par Majid Rafizadeh
Traduction du texte original: History Lessons from Years Under Islamism
En Iran, la génération de mon père avait vécu dans un environnement ou le parti islamiste s'était habilement présenté comme pacifique, charitable envers le peuple et totalement désintéressé par les questions de pouvoir. Avant la révolution, la plupart des Iraniens n'imaginaient pas le parti de Khomeiny capable de commettre les atrocités qui sont les siennes aujourd'hui, ni que sa soif de pouvoir serait aussi implacable. Le pays se voyait sur la voie de la démocratie, sans risque de retour à une époque barbare. Même le président américain de l'époque, Jimmy Carter, considérait Khomeiny comme un religieux généreux et bon.
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LES DESSOUS DE LA RÉVOLUTION DE KHOMEINY . . . LE VENDREDI NOIR 07.02.2006 [documents]
Le vendredi 8 septembre 1978 est surnommé le vendredi noir. « C’est le jour où l’armée iranienne a ouvert le feu sur le Peuple. Le 8 septembre est la date officielle du début de la répression du mouvement révolutionnaire islamique par le Chah et son armée ». Cette version très répandue est néanmoins contestée par les Iraniens eux-mêmes, par ceux qui y étaient ce jour-là, par les preuves contradictoires et par de nombreux ouvrages en persan ou en français.
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..............Les dessous de la Révolution de Khomeiny
..............La vérité sur le Vendredi Noir ou la Tuerie de la Place Jaleh
Le 8 septembre 1978, sur la Place Jaleh, des coups de feu ont retenti sans aucune raison apparente et des manifestants mortellement touchés sont tombés à terre.
D’après la version officielle du régime de Khomeiny : l’armée impériale très largement composée par des militaires d’origine modeste et très croyants a ouvert le feu. Des officiers israéliens lui donnaient un coup main, tirant depuis des hélicoptères ! Des arguments qui feraient bondir aujourd’hui et n’ont dérangé personne en 1978. Non seulement les faits et les arguments n’ont pas dérangé les reporters ou les historiens du direct, mais encore le philosophe français Michel Foucault, journaliste occasionnel pour le Nouvel Obs, annonça entre 2000, puis 3000 morts avant d’avancer le chiffre de 4000 et d’annoncer que les manifestants n’avaient aucune crainte à braver la mort, laissant croire qu’il y avait eu un combat acharné. Les faits sont différents de cette version très Péplum.
La Place Jaleh n’a cessé de nourrir l’imaginaire international sur le caractère épouvantable du régime du chah et sa brutalité, et pourtant ceux qui sont morts sur cette place n’ont pas été victimes des balles tirées par les soldats iraniens. Ce sont des balles russes qui ont tué ce jour-là les Iraniens qui manifestaient sur cette petite placette de Téhéran qui ne peut guère accueillir plus de 700 personnes.
Aujourd’hui nous assistons à une flambée de violence en Irak, les hommes d’Al Zarqawi, aidés et équipés par le régime Syrien, sèment la terreur en Irak, lançant des raids meurtriers contre les chiites. Ils tuent les chiites, proches de l’Iran avec le consentement de la république des mollahs. L’objectif étant d’amplifier la crise irakienne, de libaniser l’Irak pour déstabiliser les velléités « démocratiques » et islamiser la situation. Que les chiites tuent les sunnites ou l’inverse, à long terme c’est l’islam politique qui occupera la scène et supplantera les partis laïques, et à court terme, cette situation arrange les affaires d’Al Qaïda et des mollahs.
Cette politique d’utilisation des moyens terroristes pour modifier la donne n’est pas nouvelle. Elle est aujourd’hui mise en œuvre en Irak par les anciens du Hezbollah, eux-mêmes formés dans les camps Libyens ou Palestiniens dans les années 70. L’utilisation du terrorisme contre les cibles amies a été inaugurée en Iran, à la veille de la révolution islamique. Bien avant qu’ils ne prennent le pouvoir, les mollahs se sont laissés convaincre par l’efficacité de cette pratique qui consiste à faire un attentat et à laisser croire qu’il a été perpétré par l’ennemi lui-même : c’est aussi la thèse de Thierry Meyssan, l’ami de Larijani, qui a avancé que ce sont les Américains qui avaient planifié le 11 septembre pour discréditer les musulmans.
