jeudi 1 novembre 2018

Islamisme et politique 01.11.2018










Dernière présence de l'Etat dans les zones de non-droit, l'école en première ligne
Publié le 31/10/2018 à 13:34
Chapô
Dernière présence de l'État dans les zones de non-droit, collèges et lycées subissent frontalement la violence. La colère des professeurs prend une ampleur inédite depuis l'agression de Créteil, mais rien ne dit que la situation évoluera.
Chapô premium
Il y a des eaux calmes qui ont des allures de tempête. Après l'agression d'une enseignante dans un lycée technique de Créteil, sur la tempe de laquelle un élève a pointé le canon d'une arme factice, 24 000 messages ont été publiés en moins d'une journée sur le réseau Twitter, avec un mot clé hautement ironique repris par tous : #PasDeVagues. Le sujet a été débattu sur tous les plateaux de télévision, analysé par des tribunes dans tous les quotidiens, jusqu'à pousser à une rencontre tripartite, le 26 octobre, entre le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, celui de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et la garde des Sceaux, Nicole Belloubet.
De quoi s'agit-il ? “Pas de vagues”, c'est le nom que des milliers de professeurs anonymes ont donné au récit d'une agression, physique ou verbale, doublée de l'humiliation éprouvée devant l'indifférence d'une hiérarchie figée dans la crainte de se faire mal voir du rectorat ou du ministère. Les exemples distillés sur Twitter sont édifiants, tant pour les agressions elles-mêmes que pour les réponses d'un proviseur, d'un conseiller d'éducation, d'un collègue…
“Ce sera sa parole contre la vôtre… ”
Ainsi, traitée de “ sale pute ” par un de ses élèves, une enseignante se voit rétorquer par son chef d'établissement : “ Vous êtes-vous questionnée sur votre posture ? Pourquoi pense-t-il ça de vous ? ” D'ailleurs, pourquoi relever cette insulte ? “ C'est sa façon de communiquer. ” Un gaillard de 16 ans promet à son prof de lui “ casser les dents ” mais nie avoir prononcé ces mots ? “ Ce sera sa parole contre la vôtre… ” Le professeur agressé s'indigne ? “ Vous êtes susceptible. ” Il demande l'exclusion du fautif ? “ Vous êtes dans le répressif. ” Désespérant.

“Aujourd'hui côte à côte, demain face à face ?”
Par 

Publié le 31/10/2018 à 13:32
Chapô
L'intensification de la brutalité de notre société interroge sur son modèle. Mineurs tués ou policiers agressés à l'arme lourde rendent hagards les politiques et déroutent les sociologues.
Chapô premium
Nous sommes le 13 février 2018. En cette journée d'hiver, il grêle. Triste temps pour accompagner Gérard Collomb en déplacement à Orléans. Mais existe-t-il une météo favorable pour évoquer l'hyperviolence de la société française ? Dans une antichambre de la préfecture du Loiret, le ministre de l'Intérieur se confie en toute gravité à Valeurs actuelles . Initialement venu pour vanter la nouvelle police de sécurité du quotidien, il se livre, après la parole publique, à un tête-à-tête qui se veut plus personnel. Plus libre.
« Au fond du fond, demande-t-on, comment jugez-vous la situation sécuritaire en France ?
- C'est très inquiétant. Ce que je lis tous les matins dans les notes de police reflète une situation très pessimiste. Les rapports entre les gens sont très durs, les gens ne veulent pas vivre ensemble…
- Quelle est la part de responsabilité de l'immigration ?
- Énorme. C'est pour ça qu'avec Emmanuel Macron nous avons voulu faire changer la loi…
- Votre loi ne s'attaque qu'à l'immigration illégale. La légale permet de faire entrer plus de 200 000 personnes sur le territoire chaque année…
- C'est vrai. On fait étape par étape. Mais ça reste un problème…
- Vous pensez qu'on n'a plus besoin d'immigration en France ?
- Oui, absolument.
- Vous parliez du vivre-ensemble, tout à l'heure. Que se passe-t-il ?
- Des communautés en France s'affrontent de plus en plus et ça devient très violent…
- Que craignez-vous ? Une partition ? Une sécession ?
….

Gérard Collomb sur l'insécurité et l'immigration : “D'ici à cinq ans, la situation pourrait devenir irréversible”
Publié le 31/10/2018 à 14:46
Il y a quelques mois, le ministre de l’Intérieur à l'époque confiait avec gravité à Valeurs actuelles ses préoccupations concernant l’hyperviolence de la société française.
Nous sommes le 13 février 2018. En cette journée d'hiver, il grêle. Triste temps pour accompagner Gérard Collomb en déplacement à Orléans. Mais existe-t-il une météo favorable pour évoquer l'hyperviolence de la société française ? Dans une antichambre de la préfecture du Loiret, le ministre de l'Intérieur se confie en toute gravité à Valeurs actuelles . Initialement venu pour vanter la nouvelle police de sécurité du quotidien, il se livre, après la parole publique, à un tête-à-tête qui se veut plus personnel. Plus libre.
« Au fond du fond, demande-t-on, comment jugez-vous la situation sécuritaire en France ?
- C'est très inquiétant. Ce que je lis tous les matins dans les notes de police reflète une situation très pessimiste. Les rapports entre les gens sont très durs, les gens ne veulent pas vivre ensemble…
- Quelle est la part de responsabilité de l'immigration ?
- Énorme. C'est pour ça

Européennes : un clip du gouvernement qualifié de “propagande”
Par Auteur

/ Jeudi 1 novembre 2018 à 21:330
Image d'illustration. Photo © SAUTIER PHILIPPE/SIPA
Elections. Des politiques de gauche et de droite dénoncent le clip du gouvernement qui appelle les Français à voter pour les élections européennes.
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La vidéo de la discorde. Un clip du gouvernement est sévèrement dénoncé par des élus de gauche comme de droite à quelques mois des élections européennes car ils estiment qu’il s’agit d’un « clip de propagande », révèle le Journal du dimanche. La vidéo, diffusée la semaine dernière sur les réseaux sociaux par le compte officiel du gouvernement, fait partie de la campagne lancée par l’exécutif et baptisée « Oui, je vote ». Après un couac sur des informations destinées au grand public, le gouvernement aurait cette fois-ci privilégié la communication politique à la pédagogie gouvernementale.
Quatre questions posées
Cette vidéo appelle les Français à voter aux prochaines élections de mai 2019, avec le slogan : « En mai 2019, l’Europe changera, à vous de décider dans quels sens ». Dans le clip, le gouvernement pose quatre questions : « Immigration : maîtriser ou subir ? », « Climat : agir ou ignorer ? », « Europe : union ou division ? » et « Emploi : partenaires ou concurrents ? ». Les images, elles, montrent des migrants secourus en mer, des femmes portant difficilement leurs enfants ou des catastrophes naturelles. Il y a également des photos du Premier ministre hongrois Viktor Orban et du ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini. Ce dernier a réagi sur Twitter, écrivant : « Le gouvernement français publie, avec l’argent des contribuables, un clip officiel pour les européennes de 2019 en m’utilisant comme un épouvantail ».
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En mai 2019, l’Europe changera. En votant, vous décidez comment ! #ÉlectionsEuropéennes

 « Ces clips sont des vidéos partisanes de La République en Marche financées sur fonds publics. Leur contenu totalement orienté […] n’a aucun rapport avec une incitation à la citoyenneté », estime le mouvement Générations, qui a annoncé saisir le CSA et la Commission nationale des comptes de campagne. Comme le précise Le JDD, le porte-parole a demandé « le retrait immédiat de ces clips de campagne LREM maquillés en clips officiels sur fonds publics ».
 « Instrumentalisation de l’Europe à des fins politiciennes »
Le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau a affirmé que « l’instrumentalisation de l’Europe a des fins politiciennes fera une victime : l’Europe elle-même ». « La propagande avec de gros sabots ! » a abondé l’ancien ministre Thierry Mariani. De son côté, le président du parti chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson a annoncé avoir écrit au président de la Commission des comptes de campagne et appelle à signer une pétition pour « imputer les frais de création et de diffusion de cette vidéo aux dépenses de propagande électorale » de La République en Marche. Le socialiste Rachid Temal a assuré qu’il saisirait à son tour le CSA. 
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HORS-SÉRIES
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«Reconquête républicaine» : Gérard Collomb brise le silence
Par Barbara Lefebvre
Publié le 04/10/2018 à 11h33
FIGAROVOX/TRIBUNE - En 2002, Barbara Lefebvre évoquait pour la première fois les «territoires perdus» de la République. Le discours prononcé mercredi par Gérard Collomb semble lui donner aujourd'hui raison : l'ancien Ministre de l'Intérieur a décrit un pays ghettoïsé, en proie à un communautarisme qui menace dangereusement la paix civile.

Essayiste et auteur de Génération“J'ai le droit” (Albin Michel, 2018), Barbara Lefebvre a également contribué à l'ouvrage collectif Les Territoires perdus de la République (2002, rééd. 2015), qui fit événement, et à Une France soumise - Les voix du refus (Albin Michel, 2017).


