jeudi 8 novembre 2018

Islamisme et politique 07.11.2018


Un ou deux jours après le début des sanctions américaines contre l'horrible Iran pour son programme nucléaire, la gentille Arabie saoudite - qui avec le Qatar et la Turquie finance les beaux groupes terroristes sunnites, la belle islamisation salafiste de l'Europe et le joli génocide contre les rebelles chiites au Yémen - se lance dans le nucléaire.


Grâce à notre moteur de recherche, cherchez vos aïeux parmi plus d’un million de soldats tués. Les bases de données permettant de connaître le détail des parcours des soldats de la Première Guerre mondiale sont nombreuses, mais rarement ouvertes (lire ci-dessous). Elles permettent pourtant de raconter l’histoire d’une façon inattendue. A l’heure de célébrer les […]
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Hommage à Pétain : «Le vrai héros de cette guerre, c'est le Poilu dans sa tranchée»
Par Etienne Jacob
Publié le 07/11/2018 à 19h16
INTERVIEW - Emmanuel Macron a jugé «légitime» mercredi de rendre hommage, entre autres, au maréchal Pétain samedi à Paris, provoquant une polémique. L'historien Jean-Yves Le Naour, spécialiste de la Première Guerre mondiale, revient pour le Figaro sur le rôle joué par le général lors de la Première guerre mondiale.
Au quatrième jour d'une longue «itinérance mémorielle», Emmanuel Macron a justifié lors d'un déplacement dans les Ardennes, à Charleville-Mézières, l'hommage qui sera rendu samedi à Philippe Pétain, comme sept autres maréchaux de la Grande guerre. Celui qui a été frappé d'indignité nationale en 1945 pour avoir collaboré avec le régime nazi sera célébré lors d'une cérémonie aux Invalides.
Ces déclarations ont valu au locataire de l'Élysée de vives critiques sur les réseaux sociaux. Le Crif s'est dit «choqué» par les propos du chef de l'État., quand Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont dénoncé un hommage prévu pour un «traître» et un «antisémite». Philippe Pétain a-t-il été un «grand soldat» comme l'a déclaré Emmanuel Macron? Lui rendre hommage est-il légitime? Éléments de réponses avec l'historien Jean-Yves Le Naour, spécialiste de la Première Guerre mondiale.
LE FIGARO. - Philippe Pétain était-il un «grand soldat» de la Première Guerre mondiale, comme l'a assuré Emmanuel Macron?
«Incontestablement, [Pétain] a fait partie des grands chefs de la guerre de 14-18. Sur le plan stratégique, il a eu raison»
Jean-Yves Le Naour, historien spécialiste de la première Guerre mondiale
Jean-Yves LE NAOUR. - Incontestablement, il a fait partie des grands chefs de la guerre de 14-18. Mais ça n'a pas été le cas au début, car il était un simple colonel qui devait partir à la retraite. C'est à partir de 1916 qu'il s'est distingué. Longtemps, sur le plan stratégique, Philippe Pétain a eu raison contre le haut commandement. Il voulait adopter une ligne défensive, quand le haut commandement ne jurait que par l'offensive. Il a ensuite imposé une défense élastique dans l'armée lorsqu'il était général en chef. Il a eu du mal à imposer cette tactique car, en France, la ligne était de défendre le moindre mètre carré de territoire. Sur le plan stratégique, il a eu raison.
Pourtant, pendant le conflit, Pétain avait une attitude très défaitiste...
En effet, Philippe Pétain était un chef très pessimiste en 1918. Lorsqu'il a y eu la paix entre l'Allemagne et la Russie, les généraux savaient que les Allemands allaient ramener leurs forces, être en supériorité matérielle et numérique. Quant aux Américains, la France ne pourrait pas compter sur eux avant 1919. En décembre 1917, Pétain a dit à Clemenceau qu'il conviendrait d'examiner s'il n'était pas plus intelligent de négocier avec les ennemis. Or, quand les Allemands ont attaqué en mars 1918, ils ont employé une nouvelle méthode stratégique. Ils se sont dirigés vers Amiens, à la jointure des fronts français et anglais.
Les Anglais auraient donc eu tendance à remonter pour protéger leurs ports, vers la Manche, quand les Français se replieraient sur Paris. Si les Allemands arrivaient à prendre Amiens, la victoire était à portée de main. En mars 1918, devant Clemenceau, Pétain a annoncé que la situation était dramatique, que les Allemands avaient gagné la guerre et battraient la France. En sortant de cette entrevue, Clemenceau a dit qu'il fallait avoir le cœur bien accroché. Finalement, le Tigre a nommé le général Foch au-dessus de Pétain. Foch était considéré comme un fou mais Clemenceau a dit à ce moment-là que l'homme qu'était Pétain allait nous faire perdre et que le fou allait nous sauver.
La France doit-elle la victoire en 14-18 au maréchal Pétain, comme l'a dit Emmanuel Macron?
On ne gagne pas la guerre en restant derrière la ligne Maginot. Il faut, à un moment donné, sortir de sa défense. En 1918, alors que le général Nivelle était persuadé de la gagner dans trois mois, Philippe Pétain avait compris que les combats allaient durer. Il a donc fait appliquer les permissions qui étaient inscrites dans la loi mais jamais respectées. Il a organisé des cantonnements, des baraquements, pour mettre les soldats à l'abri. Les hommes lisaient la presse et se sont sentis écoutés. Le 25 février, il a été nommé à la défense de Verdun par le maréchal Joffre. Rapidement, de nombreux articles louangeurs sont parus sur lui. Joffre agaçait les politiques pour ses erreurs passées et il fallait le remplacer. Quant au général Nivelle, il avait été discrédité après sa défaite sur le chemin des Dames. On a donc monté Pétain, qui a été sous les projecteurs et très populaire. Toutefois, la bataille de Verdun ne demandait pas de stratégie. Il n'y avait rien à penser, il fallait simplement alimenter en hommes. Le mythe de Pétain reste donc très politique et très instrumentalisé par la propagande.
Emmanuel Macron a-t-il raison de lui rendre hommage?
«Le vrai héros de cette guerre, c'est le Poilu dans sa tranchée, qui subit mais qui, par devoir, sort de cette tranchée pour défendre sa patrie»
Jean-Yves Le Naour, historien spécialiste de la première Guerre mondiale
Je pense qu'une erreur a été commise. L'Élysée aurait dû faire un peu plus attention à son programme. Je comprends que les militaires veuillent faire un hommage aux maréchaux pour glorifier le commandement, mais cela ne me semble peut-être pas légitime. Il faut commémorer et non pas glorifier cette boucherie de 14-18. On ne doit pas être fier de ce grand massacre. Ces chefs de l'armée ont fait plus de 1,4 million de morts. Leur stratégie a été mal conçue dès le début.
Le vrai héros de cette guerre, c'est le Poilu dans sa tranchée, qui subit mais qui, par devoir, sort de cette tranchée pour défendre sa patrie. Le héros, c'est le «soldat inconnu», l'anonyme.
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Guillaume Tabard : «Macron et Pétain, un mauvais procès politique»
Par Guillaume Tabard
Mis à jour le 07/11/2018 à 20h50 | Publié le 07/11/2018 à 20h40
CONTRE-POINT - Le chef de l'État a déclaré que le maréchal Pétain avait été «durant la Première Guerre mondiale, un grand soldat», avant de conduire «des choix funestes» durant la Seconde. Le président ne fait que décrire l'Histoire, dans la lignée de ses prédécesseurs.
Une polémique de plus. Déplacée et grotesque celle-là. Autant Emmanuel Macron a parfois joué avec le feu avec des formules maladroites («pognon de dingue», ceux qui «foutent le bordel», un travail «en traversant la rue»…), autant ses mots à Charleville-Mézières sur le maréchal Pétain relèvent du constat historique le plus évident.
Que des réactions indignées aient aussitôt surgi, à commencer par celle de Jean-Luc Mélenchon, relève soit de l'ignorance de ce qu'a dit le président - jusqu'à prétendre qu'il «réhabilitait» l'homme de Vichy -, soit de la mauvaise foi, soit du primat de l'idéologie sur l'Histoire.