Si cet argument (très populaire en France) n’a pas convaincu en raison de ses liens avec le « complot juif », en 1978 en Iran, cette approche a pris au dépourvu la population et le pouvoir car il était inimaginable que la tuerie de la Place Jaleh n’ait pas été une bavure policière. Il y avait eu des morts, une armée et une avalanche d’articles dans la presse internationale pour accabler un régime, celui du Shah. Un régime qui avait réussi l’exploit de mettre d’accord Giscard et Jean Daniel. En 1978, la cause était entendue et personne n’a cru bon de vérifier les détails.
Nous voulons le faire aujourd’hui pour dévoiler un aspect particulier du régime des mollahs : le « faux-attentat » contre soi pour discréditer l’adversaire. Depuis l’avènement du régime des mollahs, l’Iran a connu plusieurs de ces faux-attentats qui ont permis au régime de mettre en place des répressions ciblées contre les auteurs présumés de ces attentats, tantôt d’anciens complices (Radjavi) et tantôt des minorités ethniques (sunnites, juifs etc).
Aujourd’hui, hormis les gens proches du pouvoir, tous les Iraniens savent que les morts de la Place Jaleh sont tombés sous les balles des mercenaires dépêchés en Iran par le plus grand allié arabe des mollahs et le premier hôte de marque de la république islamique : Yasser Arafat. Les universités iraniennes admettent gratuitement les enfants des Fedayins de l’OLP et les hôpitaux iraniens les soignent sans exiger les mêmes sommes faramineuses qu’ils exigent des Iraniens. C’est que le régime des mollahs a une dette à vie envers l’OLP et Yasser Arafat, dette que ce dernier n’a jamais cessé de le leur rappelé. Sans l’apport de l’OLP la révolution n’aurait été victorieuse !
Hormis les gens proches du pouvoir, aucun Iranien n’a de doute sur les évènements de la Place Jaleh où des gens venus manifester en faveur de Khomeiny sont tombés criblés de balles, victimes des mitraillettes de mercenaires payés par Khomeiny lui-même. Insoupçonnable crime qui a discrédité le régime du Chah et coupé les liens qui existaient entre le pouvoir et la rue, rendant toute réconciliation nationale impossible.
C’est une version incroyable, mais le plus incroyable est que cette version est aujourd’hui admise en Iran. Si les Européens continuent encore aujourd’hui à croire que le régime du Chah a versé le sang des Iraniens pour demeurer au pouvoir, les Iraniens pensent au contraire qu’il est tombé car justement, il a refusé de faire couler le sang des Iraniens.
Les Iraniens pensent imperturbablement que le Chah est tombé car il a refusé d’utiliser la force pour mater les intégristes. Les deux points de vue sont radicalement opposés, inconciliables et impliquent des conclusions différentes.
En réalité tout repose sur la tuerie de la Place Jaleh. Les Français connaissent la première version rapportée par le Nouvel Observateur. Les Iraniens eux ont eu accès à de nouveaux éléments publiés par la suite notamment par un certain Emad-Eddin Baghi, qui est tombé en prison pour un article qui faisait allusion à cette affaire et plus généralement aux crimes de la « terrible police secrète du Chah, la Savak ». Nous allons vous exposer les travaux de Baghi.
Baghi est devenu aujourd’hui le « chouchou » du Journal Le Monde qui s’abstient de faire une quelconque allusion aux écrits qui l’avaient envoyé en prison, écrits qui concernent le nombre total de personnes tuées sous le régime du Chah. Car ce nombre (très inférieur à celui communément admis) et le nombre des morts de la Place Jaleh sont à l’épicentre d’un cyclone. Un cyclone qui a modifié de fond en comble le jugement des Iraniens sur le régime du Chah, sur sa « brutalité » et il risque de remettre en cause les mêmes idées préconçues que la presse Européenne répète comme pour justifier son engagement en faveur de Khomeiny.