- Crédits photo : Astrid di Crollalanza
Dans la cour de l'Hôtel de Beauvau, le discours d'adieu de Gérard Collomb a résonné ce mercredi comme un avertissement cinglant. Avertissement politique à Édouard Philippe présent à ses côtés, mais surtout à Emmanuel Macron qui semble perdre pied avec la réalité des fractures françaises. Un jour, il fustige brutalement un collégien pour son interpellation familière malgré les plates excuses de ce dernier, un jour il s'adonne à la calinothérapie avec un (ex) braqueur, considérant qu'on n'aurait pas «le choix de faire des bêtises quand on est né dans certains quartiers». On imagine que beaucoup de familles des Antilles et d'ailleurs qui connaissent des conditions de vie difficiles mais éduquent correctement leurs enfants, ont dû s'étouffer en entendant pareille ineptie. Que la «question sociale» n'intéresse pas le président ne fait aucun doute, mais on ne comprend pas plus sa vision de la «question sociétale». N'est-ce pas en creux ce que Gérard Collomb exprimait dans ce discours en forme d'avertissement? Gérard Collomb n'avait apparemment pas mesuré en 2016 que le jeune et dynamique capitaine n'avait pas de cap. Il a donc décidé, deux ans plus tard, de quitter un navire approchant dangereusement des récifs. Sauve qui peut. En outre, les épisodes de l'affaire Benalla, dont l'épilogue n'est pas encore arrivé, ont probablement joué dans l'éloignement du fidèle Collomb qui vécut probablement son audition devant les commissions d'enquête comme une humiliation imméritée.
Pas de périphrase. Pas de «et en même temps». Pas de métaphores fumeuses. Pas de off auprès de journalistes. Gérard Collomb a décidé de mettre le premier ministre et le président au pied du mur: la situation d'un grand nombre de territoires urbains ou périurbains français est «très dégradée», tout le monde s'est souvenu de la partition évoquée par un François Hollande, président spectateur. Gérard Collomb a pris un risque en déclarant cela au moment de quitter le ministre plutôt qu'en y arrivant, le risque de donner le sentiment d'une impuissance du politique.
Après des mois à arpenter ces quartiers, à lire des notes remontant du terrain et échanger avec ses acteurs, la réalité a sauté au visage de Gérard Collomb. «Mieux vaut tard que jamais» diront les cyniques, mais la situation est suffisamment grave pour qu'on ne raille pas le réalisme d'un politique même quand il nous semble tardif. La réalité de la désintégration de nombreux quartiers est assez forte pour que Gérard Collomb juge indispensable de «voir ce que l'on voit et, plus difficile encore, de dire ce que l'on voit», pour paraphraser Péguy. Voici en effet ce qu'il dit:
«Monsieur le Premier ministre, si j'ai un message à faire passer - je suis allé dans tous ces quartiers, des quartiers nord de Marseille, au Mirail à Toulouse, à ceux de la couronne parisienne Corbeil, Aulnay, Sevran - c'est que la situation est très dégradée et le terme de reconquête républicaine prend là tout son sens parce qu'aujourd'hui dans ces quartiers c'est la loi du plus fort qui s'impose, celle des narcotrafiquants et des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République. Il faut à nouveau assurer la sécurité dans ces quartiers mais je crois qu'il faut fondamentalement les changer, quand des quartiers se ghettoïsent, se paupérisent, il ne peut y avoir que des difficultés et donc (…) il faut une vision d'ensemble car on vit côte à côte et je le dis, moi je crains que demain on ne vive face à face, nous sommes en face de problèmes immenses», et le ministre démissionnaire d'enchaîner sur la loi asile et immigration en affirmant qu'il faut accueillir une partie des nouveaux venus mais en ne les installant surtout pas «dans les cités dont je viens de parler sinon la situation deviendra demain totalement ingérable.»
En disant cela en partant, et non en arrivant, Gérard Collomb révèle l'impuissance du politique.
Les Français ont en mémoire les coups de menton et les mots creux de Nicolas Sarkozy ou de Manuel Valls qui prétendaient parler vrai mais ne traduisirent pas en actions politiques leur constat sur la partition socioculturelle en cours. Il est donc rare qu'un ministre, un élu, ait un discours aussi clair que celui de Gérard Collomb hier. «La loi du plus fort» c'est celle des trafiquants de drogue et des islamistes? Aveu terrible de notre réalité, qui est d'abord celle que supportent au quotidien tant de gens paisibles dans ces zones de non droit. En effet la loi française, celle de la République, a déserté ces quartiers. La loi n'est pas faible parce qu'elle est démocratique, elle est faible parce qu'on ne l'a pas fait respecter depuis bientôt trente ans, et d'abord à l'école qui est le premier lieu de socialisation de l'enfant.
Nous le disions déjà dans Les Territoires perdus de la République en 2002: dans de trop nombreux établissements de ces quartiers, au tournant des années 1990, lorsque des violences survenaient, que l'entrisme religieux se déployait, que le racisme, l'antisémitisme et le sexisme se banalisaient, la réponse institutionnelle était souvent inexistante alors qu'elle aurait dû être sans indulgence. Pourquoi cet abandon de l'autorité? Car le contexte idéologique qui a longtemps prévalu dans l'école postmoderne voulait que la culture de l'excuse tienne lieu de règlement intérieur officieux. Dans cette école confondant autorité et domination, obéissance et aliénation, savoirs exigeants et encyclopédisme, ce n'était jamais vraiment de la faute de l'agresseur, c'était à la victime de faire preuve de compréhension. L'institution ne devait ni stigmatiser, ni accabler ces petits tyrans qui harcelaient, frappaient, insultaient, trafiquaient sous le nez des chefs d'établissement. En fait, elle achetait la paix sociale comme le firent ensuite nombre d'élus locaux. Toutes ces petites démissions du quotidien mises bout à bout, cette guerre des tranchées du fait accompli nous ont conduit au constat du Ministre de l'Intérieur sur le départ: la loi qui règne dans ces quartiers est celle des délinquants qui deviennent souvent des criminels et des idéologues du suprémacisme islamique.
Le moment de bascule est proche, tout le monde le sent venir. La question dépasse largement la querelle des pessimistes et des optimistes, les spéculations sur la guerre civile qui vient ou ne vient pas. Nous n'avons aucun orgueil à avoir été aux avant-postes en 2002 en publiant Les territoires perdus de la République. Nous alertions sur cette situation mortifère pour la République, pour la France. Nous avertissions sur la progression d'une religiosité islamique radicale, la menace d'une sécession ethnoculturelle de certains quartiers, les connivences entre islamistes et trafiquants se partageant le terrain pour gérer des populations que l'école ne voulait plus ni assimiler, ni même intégrer. Notre livre était centré sur l'école car tout s'est joué sur ce terrain dans les années 1980-1990. Le premier territoire perdu, c'est-à-dire abandonné, fut notre école publique. L'école de la République avait été fondée pour construire la nation, développer le sentiment d'appartenance à une identité française, la Grande patrie n'empêchant pas l'amour des petites patries comme l'ont toujours affirmé les pères de l'école laïque et républicaine. A partir des années 1950-1960, s'est imposée en Occident et singulièrement en France et aux États-Unis, l'idéologie de la déconstruction. La table rase était la condition nécessaire pour la rédemption de l'humanité qui surviendrait avec la fin de la multiséculaire lutte de classes. La «fin de l'histoire» semblait proche, nos beaux esprits s'en réjouissaient. Il fallait donc abattre tous les repères dits bourgeois: la famille, l'école qui est le lieu de transmission des savoirs, l'histoire nationale, la morale, les autorités institutionnelles.
À partir des années 1980 l'école de la République est ainsi devenue la terre de mission de ces libérateurs de l'humanité, prêcheurs du relativisme et de l'égalitarisme niveleur. Au moment où la gauche abandonnait la «question sociale» pour se jeter dans les bras de la loi du marché, elle inventait la doxa antiraciste, le vivre ensemble, le multiculturalisme, la société inclusive. L'ouvrier n'étant plus la figure messianique rédemptrice, l'immigré allait le devenir. Les immigrés d'origine maghrébine et africaine et leurs enfants nés en France n'eurent donc pas la chance de connaître cette école républicaine assimilatrice ou intégrationniste dont avaient bénéficié les précédentes vagues migratoires. Ils étaient cet «Autre» qui devait rester un étranger pour qu'on continue à le charger de réaliser nos utopies progressistes. On se refusa donc par esprit de tolérance à contester et condamner certaines de leurs pratiques sur le territoire national en dépit de leur incompatibilité complète avec nos mœurs, nos us et coutumes. Ce fut particulièrement flagrant s'agissant du droit des femmes, comme si cela relevait de la stricte sphère domestique privée. Qu'il s'agisse de la polygamie, l'excision, des mariages forcés, les répudiations, le voilement des visages et des corps, on n'entendit guère les féministes ni la gauche morale s'émouvoir, sinon pour nous expliquer qu'après tout, toutes les pratiques culturelles étaient également admissibles.
On nous traita de nouveaux réactionnaires, de nostalgiques de la République coloniale.
Mais en 1989, année charnière de l'histoire mondiale à bien des égards, la machine se grippa: l'affaire des collégiennes voilées de Creil, et les clivages intellectuels qui en surgirent au sein de la gauche, eut raison des belles promesses du multiculturalisme naissant. Notre livre portait témoignage de cet échec, mais il était encore trop tôt en 2002 pour être entendus. Nous soulignions l'erreur d'avoir renoncé à une école de la nation pour valider - sans l'assumer - une école des communautés. Nous implorions les élus, à toutes les échelles, de reprendre le chemin de la raison républicaine et de la fermeté dans ces territoires avant que la minorité tyrannique (des islamistes et des trafiquants) n'y prenne le pouvoir. On nous traita de nouveaux réactionnaires, de nostalgiques de la République coloniale (puisque la mode est de réduire l'œuvre de Jules Ferry à l'impérialisme), de sionistes islamophobes (termes consubstantiels dans l'esprit des indigénistes et leurs compagnons de route). 1989-2004: quinze ans pour que le politique adopte la loi d'interdiction des signes religieux ostentatoires à l'école. Loi qui demeure violemment contestée par les militants de l'islam politique. Loi qui aurait été - comme tant d'autres - inutile si l'État, les élus locaux, avaient fait leur travail au moment requis, s'ils n'avaient pas laissé partout, presque tout le temps, la situation pourrir en espérant que le temps (électoral) jouerait pour eux.
Discours de Gérard Collomb à Lyon, le 28 septembre 2018. - Crédits photo : JEFF PACHOUD/AFP
Nous ne tirons aucune fierté d'avoir eu raison contre (presque) toute la classe politico-médiatique et une partie des intellectuels bien-pensants. Nous sommes au contraire profondément affligés du temps perdu, de certaines récupérations purement politiciennes de notre diagnostic, des anathèmes et excommunications prononcés pour nous faire taire y compris dans les rangs de ceux qui prétendent lutter contre le racisme et l'antisémitisme mais ont choisi de vivre de la «rente morale antiraciste» plutôt que combattre ceux qui mettent en péril la communauté nationale. J'emploie le collectif «nous» car je sais que tous ceux qui ont témoigné en 2002 et 2004 (sous pseudonymes pour poursuivre leur carrière professionnelle ou simplement leur sécurité), ainsi que ceux qui ont contribué à Une France soumise paru en 2017, ont le sentiment d'avoir vidé la mer à la petite cuillère pendant tant d'années. Avoir perçu, analysé ce qui se jouait dans ces quartiers, avoir cherché à convaincre en vain les acteurs politiques qu'il fallait agir avant que la situation ne se dégrade plus encore, aurait pu nous rendre amers. C'est davantage la colère sourde qui nous a gagnés à force de compter les morts, depuis Ilan Halimi jusqu'à Adrien Perez en passant par Abel Chennouf et Arnaud Beltrame. Notre colère est toujours restée fidèle aux valeurs républicaines dans ses modes d'expression. Nous n'avons jamais rien souhaité d'autre que débattre démocratiquement, même quand nous fûmes exclus du débat dans les hauts lieux de la bien-pensance.
La France, que nous sommes si nombreux à aimer, peut mourir demain sous l'effet d'un terrible poison: le déni de réalité au service de l'esprit munichois. Gérard Collomb a parlé de «problèmes immenses» qui peuvent demain, sous l'effet de migrations incontrôlées, conduire à «une situation ingérable». Oui, cela est anxiogène. C'est précisément pourquoi ceux qui édictent la doxa du politiquement correct et vivent à l'abri (socialement, culturellement, économiquement, géographiquement) préfèrent maintenir le déni quant à l'existence d'une fracturation sociétale qui s'aggrave. Pourquoi Gérard Collomb brise-t-il ce déni au moment de quitter ses fonctions? Il ne s'adressait pas aux Français qui ont majoritairement conscience de cette situation. Il a sans doute voulu signifier d'une part qu'il était sur la même longueur d'onde qu'eux, d'autre part, en miroir négatif, que ce n'était pas le cas du gouvernement et du chef de l'État, enfermés dans le déni. Ce développement adressé directement à Édouard Philippe éclaire peut-être aussi une des causes de cette démission: Gérard Collomb n'avait ni l'écoute de l'exécutif, ni les moyens de mettre en œuvre la politique sécuritaire indispensable pour restaurer l'ordre républicain dans ces territoires.
Les progressistes comme Emmanuel Macron n'ont rien compris à l'histoire.
En dépit de la cruelle réalité, les progressistes, à l'instar du président Macron à la tête de ses troupes qui risquent d'aller en se clairsemant, croient encore à l'hypothèse d'une finalité historique telle qu'elle est portée par l'idéologie du progrès depuis le XVIIIe siècle. Ils sont persuadés de «faire l'histoire» et d'en saisir le sens au nom du Bien et du Progrès. Leurs contradicteurs ou adversaires politiques ne sont que des lépreux, des nationalistes, des réactionnaires, des antimodernes et j'en passe. Tout à leur utopie de nantis, ils ne semblent rien avoir compris de la dimension tragique de l'histoire, se gargarisant du «devoir de mémoire» pour ne pas avoir à comprendre l'histoire. Ils sont incapables d'admettre que l'histoire puisse se faire sans eux, malgré eux. En essayant de rappeler le président Macron à plus de lucidité devant les risques de fracturation de notre société, d'humilité, de vision dans l'action, et de détermination dans sa réalisation, Gérard Collomb a peut-être voulu, à sa façon, rompre avec cette utopie progressiste qui ne veut jamais se retourner vers le passé, seul à même de nous apprendre quelque chose de nous-mêmes et de l'Autre, ne veut jamais observer lucidement le présent avant qu'il ne nous échappe, mais qui préfère toujours se perdre dans les rêveries d'un futur paradisiaque improbable.
Barbara Lefebvre


