Pourquoi nous faisons grève à nouveau
29 nov. 2019 GRETA THUNBERG, LUISA NEUBAUER, ANGELA VALENZUELA
Après plus d'un an de sombres projections scientifiques et d'activisme croissant, les dirigeants mondiaux et le public reconnaissent de plus en plus la gravité et l'urgence de la crise climatique. Et pourtant, rien n'a été fait.
MADRID - Depuis plus d'un an, les enfants et les jeunes du monde entier font grève pour le climat. Nous avons lancé un mouvement qui a défié toutes les attentes, des millions de personnes prêtant leur voix - et leur corps - à la cause. Nous l'avons fait non pas parce que c'était notre rêve, mais parce que nous n'avons vu personne d'autre agir pour assurer notre avenir. Et malgré le soutien vocal que nous avons reçu de nombreux adultes - y compris certains des dirigeants les plus puissants du monde - nous ne le faisons toujours pas.
Faire la grève n'est pas un choix que nous apprécions ; nous le faisons parce que nous ne voyons pas d'autres options. Nous avons assisté au déroulement d'une série de conférences des Nations Unies sur le climat. D'innombrables négociations ont donné lieu à des engagements très ambitieux, mais en fin de compte vides, de la part des gouvernements du monde - les mêmes gouvernements qui permettent aux entreprises pétrolières de forer toujours plus de pétrole et de gaz, et de brûler notre avenir pour leur profit.
Les politiciens et les entreprises de combustibles fossiles sont au courant des changements climatiques depuis des décennies. Pourtant, les politiciens laissent les profiteurs continuer à exploiter les ressources de notre planète et à détruire ses écosystèmes dans une quête d'argent rapide qui menace notre existence même.
Ne nous croyez pas sur parole : les scientifiques sonnent l'alarme. Ils préviennent que nous n'avons jamais été aussi près d'augmenter des températures mondiales à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels - le seuil au-delà duquel les effets les plus destructeurs du changement climatique seraient déclenchés.
Pire encore, des recherches récentes montrent que nous allons vraisemblablement produire 120 % de combustibles fossiles de plus en 2030 que ce qui serait conforme à la limite de 1,5 °C. La concentration de gaz à effet de serre (qui provoquent un réchauffement du climat) dans notre atmosphère a atteint un niveau record, sans signe de ralentissement. Même si les pays respectent leurs engagements actuels de réduction des émissions, nous nous dirigeons vers une augmentation de 3,2°C.
Les jeunes comme nous sont les plus touchés par les échecs de nos dirigeants. La recherche montre que la pollution due à la combustion de combustibles fossiles est la menace la plus importante pour la santé des enfants dans le monde. Pas plus tard que ce mois-ci, cinq millions de masques ont été distribués dans les écoles de New Delhi, la capitale de l'Inde, à cause du smog toxique. Les combustibles fossiles nous étouffent littéralement la vie.
La science réclame des mesures urgentes et nos dirigeants osent encore les ignorer. Nous continuons donc à nous battre.
Après un an de grèves, nos voix se font entendre. Nous sommes invités à prendre la parole dans les couloirs du pouvoir. À l'ONU, nous nous sommes adressés à une salle remplie de dirigeants mondiaux. Au Forum économique mondial de Davos, nous avons rencontré des premiers ministres, des présidents et même le pape. Nous avons passé des centaines d'heures à participer à des panels et à parler avec des journalistes et des cinéastes. On nous a offert des prix pour notre activisme.
Nos efforts ont contribué à élargir le débat sur les changements climatiques. Les gens discutent de plus en plus de la crise à laquelle nous sommes confrontés, non pas à voix basse ou après coup, mais publiquement et avec un sentiment d'urgence. Les sondages confirment l'évolution des perceptions. Une enquête récente a montré que, dans sept des huit pays étudiés, la dégradation du climat est considérée comme le problème le plus important auquel le monde est confronté. Un autre a confirmé que les écoliers ont montré la voie en matière de sensibilisation.