Qu'a dit Macron? Que Pétain avait été «durant la Première Guerre mondiale, aussi un grand soldat» avant de conduire «des choix funestes» durant la Seconde. Il n'a pas dit que son attitude durant la Première Guerre excusait celle durant la Seconde, ni même que ces deux moments s'équilibraient. Mais que son rôle à Verdun rendait «légitime» qu'il soit associé aux sept autres maréchaux de France ayant été distingués à l'issue de la Grande Guerre.
Ce faisant, l'actuel président de la République est dans la plus stricte continuité de ses prédécesseurs. «Si, en l'extrême hiver de sa vie, l'usure de l'âge mena le maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire qu'il acquit à Verdun et qu'il garda en conduisant l'armée française à la victoire ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie», disait en 1966 à Douaumont de Gaulle lui-même, à qui l'on ne pouvait donner de leçon de vertu historique.
Condamner l'attitude de Pétain face à l'Allemagne va suffisamment de soi pour qu'il n'y ait pas besoin d'effacer d'autres pages de son histoire
Même double conseil de Mitterrand de n'oublier en Pétain «ni la gloire de Verdun, ni la honte de 42». «On ne pourra jamais arracher les pages dans lesquelles est écrite l'histoire de la plus grande bataille que la France ait connue et gagnée», insistait-il. Bienveillance de celui qui avait été décoré de la francisque? Pourtant, même Jacques Chirac, le plus implacable des présidents envers l'homme de la collaboration et qui avait suspendu la tradition présidentielle de fleurir sa tombe à l'île d'Yeu, estimait: «Un homme a su prendre les décisions qui conduiront à la victoire. Il restera comme le vainqueur de Verdun. Cet homme, c'est Philippe Pétain. Hélas! En juin 1940, le même homme, parvenu à l'hiver de sa vie, couvrira de sa gloire le choix funeste de l'armistice, et le déshonneur de la collaboration.»
Cette constance des présidents suffit à prouver que Macron n'opère aucune transgression. Condamner l'attitude de Pétain face à l'Allemagne va suffisamment de soi pour qu'il n'y ait pas besoin d'effacer d'autres pages de son histoire. Comme le souligne l'historien Henry Rousso, c'est bien parce que Pétain a été «un grand soldat» en 18 qu'il a été rappelé en 40 et a pu «jouer un rôle funeste».
Cette polémique recèle au moins un avantage et une leçon pour Macron. L'avantage, c'est qu'elle fait tomber le procès en déni de la dimension militaire de la victoire de 1918. La leçon, c'est qu'il est toujours néfaste, inutile et périlleux de tordre l'Histoire ou de la faire passer sous les fourches caudines d'arrière-pensées idéologiques. Que ce soit Verdun, 40… ou l'entre-deux-guerres.
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Macron crée la polémique en justifiant l'hommage à Pétain
Par Arthur Berdah
Mis à jour le 07/11/2018 à 22h32 | Publié le 07/11/2018 à 11h20
LE SCAN POLITIQUE - Au quatrième jour de son «itinérance mémorielle», le président a balayé les critiques sur la cérémonie dédiée aux chefs militaires qui aura lieu samedi aux Invalides. Selon lui, Pétain a été «pendant la Première guerre mondiale un grand soldat», même s'il a «conduit des choix funestes» par la suite.
De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières (Ardennes)
«J'ai toujours regardé l'Histoire de notre pays en face». En déplacement à Charleville-Mézières (Ardennes) pour le quatrième jour de son «itinérance mémorielle», Emmanuel Macron s'est expliqué sur l'hommage qui sera rendu aux chefs militaires, dont le maréchal Pétain, samedi aux Invalides. «Il est tout à fait légitime que nous rendions hommage aux maréchaux, qui ont (eux) aussi conduit l'armée à la victoire. Et cet hommage (sera) rendu, comme il l'est d'ailleurs chaque année par l'armée française», a d'abord souligné le président.
Alors qu'il sera à Compiègne (Oise) samedi, le jour de la cérémonie, Emmanuel Macron a confirmé qu'il serait représenté aux Invalides par son chef d'état major particulier. «Je ne fais aucun raccourci mais je n'occulte aucune page de l'Histoire. Et le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi un grand soldat. Voilà. C'est une réalité de notre pays», a-t-il commenté. Il a ensuite repris un argumentaire qui lui est cher pour justifier cette sortie, expliquant que «la vie politique, comme l'humaine nature, sont parfois plus complexes que ce qu'on voudrait croire».
«Je me suis toujours opposé au défaitisme français»
Gaulliste convaincu et revendiqué, Emmanuel Macron a affirmé qu'«on peut avoir été un grand soldat à la Première Guerre mondiale, et avoir conduit à des choix funestes durant la Deuxième». «Mon rôle n'est pas de comprendre que ça choque ou de commenter les gens, mon rôle est d'essayer d'expliquer et de porter des convictions», s'est-il défendu. «Je reconnais la part que les maréchaux ont joué et que notre armée a joué dans la victoire française», a-t-il ajouté, alors que plusieurs voix se sont élevées pour critiquer la faible dimension militaire des commémorations du Centenaire de l'Armistice.
«Nous sommes en train de célébrer le Centenaire. Le Centenaire de la victoire. Et de la paix. La victoire d'une nation combattante - c'est pour ça que j'ai voulu que les Poilus et “ceux de 14” rentrent au Panthéon. Mais c'est aussi la victoire d'une armée française et de ses maréchaux. Et donc il est normal de les célébrer, et de permettre à l'armée française de le faire», a-t-il martelé. Avant de conclure: «Je me suis toujours opposé au défaitisme français lorsqu'il a pu exister, ou à la complaisance avec toute idéologie. Vous ne pouvez pas me reprocher à moi d'avoir été ambigu sur ce point, j'ai toujours été absolu dans ce combat».
François Hollande s'indigne
L'hommage d'Emmanuel Macron à l'action militaire de Pétain pendant la Première Guerre a suscité plusieurs réactions indignées. À commencer par celle de l'ancien président de la République François Hollande: «L'Histoire n'isole pas une étape, même glorieuse d'un parcours militaire. Elle juge l'immense et indigne responsabilité d'un maréchal qui a délibérément couvert de son nom et de son prestige, la trahison, la collaboration et la déportation de milliers de juifs de France» a-t-il déclaré sur Twitter.
Plus tôt dans la journée, le président du Crif Francis Kalifat s'était également idigné de la prise de position d'Emmanuel Macron: «La seule chose que je veux retenir de Pétain c'est qu'en 1945 il a été frappé d'indignité nationale ce qui le rend inéligible à un quelconque hommage», a-t-il réagi, également sur Twitter.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ont immédiatement dénoncé les propos d'Emmanuel Macron.
«La volonté d'Emmanuel Macron de célébrer Petain aux Invalides est une insulte à la mémoire de nos héros français, citoyens, résistants et militaires,aux familles juives déportées de la seconde guerre mondiale», a pour sa part réagi le député PS Luc Carvounas.
Griveaux défend l'hommage, puis se rétracte
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a d'abord dénoncé une «mauvaise polémique», appelant à ne pas faire de «raccourcis douteux». Avant de citer un phrase du Général de Gaulle sur Pétain selon lequel «sa gloire à Verdun ne saurait être contestée ni méconnue par la Patrie». À l'Assemblée nationale, et sans citer Philippe Pétain, Edouard Philippe a évoqué l'«exercice difficile, paradoxal» de «penser en même temps à ceux qui ont été glorieux et à ceux qui ensuite ne se sont pas montrés à la hauteur des enjeux de l'Histoire». Plus tard, Benjamin Grievaux a de nouveau réagit en postant un texte sur Facebook, assurant qu'«aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi, [...], frappé d'indignité nationale pour avoir collaboré avec la barbarie nazie de façon odieuse et criminelle.».
En fin de journée, Emmanuel Macron a lui-même repris la parole pour justifier ses propos. «Le maréchal Pétain, quand il a dirigé la France pendant la Deuxième guerre mondiale, a été complice de crimes profonds qui ont été reconnus, et la responsabilité de l'État français a été reconnue. Je l'ai dit, j'ai été très clair sur ce point. (...) Je ne pardonne rien, mais je ne gomme rien de notre histoire», a déclaré le chef de l'État dans l'Aisne.


