Dernière présence de l'Etat dans les
zones de non-droit, l'école en première ligne
Par Mickaël
Fonton
Publié le 31/10/2018 à 13:34
Chapô
Dernière présence de l'État dans les zones de non-droit,
collèges et lycées subissent frontalement la violence. La colère des
professeurs prend une ampleur inédite depuis l'agression de Créteil, mais rien
ne dit que la situation évoluera.
Chapô premium
Il y a des eaux calmes qui ont des allures de tempête. Après
l'agression d'une enseignante dans un lycée technique de Créteil, sur la tempe
de laquelle un élève a pointé le canon d'une arme factice, 24 000 messages ont
été publiés en moins d'une journée sur le réseau Twitter, avec un mot clé
hautement ironique repris par tous : #PasDeVagues. Le sujet a été débattu sur
tous les plateaux de télévision, analysé par des tribunes dans tous les
quotidiens, jusqu'à pousser à une rencontre tripartite, le 26 octobre, entre le
ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, celui de l'Éducation nationale,
Jean-Michel Blanquer, et la garde des Sceaux, Nicole Belloubet.
De quoi s'agit-il ? “Pas de vagues”, c'est le nom que des
milliers de professeurs anonymes ont donné au récit d'une agression, physique
ou verbale, doublée de l'humiliation éprouvée devant l'indifférence d'une
hiérarchie figée dans la crainte de se faire mal voir du rectorat ou du
ministère. Les exemples distillés sur Twitter sont édifiants, tant pour les agressions
elles-mêmes que pour les réponses d'un proviseur, d'un conseiller d'éducation,
d'un collègue…
“Ce sera sa parole contre la vôtre… ”
Ainsi, traitée de “ sale pute ” par un de
ses élèves, une enseignante se voit rétorquer par son chef d'établissement : “
Vous êtes-vous questionnée sur votre posture ? Pourquoi pense-t-il ça de vous ?
” D'ailleurs, pourquoi relever cette insulte ? “ C'est sa
façon de communiquer. ” Un gaillard de 16 ans promet à son prof de
lui “ casser les dents ” mais nie avoir prononcé ces mots
? “ Ce sera sa parole contre la vôtre… ” Le professeur agressé
s'indigne ? “ Vous êtes susceptible. ” Il demande l'exclusion
du fautif ? “ Vous êtes dans le répressif. ” Désespérant.
“Aujourd'hui côte à côte, demain face
à face ?”
Par
Publié le 31/10/2018 à 13:32
Chapô
L'intensification de la brutalité de notre société interroge
sur son modèle. Mineurs tués ou policiers agressés à l'arme lourde rendent
hagards les politiques et déroutent les sociologues.
Chapô premium
Nous sommes le 13 février 2018. En cette journée d'hiver, il
grêle. Triste temps pour accompagner Gérard Collomb en déplacement à Orléans.
Mais existe-t-il une météo favorable pour évoquer l'hyperviolence de la société
française ? Dans une antichambre de la préfecture du Loiret, le ministre de
l'Intérieur se confie en toute gravité à Valeurs actuelles .
Initialement venu pour vanter la nouvelle police de sécurité du quotidien, il
se livre, après la parole publique, à un tête-à-tête qui se veut plus
personnel. Plus libre.
« Au fond du fond, demande-t-on, comment
jugez-vous la situation sécuritaire en France ?
- C'est très inquiétant. Ce que je lis tous les matins
dans les notes de police reflète une situation très pessimiste. Les rapports
entre les gens sont très durs, les gens ne veulent pas vivre ensemble…
- Quelle est la part de responsabilité de l'immigration ?
- Énorme. C'est pour ça qu'avec Emmanuel Macron nous
avons voulu faire changer la loi…
- Votre loi ne s'attaque qu'à l'immigration illégale. La
légale permet de faire entrer plus de 200 000 personnes sur le territoire
chaque année…
- C'est vrai. On fait étape par étape. Mais ça reste un
problème…
- Vous pensez qu'on n'a plus besoin d'immigration en
France ?
- Oui, absolument.
- Vous parliez du vivre-ensemble, tout à l'heure. Que se
passe-t-il ?
- Des communautés en France s'affrontent de plus en plus
et ça devient très violent…
- Que craignez-vous ? Une partition ? Une sécession ?
….
Gérard Collomb sur l'insécurité et
l'immigration : “D'ici à cinq ans, la situation pourrait devenir irréversible”
Publié le 31/10/2018 à 14:46
Il y a quelques mois, le ministre de l’Intérieur à l'époque
confiait avec gravité à Valeurs actuelles ses préoccupations concernant
l’hyperviolence de la société française.
Nous sommes le 13 février 2018. En cette journée d'hiver, il
grêle. Triste temps pour accompagner Gérard Collomb en déplacement à Orléans. Mais
existe-t-il une météo favorable pour évoquer l'hyperviolence de la société
française ? Dans une antichambre de la préfecture du Loiret, le ministre de
l'Intérieur se confie en toute gravité à Valeurs actuelles .
Initialement venu pour vanter la nouvelle police de sécurité du quotidien, il
se livre, après la parole publique, à un tête-à-tête qui se veut plus
personnel. Plus libre.
« Au fond du fond, demande-t-on, comment
jugez-vous la situation sécuritaire en France ?
- C'est très inquiétant. Ce que je lis tous les matins
dans les notes de police reflète une situation très pessimiste. Les rapports
entre les gens sont très durs, les gens ne veulent pas vivre ensemble…
- Quelle est la part de responsabilité de l'immigration ?
- Énorme. C'est pour ça
Européennes
: un clip du gouvernement qualifié de “propagande”
Par Auteur
/ Jeudi 1 novembre 2018 à 21:330
Image d'illustration. Photo © SAUTIER PHILIPPE/SIPA
Elections. Des politiques de gauche et
de droite dénoncent le clip du gouvernement qui appelle les Français à voter
pour les élections européennes.
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La vidéo de la discorde. Un clip du gouvernement est
sévèrement dénoncé par des élus de gauche comme de droite à quelques mois des
élections européennes car ils estiment qu’il s’agit d’un « clip de
propagande », révèle le Journal
du dimanche. La vidéo, diffusée la semaine dernière sur les réseaux
sociaux par le compte officiel du gouvernement, fait partie de la campagne
lancée par l’exécutif et baptisée « Oui, je vote ».
Après un
couac sur des informations destinées au grand public, le gouvernement
aurait cette fois-ci privilégié la communication politique à la pédagogie
gouvernementale.
Quatre questions posées
Cette vidéo appelle les Français à voter aux prochaines
élections de mai 2019, avec le slogan : « En mai 2019, l’Europe
changera, à vous de décider dans quels sens ». Dans le clip, le
gouvernement pose quatre questions : « Immigration : maîtriser ou subir
? », « Climat : agir ou ignorer ? », « Europe
: union ou division ? » et « Emploi : partenaires ou
concurrents ? ». Les images, elles, montrent des migrants secourus en
mer, des femmes portant difficilement leurs enfants ou des catastrophes
naturelles. Il y a également des photos du Premier ministre hongrois Viktor
Orban et du ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini. Ce dernier
a réagi sur Twitter, écrivant : « Le gouvernement français publie, avec
l’argent des contribuables, un clip officiel pour les européennes de 2019 en
m’utilisant comme un épouvantail ».
SUR LE MÊME SUJET
En mai 2019, l’Europe changera. En votant, vous décidez
comment ! #ÉlectionsEuropéennes
« Ces clips
sont des vidéos partisanes de La République en Marche financées sur fonds
publics. Leur contenu totalement orienté […] n’a aucun rapport
avec une incitation à la citoyenneté », estime le mouvement Générations,
qui a annoncé saisir le CSA et la Commission nationale des comptes de campagne.
Comme le précise Le JDD, le porte-parole a demandé « le
retrait immédiat de ces clips de campagne LREM maquillés en clips officiels sur
fonds publics ».
« Instrumentalisation
de l’Europe à des fins politiciennes »
Le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau a affirmé que
« l’instrumentalisation de l’Europe a des fins politiciennes fera une
victime : l’Europe elle-même ». « La propagande avec de gros
sabots ! » a abondé l’ancien ministre Thierry Mariani. De son côté, le
président du parti chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson a annoncé avoir
écrit au président de la Commission des comptes de campagne et appelle à signer
une pétition pour « imputer les frais de création et de diffusion de
cette vidéo aux dépenses de propagande électorale » de La République
en Marche. Le socialiste Rachid Temal a assuré qu’il saisirait à son tour le
CSA.
HORS-SÉRIES
Contenu
Image
«Reconquête
républicaine» : Gérard Collomb brise le silence
FIGAROVOX/TRIBUNE - En 2002, Barbara Lefebvre évoquait pour
la première fois les «territoires perdus» de la République. Le discours
prononcé mercredi par Gérard Collomb semble lui donner aujourd'hui raison :
l'ancien Ministre de l'Intérieur a décrit un pays ghettoïsé, en proie à un
communautarisme qui menace dangereusement la paix civile.
Essayiste et auteur de Génération“J'ai
le droit” (Albin Michel, 2018), Barbara Lefebvre a également
contribué à l'ouvrage collectif Les Territoires perdus de la
République (2002, rééd. 2015), qui fit événement, et à Une
France soumise - Les voix du refus (Albin Michel, 2017).
- Crédits photo : Astrid di Crollalanza
Dans la cour de l'Hôtel de Beauvau, le
discours d'adieu de Gérard Collomb a résonné ce mercredi comme un avertissement
cinglant. Avertissement politique à Édouard Philippe présent à ses
côtés, mais surtout à Emmanuel Macron qui semble perdre pied avec la réalité
des fractures françaises. Un jour, il fustige brutalement un collégien pour son
interpellation familière malgré les plates excuses de ce dernier, un jour il
s'adonne à la calinothérapie avec un (ex) braqueur, considérant qu'on n'aurait
pas «le choix de faire des bêtises quand on est né dans certains quartiers». On
imagine que beaucoup de familles des Antilles et d'ailleurs qui connaissent des
conditions de vie difficiles mais éduquent correctement leurs enfants, ont dû
s'étouffer en entendant pareille ineptie. Que la «question sociale» n'intéresse
pas le président ne fait aucun doute, mais on ne comprend pas plus sa vision de
la «question sociétale». N'est-ce pas en creux ce que Gérard Collomb exprimait
dans ce discours en forme d'avertissement? Gérard Collomb n'avait apparemment
pas mesuré en 2016 que le jeune et dynamique capitaine n'avait pas de cap. Il a
donc décidé, deux ans plus tard, de quitter un navire approchant dangereusement
des récifs. Sauve qui peut. En outre, les épisodes de l'affaire Benalla, dont
l'épilogue n'est pas encore arrivé, ont probablement joué dans l'éloignement du
fidèle Collomb qui vécut probablement son audition devant les commissions
d'enquête comme une humiliation imméritée.
» LIRE AUSSI - Gérard
Collomb: «Je ne pensais pas provoquer ce choc-là»
Pas de périphrase. Pas de «et en même temps». Pas de
métaphores fumeuses. Pas de off auprès de journalistes. Gérard Collomb a décidé
de mettre le premier ministre et le président au pied du mur: la situation d'un
grand nombre de territoires urbains ou périurbains français est «très
dégradée», tout le monde s'est souvenu de la partition évoquée par un
François Hollande, président spectateur. Gérard Collomb a pris un risque en
déclarant cela au moment de quitter le ministre plutôt qu'en y arrivant, le
risque de donner le sentiment d'une impuissance du politique.
