquer, diviser et faire croire à un effet de masse. […]


Gonesse (95) : la manifestation anti-dealers stoppée par…des dealers, « on est chez nous, c’est notre quartier, le trafic c’est une tradition »
Par Koba le 02/12/2018

Une manifestation était organisée ce samedi au cœur du quartier de la Fauconnière. Objectif, prendre la place des dealers au pied des immeubles. Raté.
(…) « On en a marre. Les jeunes traînent au pied des immeubles de midi à 23 heures pour dealer. Ma belle-fille ne veut plus que mes petits enfants, âgés de 16 ans et 20 ans, viennent me voir sans être accompagnés car a elle peur qu’on leur propose de la drogue… », s’indigne cette retraitée, l’une des rares locataires à avoir osé défier ce samedi les trafiquants.
Elle n’a pas le temps de finir sa phrase qu’une quinzaine de jeunes, capuches sur la tête, déboulent au pied de l’immeuble. « On ne va pas se laisser faire, on est chez nous, c’est notre quartier », lancent-ils avec agressivité. Le maire Jean-Pierre Blazy va à leur contact. La discussion tourne court. Ils ne sont pas là pour discuter mais pour récupérer le terrain qu’on leur a confisqué. En aparté, un jeune de 21 ans confie : « C’est une provocation. Nous, on est là tous les jours. Le trafic, ici, c’est une tradition, ça dure depuis des années. Et il y en aura toujours», lâche-t-il d’un ton désinvolte.
(…) Vers midi, le groupe de jeunes qui a fait irruption repart. L’un d’eux gaze plusieurs personnes avec une bombe au poivre. Un autre arrache la banderole installée sur la grille à l’entrée de l’immeuble où était inscrit : « Elus et habitants occupent le terrain ». La police intervient et forme un cordon de protection devant la résidence. L’entrée de l’immeuble se transforme en camp retranché.
Malgré cette riposte contre la manifestation, le maire (PS) Jean-Pierre Blazy refuse de parler d’échec.



Fabrice Epelboin (Sciences-Po) sur Fdesouche, les Gilets Jaunes, la censure, les réseaux sociaux, les communautarismes…
Par Ex-Atlas le 02/12/2018
Interview publiée le 27 novembre 2018
Extrait sur Fdesouche à partir de 4:00
Egalement à 16:30 :
« La seule caractéristique commune qu’on peut voir pour l’instant c’est que la diversité est totalement absente. C’est pas quelque chose qui a été relevé parce que c’est un sujet tabou en France. Et derrière ça pointe le doigt sur l’extrême uniformité ethnique du territoire, de l’occupation du territoire. Ce qui est un sujet extrêmement tabou en France, qui est malgré tout au coeur de toutes les conversations dans une partie grandissante de la nation française, et qu’il va falloir regarder en face un jour ou l’autre mais aujourd’hui on ne peut pas se saisir du problème vu que les statistiques ethniques sont interdites. »
Autre passage sur la censure de certains sujets à partir de 19:30
Un remède contre l’effet de la grenouille dans la casserole à partir de 25:55
Sur les communautarismes et comment les puissances étrangères peuvent les exploiter à partir de 30:00
Mon analyse du phénomène #GiletsJaunes, de l'usage politique de la censure en France et de sa disruption par Facebook... #Podcast https://soundcloud.com/vlan_podcast/vlan-68-les-gilets-jaunes-et …

Ils manifestent, représentent un mouvement, font de la politique. Il est logique de se demander qui ils sont. Et les réseaux sociaux sont un outil incontournable pour cela.
la catastrophe en cours est très liée à cette incompréhension de la part des journalistes (et des politiques, mais c'est une autre histoire). Ce n'est pas un mouvement, il n'a pas de représentation possible.

Difficile en 250 cars, plus de détails ici https://soundcloud.com/vlan_podcast/vlan-68-les-gilets-jaunes-et …
 C'est à dire? Le soulèvement des cons, des racistes, ds égoïstes etc?
c'est précisément parce qu'on les traite de cons, de salauds et de racistes un peu trop vite, et ce depuis une génération, qu'ils se sont réfugiés sur les internets, qu'ils rejettent massivement les médias, et qu'ils sont largement majoritaires.

cf https://soundcloud.com/vlan_podcast/vlan-68-les-gilets-jaunes-et …
Inacceptable il faut rétablir le dialogue et l’autorité de l’État
il n'y a pas de dialogue possible, ce "mouvement" est un phénomène qui n'a pas dans son ADN d'interface de négociation, de système de représentation ou de plateforme de revendication. Comme Anonymous. Comme le Printemps arabe. Comme Occupy Wall Street. https://soundcloud.com/vlan_podcast/vlan-68-les-gilets-jaunes-et …



L’analyse de la liste des donateurs de Macron confirme l’absence d’ancrage populaire du mouvement, pour Géraldine Woessner
Par Ex-Atlas le 02/12/2018
La liste des dons reçus par Emmanuel Macron et En Marche pendant la présidentielle, que le JDD a consulté, confirme l’absence d’ancrage populaire du mouvement.
(…)
Cet inventaire dessine une carte des réseaux macronistes de la première heure aux disparités significatives, qui ne dissipe pas – c’est peu dire – l’impression d’un président choisi par la « France d’en haut ».
1,2% des dons ont rapporté 48% de la somme totale
En effet, si des milliers de dons modiques ont été récoltés, notamment via des paiements en ligne, le montant total qu’ils ont constitué (1,7 million) apparaît marginal au regard des sommes versées par quelques centaines de mécènes fortunés. Ainsi, 1,2% des dons – c’est-à-dire 913 dons d’un montant égal ou supérieur à 5.000 euros – ont rapporté 6,3 millions d’euros, soit 48% du total, pour un montant de don moyen de 6.888 euros. Parmi eux, 663 dons au parti ont atteint le plafond légal de 7.500 euros et rapporté 4,9 millions. La masse des soutiens financiers au mouvement se concentre sur Paris et sa proche banlieue (56% des dons) et quelques capitales étrangères (14%).
(…)

«Gilets jaunes» : «Ma compagnie a tiré plus de 1000 grenades lacrymogènes», témoigne un CRS
Par Edouard de Mareschal
Publié le 02/12/2018 à 17h27
INTERVIEW - Engagé toute la journée de samedi autour des Champs-Élysées à Paris, un CRS témoigne de la violence inédite atteinte par les émeutiers en marge de la troisième journée de mobilisation des «gilets jaunes».
En 20 ans de carrière, Jessy Castane n'a jamais vu ça. Brigadier-chef à à CRS 44 de Joigny (89) et délégué UNSA, il a été mobilisé toute la journée de samedi pour intervenir face aux émeutiers en marge de la troisième journée de mobilisation des «gilets jaunes» à Paris. C'est la première fois qu'il a dû faire face à un tel «déchaînement de violence», assure-t-il.
LE FIGARO. - Comment décririez-vous les affrontements qui se sont produits hier à Paris?
Jessy CASTANE.- Je fais ce métier depuis plus de 20 ans et je n'ai jamais vu ça. On a atteint un summum en matière de destructions. Ceux qui nous ont fait face hier n'étaient pas là pour manifester, ils étaient là pour détruire et s'attaquer aux «flics». Boulevard Victor Hugo et avenue Kléber, où nous intervenions avec ma compagnie, les attaques contre nous étaient dignes d'une guérilla urbaine.
Quel était le profil de ceux qui vous faisaient face?
Il y avait bien sûr du «Black Block», mais beaucoup d'autres individus n'avaient pas des profils d'extrême gauche ou d'extrême droite. C'était des manifestants, pour la plupart de province, qui se sont radicalisés. Ils étaient équipés de masque à gaz et de lunettes. J'en ai même vu avec des protections de football américain. Ils nous canardaient avec des bombes agricoles, des mortiers, de l'acide, de la peinture pour nous aveugler... Ils étaient particulièrement violents et déterminés. On est intervenus sur deux bâtiments qu'ils avaient mis en feu, sans se préoccuper de savoir s'il y avait des gens dedans.
En réponse, le dispositif des forces de l'ordre était-il à la hauteur?
Le dispositif de filtrage mis en place autour des Champs-Élysées était bon puisqu'aucun incident ne s'est produit sur l'avenue. Ceux qui ont accepté d'ouvrir leurs sacs sont passés sans problème et ont pu manifester de façon tout à fait pacifique.
Mais dans les rues adjacentes, nous avons été confrontés à des groupes très mobiles qui cassaient tout ce qu'ils trouvaient. Ma compagnie a tiré à elle seule plus de 1000 grenades lacrymogènes, dont 250 tirs au fusil «multicoups» pour faire des tirs de barrage. Nous avons aussi tiré une cinquantaine de grenades assourdissantes et 270 coups de «flash-ball». C'est une première pour ma compagnie. À tel point que nous avons dû être ravitaillés en cours d'intervention.
Comment expliquer un tel niveau de débordements?
Nous étions 26 compagnies de CRS et 23 escadrons de gendarmes mobiles, ce qui est très important. Mais beaucoup de nos effectifs étaient bloqués à la surveillance des bâtiments officiels: l'Élysée, Matignon, l'Assemblée nationale... Nous sommes des forces «mobiles». Et comme ce terme l'indique, nous n'avons pas vocation à monter la garde devant des bâtiments.
Si tous les effectifs avaient été mobilisés sur le rétablissement de l'ordre public, les débordements auraient cessé plus rapidement. Il faut que les bâtiments soient protégés autrement (pourquoi pas par des militaires), pour nous laisser faire notre boulot face aux casseurs.
Dans quel état sont vos collègues trois semaines après le début du mouvement des «gilets jaunes»?
Nous sommes tous épuisés. Hier, on a pris à 4 heures du matin et on a terminé à 23h30. Ce matin, on a recommencé dès cinq heures. À cet épuisement physique s'ajoute un épuisement moral. Nous sommes confrontés à une vraie hausse de la violence contre les forces de l'ordre. Avant les CRS étaient craints. Ce n'est plus le cas maintenant. On est devenus des cibles privilégiées des casseurs. Ils nous visent car nous sommes vus comme des symboles de l'État.
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Les Canadiens francophones sur la défensive
Par Ludovic Hirtzmann
Publié le 02/12/2018 à 19h52
Le premier ministre de l'Ontario multiplie les mesures vexatoires à l'encontre de cette minorité.
À Montréal
«Quelle perspective pour les Franco-Ontariens sous Doug Ford?», se questionnait en une le quotidien Le Devoir au moment de l'assermentation du premier ministre conservateur l'été dernier. La réponse de l'intéressé est venue à la mi-novembre. Le bouillonnant Doug, frère de Rob Ford, l'ex-maire de Toronto connu pour ses frasques à la mairie de la Ville-Reine, a entamé une croisade contre la minorité francophone de l'Ontario. Au menu, suppression de nombreux services en français, du Commissariat aux langues officielles chargé de faire respecter les droits des francophones et surtout d'un projet d'université dans la langue de Molière. Ces humiliations ont provoqué la démission de la seule députée franco-ontarienne du Parti conservateur, Amanda Simard. Accueillie en héroïne par les 600.000 Franco-Ontariens (sur 13 millions d'habitants), elle a rejoint ce week-end des milliers de manifestants aux quatre coins de la province.
Doug Ford caresse la fibre francophobe de son électorat, dont la haine et les mesquineries à l'encontre des francophones sont toujours tenaces. Lorsque Toronto «a changé l'horaire de collecte de déchets, il y a deux ans, l'avis a été envoyé en anglais, en tamoul, en mandarin, en italien, en tagalog, en portugais et en espagnol. Mais pas en français», écrit le Journal de Montréal ce week-end.
Le bilinguisme du Canada n'est plus qu'un mythe et la situation du français hors Québec est critique. Lors de son dernier recensement en 2016, l'institut national Statistique Canada a souligné: «On observe un recul du français comme langue maternelle et comme langue d'usage à la maison au Canada.» Entre 7 % et 10 % des habitants du Canada anglais peuvent soutenir une conversation dans la langue de Molière. Deux siècles et demi après la conquête britannique, les anglophones n'ont toujours pas appris à parler français. L'anglais perd aussi du terrain au profit des langues de l'immigration, multiculturalisme oblige.
Sujet éminemment politique, la langue soulève les passions, notamment dans la Belle Province. L'écrivaine québécoise Denise Bombardier a récemment soulevé la fureur des francophones hors Québec, lorsqu'elle a estimé que les Franco-Ontariens ne sont plus qu'une «culture de survivance». Ces derniers ne constituent plus que 4 % de l'électorat de Doug Ford. C'est là le drame. Lors d'une entrevue à Radio-Canada, Denise Bombardier a déclaré : «Ce n'est pas les gens qui viennent de l'Afghanistan et du Pakistan qui comprennent pourquoi vous parlez français. Ils ne savent même pas pourquoi les gens parlent français.» Au quotidien, les choses sont loin d'être simples. Si dans une réunion il y a dix francophones et un anglophone, la réunion a lieu en anglais. Un renoncement culturel que certains francophones appellent une mentalité de «colonisé».