Pétain, «grand soldat» : Macron rejoint de Gaulle, Mitterrand, Chirac et Sarkozy
Par Loris Boichot
Mis à jour le 07/11/2018 à 21h04 | Publié le 07/11/2018 à 19h28
LE SCAN POLITIQUE - En qualifiant le maréchal Pétain de «grand soldat» pendant la Première guerre mondiale, le chef de l'État s'est attiré les critiques d'une partie de la gauche. Pourtant, en ajoutant qu'il a «conduit à des choix funestes» pendant la Seconde guerre, il s'inscrit dans les pas de ses prédécesseurs.
Le maréchal? Quel maréchal? Le héros de Verdun, en 1916? Ou le chef du gouvernement collaborationniste de Vichy, signataire du statut des juifs d'octobre 1940? Emmanuel Macron a refusé de choisir, mardi, en convoquant les deux dimensions de l'homme. «Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat», même s'il a «conduit à des choix funestes pendant la Seconde», a déclaré le président de la République à Charleville-Mézières (Ardennes), l'une des étapes du périple mémoriel qui le conduira jusqu'à Paris, dimanche, cent ans après la fin de la Grande Guerre. Entendre le fossoyeur de la IIIème République, en 1940, qualifié de «grand soldat», a horripilé une partie des responsables politiques de gauche, à l'image de Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, le président de la République tient là un discours semblable à ceux de ses prédécesseurs.
De Gaulle: «Gloire» de Pétain malgré des «défaillances condamnables»
Le général de Gaulle, chef de la France libre, n'a cessé de dénoncer pendant la Seconde Guerre mondiale ce qui reste à ses yeux l'erreur fondamentale de Pétain: l'armistice de 1940, c'est-à-dire «l'acceptation de la défaite et de la servitude». Malgré ce désaccord irréductible entre les deux hommes, de Gaulle ne négligera pas, une fois à l'Élysée, les faits d'armes du maréchal qu'il avait rejoint en 1912 au sein du 33e régiment d'Arras, pendant la Grande Guerre.
«Si, par malheur, en d'autres temps, en l'extrême hiver de sa vie, au milieu d'évènements excessifs, l'usure de l'âge mena le maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire qu'il acquit à Verdun, qu'il avait acquise à Verdun vingt-cinq ans auparavant, et qu'il garda en conduisant ensuite l'armée française à la victoire, ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie», déclare-t-il le 29 mai 1966 à Douaumont, à l'occasion du 50e anniversaire de la bataille de Verdun. Le 10 novembre 1968, cinquante ans après 1918, il fait déposer une gerbe sur la tombe de tous les généraux vainqueurs de la Grande Guerre, dont celle de Pétain, sur l'île d'Yeu, où le maréchal a fini sa vie en 1951.
Mitterrand: «La gloire de Verdun» et «la honte de 1942»
Le président socialiste François Mitterrand est le seul à avoir fait fleurir la sépulture de Philippe Pétain chaque 11 novembre, à partir de 1987 à 1992. «Nous sommes là devant un cas typique des contradictions de l'Histoire qui nous place à notre tour dans des contradictions qui ne sont pas vraiment supportables», explique-t-il le 22 novembre 1992 sur Radio J, interrogé sur le sujet après les révélations de la presse. «La gloire de Verdun, la gloire payée par beaucoup de sang et de drames, ne peut pas être oubliée, ni les anciens combattants, et d'autre part la honte de 1942 ne peut pas l'être davantage. Voilà une contradiction fondamentale.»
Cette dualité fait écho aux deux engagements de François Mitterrand, vichyssois puis résistant, pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, après plus d'un an passé dans un camp de prisonniers en Allemagne, il a servi comme contractuel dans les services de prisonniers de l'administration de Vichy. C'est à ce titre qu'il a reçu la francisque, une distinction du régime. «Quand Pétain est arrivé au pouvoir, je pensais comme presque tout le monde qu'il pouvait protéger la France», a-t-il écrit dans ses Mémoires interrompus, publiés après ses deux septennats. «On avait le sentiment qu'il était antiallemand. C'était un vieillard d'allure magnifique. Verdun, dont le souvenir était proche, lui conférait une aura incroyable.» Mais au printemps 1943, le jeune François Mitterrand rompt avec Vichy et s'engage dans la Résistance clandestine.
Chirac: le «vainqueur de Verdun» a fait «le choix funeste de l'armistice»
À son arrivée à l'Élysée, en 1995, Jacques Chirac refuse de faire déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du Pétain. Sans pour autant passer sous silence le rôle du maréchal pendant la Grande Guerre. «Un homme a su prendre les décisions qui conduiront à la victoire. Il restera comme le vainqueur de Verdun. Cet homme, c'est Philippe Pétain», affirme-t-il dans son discours du 25 juin 2006, prononcé pour le 90e anniversaire de la bataille de Verdun. «Hélas, en juin 1940, le même homme, parvenu à l'hiver de sa vie, couvrira de sa gloire le choix funeste de l'armistice et le déshonneur de la collaboration.»
Jacques Chirac et sa ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, le 25 juin 2006 à Verdun (Meuse) - Crédits photo : FRANCOIS NASCIMBENI/AFP
Sarkozy: «Couvert de gloire à Verdun» et «de honte à Vichy»
Au détour d'une phrase, le président Nicolas Sarkozy a conjugué les deux aspects de la trajectoire de Philippe Pétain, lors du 66e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945. «Le 10 juillet, une assemblée parlementaire confiait les pleins pouvoirs à un vieux maréchal qui s'était couvert de gloire à Verdun et qui allait se couvrir de honte à Vichy», a-t-il déclaré à Port-Louis, le 8 mai 2011. Avant de qualifier cette décision de «forfaiture». Cinq ans après, François Hollande a commémoré les cent ans de la bataille de Verdun, sans jamais citer dans son allocution le nom du maréchal.