Après des mois à arpenter ces quartiers, à lire des notes
remontant du terrain et échanger avec ses acteurs, la réalité a sauté au visage
de Gérard Collomb. «Mieux vaut tard que jamais» diront les cyniques, mais la
situation est suffisamment grave pour qu'on ne raille pas le réalisme d'un
politique même quand il nous semble tardif. La réalité de la désintégration de
nombreux quartiers est assez forte pour que Gérard Collomb juge indispensable
de «voir ce que l'on voit et, plus difficile encore, de dire ce que
l'on voit», pour paraphraser Péguy. Voici en effet ce qu'il dit:
«Monsieur le Premier ministre, si j'ai un message à faire
passer - je suis allé dans tous ces quartiers, des quartiers nord de Marseille,
au Mirail à Toulouse, à ceux de la couronne parisienne Corbeil, Aulnay, Sevran
- c'est que la situation est très dégradée et le terme de reconquête
républicaine prend là tout son sens parce qu'aujourd'hui dans ces quartiers
c'est la loi du plus fort qui s'impose, celle des narcotrafiquants et des
islamistes radicaux, qui a pris la place de la République. Il faut à nouveau
assurer la sécurité dans ces quartiers mais je crois qu'il faut
fondamentalement les changer, quand des quartiers se ghettoïsent, se
paupérisent, il ne peut y avoir que des difficultés et donc (…) il faut une
vision d'ensemble car on vit côte à côte et je le dis, moi je crains que demain
on ne vive face à face, nous sommes en face de problèmes immenses», et le
ministre démissionnaire d'enchaîner sur la loi asile et immigration en
affirmant qu'il faut accueillir une partie des nouveaux venus mais en ne les
installant surtout pas «dans les cités dont je viens de parler sinon la
situation deviendra demain totalement ingérable.»
En disant cela en partant, et non en arrivant, Gérard
Collomb révèle l'impuissance du politique.
Les Français ont en mémoire les coups de menton et les mots
creux de Nicolas Sarkozy ou de Manuel Valls qui prétendaient parler vrai mais
ne traduisirent pas en actions politiques leur constat sur la partition
socioculturelle en cours. Il est donc rare qu'un ministre, un élu, ait un
discours aussi clair que celui de Gérard Collomb hier. «La loi du plus fort»
c'est celle des trafiquants de drogue et des islamistes? Aveu terrible de notre
réalité, qui est d'abord celle que supportent au quotidien tant de gens paisibles
dans ces zones de non droit. En effet la loi française, celle de la République,
a déserté ces quartiers. La loi n'est pas faible parce qu'elle est
démocratique, elle est faible parce qu'on ne l'a pas fait respecter depuis
bientôt trente ans, et d'abord à l'école qui est le premier lieu de
socialisation de l'enfant.
Nous le disions déjà dans Les Territoires perdus de
la République en 2002: dans de trop nombreux établissements de ces
quartiers, au tournant des années 1990, lorsque des violences survenaient, que
l'entrisme religieux se déployait, que le racisme, l'antisémitisme et le
sexisme se banalisaient, la réponse institutionnelle était souvent inexistante
alors qu'elle aurait dû être sans indulgence. Pourquoi cet abandon de l'autorité?
Car le contexte idéologique qui a longtemps prévalu dans l'école postmoderne
voulait que la culture de l'excuse tienne lieu de règlement intérieur
officieux. Dans cette école confondant autorité et domination, obéissance et
aliénation, savoirs exigeants et encyclopédisme, ce n'était jamais vraiment de
la faute de l'agresseur, c'était à la victime de faire preuve de compréhension.
L'institution ne devait ni stigmatiser, ni accabler ces petits tyrans qui
harcelaient, frappaient, insultaient, trafiquaient sous le nez des chefs
d'établissement. En fait, elle achetait la paix sociale comme le firent ensuite
nombre d'élus locaux. Toutes ces petites démissions du quotidien mises bout à
bout, cette guerre des tranchées du fait accompli nous ont conduit au constat
du Ministre de l'Intérieur sur le départ: la loi qui règne dans ces quartiers
est celle des délinquants qui deviennent souvent des criminels et des
idéologues du suprémacisme islamique.
Le moment de bascule est proche, tout le monde le sent
venir. La question dépasse largement la querelle des pessimistes et des
optimistes, les spéculations sur la guerre civile qui vient ou ne vient pas.
Nous n'avons aucun orgueil à avoir été aux avant-postes en 2002 en
publiant Les territoires perdus de la République. Nous alertions
sur cette situation mortifère pour la République, pour la France. Nous
avertissions sur la progression d'une religiosité islamique radicale, la menace
d'une sécession ethnoculturelle de certains quartiers, les connivences entre
islamistes et trafiquants se partageant le terrain pour gérer des populations
que l'école ne voulait plus ni assimiler, ni même intégrer. Notre livre était
centré sur l'école car tout s'est joué sur ce terrain dans les années
1980-1990. Le premier territoire perdu, c'est-à-dire abandonné, fut notre école
publique. L'école de la République avait été fondée pour construire la nation,
développer le sentiment d'appartenance à une identité française, la Grande
patrie n'empêchant pas l'amour des petites patries comme l'ont toujours affirmé
les pères de l'école laïque et républicaine. A partir des années 1950-1960,
s'est imposée en Occident et singulièrement en France et aux États-Unis,
l'idéologie de la déconstruction. La table rase était la condition nécessaire
pour la rédemption de l'humanité qui surviendrait avec la fin de la
multiséculaire lutte de classes. La «fin de l'histoire» semblait proche, nos
beaux esprits s'en réjouissaient. Il fallait donc abattre tous les repères dits
bourgeois: la famille, l'école qui est le lieu de transmission des savoirs,
l'histoire nationale, la morale, les autorités institutionnelles.
À partir des années 1980 l'école de la République est ainsi
devenue la terre de mission de ces libérateurs de l'humanité, prêcheurs du
relativisme et de l'égalitarisme niveleur. Au moment où la gauche abandonnait
la «question sociale» pour se jeter dans les bras de la loi du marché, elle
inventait la doxa antiraciste, le vivre ensemble, le multiculturalisme, la
société inclusive. L'ouvrier n'étant plus la figure messianique rédemptrice,
l'immigré allait le devenir. Les immigrés d'origine maghrébine et africaine et
leurs enfants nés en France n'eurent donc pas la chance de connaître cette
école républicaine assimilatrice ou intégrationniste dont avaient bénéficié les
précédentes vagues migratoires. Ils étaient cet «Autre» qui devait rester un
étranger pour qu'on continue à le charger de réaliser nos utopies
progressistes. On se refusa donc par esprit de tolérance à contester et
condamner certaines de leurs pratiques sur le territoire national en dépit de
leur incompatibilité complète avec nos mœurs, nos us et coutumes. Ce fut
particulièrement flagrant s'agissant du droit des femmes, comme si cela
relevait de la stricte sphère domestique privée. Qu'il s'agisse de la
polygamie, l'excision, des mariages forcés, les répudiations, le voilement des
visages et des corps, on n'entendit guère les féministes ni la gauche morale
s'émouvoir, sinon pour nous expliquer qu'après tout, toutes les pratiques
culturelles étaient également admissibles.
On nous traita de nouveaux réactionnaires, de
nostalgiques de la République coloniale.
Mais en 1989, année charnière de l'histoire mondiale à bien
des égards, la machine se grippa: l'affaire des collégiennes voilées de Creil,
et les clivages intellectuels qui en surgirent au sein de la gauche, eut raison
des belles promesses du multiculturalisme naissant. Notre livre portait
témoignage de cet échec, mais il était encore trop tôt en 2002 pour être
entendus. Nous soulignions l'erreur d'avoir renoncé à une école de la nation
pour valider - sans l'assumer - une école des communautés. Nous implorions les
élus, à toutes les échelles, de reprendre
le chemin de la raison républicaine et de la fermeté dans ces
territoires avant que la minorité tyrannique (des islamistes et des
trafiquants) n'y prenne le pouvoir. On nous traita de nouveaux réactionnaires,
de nostalgiques de la République coloniale (puisque la mode est de réduire
l'œuvre de Jules Ferry à l'impérialisme), de sionistes islamophobes (termes
consubstantiels dans l'esprit des indigénistes et leurs compagnons de route).
1989-2004: quinze ans pour que le politique adopte la loi d'interdiction des
signes religieux ostentatoires à l'école. Loi qui demeure violemment contestée
par les militants de l'islam politique. Loi qui aurait été - comme tant
d'autres - inutile si l'État, les élus locaux, avaient fait leur travail au moment
requis, s'ils n'avaient pas laissé partout, presque tout le temps, la situation
pourrir en espérant que le temps (électoral) jouerait pour eux.
Discours de Gérard Collomb à Lyon, le 28 septembre
2018. - Crédits photo : JEFF PACHOUD/AFP
Nous ne tirons aucune fierté d'avoir eu raison contre
(presque) toute la classe politico-médiatique et une partie des intellectuels
bien-pensants. Nous sommes au contraire profondément affligés du temps perdu,
de certaines récupérations purement politiciennes de notre diagnostic, des
anathèmes et excommunications prononcés pour nous faire taire y compris dans
les rangs de ceux qui prétendent lutter contre le racisme et l'antisémitisme
mais ont choisi de vivre de la «rente morale antiraciste» plutôt que combattre
ceux qui mettent en péril la communauté nationale. J'emploie le collectif
«nous» car je sais que tous ceux qui ont témoigné en 2002 et 2004 (sous
pseudonymes pour poursuivre leur carrière professionnelle ou simplement leur
sécurité), ainsi que ceux qui ont contribué à Une France soumise paru
en 2017, ont le sentiment d'avoir vidé la mer à la petite cuillère pendant tant
d'années. Avoir perçu, analysé ce qui se jouait dans ces quartiers, avoir
cherché à convaincre en vain les acteurs politiques qu'il fallait agir avant
que la situation ne se dégrade plus encore, aurait pu nous rendre amers. C'est
davantage la colère sourde qui nous a gagnés à force de compter les morts,
depuis Ilan Halimi jusqu'à Adrien Perez en passant par Abel Chennouf et Arnaud
Beltrame. Notre colère est toujours restée fidèle aux valeurs républicaines
dans ses modes d'expression. Nous n'avons jamais rien souhaité d'autre que
débattre démocratiquement, même quand nous fûmes exclus du débat dans les hauts
lieux de la bien-pensance.
La France, que nous sommes si nombreux à aimer, peut mourir
demain sous l'effet d'un terrible poison: le déni de réalité au service de
l'esprit munichois. Gérard Collomb a parlé de «problèmes immenses» qui peuvent
demain, sous l'effet de migrations incontrôlées, conduire à «une situation
ingérable». Oui, cela est anxiogène. C'est précisément pourquoi ceux qui
édictent la doxa du politiquement correct et vivent à l'abri (socialement,
culturellement, économiquement, géographiquement) préfèrent maintenir le déni
quant à l'existence d'une fracturation sociétale qui s'aggrave. Pourquoi Gérard
Collomb brise-t-il ce déni au moment de quitter ses fonctions? Il ne
s'adressait pas aux Français qui ont majoritairement conscience de cette situation.
Il a sans doute voulu signifier d'une part qu'il était sur la même longueur
d'onde qu'eux, d'autre part, en miroir négatif, que ce n'était pas le cas du
gouvernement et du chef de l'État, enfermés dans le déni. Ce développement
adressé directement à Édouard Philippe éclaire peut-être aussi une des causes
de cette démission: Gérard Collomb n'avait ni l'écoute de l'exécutif, ni les
moyens de mettre en œuvre la politique sécuritaire indispensable pour restaurer
l'ordre républicain dans ces territoires.
Les progressistes comme Emmanuel Macron n'ont rien
compris à l'histoire.
En dépit de la cruelle réalité, les progressistes, à
l'instar du président Macron à la tête de ses troupes qui risquent d'aller en
se clairsemant, croient encore à l'hypothèse d'une finalité historique telle
qu'elle est portée par l'idéologie du progrès depuis le XVIIIe siècle. Ils sont
persuadés de «faire l'histoire» et d'en saisir le sens au nom du Bien et du
Progrès. Leurs contradicteurs ou adversaires politiques ne sont que des lépreux,
des nationalistes, des réactionnaires, des antimodernes et j'en passe. Tout à
leur utopie de nantis, ils ne semblent rien avoir compris de la dimension
tragique de l'histoire, se gargarisant du «devoir de mémoire» pour ne pas avoir
à comprendre l'histoire. Ils sont incapables d'admettre que l'histoire puisse
se faire sans eux, malgré eux. En essayant de rappeler le président Macron à
plus de lucidité devant les risques de fracturation de notre société,
d'humilité, de vision dans l'action, et de détermination dans sa réalisation,
Gérard Collomb a peut-être voulu, à sa façon, rompre avec cette utopie
progressiste qui ne veut jamais se retourner vers le passé, seul à même de nous
apprendre quelque chose de nous-mêmes et de l'Autre, ne veut jamais observer lucidement
le présent avant qu'il ne nous échappe, mais qui préfère toujours se perdre
dans les rêveries d'un futur paradisiaque improbable.