Brésil: nouvelle volte-face de Bolsonaro sur la fusion de l'Agriculture et de l'Environnement
Par Le Figaro.fr avec AFP - Mis à jour le 01/11/2018 à 21h08 | Publié le 01/11/2018 à 21h02
Le président élu du Brésil Jair Bolsonaro a laissé entendre ce jeudi lors d'un entretien télévisé qu'il pourrait revenir sur l'idée controversée de fusionner les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, son deuxième rétropédalage sur le sujet en une semaine.
"Il y avait une idée de fusion, mais il semble qu'elle sera modifiée. Tout porte à croire que ce seront deux ministères distincts", a affirmé le futur chef de l'État dans un entretien accordé à plusieurs chaînes catholiques.
"Le Brésil est le pays qui protège le mieux l'environnement. Nous avons l'intention de protéger l'environnement, mais sans que cela entrave le progrès", a ajouté le président élu d'extrême droite. L'idée de fusion de ces deux ministères a provoqué un tollé dans les milieux écologiques.
Les organisations de défense de l'environnement considérent que cette fusion reviendrait à abandonner la protection de l'exceptionnelle biodiversité du Brésil et de la forêt amazonienne, le "poumon de la planète", aux intérêts du puissant lobby de l'agro-business, soutien important de Bolsonaro.
Des représentants de ce lobby ont eux-mêmes manifesté leur inquiétude, craignant des sanctions commerciales sur les produits agricoles brésiliens de la part de pays inquiets de la préservation de l'environnement.
"Fragiliser l'autorité du ministère de l'Environnement, à un moment où augmente la préoccupation face à la crise climatique, est imprudent", avait par exemple réagi mercredi le ministre actuel de l'Agriculture Blairo Maggi, qui est également un gros propriétaire terrien.
Mardi, Onyx Lorenzoni, futur chef du gouvernement Bolsonaro, avait pourtant dans un premier temps confirmé que cette fusion aurait lieu "comme prévu au départ", l'idée faisant partie du programme officiel de campagne. Mais M. Bolsonaro lui-même avait initié un premier rétropédalage il y a une semaine, quatre jours avant son élection, en affirmant qu'il était "ouvert à la négociation" sur ce sujet.
L'administration Bolsonaro prendra ses fonctions en janvier, avec une quinzaine de ministères, moitié moins que dans la configuration actuelle.
Pour permettre ce dégraissage, d'autres fusions sont prévues, avec notamment la création de "super ministères" de l'Économie, englobant les Finances, le Plan, l'industrie et le Commerce extérieur, ainsi que de la Justice, à laquelle sera aussi associée la Sécurité publique.


Violences : quand Gérard Collomb prédisait déjà le «face-à-face»
Par Pierre Lepelletier et Albert ZennouMis à jour le 01/11/2018 à 19h34 | Publié le 01/11/2018 à 19h25
«Ce que je lis tous les matins dans les notes de police reflète une situation très pessimiste. Les rapports entre les gens sont très durs...» avait constaté Gérard Collomb en février, alors qu'il était encore ministre de l'Intérieur.
Lorsqu'il était encore à l'Intérieur, Gérard Collomb n'avait rien laissé transparaître. Aussi ses propos alarmistes, tenus au moment de son départ du gouvernement, avaient-ils surpris. Lors de la passation de pouvoir avec Édouard Philippe, le 3 octobre dernier, il avait regretté sur le perron de Beauvau «une situation très dégradée» dans certains quartiers où règne «la loi du plus fort».
Il avait même interpellé à cette occasion le chef du gouvernement: «Monsieur le premier ministre (...), je suis allé dans tous ces quartiers. (...) Le terme de reconquête républicaine y prend tout son sens .» «Aujourd'hui, on vit côte à côte, je crains que demain on puisse vivre face-à-face», avait-il notamment déclaré, presque défaitiste. La formule, très commentée, avait frappé les esprits, aussi bien dans la majorité macroniste que dans les oppositions de droite et de gauche.
«Ce que je lis tous les matins dans les notes de police reflète une situation très pessimiste»  
Gérard Collomb, en février 2018
L'ancien ministre de l'Intérieur avait en réalité établi ce constat bien avant sa démission. Selon des propos rapportés par Valeurs actuelles datant du 13 février 2018, Gérard Collomb se voulait encore plus alarmiste. «C'est très inquiétant. Ce que je lis tous les matins dans les notes de police reflète une situation très pessimiste. Les rapports entre les gens sont très durs, les gens ne veulent pas vivre ensemble...», déplorait-il à l'époque, estimant que la responsabilité de l'immigration était «énorme» dans la situation sécuritaire. «C'est pour ça qu'avec Emmanuel Macron, nous avons voulu faire changer la loi», indiquait celui qui s'apprête à redevenir maire de Lyon lundi 5 novembre lors du prochain conseil municipal.
«Ça devient très violent»
Adoptée le 1er août dernier, la loi asile et immigration garantit, selon ses auteurs, la réduction du délai de traitement des demandes d'asile et facilite les reconduites à la frontière pour les déboutés. Jugé trop «répressif» par la gauche, le texte avait au contraire été considéré «inutile» par la droite.
«Des communautés en France s'affrontent de plus en plus et ça devient très violent...», jugeait également l'ancien ministre, prévenant qu'il ne restait que «peu de temps» pour améliorer la situation. «C'est difficile à estimer mais je dirais que, d'ici à cinq ans, la situation pourrait devenir irréversible. Oui, on a cinq, six ans pour éviter le pire. Après...», avertissait-il.
Craint-il dans ces conditions une sécession ou une partition? La réponse est sans ambages: «Oui, je pense à cela, c'est ce qui me préoccupe». Le constat est terrible. Il ne fera que le répéter en octobre dernier, quand il quittera la Place Beauvau.
Et comme pour enfoncer le clou, à la question des journalistes de Valeurs actuelles«Pensez-vous qu'on n'a plus besoin d'immigration en France?», l'ancien ministre de l'Intérieur aurait répondu: «Oui, absolument.»

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L'inquiétante banalisation des violences antipolicières
Par Christophe Cornevin
Mis à jour le 01/11/2018 à 20h44 | Publié le 01/11/2018 à 19h52
INFOGRAPHIE - Pour les forces de l'ordre, la nuit de Halloween a viré au cauchemar face à des casseurs appelés à se rassembler via les réseaux sociaux. Une délinquance de moins en moins exceptionnelle : 14 policiers sont blessés chaque jour.
La France connaît une poussée de fièvre et l'uniforme est plus que jamais pris pour cible. Pour les forces de l'ordre, la nuit de Halloween a viré par endroits au cauchemar. Dans la bouffée de violences sporadiques qui s'est soudain emparée du pays, des voyous de cité ont manifestement décidé de se faire des «flics». Avec la volonté de faire très mal. Comme en écho aux appels à la haine diffusés sur les réseaux sociaux sous le mot d'ordre #lapurge, des inconnus ont caillassé et jeté de l'acide sur des policiers alors que ces derniers tentaient de rattraper un des casseurs masqués qui venaient de prendre d'assaut un commerce à Montgeron (Essonne). Une mineure de 13 ans a été interpellée. Un des agents intoxiqués a en outre été blessé à la main.
Cette agression n'a hélas plus rien d'extraordinaire. Symbole d'une République qui ne parvient plus à se faire respecter, elle va alimenter des statistiques qui donnent le vertige. Selon un dernier bilan porté à la connaissance du Figaro, pas moins de 1249 policiers ont été ainsi blessés en mission lors du premier trimestre de cette année. Soit près de 14 par jour! Même si ce chiffre est en léger recul (- 4 %) par rapport à la même période de l'année précédente, il témoigne d'un niveau de rugosité très élevé sur le terrain. Signe tangible que les violences s'accentuent: les atteintes occasionnant des ITT de quinze jours et plus dans les rangs policiers ont bondi pour représenter 18 % du total pour le premier trimestre 2018, contre 11 % en 2017. À ce sombre tableau il conviendrait aussi d'ajouter la progression de 15 % des blessures en opération subies dans la même période par les adjoints de sécurité (ADS) et cadets de la République. Soit 151 victimes entre janvier et mars dernier.
« Plus personne ne craint les institutions.La peur ne changera pas de camp tant que va durer l'insupportable sentiment d'impunité dont jouissent les délinquants»
Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance Police nationale
À la pointe de la lutte contre une délinquance qui s'enkyste dans tous les replis du territoire, les forces de l'ordre encaissent d'incessants coups de boutoir. Dans le XIXe arrondissement de Paris, c'est une policière qui est assommée à coups de poing et de cric alors qu'elle intervenait sur un accident de la circulation. En Gironde, deux agents se sont fait tabasser par un homme de 24 ans pris de boisson. Même en civil, la menace est omniprésente comme le montre l'attaque d'un policier, apparemment en raison de sa profession, alors qu'il se rendait à son travail au commissariat de Bastia. À Othis (Seine-et-Marne), c'est une policière et son conjoint qui ont été roués de coups devant leur fille de 4 ans par un dealer.
Chauffés à blanc à l'approche des élections professionnelles qui se profilent à la fin du mois, les syndicats de police montent au créneau. «Plus personne ne craint les institutions, tonne ainsi Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance Police nationale. La peur ne changera pas de camp tant que va durer l'insupportable sentiment d'impunité dont jouissent les délinquants. Il est plus que temps que le débat sur la sanction soit mis sur le tapis…» Il y a quinze jours encore, la relaxe devant le tribunal de Béziers des trois hommes soupçonnés d'avoir agressé des policiers venus fermer des bodegas a soulevé la polémique. Dénonçant une «décision incompréhensible et intolérable, à l'heure où les policiers sont les cibles permanentes de violences et d'agressions de toute sorte et font l'objet de menaces», le syndicat Unité SGP Police FO fustige un «vrai acte de défiance à l'encontre des policiers».
Mal endémique
Assurant un «soutien total» aux effectifs engagés sur le terrain et dont «le courage force le respect», la Direction générale de la police nationale n'entend pas rester inerte. Les attentats puis la tragédie de Viry-Châtillon, où quatre policiers pris dans un guet-apens ont failli périr brûlés vifs à bord de leur voiture, ont été les déclencheurs de divers plans visant à «durcir» la cuirasse des services de sécurité. Depuis 2014, le budget alloué à l'équipement de la police nationale a ainsi plus que doublé, permettant notamment de 25.000 gilets pare-balles, 11.200 casques lourds ou encore de 66.000 cagoules «non-feu». La Sécurité publique s'est vue en outre doter de 280 véhicules renforcés par des blindages et des vitres incassables. Par ailleurs, les équipages à trois ont été systématisés dans les véhicules «primo-intervenants» patrouillant dans les quartiers sensibles.
Pour mieux prendre en charge les blessés, qui disposent d'un nouveau «guichet» permettant une procédure plus rapide, la DGPN insiste aussi sur la «forte montée en puissance» de son service de soutien psychologique opérationnel, «disponible H24, avec une capacité de mobilisation rapide lors d'événements». Reste que ces efforts ne sont que le remède à un mal endémique qu'il s'agit de prendre à la racine. C'est-à-dire celui des quartiers et des zones de «non-droit», où la fameuse reconquête républicaine lancée cet automne doit porter ses fruits avant que l'État de droit ne sombre corps et biens.