Nicolas Sarkozy à Port-Louis (Morbihan), le 8 mai 2011.
» À VOIR AUSSI - Macron: «Pétain a été un grand soldat pendant la Première Guerre mondiale» - Crédits photo : FRED TANNEAU/AFP
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Le Crif «choqué» par les propos de Macron sur Pétain
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 07/11/2018 à 15h39 | Publié le 07/11/2018 à 14h07
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s'est dit "choqué" aujourd'hui par les propos du président Emmanuel Macron qui a jugé "légitime" de rendre hommage samedi aux Invalides à Philippe Pétain, "grand soldat" pendant la Première Guerre mondiale. "La seule chose que nous retiendrons de Pétain, c'est qu'il a été, au nom du Peuple français, frappé d'indignité nationale lors de son procès en juillet 1945", a déclaré le président du Crif, Francis Kalifat, cité dans un communiqué.
Sans "nier qu'il a été 'aussi un grand soldat' durant la guerre de 1914-1918", le Crif rappelle que Philippe Pétain "a été jugé par la Haute Cour de justice en juillet 1945 pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison", "condamné à la peine de mort et frappé d'indignité nationale". "La dégradation nationale fait partie des peines afflictives et infamantes qui entraîne notamment la perte de certains droits dont la perte du rang dans les forces armées", souligne le Crif.
En déplacement ce mercredi dans les Ardennes, Emmanuel Macron a jugé "légitime" de rendre hommage au maréchal Pétain samedi aux Invalides, au même titre que les sept autres maréchaux de la Grande guerre, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été "pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat" même s'il a "conduit des choix funestes" pendant la Deuxième. Le général Pétain avait été promu maréchal en 1918, après l'armistice. "Il a été un grand soldat, c'est une réalité. La vie politique comme l'humaine nature sont parfois plus complexes que ce qu'on voudrait croire". "J'ai toujours regardé l'histoire de notre pays en face", a-t-il lancé.
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a de son côté dénoncé une "mauvaise polémique" après les critiques contre Emmanuel Macron. "Je ne rentrerai pas dans cette mauvaise polémique", a déclaré M. Griveaux, appelant à ne pas faire de "raccourcis douteux" avant de citer un phrase du Général de Gaulle sur Pétain selon lequel "sa gloire à Verdun ne saurait être contestée ni méconnue par la Patrie".
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Islamisation : deux journalistes du « Monde » ne devraient pas dire ça
Leur livre "Inch’allah" décrit l’islamisation de la Seine-Saint-Denis
 - 7 novembre 2018
Gérard Davet et Fabrice L'homme. Photo : Hannah Assouline.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme – qui ont grandi en banlieue – ont été choqués par les résultats de l’enquête sur la Seine-Saint-Denis qu’ils ont dirigée. Leur livre Inch’allah décrit par le menu l’islamisation de la société qui gangrène ce département aujourd’hui majoritairement musulman. S’ils se défendent du moindre angélisme, les deux compères relativisent encore les liens étroits qu’entretiennent islamisme et djihadisme. Certains leur reprochent de dire des banalités, mais quand on travaille au quartier général de la bienpensance médiatique, il faut du courage pour dire ces banalités-là.