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À l'Ouest, les oligarques russes sont tombés en disgrâce
Par Pierre Avril
Publié le 02/12/2018 à 21h43
ENQUÊTE - Nombre de milliardaires russes étaient venus en Occident légaliser leur fortune acquise durant les privatisations de l'ère postsoviétique. Frappés par des sanctions, alors que les tensions sont de plus en plus vives entre Vladimir Poutine et l'Union européenne, ces oligarques envisagent désormais un retour au pays, sous l'œil vigilant du Kremlin.
À Moscou
À l'entrée du chalet d'Oleg Deripaska, situé à quinze minutes sur les hauteurs de Davos, des top models souhaitent la bienvenue aux convives. Sur les tables, Dom Pérignon, caviar et vodka. Sur scène, le crooner Enrique Iglesias et les Cosaques du Kouban, qui dansent et chantent avec tant de ferveur que la police locale a maintes fois reçu des plaintes du voisinage. En cette soirée de janvier 2018, le milliardaire russe, qui se déhanche sur le dance floor, a dignement accueilli ses invités du forum économique. Cette fête était la plus courue de la station d'hiver suisse même si, de l'avis des habitués, son glamour n'atteint plus celui des éditions précédentes. Mais en 2019, l'électricité lui sera quasiment coupée. Selon le Financial Times, l'oligarque aurait été prié par les organisateurs de Davos, sous pression de Washington, de ne pas mettre les pieds au forum. La liste noire s'étendrait à Andreï Kostin, le patron de la banque publique VTB, principal créditeur et actionnaire minoritaire du holding de Deripaska, EN +, ainsi qu'à Viktor Vekselberg, le patron du conglomérat Renova. Tous trois ont écopé de sanctions qui paralysent leurs transactions financières. Oleg Deripaska est sommé par le Trésor américain de céder le contrôle de ses deux principaux holdings, d'ici au 7 janvier. Vladimir Poutine a accusé les organisateurs du forum de se «tirer une balle dans le pied».
Devenus richissimes à la faveur des privatisations bradées de l'ère postsoviétique, puis flamboyants dans les années 2000, lors de l'arrivée de l'ancien chef du FSB au pouvoir, les oligarques tombent en disgrâce en Occident, là même où ils exportèrent leur fortune et acquirent une légitimité aujourd'hui effritée. Leur chute médiatique - parfois financière - accompagne celle de leur protecteur et censeur, un chef du Kremlin dont le taux de popularité en Europe ne dépasse pas 20 %. Roman Abramovitch, patron du pétrolier Evraz, et propriétaire du club de football britannique de Chelsea, s'est ainsi vu refuser la prolongation de son visa britannique par Londres, où il possède une somptueuse demeure dans le quartier huppé de Kensington. Depuis l'affaire de l'empoisonnement de Sergueï Skripal, la City, naguère très complaisante à leur égard, a lancé une enquête visant 700 fortunes russes ayant investi avant 2015 dans le royaume, en échange d'un passeport. Roman Abramovitch a sollicité un permis de résidence en Suisse, dans la commune chic de Verbier - également refusé. La police helvète le soupçonne de «contacts avec des organisations criminelles», allégations qualifiées de «diffamatoires et dénuées de preuves» par son avocat suisse, Daniel Glasl. De confession juive, l'homme d'affaires a obtenu en désespoir de cause la citoyenneté israélienne, au titre de la loi du retour votée par la Knesset en 1950.
«Leur but était d'abord de légaliser leurs actifs en achetant des propriétés, des sociétés ou des clubs de foot.»
Vladimir Gelman, professeur à l'Université européenne de Saint-Pétersbourg
En France, le milliardaire et sénateur daguestanais Suleyman Kerimov, 20e fortune de Russie, a été mis en examen en novembre 2017 pour blanchiment de fraude fiscale en lien avec cinq villas qu'il avait acheté sur le cap d'Antibes, avant d'être disculpé en mai dernier. Son arrestation sur le tarmac de l'aéroport de Nice avait provoqué la colère des autorités russes. À Monaco, c'est au tour du président du club de football Dmitri Rybolovlev d'être mis en examen pour corruption. Moscou n'est pas loin de voir dans ces affaires, pourtant totalement distinctes, le fruit d'un harcèlement judiciaire concerté, exercé par les autorités françaises à l'encontre de ses ressortissants. Enrichis par les privatisations sauvages des années 1990, ces derniers avaient trouvé dans l'Occident un refuge pour cacher leur fortune. «Leur but était d'abord de légaliser leurs actifs en achetant des propriétés, des sociétés ou des clubs de foot. Et ils ont plutôt réussi», observe Vladimir Gelman, professeur à l'Université européenne de Saint-Pétersbourg. En retour, cette manne a profité aux pays européens. En échange d'investissements sur leur sol - respectivement 1,2 million et 2,5 millions d'euros -, Malte et Chypre ont offert la citoyenneté européenne à un grand nombre de citoyens russes qui y ont souvent établi une résidence fictive, tels Oleg Deripaska et Arcady Volozh, patron du moteur de recherche Yandex. Au Royaume-Uni, cette somme s'élevait à 1 million de livres. Autant de filières désormais placées sous surveillance européenne.
La chasse aux passeports
Selon Forbes, 35 oligarques sur une liste de 200 fortunes possèdent un double passeport, dont le patron du pétrolier Novatek, Guennadi Timtchenko, et le financier Boris Rotenberg, tous deux proches de Poutine et citoyens finlandais. De telles opérations permettent en outre de sécuriser leurs droits de propriété, mieux défendus devant des tribunaux européens que devant des prétoires russes, constatent les avocats d'affaires. Le chef du Kremlin a toujours entretenu des relations ambiguës à leur égard, les mettant en garde contre les fuites de capitaux. «Si demain les Occidentaux décident de geler vos actifs, vous avalerez la poussière des tribunaux», lançait Poutine en 2002, devant l'Union russe des industriels, tout en approuvant secrètement leurs comportements. «À l'époque, Poutine raisonnait comme un membre des services secrets. Il considérait les oligarques comme des agents d'influence qu'il fallait envoyer en Occident, tout comme l'Occident envoyait ses hommes en Russie», analyse la sociologue Olga Krychtanovkaskaïa, proche de l'establishment russe. Ainsi, Oleg Deripaska se retrouve-t-il impliqué dans l'enquête du procureur Mueller sur l'ingérence dans l'élection présidentielle américaine. Selon le New York Times, les agents du FBI auraient même tenté - en vain - de le retourner. À Monaco, Dmitri Rybolovlev se retrouve au cœur d'un trafic d'influence remontant au sommet de l'institution judiciaire et policière. Il est aussi soupçonné de collusion avec Donald Trump, auquel il a acheté naguère une de ses villas à Palm Beach pour 95 millions de dollars, un prix jugé surévalué. En France, le milliardaire Guennadi Timtchenko, chevalier de la Légion d'honneur, est devenu la figure prééminente de la relation économique franco-russe, à travers son association avec Total dans l'usine de production de gaz liquéfié à Yamal (Sibérie). Selon les médias russes, c'est une banque liée à la compagnie Stroïtransgaz, propriété de Timtchenko, qui a accordé en 2014 un prêt de 9 millions d'euros au Front national. L'intéressé dément.
Après des années d'exil, nombreux caressent l'idée de se refaire dans leur pays d'origine.
«Si, désormais, le but des Occidentaux est de faire pression sur le Kremlin, les oligarques constituent la cible idéale. Ils sont le maillon faible», dit Alexandre Lossev, directeur général de la compagnie d'investissement Spoutnik. La plupart sont, à titres divers, frappés par les sanctions occidentales qui remettent en cause leur stratégie d'expansion européenne. Alicher Ousmanov, patron de Metalloinvest, très présent dans les médias, a revendu, en août dernier à un Américain, ses parts dans le club de football britannique d'Arsenal. Dès les premières sanctions, les deux frères Rotenberg, très liés à Vladimir Poutine, ont cédé leurs parts majoritaires du club finlandais de hockey sur glace à leur fils et neveu Roman, par ailleurs vice-président de Gazprombank (les 49 % restants appartiennent à Guennadi Timtchenko). Le père de Roman, Boris Rotenberg, a récemment porté plainte contre quatre banques scandinaves qui ont bloqué ses transactions. Il les accuse de discrimination à l'encontre d'un citoyen européen - l'intéressé possède un passeport finlandais.
Après des années d'exil, nombreux caressent l'idée de se refaire dans leur pays d'origine, souvent en échange d'une promesse d'amnistie ou de l'octroi de contrats publics. En liant leur fortune à des appels d'offres contrôlés par le Kremlin, comme la construction du pont de Kertch qui relie la Russie à la Crimée, certains, comme Arkadi Rotenberg, ont pris une longueur d'avance sur leurs homologues. En revanche, Dmitri Rybolovlev, rentré pour un séjour en Russie au lendemain de ses déboires judiciaires à Monaco, ne possède quasiment plus d'actifs dans son pays. Inquiété sur la Côte d'Azur, Souleyman Kerimov s'est replié sur ses terres du Daguestan où il vient de domicilier trois de ses entreprises. Le patron du pétrolier Lukoil, Vaguit Alekperov, a annoncé son intention de limiter ses acquisitions étrangères pour mieux se concentrer sur ses actifs russes. «Ils sont partis en Occident à l'invitation de Poutine et maintenant qu'ils ont des problèmes, ils se retournent naturellement vers l'État. Mais celui-ci ne sait pas quoi faire d'eux et la population russe voit ceci d'un très mauvais œil», souligne la sociologue Olga Krychtanovkaskaïa. Le ministère de l'Industrie a suggéré de réserver à des entreprises de Deripaska un contrat de 2 milliards de roubles (26 millions d'euros) portant sur la livraison de véhicules blindés. Cette initiative a été aussitôt critiquée par le vice-premier ministre, Dmitri Kozak. Le gouvernement a évoqué l'idée de créer deux zones off-shore à Kaliningrad et Vladivostok susceptibles d'accueillir les capitaux des oligarques. Un projet qui suscite beaucoup d'incrédulité. «En Russie, il y a 145 millions d'habitants qui ont beaucoup plus besoin de l'aide de l'État que les oligarques. Ceux-ci doivent se débrouiller eux-mêmes car le business est une affaire privée », critique l'homme d'affaires Konstantin Malofeev, également visé par les sanctions. Indésirables en Occident, ces derniers ne peuvent pas davantage compter sur la générosité de l'État, dont les ressources budgétaires se réduisent. Dans certains cercles du pouvoir, on craint qu'à l'échéance de 2024, au-delà de laquelle Poutine n'a pas renoncé à diriger son pays, les filleuls ne se retournent contre leur parrain…