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Ivan Rioufol : «La révolte des peuples contre les utopies»
Par Ivan Rioufol
Publié le 01/11/2018 à 22h49
ANALYSE - Du Brexit à Bolsonaro, en passant par les succès de Donald Trump, Viktor Orban ou Matteo Salvini, un même mouvement de libération vitale s'amplifie. Et la France n'échappera pas à cette tempête.
Rien n'attise davantage la révolte des peuples que le mépris qu'ils reçoivent des «élites» contestées. Plutôt que de tenter de comprendre les raisons de leurs disgrâces, les représentants des démocraties malades s'entêtent à ne rien entendre des critiques. Ils accusent les contestataires de tenir des «discours de haine». Cette rengaine est reprise cette semaine pour stigmatiser les électeurs brésiliens de Jair Bolsonaro: l'ancien militaire a récolté 55,2 % des suffrages, face à une gauche en déroute morale. Le refrain s'entend aussi chez les européistes quand ils parlent des nouveaux élus qui, de l'Italie à la Pologne en passant par la Hongrie, défendent les intérêts de leurs concitoyens. En France, Emmanuel Macron n'est pas le dernier à caricaturer ces dirigeants «populistes», qu'il assimile aux années trente. Il les voit comme «des esprits fous qui mentent à leur peuple». Évoquant l'autre jour les «nationalistes» français, il a appelé à «les combattre sur le terrain». Ainsi parle le président de tous les Français, aveuglé par ses détestations partisanes. Oui, les discours de haine sont chez ceux qui les dénoncent.
Parce que Bolsonaro n'a pas brillé par la subtilité de ses répliques passées, le voilà avec la presse à ses basques:
un bon signe pour lui. Ses détracteurs s'attardent sur les plus vulgaires de ses déclarations. Mais ils évitent de s'interroger sur la responsabilité des ex-présidents Lula da Silva et Dilma Rousseff: deux figures de la gauche radicale brésilienne qui avaient reçu l'onction du clergé médiatique international. Depuis, Dilma a été destituée en avril 2016 pour maquillage de comptes publics. En avril 2018, Lula a été mis en prison pour
douze ans, pour corruption. Ils laissent une économie en déficit et une insécurité invraisemblable: le Brésil compte sept meurtres par heure! L'élection de Bolsonaro est le rejet du «progressisme» et de ses utopies foireuses. Ceux qui crient à la dictature refusent le verdict des urnes. L'histoire qui s'écrit privilégie les discours «antisystème» et les affranchis du politiquement correct. Bolsonaro s'inscrit dans cette vague, dévastatrice pour les faussaires.
«Le rejet des idéologies et de leurs délires fédère les insurrections démocratiques»
Les peuples en colère n'ont pas fini de faire blêmir, y compris en France, ceux qui ont abusé de leur confiance ou qui s'autopromeuvent en guide inspiré. La concomitance entre l'entrée en scène du «Trump tropical» (Bolsonaro) et la sortie d'Angela Merkel résume le choc de deux mondes. Ils sont aussi peu conciliables que la réalité et le rêve. La chancelière allemande renoncera à briguer une nouvelle présidence de la CDU en décembre et un nouveau mandat de chancelière en 2021. Sa décision prend acte de l'échec de sa politique de 2015: sous les hourras des moralistes, elle avait fait venir plus d'un million de réfugiés du Moyen-Orient. Cette ode à l'Autre a enchanté la gauche universaliste. Mais elle a été une trahison pour beaucoup d'Allemands. Pour se repentir de l'antisémitisme nazi, Merkel a introduit la judéophobie islamique. Cette irresponsabilité fait comprendre l'urgence d'en finir avec ces «élites» suicidaires.
Le rejet des idéologies et de leurs délires fédère les insurrections démocratiques. Elles n'effraient que ceux qui y laisseront des plumes. Du Brexit à Bolsonaro, en passant par les succès de Donald Trump, Viktor Orban ou Matteo Salvini, un même mouvement de libération vitale s'amplifie. La France n'échappera pas à cette tempête dont Macron se veut le rempart. Ce n'est pas en désignant comme ennemis les Français qui récusent sa politique que le chef de l'État éteindra les braises. La morgue macronienne est telle que Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a qualifié Laurent Wauquiez (LR), de «candidat des gars qui fument des clopes et roulent en diesel», selon le JDD. Après l'attentat antisémite commis samedi aux États-Unis par
un extrémiste de droite contre une synagogue de Pittsburgh (11 morts), Christophe Castaner a ordonné le renforcement des vigilances autour des synagogues. Mais ce soupçon d'antisémitisme que le ministre de l'Intérieur suggère contre la droite radicale feint d'ignorer ceux qui, en France, menacent et tuent les Juifs…
Insupportables dénis
Le déni des réalités reste la commodité de ce monde politique qui perd pied. Sa mauvaise foi est insupportable à ceux qui sont en premières lignes. L'obligation de réalisme est l'autre dénominateur commun aux indignations des peuples qui ne veulent pas mourir. Ils réclament des bilans plutôt que des prêches, des actes plutôt que des discours. Quand le patron du PS, Olivier Faure, reconnaît une «crise identitaire» et parle d'une «colonisation à l'envers» observable «dans certains quartiers», il assume une rupture avec le dogmatisme
de la gauche. Sa conversion au réalisme est une entrée dans le nouveau monde. Il suffit de se rendre dans les cités «sensibles» pour constater cette situation conflictuelle, terreau d'une possible guerre civile. Ces jours-ci, des messages diffusés sur les réseaux sociaux ont appelé à «la purge»des forces de l'ordre, lors d'attaques armées programmées dans la nuit du 31 octobre. L'initiateur de ce djihad urbain a expliqué par la suite que sa mobilisation était une plaisanterie. Elle donne néanmoins une idée de cette délinquance prête à se mettre au service d'une déstabilisation.
Il est temps également de regarder de plus près les problèmes posés par l'immigration. Si ce thème fut accessoire dans la campagne brésilienne, il est omniprésent aux États-Unis et en Europe. En France, Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), confirme «l'arrivée massive de migrants» (1). Ce sont les protections généreuses offertes par la France qui expliquent les fortes augmentations des demandes d'asile. Un exemple, donné par Leschi: «Les Afghans déboutés d'Allemagne et qui se replient en France se voient verser l'allocation de demandeur d'asile, gérée par l'OFII, lequel est aussi tenu de les héberger en fonction des disponibilités.» La générosité française est un appel d'air. L'auteur écrit: «Il est clair qu'aujourd'hui la législation et les conditions juridiques d'accueil en France demeurent plus avantageuses que la moyenne européenne.» Mais cet humanisme a-t-il un sens quand il donne la priorité aux étrangers, tandis que les autochtones s'appauvrissent?
Fossoyeurs de la démocratie
Ceux qui désespèrent de l'avenir de la civilisation occidentale négligent la force politique que constituent les peuples en révolte. Ce sont eux qui réclament le retour aux frontières et aux nations ; eux qui défendent la démocratie contre ses fossoyeurs. Ceux-là ont fait leur temps.
(1) Migrations: la France singulière, Fondapol (octobre 2018).

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Barbara Lefebvre : «Non, Monsieur Macron, notre époque n'a rien à voir avec les années 30»
Par Barbara Lefebvre
Mis à jour le 01/11/2018 à 19h15 | Publié le 01/11/2018 à 17h47
FIGAROVOX/TRIBUNE - Dans ses propos rapportés par Ouest-France, le chef de l'État a comparé la période actuelle avec celle de l'entre-deux-guerres. Selon l'enseignante, le contexte est radicalement différent : les États nations européens ne cherchent pas à s'étendre mais à conserver leur souveraineté.

Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste, est l'auteur de Génération j'ai le droit, (éd. Albin Michel 2018).