La vérité sur la tuerie de la Place Jaleh remettra en cause l’intégrité de Jean Daniel et des journalistes qui travaillaient au sein de cet hebdomadaire et qui couvraient les évènements en Iran.
Notre pays a été sacrifié à l’autel des convictions personnelles de quelques-uns qui délibérément ont propagé de fausses nouvelles et continuent de reproduire les mêmes mensonges pour ne pas avoir à avouer qu’ils ont pu se tromper.
Les Iraniens qui vivent tous les jours avec les mollahs ont cherché sous les apparences et connaissent la vérité sur cette affaire sordide qui leur a révélé la vraie nature des mollahs. Le problème est que les Français n’ont jamais eu accès à ces nouveaux éléments, car ces éléments qui innocentent l’ancien régime démentent la première version diffusée par la presse française. En somme les Français ne peuvent que continuer à ignorer la vérité sur la tuerie de la Place Jaleh car les journalistes et le magazine qui ont relaté ces évènements refusent d’admettre leur erreur.
Les révélations de Emad-Eddin Baghi : 2000, 3000, 5000 et finalement 9000 morts ont hanté la Place Jaleh. Une place qui ne pouvait pas contenir plus de 700 personnes. Les rumeurs colportées par les architectes de la révolution islamique ont été finalement démenties de l’intérieur même du régime par Emad-Eddin Baghi.
Ce dernier a causé en 1997 un cataclysme jusqu’au sein des sommets de décision du régime des mollahs et du haut clergé chiite en publiant le résultat de ses recherches sur le nombre des victimes sous le régime du Chah de 1963 à 1979. Les recherches avaient été ordonnées par Khomeiny en 1979 (1963 est la date de la première révolte de Khomeiny contre la libéralisation des femmes et les réformes agraires de la Révolution Blanche - voir ci-dessous).
Les réformes agraires ont ordonné la distribution des terres aux paysans qui vivaient jusqu’à cette date en état de quasi-servage. Les réformes agraires ont mis fin aux pouvoirs conjugués des seigneurs féodaux et du clergé qui dominaient l’assemblée et s’imposaient à tous le plus constitutionnellement possible. Sans l’édit royal, l’émancipation des femmes et les réformes agraires n’auraient pas été envisageables.
Au lendemain de la chute du Chah, Khomeiny, le vengeur du clergé et des seigneurs féodaux, ordonna la création de la « Fondation des Martyrs » avec pour mission d’identifier toutes les victimes de l’ancien régime (nommées pour l’occasion martyrs). Cette fondation qui est devenue un holding et finance le Hamas devait fournir une aide financière aux familles des victimes du Chah (rien avoir avec le Hamas et le budget nécessaire à l’application de la Fatwa contre Rushdie). Des années durant cette Fondation a collecté des noms (des victimes potentielles), et opéré des recoupements et des classements par âge, sexe, niveau d’éducation, profession et adresse.
Les dossiers étaient tenus au secret jusqu’en 1997 et à l’époque, Emad-Eddein Baghi était chercheur et rédacteur au journal de la Fondation : « Yad é Yaran » (Souvenir des Camarades). C’est à cette époque que les travaux ont pris fin et qu’il fut annoncé que les résultats devaient rester secrets et ne seraient jamais publiés.
La raison avancée était que les résultats allaient à l’encontre des chiffres toujours annoncés par Khomeiny et ses successeurs, chiffres qui faisaient état d’un bilan d’au moins 60 000 morts victimes du Chah, sur la période allant de 1963 à 1979. Durant la prise d’otages à l’ambassade américaine à Téhéran, au cours d’un débat au Parlement, on avait même entendu un député dire qu’il ne fallait pas libérer les otages, afin de ne pas insulter la mémoire des 70 000 morts et des 100 000 blessés du régime proaméricain du Chah.