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Affaire Khashoggi : quelles conséquences géopolitiques ?
Par Isabelle Lasserre
Publié le 02/12/2018 à 22h13
DÉCRYPTAGE - La crise ouverte par le meurtre du journaliste percute de plein fouet les ambitions diplomatiques de l'Arabie saoudite et de son prince héritier.
À qui profite le crime?
La Turquie est la principale gagnante de l'affaire Khashoggi, qui s'est déroulée à Istanbul et dont les détails ont été enregistrés par les services turcs. En les distillant au public progressivement avec une grande habileté, le pouvoir turc a repris l'avantage dans les luttes de pouvoir régionales. Il est revenu dans le jeu alors qu'il était en perte de vitesse, affaibli par le coup d'État manqué de 2016 et par une diplomatie erratique qui a éloigné certains de ses partenaires. Allié du Qatar dans le conflit qui l'oppose à l'Arabie saoudite, aux Émirats Arabes Unis et à l'Égypte, le président Recep Tayyip Erdogan a désormais un strapontin pour attaquer cette alliance tripartite. Son ambition d'être un des leaders du monde sunnite a trouvé un nouvel élan. Tentera-t-il de monnayer une sortie de crise pour Riyad en échange d'une baisse du soutien saoudien aux rebelles kurdes du nord de la Syrie? L'Iran chiite est l'autre vainqueur de l'affaire Khashoggi et pourrait profiter, malgré les nouvelles sanctions américaines, de la dégradation de l'image de l'Arabie saoudite. «L'Iran apparaît désormais aux yeux de certains comme un partenaire moins toxique et plus raisonnable que Riyad», commente Emile Hokayem, spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut international pour les études stratégiques (IISS) de Londres. Le pouvoir iranien, qui accuse l'Arabie saoudite d'être le «créateur et le soutien idéologique et financier des groupes terroristes comme al-Qaida et Daech», ne peut que se féliciter que l'axe «anti-iranien» constitué par les États-Unis, l'Arabie saoudite et Israël ait désormais un membre boiteux. Potentiellement, deux autres pays, la Russie et la Chine, pourraient trouver quelques bénéfices à cette sombre histoire. En cas de refroidissement des relations américano-saoudiennes, Pékin et Moscou seront en embuscade pour remplir le vide laissé par le désengagement de Washington avec l'Arabie saoudite, qui est déjà pour eux un partenaire économique important.
Quelles conséquencessur la guerre au Yémen?
C'est le secrétaire général de l'ONU qui le dit: la fin de la guerre au Yémenest peut-être pour bientôt. Antonio Guterres espère des pourparlers de paix entre le gouvernement et la rébellion d'ici à la fin de l'année. Et ce sont les pressions américaines et l'isolement des Saoudiens qui permettraient d'obtenir cette avancée. «Donald Trump est un meilleur président que Barack Obama pour le Yémen. Étant proche de l'Arabie saoudite, il peut exercer des contraintes sur Riyad et avoir une influence sur le Yémen», affirme un politologue yéménite au Forum sur la sécurité internationale de Halifax, au Canada. Mais les choses sont loin d'être gagnées et pas seulement parce que le processus de paix est mort plusieurs fois depuis le début de la guerre. MBS a lié sa montée en puissance en Arabie saoudite à l'intervention militaire au Yémen. La complexité de la crise et surtout sa dimension nationale ne peuvent pas être oubliées.
La guerre civile au Yémen a commencé en septembre 2014, bien avant l'intervention militaire de Riyad et il n'y a aucune raison pour que le retrait de l'acteur saoudien la fasse disparaître. «Il faut en outre prendre en compte les problématiques de sécurité des Saoudiens au sérieux», rappelle Emile Hokayem. Si en Occident le débat autour de la guerre au Yémen est lié aux questions relatives à la morale et aux droits de l'homme, l'enjeu saoudien est surtout politique. «Les États-Unis, dont la priorité était à l'époque l'accord sur le nucléaire, ont acquiescé à l'intervention pour calmer l'anxiété de l'Arabie saoudite, qui considérait les choix de Barack Obama comme une réorientation de la diplomatie américaine à ses dépens», poursuit le spécialiste de l'IISS.
«L''Arabie saoudite est un partenaire clé et le restera au niveau militaire»
Joe Dunford, le chef d'état-major de l'armée américaine
Quel avenir pour la relation américano-saoudienne?
De la participation de quinze terroristes saoudiens aux attentats du 11 septembre 2001 à l'affaire Hariri puis à la détention des princes dans l'Hôtel Ritz Carlton de Riyad en 2017, les alertes ont été nombreuses. L'affaire Khashoggi sera-t-elle la goutte d'eau qui fait déborder le vase? La réputation des Saoudiens a été profondément ternie, y compris dans le camp républicain. «La confiance a profondément été altérée. Il est possible qu'à terme, la relation stratégique avec l'Arabie saoudite soit remise en cause. En dédramatisant, Donald Trump a tendu une perche aux démocrates, qui ne manqueront pas d'agiter le dossier au Congrès. Avec la Russie, l'Arabie saoudite pourrait même devenir un grand sujet de division dans le domaine de la politique étrangère aux élections de 2020», commente Emile Hokayem. Pourtant, les choses ne devraient sans doute pas évoluer dans l'immédiat. «L'émotion finit toujours par retomber, en raison des intérêts stratégiques qui lient les grandes puissances au royaume», commente un diplomate. En matière de défense, les liens sont forts. «L'Arabie saoudite est un partenaire clé et le restera au niveau militaire», affirme Joe Dunford, le chef d'état-major de l'armée américaine au forum de Halifax. Il considère que Riyad a souvent eu «une influence stabilisatrice dans la région». Le soutien logistique apporté par les Américains à la coalition arabe en guerre contre la rébellion houthiste au Yémen a un autre avantage. «Il permet de limiter les dégâts collatéraux des bombardements saoudiens, qui sinon seraient bien plus importants», estime un stratège français. À la diplomatie du business si chère à Trump s'ajoute son obsession anti-iranienne, qui à elle seule justifie la poursuite de l'alliance avec l'Arabie saoudite, jugée «inébranlable» par le président.
Le G20 a signé le grand retour international du prince saoudien. MBS a multiplié sourires et accolades dans l'espoir de normaliser ses relations avec ceux de ses partenaires qui s'inquiètent de son attitude. En Europe, Angela Merkel est la seule à avoir stoppé les ventes d'armes à RiyadSi Emmanuel Macron a accueilli fraîchement MBS à Buenos Aires, la France rappelle que l'Arabie saoudite est un pays stratégique dans la géopolitique mondiale. «La gravité des menaces et le sens des responsabilités expliquent la prudence dont les diplomaties occidentales font preuve à l'égard de Riyad, le devenir de l'Arabie saoudite conditionnant en partie les évolutions régionales», commente le géostratège Jean-Sylvestre Mongrenier dans sa chronique au Huffington Post.
«Mais au-delà, le principal enseignement de l'affaire, c'est que les Saoudiens sont mauvais. Mauvais en communication, en stratégie, en action militaire. Ils n'ont pas des comportements d'hommes d'État»
Un stratège français
Quels sont les enseignements sur l'Arabie Saoudite?
«L'affaire Khashoggi? C'est un fait divers qui a pris des proportions incroyables sur le plan diplomatique mais qui restera un fait divers si MBS demeure le prince héritier», affirme un expert du Golfe au forum de Halifax. Les dérives du prince ont prouvé que, malgré ses promesses, le pays n'a pas rompu avec les habitudes des dictatures arabes. «Mais au-delà, le principal enseignement de l'affaire, c'est que les Saoudiens sont mauvais. Mauvais en communication, en stratégie, en action militaire. Ils n'ont pas des comportements d'hommes d'État», s'inquiète un stratège français. Orchestrée par MBS, la guerre au Yémen s'enlise. Sa décision de prendre la tête d'un embargo contre le Qatar, qu'il accuse de promotion du terrorisme, a plongé le Golfe dans une crise diplomatique. La plupart de ses décisions ont entamé le crédit de «stabilité» dont le royaume bénéficiait. En portant un coup très dur à sa crédibilité sur la scène internationale, l'affaire Khashoggi a percuté de plein fouet les ambitions diplomatiques du royaume et notamment son objectif principal, l'endiguement de l'influence iranienne au Moyen-Orient. À court terme, toute l'énergie de l'Arabie saoudite va être investie dans la réparation des dégâts. Mais ceux qui espéraient la mise à l'écart de MBS pourraient bien être déçus. Aucun signe dans ce sens n'est venu du roi. La plupart des experts de la région considèrent qu'il n'existe aujourd'hui aucune alternative à MBS.
Vers la fin de l'ancien monde international?
 «Ce crime s'inscrit dans une tendance générale, celle d'un monde dans lequel les pouvoirs autoritaires se croient tout permis»
L'ancien ambassadeur Michel Duclos dans une note pour l'Institut Montaigne
L'affaire Khashoggi confirme la reconfiguration des rapports géopolitiques, l'effacement du monde occidental, l'affirmation de plus en plus forte de nouvelles puissances sur la scène internationale. «On observe la prise de distance et d'autonomie des acteurs régionaux. Avant, les Saoudiens n'agissaient pas sans prévenir leurs alliés occidentaux», commente un diplomate. Longtemps discrète et préférant les coulisses à la scène, l'Arabie saoudite de MBS tente d'imprimer un nouveau comportement dans les relations internationales. Mais la redistribution des cartes concerne d'autres acteurs. La Turquie bien sûr, mais aussi la Russie qui viole les lois internationales en attaquant son voisin ukrainien, Pékin dont le comportement est de plus en plus agressif en mer de Chine. Ce n'est pas un hasard si Vladimir Poutine, accusé d'être responsable de l'attaque au novichok contre un ancien espion russe en Angleterre, et MBS se sont chaleureusement serré la main au G20, en échangeant des regards complices. Multilatéralisme, démocratie, libéralisme sont indirectement les autres victimes de l'affaire Khashoggi, qui montre à quel point de nombreuses puissances s'affranchissent de plus en plus ouvertement des règles et des valeurs qui ont organisé le monde sous la houlette des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. «Ce crime s'inscrit dans une tendance générale, celle d'un monde dans lequel les pouvoirs autoritaires se croient tout permis. La renonciation de l'Amérique à un discours de défense des valeurs libérales ainsi que le reflux de l'Europe sur ce terrain encouragent les pires pratiques», écrit l'ancien ambassadeur Michel Duclos dans une note pour l'Institut Montaigne.