Barbara Lefebvre
Brésil:
nouvelle volte-face de Bolsonaro sur la fusion de l'Agriculture et de
l'Environnement
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à jour le 01/11/2018 à 21h08
| Publié le 01/11/2018 à 21h02
Le président élu du Brésil Jair Bolsonaro a laissé entendre
ce jeudi lors d'un entretien télévisé qu'il pourrait revenir sur l'idée
controversée de fusionner les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement,
son deuxième rétropédalage sur le sujet en une semaine.
"Il y avait une idée de fusion, mais il semble qu'elle
sera modifiée. Tout porte à croire que ce seront deux ministères
distincts", a affirmé le futur chef de l'État dans un entretien accordé à
plusieurs chaînes catholiques.
"Le Brésil est le pays qui protège le mieux
l'environnement. Nous avons l'intention de protéger l'environnement, mais sans
que cela entrave le progrès", a ajouté le président élu d'extrême droite.
L'idée de fusion de ces deux ministères a provoqué un tollé dans les milieux
écologiques.
Les organisations de défense de l'environnement considérent
que cette fusion reviendrait à abandonner la protection de l'exceptionnelle biodiversité
du Brésil et de la forêt amazonienne, le "poumon de la planète", aux
intérêts du puissant lobby de l'agro-business, soutien important de Bolsonaro.
Des représentants de ce lobby ont eux-mêmes manifesté leur
inquiétude, craignant des sanctions commerciales sur les produits agricoles brésiliens
de la part de pays inquiets de la préservation de l'environnement.
"Fragiliser l'autorité du ministère de l'Environnement,
à un moment où augmente la préoccupation face à la crise climatique, est
imprudent", avait par exemple réagi mercredi le ministre actuel de
l'Agriculture Blairo Maggi, qui est également un gros propriétaire terrien.
Mardi, Onyx Lorenzoni, futur chef du gouvernement Bolsonaro,
avait pourtant dans un premier temps confirmé que cette fusion aurait lieu
"comme prévu au départ", l'idée faisant partie du programme officiel
de campagne. Mais M. Bolsonaro lui-même avait initié un premier rétropédalage
il y a une semaine, quatre jours avant son élection, en affirmant qu'il était
"ouvert à la négociation" sur ce sujet.
L'administration Bolsonaro prendra ses fonctions en janvier,
avec une quinzaine de ministères, moitié moins que dans la configuration
actuelle.
Pour permettre ce dégraissage, d'autres fusions sont
prévues, avec notamment la création de "super ministères" de
l'Économie, englobant les Finances, le Plan, l'industrie et le Commerce
extérieur, ainsi que de la Justice, à laquelle sera aussi associée la Sécurité
publique.
Violences
: quand Gérard Collomb prédisait déjà le «face-à-face»
Par Pierre
Lepelletier et Albert
ZennouMis à jour le 01/11/2018 à 19h34 | Publié le 01/11/2018 à 19h25
«Ce que je lis tous les matins dans les notes de police
reflète une situation très pessimiste. Les rapports entre les gens sont très
durs...» avait constaté Gérard Collomb en février, alors qu'il était encore
ministre de l'Intérieur.
Lorsqu'il était encore à l'Intérieur, Gérard
Collomb n'avait rien laissé transparaître. Aussi ses propos alarmistes,
tenus au moment de son départ du gouvernement, avaient-ils surpris. Lors de
la passation
de pouvoir avec Édouard Philippe, le 3 octobre dernier, il avait
regretté sur le perron de Beauvau «une situation très dégradée» dans certains
quartiers où règne «la loi du plus fort».
Il avait même interpellé à cette occasion le chef du
gouvernement: «Monsieur le premier ministre (...), je suis allé dans tous ces
quartiers. (...) Le terme de reconquête républicaine y prend tout son
sens .» «Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain on puisse
vivre face-à-face», avait-il notamment déclaré, presque défaitiste. La formule,
très commentée, avait frappé les esprits, aussi bien dans la majorité
macroniste que dans les oppositions de droite et de gauche.
«Ce que je lis tous les matins dans les notes de police
reflète une situation très pessimiste»
Gérard Collomb, en février 2018
L'ancien ministre de l'Intérieur avait en réalité établi ce
constat bien avant sa démission. Selon des propos rapportés par Valeurs
actuelles datant du 13 février 2018, Gérard Collomb se voulait
encore plus alarmiste. «C'est très inquiétant. Ce que je lis tous les matins
dans les notes de police reflète une situation très pessimiste. Les rapports
entre les gens sont très durs, les gens ne veulent pas vivre ensemble...»,
déplorait-il à l'époque, estimant
que la responsabilité de l'immigration était «énorme»
dans la situation sécuritaire. «C'est pour ça qu'avec Emmanuel Macron,
nous avons voulu faire changer la loi», indiquait celui qui s'apprête à
redevenir maire de Lyon lundi 5 novembre lors du prochain conseil
municipal.
«Ça devient très violent»
Adoptée le 1er août dernier, la loi
asile et immigration garantit, selon ses auteurs, la réduction du
délai de traitement des demandes d'asile et facilite les reconduites à la
frontière pour les déboutés. Jugé trop «répressif» par la gauche, le texte
avait au contraire été considéré «inutile» par la droite.
«Des communautés en France s'affrontent de plus en plus et
ça devient très violent...», jugeait également l'ancien ministre, prévenant
qu'il ne restait que «peu de temps» pour améliorer la situation. «C'est
difficile à estimer mais je dirais que, d'ici à cinq ans, la situation pourrait
devenir irréversible. Oui, on a cinq, six ans pour éviter le pire. Après...»,
avertissait-il.
Craint-il dans ces conditions une sécession ou une partition?
La réponse est sans ambages: «Oui, je pense à cela, c'est ce qui me préoccupe».
Le constat est terrible. Il ne fera que le répéter en octobre dernier, quand il
quittera la Place Beauvau.
Et comme pour enfoncer le clou, à la question des
journalistes de Valeurs actuelles«Pensez-vous qu'on n'a plus besoin
d'immigration en France?», l'ancien ministre de l'Intérieur aurait répondu:
«Oui, absolument.»
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L'inquiétante
banalisation des violences antipolicières
INFOGRAPHIE - Pour les forces de l'ordre, la nuit de
Halloween a viré au cauchemar face à des casseurs appelés à se rassembler via
les réseaux sociaux. Une délinquance de moins en moins exceptionnelle : 14
policiers sont blessés chaque jour.
La France connaît une poussée de fièvre et l'uniforme est
plus que jamais pris pour cible. Pour les forces de l'ordre, la
nuit de Halloween a viré par endroits au cauchemar. Dans la bouffée
de violences sporadiques qui s'est soudain emparée du pays, des voyous de cité
ont manifestement décidé de se faire des «flics». Avec la volonté de faire très
mal. Comme en écho aux appels à la haine diffusés sur les réseaux sociaux sous
le mot d'ordre #lapurge, des inconnus ont caillassé et jeté de l'acide sur des
policiers alors que ces derniers tentaient de rattraper un des casseurs masqués
qui venaient de prendre d'assaut un commerce à Montgeron (Essonne). Une mineure
de 13 ans a été interpellée. Un des agents intoxiqués a en outre été
blessé à la main.
Cette agression n'a hélas plus rien d'extraordinaire.
Symbole d'une République qui ne parvient plus à se faire respecter, elle va
alimenter des statistiques qui donnent le vertige. Selon un dernier bilan porté
à la connaissance du Figaro, pas moins de 1249 policiers ont
été ainsi blessés en mission lors du premier trimestre de cette année. Soit
près de 14 par jour! Même si ce chiffre est en léger recul (- 4 %)
par rapport à la même période de l'année précédente, il témoigne d'un niveau de
rugosité très élevé sur le terrain. Signe tangible que les violences
s'accentuent: les atteintes occasionnant des ITT de quinze jours et plus dans
les rangs policiers ont bondi pour représenter 18 % du total pour le premier
trimestre 2018, contre 11 % en 2017. À ce sombre tableau il conviendrait
aussi d'ajouter la progression de 15 % des blessures en opération subies
dans la même période par les adjoints de sécurité (ADS) et cadets de la
République. Soit 151 victimes entre janvier et mars dernier.
« Plus personne ne craint les institutions.La peur ne
changera pas de camp tant que va durer l'insupportable sentiment d'impunité
dont jouissent les délinquants»
Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance Police
nationale
À la pointe de la lutte contre une délinquance qui s'enkyste
dans tous les replis du territoire, les forces de l'ordre encaissent
d'incessants coups de boutoir. Dans le XIXe arrondissement de Paris, c'est une
policière qui est assommée à coups de poing et de cric alors qu'elle intervenait
sur un accident de la circulation. En Gironde, deux agents se sont fait
tabasser par un homme de 24 ans pris de boisson. Même en civil, la menace
est omniprésente comme le montre l'attaque d'un policier, apparemment en raison
de sa profession, alors qu'il se rendait à son travail au commissariat de
Bastia. À Othis (Seine-et-Marne), c'est une policière et son conjoint qui ont
été roués de coups devant leur fille de 4 ans par un dealer.
Chauffés à blanc à l'approche des élections professionnelles
qui se profilent à la fin du mois, les syndicats de police montent au créneau.
«Plus personne ne craint les institutions, tonne ainsi Frédéric Lagache,
secrétaire général adjoint d'Alliance Police nationale. La peur ne changera pas
de camp tant que va durer l'insupportable sentiment d'impunité dont jouissent
les délinquants. Il est plus que temps que le débat sur la sanction soit mis
sur le tapis…» Il y a quinze jours encore, la relaxe devant le tribunal de
Béziers des trois hommes soupçonnés d'avoir agressé des policiers venus fermer
des bodegas a soulevé la polémique. Dénonçant une «décision incompréhensible et
intolérable, à l'heure où les policiers sont les cibles permanentes de violences
et d'agressions de toute sorte et font l'objet de menaces», le syndicat Unité
SGP Police FO fustige un «vrai acte de défiance à l'encontre des policiers».
Mal endémique
Assurant un «soutien total» aux effectifs engagés sur le
terrain et dont «le courage force le respect», la Direction générale de la
police nationale n'entend pas rester inerte. Les attentats puis la
tragédie de Viry-Châtillon, où quatre policiers pris dans un guet-apens
ont failli périr brûlés vifs à bord de leur voiture, ont été les déclencheurs
de divers plans visant à «durcir» la cuirasse des services de sécurité. Depuis
2014, le budget alloué à l'équipement de la police nationale a ainsi plus que
doublé, permettant notamment de 25.000 gilets pare-balles, 11.200 casques
lourds ou encore de 66.000 cagoules «non-feu». La Sécurité publique s'est vue
en outre doter de 280 véhicules renforcés par des blindages et des vitres
incassables. Par ailleurs, les équipages à trois ont été systématisés dans les
véhicules «primo-intervenants» patrouillant dans les quartiers sensibles.
Pour mieux prendre en charge les blessés, qui disposent d'un
nouveau «guichet» permettant une procédure plus rapide, la DGPN insiste aussi
sur la «forte montée en puissance» de son service de soutien psychologique
opérationnel, «disponible H24, avec une capacité de mobilisation rapide lors
d'événements». Reste que ces efforts ne sont que le remède à un mal endémique
qu'il s'agit de prendre à la racine. C'est-à-dire celui des quartiers et des
zones de «non-droit», où la
fameuse reconquête républicaine lancée cet automne doit porter ses
fruits avant que l'État de droit ne sombre corps et biens.
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Ivan
Rioufol : «La révolte des peuples contre les utopies»
ANALYSE - Du Brexit à Bolsonaro, en passant par les succès
de Donald Trump, Viktor Orban ou Matteo Salvini, un même mouvement de
libération vitale s'amplifie. Et la France n'échappera pas à cette tempête.
