L’islamisme radical représente la dernière des idéologies légitimant l’usage de la violence absolue contre les ennemis que ses adeptes désignent : mécréants ou infidèles. L’utopisme révolutionnaire s’est réfugié dans l’islamisme jihadiste, qui nous a déclaré la guerre. « Nous », c’est-à-dire non seulement les Occidentaux vivant dans des sociétés démocratiques, mais tous les humains décidés à défendre leurs libertés.
Pierre-André Taguieff appelle à reconnaître ce fondamentalisme islamique guerrier comme le nouvel ennemi. Il retrace l’histoire de la doctrine du jihad jusqu’à ses réinterprétations, au XXe siècle, par les principaux théoriciens de l’islamisme. Il analyse enfin les usages du terme « islamophobie », instrumentalisé par certains pour mobiliser les musulmans et les pousser à l’auto-ségrégation, voire à l’engagement jihadiste.
L’islamisme jihadiste incarne une paradoxale révolution réactionnaire porteuse d’un projet impérialiste. Contre cet ennemi imprévu, le combat intellectuel et plus largement culturel est l’affaire de tous, musulmans anti-jihadistes compris.
L’analyse exigeante et lucide d’un grand intellectuel sur ce mélange inédit d’obscurantisme, de fanatisme et de propagande guerrière qui nous menace.
Comprendre l’islamisme (pour mieux le combattre) avec
Taguieff
Lecture d'un ouvrage majeur Par
Henri Temple - 19
octobre 2017
Le philosophe Pierre-André
Taguieff signe un ouvrage majeur pour nous sauver d’un XXIe siècle qui
s’annonce très dangereux
Disons-le d’emblée : le nouveau
livre de Pierre-André Taguieff L’islamisme et nous : penser l’ennemi
imprévu (CNRS éditions, 2017) est un ouvrage majeur pour nous sauver,
en tant que nation et civilisation, d’un XXIe siècle qui
s’annonce très dangereux.
Une biopsie de l’islamisme
Bien sûr, l’islamisme n’est pas le seul grave danger qui menace
l’existence et la liberté de notre nation, et il faut mentionner encore : 2) le
mondialisme, l’abaissement de la démocratie et la ploutocratisation, 3) la surpopulation et les flux migratoires, 4) la
pollution et l’épuisement des ressources. Mais comment ne pas voir les
corrélations entre ces quatre périls planétaires ? Et surtout comment ne pas
s’alarmer désormais d’une lancinante menace criminelle, insupportable, que nos
stupides dirigeants successifs ont passivement laissé s’installer dans nos
rues, nos écoles nos promenades, nos lieux de spectacle, de transport ou de
culte ?
Le philosophe, à la fois révulsé,
calme et profond, effectue une biopsie scientifique et sans faiblesse du
phénomène islamiste. Il fallait d’ailleurs tout ce travail, très accompli, pour
ne pas risquer d’être dénoncé par les inquisiteurs islamo-gauchistes qui ont
érigé l’islamophobie, hors de toute qualification pénale sérieuse, en
une sorte de crime religieux de type blasphématoire. Plus de 600 notes et
citations précises transforment l’impeccable enquête de Taguieff en un
réquisitoire implacable. L’œuvre est intellectuellement si riche que l’on
peinerait à la résumer. Néanmoins quelques acquis s’en dégagent. Si vrais et si
denses que bien peu de médias à ce jour se sont risqués à les relater avec
exactitude, d’autant que le style riche, précis, et la démonstration
scientifique découragent par avance toute critique bâclée.
Islam et islamisme
L’islamisme n’est absolument pas étranger
à l’islam; il en est encore aujourd’hui une conséquence, quoique quelques
penseurs musulmans, courageux mais isolés, proposent de le séparer du corpus
religieux principal. Le passage d’un islam quiétiste (et laïco-compatible) à
l’islamisme est imperceptible, et justifié par les sectateurs au moyen
d’arguments textuels qui, pour si archaïques qu’ils puissent paraître à des
esprits non musulmans (80% de l’humanité), ne sont malheureusement guère
réfutables sur le plan du dogme religieux traditionnel, verrouillé.