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Philippe Bas : « Nous attendons des explications sur les choix qui ont été faits »
Par Emmanuel Galiero
Publié le 02/12/2018 à 20h45
INTERVIEW - À la suite des dernières manifestations des gilets jaunes qui ont plongé plusieurs villes de France dans le chaos, le président de la commission des lois au Sénat procèdera, mardi, à l'audition du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et du secrétaire d'Etat Laurent Nunez. Le sénateur LR de la Manche s'explique.
LE FIGARO. - Quelles réponses urgentes attendez-vous de l'Intérieur?
Philippe BAS. -D'abord, dans le cadre normal du contrôle parlementaire, nous souhaitons vérifier les dispositions prises pour assurer la sécurité des manifestations et la protection des personnes et des biens. Nous devons également demander au ministre d'expliquer les initiatives envisagées pour éviter une répétition de ces débordements et pour faire respecter l'autorité de l'Etat. La sécurité est un art difficile. Il faut se garder de jugements trop hâtifs. Les agents mobilisés ont fait preuve d'un très grand professionnalisme, d'un sang froid remarquable et le bilan aurait pu être plus lourd. Mais nous attendons des explications sur les choix qui ont été faits samedi, notamment à Paris. Pourquoi a-t-on vu, dans une sorte de mécanique des fluides, des gens venant de toutes les régions de France, repoussés vers des artères périphériques de l'Arc de Triomphe? Comment certains manifestants minoritaires ont-ils pu se disperser dans des rues adjacentes non sécurisées pour se livrer à des actes de vandalisme? Dans la journée, cette manifestation est devenue ingérable en raison de cette dispersion. Il faudra nous expliquer le bien fondé de ces choix.
Quel est votre sentiment face aux manifestations des «gilets jaunes»?
Je suis très inquiet. Les Français ont le sentiment de ne plus être représentés par ceux qu'ils délèguent à l'Assemblée nationale et au gouvernement parce qu'une distance trop grande s'est créée entre le pouvoir et le peuple. Les maires, les associations et les partenaires sociaux ne se sentent ni écoutés, ni compris. Ce mécontentement, très profond dans le pays, ne peut pas être ignoré parce qu'il est source de graves dangers. Nous sommes entrés dans une forme de démocratie d'opinion. Le devoir du gouvernement est d'entendre ce mécontentement et de lui apporter des réponses en lui donnant des gages tangibles. L'ordre public, c'est d'abord du dialogue. Et le dialogue ne peut pas consister simplement à dire aux gens: «j'ai conscience des difficultés de votre existence» en s'arc-boutant pour ne rien changer à la politique mise en oeuvre.
À qui la faute?
La première responsabilité de ce qui se passe aujourd'hui en France revient à ceux qui n'ont pas su entendre le désarroi et la souffrance de beaucoup de Français. Il est grand temps que le pouvoir comprenne qu'il y a un grand risque pour lui à s'isoler et à s'enfermer dans la technocratie.
Macron a-t-il une responsabilité dans les dérives de ce mouvement?
Entre le président de la République et le peuple, il n'y a plus d'interlocuteurs. Mais il n'est pas trop tard pour prendre des décisions aptes à calmer le mécontentement. Si on laisse faire la hausse de la taxation des carburants au 1er janvier, le mesure sera ressentie comme une véritable provocation. Or, il ne s'agit pas d'une réforme mais d'une taxation! Ce n'est pas la capacité de réforme qui est en cause mais plutôt le sentiment que les Français sont à la peine. Ce n'est pas la redistribution qui redonnera du pouvoir d'achat mais le travail. Pour y parvenir, la politique économique doit commencer par la baisse des déficits. C'est le préalable à toute baisse des prélèvements obligatoires.
Comment la droite peut-elle s'impliquer pour sortir le pays de cette crise?
Il ne s'agit certainement pas d'instrumentaliser le mécontentement. Il est important au contraire de relayer les attentes de nos concitoyens et de proposer des méthodes. Le préalable est de revenir sur les hausses de taxes pour déblayer le terrain et ouvrir des discussions, non seulement avec les gilets jaunes mais aussi avec les partenaires sociaux. Le sénat a voté le gel de ces taxes la semaine dernière. Que le gouvernement se saisisse de ce vote pour que sa bonne volonté devienne concrète. Le chef de l'Etat et le parlement disposent d'instruments pour que les Français puissent exprimer leur attentes. Le référendum, proposé par le président des Républicains, en fait partie. En tous les cas, si l'on veut agir rapidement, des gestes d'apaisement immédiats sont nécessaires.
Craignez-vous un 4e acte des gilets jaunes?
Chacun peut être inquiet. Maintenant, nous sommes dûment prévenus sur les risques de ces manifestations en cas de débordements.

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«Gilets jaunes»: la droite pointe le risque d'une «explosion de la la société française»
Par Emmanuel Galiero
Publié le 02/12/2018 à 20h54
Laurent Wauquiez, président LR, est convaincu qu'un référendum permettrait de stopper «cet engrenage de colère et de violence».
Moratoire sur les hausses de taxes et retour urgent au dialogue. Après la journée désastreuse de samedi, la droite n'avait pas cinquante messages à adresser au gouvernement. Laurent Wauquiez, président des Républicains, a insisté sur l'importance du rétablissement de l'ordre. Réitérant sa proposition de remettre le débat sur les énergies entre les mains du peuple via un «référendum», le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s'est ému des violences, notamment dans sa région, au Puy-en-Velay, où la préfecture a été incendiée. «On est un département calme. L'incendie de la préfecture et les scènes d'affrontements, on n'avait jamais connu ça. Ce n'est pas la Haute-Loire» a-t-il déclaré dimanche, en duplex sur TF1.
Associant ces événements à ceux observés dans «bien d'autres départements», Laurent Wauquiez s'est fait l'écho des provinces touchées «de plein fouet par l'augmentation des impôts et des taxes». Selon lui, il y a aussi le «sentiment que cette France-là, le président de la République ne la comprend pas». Wauquiez est convaincu que seul un référendumpermettrait de stopper «cet engrenage de colère et de violence». «Si on fait juste un moratoire, si on arrête juste les taxes quelques mois, ça ne répondra pas», a-t-il prévenu.
Au Sénat, Bruno Retailleau, président du groupe LR, pense que le gouvernement doit répondre en «annulant» la hausse prévue. «C'est le préalable à l'apaisement. Le gouvernement ne réglera pas le problème sans prendre la mesure du ras-le-bol fiscal et sans envoyer un signe très clair.» Le parlementaire craint d'ailleurs le pire pour les années à venir et demande au gouvernement de «dire la vérité sur les hausses de taxes prévues». «Les Français ne savent pas qu'un triplement des taxes sur les carburants est programmé dans la trajectoire de la fiscalité verte. C'est une bombe à retardement. Il y a de quoi faire exploser la société française», insiste le sénateur LR de Vendée. Il prône également une loi contre les casseurs.
Sentiment d'abandon
Si la droite sénatoriale a voté le gel de la hausse des taxes sur les carburants, elle estime aussi que les alertes lancées régulièrement par la chambre des territoires n'ont pas été entendues par l'exécutif. Et le dernier congrès des maires de France, fin novembre à Paris, est vu comme une occasion manquée pour le gouvernement. «Ce congrès offrait une opportunité de tendre la main à ceux qui ont gardé la confiance de la population», regrette un sénateur.
Pour certains élus de droite, le phénomène des «gilets jaunes» est l'expression «par procuration» d'un sentiment d'abandon persistant et croissant chez les Français.
«Le gouvernement ne réglera pas le problème sans prendre la mesure du ras-le-bol fiscal et sans envoyer un signe très clair»
Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat
Valérie Pécresse, présidente LR du conseil régional d'Île-de-France, s'est dit à la fois «choquée et indignée» par les saccages au cœur de Paris. Elle estime que le mouvement des «gilets jaunes» s'est retrouvé «gangrené par ceux qui viennent tout casser». Inquiète face aux conséquences de ces événements sur l'économie et le tourisme, elle veut réunir au plus vite tous les acteurs concernés, du commerce, de la restauration et de l'hôtellerie.
Au lendemain des violences parisiennes, quatre maires d'arrondissement ont demandé audience au ministre de l'Intérieur ainsi qu'un fonds d'urgence pour les commerçants victimes de dégâts. Jean-François Legaret (Ier arrondissement), Jeanne d'Hautesserre (VIIIe), Danièle Giazzi (XVIe) et Geoffroy Boulard (XVIIe) ont jugé «déplorable et inadmissible de ne pas avoir été écoutés suffisamment en amont» alors qu'ils avaient «alerté» le préfet de police sur la nécessité d'élargir le périmètre de sécurité, au-delà de la place de l'Étoile et des Champs-Élysées.
Au «manque d'écoute» du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est ajoutée, selon eux, une absence de mesures adaptées alors que «tout le monde était pourtant conscient» des enjeux, ont déploré les maires LR d'arrondissement de Paris.

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«Gilets jaunes» : la dissolution, seule solution pour Marine Le Pen
Par Charles Sapin
Publié le 02/12/2018 à 20h51
La présidente du Rassemblement national sera reçue à Matignon par Édouard Philippe ces prochains jours, comme tous les autres chefs de parti.
De la crise sociale à la crise politique. Dans les rangs du Rassemblement national, c'est avec la plus grande précaution que l'on observe les mutations du mouvement des «gilets jaunes». Cette nébuleuse, dopée par un sentiment de ras-le-bol fiscal et d'injustice sociale, a obtenu «dès la première heure du premier jour» le soutien de Marine Le Pen. Des encouragements logiques venant de l'ancienne candidate à la présidentielle qui croit reconnaître dans les cortèges fluorescents nombre de ses électeurs. Reste que si le parti à la flamme partage les raisons de la colère, il n'en redoute pas moins les expressions les plus violentes.
Dans l'entourage de Marine Le Pen, on se félicite d'avoir conservé, malgré des contestations en interne, cette «ligne sociale» qui permet de coller aujourd'hui aux revendications des «gilets jaunes». On n'en oublie pas moins la longue culture d'ordre et d'intransigeance à toute forme de délinquance sur laquelle s'est bâti le parti. La synthèse entre ces deux «piliers» devient pourtant des plus délicate suite aux débordements observés ce week-end à Paris, Tours, Marseille, Dijon comme au Puy-en-Velay. Une situation qui a poussé Marine Le Pen, au lendemain des échauffourées, à dessiner sur le plateau de «Dimanche en politique», sur France 3, un scénario, selon elle, susceptible de conduire à une sortie de la crise. Scénario, qu'elle compte bien présenter à Édouard Philippe lorsqu'elle sera reçue à Matignon, à l'image de tous les autres chefs de parti, ces prochains jours.
«Il faut que tous les Français soient représentés. Si tel n'est pas le cas, il y a une rupture dans le principe fondamental du consentement à l'impôt»
Marine Le Pen
Marine Le Pen a ainsi réclamé à l'exécutif l'organisation d'«un moratoire sur l'intégralité des taxes» qui frappe les carburants, comme «une baisse des prix du gaz et de l'électricité.» Décelant dans cette grogne sociale la conséquence directe d'un manque de représentativité des Français à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen a également réitéré ses vœux d'une dissolution. Les nouveaux députés devant, selon elle, être désormais élus à la proportionnelle. «Il faut que tous les Français soient représentés. Si tel n'est pas le cas, il y a une rupture dans le principe fondamental du consentement à l'impôt», a-t-elle justifié.
Condamnant sans ambiguïté les violences du week-end, la députée du Pas-de-Calais n'a cependant reconnu dans les rixes que le fait de «groupuscules d'extrême gauche, les mêmes qui ont semé la dévastation le 1er mai ou lors des manifestations précédentes.» Des «casseurs», auxquels elle oppose «la belle image des “gilets jaunes” qui ont protégé la flamme du soldat inconnu en chantant “La Marseillaise”». Une vision manichéenne, comme en réponse aux accusations du ministre de l'Intérieur, qui pointait la semaine dernière les auteurs de violences comme des «séditieux d'ultradroite ayant répondu à l'appel de Marine Le Pen.» Suspectant «une volonté du pouvoir politique de laisser dégénérer» la situation, Marine Le Pen veut croire qu'il n'est pas trop tard, six mois avant les européennes, pour faire préférer aux «gilets jaunes», les urnes à la rue.