Pierre Nora avait mis en garde contre «ce moment historique habité par l'obsession commémorative» et la captation de cette belle expression, les «lieux de mémoire», utilisée pour célébrer la mémoire alors que la profondeur du travail historiographique des trois tomes qu'il avait dirigés était précisément de composer «une histoire de type contre-commémoratif». Les historiens scrupuleux, ceux qui écrivent l'histoire sans tomber dans les pièges idéologiques de leur temps, sont souvent incompris par les technocrates, qui ne s'embarrassent pas de nuances pour rédiger les formules-chocs autrement appelées «éléments de langage». Le service communication de l'Élysée nous a annoncé une semaine «d'itinérance mémorielle» pour commémorer le centenaire de l'armistice, et elle s'ouvre par une «itinérance historique» du président Macron dans Ouest France suivant un chemin tortueux qui le conduit à une impasse comparative!
Dans les propos rapportés par Ouest-France, le Président Macron se lance dans des comparaisons historiques pour le moins problématiques: «je suis frappé par la ressemblance entre le moment que nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres». Tout y est: «la lèpre nationaliste»«la souveraineté européenne (sic) bousculée par des puissances extérieures»«la crise économique». Et dans un élan de prophétie, véritable représentation mécaniste de l'Histoire avec son «H» majuscule grandiloquent, Emmanuel Macron nous révèle sa vision: «on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe de l'après Première Guerre mondiale à la crise de 1929». L'histoire, éternelle répétition du même? Emmanuel Macron, président-historien après le président-philosophe? Les permanences et les continuités de l'histoire ne sont pas des répétitions, Monsieur le Président, et les ruptures ne sont en général comprises et analysées qu'une fois survenues. Non l'histoire n'a pas le hoquet, car l'histoire n'est pas une réalité tangible qui s'opère sous nos yeux comme des bactéries visibles sous la loupe du microscope. L'histoire est modeste, elle n'est qu'une écriture, un récit humain qui se modifie sans cesse, se réécrit au fil du temps qui passe. L'histoire n'est pas un point fixe, établie une fois pour toutes. En revanche, on le sait, elle est fort utile pour servir les idéologies, servir la politique politicienne, pour jouer le «sachant» qui éclaire les ténèbres du présent en se donnant des airs de prophète d'un futur, si possible apocalyptique, sauf à suivre la marche du sauveur.
Comparer l'Europe de 2018 à celle des années 1930 répond à cette inflation inquiétante de la récupération politicienne de l'histoire nationale et européenne, inflation qui s'accentue depuis bientôt vingt ans à mesure que nous produisons des générations d'amnésiques sortis frais émoulus avec un baccalauréat mais ignorants de leur histoire. Il faut faire un détour par l'histoire scolaire actuelle pour comprendre comment de tels propos peuvent être entendus par l'opinion en dépit de leur non-véracité. En effet, elle alimente les élèves en simplismes manichéens depuis plus de trois décennies, depuis que l'histoire postmoderne (donc postnationale) a mis la main sur l'organisation des programmes officiels. Au lieu de transmettre des connaissances simplifiées qui rendent la complexité du passé intelligible pour des élèves âgés de dix à dix-sept ans, on a réduit l'histoire scolaire à une histoire finaliste. Le passé n'est plus qu'un perpétuel combat entre des gentils et des méchants. Ce simplisme autorise tous les anachronismes. Or la simplification n'est pas le simplisme ; la vulgarisation n'est pas la platitude du binaire. L'histoire scolaire qui avait forgé, pendant près d'un siècle, chez des générations de Français - autochtones ou venus d'ailleurs - le sentiment d'appartenance nationale, aussi appelé patriotisme, s'appuyait certes sur des simplifications historiques non exemptes d'une part de mythes, mais elle ne versait pas dans les simplismes actuels où l'idéologie postmoderne affleure sous chaque thématique, où l'histoire nationale n'est plus qu'une histoire criminelle. La France a une histoire nationale. Les mémoires des groupes composant notre nation qui n'est pas fondée sur l'homogénéité ethno-religieuse, ont toujours existé mais jusqu'aux années 1990 elles n'avaient pas été valorisées au point de supplanter l'histoire nationale. En glorifiant les revendications mémorielles, souvent réinventions du passé, contre l'histoire commune, le projet poursuivi est bien la destruction de l'attachement à la nation, à cet héritage forgé par l'histoire et porté par des mœurs et des coutumes communes.
Ni de Gaulle, ni Mitterrand n'auraient osé une comparaison aussi manichéenne.
Ni de Gaulle, ni Mitterrand n'auraient osé une comparaison aussi manichéenne, simpliste, que celle opérée par Emmanuel Macron. Et pour cause, les deux seuls «vrais» Présidents d'après-guerre avaient une vision, car ils étaient d'abord «enracinés» par une ample culture littéraire et historique - la composition de la bibliothèque de François Mitterrand en est l'illustration frappante - et ensuite parce qu'ils avaient connu l'entre-deux-guerres et la guerre. Cela fait toute la différence. Cela explique leur hauteur de vue, eux qui étaient passés par cette épreuve de la guerre, qu'ils connaissaient la complexité de cet avant-guerre, qu'ils ne réduisaient pas cette période à des caricatures binaires. L'un comme l'autre ont vu monter les périls, ils ont eux-mêmes fait des choix politiques qui ne suivaient pas toujours la ligne droite que les politiques actuels ont réinventée pour trier dans cette époque troublée les bons des méchants, pour juger les hommes du passé au regard du confort dans lequel est plongée notre Europe pacifiée, abrutie par la société de consommation.
Personne ne viendrait nier que Staline, Hitler et Mussolini étaient des dirigeants néfastes pour leurs peuples et pour la paix du monde, que les idéologies portées par les deux premiers en particulier ont conduit à des ravages d'une ampleur inédite en Europe et au-delà et que nous sommes encore héritiers des ravages moraux qu'ils ont constitués pour l'humanité. Néanmoins oser les comparer à Orban, Salvini et pourquoi pas Morawiecki en Pologne et Kurz en Autriche, est non seulement une absurdité historique, mais une opération politique profondément anti-européenne qui attise les colères. Anti-européenne car celui qui aggrave les tensions entre partenaires européens en insultant les peuples qui ont élu les dirigeants précités, c'est le président français. Cette montée en tension n'est pas imputable au seul Emmanuel Macron, elle est à l'œuvre depuis que les progressistes autoproclamés ont décidé que l'Europe se ferait contre les peuples, c'est-à-dire depuis le non au référendum sur la Constitution européenne en 2005 qui ne fut pas respecté. Le mépris du «non», pourtant majoritaire, par les présidents Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron est fondamental pour comprendre la défiance des Français à qui on dénie toute forme d'intelligence politique quand ils ne votent pas comme on le leur prescrit. Cette atteinte profonde au contrat civique fondateur de la démocratie n'est pas le fait des partis «lépreux» que je sache.
Plus grave, l'énormité historique suivante: l'Europe de l'entre-deux-guerres n'est évidemment pas lisible en termes politiques comme l'Union européenne des 28. Elle était composée d'États-nations souverains qui n'obéissaient pas à une entité supranationale comme c'est notre cas. En outre, aujourd'hui, l'hégémonie mondiale de l'idéologie capitaliste ultralibérale est telle qu'aucun modèle n'émerge pour s'opposer sérieusement à elle, alors que dans l'Europe d'entre-deux-guerres, des idéologies concurrentes puissantes avaient pris forme parmi les peuples (communisme, fascisme, nazisme) et se sont cristallisées politiquement dans trois pays, la Russie, l'Italie puis l'Allemagne. Autre différence et non des moindres s'agissant de menaces pour la paix: l'URSS et le IIIe Reich avaient des ambitions d'expansion territoriale, sinon d'hégémonie planétaire, et il s'agissait de nations hyper militarisées. En quoi les «lépreux» Orban et Salvini - pour ne retenir qu'eux - ont-ils une quelconque ambition belliqueuse de cette nature? Ils souhaitent simplement se concentrer sur leurs intérêts strictement nationaux, protéger leurs frontières de flux migratoires incontrôlés par l'Europe de Schengen, refuser la société multiculturelle dont ils observent les échecs en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Belgique. C'est un choix de souveraineté politique, leurs citoyens les ont élus pour cette politique et peuvent se dédire aux prochaines élections puisque ni Orban ni Salvini pour l'heure n'ont remplacé la démocratie par l'autocratie.
Autre aspect de cet absurde raccourci comparatif: dans les trois cas, URSS, Italie fasciste, Allemagne nazie, la prise du pouvoir n'a rien eu de démocratique à la différence des gouvernements italiens, autrichiens ou hongrois vilipendés par Emmanuel Macron. La Russie est devenue l'URSS à la suite de la révolution bolchévique qui fut pour le moins un coup de force, venue d'une minorité politique extrémiste, favorisé par le contexte tragique des défaites militaires russes, la Russie de Nicolas II étant membre de la Triple entente. Staline prit le pouvoir après la mort de Lénine en 1924 après avoir éliminé tous ses concurrents, tout aussi violents politiquement et antidémocrates que lui, mais probablement moins malades mentalement que le Petit père des peuples. Mussolini accéda au pouvoir après une forme d'itinérance au demeurant ratée, la marche sur Rome d'octobre 1922. Cette démonstration de force maquillée a posteriori par le Duce en coup d'État, aura suffi à vaincre une démocratie italienne sans boussole, minée par les conflits internes, qui s'effondrera d'elle-même laissant Mussolini instaurer sa dictature fasciste, qui servira en partie de modèle à Hitler.
Dans les trois cas, URSS, Italie fasciste, Allemagne nazie, la prise du pouvoir n'a rien eu de démocratique.
Ce dernier n'a pas été élu démocratiquement, contrairement à la doxa qui sert le discours sentencieux actuel envers les citoyens-électeurs, à grand renfort de «retour des heures sombres» et d'entrisme par les Forces du Mal au sein de notre vertueuse machine démocratique. En effet, dans l'Allemagne de la jeune République de Weimar, née de l'effondrement du Reich en 1918, l'assemblée était élue à la proportionnelle intégrale et jusqu'aux élections de 1932 le NSDAP, le Parti des Travailleurs allemands Socialiste et National, ne dépasse pas les 20 %. Hitler échoue également à l'élection présidentielle de 1932 qui voit la réélection d'Hindenburg. Cette campagne aidera en effet le NSDAP à engranger des voix aux législatives suivantes puisque le parti dépasse les 30 % des suffrages, pour autant il n'est pas majoritaire. La majorité était composée par une coalition de centre-gauche qui n'échappa pas aux luttes intestines largement alimentées par la gauche (SPD et KPD), et empêchera la nomination d'un gouvernement d'union nationale qui aurait peut-être pu réduire la puissance montante du NSDAP. C'est l'incapacité des forces politiques démocratiques (cet adjectif est-il seulement admissible pour le KPD…) à s'entendre pour gouverner ensemble qui explique aussi qu'Hindenburg dût se résoudre à nommer Hitler. Il était après tout le chef du parti qui avait obtenu, seul, 33 % des voix aux législatives, mais les démocrates, en se coalisant durablement, pouvaient faire obstacle à sa nomination au poste de Chancelier. C'est leur faiblesse qui fit sa force, et non pas un imaginaire raz-de-marée électoral laissant penser que le peuple allemand aspirait unanimement à suivre Hitler dans les années 1930.
Quant à réduire la montée des totalitarismes dans l'entre-deux-guerres à une conséquence de la crise de 1929 comme le laisse croire le président Macron, c'est encore ne voir l'histoire par le petit bout de la lorgnette. Ce genre de raccourci ne sert à faire comprendre ni le passé, ni le présent, il sert à manipuler l'opinion pour une politique à venir décidée sans le consulter. La crise de 1929 a montré pour la première fois à l'échelle mondiale, où conduisaient le capitalisme financier et sa spéculation sans limite, les prises de bénéfices indignes des gros opérateurs financiers en plein cœur d'une crise sans précédent, son culte de l'argent-roi et déjà l'économie ouverte à tous les vents mauvais. La critique de ce capitalisme amoral, contraire aux intérêts des peuples souverains, destructeur de la nature, asservi aux machines et transformant l'homme lui-même en machine, fut étouffée pendant des décennies par les délires des théoriciens de la lutte prolétarienne. Ils ne firent qu'alimenter la puissance capitaliste qui conduira à la multiplication des crises économiques jusqu'à celle de 2008 dont aucun dirigeant n'a réellement tiré la moindre analyse qui se transformerait en action politique. Au contraire, comme dans une course vers l'abyme on alimente plus que jamais la destruction de tout ce que l'humanité a forgé en plus de cinq mille ans d'histoire. L'homme atomisé machine à consommer est le produit de cette crise, on l'endort en lui promettant comme seul horizon de bonheur «plus de pouvoir d'achat». Emmanuel Macron est l'homme de ce système: la société ouverte, inclusive, du village global, des flux sans contrôle de marchandises et des hommes - catégories bientôt synonymes. Et pourtant il ose accuser dans ces propos les «grands intérêts financiers qui dépassent parfois la place des États». On peut être stupéfait quand cela est dit par le fondé de pouvoir de la Commission de Bruxelles! Mais c'est habile pour convaincre une opinion publique rendue amnésique qu'on la protège des petits Hitler à nos portes, elle qu'on a rendue aveugle aux conséquences de l'irréparable. Cet irréparable est né quand l'économie industrielle au XIXe siècle prit le pas sur la politique au nom du Progrès, quand le capitalisme financier décréta la mise à mort des nations européennes seules capables de circonscrire sa dangerosité tant pour l'humanité que les écosystèmes. Cet irréparable est né quand des experts-comptables au service d'une oligarchie financière mondiale prirent la place des hommes d'État soucieux de défendre les intérêts de leur nation et de protéger leurs citoyens, tous leurs citoyens.
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«L'histoire en lambeaux au collège et au lycée»
Par Barbara Lefebvre
Publié le 01/11/2018 à 22h00
TRIBUNE - Enseignants et élèves sont prisonniers de programmes d'histoire conçus de façon déraisonnable. Les conséquences sont dramatiques, raconte le professeur d'histoire-géographie au lycée, Barbara Lefebvre.
«Itinérance mémorielle». Des voix se sont émues de l'expression choisie pour caractériser le programme présidentiel des commémorations de la fin de la Grande Guerre. Cette novlangue peut déstabiliser le profane mais elle est facile à saisir pour les enseignants d'histoire en collège et lycée, «cette classe moyenne» qui «fait la force de la nation des historiens», selon Péguy. Nous autres savons ce qu'est l'itinérance ; nous la pratiquons depuis plus de vingt ans grâce aux programmes que nous subissons et qui n'ont cessé de réduire l'histoire scolaire à un mauvais remake des débats historiographiques portés par l'histoire universitaire. L'école, le collège, le lycée sont devenus les laboratoires des lubies idéologiques de certains universitaires en vue qui ont la main sur l'institution scolaire et se servent d'elle pour imposer leurs idées dans l'opinion.
On dira qu'il en a toujours été ainsi, depuis la IIIe République, Lavisse et Ferdinand Buisson. Mais il existe une différence notable. L'objectif que l'on assigne à l'enseignement de l'histoire n'est plus de forger un sentiment d'appartenance nationale. L'histoire scolaire, telle qu'elle fut conçue au moins jusqu'au milieu des années 1960, ne pouvait pas survivre au triomphe de l'histoire postnationale. Désormais, l'historiographie change perpétuellement les perspectives d'analyse. L'histoire volte-face, l'histoire sans point fixe tourne comme une girouette au gré de l'air du temps. Le bougisme a saisi la discipline.
«L'enseignant est prié d'enjamber les siècles, d'effacer des acteurs pour en glorifier d'autres au mépris du contexte historique»
Aussi les enseignants du secondaire sont-ils transformés en porte-voix souvent malhabiles d'une doxa académique faite d'un sabir technique et idéologique dont ils ne maîtrisent pas tous les codes. Quand vous êtes voués à enseigner l'histoire de l'humanité «des origines à nos jours», de la sixième à la terminale, il est difficile d'être un spécialiste de chaque période, chaque civilisation, chaque thématique. Dès lors, vous faites confiance à l'Inspection générale de l'éducation nationale pour tracer la route. Et c'est là qu'on peut parler d'itinérance. L'enseignant est prié d'enjamber les siècles, d'effacer des acteurs pour en glorifier d'autres au mépris du contexte historique afin de satisfaire les aspirations sociétales du temps (femmes, minorités sexuelles, ethniques, religieuses). Il doit faire fi du lien entre histoire et géographie mais se piquer de sociologie, d'anthropologie, voire de psychologie sociale, bienqu'il n'en maîtrise guère les savoirs.
Une vision renouvelée
S'agissant de l'enseignement de 14-18, un tri mémoriel reflète l'historiographie dominante depuis plus de vingt ans: une explication globalisante autour de la notion de «culture de guerre», de la «violence de guerre». Les hommes ont subi une guerre injuste, leur patriotisme a été instrumentalisé par des nationalismes sans scrupule, leur sens du devoir fut dévoyé par l'État-nation, ils en sortiront tous pacifistes, enseigne-t-on. Cette lecture interprétative de la Grande Guerre porte toute l'attention sur les constructions idéologiques des pouvoirs publics de l'époque. Si l'histoire de la Grande Guerre s'est en effet enrichie d'une vision renouvelée de l'événement par une vision depuis le bas, à l'échelle du combattant et du civil, elle en a oublié de transmettre son histoire événementielle. Le conflit est désormais réduit à une seule entrée thématique, celle du carnage pré-totalitaire. Il n'est plus rien d'autre que cela pour une génération d'élèves qui ne peuvent parler que de la boue des tranchées et l'organisation de la cagna, des mutineries de 1917 et de l'horreur des blessures de guerre.
Les ressources officielles qui explicitent les programmes sont accessibles au public (sur le site Eduscol). La guerre de 14-18 est insérée dans un thème, subdivisé en grandes questions, elles-mêmes subdivisées en sujets d'étude! Les thèmes répondent à une problématique purement universitaire. En première, la Grande Guerre s'insère dans le thème «La guerre au XXe siècle» qui demande d'étudier en dix-sept heures guerres mondiales, guerre froide et «nouvelles conflictualités» du présent incluant le terrorisme djihadiste. L'enseignant est prié d'aborderces conflits dans une «perspective dynamique». La Grande Guerre ouvre ainsi la question «Guerres mondiales et espoirs de paix» de neuf heures (évaluations incluses!), ce qui signifie que l'enseignant dispose de moins de trois heures pour la traiter.
«En histoire on n'apprend plus rien, on survole tout»
Afin d'accomplir cet exploit, il faut problématiser à l'extrême cette étude. Ce sera «l'expérience combattante dans une guerre totale». Exit causes de la guerre, chronologie du conflit, cartographie rigoureuse des fronts. Il est écrit dans les instructions officielles: «sans s'attarder sur le détail des événements». On ne doit surtout pas «réduire le thème à une histoire politique ou militaire du XXe siècle», mais se contenter d'une bataille ou d'un personnage (si possible en évitant le général Pétain). Ce qui compte, c'est «l'expérience combattante», donc l'histoire vue sous l'angle du poilu, figure de la victime, et des «populations civiles elles aussi profondément atteintes»(sic). Le professeur doit également établirles liens entre Première et Seconde Guerre mondiale sous «l'anglede la guerre totale».
Logique au regard de l'enseignement du thème qui prévaut dès la troisième:«L'Europe, un théâtre majeur des guerres totales 1914-1945». Les deux conflits se voient rassemblées dans un même descriptif. L'angle européen vise en creux à célébrer la construction européenne - leitmotiv des programmes d'histoire depuis Giscard. Le «fil conducteur» de l'étude doitêtre «la notion de crise». Selon le programme, en effet, la Première Guerre mondiale résulterait d'une succession de crises en tous genres, mais «attention à ne pas développer une vision trop mécanique des choses», préviennent les instructeurs. On ne sait plus où donner de la tête, d'autant qu'il est prescrit dans le même temps «de mettre en place une progression chronologique continue pour ce thème [l'Europe théâtre majeur des guerres totales] mais le concept de crise permet un tri événementiel et une mise en place globale». Comprenne qui peut.
En troisième, la formulation de l'étude de la guerre, «Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale», est quasi identique à la problématique du lycée illustrant la dimension répétitive de cet enseignement et sa triste uniformité intellectuelle. Tout cela s'enseigne en éludant le plus possible la dimension chronologique et politique:«regardez vite la frise… vous avez repéré les cinq dates à retenir?, c'est bon! Passons à l'étude des mutineries.»
La Grande Guerre «n'est alors pas véritablement enseignée pour elle-même, mais replacée dans un temps plus long», comme l'assume l'Inspection générale. C'est bien le sentiment que partagent familles, enseignants et parfois même élèves: cette impression qu'en cours d'histoire on n'apprend plus rien, on survole tout. Plus aucun sujet n'est «enseigné pour lui-même», il est au service d'un projet plus grand que lui, un discours méta-historique, politique, sociologique. De ce discours savant qui a sa place à l'université, il ne reste dans le secondaire que du fumeuxqui décrédibilise la discipline, n'intéresse pas les élèves, car il leur manqueles connaissances factuelles solidespour établir des liens d'intelligence entre des faits qui peuvent être très éloignés dans le temps.
Les enseignants du secondaire se sont ainsi mis à l'itinérance, guidant plus ou moins adroitement leurs élèves sur les chemins d'une histoire scolaire épurée de ses tares: la chronologie etle récit intelligent des faits. Itinéranced'un enseignement-zapping fait d'une succession de pastilles sur lesquelles on discute en cheminant et qu'on oublie à mesure qu'on avance. Vers où allons-nous? On ne sait guère, mais l'essentiel était d'avancer, en troupeaux. On souhaite bon courage à Jean-Michel Blanquer pour y remédier!
* Auteur de  Génération “J'ai le droit”  (Albin Michel, 2018, 240 p., 18 €).