Avec l'évolution de l'opinion publique, les dirigeants du monde entier disent aussi qu'ils nous ont entendus. Ils disent qu'ils sont d'accord avec notre demande d'action urgente pour lutter contre la crise climatique. Mais ils ne font rien. Alors qu'ils se rendent à Madrid pour la 25e session de la Conférence des Parties (COP25) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, nous dénonçons cette hypocrisie.
Les deux prochains vendredis, nous serons de nouveau dans la rue : dans le monde entier le 29 novembre, et à Madrid, Santiago et bien d'autres endroits le 6 décembre lors de la conférence des Nations Unies sur le climat. Les écoliers, les jeunes et les adultes du monde entier s'uniront pour exiger de nos dirigeants qu'ils agissent - non pas parce que nous le voulons, mais parce que la science l'exige.
Cette action doit être puissante et de grande envergure. Après tout, la crise climatique ne concerne pas seulement l'environnement. C'est une crise des droits de l'homme, de la justice et de la volonté politique. Ce sont les systèmes coloniaux, racistes et patriarcaux d'oppression qui l'ont créée et alimentée. Nous devons tous les démanteler. Nos dirigeants politiques ne peuvent plus se dérober à leurs responsabilités.
Certains disent que la conférence de Madrid n'est pas très importante ; les grandes décisions seront prises à la COP26 à Glasgow l'année prochaine. Nous ne sommes pas d'accord. Comme l'indique clairement la science, nous n'avons pas une seule journée à perdre.
Nous avons appris que si nous n'intervenons pas, personne ne le fera. Nous maintiendrons donc un rythme soutenu de grèves, de protestations et d'autres actions. Nous deviendrons de plus en plus bruyants. Nous ferons tout ce qu'il faudra pour persuader nos dirigeants de s'unir derrière la science si clairement que même les enfants le comprennent.
L'action collective fonctionne ; nous l'avons prouvé. Mais pour tout changer, nous avons besoin de tout le monde. Chacun d'entre nous doit participer au mouvement de résistance pour le climat. Nous ne pouvons pas nous contenter de dire que nous nous en soucions ; nous devons le montrer.
Joignez-vous à nous. Participez à nos prochaines grèves climatiques à Madrid ou dans votre ville natale. Montrez à votre communauté, à l'industrie des combustibles fossiles et à vos dirigeants politiques que vous ne tolérerez plus l'inaction face aux changements climatiques. Avec les masses de notre côté, nous avons une chance.
Et pour les dirigeants qui se rendent à Madrid, notre message est simple : les yeux de toutes les générations futures sont tournés vers vous. Agissez en conséquence.
Ce commentaire a également été signé par Evan Meneses (Australie) et Hilda Flavia Nakabuye (Fridays for Future Uganda).
Greta Thunberg est une militante suédoise pour le climat.
Luisa Neubauer est une militante allemande du climat.
Angela Valenzuela est coordinatrice de Fridays for Future à Santiago.
https://www.project-syndicate.org/commentary/climate-strikes-un-conference-madrid-by-greta-thunberg-et-al-2019-11
LAURENT ALEXANDRE
Quand les masques tombent : et Greta Thunberg assuma au grand jour la réalité de son idéologie
Greta Thunberg a co-signé une tribune. Dans ce texte, les signataires et Greta Thunberg reviennent sur le réchauffement climatique : "la crise climatique ne concerne pas que l'environnement. C'est une crise des droits de l'homme, de la justice et de la volonté politique. Les systèmes d'oppression coloniaux, racistes et patriarcaux l'ont créée et alimentée".
Avec Laurent Alexandre
Atlantico.fr : Le texte de Greta Thunberg publié dans Project Syndicate identifie trois causes qui peuvent être à l’origine du réchauffement climatique dont le racisme et le système patriarcal entre autres. Au vu de cela, quels sont les discours de ces mouvements portés par Greta Thunberg ?