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«Gilets jaunes»: François Ruffin joue la surenchère
Par Sophie de Ravinel
Publié le 02/12/2018 à 20h58
Pour le député Insoumis de la Somme, la responsabilité du président de la République est pleinement engagée après le troisième samedi de mobilisation des «gilets jaunes».
«Il va terminer comme Kennedy… Si je le croise tant pis je monterai en prison… Vous voyez la croix sur le terre-plein? Il va finir pareil…» Dimanche à quelques pas du palais du chef de l'État, François Ruffin, le député Insoumis de la Somme, est venu rapporter à Emmanuel Macron tout le mal que les Français pensent de lui. Ou plutôt: ce que les Français du mouvement des «gilets jaunes», rencontrés ces derniers jours dans sa circonscription, lui ont dit. «Des intérimaires, des retraités paisibles, des habitants ordinaires», tient-il à préciser. Un message très court mais d'une rare violence.
«C'est lui le président de la République qui depuis 18 mois déchire la République, c'est lui qui, avec son arrogance, déchire la France, c'est lui qui met notre pays à feu et à sang»
François Ruffin
«Je viens rapporter l'état d'esprit de mes concitoyens», argumente Ruffin, se voulant simple porte-parole. Chacun de ses messages est vu ou transmis sur les réseaux sociaux des centaines de milliers de fois. «De la colère on est passés à la rage», assure-t-il, considérant que «l'orgueil du président de la République, sa surdité, son obstination, son absence de concession sont une machine à haine». Si Ruffin glisse au milieu d'une phrase que «la violence ne mène à rien», expliquant qu'il s'est «appliqué à la tempérer, à argumenter, à modérer», il se dit persuadé que toute la faute repose sur Macron. «C'est lui le président de la République qui depuis 18 mois déchire la République, c'est lui qui, avec son arrogance, déchire la France, c'est lui qui met notre pays à feu et à sang.»
«Macron démission»: la seule solution pour ce député qui a débordé Jean-Luc Mélenchon dans son domaine de prédilection, l'opposition radicale au chef de l'État. «C'est le mot d'ordre entonné partout.» «Que disent les Français que j'ai rencontrés?, rapporte-t-il encore. Que Monsieur Emmanuel Macron doit maintenant partir (…) avant de rendre notre pays fou de rage, complètement fou. Qu'il doit partir pour ramener la paix sociale, la concorde nationale.» Après cette déclaration de trois minutes derrière le Théâtre Marigny, entouré de quelques médias et surveillé par les forces de l'ordre, il a replié sa feuille en papier et s'est dit à la disposition des médias dans les jours qui viennent.
Un «État en miettes»
«Jour historique. En France, l'insurrection citoyenne fait trembler le monde du fric»
Jean-Luc Mélenchon sur twitter
À la tête du groupe parlementaire des Insoumis,Jean-Luc Mélenchon s'était félicité la veille de la mobilisation des «gilets jaunes». «Jour historique, avait-il twitté depuis Marseille. En France, l'insurrection citoyenne fait trembler le monde du fric.» Une déclaration lancée alors même que les débordements étaient déjà bien engagés.
Quelques heures plus tard, le leader des Insoumis voyait un «État en miettes» moquant ceux qui «essaient de vider la mer des colères avec des matraques». Le lendemain sur BFMTV, le député des Bouches-du-Rhône a proposé au chef de l'État de «dissoudre l'Assemblée nationale». Mais s'est défendu de tout appel à la violence: «J'ai toujours été contre les violences. Je l'ai toujours dit et écrit.» Alors que les communistes ont annoncé dès vendredi leur intention de déposer à l'Assemblée une motion de censure contre le gouvernement, Mélenchon a appelé les groupes parlementaires à s'y associer. Avec en ligne de mire, l'espoir de «nouvelles élections législatives».
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Journaliste politique, en charge du PS, des écologistes et de la gauche radicale. Un peu de collectivités locales aussi. 
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«Gilets jaunes»: quels leviers politiques pour sortir de la crise?
Par Guillaume Tabard
Publié le 02/12/2018 à 20h46
CONTRE-POINT - Face à une défiance devenue incontrôlable, beaucoup pressent Emmanuel Macron de prendre une initiative de nature politique.
À crise devenue politique, issue politique? Renoncer à la taxe écologique:  de tous bords, Emmanuel Macron est prié de faire ce geste minimum pour apaiser les «gilets jaunes» et les Français qui les soutiennent. Mais face à une défiance devenue incontrôlable, beaucoup le pressent de prendre une initiative de nature politique. Trois leviers sont d'ordre institutionnel: la dissolution, que réclame Marine Le Pen ;  le référendum, que propose Laurent Wauquiez ; la démission, qu'exige François Rufin. Tous sont persuadés que l'impopularité du chef de l'État dans les sondages conduirait mécaniquement à sa condamnation dans les urnes. En matière  de dissolution, on se souvient  de «l'expérimentation hasardeuse» de Jacques Chirac en 1997. Le général de Gaulle aussi avait choisi cette option après Mai 68 et avait bénéficié d'une vague d'une ampleur inégalée. Mais, déstabilisé par la contestation estudiantine, il avait gardé l'appui d'une «majorité silencieuse» qui avait envoyé un message d'ordre clair. Macron est privé de cette assise. Une dissolution relèverait du suicide politique. Le référendum bute sur la nature de la question posée: la seule taxe sur l'essence? La politique menée dans son ensemble? Difficile de refonder une légitimité, ou de la solder, sur une unique question. Quant à la démission, arme suprême et ultime, il n'est pas surprenant qu'elle soit brandie par ceux qui n'ont finalement jamais admis l'élection d'Emmanuel Macron.
Reste, sur le plan institutionnel, une quatrième hypothèse:  un changement de premier ministre. La posture de fermeté d'Édouard Philippe est parfois présentée comme une des causes du durcissement des «gilets jaunes».Mais ce scénario semble émaner principalement de députés LaREM avec qui les relations se sont détériorées. Philippe écarté, on voit mal quelle personnalité aurait la capacité de rassembler. En chargeant son premier ministre de recevoir les chefs de parti, Macron a tordu le cou à ce scénario d'autant plus illusoire que c'est sur la personne même du président  de la République que la colère  se concentre. Un changement de «fusible» n'apporterait aucune garantie de rebond. Surtout, ces quatre leviers relèvent d'un Meccano institutionnel étranger au mal-être réel exprimé par les Français  en matière de pouvoir d'achat,  de conditions de vie, de prise  en considération. Donc ils n'apporteraient aucune garantie d'apaisement ou de rebond.
D'autres propositions de sortie  de crise s'accordent davantage à la nature de la contestation. Laurent Berger (CFDT) parle d'un «Grenelle du pouvoir de vie», Olivier Faure (PS), d'«États généraux du pouvoir d'achat». L'idée de mettre autour de la table le plus grand nombre d'acteurs possible serait de fait un moyen à la fois de sortir du face- à-face devenu trop tendu entre Macron et les Français et de donner un minimum de crédibilité à toute proposition qui serait automatiquement rejetée si elle émanait du seul exécutif. La réunion de tous les chefs de parti participe  de cet élargissement, préalable  à toute sortie de crise. C'est en effet plus par l'humilité des liens renoués que par l'éclat d'un coup politique que Macron s'en sortira.

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Éditorial : «Urgence nationale»
Mis à jour le 02/12/2018 à 22h11 | Publié le 02/12/2018 à 21h25
Par Alexis Brézet
Mais comment a-t-on pu en arriver là? Comment, partant d'une (trop) banale augmentation des taxes sur les carburants, en sommes-nous venus à ces scènes terrifiantes de saccages et de pillages, à cet hallucinant spectacle de chaos et de désolation? Paris en feu, l'Arc de triomphe profané par une bande de vandales posant en toute impunité sur leurs selfies. Au-delà des dommages matériels, qui n'ont pas touché que la capitale, loin de là, la journée du 1er décembre restera pour la nation une blessure collective. Face à cette explosion de violences inexcusables - et dont le président de la République a fort justement dit qu'aucune cause ne saurait la justifier -, tout un pays a eu le sentiment d'assister à la faillite de l'État.
Après ce désastre national, la priorité des priorités, évidemment, ne peut être qu'au rétablissement de l'ordre républicain. Même si l'on doit saluer le courage, l'abnégation et le sang-froid dont ont fait preuve policiers et gendarmes, force est de constater que le dispositif policier mis en place par le ministre de l'Intérieur, à Paris notamment, a été gravement mis en échec. Les enquêtes, parlementaires ou administratives, qui ne manqueront pas d'être diligentées nous diront peut-être pourquoi. En attendant, il importe avant tout d'éviter que ces scènes de quasi-guerre civile se reproduisent samedi prochain. Sans faiblesse ni demi-mesures, les autorités doivent assurer la sécurité des personnes et des biens ; c'est la base du contrat passé entre l'État et les citoyens. Tous les moyens juridiques, matériels et humains - y compris la proclamation de l'état d'urgence si preuve était faite qu'elle peut s'avérer utile - doivent être mis en œuvre sans délai afin que cesse l'intolérable.
La deuxième priorité - car le rétablissement de l'ordre public ne saurait être qu'un préalable - est de répondre à la colère des «gilets jaunes» afin d'apaiser cette révolte qui fait courir de graves risques à l'équilibre politique et social du pays. Jusqu'ici, leur détermination a résisté à tout ; quant au soutien dont ils bénéficient dans l'opinion, ni les tentatives de culpabilisation de «la France qui fume des clopes et qui roule au diesel» ni les essais de diabolisation visant la «peste brune» n'en sont venus à bout. Aujourd'hui, derrière les violences urbaines, la fronde des «gilets jaunes» est là, plus virulente que jamais. On voudrait pouvoir distinguer radicalement les choses, mais la réalité est plus complexe: il y a des casseurs «professionnels», il y a aussi des «gilets jaunes» qui cassent. Le Puy-en-Velay, pour ne prendre que cet exemple, ne saurait passer pour un repaire d'anarchistes ou d'identitaires…
Apaiser la révolte? On n'y arrivera pas à grands coups de «pédagogie» (comme si les «gilets jaunes» étaient des cancres incapables de rien comprendre), ni par la grâce de cette «conférence territoriale sur les mobilités» étalée sur trois mois que propose, sans rire, Benjamin Griveaux. Pour résoudre la crise, il faut renouer - tout de suite - le dialogue, et, pour renouer le dialogue, il faudra bien, par quelque bout que l'on prenne la chose, concéder aux «gilets jaunes» un trophée symbolique.
Chacun le sait, l'évidence crève les yeux: Emmanuel Macron doit d'urgence reporter, suspendre, annuler (peu importe le mot) les hausses de taxes qui ont mis le feu aux poudres. Revenir non pas sur une réforme (il n'y a rien de réformateur à augmenter, comme tant d'autres avant soi, les impôts) mais sur un prélèvement. L'opposition l'en conjure ; ses amis l'en pressent de plus en plus ouvertement ; ne pas les entendre serait confondre constance et obstination, et donner le sentiment d'un orgueil mal placé. Maintenant, il faut aller vite: plus le temps passe, plus le prix à payer pour rétablir le calme sera élevé. Et plus la capacité du gouvernement à mener demain la moindre (vraie) réforme sera entamée.
On dira - avec Christophe Castaner - qu'un moratoire sur les hausses de taxes ne suffira pas à ramener la paix dans les esprits, que les revendications des «gilets jaunes», dont certaines sont proprement abracadabrantesques, vont désormais bien au-delà. Ce n'est sans doute pas faux, mais c'est dire aussi que le malaise sur lequel prospère la révolte est si profond qu'aucune annonce politique ne saurait à elle seule le résorber. La réconciliation nationale sera une œuvre de longue haleine. C'est la troisième priorité.
Réconciliation, car, en vérité, c'est bien un affrontement grave qui s'installe partout dans les démocraties occidentales. De bons esprits (Christophe Guilluy, David Goodhart, Thomas Frank) l'avaient prophétisé dans le désert depuis des années ; nul ne peut plus contester aujourd'hui sa réalité. Dans les profondeurs de cette double fracture - géographique et sociologique - qui structure aujourd'hui le paysage de nos démocraties mijotent tous les ingrédients d'une nouvelle lutte des classes qui met à rude épreuve la cohésion des nations.
Par un paradoxe qui n'est qu'apparent, c'est sous le principat d'un président élu sur un projet de bienveillance et de dépassement des clivages que cette opposition nouvelle aura été portée chez nous à incandescence. C'est sans doute que le vieux clivage droite-gauche, à côté de tant de défauts, avait aussi quelques qualités: en récusant la froide logique des intérêts, il permettait au pays de s'affranchir en partie des affrontements de classe. De droite ou de gauche, c'était toujours la même France, tandis qu'aujourd'hui, entre la «France des métropoles» et la «France périphérique» se dessine en pointillé l'affrontement de deux sociologies, deux modes de vie, deux univers culturels radicalement étrangers.
Pour combler ce fossé qui se creuse, il n'est à l'évidence pas de réponse univoque. L'angoisse du grand déclassement qui frappe les classes moyennes, tout autant que les classes populaires, est économique, bien sûr, mais aussi culturelle et identitaire. Elle appelle des gouvernants des réponses sonnantes et trébuchantes, des réponses politiques et symboliques, et aussi ce je-ne-sais-quoi qui ne coûte rien et qui s'appelle le respect.
Il y a urgence à agir. Ordre républicain, apaisement social, réconciliation nationale: ce triple objectif, à court, moyen et long terme, devrait mobiliser l'ensemble des forces politiques. Si nous ne voulons pas que la colère des peuples, qui a produit Trump, le Brexit, Salvini et tant d'autres tempêtes politiques, ne finisse, chez nous aussi, par tout emporter.