Causeur. À la lecture de votre livre Inch’Allah : l’islamisation à visage découvert, on a l’impression que vous découvrez la lune. Depuis Les Territoires perdus de la République (2002), on ne compte plus les livres, les enquêtes et les lanceurs d’alerte qui décrivent et dénoncent l’islamisation du pays. Il a fallu que François Hollande exprime devant vous ses profondes inquiétudes sur la question pour que vous découvriez le problème !
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Fabrice Lhomme. D’abord, ne nous assimilez pas à l’ensemble de la presse française ! En fait, Hollande a été le déclencheur de notre enquête. Nous nous sommes dit que si même le président de la République, de surcroît un homme de gauche, réputé pour sa modération, voyait dans l’islamisation un problème très important, c’est qu’il devait y avoir un sujet. Mais à vrai dire, on le voyait déjà monter depuis des années. Les remontées venant de connaissances ou de sources (policiers, magistrats, préfets…) révélaient une islamisation préoccupante, notamment en banlieue parisienne.
Nous ne vous assimilons pas à l’ensemble de la presse française, nous pensons que le journal pour lequel vous travaillez a été à la pointe du déni ! Le Monde a consacré il y a deux ans (31 octobre 2016) un portrait élogieux au fondateur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) qui se répand dès qu’il le peut sur le racisme d’État et autres sornettes. Et le même journal diabolise Georges Bensoussan, le coordinateur des Territoires perdus de la République, au prétexte qu’il observe l’existence d’un antisémitisme arabo-musulman…
Gérard Davet. D’abord, c’est votre droit de critiquer notre journal, et notre devoir de le défendre ! Surtout, Fabrice et moi sommes des reporters dont les enquêtes ne sont absolument – et volontairement – pas idéologisées. Ce livre ne dévoile pas un Watergate et ne prétend rien révolutionner. C’est d’abord un projet pédagogique, puis une enquête réalisée par cinq jeunes journalistes que nous avons encadrés. Il met au jour des éléments, connus pour certains, mais avec aussi nombre de révélations. Les journalistes qui sont allés sur le terrain n’ont rapporté que des faits. Alors, peut-être en effet y sommes-nous allés trop tard, peut-être que le journalisme dit d’ « investigation » aurait dû s’intéresser aux territoires supposés perdus… Résultat, on a laissé le terrain à des idéologues au détriment de journalistes se limitant aux faits et s’abstenant de toute interprétation.
Mais l’interprétation fait partie des missions du journalisme. Et Les Territoires perdus de la République, publié en 2002, est une compilation de témoignages de professeurs qui n’ont rien d’idéologique. En réalité, c’est votre idéologie qui vous a empêché de voir et d’entendre !
Fabrice Lhomme. Encore une fois, nous réfutons toute approche idéologique. Par ailleurs, je vous rappelle que Gérard et moi sommes des journalistes spécialisés dans les affaires politico-f
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Échecs du vivre-ensemble: on en demande trop à l’école
Iannis Roder, lance l'alerte: ce n'est pas aux seuls profs de soigner les fractures sociales
 - 22 octobre 2018

Seize ans après avoir tiré la sonnette d’alarme dans Les Territoires perdus de la République, le professeur d’histoire en Seine-Saint-Denis Iannis Roder signe un ouvrage personnel, Allons z’enfants… Au-delà du diagnostic sur les banlieues, une lueur d’espoir pour la génération post-Charlie.

« Les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement, ce sont des crises de la vie. » On est porté à avoir un bon a priori quand un livre qui parle d’éducation met en exergue une citation de Charles Péguy, grand penseur, entre autres, de l’idée républicaine et de l’école républicaine. On a tendance à avoir un a priori encore meilleur quand ce livre est écrit par Iannis Roder, l’un des co-auteurs des Territoires perdus de la République, publié il y a seize ans, sous la direction d’Emmanuel Brenner, nom d’emprunt choisi par l’historien Georges Bensoussan.

2002, année névrotique
Retour en arrière. Le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac. Le 11 mai, la Marseillaise est sifflée lors de la finale de la Coupe de France de football. Le 5 novembre sort en librairie l’ouvrage de l’universitaire Daniel Lindenberg, Le Rappel à l’ordre : Enquête sur les nouveaux réactionnaires, dressant une liste d’intellectuels accusés de représenter en France le nouveau pouvoir des réactionnaires. Les trois événements ne sont pas sans relation. L’irruption de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection de 2002 traduisait la défiance d’une part grandissante de l’électorat vis-à-vis des vieux partis de gouvernement. Les sifflets du 11 mai traduisaient la défiance grandissante d’une partie de la population – notamment celle des quartiers dits « défavorisés » vis-à-vis des valeurs de la société et de la République française. Le livre de Lindenberg traduisait la défiance grandissante d’une partie des universitaires français vis-à-vis du principe de réalité. La même année, en septembre 2002, le collectif Les territoires perdus de la République, auquel participa Iannis Roder, tentait d’alerter l’opinion sur la situation à laquelle les enseignants des « quartiers difficiles » pouvaient être confrontés au jour le jour, en particulier la montée en puissance du communautarisme et de l’antisémitisme. Il n’est rien de dire que l’appel fut peu entendu. Le fait même que Georges Bensoussan ait préféré diriger et publier son ouvrage sous un pseudonyme en disait déjà long sur l’esprit de l’époque.
Des sifflets aux attentats
Seize ans plus tard, les choses n’ont pas vraiment changé. L’électorat manifeste toujours plus fortement sa défiance vis-à-vis de la classe politique en accordant des scores de plus en plus importants au Front national, les représentants des « territoires perdus » ne se contentent plus de siffler la Marseillaise pour exprimer leur défiance vis-à-vis des valeurs républicaines mais choisissent désormais la voie des armes, et une partie de l’intelligentsia a fait de la défiance vis-à-vis du réel un art de vivre plus qu’une méthodologie. Il a fallu les attentats de janvier et novembre 2015 pour qu’une certaine prise de conscience apparaisse mais elle est dramatiquement tardive. « En janvier 2015, si surprise il y avait, écrit Iannis Roder, elle était le fait de ceux qui n’avaient pas voulu entendre, pas voulu écouter ce que les professeurs, entre autres, dénonçaient depuis des années. »
Seize ans après Les Territoires perdus, Iannis Roder fait à nouveau le point de la situation dans son dernier ouvrage, Allons z’enfants… La République vous appelle, s’appuyant largement sur son expérience de professeur d’histoire-géographie enseignant depuis vingt ans dans un collège de Saint-Denis. Par choix, par conviction. « Au risque de paraître prétentieux, je suis resté parce que je me sentais utile et parce que mes élèves me le disaient. » Si l’expérience relatée est passionnante, au fil des portraits et récits égrenés dans l’ouvrage, elle brosse aussi un tableau pas toujours rassurant de l’état du système scolaire français et de sa capacité à fédérer une population et un public scolaire difficiles, partageant de plus en plus massivement « une vision du monde des plus inquiétante ».
L’école, un investissement d’avenir
L’école républicaine est probablement la première victime des échecs du vivre-ensemble. Une école, nous dit Iannis Roder, « mise en première ligne », à laquelle, à travers ses enseignants, on demande beaucoup et toujours plus, surtout en ces temps de menace terroriste et de djihadisme rampant. Ceux qui témoignaient de l’antisémitisme et du complotisme qui se développaient après les attentats du 11 septembre 2001 passaient déjà pour de funestes Cassandre mais la tâche ne semble pas plus aisée aujourd’hui pour les « lanceurs d’alerte », comme en témoigne le procès intenté à Georges Bensoussan il y a quelques mois, à l’initiative duquel on trouve le CCIF ou le MRAP et aussi, assez tristement, la Ligue des Droits de l’Homme, qui naguère défendit pourtant un certain Dreyfus. Tandis qu’on fait un procès à ceux qui avertirent en leur temps de la catastrophe qui venait, on continue à exiger de l’école qu’elle fasse tout pour remédier aux maux d’un pays schizophrène.
Dans Allons z’enfants, Iannis Roder montre qu’il y croit encore, détaillant les initiatives, les discussions, les confrontations à travers lesquelles il tente de tirer vers le haut des élèves que tout quelquefois semble entraîner vers le bas. La conclusion de son ouvrage reste à ce titre positive : « Il faut espérer, dit-il, que, tous les ans, il y ait des milliers de M. Germain, l’instituteur d’Albert Camus pour permettre à l’école de continuer à survivre, pour que la société, à travers elle, survive elle aussi. Car l’école, écrit-il encore, est le seul lieu où certains élèves vont entendre qu’il y a d’autres manières d’envisager le monde que celle qui a cours chez eux ; elle est parfois le seul endroit où ils peuvent encore rencontrer des gens qui ne pensent pas comme eux et n’ont pas les même représentations. » Un précieux privilège, plus menacé que jamais.