Quant au passage de l’islamisme
ordinaire à l’islamisme criminel, il s’effectue là aussi d’une façon
indécelable, et assez logique au plan du raisonnement interne de la religion et
de sa geste historique… Les textes anciens et la tradition (sahis, sunna), la
littérature des Frères musulmans, le wahhabisme politique et d’État, les appels
tant au jihad et au meurtre des juifs et des chrétiens par les organisations
islamistes contemporaines qu’à la prise de pouvoir sur les pays européens, tout
ceci qui a été écrit et publié par les islamistes, est patiemment analysé,
décrit et résumé rigoureusement par Taguieff. L’islam, s’il n’est contenu ni
par la raison humaine, ni par un cadre politique nécessairement strict, est par
nature guerrier et s’affirme ostensiblement comme tel. Et donc, quels que
soient les moyens envisagés et mis en œuvre, l’islamisme se donne vocation à
prendre le pouvoir non seulement dans ses contrées d’origine mais encore dans
tous les pays du monde. L’ennemi juif et chrétien – ou leurs complices régnants
– est censé persécuter les musulmans. Cette victimisation, assénée et mise en
scène, justifierait donc une légitime riposte contre l’Occident en général, la
France colonisatrice en particulier.
Une lecture racialiste du choc
des civilisations
L’islamisme fait une lecture
historique et racialiste du choc des civilisations en s’inspirant des analyses
de Samuel Huntington tout en les trahissant. Les idéologues islamistes
intègrent cette vision de la guerre inter-civilisationnelle comme un fait
acquis dont ils tirent toutes les conséquences.
Or face à ce phénomène
d’assassinats de civils innocents dans des pays en paix, et de génocide des
minorités du champ d’opérations, on constate un véritable déni (au sens
psychanalytique du terme) par l’Occident, notamment dans sa « basse
intelligentsia », comme l’appelle Régis Debray, qui refuse de façon la
plus butée d’en reconnaître la dimension religieuse.
Les centaines de civils
assassinés en Europe (près d’un millier) et les milliers de blessés nous
obligent, désormais, à observer comment nous réagissons ou devrions réagir
contre ceux qui revendiquent être nos ennemis.
« Tuer le Blanc »
Après avoir étudié
« l’ennemi imprévu », Taguieff analyse longuement, de façon très
pénétrante, nos réactions face à cet ennemi imprévu. Il recense plusieurs types
de réactions, qui vont du déni à la complicité revendiquée et arborée. Il y a
d’abord, en France, écumant de haine hystérique, le prétendu « Parti
des indigènes de la République » qui ne se démarque pas franchement de
l’islamisme et qui lui-même ne condamne pas les appels au crime du Manuel de Manchester et de sa logique très
proche du nazisme. Outre la défense de la Palestine (qui aurait pu être
justifiée autrement), le PIR clame que « la république est une religion
islamophobe »! Sans réaction du président de la République. Toujours
parmi ces détenteurs dénaturés de la nationalité française, s’élabore une
agressivité anti-Blancs, les « Blancs » étant ravalés au rang
d’ethnie concurrente, en perte de vitesse, sur un territoire banalisé, ouvert,
sur lequel ils n’ont guère plus de légitimité. Le vocabulaire est sans
équivoque : « abattre un Européen », « tuer le
Blanc », « la haine raciale n’est-ce pas un sentiment
blanc ? ». Indulgence ou éloge du meurtre, ou simple
exacerbation de la haine raciale lorsque, en toute impunité, le Bondy Blog
reprend un texte de rappeur qui accuse la France de crimes ?
Des psys-à-tout-faire
Ces boutefeux non seulement
vivent dans l’impunité mais encore s’attirent la bienveillance de
« sous-chiens » (sic) authentiques : soit de simples bobos
(« basse intelligentsia ») au cerveau détérioré par 40 ans de lecture
non critique de Libé ou du Monde, pratiquant avec
dévotion les rituels de la secte de la pensée unique ; soit, pire, des
islamo-gauchistes, ou islamo-fascistes, fous de haine qui fantasment de
conduire la nation à la guerre civile en affirmant qu’elle a commencé et qu’ils
sont attaqués. Cette maladie intellectuelle se décline en divers sous-types :
le sous-type branché-médias qui croit chic-parisien d’inviter des ennemis de
l’Occident et des libertés, mêmes habiles comme Ramadan, à parler à des
millions de téléspectateurs ; le sous-type anti-islamophobe (ou islamophile)
qui, pour bien montrer qu’il est anti-extrême droite, valide de ce fait tout ce
qui est lié à l’islam (la prétendue « religion des pauvres »), et même,
en cas de crimes, s’efforce d’écarter sans examen, ou de minimiser, la
motivation religieuse. En général, ces piliers de plateaux télés (par copinages
de toutes natures), paresseux, arrogants et incultes ne connaissent rien à
l’islam pour avoir été incapables de l’étudier. On y trouve aussi des
psys-à-tout-faire pour qui la riposte adéquate à l’engagement de jeunes des
cités aux côtés des génocidaires du Moyen-Orient est le séjour tous frais payés
en pension de dé-radicalisation (le Château de Pontourny…).