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Barbara Lefebvre


Trois mesures pour mettre fin à l’immigration illégale
Une tribune du think tank, Le Milliénaire
Par William Thay et Florian Gérard-Mercier  - 1 novembre 2018
Des hommes sont contrôlés à la frontière franco-italienne, octobre 2018. SIPA. AP22261755_000002

Une tribune du think tank, Le Millénaire, qui travaille à la refondation du projet politique des Républicains.

L’immigration est un sujet trop essentiel pour ne pas le traiter de manière factuelle, sans hystérie et sans caricature. Le dernier remaniement, avec l’abaissement protocolaire du ministre de l’Intérieur de la 2ème à la 11ème place, démontre pourtant qu’il ne s’agit pas d’une priorité pour Emmanuel Macron, alors même que les questions d’immigration et de sécurité sont redevenues dans les derniers sondages les premières préoccupations des Français.
La France et, plus largement, l’Union européenne (UE) sont mises à l’épreuve d’une pression migratoire sans précédent. L’UE chiffre le nombre de migrants arrivés entre 2015 et 2017 sur son territoire, et qui ne peuvent prétendre à l’asile, à 1,5 million. En France, le nombre de demandeurs d’asile a augmenté de 17% pour la seule année 2017, dépassant ainsi la barre des 100 000. En parallèle, la primo-délivrance des titres de séjour bondit de 13,7 % en 2017, avec 262 000 titres de séjour délivrés, ce qui peut s’expliquer notamment par une forte augmentation des premiers titres de réfugiés et bénéficiaires de la protection subsidiaire (35 825 titres, +56,5% par rapport à 2016). A l’inverse, le nombre d’étrangers reconduits est de 26 000 pour 2017, et le nombre de mesures d’éloignement exécutées était de 18% en 2016. 75 587 étrangers sont donc restés sur notre territoire malgré la mesure d’éloignement prononcée à leur encontre.
A cet égard, force est de constater que les dispositions de la loi asile et immigration votée en août sont totalement insuffisantes. Les ténors de La République en marche ont beau claironner leur « fermeté », nous nous demandons où elle se trouve au milieu de dispositions favorables aux migrants (notamment l’augmentation de la durée de titre de séjour des bénéficiaires de la protection subsidiaire), de mesures proprement hallucinantes (comme l’octroi automatique de l’asile aux frères et sœurs des mineurs réfugiés) et de mesures essentiellement techniques et procédurales (la réduction du délai de traitement de l’asile). Quant à l’augmentation de la durée de séjour en Centre de rétention administrative, l’extension des pouvoirs d’investigation ou le raccourcissement des délais de dépôt des demandes… ce ne sont, très honnêtement, que des rustines sur une jambe de bois. En effet, ces dispositions n’interviennent qu’a posteriori, une fois que le migrant illégal est déjà sur notre territoire. Or, tant qu’il sera possible d’y pénétrer illégalement, et de commencer à s’y installer, l’immigration illégale ne fera que croître, et les morts en mer sur le chemin de l’UE également.
Pour faire face à un enjeu migratoire d’une ampleur sans précédent, ne sont donc à la hauteur ni les ajustements paramétriques et normatifs votés par la majorité, ni l’immigration zéro dont rêve le Front national. En effet, le zéro immigration (y compris qualifiée) nous serait extrêmement dommageable économiquement, et romprait avec notre ADN de pays accueillant envers les étrangers partageant nos valeurs républicaines.
Au contraire, nous estimons nécessaire rien de moins qu’une révolution copernicienne en matière migratoire, traduite dans les faits par une action ferme et résolue aux niveaux nationaux et européens.
La priorité absolue doit être la lutte sans merci contre l’immigration illégale. Il est urgent de rétablir le délit de séjour irrégulier en France, supprimé sans explication par le quinquennat précédent. De même, le respect de nos lois est un principe non négociable : le placement en centre de rétention administrative des étrangers en situation irrégulière, puis leur expulsion, doit redevenir la règle et non l’exception. Malgré ce que nous dit le gouvernement, ce n’est pas du tout sa priorité, et cela le sera encore moins avec M. Castaner à l’Intérieur : l’allongement de la durée maximale de rétention et l’augmentation du taux d’occupation (qui avoisine les 100%) n’ont pas été pris en compte dans le budget 2018. Le budget des Centres de rétention administrative est de 45,8 millions d’euros pour 2018 alors que le budget exécuté en 2016 était de 61,3 millions d’euros pour le placement en rétention de 44 086 personnes. Comment veut-on exécuter cette politique si l’on n’y alloue même pas les moyens budgétaires nécessaires ?
Cependant, la simple application des lois existantes est loin de suffire. Nous devons changer de paradigme. Au lieu de continuer à favoriser l’immigration illégale (en n’expulsant pas les clandestins et en continuant d’offrir des services comme l’Aide médicale d’Etat) au détriment de l’immigration légale (qui nécessite de faire des queues scandaleuses dans nos préfectures pour l’obtention de titres de séjour légal), nous devons faire l’inverse. Trois mesures s’imposent.
Premièrement, les demandeurs d’asile provenant de pays dits « sûrs », comme l’Albanie, ne doivent plus pouvoir déposer leur demande d’asile dans notre pays, mais dans leur pays, au consulat français le plus proche de chez eux. De la même manière, nous devons installer des centres offshore de traitement des demandes d’asile, non seulement dans les camps de réfugiés du Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU, mais aussi et surtout dans les pays d’origine et de transit, de telle sorte que les migrants, d’où qu’ils viennent, n’aient pas besoin de poser le pied sur le territoire européen pour y déposer leur demande d’asile : il ne doit plus y avoir d’excuse à l’entrée de manière illégale sur notre territoire. Les migrants entrant illégalement dans l’UE par bateau ou voie terrestre pourront alors être interceptés et transférés vers ces centres offshore.
Deuxièmement, nous devons nous doter d’un système de gestion de l’immigration légale à la fois simple, efficace, et surtout fiable, à l’instar de l’ensemble des pays développés ayant une politique migratoire où la loi est appliquée. En effet, nous devons bien mieux distinguer entre immigration légale et illégale. Pour cela, il est impératif de créer enfin un véritable statut de résident, avec des cartes de résident à la durée de validité égale à la durée du contrat de travail (ou des études) de l’étranger. De même, il convient de créer un statut de résident permanent, qui pourra être octroyé aux étrangers les plus qualifiés (ex : expatriés de multinationales, scientifiques ou artistes reconnus), qui dispensera l’étranger de devoir renouveler sans cesse son titre de séjour et lui évitera la tentation de demander la nationalité pour de simples questions de droit au séjour. Ce système, amplement prouvé dans des pays comme le Canada ou le Japon, permettra de désengorger les préfectures de manière drastique et permettra à ces dernières de se focaliser sur la répression de l’immigration illégale.
Enfin, nous devons pouvoir éloigner l’intégralité des étrangers en situation irrégulière. En effet, tous les efforts investis dans les politiques des visas, des frontières et de l’asile sont réduits à néant si les déboutés et les migrants ayant  pénétré illégalement sur notre territoire ne sont qu’une petite minorité à être éloignés. Il n’y a pas de gestion possible de l’immigration sans politique de retour efficace pour les illégaux. Le problème est bien connu : les pays d’origine de l’immigration ne délivrent pas suffisamment de laissez-passer consulaires, documents aujourd’hui indispensables à l’éloignement. Face à ce problème ancien, la vieille solution du conditionnement de l’aide au développement de la France à cette délivrance de documents ne sera jamais qu’une solution partielle et peu applicable. Nous devons donc aussi signer des accords avec des pays tiers afin que tous les clandestins ressortissants de pays récalcitrants à leur retour puissent être acheminés vers des centres de rétention construits dans le pays tiers, sur le modèle de l’Australie avec le camp de rétention à Nauru. C’est une solution gagnant-gagnant pour la France (le migrant illégal est expulsé) et pour le pays tiers (le centre de rétention fournit de l’emploi et est assorti d’aides financières), et qui permet de court-circuiter l’assentiment du pays dont l’étranger est ressortissant. De plus, l’éloignement se fait vers un endroit où le migrant sera en parfaite sûreté, nous protégeant ainsi des décisions idéologiques de la CEDH. Cette politique étant fortement dissuasive (comme démontré par l’Australie, première à avoir appliqué cette politique, où le nombre de traversées illégales, et donc le nombre de morts en mer, ont largement baissé), l’effort budgétaire (certes conséquent) ne sera que temporaire, car une fois le système en place, plus personne ne cherchera à venir illégalement sur notre territoire.
Ces trois mesures mettront un terme définitif à l’immigration illégale tout en permettant toujours un accueil des véritables réfugiés (et ce dans de bien meilleures conditions qu’aujourd’hui), et faciliteront grandement la vie des étrangers résidant légalement en France, leur permettant ainsi de mieux s’intégrer.