Rien n'attise davantage la révolte des peuples que le mépris
qu'ils reçoivent
des «élites» contestées. Plutôt que de tenter de comprendre les
raisons de leurs disgrâces, les représentants des démocraties malades
s'entêtent à ne rien entendre des critiques. Ils accusent les contestataires de
tenir des «discours de haine». Cette rengaine est reprise cette semaine pour
stigmatiser les électeurs brésiliens de Jair
Bolsonaro: l'ancien militaire a récolté 55,2 % des suffrages, face
à une gauche en déroute morale. Le refrain s'entend aussi chez les européistes
quand ils parlent des nouveaux élus qui, de l'Italie à la Pologne en passant
par la Hongrie, défendent les intérêts de leurs concitoyens. En France,
Emmanuel Macron n'est pas le dernier à caricaturer ces dirigeants
«populistes», qu'il assimile aux années trente. Il les voit comme «des
esprits fous qui mentent à leur peuple». Évoquant l'autre jour les
«nationalistes» français, il a appelé à «les combattre sur le terrain». Ainsi
parle le président de tous les Français, aveuglé par ses détestations
partisanes. Oui, les discours de haine sont chez ceux qui les dénoncent.
Parce que Bolsonaro n'a pas brillé par la subtilité de ses
répliques passées, le voilà avec la presse à ses basques:
un bon signe pour lui. Ses détracteurs s'attardent sur les plus vulgaires de ses déclarations. Mais ils évitent de s'interroger sur la responsabilité des ex-présidents Lula da Silva et Dilma Rousseff: deux figures de la gauche radicale brésilienne qui avaient reçu l'onction du clergé médiatique international. Depuis, Dilma a été destituée en avril 2016 pour maquillage de comptes publics. En avril 2018, Lula a été mis en prison pour
douze ans, pour corruption. Ils laissent une économie en déficit et une insécurité invraisemblable: le Brésil compte sept meurtres par heure! L'élection de Bolsonaro est le rejet du «progressisme» et de ses utopies foireuses. Ceux qui crient à la dictature refusent le verdict des urnes. L'histoire qui s'écrit privilégie les discours «antisystème» et les affranchis du politiquement correct. Bolsonaro s'inscrit dans cette vague, dévastatrice pour les faussaires.
un bon signe pour lui. Ses détracteurs s'attardent sur les plus vulgaires de ses déclarations. Mais ils évitent de s'interroger sur la responsabilité des ex-présidents Lula da Silva et Dilma Rousseff: deux figures de la gauche radicale brésilienne qui avaient reçu l'onction du clergé médiatique international. Depuis, Dilma a été destituée en avril 2016 pour maquillage de comptes publics. En avril 2018, Lula a été mis en prison pour
douze ans, pour corruption. Ils laissent une économie en déficit et une insécurité invraisemblable: le Brésil compte sept meurtres par heure! L'élection de Bolsonaro est le rejet du «progressisme» et de ses utopies foireuses. Ceux qui crient à la dictature refusent le verdict des urnes. L'histoire qui s'écrit privilégie les discours «antisystème» et les affranchis du politiquement correct. Bolsonaro s'inscrit dans cette vague, dévastatrice pour les faussaires.
«Le rejet des idéologies et de leurs délires fédère les
insurrections démocratiques»
Les peuples en colère n'ont pas fini de faire blêmir, y
compris en France, ceux qui ont abusé de leur confiance ou qui s'autopromeuvent
en guide inspiré. La concomitance entre l'entrée en scène du «Trump tropical»
(Bolsonaro) et la
sortie d'Angela Merkel résume le choc de deux mondes. Ils sont
aussi peu conciliables que la réalité et le rêve. La chancelière allemande
renoncera à briguer une nouvelle présidence de la CDU en décembre et un nouveau
mandat de chancelière en 2021. Sa décision prend acte de l'échec de sa
politique de 2015: sous les hourras des moralistes, elle avait fait venir plus
d'un million de réfugiés du Moyen-Orient. Cette ode à l'Autre a enchanté la
gauche universaliste. Mais elle a été une trahison pour beaucoup d'Allemands.
Pour se repentir de l'antisémitisme nazi, Merkel a introduit la judéophobie
islamique. Cette irresponsabilité fait comprendre l'urgence d'en finir avec ces
«élites» suicidaires.
Le rejet des idéologies et de leurs délires fédère les
insurrections démocratiques. Elles n'effraient que ceux qui y laisseront des
plumes. Du Brexit à Bolsonaro, en passant par les succès de Donald Trump,
Viktor Orban ou Matteo Salvini, un même mouvement de libération vitale
s'amplifie. La France n'échappera pas à cette tempête dont Macron se veut le
rempart. Ce n'est pas en désignant comme ennemis les Français qui récusent sa
politique que le chef de l'État éteindra les braises. La morgue macronienne est
telle que Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a qualifié Laurent
Wauquiez (LR), de «candidat des gars qui fument des clopes et roulent en
diesel», selon le JDD. Après l'attentat antisémite commis samedi aux États-Unis
par
un extrémiste de droite contre une synagogue de Pittsburgh (11 morts), Christophe Castaner a ordonné le renforcement des vigilances autour des synagogues. Mais ce soupçon d'antisémitisme que le ministre de l'Intérieur suggère contre la droite radicale feint d'ignorer ceux qui, en France, menacent et tuent les Juifs…
un extrémiste de droite contre une synagogue de Pittsburgh (11 morts), Christophe Castaner a ordonné le renforcement des vigilances autour des synagogues. Mais ce soupçon d'antisémitisme que le ministre de l'Intérieur suggère contre la droite radicale feint d'ignorer ceux qui, en France, menacent et tuent les Juifs…
Insupportables dénis
Le déni des réalités reste la commodité de ce monde
politique qui perd pied. Sa mauvaise foi est insupportable à ceux qui sont en
premières lignes. L'obligation de réalisme est l'autre dénominateur commun aux
indignations des peuples qui ne veulent pas mourir. Ils réclament des bilans
plutôt que des prêches, des actes plutôt que des discours. Quand le patron du
PS, Olivier Faure, reconnaît une «crise identitaire» et parle d'une
«colonisation à l'envers» observable «dans certains quartiers», il assume une
rupture avec le dogmatisme
de la gauche. Sa conversion au réalisme est une entrée dans le nouveau monde. Il suffit de se rendre dans les cités «sensibles» pour constater cette situation conflictuelle, terreau d'une possible guerre civile. Ces jours-ci, des messages diffusés sur les réseaux sociaux ont appelé à «la purge»des forces de l'ordre, lors d'attaques armées programmées dans la nuit du 31 octobre. L'initiateur de ce djihad urbain a expliqué par la suite que sa mobilisation était une plaisanterie. Elle donne néanmoins une idée de cette délinquance prête à se mettre au service d'une déstabilisation.
de la gauche. Sa conversion au réalisme est une entrée dans le nouveau monde. Il suffit de se rendre dans les cités «sensibles» pour constater cette situation conflictuelle, terreau d'une possible guerre civile. Ces jours-ci, des messages diffusés sur les réseaux sociaux ont appelé à «la purge»des forces de l'ordre, lors d'attaques armées programmées dans la nuit du 31 octobre. L'initiateur de ce djihad urbain a expliqué par la suite que sa mobilisation était une plaisanterie. Elle donne néanmoins une idée de cette délinquance prête à se mettre au service d'une déstabilisation.
Il est temps également de regarder de plus près les
problèmes posés par l'immigration. Si ce thème fut accessoire dans la campagne
brésilienne, il est omniprésent aux États-Unis et en Europe. En France, Didier
Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de
l'intégration (OFII), confirme «l'arrivée massive de migrants» (1). Ce sont les
protections généreuses offertes par la France qui expliquent les fortes
augmentations des demandes d'asile. Un exemple, donné par Leschi: «Les Afghans
déboutés d'Allemagne et qui se replient en France se voient verser l'allocation
de demandeur d'asile, gérée par l'OFII, lequel est aussi tenu de les héberger
en fonction des disponibilités.» La générosité française est un appel d'air.
L'auteur écrit: «Il est clair qu'aujourd'hui la législation et les conditions
juridiques d'accueil en France demeurent plus avantageuses que la moyenne
européenne.» Mais cet humanisme a-t-il un sens quand il donne la priorité aux
étrangers, tandis que les autochtones s'appauvrissent?
Fossoyeurs de la démocratie
Ceux qui désespèrent de l'avenir de la civilisation
occidentale négligent la force politique que constituent les peuples en
révolte. Ce sont eux qui réclament le retour aux frontières et aux
nations ; eux qui défendent la démocratie contre ses fossoyeurs. Ceux-là
ont fait leur temps.
(1) Migrations: la France singulière, Fondapol (octobre
2018).
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Barbara
Lefebvre : «Non, Monsieur Macron, notre époque n'a rien à voir avec les années
30»
FIGAROVOX/TRIBUNE - Dans ses propos rapportés par Ouest-France,
le chef de l'État a comparé la période actuelle avec celle de
l'entre-deux-guerres. Selon l'enseignante, le contexte est radicalement
différent : les États nations européens ne cherchent pas à s'étendre mais à conserver
leur souveraineté.
Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste, est l'auteur
de Génération
j'ai le droit, (éd. Albin Michel 2018).
Pierre Nora avait mis en garde contre «ce moment
historique habité par l'obsession commémorative» et la captation de
cette belle expression, les «lieux de mémoire», utilisée pour célébrer la
mémoire alors que la profondeur du travail historiographique des trois tomes
qu'il avait dirigés était précisément de composer «une histoire de type
contre-commémoratif». Les historiens scrupuleux, ceux qui écrivent
l'histoire sans tomber dans les pièges idéologiques de leur temps, sont souvent
incompris par les technocrates, qui ne s'embarrassent pas de nuances pour
rédiger les formules-chocs autrement appelées «éléments de langage». Le service
communication de l'Élysée nous a annoncé une semaine «d'itinérance mémorielle»
pour commémorer le centenaire de l'armistice, et elle
s'ouvre par une «itinérance historique» du président Macron dans Ouest France suivant
un chemin tortueux qui le conduit à une impasse comparative!
Dans les propos rapportés par Ouest-France, le
Président Macron se lance dans des comparaisons historiques pour le moins
problématiques: «je suis frappé par la ressemblance entre le moment que
nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres». Tout y est: «la
lèpre nationaliste», «la souveraineté européenne (sic) bousculée
par des puissances extérieures», «la crise économique». Et dans
un élan de prophétie, véritable représentation mécaniste de l'Histoire avec son
«H» majuscule grandiloquent, Emmanuel Macron nous révèle sa vision: «on
voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe
de l'après Première Guerre mondiale à la crise de 1929». L'histoire,
éternelle répétition du même? Emmanuel Macron, président-historien après le
président-philosophe? Les permanences et les continuités de l'histoire ne sont
pas des répétitions, Monsieur le Président, et les ruptures ne sont en général
comprises et analysées qu'une fois survenues. Non l'histoire n'a pas le hoquet,
car l'histoire n'est pas une réalité tangible qui s'opère sous nos yeux comme
des bactéries visibles sous la loupe du microscope. L'histoire est modeste,
elle n'est qu'une écriture, un récit humain qui se modifie sans cesse, se
réécrit au fil du temps qui passe. L'histoire n'est pas un point fixe, établie
une fois pour toutes. En revanche, on le sait, elle est fort utile pour servir
les idéologies, servir la politique politicienne, pour jouer le «sachant» qui
éclaire les ténèbres du présent en se donnant des airs de prophète d'un futur,
si possible apocalyptique, sauf à suivre la marche du sauveur.