Jacques Julliard : «Le Mai 68 des classes moyennes»
Par Jacques Julliard
Publié le 02/12/2018 à 19h27
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Si Emmanuel Macron paie son hostilité aux corps intermédiaires, les « gilets jaunes » ne peuvent prétendre se soustraire aux règles qui régulent les conflits sociaux en France depuis plus d'un siècle, argumente l'historien et essayiste.
Une finalité sans fin
Tout ça pour ça! D'ici peu, la baisse du brut aidant, le carburant ne coûtera pas plus cher, peut-être moins, qu'à la veille du mouvement des «gilets jaunes». Mais les choses sont ainsi. Qu'il affecte les classes moyennes ou la classe ouvrière, le mécontentement en France n'a jamais de cause expresse, seulement des prétextes, ou mieux des déclencheurs. Voilà pourquoi il déborde si facilement les classes sociales qui lui ont donné naissance pour s'étendre à certaines couches populaires. La vie sociale ressemble au jeu du furet où il ne s'agit pas de courir après la balle mais de rechercher où elle se trouve. Dans les pays rationnels, l'ordre de succession des facteurs, lorsd'un mouvement social, est le suivant: mécontentement-revendication-conflit-solution. Mais au «pays de Descartes» (sic), l'ordre est plutôt: mécontentement-conflit-revendication-solution. Vous voulez savoir pourquoi je descends dans la rue? Je vous le dirai quand je le saurai moi-même, après avoir arpenté la chaussée. Allez comprendre.
Ainsi, savez-vous pourquoi les «gilets jaunes» occupent les carrefours? Pour moi, pas vraiment. Pour eux, guère davantage. On ne nous entend pas, disent-ils - que ne parlent-ils clairement! Ce n'est pas faire preuve d'indulgence excessive à l'égard du gouvernement que de constater qu'il ne sait à qui parler, et pas davantage de quoi. Quand un pays soutient à 80 % la taxe carbone et à 80 % aussi ceux qui en demandent la suppression, gouverner relève de l'acrobatie ou de la prestidigitation.
«On ne sait toujours pas, à l'heure où j'écris, de quoi cette grève aura été le nom.»
Jacques Julliard
Examinez les grands conflits du passé, des grèves de 1936 à celles de 1968: le principal objet du débat était de savoir de quoi l'on allait débattre. Après, les choses vont assez vite et se dénouent en quelques heures. C'est seulement quand tout est fini que les grévistes comprennent vraiment pourquoi ils se sont mis en grève, et les patrons pourquoi ils ont cédé sur autre chose. Comme l'œuvre d'art chez Kant, le conflit social est en France une finalité sans fin, c'est-à-dire la recherche de quelque chose que l'on ignore mais dont on attend une satisfaction. Voilà pourquoi il est si difficile en France, comme l'avait jadis reconnu Maurice Thorez, de terminer une grève, ou encore, nous venons de le voir, de lever l'occupation d'un rond-point.
On ne sait toujours pas, à l'heure où j'écris, de quoi cette grève aura été le nom. Une jacquerie contre la hausse des taxes sur l'essence, ou pour une augmentation des salaires, voirepour le rétablissement de l'ISF? Ou peut-être pour rien du tout,ou pour tout cela ensemble.
L'épiphanie des classes moyennes
Ne nous le dissimulons pas: si dur à vivre pour les acteurs que soit un mouvement social, si exigeant parfois pour le porte-monnaie, il est aussi une grande parenthèse d'autonomie personnelle, d'autoaffirmation, et par conséquent de jubilation. Dès le début, ce n'est pas seulement de ne pas être écoutés que se plaignaient les «gilets jaunes», c'est de ne pas être reconnus. C'est d'être ceux dont on ne parlait jamais, contrairement aux riches, mais aussi aux pauvres. Trop modestes pour susciter l'envie, à la différence des premiers ; trop à l'aise pour susciter la compassion, à l'inverse des seconds.
Les voilà enfin sur le devant de la scène. Ils «passent à la télévision». L'ingénieuse invention des «gilets jaunes» leur donne la dignité d'acteurs de l'histoire à part entière. Ils sont les héros de cet animal fabuleux des temps modernes que l'on nomme l'automobile. On les a vus s'acharner contre tout ce qui limite le bon plaisir de cette chevalerie mécanique: les panneaux de signalisation, les péages et leurs barrières, les radars et leurs limitations de vitesse. Ce n'est pas parce qu'ils sont pressés qu'ils détestent le 80 à l'heure: c'est parce qu'ils voient là comme une atteinte à leur souveraineté. Au-delà de son utilité sociale, l'automobile est aux classes moyennes ce que l'avion est aux classes supérieures et la moto aux jeunes. Après tout, pourquoi les classes moyennes n'auraient-elles pas enfin, en occupant les carrefours routiers, l'équivalent de ce qu'ont ressenti les ouvriers quand, en juin 36, ils ont occupé les usines, quand, en 68, les étudiants ont occupé les facs, leur revanche sociale, ou même, si l'on veut, leur moment historique? Ne sont-elles pas fondées à penser que, tandis qu'à l'ordinaire elles gravitent autour de la mécanique sociale, aujourd'hui, pour quelques jours au moins, c'est toute la mécanique sociale qui gravite autour d'elles?
Qu'en restera-t-il? Rien peut-être. Après tout, le mouvement de Mai 68, dont toute la tonalité était gauchiste, a été couronné le mois suivant par les élections les plus à droite que la France avait connue depuis la Chambre bleu horizon de janvier 1919. Dans un mois, cela fera juste cent ans… En attendant, le mouvement des «gilets jaunes», pour beaucoup de gens qui n'avaient jamais manifesté de leur vie, restera une parenthèse dans la monotonie des jours.
La montée aux extrêmes
Faute d'objectif précis, la grève ou le blocage prennent toujours plus ou moins en France la forme d'une remise en question de l'ordre établi. Commencer une grève, c'est ouvrir la boîte de Pandore, sans savoir ce qu'il en sortira. Le plus souvent, une grève de grande ampleur est dirigée contre l'ordre patronal, contre l'ordre gouvernemental, mais aussi plus discrètement contre l'ordre syndical lui-même. On y voit souvent les chefs du mouvement courir après les troupes, comme après un cheval fou que l'on cherche à rattraper par la bride.
D'où l'inflation verbale qui est toujours de mise. Une perte de 1 % du salaire, voire la simple stagnation, est immédiatement qualifiée de plongée dans la misère. On a entendu des «gilets jaunes» affirmer que l'onne peut plus se soigner en France, alors que c'est justement le paysoù tout le monde a droit à des soins. On demandera la démissiondu président de la République, du gouvernement, la dissolutionde l'Assemblée nationale. Et après? Comme disait Napoléon:«On s'engage, et l'on voit après…»
Cette traditionnelle montée aux extrêmes ne relève pas seulementde l'amplification méridionale ou de l'art de demander le plus pour obtenir le moins. Elle traduit la conviction, toujours prête à s'exprimer,que l'ordre social est injuste.
À la veille de la Révolution, écrit Tocqueville, «il n'y eut pasde contribuable lésé par l'inégalitédes tailles qui ne s'échauffât à l'idéeque tous les hommes doivent être égaux ; pas de petit propriétaire dévasté par les lapins du gentilhomme son voisin qui ne se plût à entendre dire que tous les privilèges indistinctement étaient condamnés par la raison».
Ce moment où «toutes les passions publiques se transformenten philosophie» laisse présager que la Révolution n'est pas loin ; en France, à chaque émotion populaire, nous sommes à la veille de la Révolution. C'est pourquoi on en compte tanten France, et s'il n'en est pas davantage, c'est que, pour citer encore Tocqueville, «une nation fatiguée de longs débats consent volontiers qu'on la dupe, pourvu qu'on la repose».
Oui, la France est ce pays où la Révolution paraît à toutes les classes de la société comme un préambule nécessaire à quelque réforme que ce soit, et commeles révolutions sont tout de même des choses coûteuses, on finit par renoncer aux réformes et à se résigner au conservatisme. D'où il ressort que la fréquence du risque révolutionnaire est chez nous la meilleure garantie du maintien de l'ordre conservateur.
Macron et les corps constitués
Ce qui donne au mouvement des «gilets jaunes» une allure insolite, c'est que s'en sont trouvés absents les deux grands acteurs habituels de la scène sociale: les patrons et les ouvriers. Et cela pour la même raison ; à savoir que ni les uns ni les autresne peuvent franchement approuver ni désapprouver cette insurrection des classes moyennes. Les premiers parce qu'ils paient beaucoup d'impôts ; les seconds parce qu'ils n'en paient guère. On avait déjà connu semblable situation dans les années 50, avecle mouvement Poujade. Est-ce parce que celui-ci était excessivement personnalisé que les mutins d'aujourd'hui sont si hostiles à toute représentation?
Il n'importe, l'absence des syndicats ouvriers, fût-ce parla parole, dans un mouvement social de pareille ampleur n'est pas un bon signe. Elle suggère que repliés surla défense corporatiste de leurs adhérents, ils ont renoncé à exprimer un point de vue général surla situation sociale du pays, à plus forte raison sur son gouvernement. Seule la CFDT, par la voix de son secrétaire général, Laurent Berger,a fait exception, parce qu'elle estla seule à n'avoir pas complètement renoncé à toute ambition nationale. Une confrontation générale sur les conditions de la transition énergétique était en effet la bonne méthode pour mettre tous les Français devant leurs responsabilités et replacer la révolte des «gilets jaunes» dans le cadre d'une politique sociale d'ensemble.
L'absence des syndicats professionnels, mais aussi des partis politiques eux-mêmes, doit amener à réfléchir sur le déclin des grandes organisations constitutivesde la démocratie.
Dans un livre classique sur «la démocratie et l'organisation des partis politiques» (1), le sociologue d'origine russe Moisei Ostrogorski avait montré dès 1902 quela professionnalisation croissantedes partis classiques et l'élaborationde leurs programmes en dehorsde toute participation populaire,en un mot leur bureaucratisation, avait, à terme, pour conséquencele déclin de ceux-ci et leur remplacement par des partis temporaires à objet unique. Nous y sommes. L'organisation temporaire, aux contours mal définis, connue sous le nom de «gilets jaunes» correspond parfaitement à la prédiction d'Ostrogorski. Les «bonnets rouges» bretons, nés en 2013 en réactionà l'écotaxe, les avaient précédésdans cette voie. La défiance croissante à l'égard du parti idéologique professionnel et du syndicat de même type laisse présager la multiplicationà l'avenir de ces formations éruptives et sans lendemains.
Ce que l'on sait d'Emmanuel Macron et de sa structure mentale porte à penser qu'il se réjouit fortde cette évolution. Il déteste, on s'en aperçoit un peu plus chaque jour, les corps intermédiaires, les formations constituées capables de le suivredans la durée et de lui tenir tête.
Ces problèmes, nous venons, avec cette triste journée de samedi dernier, de les toucher du doigt. Quelle que soit la suite des événements, elle restera une honte pour les classes moyennes dans leur volonté d'être tenues pour des interlocuteurs responsables. Leur incapacitéà s'organiser, à faire régner l'ordredans leurs propres rangs, à formuler des revendications, et à désigner des représentants pour les porter, c'estle degré zéro de l'intelligence sociale.
Avec les conséquences inévitables que cela entraîne. Si vous ne savezpas ce que vous voulez, vous ne l'aurez sûrement pas. Si vous ne pouvez pas désigner un chef dans vos rangs, d'autres viendront de l'extérieurpour vous asservir. Nous voici dans l'anarchie petite-bourgeoise, avecson cortège de casseurs, de pilleurs,de politiciens et de démagogues d'extrême droite et d'extrême gauche. Ces classes moyennes qui ne cessentde se plaindre d'être méprisées - leur idéal dirait-on, n'est ni la démocratie ni la dictature, c'est la lacrymocratie! - ont-elles conscience qu'elles sont en train de mériter ce qu'elles dénoncent?
Imagine-t-on un instant les ouvriers français, fiers des valeurs de La Marseillaise et de L'Internationale, laisser souiller et saccager l'Arcde triomphe? Pour moins que cela, jadis, c'est à balles réelles qu'ils étaient accueillis, par le représentant par excellence de l'ordre bourgeois,c'est-à-dire Thiers!
Je cherche en vain dansle mouvement actuel la solidarité,la générosité, la fraternité, qui existaient chez les étudiants et les ouvriers.C'est un peu lugubre: on a ratéle légendaire de Mai 68 et parfois frôléla chienlit de février 34. On se croit Robin des Bois, et les spectateursne voient que des Gribouille.
Jacques Julliard, éditorialiste de l'hebdomadaire Marianne.
(1) Trad. française: «La Démocratie et les partis politiques» (Seuil 1979,coll. «Point»).