Oui, l’islam a joué un rôle dans la guerre d’Algérie
Même si les historiens ne se bousculent pas pour en parler
 - 1 novembre 2018
Manifestations du 1er novembre 1961 dans les rues d'Alger. SIPA. 00418369_000007

Les historiens, algériens ou non, ne se bousculent pas pour aborder le sujet. La guerre d’Algérie a pourtant bien eu une dimension religieuse.

Il avait fallu que l’Algérie mit fin au monopartisme, avec la nouvelle Constitution de 1989, pour que l’islamisme devienne visible. Très vite agressivement totalitaire, il préféra la plonger dans une effroyable guerre civile qui fit plus de 200 000 morts selon le président de la République lui-même. En Algérie et plus encore ailleurs, beaucoup s’étonnèrent : mais d’où sortaient donc ces centaines de milliers de barbus en gandoura blanche bien décidés à imposer leur nouvel ordre, d’abord aux femmes et aux intellectuels, et ensuite au reste, par la carotte, le bâton et enfin par la kalachnikov ?!
Pas l’islamisme, l’islam
Les premières réponses furent du registre de la paresse de la pensée. C’était la faute, bien sûr, de l’Iran qui voulait exporter sa révolution khomeyniste. C’était la faute des « Afghans » (plus de 3000 jeunes algériens ayant combattu les Soviétiques dans les années 80 venaient d’en revenir…) ; la faute enfin des Frères musulmans qu’on appelait familièrement « les frérots » : en arabisant totalement son système d’éducation, l’Algérie avait dû importer des milliers d’enseignants, pourchassés dans leurs pays par les nasséristes et les baathistes pour leur activisme islamiste (Egyptiens, Irakiens, Syriens, etc.). Comme il est fréquent dans le monde arabo-musulman, la faute c’est toujours celle des autres. Le mal vient toujours d’ailleurs.
Depuis, des chercheurs algériens ont certes rectifié cette idée en évoquant l’origine religieuse de la violence durant la guerre d’Algérie. Mais ils n’en ont jamais fait l’objet d’une étude spécifique. Ni Mohamed Harbi, pourtant le plus contestataire des historiens algériens de cette période, ni les autres grands historiens français spécialistes de cette période, Guy Pervillé et Gilbert Meynier. Personne n’avait osé mettre les pieds dans le plat, tant la question est tabou, et démontrer que déjà la guerre d’Algérie (1954-1962) avait eu une « dimension » religieuse.
Ce mérite revient à Roger Vétillard, fortement encouragé d’ailleurs par Gilbert Meynier dans cette délicate entreprise. Peut-être parce que cet ancien médecin spécialiste qui a attendu la retraite pour se lancer dans l’étude de la guerre d’Algérie a su profiter de cette liberté de n’être pas historien de profession. Ce qui en retour lui faisait obligation de redoubler de scrupules quant aux sources et à leur traitement. Fort de son savoir médical, il va, tel le sémiologue, aller du symptôme (discours, prises de positions, programmes, etc.) vers la matrice, celle dont il ne faudrait pas montrer le sein, l’islam. Pas l’islamisme, non, simplement l’islam, qui imprègne conscience et inconscient, paroles, gestes et actes. Or  la société algérienne, profondément islamisée depuis 16 siècles est naturellement sculptée par les concepts-clés de la doctrine, et notamment par celui qui règle le rapport à l’autre, le djihad. Il reviendra aux dirigeants nationalistes de l’ALN-FLN, y compris ceux connus pour être des « laïcs », de puiser sans vergogne dans ce fonds sans fond, que ce soit par volonté de manipuler facilement les collectifs ou par opportunisme politique.
L’ennemi est « l’infidèle », la guerre est un « djihad »
Ne dit-on pas « moudjahid », alors que le mot arabe pour « combattant » existe ? « Fidaï » (« fidayine » au pluriel), qui évoque le « sacrifice », pour désigner le terroriste (celui qui en tuant y compris des civils est chargé de provoquer de la terreur) et « chahid »(au pluriel « chouhada ») pour le combattant tué, mais dont la signification littérale est « martyr » (de la religion)…
Des preuves, Roger Vétillard va en convoquer 45. Pas une de moins ! « Précises et vérifiables », comme insiste l’auteur. La déclaration d’indépendance du 1er Novembre 1954 a pour but un Etat souverain, mais « dans le cadre des principes islamiques ». On se jure fidélité sur le Coran. On coupe le nez des déviants pris en flagrant délit. L’homosexuel est puni de la peine de mort, quel que soit son grade (le chef militaire Bachir Chihani en fera l’expérience). L’égorgement n’est pas un acte sauvage pour le combattant, puisque sanctifié par l’islam1. L’ennemi est « l’infidèle », la guerre est un « djihad ». On la mène au cri d’ « Allahou akbar » (Allah est le plus grand). Et ceux qui la font sont des « frères » (« khawa », c’est-à-dire des frères… musulmans). Dans les zones qu’il contrôle, le FLN remplace la juridiction française laïque par la charia.
« L’islam a été le ciment qui nous permit de sceller notre union »
Un des grands dirigeants de la lutte armée, et particulièrement du massacre du 20 août 1955 dans l’est-algérien, Lakhdar Ben Tobbal, avoue dans ses mémoires avoir fait la guerre aux non-musulmans : « Bons ou mauvais, je ne faisais pas de différence ». Un autre dirigeant, Si Abdallah, témoigne : « Nous n’arrivions pas dans une mechta en soldats révolutionnaires mais en combattants de la foi et il est certain que l’islam a été le ciment qui nous permit de sceller notre union… » Même un des dirigeants souvent présenté comme le Saint Just laïque de la révolution et qui sera assassiné par les siens, le Kabyle Abane Ramdane, ne dérogera jamais à l’idéologie dominante qui se veut « arabo-musulmane », et à ce titre signera un texte contre « les berbéristes », destiné à la Fédération de France du FLN. Quant à l’autre chef kabyle, le Colonel Amirouche, très peu savent qu’il adhéra à l’Association des Oulémas (d’où sortiront plus tard les cadres de l’islamisme), qu’il défendit la langue arabe contre le berbère, qu’il s’opposa radicalement aux « berbéristes » (nationalistes qui ne voulaient pas d’une Algérie fondée sur des critères ethniques ou religieux) et qu’il imposa les prières quotidiennes à ses subordonnés dans les maquis.
Aussi, le résultat d’une telle orientation pouvait-il être autre que celui qui s’imposa au moment de l’indépendance et que révéla clairement le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Ben Khedda, trente ans plus tard dans ses mémoires : « En refusant notamment la nationalité algérienne automatique pour un million d’Européens, nous avions prévenu le danger d’une Algérie bicéphale »2 ? Les accords d’Evian du 18 mars 1962 (qui ne furent jamais ratifiés par l’organe suprême du congrès de Tripoli) se refusaient à considérer les non-musulmans comme des Algériens. Diktat imposé par le FLN à la France, en échange de l’autorisation à exploiter le pétrole durant 10 ans. Les non-musulmans ne pouvaient devenir Algériens qu’en en faisant la demande, souvent refusée à des militants de la cause indépendantiste.
L’effacement des non-musulmans
Dans le très officiel Mémorial des Martyrs d’Alger, aucun nom de combattants non-musulmans ne figure. Bien plus, à Ténès on débaptisera la rue Ghenassia en rue de Palestine : cet infirmier juif avait pourtant préféré mourir que fuir l’encerclement de l’armée française, afin de rester près de ses blessés. En 1962, le million de chrétiens et de juifs n’eut d’autre choix que de quitter précipitamment ce qu’ils considéraient comme leur pays. Et pour ceux qui, malgré tout, continuaient à espérer pouvoir rester, on commandita l’assassinat du musicien juif Raymond Leyris, le 22 Juin 1961, puis une année plus tard le massacre de centaines de non-musulmans à Oran, le 5 Juillet 1962, méfait à ce jour non-revendiqué par ses auteurs, et à propos duquel aucun historien algérien n’a encore osé entreprendre une recherche, comme on peut s’en douter.
Des preuves de « la dimension religieuse de la guerre d’Algérie », on pourrait encore en trouver de très nombreuses. Ce qui ne manque pas d’étonner, c’est plutôt le refus des élites algériennes comme européennes d’admettre l’évidence. Et si cela pouvait se comprendre durant la guerre d’indépendance, de leur point de vue (ne pas affaiblir « la révolution »), que dire aujourd’hui, 56 ans plus tard ? Ne serait-ce pas parce que cette stratégie de l’aveuglement rend encore quelques services aux élites dhimmisées en cette époque où les violences de l’islamisme, confinées jusque-là aux pays musulmans, sont en train, depuis plus de deux décennies, de s’exporter, notamment en Europe ?
Le livre de Roger Vétillard, qu’aurait aussi bien pu écrire La Palice, est donc une nouvelle invitation à ôter ses ornières et à nommer les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on souhaiterait les voir. La lecture d’un monde en plein remodelage y gagnerait en lucidité.
Je lui ferai néanmoins une objection : pourquoi avoir repris la thèse de Mohammed Harbi qui attribue aux « ruraux » la responsabilité de l’imprégnation de la religiosité dans le combat libérateur ? Thèse doublement contredite par le fait que l’Association des Oulémas, d’où émergèrent de nombreux dirigeants, fut toujours dirigée par des citadins, à commencer par Ben Badis, et surtout par le fait que la société algérienne profonde, paysanne, resta fidèle à l’islam confrérique3, et ce malgré la stigmatisation et les attaques des nationalistes et de l’Association des Oulémas avant l’indépendance, et des islamistes du FIS-GIA dans les années 90, pour tenter de s’imposer comme unique représentant dans le champ du religieux. Sans succès jusqu’à aujourd’hui. Et à tel point que Bouteflika, changeant le fusil d’épaule, fut contraint de s’en faire des alliés…