Comparer l'Europe de 2018 à celle des années 1930 répond à
cette inflation inquiétante de la récupération politicienne de l'histoire
nationale et européenne, inflation qui s'accentue depuis bientôt vingt ans à
mesure que nous produisons des générations d'amnésiques sortis frais émoulus avec
un baccalauréat mais ignorants de leur histoire. Il faut faire un détour par
l'histoire scolaire actuelle pour comprendre comment de tels propos peuvent
être entendus par l'opinion en dépit de leur non-véracité. En effet, elle
alimente les élèves en simplismes manichéens depuis plus de trois décennies,
depuis que l'histoire postmoderne (donc postnationale) a mis la main sur
l'organisation des programmes officiels. Au lieu de transmettre des
connaissances simplifiées qui rendent la complexité du passé intelligible pour
des élèves âgés de dix à dix-sept ans, on a réduit l'histoire scolaire à une
histoire finaliste. Le passé n'est plus qu'un perpétuel combat entre des
gentils et des méchants. Ce simplisme autorise tous les anachronismes. Or la
simplification n'est pas le simplisme ; la vulgarisation n'est pas la platitude
du binaire. L'histoire scolaire qui avait forgé, pendant près d'un siècle, chez
des générations de Français - autochtones ou venus d'ailleurs - le sentiment
d'appartenance nationale, aussi appelé patriotisme, s'appuyait certes sur des
simplifications historiques non exemptes d'une part de mythes, mais elle ne
versait pas dans les simplismes actuels où l'idéologie postmoderne affleure
sous chaque thématique, où l'histoire nationale n'est plus qu'une histoire
criminelle. La France a une histoire nationale. Les mémoires des groupes
composant notre nation qui n'est pas fondée sur l'homogénéité ethno-religieuse,
ont toujours existé mais jusqu'aux années 1990 elles n'avaient pas été
valorisées au point de supplanter l'histoire nationale. En glorifiant les
revendications mémorielles, souvent réinventions du passé, contre l'histoire commune,
le projet poursuivi est bien la destruction de l'attachement à la nation, à cet
héritage forgé par l'histoire et porté par des mœurs et des coutumes communes.
Ni de Gaulle, ni Mitterrand n'auraient osé une comparaison
aussi manichéenne.
Ni de Gaulle, ni Mitterrand n'auraient osé une comparaison
aussi manichéenne, simpliste, que celle opérée par Emmanuel Macron. Et pour
cause, les deux seuls «vrais» Présidents d'après-guerre avaient une vision, car
ils étaient d'abord «enracinés» par une ample culture littéraire et historique
- la composition de la bibliothèque de François Mitterrand en est
l'illustration frappante - et ensuite parce qu'ils avaient connu
l'entre-deux-guerres et la guerre. Cela fait toute la différence. Cela explique
leur hauteur de vue, eux qui étaient passés par cette épreuve de la guerre,
qu'ils connaissaient la complexité de cet avant-guerre, qu'ils ne réduisaient
pas cette période à des caricatures binaires. L'un comme l'autre ont vu monter
les périls, ils ont eux-mêmes fait des choix politiques qui ne suivaient pas
toujours la ligne droite que les politiques actuels ont réinventée pour trier
dans cette époque troublée les bons des méchants, pour juger les hommes du
passé au regard du confort dans lequel est plongée notre Europe pacifiée,
abrutie par la société de consommation.
Personne ne viendrait nier que Staline, Hitler et Mussolini
étaient des dirigeants néfastes pour leurs peuples et pour la paix du monde,
que les idéologies portées par les deux premiers en particulier ont conduit à
des ravages d'une ampleur inédite en Europe et au-delà et que nous sommes
encore héritiers des ravages moraux qu'ils ont constitués pour l'humanité.
Néanmoins oser les comparer à Orban, Salvini et pourquoi pas Morawiecki en
Pologne et Kurz en Autriche, est non seulement une absurdité historique, mais
une opération politique profondément anti-européenne qui attise les colères.
Anti-européenne car celui qui aggrave les tensions entre partenaires européens
en insultant les peuples qui ont élu les dirigeants précités, c'est le
président français. Cette montée en tension n'est pas imputable au seul
Emmanuel Macron, elle est à l'œuvre depuis que les progressistes autoproclamés
ont décidé que l'Europe se ferait contre les peuples, c'est-à-dire depuis le non
au référendum sur la Constitution européenne en 2005 qui ne fut pas respecté.
Le mépris du «non», pourtant majoritaire, par les présidents Chirac, Sarkozy,
Hollande et Macron est fondamental pour comprendre la défiance des Français à
qui on dénie toute forme d'intelligence politique quand ils ne votent pas comme
on le leur prescrit. Cette atteinte profonde au contrat civique fondateur de la
démocratie n'est pas le fait des partis «lépreux» que je sache.
Plus grave, l'énormité historique suivante: l'Europe de l'entre-deux-guerres
n'est évidemment pas lisible en termes politiques comme l'Union européenne des
28. Elle était composée d'États-nations souverains qui n'obéissaient pas à une
entité supranationale comme c'est notre cas. En outre, aujourd'hui, l'hégémonie
mondiale de l'idéologie capitaliste ultralibérale est telle qu'aucun modèle
n'émerge pour s'opposer sérieusement à elle, alors que dans l'Europe
d'entre-deux-guerres, des idéologies concurrentes puissantes avaient pris forme
parmi les peuples (communisme, fascisme, nazisme) et se sont cristallisées
politiquement dans trois pays, la Russie, l'Italie puis l'Allemagne. Autre
différence et non des moindres s'agissant de menaces pour la paix: l'URSS et le
IIIe Reich avaient des ambitions d'expansion territoriale, sinon d'hégémonie
planétaire, et il s'agissait de nations hyper militarisées. En quoi les
«lépreux» Orban et Salvini - pour ne retenir qu'eux - ont-ils une quelconque
ambition belliqueuse de cette nature? Ils souhaitent simplement se concentrer
sur leurs intérêts strictement nationaux, protéger leurs frontières de flux
migratoires incontrôlés par l'Europe de Schengen, refuser la société
multiculturelle dont ils observent les échecs en France, en Allemagne, au Royaume-Uni,
en Belgique. C'est un choix de souveraineté politique, leurs citoyens les ont
élus pour cette politique et peuvent se dédire aux prochaines élections puisque
ni Orban ni Salvini pour l'heure n'ont remplacé la démocratie par l'autocratie.
Autre aspect de cet absurde raccourci comparatif: dans les
trois cas, URSS, Italie fasciste, Allemagne nazie, la prise du pouvoir n'a rien
eu de démocratique à la différence des gouvernements italiens, autrichiens ou
hongrois vilipendés par Emmanuel Macron. La Russie est devenue l'URSS à la
suite de la révolution bolchévique qui fut pour le moins un coup de force,
venue d'une minorité politique extrémiste, favorisé par le contexte tragique
des défaites militaires russes, la Russie de Nicolas II étant membre de la Triple
entente. Staline prit le pouvoir après la mort de Lénine en 1924 après avoir
éliminé tous ses concurrents, tout aussi violents politiquement et antidémocrates
que lui, mais probablement moins malades mentalement que le Petit père des
peuples. Mussolini accéda au pouvoir après une forme d'itinérance au demeurant
ratée, la marche sur Rome d'octobre 1922. Cette démonstration de force
maquillée a posteriori par le Duce en coup d'État, aura suffi à vaincre une
démocratie italienne sans boussole, minée par les conflits internes, qui
s'effondrera d'elle-même laissant Mussolini instaurer sa dictature fasciste,
qui servira en partie de modèle à Hitler.
Dans les trois cas, URSS, Italie fasciste, Allemagne
nazie, la prise du pouvoir n'a rien eu de démocratique.
Ce dernier n'a pas été élu démocratiquement, contrairement à
la doxa qui sert le discours sentencieux actuel envers les citoyens-électeurs,
à grand renfort de «retour des heures sombres» et d'entrisme par les Forces du
Mal au sein de notre vertueuse machine démocratique. En effet, dans l'Allemagne
de la jeune République de Weimar, née de l'effondrement du Reich en 1918,
l'assemblée était élue à la proportionnelle intégrale et jusqu'aux élections de
1932 le NSDAP, le Parti des Travailleurs allemands Socialiste et National, ne
dépasse pas les 20 %. Hitler échoue également à l'élection présidentielle de
1932 qui voit la réélection d'Hindenburg. Cette campagne aidera en effet le
NSDAP à engranger des voix aux législatives suivantes puisque le parti dépasse
les 30 % des suffrages, pour autant il n'est pas majoritaire. La majorité était
composée par une coalition de centre-gauche qui n'échappa pas aux luttes
intestines largement alimentées par la gauche (SPD et KPD), et empêchera la
nomination d'un gouvernement d'union nationale qui aurait peut-être pu réduire
la puissance montante du NSDAP. C'est l'incapacité des forces politiques
démocratiques (cet adjectif est-il seulement admissible pour le KPD…) à
s'entendre pour gouverner ensemble qui explique aussi qu'Hindenburg dût se
résoudre à nommer Hitler. Il était après tout le chef du parti qui avait
obtenu, seul, 33 % des voix aux législatives, mais les démocrates, en se coalisant
durablement, pouvaient faire obstacle à sa nomination au poste de Chancelier.
C'est leur faiblesse qui fit sa force, et non pas un imaginaire raz-de-marée
électoral laissant penser que le peuple allemand aspirait unanimement à suivre
Hitler dans les années 1930.
Quant à réduire la montée des totalitarismes dans
l'entre-deux-guerres à une conséquence de la crise de 1929 comme le laisse croire
le président Macron, c'est encore ne voir l'histoire par le petit bout de la
lorgnette. Ce genre de raccourci ne sert à faire comprendre ni le passé, ni le
présent, il sert à manipuler l'opinion pour une politique à venir décidée sans
le consulter. La crise de 1929 a montré pour la première fois à l'échelle
mondiale, où conduisaient le capitalisme financier et sa spéculation sans
limite, les prises de bénéfices indignes des gros opérateurs financiers en
plein cœur d'une crise sans précédent, son culte de l'argent-roi et déjà
l'économie ouverte à tous les vents mauvais. La critique de ce capitalisme
amoral, contraire aux intérêts des peuples souverains, destructeur de la
nature, asservi aux machines et transformant l'homme lui-même en machine, fut étouffée
pendant des décennies par les délires des théoriciens de la lutte
prolétarienne. Ils ne firent qu'alimenter la puissance capitaliste qui conduira
à la multiplication des crises économiques jusqu'à celle de 2008 dont aucun
dirigeant n'a réellement tiré la moindre analyse qui se transformerait en
action politique. Au contraire, comme dans une course vers l'abyme on alimente
plus que jamais la destruction de tout ce que l'humanité a forgé en plus de
cinq mille ans d'histoire. L'homme atomisé machine à consommer est le produit
de cette crise, on l'endort en lui promettant comme seul horizon de bonheur
«plus de pouvoir d'achat». Emmanuel Macron est l'homme de ce système: la
société ouverte, inclusive, du village global, des flux sans contrôle de marchandises
et des hommes - catégories bientôt synonymes. Et pourtant il ose accuser dans
ces propos les «grands intérêts financiers qui dépassent parfois la
place des États». On peut être stupéfait quand cela est dit par le fondé de
pouvoir de la Commission de Bruxelles! Mais c'est habile pour convaincre une
opinion publique rendue amnésique qu'on la protège des petits Hitler à nos
portes, elle qu'on a rendue aveugle aux conséquences de l'irréparable. Cet
irréparable est né quand l'économie industrielle au XIXe siècle prit le pas sur
la politique au nom du Progrès, quand le capitalisme financier décréta la mise
à mort des nations européennes seules capables de circonscrire sa dangerosité
tant pour l'humanité que les écosystèmes. Cet irréparable est né quand des experts-comptables
au service d'une oligarchie financière mondiale prirent la place des hommes
d'État soucieux de défendre les intérêts de leur nation et de protéger leurs
citoyens, tous leurs citoyens.
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Lefebvre.
«Itinérance mémorielle». Des voix se sont émues de
l'expression choisie pour caractériser le programme présidentiel des commémorations
de la fin de la Grande Guerre. Cette novlangue peut déstabiliser le profane
mais elle est facile à saisir pour les enseignants d'histoire en collège et
lycée, «cette classe moyenne» qui «fait la force de la nation des historiens»,
selon Péguy. Nous autres savons ce qu'est l'itinérance ; nous la
pratiquons depuis plus de vingt ans grâce aux
programmes que nous subissons et qui n'ont cessé de réduire
l'histoire scolaire à un mauvais remake des débats historiographiques portés
par l'histoire universitaire. L'école, le collège, le lycée sont devenus les
laboratoires des lubies idéologiques de certains universitaires en vue qui ont
la main sur l'institution scolaire et se servent d'elle pour imposer leurs
idées dans l'opinion.