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Tunisie, la nation des 7 novembre
Du protectorat français à Ben Ali, naissance et affirmation d'une nation fragile
Par Nesrine Briki  - 7 novembre 2018
Ben Ali, alors Premier ministre de Bourguiba. Tunisie, 1987. Sipa. Numéro de reportage :00149559_000002

Abolie après le 14 janvier 2011, la fête du 7 novembre était un événement important dans la Tunisie de Ben Ali qui commémorait chaque année son coup d’Etat de 1987. Mais l’identité nationale tunisienne a commencé à émerger lors d’un tout autre 7 novembre (1911), au cours duquel les revendications religieuses de la population musulmane se sont heurtées au protectorat français. Récit de la (fragile) naissance d’une nation.

C’était le 7 novembre 2009, un an avant le déclenchement de la révolution du Jasmin qui entraînera la chute du régime de Ben Ali. Je retrouvais la Tunisie pour l’un de mes derniers séjours dans ce pays. J’avais pris une voiture pour aller d’Annaba en Algérie jusqu’à Sousse, située 438 kilomètres plus loin. Après une longue attente et des formalités douanières interminables, me voilà enfin sur le sol tunisien.

La première ville tunisienne rencontrée sur mon itinéraire était Tabarka. D’habitude assez calme, la ville semblait alors à la fête, les restaurants étaient pleins, les parcs et les rues bondés d’enfants et de promeneurs. Partout flottaient des dizaines de drapeaux rouge et blanc, les portraits géants de Ben Ali, au sourire énigmatique et à la main sur le cœur, habillaient les façades et vous suivaient du regard. Après lecture de quelques banderoles, j’avais fini par comprendre : la Tunisie célébrait l’anniversaire de l’accession du président au pouvoir.
1987 : le coup d’Etat médical benaliste
Vingt-deux ans plus tôt, le 7 novembre 1987, le jeune Premier ministre (51 ans) fraîchement nommé par Bourguiba prit sa place après l’avoir démis de ses fonctions pour sénilité. Par la suite, le régime baptisera ce coup d’Etat médical : « le Changement » – plusieurs praticiens furent mobilisés dans la nuit pour signer une attestation d’incapacité contre le chef de l’Etat. Depuis, chaque année à la même date, les Tunisiens étaient (très) fortement incités à commémorer l’événement. Cette fête, si intimement liée à la personne de Ben Ali, fut abrogée en 2011 pour être remplacée par le 14 janvier, jour de sa fuite, baptisée « Fête de la révolution et de la jeunesse ». Dans la même logique, les innombrables places et avenues du 7 novembre ont été renommées « place du 14 janvier 2011 » ou « avenue Mohammed Bouazizi », du nom du vendeur ambulant dont l’immolation en décembre 2010 a déclenché la révolution tunisienne et la vague des printemps arabes.
Tout au long de mon voyage, du moindre petit village traversé à la capitale, le même décor, les mêmes affiches et la même scénographie me suivaient. Alors que durant mes précédentes visites dans les années 1990, je n’avais pas vu autant de portraits de Ben Ali, ils étaient vraiment partout en 2009, y compris sur les immenses façades ou dans les halls des hôtels. Des Tunisiens m’ont alors expliqué que le 7 novembre revêtait une importance particulière cette année-là, quelques semaines après sa réélection pour un cinquième mandat avec 89,62 % des voix. Une amie avocate m’éclairait : « Ben Ali a plus que jamais besoin de rassembler, de susciter l’adhésion populaire, malgré les apparences, la majorité d’entre nous n’est pas d’accord avec le résultat de la dernière élections, on en a marre, mais la peur nous empêche d’en parler ouvertement. » Cela confirmait mon sentiment: ces « célébrations » officielles transpiraient l’énergie du désespoir. Malgré sa récente réélection, Ben Ali devait rappeler qui était le patron.
7 novembre 2009 : le régime chancelait…
A quelques jours des festivités, le 2 novembre 2009, la police tunisienne avait arrêté Fatma Riahi, blogueuse soupçonnée d’être le caricaturiste anonyme, Z. Un mouvement solidaire de protestation anime alors la blogosphère tunisienne qui obtiendra sa libération cinq jours plus tard, au matin du 7 novembre. Rétrospectivement, je me souviens de ces signes avant-coureurs de la chute du régime, à l’image de cet excès de célébrations en décalage avec les aspirations des Tunisiens. C’est peut-être pour cette raison que j’ai eu envie d’immortaliser ces moments. Lorsque je me risquais à prendre des photos, je prenais bien soin de ne pas attirer l’attention des nombreux policiers en civil dont la rue grouillait. Rien d’inhabituel dans ce pays, sinon que je me sentais plus observée cette année-là. Et mes amis tunisiens aussi. S’ils ne se privaient pas de raconter en privé des histoires abominables sur les Ben Ali et leur belle-famille Trabelsi, au niveau de corruption légendaire, en public, ils faisaient bonne figure, me suppliant par exemple de retirer de Facebook les photos du pays que j’avais publiées, accompagnées de légendes comiques, à mon retour en Algérie.
« Année 2009 : Ben Ali pour la Tunisie ». Photo : Nesrine Briki.« Ben Ali notre choix pour le présent et l’avenir », Tunisie, 2009. Photo : Nesrine Briki.
Près d’une décennie plus tard, l’homme providentiel est aujourd’hui bien loin, et sa fête tombée dans l’oubli. Cependant, la date, le 7 novembre renvoie toujours au plus profond d’une mémoire collective refoulée. C’est ainsi que quelques mois après la chute de Ben Ali, des articles ont commencé à évoquer un autre 7 novembre, celui de 1911, qui marque un tournant décisif dans la naissance du nationalisme tunisien.
Un sentiment national né autour d’un cimetière
A l’automne 1911, des émeutes éclatent entre les autorités du protectorat français et la population musulmane. C’est ce qu’on appellera l’affaire du cimetière du Djellaz. Car l’administration française souhait délimiter l’enceinte du plus grand cimetière tunisois afin de le protéger du grignotage progressif de sa surface. Or, si pour l’administration française ce n’était qu’une sorte d’histoire de cadastre à régler avec des géomètres dans l’intérêt de la population locale, la majorité des musulmans y voyaient une tentative des mécréants pour empiéter sur un domaine sacré afin d’y construire une voie ferrée. Malgré l’abandon du projet ferroviaire, la méfiance et le malentendu étaient tels que les heurts autour du cimetière ont viré à l’émeute dans différents points de la capitale, jusqu’à ce que les zouaves ne rétablissent un calme relatif. Au total, ces affrontements ont fait 17 morts dont quatre Italiens et trois Français.
Nombre de Tunisiens considèrent ces incidents comme le facteur déclencheur du sentiment national tunisien. Âgé de huit ans à l’époque, Bourguiba a par la suite raconté que cet épisode l’avait fortement marqué, au point de susciter sa vocation politique. Vingt ans plus tard, en 1933, le militant indépendantiste s’emparera d’une autre histoire de cimetière à des fins politiques en soulevant le problème des tombes des musulmans tunisiens naturalisés Français. Dès les années 1920, les autorités françaises avaient engagé un certain nombre de naturalisations pour coopter des élites indigènes. A coups de décrets, chaque année, quelques milliers de Tunisiens (dont de nombreux juifs, ce qui n’était pas le but recherché) devenaient Français, inquiétant les nationalistes du parti Destour.
Et Bourguiba récupéra les revendications islamiques
En mai 1933, L’Action tunisienne, journal fondé par Bourguiba, mène une féroce campagne de presse contre la naturalisation des Tunisiens. C’est dans ce contexte que le journal relaie une rumeur annonçant l’édiction d’une fatwa : serait déclaré apostat et privé de cimetière musulman tout tunisien qui accepterait la nationalité française. Cette « fake news » avant l’heure fait chuter de manière vertigineuse le nombre de demandes de naturalisations. Dans l’urgence, est promulgué un décret préconisant la création de cimetières réservés aux musulmans naturalisés. Mais rien n’y fait : la peur de l’au-delà l’emporte sur les avantages matériels que promet la France.
Du point de vue de Bourguiba, cette controverse a eu un double effet. D’un côté, le jeune nationaliste s’est senti déçu de cet accès de religiosité a priori incompatible avec sa vision d’un nationalisme tunisien moderne et séculier. Mais pour le jeune et habile politique,  l’occasion a fait le larron, l’essentiel étant que le peuple tunisien rejette la France. Bien plus tard, en 2013, son fils Habib Bourguiba Junior admettra que son père s’était servi du motif religieux par pur calcul politique : « Mon père s’était donc opposé à la naturalisation en approuvant, par une espèce de ‘démagogie’ — mais c’était la seule manière de mettre fin à ce mouvement de naturalisation — l’interdiction d’enterrer des naturalisés, considérés alors comme apostats, dans des cimetières musulmans. […] La religion aura servi dans ce cas comme moyen pour une lutte dont la finalité était strictement d’ordre civil ; sauvegarder l’entité tunisienne, une entité fragile, en cours de formation ou tout au moins de « stabilisation ».
Une nation moderne nécessairement fondée sur l’islam
Cette leçon, Bourguiba ne l’a jamais oubliée. Et si Bourguiba est célébré comme le libérateur des femmes, il n’en fut pas moins un fervent défenseur de l’islam comme composante identitaire tunisienne, car il savait la religion indissociable du sentiment national. L’homme d’Etat qui supprima les tribunaux religieux, promulgua le Code du statut personnel et accorda le droit de vote aux femmes avait conscience de chevaucher un tigre religieux en dirigeant la nation tunisienne. Ainsi, même lorsqu’il appela ses compatriotes à abandonner le jeûne du Ramadan pour se consacrer au travail, il présenta l’effort économique comme le véritable djihad à accomplir pour être un bon Tunisien musulman.
Plus que d’autres dirigeants arabes – Nasser, Kadhafi ou Saddam Hussein – Bourguiba était conscient de l’énorme malentendu que recèlent les termes « nation » ou « appartenance nationale » appliqués aux sociétés du Maghreb. On peut raisonnablement penser que les événements survenus ces dernières années en Tunisie l’auraient déçu, mais certainement pas surpris.