En continuant d’annoncer un si grand nombre de victimes, le régime se donnait le droit de violer les lois et légitimait ainsi ses propres excès. Les mollahs, qui ne manquent pas de capitaux, ont même engagé un personnage interlope nommé Fereydoun Sahebjam, vivant en France et se présente comme journaliste. Il a affirmé en 2004, que dans les dernières années du règne du Chah, au moins une dizaine d’opposants étaient abattus ou pendus chaque jour. Sahebjam n’a trouvé mieux que cette affirmation abracadabrante pour atteindre les 60,000 annoncés. Les travaux de Baghi étaient loin de ces manipulations arithmétiques et savantes …
En 1997, Emad-Eddin Baghi quitta la « Fondation des martyrs » et écrivit deux livres dans lesquels il reprochait au pouvoir et aux autorités de ne pas livrer les résultats, semant ainsi le trouble dans l’esprit du public. Mais les officiels et la presse française continuaient de marteler leurs chiffres grossiers afin de justifier les actions passées.
Baghi était persuadé que l’histoire devait être basée sur des faits objectifs et vérifiables et non sur des rumeurs émanant de l’hystérie collective des manifestations anti-Chah des années 1978-79. Les écrits de Baghi l’expédièrent en prison. Finalement, il est sorti de la prison et aujourd’hui il ne parle plus du nombre incroyablement bas des victimes du régime du Chah, il s’occupe d’une ONG qui vient en aide à tous les prisonniers et évite toute implication dans la vie politique.
Les recherches de Baghi révélaient qu’il y avait eu entre 1963 et 1979 exactement 3164 victimes dont 2781 durant la période de la révolution que l’on qualifiait de « victimes des émeutes armées des années 1978-79 ». Le chiffre est étonnement proche du nombre qui figure dans un article de l’Express (n° 1483 du 14 décembre 1979). On y apprend que les opposants reprochaient au régime du Chah d’avoir arrêté 3164 personnes de 1968 à 1977.
Baghi ne peut pas être soupçonné de sympathie pour le Chah. Il n’y a donc aucun intérêt à douter de ses chiffres. Baghi admettait qu’il y ait pu y avoir un écart d’une dizaine de noms tout au plus sur le total. Si selon la publication clandestine imprimée en Iran, le régime avait jusqu’en 1977, fait exactement le même nombre de victimes que de 1963 à 1979, il y a de toute évidence, des raison de douter de l’existence des 2781 victimes de la guérilla urbaine pour la période 1978-1979. Quoi qu’il en soit, nous découvrirons la vérité dans les archives de la Fondation des Martyrs au lendemain de la chute des mollahs, ces grands amateurs de colorant rouge pour imiter le sang des martyrs et des cercueils vides ou remplis de moutons égorgés pour incriminer le régime et enflammer les foules.
Restons avec les chiffres de la fondation des Martyrs afin de dissiper tout doute sur notre démarche. 3164 – 2781= …,Donc de 1963 à 1978, il y eu environs 383 victimes hors l’assaut de Siahkal.
Il faut se rappeler des caricatures de Wiaz publiées dans le magazine de Jean Daniel (Nouvel Obs) qui attribuait à cette période de 1963-1978 le chiffre de 100 000 morts, certains torturés et tués par le Chah lui-même selon cet hebdomadaire qui publiait n’importe quoi sans vérifier ses sources.
Parmi les 383 morts faits par le « Terrible Savak », la bête noire de la gauche française, il y avait selon Emad-Eddein Baghi : 341 morts en 1971 liés à l’attaque du camp d’entraînement des guérilleros qui s’étaient rendus célèbres en attaquant un poste de gendarmerie dans la petite ville de Siahkal. Les guérilléros avaient attaqué la gendarmerie de Siahkal et massacré des soldats qui y faisaient leur service militaire et ne se savaient pas en guerre contre leurs propres compatriotes. Siahkal est une page noire de l’histoire iranienne : des intégristes payés et armés par des puissances étrangères (Libye, l’URSS, la Chine) attaquent durant la nuit et tuent d’autres Iraniens !