On dira qu'il en a toujours été ainsi, depuis la
IIIe République, Lavisse et Ferdinand Buisson. Mais il existe une
différence notable. L'objectif que l'on assigne à l'enseignement de l'histoire
n'est plus de forger un sentiment d'appartenance nationale. L'histoire
scolaire, telle qu'elle fut conçue au moins jusqu'au milieu des années 1960, ne
pouvait pas survivre au triomphe de l'histoire postnationale. Désormais,
l'historiographie change perpétuellement les perspectives d'analyse. L'histoire
volte-face, l'histoire sans point fixe tourne comme une girouette au gré de
l'air du temps. Le bougisme a saisi la discipline.
«L'enseignant est prié d'enjamber les siècles, d'effacer
des acteurs pour en glorifier d'autres au mépris du contexte historique»
Aussi les enseignants du secondaire sont-ils transformés en
porte-voix souvent malhabiles d'une doxa académique faite d'un sabir technique
et idéologique dont ils ne maîtrisent pas tous les codes. Quand vous êtes voués
à enseigner l'histoire de l'humanité «des origines à nos jours», de la sixième
à la terminale, il est difficile d'être un spécialiste de chaque période, chaque
civilisation, chaque thématique. Dès lors, vous faites confiance à l'Inspection
générale de l'éducation nationale pour tracer la route. Et c'est là qu'on peut
parler d'itinérance. L'enseignant est prié d'enjamber les siècles, d'effacer
des acteurs pour en glorifier d'autres au mépris du contexte historique afin de
satisfaire les aspirations sociétales du temps (femmes, minorités sexuelles,
ethniques, religieuses). Il doit faire fi du lien entre histoire et géographie
mais se piquer de sociologie, d'anthropologie, voire de psychologie sociale,
bienqu'il n'en maîtrise guère les savoirs.
Une vision renouvelée
S'agissant de l'enseignement de 14-18, un tri mémoriel
reflète l'historiographie dominante depuis plus de vingt ans: une explication
globalisante autour de la notion de «culture de guerre», de la «violence de
guerre». Les hommes ont subi une guerre injuste, leur patriotisme a été
instrumentalisé par des nationalismes sans scrupule, leur sens du devoir fut
dévoyé par l'État-nation, ils en sortiront tous pacifistes, enseigne-t-on.
Cette lecture interprétative de la Grande Guerre porte toute l'attention sur
les constructions idéologiques des pouvoirs publics de l'époque. Si l'histoire
de la Grande Guerre s'est en effet enrichie d'une vision renouvelée de
l'événement par une vision depuis le bas, à l'échelle du combattant et du
civil, elle en a oublié de transmettre son histoire événementielle. Le conflit
est désormais réduit à une seule entrée thématique, celle du carnage
pré-totalitaire. Il n'est plus rien d'autre que cela pour une génération d'élèves
qui ne peuvent parler que de la boue des tranchées et l'organisation de la
cagna, des mutineries de 1917 et de l'horreur des blessures de guerre.
Les ressources officielles qui explicitent les programmes
sont accessibles au public (sur le site Eduscol). La guerre de 14-18 est
insérée dans un thème, subdivisé en grandes questions, elles-mêmes subdivisées
en sujets d'étude! Les thèmes répondent à une problématique purement
universitaire. En première, la Grande Guerre s'insère dans le thème «La guerre
au XXe siècle» qui demande d'étudier en dix-sept heures guerres mondiales,
guerre froide et «nouvelles conflictualités» du présent incluant le terrorisme
djihadiste. L'enseignant est prié d'aborderces conflits dans une «perspective
dynamique». La Grande Guerre ouvre ainsi la question «Guerres mondiales et
espoirs de paix» de neuf heures (évaluations incluses!), ce qui signifie que
l'enseignant dispose de moins de trois heures pour la traiter.
«En histoire on n'apprend plus rien, on survole tout»
Afin d'accomplir cet exploit, il faut problématiser à
l'extrême cette étude. Ce sera «l'expérience combattante dans une guerre
totale». Exit causes de la guerre, chronologie du conflit, cartographie
rigoureuse des fronts. Il est écrit dans les instructions officielles: «sans
s'attarder sur le détail des événements». On ne doit surtout pas «réduire le
thème à une histoire politique ou militaire du XXe siècle», mais se
contenter d'une bataille ou d'un personnage (si possible en évitant le général
Pétain). Ce qui compte, c'est «l'expérience combattante», donc l'histoire vue
sous l'angle du poilu, figure de la victime, et des «populations civiles elles
aussi profondément atteintes»(sic). Le professeur doit également établirles
liens entre Première et Seconde Guerre mondiale sous «l'anglede la guerre
totale».
Logique au regard de l'enseignement du thème qui prévaut dès
la troisième:«L'Europe, un théâtre majeur des guerres totales 1914-1945». Les
deux conflits se voient rassemblées dans un même descriptif. L'angle européen
vise en creux à célébrer la construction européenne - leitmotiv des programmes
d'histoire depuis Giscard. Le «fil conducteur» de l'étude doitêtre «la notion
de crise». Selon le programme, en effet, la Première Guerre mondiale
résulterait d'une succession de crises en tous genres, mais «attention à ne pas
développer une vision trop mécanique des choses», préviennent les instructeurs.
On ne sait plus où donner de la tête, d'autant qu'il est prescrit dans le même
temps «de mettre en place une progression chronologique continue pour ce thème
[l'Europe théâtre majeur des guerres totales] mais le concept de crise permet
un tri événementiel et une mise en place globale». Comprenne qui peut.
En troisième, la formulation de l'étude de la guerre,
«Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale», est quasi identique à
la problématique du lycée illustrant la dimension répétitive de cet
enseignement et sa triste uniformité intellectuelle. Tout cela s'enseigne en
éludant le plus possible la dimension chronologique et politique:«regardez vite
la frise… vous avez repéré les cinq dates à retenir?, c'est bon! Passons à
l'étude des mutineries.»
La Grande Guerre «n'est alors pas véritablement enseignée
pour elle-même, mais replacée dans un temps plus long», comme l'assume l'Inspection
générale. C'est bien le sentiment que partagent familles, enseignants et
parfois même élèves: cette impression qu'en cours d'histoire on n'apprend plus
rien, on survole tout. Plus aucun sujet n'est «enseigné pour lui-même», il est
au service d'un projet plus grand que lui, un discours méta-historique, politique,
sociologique. De ce discours savant qui a sa place à l'université, il ne reste
dans le secondaire que du fumeuxqui décrédibilise la discipline, n'intéresse
pas les élèves, car il leur manqueles connaissances factuelles solidespour
établir des liens d'intelligence entre des faits qui peuvent être très éloignés
dans le temps.
Les enseignants du secondaire se sont ainsi mis à
l'itinérance, guidant plus ou moins adroitement leurs élèves sur les chemins
d'une histoire scolaire épurée de ses tares: la chronologie etle récit
intelligent des faits. Itinéranced'un enseignement-zapping fait d'une
succession de pastilles sur lesquelles on discute en cheminant et qu'on oublie
à mesure qu'on avance. Vers où allons-nous? On ne sait guère, mais l'essentiel
était d'avancer, en troupeaux. On souhaite bon courage à Jean-Michel Blanquer
pour y remédier!
* Auteur de Génération “J'ai le droit”
(Albin Michel, 2018, 240 p., 18 €).
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Barbara Lefebvre
Trois mesures pour mettre fin à l’immigration illégale
Une tribune du think tank, Le
Milliénaire
Des hommes sont contrôlés à la
frontière franco-italienne, octobre 2018. SIPA. AP22261755_000002
Une tribune du think tank, Le
Millénaire, qui travaille à la refondation du projet politique des
Républicains.
L’immigration est un sujet trop
essentiel pour ne pas le traiter de manière factuelle, sans hystérie et sans
caricature. Le dernier remaniement, avec l’abaissement protocolaire du ministre
de l’Intérieur de la 2ème à la 11ème place, démontre
pourtant qu’il ne s’agit pas d’une priorité pour Emmanuel Macron, alors même
que les questions d’immigration et de sécurité sont redevenues dans les derniers
sondages les premières préoccupations des Français.
La France et, plus largement,
l’Union européenne (UE) sont mises à l’épreuve d’une pression migratoire sans
précédent. L’UE chiffre le nombre de migrants arrivés entre 2015 et 2017 sur
son territoire, et qui ne peuvent prétendre à l’asile, à 1,5 million. En France, le nombre de demandeurs d’asile a
augmenté de 17% pour la seule année 2017, dépassant ainsi la barre
des 100 000. En parallèle, la primo-délivrance des titres de séjour bondit de
13,7 % en 2017, avec 262 000 titres de séjour délivrés, ce qui peut s’expliquer
notamment par une forte augmentation des premiers titres de réfugiés et
bénéficiaires de la protection subsidiaire (35 825 titres, +56,5% par rapport à
2016). A l’inverse, le nombre d’étrangers reconduits est de 26 000 pour 2017, et le nombre de mesures
d’éloignement exécutées était de 18% en 2016. 75 587 étrangers sont donc restés sur
notre territoire malgré la mesure d’éloignement prononcée à leur encontre.
A cet égard, force est de
constater que les dispositions de la loi asile et immigration votée en août
sont totalement insuffisantes. Les ténors de La République en marche ont beau
claironner leur « fermeté », nous nous demandons où elle se trouve au
milieu de dispositions favorables aux migrants (notamment l’augmentation de la
durée de titre de séjour des bénéficiaires de la protection subsidiaire), de
mesures proprement hallucinantes (comme l’octroi automatique de l’asile aux
frères et sœurs des mineurs réfugiés) et de mesures essentiellement techniques
et procédurales (la réduction du délai de traitement de l’asile). Quant à
l’augmentation de la durée de séjour en Centre de rétention administrative, l’extension
des pouvoirs d’investigation ou le raccourcissement des délais de dépôt des
demandes… ce ne sont, très honnêtement, que des rustines sur une jambe de bois.
En effet, ces dispositions n’interviennent qu’a posteriori, une fois que le
migrant illégal est déjà sur notre territoire. Or, tant qu’il sera possible d’y
pénétrer illégalement, et de commencer à s’y installer, l’immigration illégale
ne fera que croître, et les morts en mer sur le chemin de l’UE également.
Pour faire face à un enjeu migratoire
d’une ampleur sans précédent, ne sont donc à la hauteur ni les ajustements
paramétriques et normatifs votés par la majorité, ni l’immigration zéro dont
rêve le Front national. En effet, le zéro immigration (y compris qualifiée)
nous serait extrêmement dommageable économiquement, et romprait avec notre ADN
de pays accueillant envers les étrangers partageant nos valeurs républicaines.
Au contraire, nous estimons
nécessaire rien de moins qu’une révolution copernicienne en matière migratoire,
traduite dans les faits par une action ferme et résolue aux niveaux nationaux
et européens.
La priorité absolue doit être la
lutte sans merci contre l’immigration illégale. Il est urgent de rétablir le
délit de séjour irrégulier en France, supprimé sans explication par le
quinquennat précédent. De même, le respect de nos lois est un principe non
négociable : le placement en centre de rétention administrative des étrangers
en situation irrégulière, puis leur expulsion, doit redevenir la règle et non
l’exception. Malgré ce que nous dit le gouvernement, ce n’est pas du tout sa
priorité, et cela le sera encore moins avec M. Castaner à l’Intérieur :
l’allongement de la durée maximale de rétention et l’augmentation du taux
d’occupation (qui avoisine les 100%) n’ont pas été pris en compte dans le
budget 2018. Le budget des Centres de rétention administrative est de 45,8
millions d’euros pour 2018 alors que le budget exécuté en 2016 était de 61,3
millions d’euros pour le placement en rétention de 44 086 personnes. Comment
veut-on exécuter cette politique si l’on n’y alloue même pas les moyens
budgétaires nécessaires ?