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«Gilets jaunes» : vu de l'étranger, un air de «guerre civile»
Par Adrien Jaulmes
Mis à jour le 02/12/2018 à 20h38 | Publié le 02/12/2018 à 19h52
VIDÉOS - Les médias britanniques, notamment, ont diffusé en boucle les images des affrontements dans les avenues de Paris, samedi.
Les images des affrontements de samedi dans les rues de Paris ont suscité une certaine stupeur à l'étranger, où l'on a soudain eu l'impression que la France renouait au XXIe siècle avec son passé révolutionnaire. «Il y a une atmosphère de guerre civile», écrit la correspondante du magazine américain Time, en citant un porte-parole autoproclamé du mouvement des «gilets jaunes». Emmanuel Macron, explique la journaliste, «est perçu dans l'esprit de beaucoup de gens comme un riche je-sais-tout persuadé d'avoir toujours raison».
«La version moderne d'une révolte des paysans et des ouvriers contre un président de plus en plus contesté pour son attitude distante et monarchique»
Extrait du «New York Times»
Le New York Times a qualifié les événements de «la crise la plus sérieuse traversée par le gouvernement Macron». «Même si elles ont été principalement commises par des vandales qui se sont amalgamés au mouvement, les violences de samedi ont été très symboliques. Cette version moderne d'une révolte des paysans et des ouvriers contre un président de plus en plus contesté pour son attitude distante et monarchique a transformé les plus riches avenues et les sites les plus célèbres du pays en véritables zones de guerre», écrit le correspondant à Paris du journal américain.
Le Washington Post avait quant à lui choisi de couvrir les manifestations des «gilets jaunes» à Besançon, expliquant à ses lecteurs que le mouvement était aussi celui de la province contre la capitale.
Les médias britanniques ont diffusés eux aussi en boucle les images des affrontements dans les avenues de Paris, l'Arc de triomphe noyé dans les gaz lacrymogènes et le visage vandalisé de la statue de Marianne dans la galerie du monument. La BBC et plusieurs autres chaînes britanniques ont dit que l'état d'urgence pourrait être décrété. Le quotidien populaire The Daily Mail affirme même que «l'armée se tient prête pour réprimer» le mouvement des «yellow vests».
«Scènes de guerre civile»
Le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung a aussi qualifié les événements de samedi à Paris de «scènes de guerre civile» et se demande si «la France va de nouveau décréter l'état d'urgence». Le journal allemand a cité la fermeture des Galeries Lafayette samedi par crainte des émeutiers comme un exemple des conséquences probables de ces événements sur l'économie française.
Pour la chaîne de télévision panarabe al-Jazeera, les manifestations de Paris ont été «infiltrées par des éléments violents d'extrême droite et d'extrême gauche».
Toujours prompte à souligner les problèmes des pays occidentaux, et à leur renvoyer leurs critiques, la chaîne russe d'information Russia Today a mis l'accent ce week-end sur la brutalité de la police française face aux manifestants, expliquant comment plusieurs de ses journalistes avaient été blessés par les policiers et citant abondamment la version de Jean-Luc Mélenchon selon laquelle les manifestants «pacifiques» auraient été «victimes de l'acharnement» de la police sur la place de l'Étoile.

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«Gilets jaunes»: des questions sur le dispositif de sécurité à Paris
Par Jean Chichizola
Mis à jour le 02/12/2018 à 21h21 | Publié le 02/12/2018 à 20h49
VIDÉO - Au lendemain d'une nouvelle journée de mobilisation, marquée par des scènes de chaos dans la capitale, les mesures prises pour empêcher les casseurs de s'infiltrer sur les Champs-Élysées sont remises en cause.
Fallait-il «cadenasser» une partie de l'Ouest parisien?
«Scènes de chaos avenues Mac-Mahon et des Ternes. Inacceptable et tristement prévisible: dégradations du mobilier urbain, incendie… J'avais demandé un périmètre élargi aux quartiers voisins de l'Étoile au préfet de police». Samedi, le maire LR du XVIIe arrondissement, Geoffroy Boulard, lançait la polémique: les autorités auraient-elles dû, ou pu, «cadenasser» non seulement les Champs-Élysées mais au-delà une partie de l'Ouest parisien? Une source officielle fait observer que le gouvernement tenait à permettre à ceux qui le voulaient de manifester sur les Champs-Élysées. Au vu des zones touchées par les émeutes de samedi soir - de Bastille à Rivoli en passant par Haussmann, bien au-delà de l'Étoile et de ses environs -, il aurait de toute façon fallu «cadenasser» une bonne partie de la capitale. Ce qui, techniquement, paraît irréalisable. Sans compter le risque que, en faisant de l'Ouest une forteresse, l'Est soit livré aux casseurs.
Des «gilets jaunes» ont-ils été empêchés de se rendre sur les Champs-Élysées?
Dans la journée de samedi, de nombreux journalistes, dont plusieurs reporters du Figaro, ont rencontré des «gilets jaunes» pacifiques, parfois âgés, leur expliquant qu'ils n'avaient pu accéder aux Champs-Élysées et qu'ils avaient été de facto rejetés du côté des manifestants violents. En clair, que le «filtrage» mis en place par les forces de l'ordre avait cessé d'être opérant. Une affirmation que conteste une source gouvernementale, qui souligne que le filtrage a bien fonctionné, quand il était possible, et que plusieurs centaines de «gilets jaunes» ont bien eu accès aux Champs-Élysées. Elle ajoute que les 24 points d'accès mis en place par les forces de l'ordre ont en revanche été attaqués dès 9 heures du matin par des casseurs masqués et casqués.
Pourquoi les forces de l'ordre ont-elles été débordées?
Samedi, les forces de l'ordre ont parfois donné l'impression de «courir» après des casseurs très mobiles. Manque d'effectifs? Dans la soirée, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, soulignait: «Tous les moyens de la police, de la gendarmerie et de la sécurité civile sont mobilisés.» Difficile donc d'aller au-delà des 4600 policiers et gendarmes mobilisés à Paris sous peine de laisser la province démunie. Selon l'Élysée, Emmanuel Macron a demandé dimanche au ministère de l'Intérieur de mener «une réflexion sur la nécessité éventuelle d'une adaptation du dispositif du maintien de l'ordre dans les jours à venir». Les tactiques des forces de l'ordre et celles des casseurs expliquent aussi cette impression de «débordement». Côté policier, la priorité donnée, au détriment parfois des biens matériels, à la protection des personnes est clairement assumée. Même si, selon une source policière, les forces de l'ordre ont fait face à une «violence inouïe» visant aussi les pompiers. Le préfet de police a parlé dimanche de violences «d'une gravité sans précédent». Côté émeutiers, leur rapidité d'action, ravageant une avenue en quelques dizaines de minutes, et leurs attaques dans plusieurs points de la capitale dans des sites peu adaptés au maintien de l'ordre, ont encore compliqué la tâche des policiers et des gendarmes. Des syndicats de police proposent des solutions: état d'urgence et «renfort de l'armée pour garder les lieux institutionnels» pour Alliance-police nationale, et interdiction des prochaines manifestations pour l'Unsa-police.
Qui sont les casseurs?
C'est peut-être l'élément le plus inquiétant dans les émeutes de samedi. Selon un spécialiste des questions de sécurité, Paris a vu une «convergence» spontanée de violences nées au cours des dernières décennies: aux «vrais» «gilets jaunes», héritiers de violences observées depuis des années en marge de conflits sociaux (saccages de bâtiments publics, prises d'otages, manifestations violentes) se sont joints des casseurs «politiques», notamment de l'ultragauche, héritiers eux de la violence déchaînée par les black blocs depuis les années 1990, mais aussi de l'ultradroite. À noter que les casseurs, rompus à la dissimulation, sont par définition plus difficiles à appréhender. Enfin, samedi en fin de journée, des casseurs «de cités» sont apparus pour se livrer au pillage. Le profil des gardés à vue témoigne de cette diversité: une majorité d'hommes, souvent intégrés, et venant majoritairement de province, et de jeunes Franciliens, dont 33 mineurs, interpellés pour des pillages en seconde partie de journée.
Décréter l'état d'urgence serait-il pertinent?
Pour l'heure, l'option ne semble pas avoir été retenue par le chef de l'État. Politiquement, la mesure ne serait pas neutre et, techniquement, son efficacité serait limitée. On voit mal comment une interdiction de manifester ou d'hypothétiques assignations à résidence, contestées devant la justice, pourraient régler la question. Par ailleurs, de nombreuses dispositions de l'état d'urgence sont déjà inscrites dans la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme.