« Un franc-parler de souche » : quand une journaliste du Monde assiste à une conférence de Laurent Obertone
Par Koba le 07/11/2018
(…) Ce soir-là, dans la salle, il y a des jeunes et des vieux, en sweat-shirt ou en costume, crânes rasés ou bien coiffés… Toutes sortes de gens, en fait – sauf des Noirs et des Arabes, justement au cœur de son nouveau livre La France interdite, sous-titré « La vérité sur l’immigration » (éditions Ring).
Pendant toute la soirée, certaines expressions déclencheront des rires, comme « l’immigration est une richesse », une des phrases qui, d’après Obertone, nous est assénée. Il avait déjà signé, en 2013, un best-seller, La France Orange mécanique, consacré à l’insécurité. Les « Français de souche – je vous déconseille d’employer cette expression en public [rires] –, majoritaires, seront bientôt minoritaires », assure-t-il. Sans tarder, il relie l’immigration à la baisse du QI des Français, aux maladies qui ressurgissent et, bien sûr, à la montée de l’insécurité. Le vivre-ensemble serait imposé par « des années de formatage », de la part de « médias comme Le Monde que personne ne lit ».
(…) Un homme observe que la Pologne, pays très catholique, a peu de migrants. « Ça ne fait pas tout, des pays catholiques ont sombré dans le vivre-ensemble », rétorque Laurent Obertone. Quant au pape François, le journaliste l’accuse de ne pas valoir mieux que « la tante Yvette, au repas de famille, qui veut augmenter sa valeur morale » en se piquant d’aide aux migrants (rires).
(…) Laurent Obertone voudrait « terminer sur une note optimiste » : Orban est plus populaire dans son pays que Merkel et Macron dans les leurs ; Giscard a, selon lui, exprimé des regrets sur le regroupement familial ; Collomb a parlé, en démissionnant, de « la situation très dégradée »… C’est signe que le vent est en train de tourner.