Cependant, la simple application
des lois existantes est loin de suffire. Nous devons changer de paradigme. Au
lieu de continuer à favoriser l’immigration illégale (en n’expulsant pas les
clandestins et en continuant d’offrir des services comme l’Aide médicale
d’Etat) au détriment de l’immigration légale (qui nécessite de faire des queues
scandaleuses dans nos préfectures pour l’obtention de titres de séjour légal),
nous devons faire l’inverse. Trois mesures s’imposent.
Premièrement, les demandeurs
d’asile provenant de pays dits « sûrs », comme l’Albanie, ne doivent
plus pouvoir déposer leur demande d’asile dans notre pays, mais dans leur pays,
au consulat français le plus proche de chez eux. De la même manière, nous devons
installer des centres offshore de traitement des demandes d’asile, non
seulement dans les camps de réfugiés du Haut Commissariat aux Réfugiés de
l’ONU, mais aussi et surtout dans les pays d’origine et de transit, de telle
sorte que les migrants, d’où qu’ils viennent, n’aient pas besoin de poser le
pied sur le territoire européen pour y déposer leur demande d’asile : il
ne doit plus y avoir d’excuse à l’entrée de manière illégale sur notre
territoire. Les migrants entrant illégalement dans l’UE par bateau ou voie
terrestre pourront alors être interceptés et transférés vers ces centres
offshore.
Deuxièmement, nous devons nous
doter d’un système de gestion de l’immigration légale à la fois simple, efficace,
et surtout fiable, à l’instar de l’ensemble des pays développés ayant une
politique migratoire où la loi est appliquée. En effet, nous devons bien mieux
distinguer entre immigration légale et illégale. Pour cela, il est impératif de
créer enfin un véritable statut de résident, avec des cartes de résident à la
durée de validité égale à la durée du contrat de travail (ou des études) de
l’étranger. De même, il convient de créer un statut de résident permanent, qui
pourra être octroyé aux étrangers les plus qualifiés (ex : expatriés de
multinationales, scientifiques ou artistes reconnus), qui dispensera l’étranger
de devoir renouveler sans cesse son titre de séjour et lui évitera la tentation
de demander la nationalité pour de simples questions de droit au séjour. Ce
système, amplement prouvé dans des pays comme le Canada ou le Japon, permettra
de désengorger les préfectures de manière drastique et permettra à ces
dernières de se focaliser sur la répression de l’immigration illégale.
Enfin, nous devons pouvoir éloigner
l’intégralité des étrangers en situation irrégulière. En effet, tous les
efforts investis dans les politiques des visas, des frontières et de l’asile
sont réduits à néant si les déboutés et les migrants ayant pénétré
illégalement sur notre territoire ne sont qu’une petite minorité à être
éloignés. Il n’y a pas de gestion possible de l’immigration sans politique de
retour efficace pour les illégaux. Le problème est bien connu : les pays
d’origine de l’immigration ne délivrent pas suffisamment de laissez-passer
consulaires, documents aujourd’hui indispensables à l’éloignement. Face à ce problème
ancien, la vieille solution du conditionnement de l’aide au développement de la
France à cette délivrance de documents ne sera jamais qu’une solution partielle
et peu applicable. Nous devons donc aussi signer des accords avec des pays
tiers afin que tous les clandestins ressortissants de pays récalcitrants à leur
retour puissent être acheminés vers des centres de rétention construits dans le
pays tiers, sur le modèle de l’Australie avec le camp de rétention à Nauru.
C’est une solution gagnant-gagnant pour la France (le migrant illégal est
expulsé) et pour le pays tiers (le centre de rétention fournit de l’emploi et
est assorti d’aides financières), et qui permet de court-circuiter
l’assentiment du pays dont l’étranger est ressortissant. De plus, l’éloignement
se fait vers un endroit où le migrant sera en parfaite sûreté, nous protégeant
ainsi des décisions idéologiques de la CEDH. Cette politique étant fortement dissuasive
(comme démontré par l’Australie, première à avoir appliqué cette politique, où
le nombre de traversées illégales, et donc le nombre de morts en mer, ont
largement baissé), l’effort budgétaire (certes conséquent) ne sera que
temporaire, car une fois le système en place, plus personne ne cherchera à
venir illégalement sur notre territoire.
Ces trois mesures mettront un
terme définitif à l’immigration illégale tout en permettant toujours un accueil
des véritables réfugiés (et ce dans de bien meilleures conditions
qu’aujourd’hui), et faciliteront grandement la vie des étrangers résidant légalement
en France, leur permettant ainsi de mieux s’intégrer.
Oui,
l’islam a joué un rôle dans la guerre d’Algérie
Même si les historiens ne se bousculent pas pour en
parler
- 1 novembre 2018
Manifestations du 1er novembre 1961 dans les rues d'Alger.
SIPA. 00418369_000007
Les historiens, algériens ou non, ne se bousculent pas
pour aborder le sujet. La guerre d’Algérie a pourtant bien eu une dimension
religieuse.
Il avait fallu que l’Algérie mit fin au monopartisme, avec
la nouvelle Constitution de 1989, pour que l’islamisme devienne visible. Très
vite agressivement totalitaire, il préféra la plonger dans une effroyable
guerre civile qui fit plus de 200 000 morts selon le président de la
République lui-même. En Algérie et plus encore ailleurs, beaucoup
s’étonnèrent : mais d’où sortaient donc ces centaines de milliers de barbus
en gandoura blanche bien décidés à imposer leur nouvel ordre, d’abord aux
femmes et aux intellectuels, et ensuite au reste, par la carotte, le bâton et
enfin par la kalachnikov ?!
Pas l’islamisme, l’islam
Les premières réponses furent du registre de la paresse de
la pensée. C’était la faute, bien sûr, de l’Iran qui voulait exporter sa
révolution khomeyniste. C’était la faute des « Afghans » (plus
de 3000 jeunes algériens ayant combattu les Soviétiques dans les années 80
venaient d’en revenir…) ; la faute enfin des Frères musulmans qu’on
appelait familièrement « les frérots » : en
arabisant totalement son système d’éducation, l’Algérie avait dû importer des
milliers d’enseignants, pourchassés dans leurs pays par les nasséristes et les
baathistes pour leur activisme islamiste (Egyptiens, Irakiens, Syriens, etc.).
Comme il est fréquent dans le monde arabo-musulman, la faute c’est toujours
celle des autres. Le mal vient toujours d’ailleurs.
Depuis, des chercheurs algériens ont certes rectifié cette
idée en évoquant l’origine religieuse de la violence durant la guerre d’Algérie.
Mais ils n’en ont jamais fait l’objet d’une étude spécifique. Ni Mohamed Harbi,
pourtant le plus contestataire des historiens algériens de cette période, ni
les autres grands historiens français spécialistes de cette période, Guy
Pervillé et Gilbert Meynier. Personne n’avait osé mettre les pieds dans le
plat, tant la question est tabou, et démontrer que déjà la guerre d’Algérie
(1954-1962) avait eu une « dimension » religieuse.
Ce mérite revient à Roger Vétillard, fortement encouragé
d’ailleurs par Gilbert Meynier dans cette délicate entreprise. Peut-être parce
que cet ancien médecin spécialiste qui a attendu la retraite pour se lancer
dans l’étude de la guerre d’Algérie a su profiter de cette liberté de n’être
pas historien de profession. Ce qui en retour lui faisait obligation de
redoubler de scrupules quant aux sources et à leur traitement. Fort de son
savoir médical, il va, tel le sémiologue, aller du symptôme (discours, prises
de positions, programmes, etc.) vers la matrice, celle dont il ne faudrait pas
montrer le sein, l’islam. Pas l’islamisme, non, simplement l’islam, qui
imprègne conscience et inconscient, paroles, gestes et actes. Or la
société algérienne, profondément islamisée depuis 16 siècles est naturellement
sculptée par les concepts-clés de la doctrine, et notamment par celui qui règle
le rapport à l’autre, le djihad. Il reviendra aux dirigeants nationalistes de
l’ALN-FLN, y compris ceux connus pour être des « laïcs », de puiser sans
vergogne dans ce fonds sans fond, que ce soit par volonté de manipuler
facilement les collectifs ou par opportunisme politique.
L’ennemi est « l’infidèle », la guerre est un
« djihad »
Ne dit-on pas « moudjahid », alors que le mot
arabe pour « combattant » existe ? « Fidaï »
(« fidayine » au pluriel), qui évoque le « sacrifice »,
pour désigner le terroriste (celui qui en tuant y compris des civils est chargé
de provoquer de la terreur) et « chahid »(au pluriel « chouhada »)
pour le combattant tué, mais dont la signification littérale est
« martyr » (de la religion)…
Des preuves, Roger Vétillard va en convoquer 45. Pas une de
moins ! « Précises et vérifiables », comme
insiste l’auteur. La déclaration d’indépendance du 1er Novembre
1954 a pour but un Etat souverain, mais « dans le cadre des
principes islamiques ». On se jure fidélité sur le Coran.
On coupe le nez des déviants pris en flagrant délit. L’homosexuel est puni de
la peine de mort, quel que soit son grade (le chef militaire Bachir Chihani en
fera l’expérience). L’égorgement n’est pas un acte sauvage pour le combattant,
puisque sanctifié par l’islam1. L’ennemi est
« l’infidèle », la guerre est un « djihad ». On la mène au
cri d’ « Allahou akbar » (Allah est le plus grand). Et ceux qui la
font sont des « frères » (« khawa », c’est-à-dire des
frères… musulmans). Dans les zones qu’il contrôle, le FLN remplace la juridiction
française laïque par la charia.
« L’islam a été le ciment qui nous permit de
sceller notre union »
Un des grands dirigeants de la lutte armée, et
particulièrement du massacre du 20 août 1955 dans l’est-algérien, Lakhdar Ben
Tobbal, avoue dans ses mémoires avoir fait la guerre aux
non-musulmans : « Bons ou mauvais, je ne faisais pas
de différence ». Un autre dirigeant, Si Abdallah, témoigne : « Nous
n’arrivions pas dans une mechta en soldats révolutionnaires mais en combattants
de la foi et il est certain que l’islam a été le ciment qui nous permit de
sceller notre union… » Même un des dirigeants souvent présenté comme le
Saint Just laïque de la révolution et qui sera assassiné par les siens, le
Kabyle Abane Ramdane, ne dérogera jamais à l’idéologie dominante qui se veut
« arabo-musulmane », et à ce titre signera un texte contre « les
berbéristes », destiné à la Fédération de France du FLN. Quant à l’autre
chef kabyle, le Colonel Amirouche, très peu savent qu’il adhéra à l’Association
des Oulémas (d’où sortiront plus tard les cadres de l’islamisme), qu’il
défendit la langue arabe contre le berbère, qu’il s’opposa radicalement aux
« berbéristes » (nationalistes qui ne voulaient pas d’une Algérie
fondée sur des critères ethniques ou religieux) et qu’il imposa les prières
quotidiennes à ses subordonnés dans les maquis.
Aussi, le résultat d’une telle orientation pouvait-il être
autre que celui qui s’imposa au moment de l’indépendance et que révéla clairement
le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Ben
Khedda, trente ans plus tard dans ses mémoires : « En
refusant notamment la nationalité algérienne automatique pour un million
d’Européens, nous avions prévenu le danger d’une Algérie bicéphale »2 ?
Les accords d’Evian du 18 mars 1962 (qui ne furent jamais ratifiés par l’organe
suprême du congrès de Tripoli) se refusaient à considérer les non-musulmans
comme des Algériens. Diktat imposé par le FLN à la France, en échange de
l’autorisation à exploiter le pétrole durant 10 ans. Les non-musulmans ne
pouvaient devenir Algériens qu’en en faisant la demande, souvent refusée à des
militants de la cause indépendantiste.
L’effacement des non-musulmans
Dans le très officiel Mémorial des Martyrs d’Alger, aucun
nom de combattants non-musulmans ne figure. Bien plus, à Ténès on débaptisera
la rue Ghenassia en rue de Palestine : cet infirmier juif avait pourtant préféré
mourir que fuir l’encerclement de l’armée française, afin de rester près de ses
blessés. En 1962, le million de chrétiens et de juifs n’eut d’autre choix que
de quitter précipitamment ce qu’ils considéraient comme leur pays. Et pour ceux
qui, malgré tout, continuaient à espérer pouvoir rester, on commandita
l’assassinat du musicien juif Raymond Leyris, le 22 Juin 1961, puis une année
plus tard le massacre de centaines de non-musulmans à Oran, le 5
Juillet 1962, méfait à ce jour non-revendiqué par ses auteurs, et à propos
duquel aucun historien algérien n’a encore osé entreprendre une recherche,
comme on peut s’en douter.
