Le Frioul-Vénétie julienne
veut instaurer un quota d'étrangers par classe
Par Daoud Boughezala - 23
juillet 2018
Le ministre Matteo Salvini et
Massimiliano Fedriga, président du Frioul-Vénétie julienne. Sipa. Numéro de
reportage : 00866271_000015
Pour garantir la mixité et
éviter les ghettos scolaires, la région Frioul-Vénétie julienne dirigée par la
Ligue veut instaurer un quota d’étrangers (45%) par classe. Il n’en faut pas
plus pour indigner la gauche transalpine qui accuse de racisme des élus prêts à
mettre des bus scolaires à la disposition des enfants d’étrangers. Mise au
point.
Italie: Non, la Ligue ne déscolarise pas les enfants étrangers!
Le Frioul-Vénétie julienne veut instaurer un quota d'étrangers par classe
Par Daoud Boughezala - 23 juillet 2018
Le ministre Matteo Salvini et Massimiliano Fedriga, président du Frioul-Vénétie julienne. Sipa. Numéro de reportage : 00866271_000015
Pour garantir la mixité et éviter les ghettos scolaires, la région Frioul-Vénétie julienne dirigée par la Ligue veut instaurer un quota d’étrangers (45%) par classe. Il n’en faut pas plus pour indigner la gauche transalpine qui accuse de racisme des élus prêts à mettre des bus scolaires à la disposition des enfants d’étrangers. Mise au point.
Il faut le lire pour le croire :
au nord-est de l’Italie, d’affreux, sales et méchants élus xénophobes voudraient
priver d’école les enfants étrangers. C’est du moins ce que rapportent nos
confrères de Marianne, reprenant les accusations du Parti
démocrate (centre-gauche) contre la Ligue. Alors, info ou intox ?
Comme souvent, la vérité est plus
prosaïque – et moins sensationnaliste – que les gros titres de la
presse. Sous l’impulsion de la maire Anna Cisint (Lega), le « modèle
Monfalcone », du nom de cette commune de 36 000 habitants aux environs de
Trieste, a pour projet d’instaurer un plafond d’élèves étrangers par classe de
maternelle : 45%. Soutenue par le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini,
l’initiative inspire le président de la région Frioul-Vénétie julienne
Massimiliano Fedriga, 38 ans, également issu de la Ligue.
« Une limitation des
présences étrangères sert à garantir l’intégration. »
Afin d’éviter les
classes-ghettos, le deuxième parti d’Italie (17% aux dernières élections),
en passe de détrôner dans les sondages son allié gouvernemental le Mouvement 5
étoiles (M5S), entend généraliser la mesure. Pour en comprendre la lettre et l’esprit, le quotidien triestin Il Piccolo donne la
parole aux principaux décisionnaires léghistes. Et le journal local de citer
l’édile Anna Cisint : « Le monde a changé. Une analyse
démographique est nécessaire car si [l’entreprise de chantiers navals, ndlr]
Fincatieri a créé des pics [de main d’oeuvre immigrée] à Monfalcone, nous
devons penser à ce qui se passe ailleurs. Les enfants doivent aller à
l’école et ne pas être ghettoïsés, mais les Italiens ne doivent pas non
plus fuir pour autant. » Honteux, raciste, discriminant ? En
signe de bonne volonté, à l’horizon 2019-2020, la maire se dit prête à affréter
des bus pour répartir gratuitement les enfants étrangers dans les différentes
écoles de la province.
Si bien que la conseillère
régionale responsable de l’éducation Alessia Rosolen (Lega) a entamé un
tour du Frioul-Vénétie julienne et multiplié les consultations d’élus locaux
afin de concilier deux principes potentiellement contradictoires : la
limitation du nombre d’étrangers par classe et le respect de la
Constitution consacrant l’accès à l’éducation. Ainsi, loin d’envisager le
moindre apartheid scolaire, le sénateur frioulan Mario Pittoni
(Lega), chef de la commission de l’éducation, martèle l’argument central
du parti anti-immigration : « Une limitation des présences
étrangères sert à garantir l’intégration. » D’aucuns objecteront
que cette profession de foi républicaine cache une arrière-boutique aux
effluves nauséabonds. C’est oublier les racines lombardes de la Lega,
historiquement plus favorable
aux Africains assimilés à la culture du Nord, qu’aux Napolitains et
autres Italiens méridionaux que Salvini brocardait il y a encore quelques années. Le
bilan très mitigé sur l’immigration de Roberto Maroni, l’ancien ministre de
l’Intérieur léghiste de Berlusconi, adepte des vagues de régularisations/expulsions
à la Pasqua, ne joue pas en faveur de la Ligue. Mais les électeurs ont la
mémoire courte.
La Ligue, populaire mais
diabolisée
Aujourd’hui, si la région
adriatique Frioul-Vénétie julienne, frontalière de la Slovénie, a son lot de
migrants subsahariens que l’on croise dans les rues d’Udine, Pordenone, Gorizia
ou Trieste, la plupart de ceux-ci viennent sans leur famille. Autrement dit,
les écoliers concernés par cette disposition sont majoritairement des enfants
de travailleurs étrangers en situation régulière, n’ayant pas (encore) acquis
la nationalité italienne. Car, malgré les projets du précédent gouvernement
centriste, le jus soli (droit du sol) est resté lettre morte. Et pour cause :
l’opinion échaudée par l’immigration craint tout nouvel appel d’air.
Populaire mais diabolisé par les
syndicats et la gauche morale, le mouvement de Matteo Salvini – à la tête
des régions Frioul, Lombardie, val d’Aoste et allié aux partis de centre-droit
en Sicile, à Molise et en Ligurie – peinera certainement moins à garantir
la mixité scolaire qu’à endiguer le flux des migrants. Car si l’Union
européenne, la Libye, l’Algérie et la Tunisie acceptent l’idée d’un centre de
tri des demandeurs d’asile, aucun Etat ne consent à l’héberger. Plutôt qu’un
Calais chez soi, tous veulent l’enfer chez les autres…
Bref, on peut légitimement
s’étonner des réactions outragées qu’a suscitées la maire de Monfalcone. Après
tout, cette femme de droite n’a rien dit d’autre que les
mères de famille musulmanes de Montpellier qui réclamaient plus de
brassage culturel et ethnique dans les écoles de leurs enfants. S’il est des
vérités difficiles à accepter par temps d’immigration massive, certaines ne
sont-elles admissibles que dans la bouche de femmes voilées ?
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