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LaREM se fissure sur les «gilets jaunes»
Par Mathilde Siraud
Publié le 02/12/2018 à 20h09
VIDÉO - Des divergences apparaissent parmi les députés macronistes entre les partisans de la fermeté et ceux qui demandent à l'exécutif des gestes pour calmer la fronde.
La majorité à l'épreuve du feu. Pour la première fois depuis le début du quinquennat, les parlementaires La République en marche (LaREM) sont confrontés à une crise politique sans précédent, qui tend à se radicaliser au fil des semaines. Samedi, dans les rangs du Pavillon Baltard (Nogent-sur-Marne) où se tenait le conseil du parti, la colère des «gilets jaunes» était dans toutes les têtes. Les élus se tenaient informés en direct de l'ampleur de la mobilisation dans leur territoire. Les images des débordements à Paris ont provoqué la stupeur. Ces députés macronistes, majoritairement peu expérimentés, découvrent pour la plupart la violence de l'impopularité, voire du rejet. Ils sont, pour certains, pris pour cible à leur domicile ou sur le terrain, sans savoir comment répondre à cette colère.
Deux catégories se dessinent au sein du groupe LaREM: d'un côté, les partisans de la fermeté, qui ne veulent rien lâcher aux manifestants et, de l'autre, ceux qui demandent à l'exécutif des gestes supplémentaires pour calmer la fronde. Ces derniers sont de plus en plus nombreux. «La peur prend le pas sur tout, constate, las, une députée macroniste. Même si la force du vent est forte, il faut trouver des solutions qui ne doivent pas être celles de l'ancien monde.»
«On ne pourra pas jouer le pourrissement. Il faut répondre précisément au problème du pouvoir d'achat, que les “gilets jaunes” voient sur leur fiche de paie une véritable augmentation»
Sylvain Maillard, le député de Paris
Le député de Paris Sylvain Maillard a ajouté sa voix samedi à ces revendications, après une nouvelle rencontre avec des «gilets jaunes». «Si on maintient le cap, il va y avoir des manifestations partout, explique-t-il au Figaro. On ne pourra pas jouer le pourrissement. Il faut répondre précisément au problème du pouvoir d'achat, que les “gilets jaunes” voient sur leur fiche de paie une véritable augmentation.» Pour Gilles Le Gendre, président du groupe, les consultations territoriales voulues par l'exécutif doivent s'accompagner «d'un changement radical dans la méthode». «L'objectif est de réussir absolument cette grande concertation, qui doit être la plus large possible et aboutir à des ajustements», plaide-t-il. Le chef de file des députés LaREM reconnaît auprès du Figaro l'existence de «doutes» et d'un «débat», mais nie toute apparition de «fissures».
«Il y a urgence à ouvrir le dialogue et donner des solutions immédiates»
Émilie Cariou, députée de la Meuse
Mardi, le mouvement des «gilets jaunes» sera le seul thème à l'ordre du jour de la réunion de groupe hebdomadaire, à l'Assemblée nationale, à laquelle assistera le premier ministre. «Les violences d'hier sont inacceptables. Nous ne pouvons laisser notre pays partir dans le chaos. Les députés LaREM ont fait remonter les alertes et propositions, il faut que le premier ministre les écoute. Il y a urgence à ouvrir le dialogue et donner des solutions immédiates», a ainsi tweeté dimanche la députée macroniste de la Meuse, Émilie Cariou. Car certains ont peu goûté ces derniers jours à «l'inflexibilité» d'Édouard Philippe.
Plus inédit encore, pour la première fois, des parlementaires mettent directement en cause le chef de l'État. Le procès en arrogance, jusqu'ici limité à l'opposition, trouve un écho au sein de la majorité. «Je nierai vous l'avoir dit mais voilà ce que je pense: 80 % du bordel des “gilets jaunes” est le résultat des petites phrases du chef de l'État depuis six mois», déplore un député LaREM, plaçant «les Gaulois réfractaires» ou «traverser la rue pour trouver un job» au Panthéon des erreurs de ce début de quinquennat.

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Journaliste politique - Twitter: @Mathilde_Sd - mail: msiraud@lefigaro.fr
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«Gilets jaunes»: une facture en milliards d'euros pour les commerces
Par Valérie Collet
Publié le 02/12/2018 à 20h01
À Paris comme en province, les fermetures forcées, les dégradations et les vols ont lourdement impacté le chiffre d'affaires des commerçants lors de ce troisième samedi de mobilisation des «gilets jaunes».
Vitrines brisées, magasins pillés, boutiques fermées ou désertées par les clients, véhicules brûlés… la facture de ce troisième samedi de mobilisation des «gilets jaunes» s'annonce lourde. Les assureurs réservent encore leur évaluation des sinistres. Mais chez les commerçants, la perte de chiffre d'affaires se calcule en milliards d'euros. «Certains achats pourront être reportés, comme les jouets, mais pas les produits frais, explique Jacques
«L'année 2018 n'avait déjà pas été bonne pour le commerce, cela ne va rien arranger»
Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution
Creyssel, le délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), qui ne cache pas son inquiétude. Lors d'un week-end comme celui-là, le chiffre d'affaires global tourne autour de 15 milliards d'euros. Le recul des ventes risque de dépasser 30 %.»
«L'année 2018 n'avait déjà pas été bonne pour le commerce, cela ne va rien arranger», ajoute-t-il. Selon lui, le chômage technique se profile dans le secteur de la distribution, premier employeur chez les jeunes, et les emplois de renfort prévus pour Noël sont d'ores et déjà annulés. Tous attendent de la rencontre avec Bruno Le Maire, ce lundi, des décisions fortes pour garantir la liberté d'accès aux commerces.
Difficultés d'approvisionnement
Samedi, des centaines de magasins ont été fermés. Certains rencontrent désormais des difficultés d'approvisionnement. La province n'a pas été épargnée par les scènes de pillage. À Saint-Étienne, un centre commercial a été brûlé, un Casino dévasté. Le gérant de ce magasin, Rabia Moucice, a même cru revivre des scènes de guerre connues dans son pays d'origine, l'Irak. Il évalue à environ 100.000 euros le montant des dégradations et vols commis dans son supermarché. Pour Carrefour, les points de blocage et les actes de pillage se sont concentrés dans le nord de la France, dans le Sud-Ouest et le Sud-Est.
«Notre clientèle est essentiellement composée d'étrangers de passage. L'impact des images d'émeute est lourd. Ils vont avoir peur de revenir à Paris»
Benjamin Cymerman, président du comité du Faubourg Saint-Honoré
À Paris, sans surprise, les boutiques des beaux quartiers ont été des cibles choisies. Mais toutes n'ont pas connu le même sort. Celles situées dans la «zone d'exclusion» - proches de l'Élysée - et donc interdites aux passants, sont restées fermées et n'ont réalisé aucune vente pour le troisième samedi consécutif. Hors de ce périmètre, certaines ont été victimes de saccage, comme Chanel, rue Cambon. «Une quinzaine de boutiques ont été la cible de casseurs, souligne Benjamin Cymerman, le président du comité du Faubourg Saint-Honoré, qui regroupe 120 maisons de luxe au cœur de Paris. Notre clientèle est essentiellement composée d'étrangers de passage. L'impact des images d'émeute est lourd. Ils vont avoir peur de revenir à Paris.» Les Champs-Élysées, eux, ont été épargnés. La célèbre avenue était sécurisée, contrairement à la semaine dernière. «Mais nous avons perdu une journée d'activité, rappelle Édouard Lefebvre, le directeur général du comité Champs-Élysées. Soit près de 8 millions d'euros perdus.
En revanche, le boulevard Haussmann, où les familles se pressent devant les vitrines de Noël, s'en tire bien, même si les grandes enseignes ont dû baisser le rideau à 17 heures. La journée de samedi a été «plutôt bonne», reconnaît-on dans les grands magasins. Une oasis à deux pas des gaz lacrymogènes.

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L'Allemagne, ce pays où l'enlèvement international d'enfant est légal
Par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant — 2 décembre 2018 à 19:05 (mis à jour à 19:11)
Devant le Parlement européen de Strasbourg. Photo Vincent Kessler. Reuters
Le Parlement européen a voté jeudi une résolution ciblant Berlin qui n'applique pas le droit international pour les enfants nés d'une union entre un(e) Allemand(e) et un étranger.
  L'Allemagne, ce pays où l'enlèvement international d'enfant est légal
Mieux vaut éviter d’avoir un enfant avec un(e) Allemand(e) si on n’est pas soi-même Allemand et/ou si l’on ne vit pas en Allemagne. Nulle germanophobie mal placée dans ce conseil, mais un simple constat : si la séparation tourne mal et que le parent allemand décide de repartir en Allemagne avec l’enfant (ou les enfants), la justice germanique, dont le bras armé est le tout-puissant Office d’aide sociale à l’enfance (Jugendamt), refusera qu’il quitte le sol allemand au nom de «l’intérêt supérieur de l’enfant». Or, Berlin viole ainsi le droit international (conventions de La Haye de 1980 sur l’enlèvement international d’enfants et de 1993 sur l'autorité parentale et le droit européen (règlement de 2003 en phase finale de révision et jurisprudence de la Cour de justice européenne).

Faute de statistiques, on ne connaît pas le nombre d’enfants ainsi enlevés à l’affection de l’un de leur parent depuis 1950, mais il se monte sans doute à plusieurs milliers voire dizaine de milliers. Cela fait une vingtaine d’années que les institutions communautaires, mais aussi la France, les unions franco-allemandes étant très nombreuses, essaient de traiter à l’amiable ces drames dont on ne soupçonne guère les ravages. En vain.

Le Parlement européen, saisi régulièrement par des pétitions de parents non allemands victimes d’un enlèvement international d’enfant, a décidé de hausser le ton contre l’Allemagne, puisque ce pays est le seul de l’Union à refuser d’appliquer le droit européen (l’Autriche, qui avait la même interprétation de l’intérêt de l’enfant, est rentrée dans le rang). Le 29 novembre, par 307 voix contre 211 et 112 abstentions, il a adopté une résolution ciblant uniquement Berlin, ce qui est sans précédent et montre l’agacement des eurodéputés.

Langue maternelle
La résolution décrit le système mis en place outre-Rhin pour refuser d’exécuter les décisions judiciaires européennes ordonnant le retour des enfants. Outre l’interprétation extensive, puisant sa source dans une loi du régime nazi, de l’intérêt de l’enfant qui est toujours de rester auprès de son parent allemand en Allemagne, même en cas de violence ou d’abus avéré contre le parent non allemand, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe estime que l’Allemagne n’a pas à exécuter une décision de justice européenne si l’enfant, même de moins de 3 ans, n’a pas été entendu par le juge… Surtout, le pouvoir du Jugendamt est proprement terrifiant : c’est lui qui recommande au juge la décision à prendre et peut décider de mesures temporaires (comme la tutelle) sans aucun appel possible. Il peut aussi s’opposer au droit de visite du parent non allemand, imposer sa présence lors des visites ou refuser que le parent non allemand parle dans sa langue maternelle à son enfant…

Cette volonté de placer l’Allemagne au-dessus de tout n’est pas exceptionnelle. Il est révélateur d’un comportement plus général de ce pays qui a le plus grand mal à respecter les normes qu’il souhaite que les autres appliquent. Au fond, c’est l’ancien ministre des Finances social-démocrate allemand, Hans Eichel, qui a vendu la mèche, en novembre 2003. Alors que ses collègues lui faisaient remarquer que Berlin avait violé le Pacte de stabilité et qu’il fallait donc qu’il accepte des sanctions, il a lâché devant les yeux sidérés de l’assemblée : «Mais enfin, le Pacte n’a jamais été conçu pour s’appliquer à l’Allemagne !»

Jean Quatremer BRUXELLES (UE), de notre correspondant

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