Évidemment Siahkal est un grand moment d’héroïsme révolutionnaire pour les sympathisants de ce genre d’actions. L’armée a finalement trouvé le camp et donné l’assaut. Il y a eu 177 morts durant les combats (probablement autant parmi les soldats iraniens). 91 guérilleros ont été arrêtés et condamnés à mort pour terrorisme et activités anti-iraniennes, 42 d’entre eux sont morts avant l’exécution, des suites de leurs blessures ou durant leur interrogatoire. Baghi en a aussi dénombré 7 qui se sont suicidés et 9 tués lors d’une tentative d’évasion.
Parmi les 341, Baghi a compté 172 Fedayins, 73 Moudjahiddines du Peuple, 38 communistes révolutionnaires, 30 moudjahiddines marxistes, et 28 islamistes. Il a compté aussi 15 guérilleros qu’on n’a pas pu retrouver et qui ne figurent pas au nombre des fusillés, il les a classés comme disparus [1].
À ces 341 de 1971, il a ajouté 5 autres noms, 4 exécutés devant un tribunal militaire pour l’assassinat du Premier ministre Mansour en 1965 et 1 autre, membre de la garde impériale, qui avait ouvert le feu sur la voiture du Chah, toujours en 1965.
Faisons un calcul morbide mais nécessaire :
383 – 341 - 5 = 37 guérilleros qui sont morts en Iran entre l’arrestation de Khomeiny le 5 juin 1963 pour soulèvement armé contre les réformes du Chah et la date du 8 septembre 1978. La plupart des 37 victimes restantes sont tombées à Téhéran ou ses banlieues et dans des échanges de tirs avec les forces de l’ordre au cours des attaques de banques, des prises d’otages, des attentats à l’explosifs ou des attaques contre des ressortissants étrangers résidants en Iran. À 99 % les victimes étaient de sexe masculin.
L’Iran semblait être un laboratoire des alliances entre les communistes prosoviétiques et les islamistes. Les deux ont œuvré pendant plus de 15 ans pour abattre un régime inclassable qui avait réussi à transformer un pays écrasé par le poids de l’Islam et le métamorphoser malgré la mainmise des mollahs sur la société en ce pays dont les ressortissants vous séduisent encore aujourd’hui par leur modernité et leur ouverture.
Durant toutes ces années où il fallait imposer la laïcité pour déraciner le voile et façonner une nouvelle jeunesse, les communistes stalinistes de Toudeh, les islamistes et les islamo-gauchistes et les pseudo-socialistes croyants menés par les disciples de Mossadegh n’ont apporté leur soutien à aucune des réformes et se sont ligués pour aider Khomeiny.
De 1963 à 1978 : 37 terroristes, qui oeuvraient pour imposer un régime islamique ou islamo-marxistes, avaient été appréhendés et abattus au prix de la vie de beaucoup de soldats anonymes dont l’histoire a oublié les noms. 91 autres ont été fusillés après la tuerie de Siahkal.
Très officiellement ; 128 abattus par le « Terrible Savak ». 128 morts lors des situations de guérilla, 128 ersatz de combattants d’Al Qaeda ou du Hamas et non pas 100,000 défenseurs des droits de l’homme torturés de la main du Chah. Si la vérité sur les évènements de la Place Jaleh a du mal à arriver aux oreilles des Français, c’est bien parce que les journalistes qui ont diabolisé le régime du Chah ne peuvent pas avouer qu’ils ont grossi les traits pour des raisons purement idéologiques sans rien connaître de l’histoire de l’Iran, de l’Islam, du chiisme, de la société iranienne écrasée par les mollahs !
Ils doivent admettre qu’ils ont tout mis en œuvre pour abattre une monarchie qui pourtant par son programme était bien plus proche d’eux que du rêve américain. L’Iran n’était pas une démocratie, mais malgré un réseau impressionnant de mosquées et de mollahs, le chah essayait de préparer une société libérée de l’Islam des mosquées, une société éduquée et prospère afin que le temps venu, il puisse transmettre à son fils un royaume peuplé de personnes éduquées capables d’assimiler les libertés démocratiques et de ne pas voter pour un ersatz de Hamas !