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est cinéaste, essayiste, fils d’un communiste pied-noir du Parti communiste algérien.



Nuit de Halloween : des incidents dans plusieurs villes de France
Par Le figaro.fr et AFP agenceMis à jour le 01/11/2018 à 12h38 | Publié le 01/11/2018 à 09h30
La nuit de mercredi à jeudi a été marquée par des incidents un peu partout dans l'Hexagone, notamment à Lyon et dans l'Essonne. «La fête, ce n'est pas la casse. Les policiers ne sont pas des cibles», s'est indigné le ministre de l'Intérieur sur Twitter.
La fête d'Halloween aura été particulièrement agitée cette année. De nombreux incidents ont émaillé la soirée de mercredi à jeudi dans plusieurs villes de France: Lyon, Rennes, Nantes, Metz, Toulouse, Étampes... «La fête, ce n'est pas la casse. Les policiers ne sont pas des cibles», a réagi le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner sur Twitter en fin de matinée. «Nous ne laisserons rien passer. Je salue et soutiens nos forces de sécurité et secours qui étaient mobilisées cette nuit pour notre sécurité».
À Rennes, Ouest France a ainsi relevé «plusieurs feux de poubelles» et le «caillassage d'un bus». À Metz, trois arrêts de bus ont été dégradés et des projectiles ont été lancés sur un bus. À Poitiers, cinq voitures ont été brûlées et deux endommagées dans le quartier Bel-Air, selon La Nouvelle République . À Nantes, France Bleu décompte trois voitures et huit poubelles incendiées, ainsi que trois mineurs interpellés. À Toulouse, La Dépêche du Midi note que deux agents de la police municipale ont été légèrement blessés après l'interpellation de deux individus masqués, qui ont été placés en garde à vue. Plusieurs voitures et poubelles ont également été brûlées.
À Lyon, où des incidents avaient déjà été relevés lors de la soirée d'Halloween en 2016 et en 2017, sept personnes ont été arrêtées près de la place Bellecour où ont eu lieu des «bousculades» et des «jets de projectiles sur la vitrine d'un fleuriste», a indiqué la préfecture, qui a réfuté toute action «organisée». Les identités des sept personnes interpellées n'ont pas été précisées. Vers 23h, les pompiers du Rhône avaient déjà effectué 24 interventions, essentiellement pour des feux de poubelles ou de voitures à Lyon, dans les communes environnantes, ainsi qu'à Givors et Villefranche-sur-Saône. La préfecture a assuré de son côté que «sept» véhicules incendiés avaient été signalés dans le département.
L'Essonne particulièrement touchée
Le département de l'Essonne a été particulièrement touché. À Vigneux-sur-Seine, les policiers ont été victimes d'un caillassage qui n'a heureusement pas fait de blessés. À Étampes, une vingtaine de personnes masquées ont fait irruption dans un magasin Intersport et ont vidé les étalages malgré l'intervention rapide des agents de sécurité et de la police. Quelques suspects ont été interpellés, mais la plupart des voleurs avaient déjà fui avec leur butin, selon Le Parisien .
Des incidents ont également éclaté à Montgeron, où une épicerie a été attaquée par trois jeunes masqués. Les policiers qui poursuivaient l'un d'eux ont été la cible d'un caillassage et une bouteille d'acide a notamment été lancée sur eux, indique le site internet du Parisien . Selon le quotidien, les deux agents ont été légèrement intoxiqués. Le député de l'Essonne et président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a réagi dans un tweet: «En Essonne, à Lyon... les violences se multiplient en cette soirée d'#Halloween! Tous les prétextes sont bons pour la racaille. La France s'ensauvage, l'État reste impuissant.»
L'outre-mer n'a pas été épargné par ces violences: à La Réunion, les autorités ont dû faire face à des incendies de poubelles, de palettes, et de véhicules, jets de projectiles envers les policiers... À Saint-André, des jeunes ont tenté d'entrer de force dans le commissariat, blessant au passage un policier à la hanche. Selon La Première, plus d'une dizaine de jeunes ont été interpellés sur l'île.
Des appels à la «purge» des policiers
Ces derniers jours, des messages sur les réseaux sociaux avaient relayé des appels à la «purge» des policiers le soir d'Halloween. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait demandé mercredi aux préfets «une mobilisation renforcée», après ces appels.
Le jeune Isérois de 19 ans, à l'origine du premier message devenu viral, sera jugé le 28 novembre pour «provocation, non suivie d'effet, au crime ou délit», après son appel à la «purge» le mercredi 31 octobre. Il évoque de son côté «une énorme blague», tout comme le jeune homme de 16 ans interpellé dans le Val-d'Oise pour avoir relayé le mot d'ordre de la «purge» en y ajoutant des règles. L'adolescent a été présenté mercredi devant un juge des enfants et mis en examen.
«Quand on menace de tuer des policiers et des gendarmes, ce n'est pas une blague, ce sont des faits extrêmement graves, et donc j'ai porté plainte», avait réagi Christophe Castaner mercredi. «D'autres (...) ont repris cet appel à la purge. C'est pour ça que j'ai demandé une mobilisation très attentive, renforcée à tous les préfets de France pour que nous puissions avoir une soirée festive, car Halloween est une soirée festive». Ce jeudi, dans son tweet de réaction, le ministre a une nouvelle fois insisté: «La purge, ce n'est pas une blague».
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Bolsonaro, dernier « facho » avant la fin du monde?  - C’était bien le Brésil, c’était bien l'Amazonie
Par Jérôme Leroy  - 1 novembre 2018
Jair Bolsonaro en conférence de presse, 25 octobre 2018. SIPA. 00881721_000003
Fait n°1
Selon le WWF, entre 1970 et 2014, les populations de vertébrés sauvages ont chuté de 60 % au niveau mondial. La dégringolade est encore plus marquée dans les zones tropicales.
ADVERTISING
Fait n°2
L’élection de Jair Bolsonaro achève, si besoin était, de prouver à quel point la démocratie représentative à l’époque du capitalisme assisté par les réseaux sociaux et les fake news est le régime qui évite aux lobbys patronaux ultralibéraux accompagnés par des militaires d’avoir recours aux blindés, comme au Chili en 1973, pour mener leur politique. La démocratie version années 2010, ce sont  les pigeons qui votent pour l’ouverture de la chasse.
Fait n°3 :
Que les Brésiliens jouent à la roulette russe avec leurs libertés, c’est leur droit. Après tout, se laisser convaincre par plus riche que soi que Bolsonaro apportera la sécurité, ça ne concerne que celui qui le fait. Tout le monde peut choisir de débrancher son cerveau et de perdre sa conscience de classe. On remarquera cependant que le Nordeste et l’Etat de Bahia, plein de vrais pauvres, très pauvres, ont, eux au moins,  compris qu’ils allaient prendre cher.
Ils ont voté Haddad à 70% et plus. Ils ont même compris que le Parti des travailleurs (PT), si l’on oublie le storytelling des réseaux sociaux ultraréacs, des milieux patronaux court-termistes et autres néoconservateurs, des paranoïaques du métissage, très présents chez nous aussi,  que le PT, donc, les a sortis de la misère. Et, pour ce faire, dans un pays avec des dizaines de partis à l’Assemblée nationale, a dû arroser des micro-alliés pour parvenir à mener à bien leurs projets éducatifs et sociaux.
Le PT a corrompu, beaucoup plus qu’il n’a été corrompu, et pour la bonne cause. On ne peut pas en dire autant de Temer qui a pustché parlementairement Dilma, la « durona »,torturée en son temps par les grandes admirations de Bolsonaro
Fait n°4
Il est à mettre en rapport avec le fait n°1 : Bolsonaro veut fondre le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement : bref, il veut laisser ses copains de l’agrobizenesse en finir avec l’Amazonie, le poumon vert de l’humanité que Lula et Dilma avaient réussi à préserver, ou tout au moins s’étaient efforcés d’y limiter la casse écologique.
Si je relie le fait n°4 au fait n°1, c’est là le vrai drame, à portée universelle, de l’élection de l’aphasique galonné. On sait tous (tout en ne voulant pas le savoir, dans une démarche typique du déni de ceux atteints d’une maladie incurable) que l’effondrement est imminent. Tous, à part une ultraminorité climatosceptique de ravis de la crèche marchande qui « n’y croient pas », soit parce qu’ils sont vieux, sans enfants et n’en ont plus rien à faire du monde après eux, soit parce qu’ils sont complotistes et qu’ils confondent le GIEC et les Illuminati.
Le drame de l’élection de Bolsonaro, ce n’est même pas qu’il soit facho, c’est qu’il va accélérer encore, en détruisant l’Amazonie, notre arrivée dans l’apocalypse. A ce titre, il est bien de notre temps, celui de la déraison définitive. Ce que remarquait déjà Guy Debord, le Vieux de la Montagne, dans ses Commentaires de 1988: « La pollution des océans et la destruction des forêts équatoriales menacent le renouvellement de l’oxygène de la Terre (…) Le spectacle conclut seulement que c’est sans importance. Il ne veut discuter que sur les dates et les doses. Et en ceci seulement, il parvient à rassurer ; ce qu’un esprit pré-spectaculaire aurait tenu pour impossible. (…) Il est assurément dommage que la société humaine rencontre de si brûlants problèmes au moment où il est devenu matériellement impossible de faire entendre la moindre objection au discours marchand. »

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