50% de jeunes musulmans en
rupture de ban
Alors, nous demande Taguieff, par
l’effet de quelle faiblesse intellectuelle ne faisons-nous rien face au projet
ouvertement proclamé de nous détruire ou de nous dominer ? Et d’ailleurs que
faire alors qu’en France, selon l’Ifop, 28% des musulmans adhèrent à une
conception de l’islam inconciliable avec la République et que 50% des jeunes
musulmans se considèrent comme sécessionnistes ? À ces interrogations
Taguieff répond qu’il faut « penser cet ennemi imprévu », ce qu’il
fait de façon profonde et forte, en nous proposant 17 idées énergiques résumant
sa position philosophique dont nous tenterons une synthèse : l’islamisme n’est
pas étranger à l’islam (même si tout musulman n’est pas islamiste), mais le trouble
vient du fait que tous – musulmans et islamistes – se fondent sur les mêmes
textes. Toutes les formes d’islamisme ont pour but central de contraindre
toutes les nations à obéir à l’ordre islamique, dans lequel les non musulmans
seront inférieurs, les femmes séparées et inférieures, ce dont leur voile est
la symbolisation. Le but ultime est l’instauration du califat universel, par
tous les moyens y compris le jihad et l’assassinat aveugle. Les islamistes
prétendent qu’ils ne font que se défendre contre un ennemi occidental, juif,
blanc, chrétien, « croisé » (sic), colonialiste et mécréant.
Impur et inférieur. Le rejet de l’islamisme, de son projet totalitaire
criminel, n’est pas de l’islamophobie (cet artefact idéologique) mais de la
légitime défense. En réalité, si l’Occident résiste aussi mal, c’est parce
qu’il lui manque l’intelligence du phénomène islamiste et qu’il se laisse
impressionner et intimider. Il faut rétablir la liberté pour les musulmans et
les non musulmans de parler de l’islam comme de toutes les religions.
Quatre leçons sur la société
Nous nous permettrons, en outre,
de suggérer quatre réflexions et suggestions personnelles.
– Les termes crus du Coran ou des
traditions et exégèses – les « sahis » compilant des hadîths – qui
sont contraires aux valeurs françaises doivent être édulcorés par un
consistoire à créer, et les versions ayant des effets d’incitation violente,
interdites.
– Le projet et les actes de
Daech, d’Al-Qaïda et de leurs succursales, doivent être juridiquement déclarés
génocidaires, comme cela s’infère d’ailleurs aisément de la loi française,
issue de Nuremberg ; or notre code pénal punit de la réclusion criminelle à
perpétuité le génocide : propagande, participation ou complicité.
– Les bi-nationaux qui trahissent
la France doivent être déchus de la nationalité française.
– Au nom de la démocratie (comme
en Suisse), des principes des Nations Unies sur les droits des peuples, et du
principe sociologique de précaution, la population française doit être
consultée sur la poursuite ou l’interruption des flux immigratoires massifs.
Les trois valeurs qui font
l’essence de l’Occident, notre chair morale collective et consensuelle, et qui
seules peuvent conduire l’humanité vers son salut et vers la paix sont :
– la Vérité, rendue accessible
par les libertés, notamment celles de la spiritualité, de la connaissance, de
la raison, du système politique,
– la Liberté, tant comme moyen
que comme but suprême, spirituel, intellectuel et politique, via les
chemins de la vérité et du courage,
– l’Amour, fut-ce par ses formes
laïques de l’Égalité, de la Fraternité, de la Justice, de la solidarité
et de la tolérance.
Des valeurs de remplacement
Les islamistes veulent éliminer
ces valeurs et remplacer :
– la Vérité – et la liberté de la
chercher – par un document intangible rédigé par un prophète chef de guerre du
VIIe siècle, et les gloses tardives de ce document,
– la Liberté par la soumission
des hommes à leur vision de leur dieu, et celle des non islamistes à la charia,
avec ses statuts d’infériorité juridique (mécréants, femmes, esclaves),
– l’Amour et la paix par la
haine, la guerre, l’assassinat, le génocide.
Pierre-André Taguieff, L’islamisme
et nous : penser l’ennemi imprévu, CNRS éditions, 2017.
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