Les événements de l’Irak ; les victoires du FIS et du Hamas lui donnent raison à titre posthume. On ne peut pas confondre élections et démocratie. Le Chah se savait condamné par un cancer et il voulait encore plus d’universités pour préparer ce pays aux défis du XXI siècle. Si l’Iran avait eu le temps de passer ce cap de l’émancipation de l’islam par l’instruction, avec une population de plus en plus éduquée, de plus en plus instruite et pro-occidentale, jamais cette révolution islamique n’aurait pu réussir.
En fait, grâce au courage d’Emad-Eddin Baghi qui a publié le résultat des recherches de la Fondation des Martyrs, le Chah d’Iran a été réhabilité et même la Savak. Baghi a soulagé la conscience des Iraniens qui regrettent le temps béni de l’Iran prospère des Pahlavis. Le temps où les fonctionnaires pouvaient partir en préretraite à 45 ans et recevoir une retraite digne de ce nom. Le temps où les ouvriers étaient actionnaires des industries nationales comme les patrons le sont en France.
Le temps où les jeunes faisaient leur service militaire comme instituteurs, infirmières, ingénieurs agronomes pour aider les paysans affranchis du joug de la féodalité et du clergé, les aidant à apprendre à lire, écrire, se soigner et cultiver leurs champs. Un temps où les écoles étaient mixtes et filles et garçons d’Iran apprenaient à vivre ensemble. Un temps béni où les enfants goûtaient gratuitement à 10 h du matin avec du lait frais et des biscuits afin que ceux qui étaient pauvres puissent apprendre sans le ventre qui crie famine. Ce régime n’était pas criminel et il avait pu préserver l’Iran de l’Islamisme et du Stalinisme en faisant le plus petit nombre de victimes parmi ceux qui rêvaient de l’abattre, d’égorger les intellectuels, soumettre la femme, et surtout … s’emparer de ce pays et de l’arme du pétrole pour soumettre l’Europe.
Quelle ingratitude de la part de l’Europe, l’alliée et modèle des Pahlavi. Aujourd’hui, l’Europe en paye le prix … Si on continue de se taire sur la tuerie de la Place Jaleh, c’est bien parce que la Place Jaleh est une tuerie cruelle et son auteur ne peut être que honni et haï…
Et la presse française l’a décidé une fois pour toute, l’auteur est le régime du Chah, ses soldats et le Chah lui-même. Baghi a également rétabli la vérité sur le nombre des morts de cet ignoble crime perpétré par les alliés de Khomeiny pour discréditer le régime du Chah qui était populaire parmi les plus modestes en raison des réformes que nous avons citées.
Revenons à la Place Jaleh. Baghi précise que le nombre des non musulmans tués est trop insignifiant pour être relevé. En fait ces non musulmans étaient des mercenaires à la solde de l’OLP. C’est en tout cas ce qui se dégage à la fois des archives de la Savak, mais aussi des recherches de Baghi.
Car le 8 septembre était la date officielle du début du couvre-feu décidé par le pouvoir : une coïncidence ! Le couvre-feu avait été décidé car la veille des groupes armés de pierres et de matraques avaient dévalé hors des mosquées, brisant les vitres des commerces et des banques, incendiant des voitures et agressant les commerçants. En réalité, l’armée était présente dans la rue depuis l’été car l’Iran impérial et policier ne disposait pas de troupes anti-émeutes !
L’armée était là et avait l’ordre de ne pas répondre aux provocations. Le chah essayait de trouver des compromis pour former un gouvernement centre-gauche afin de préserver la paix sociale et de se montrer attentif aux besoins de la libération politique de l’Iran, même si finalement les événements ont prouvé que les chefs de file de la révolte ne voulaient pas de démocratisation accélérée mais bel et bien une république islamique. La passivité de l’armée était devenue un obstacle pour ceux qui cherchaient le conflit et voulaient l’échec de toute tentative de libération du régime et du glissement progressif ou accéléré vers une société démocratique.