Pascal Praud (CNews) prend la défense d’Eric Zemmour et dézingue France Télévisions (VIDEO)
Par Robin le 09/11/2018
Ce jeudi 8 novembre dans L’heure des pros sur CNews, Eric Zemmour était invité pour faire la promotion de son dernier livre, Un destin français. Pascal Praud en a profité pour lui témoigner son soutien et a fustigé France Télévisions qui refuse d’inviter le polémiste.
Pascal Praud pousse un nouveau coup de gueule. Ce jeudi 8 novembre, le journaliste présentait un nouveau numéro de L’heure des pros sur CNews et recevait Eric Zemmour pour faire la promotion de son dernier livre, Un destin français. Très contesté pour ses prises de position, le polémiste avait eu un violent clash avec Hapsatou Sy en septembre dernier, à propos de son prénom qui était, pour Eric Zemmour, « une insulte à la France ». Depuis, plusieurs émissions à la télévision ont décidé de boycotter l’écrivain et Laurent Ruquier a refusé de l’inviter sur le plateau d’On n’est pas couché. Ce matin sur CNews, Pascal Praud a apporté son soutien à Eric Zemmour et en a profité pour tacler les responsables de France Télévisions.
« Merci Éric de venir sur ce plateau et d’accepter le débat (…) Je l’ai dit plusieurs fois, je trouve ça scandaleux que vous ne soyez pas reçu sur le service public à la télévision », a fustigé le présentateur. Visiblement agacé, le spécialiste en football a ajouté : « Aucune émission ne vous a invité pour Un destin français sur France Télévisions, c’est une réalité ! ».
Suite à ces propos, une chroniqueuse sur le plateau a estimé qu’Éric Zemmour était victime de « censure » à la télévision avant que ce dernier ne précise que son livre se vendait très bien en librairie, autour de « 150,000, 170,000 exemplaires ». Un peu plus tard, Pascal Praud a conclu cet échange en rappelant plusieurs fois que les méthodes du groupe piloté par Delphine Ernotte étaient « scandaleuses ».


Un jour, la droite gouvernera le monde
Pour le meilleur et pour le pire...
 - 7 novembre 2018
Jair Bolsonaro, Donald Trump, Matteo Salvini / SIPA. AP22228191_000009 / AP22267200_000006 / 00878719_000012

Orban, Salvini, Bolsonaro… La déferlante conservatrice est en train de submerger le monde. Ce réveil, souvent religieux, peut être vu comme une bouffée d’air frais mais devrait aussi inquiéter…

Salvini en Italie, Orbán en Hongrie, Kurz en Autriche, Trump aux États-Unis et maintenant Bolsonaro au Brésil : la liste des hommes forts de la droite s’allonge chaque année en Occident. Le retour du balancier a été déclenché. Résurgence du politique, des souverainetés nationales, des grands mouvements de convergence : impossible de ne pas y voir une certaine renaissance.
Ne nous y trompons pas : la droite conservatrice déferlera probablement sur le monde dans les prochaines années. Le phénomène ne se limitera pas à l’Occident, et les empires comme la Chine et la Russie y verront sans doute une douce consolation. Une revanche sur le libéralisme postmoderne, dénaturé par la gauche, et sur le monde dépolitisé qu’il a créé. Une revanche sur des pays qui ont fait l’erreur de négliger le rôle de la culture pour leur propre survie. Le retour du politique, c’est aussi le retour de l’Est dans l’histoire.
Un réveil religieux
La remontée des droites aura des avantages et des désavantages. Dans l’ensemble, le réveil du conservatisme ne se fera pas sous le signe de la laïcité (comme parfois en France), mais sous celui de la religion. L’élection de Bolsonaro au Brésil en témoigne : le nouveau président s’est appuyé en grande partie sur la montée des églises évangéliques.
Au Brésil, les chrétiens évangéliques sont passés de 6 % à 22 % en 30 ans. En 2010, ils étaient 43 sur 200 millions. Les évangéliques sont encore plus nombreux aujourd’hui, et le Brésil demeure le pays catholique le plus populeux au monde. Malgré sa foi peu visible, Trump peut toujours compter sur le vote de nombreux chrétiens évangéliques, baptistes et autres. En Hongrie, Orbán en a déjà appelé à l’établissement d’une « démocratie chrétienne du XXIe siècle ». Quant à Salvini et Kurz, ils peuvent aussi compter sur un électorat plutôt religieux, ce qui n’a rien d’étonnant.
Le maire évangélique de Rio, Marcelo Crivella, est maintenant connu pour son opposition au Carnaval de Rio, l’un des grands poumons économiques de la ville. Un événement que le maire considère comme un « festival de la chair », bref comme une orgie païenne à proscrire. À l’atmosphère pornographique succède la tentation de l’ordre moral. On dit que les contraires s’attirent. En voilà une autre manifestation.
Un baroud d’honneur ?
C’est loin d’être nouveau : où qu’ils soient, les conservateurs peuvent toujours compter sur la religion lorsque vient le temps de soulever les passions. En Occident, la christianophobie ambiante est parfaitement condamnable, mais le discours politico-religieux, teinté de morale, ne l’est pas moins. Dans le monde musulman, c’est encore plus évident : l’islamisme n’est rien d’autre qu’une révolution conservatrice. Au Brésil, une frange du mouvement évangélique multiplie les sorties contre les personnes homosexuelles. Après les puritains de gauche abreuvés au politiquement correct, revoici les puritains de droite – ou quand une morale fait directement place à une autre.
En Europe et en Amérique du Nord, la gauche s’est souvent acoquinée avec l’islamisme depuis Khomeiny, faisant d’elle une alliée objective des extrémistes. Mais certaines droites baignent encore dans un esprit théocratique, ce qui soulève des enjeux importants pour la liberté individuelle. Le retour du politique est une excellente nouvelle pour tous ceux qui souhaitent que les sociétés occidentales reprennent le contrôle d’elles-mêmes. Mais s’il prend la forme du romantisme ensorceleur, ce retour pourrait avoir des relents anti-libéraux. Il reste toutefois à voir si ce n’est pas un combat d’arrière-garde, c’est-à-dire un assaut final, vigoureux et vif, avant la mort de notre civilisation.
La gauche plaide non-coupable 
Sans grande surprise, la gauche a déjà commencé à nier. « Mais non, je n’y suis pour rien, je suis trop bonne et vertueuse », clame-t-elle un peu partout dans le monde. « C’est en me reportant au pouvoir que nous pourrons mater cette impure révolte populiste », aime-t-elle encore nous rappeler. Comme si les peuples étaient incapables de prendre la mesure de son cuisant échec. C’est bien le monde créé par la gauche postmoderne qui est en train de s’effondrer. La sagesse populaire reprend du galon. Pour le meilleur et pour le pire.
Le soir même de l’élection de Bolsonaro au Brésil, un tout autre événement a retenu l’attention au Québec. Lors d’une grande remise de prix musicaux à la télévision, un jeune artiste habillé en sâdhu indien a inséré son trophée dans sa bouche, imitant ce qui se voulait être une fellation. Dénommé Hubert Lenoir, le jeune lauréat incarnait tout ce qu’il y a de faussement subversif dans la gauche actuelle. Tout ce qu’il y a de révolutionnairement conformiste, mais décadent en elle. Devant la survivance de ce « progressisme » soutenu par l’élite, doit-on vraiment s’étonner de la montée du conservatisme dans le monde ?

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