Des preuves de « la dimension religieuse de la guerre
d’Algérie », on pourrait encore en trouver de très nombreuses. Ce qui
ne manque pas d’étonner, c’est plutôt le refus des élites algériennes
comme européennes d’admettre l’évidence. Et si cela pouvait se comprendre
durant la guerre d’indépendance, de leur point de vue (ne pas affaiblir
« la révolution »), que dire aujourd’hui, 56 ans plus tard ? Ne
serait-ce pas parce que cette stratégie de l’aveuglement rend encore quelques
services aux élites dhimmisées en cette époque où les violences de l’islamisme,
confinées jusque-là aux pays musulmans, sont en train, depuis plus de deux
décennies, de s’exporter, notamment en Europe ?
A lire aussi: Et le FLN instaura une Algérie arabo-musulmane
Le livre de Roger Vétillard, qu’aurait aussi bien pu écrire
La Palice, est donc une nouvelle invitation à ôter ses ornières et à nommer les
choses telles qu’elles sont et non telles qu’on souhaiterait les voir. La
lecture d’un monde en plein remodelage y gagnerait en lucidité.
Je lui ferai néanmoins une objection : pourquoi avoir
repris la thèse de Mohammed Harbi qui attribue aux « ruraux » la
responsabilité de l’imprégnation de la religiosité dans le combat libérateur ?
Thèse doublement contredite par le fait que l’Association des Oulémas, d’où
émergèrent de nombreux dirigeants, fut toujours dirigée par des citadins, à
commencer par Ben Badis, et surtout par le fait que la société algérienne
profonde, paysanne, resta fidèle à l’islam confrérique3, et ce
malgré la stigmatisation et les attaques des nationalistes et de l’Association
des Oulémas avant l’indépendance, et des islamistes du FIS-GIA dans les années
90, pour tenter de s’imposer comme unique représentant dans le champ du
religieux. Sans succès jusqu’à aujourd’hui. Et à tel point que Bouteflika,
changeant le fusil d’épaule, fut contraint de s’en faire des alliés…
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- MOTS-CLÉS
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- GPRA
- guerre d'Algérie
- Histoire
- Islam
- mémoire
- Roger Vétillard
est cinéaste, essayiste, fils d’un communiste pied-noir du
Parti communiste algérien.
Nuit de
Halloween : des incidents dans plusieurs villes de France
Par Le
figaro.fr et AFP agenceMis à jour le 01/11/2018 à 12h38 | Publié
le 01/11/2018 à 09h30
La nuit de mercredi à jeudi a été marquée par des incidents
un peu partout dans l'Hexagone, notamment à Lyon et dans l'Essonne. «La fête,
ce n'est pas la casse. Les policiers ne sont pas des cibles», s'est indigné le
ministre de l'Intérieur sur Twitter.
La fête d'Halloween aura été particulièrement agitée cette
année. De nombreux incidents ont émaillé la soirée de mercredi à jeudi dans
plusieurs villes de France: Lyon, Rennes, Nantes, Metz, Toulouse, Étampes...
«La fête, ce n'est pas la casse. Les policiers ne sont pas des cibles», a réagi
le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner sur Twitter en fin de matinée.
«Nous ne laisserons rien passer. Je salue et soutiens nos forces de sécurité et
secours qui étaient mobilisées cette nuit pour notre sécurité».
À Rennes, Ouest France a ainsi relevé «plusieurs feux
de poubelles» et le «caillassage d'un bus». À Metz, trois arrêts de bus ont été dégradés et des
projectiles ont été lancés sur un bus. À Poitiers, cinq voitures ont été
brûlées et deux endommagées dans le quartier Bel-Air, selon La Nouvelle République . À Nantes, France Bleu décompte trois voitures et huit poubelles
incendiées, ainsi que trois mineurs interpellés. À Toulouse, La Dépêche du Midi note que deux agents de la
police municipale ont été légèrement blessés après l'interpellation de deux
individus masqués, qui ont été placés en garde à vue. Plusieurs voitures et
poubelles ont également été brûlées.
À Lyon, où des incidents avaient déjà été relevés lors de la
soirée d'Halloween en 2016 et en 2017, sept personnes ont été arrêtées près de
la place Bellecour où ont eu lieu des «bousculades» et des «jets de projectiles
sur la vitrine d'un fleuriste», a indiqué la préfecture, qui a réfuté toute action
«organisée». Les identités des sept personnes interpellées n'ont pas été
précisées. Vers 23h, les pompiers du Rhône avaient déjà effectué 24
interventions, essentiellement pour des feux de poubelles ou de voitures à
Lyon, dans les communes environnantes, ainsi qu'à Givors et Villefranche-sur-Saône.
La préfecture a assuré de son côté que «sept» véhicules incendiés avaient été signalés
dans le département.
L'Essonne particulièrement touchée
Le département de l'Essonne a été particulièrement touché. À
Vigneux-sur-Seine, les policiers ont été victimes d'un caillassage qui n'a heureusement
pas fait de blessés. À Étampes, une vingtaine de personnes masquées ont fait
irruption dans un magasin Intersport et ont vidé les étalages malgré
l'intervention rapide des agents de sécurité et de la police. Quelques suspects
ont été interpellés, mais la plupart des voleurs avaient déjà fui avec leur
butin, selon Le Parisien .
Des incidents ont également éclaté à Montgeron, où une
épicerie a été attaquée par trois jeunes masqués. Les policiers qui poursuivaient
l'un d'eux ont été la cible d'un caillassage et une bouteille d'acide a
notamment été lancée sur eux, indique le site internet du Parisien . Selon le quotidien, les deux
agents ont été légèrement intoxiqués. Le député de l'Essonne et président de
Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a réagi dans un tweet: «En Essonne, à
Lyon... les violences se multiplient en cette soirée d'#Halloween! Tous les
prétextes sont bons pour la racaille. La France s'ensauvage, l'État reste
impuissant.»
L'outre-mer n'a pas été épargné par ces violences: à La
Réunion, les autorités ont dû faire face à des incendies de poubelles, de palettes,
et de véhicules, jets de projectiles envers les policiers... À Saint-André, des
jeunes ont tenté d'entrer de force dans le commissariat, blessant au passage un
policier à la hanche. Selon La Première, plus d'une dizaine de jeunes ont été
interpellés sur l'île.
Des appels à la «purge» des policiers
Ces derniers jours, des messages sur les réseaux sociaux
avaient relayé des appels à la «purge» des policiers le soir d'Halloween. Le
ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait demandé mercredi aux préfets
«une mobilisation renforcée», après ces appels.
Le jeune Isérois de 19 ans, à l'origine du premier message
devenu viral, sera jugé le 28 novembre pour «provocation, non
suivie d'effet, au crime ou délit», après son appel à la «purge» le mercredi 31
octobre. Il évoque de son côté «une énorme blague», tout comme le jeune homme
de 16 ans interpellé dans le Val-d'Oise pour avoir relayé le mot d'ordre de la
«purge» en y ajoutant des règles. L'adolescent a été présenté mercredi devant un juge des
enfants et mis en examen.
«Quand on menace de tuer des policiers et des gendarmes, ce
n'est pas une blague, ce sont des faits extrêmement graves, et donc j'ai porté
plainte», avait réagi Christophe Castaner mercredi. «D'autres (...) ont repris
cet appel à la purge. C'est pour ça que j'ai demandé une mobilisation très
attentive, renforcée à tous les préfets de France pour que nous puissions avoir
une soirée festive, car Halloween est une soirée festive». Ce jeudi, dans son tweet
de réaction, le ministre a une nouvelle fois insisté: «La purge, ce n'est pas
une blague».
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Bolsonaro, dernier « facho » avant la fin du monde? - C’était bien le Brésil, c’était bien
l'Amazonie
Par Jérôme
Leroy - 1 novembre 2018
Jair Bolsonaro en conférence de presse, 25 octobre 2018.
SIPA. 00881721_000003
Fait n°1
Selon le WWF, entre 1970 et 2014, les
populations de vertébrés sauvages ont chuté de 60 % au niveau
mondial. La dégringolade est encore plus marquée dans les zones tropicales.
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Fait n°2
L’élection de Jair Bolsonaro achève, si besoin était, de
prouver à quel point la démocratie représentative à l’époque du capitalisme assisté
par les réseaux sociaux et les fake news est le régime qui évite aux lobbys
patronaux ultralibéraux accompagnés par des militaires d’avoir recours aux blindés,
comme au Chili en 1973, pour mener leur politique. La démocratie version années
2010, ce sont les pigeons qui votent pour l’ouverture de la chasse.
Fait n°3 :
Que les Brésiliens jouent à la roulette russe avec leurs
libertés, c’est leur droit. Après tout, se laisser convaincre par plus riche
que soi que Bolsonaro apportera la sécurité, ça ne concerne que celui qui le
fait. Tout le monde peut choisir de débrancher son cerveau et de perdre sa
conscience de classe. On remarquera cependant que le Nordeste et l’Etat de
Bahia, plein de vrais pauvres, très pauvres, ont, eux au moins, compris
qu’ils allaient prendre cher.
A lire aussi: Bolsonaro, ce président que les médias adorent nazifier
Ils ont voté Haddad à 70% et plus. Ils ont même compris que
le Parti des travailleurs (PT), si l’on oublie le storytelling des réseaux
sociaux ultraréacs, des milieux patronaux court-termistes et autres
néoconservateurs, des paranoïaques du métissage, très présents chez nous
aussi, que le PT, donc, les a sortis de la misère. Et, pour ce faire,
dans un pays avec des dizaines de partis à l’Assemblée nationale, a dû arroser
des micro-alliés pour parvenir à mener à bien leurs projets éducatifs et
sociaux.
Le PT a corrompu, beaucoup plus qu’il n’a été corrompu, et
pour la bonne cause. On ne peut pas en dire autant de Temer qui a pustché
parlementairement Dilma, la « durona »,torturée en son
temps par les grandes admirations de Bolsonaro
Fait n°4
Il est à mettre en rapport avec le fait n°1 : Bolsonaro
veut fondre le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement : bref, il
veut laisser ses copains de l’agrobizenesse en finir avec l’Amazonie, le poumon
vert de l’humanité que Lula et Dilma avaient réussi à préserver, ou tout au
moins s’étaient efforcés d’y limiter la casse écologique.
Si je relie le fait n°4 au fait n°1, c’est là le vrai drame,
à portée universelle, de l’élection de l’aphasique galonné. On sait tous (tout
en ne voulant pas le savoir, dans une démarche typique du déni de ceux atteints
d’une maladie incurable) que l’effondrement est imminent. Tous, à part une
ultraminorité climatosceptique de ravis de la crèche marchande qui « n’y
croient pas », soit parce qu’ils sont vieux, sans enfants et n’en ont plus
rien à faire du monde après eux, soit parce qu’ils sont complotistes et qu’ils
confondent le GIEC et les Illuminati.
Le drame de l’élection de Bolsonaro, ce n’est même pas qu’il
soit facho, c’est qu’il va accélérer encore, en détruisant l’Amazonie, notre
arrivée dans l’apocalypse. A ce titre, il est bien de notre temps, celui de la
déraison définitive. Ce que remarquait déjà Guy Debord, le Vieux de la
Montagne, dans ses Commentaires de 1988: « La
pollution des océans et la destruction des forêts équatoriales menacent le
renouvellement de l’oxygène de la Terre (…) Le spectacle conclut seulement que
c’est sans importance. Il ne veut discuter que sur les dates et les doses. Et
en ceci seulement, il parvient à rassurer ; ce qu’un esprit pré-spectaculaire
aurait tenu pour impossible. (…) Il est assurément dommage que la société
humaine rencontre de si brûlants problèmes au moment où il est devenu matériellement
impossible de faire entendre la moindre objection au discours marchand. »
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