Laurent Alexandre : D’emblée, une chose étonnante est que ce discours a été écrit, ce qui montre bien que les spin-doctors (ou communicants) qui manipulent Greta Thunberg se sentent tout puissants. Ils se permettent de dire que le CO2 n’est pas leur objectif contrairement au fait de mettre la société occidentale – responsable de tous les maux de la terre - à mort. Ils ont tout de même dit que la crise climatique est liée au patriarcat raciste, colonial, oppressif et qu’il est nécessaire de le démanteler. C’est un discours trotskiste, révolutionnaire au sens propre du terme et il est très étonnant de voir ce passage à l’acte car ils vendent la mèche alors que jusqu’à présent ils n’ont jamais dit quel était leur véritable agenda. On est passé en réalité de la défense des coquelicots à la volonté de détruire l’homme blanc, hétérosexuel, chrétien et européen. Pour un peu, cela donnerait raison à Eric Zemmour.
Était-ce un phénomène latent dans le mouvement écologique tel qu’il s’organise autour de cette figure-ci ?
Greta Thunberg est issue d’un milieu d’extrême-gauche et jusqu’à présent, elle n’avait jamais commis de faute. Elle n’avait jamais révélé le fait que son agenda n’était pas écologique mais révolutionnaire. Dans son article, elle ne se réfère qu’à un courant écologique par opportunisme et le CO2 est le levier pour changer la société et pour la faire rentrer dans un paradigme d’extrême-gauche. Je ne doute pas une seconde que ce ne soit pas elle qui l’ai écrit, ce n’est pas un discours spontané. Il a clairement été écrit par son entourage. Le produit Greta n’est pas un produit vert, mais rouge.
Vous dites que cela révèle une forme de trotskisme. S’agit-il réellement d’une idéologie communiste ou est-ce un gauchisme culturel venant des universités américaines ?
On se croirait sur le campus d’Evergreen. C’est un discours qui fait de l’homme blanc hétérosexuel et père de famille le responsable de la totalité des malheurs sur terre. C’est une énorme faute de communication car on ne peut plus dire après un tel écrit «je ne m’occupe que de la science, du CO2, de la réalité scientifique ». C’est un discours politique extrémiste, masochiste pour l’Europe, qui est rendue responsable de tout ce qui ne va pas sur terre. Soit c’est une manipulation d’extrême-gauche dès le premier jour, soit les écologistes qui entouraient Greta Thunberg ont laissé passer la place à des gauchistes qui n’en ont que faire du CO2 et dont l’objectif est de mettre bas la culture occidentale. C’est un revirement massif et rien n’obligeait l’entourage de cette demoiselle à sortir un discours de cette violence-là.
Ce discours sera-t-il écouté dans le monde ?
Il y aura deux conséquences : ceux qui disent que l’écologie n’est pas le point premier et ceux qui disent qu’elle a raison. Il peut y avoir une polarisation accentuée et pas du tout une décrédibilisation de Greta Thunberg qui restera une égérie. Une fois que l’on a tenu ce type de propos, on ne peut plus jamais revenir en arrière et expliquer que l’on ne s’occupe que de la science. On est sur un registre autre. Elle a réussi à isoler les leaders de différents pays lors de son discours à l’ONU en organisant une attaque contre la France par exemple qui n’a jamais débouché par ailleurs. A partir de ce moment-là, des gens se sont mobilisés contre Greta Thunberg car ils ont compris son manège. Il est par ailleurs intéressant de voir qu’elle n’a jamais émis une seule critique contre le plus gros pollueur de la planète, à savoir la Chine. Elle ne s’intéresse qu’à l’attaque de l’Europe et le reste du monde à tous les droits. Elle attaque sans cesse la France, or nous sommes le pays dans le monde avec le meilleur ratio de CO2 par richesse produite, car Emmanuel Macron a été faible avec elle, plutôt que d’attaquer les vrais pollueurs qui eux sont forts. Elle ne tiendrait pas deux minutes sur la place Tienanmen.
https://www.atlantico.fr/decryptage/3584126/quand-les-masques-tombent--et-greta-thunberg-assuma-au-grand-jour-la-realite-de-son-ideologie-environnement-planete-project-syndicate-racisme-patriarcat-oppression-droits-de-l-homme-laurent-alexandre-
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