Cette transformation accélérée était le vœu d’un certain nombre de personnes comme Bakhtiar qui avaient fait un constat peu réaliste de la société iranienne et n’avaient pas saisi que l’Iran n’était pas encore parvenu au stade où les laïques pourraient être en nombre supérieur aux croyants ou plus précisément au stade où les croyants laïques pourraient contrer les mollahs et leurs capacités à prêcher la violence. La société iranienne a démontré d’elle-même qu’elle n’avait pas atteint le niveau nécessaire pour assimiler la démocratie et c’est cette révolution qui a encore donné raison au Chah quant à son pronostic et son constat sur l’évolution de la société iranienne.
Les Iraniens avouent aujourd’hui qu’ils se sont trompés et ils regrettent, c’est d’ailleurs une des raisons de la rupture entre les jeunes nés après la révolution et la génération de leurs parents qui ont participé comme figurants à cette révolution voulue par Khomeiny et ses acolytes. Les Iraniens de ma génération qui ont participé à cette révolution veulent bien aujourd’hui reconnaître qu’ils ont été manipulés par la gauche iranienne et les mollahs, et d’ailleurs ils le regrettent sincèrement. Et c’est bien parce qu’ils l’admettent, qu’ils ont du mal à pardonner à ceux qui n’admettent pas leurs erreurs et n’assument pas leur part de responsabilité dans l’avènement de la république islamique et l’avalanche de ses méfaits en Iran et dans le monde.
C’est pour cette raison qu’ils n’accordent aucun crédit aux révolutionnaires repentis, réformateurs ou autres. C’est parce que ces Iraniens ont eux-mêmes accepté d’endosser leur part de responsabilité qu’ils ne peuvent imaginer que des journalistes français, qui ont engagé leurs plumes pour la réussite de cette révolution, continuent à propager des mensonges, juste pour ne pas avouer qu’ils ont pu se « tromper » ou même « être trompés » ! Mais la vérité est ailleurs : on ne peut pas dire la vérité aux Français sur ce qui s’est passé ce 8 septembre sur une petite placette de Téhéran, cette vérité a des répercussions qui vont au-delà de l’Iran, jusqu’en France et concerne des gens respectables.
Place Jaleh : descriptions d’une mise en scène mortelle
Le 4 septembre, pour marquer la fin de la période du Ramadan, les partisans de Khomeiny ont organisé à Téhéran de grandes manifestations et de dizaines de milliers de personnes ont défilé. Deux jours plus tard, on devait interdire tout « rassemblement non autorisé », mais le lendemain, il y eut une autre très grande manifestation pacifique contre le Chah à Téhéran. Sous la pression des chefs militaires, le souverain approuva la proclamation de l’état de siège dans la nuit du 7 au 8 septembre. De nombreuses personnes, dans l'ignorance de ce décret, manifestèrent néanmoins dans la journée, sur la place Jaleh, au centre de Téhéran. [2]
Le 7 septembre, des centaines de milliers d’Iraniens avaient marché dans les rues et parmi eux figuraient toutes les personnalités prorévolutionnaires. En fin de journée, un seul slogan circulait : « demain tous sur la Place Jaleh » ! La place avait été rebaptisée « Place des Martyrs » une semaine avant les évènements par un mollah dont on a perdu la trace après la révolution et qui se faisait appeler Allameh Nouri, il était responsable de la mosquée du quartier et, de cet emplacement, il a coordonné les opérations.
« Demain tous sur la Place Jaleh » ! Evidemment peu des manifestants du 7 septembre ont suivi ce mot d’ordre car ils connaissaient Téhéran, les dimensions de la place, l’existence en son milieu d’un parterre fleuri entouré d’une clôture métallique haute. Il y a peu de place libre et peu de visibilité, ils devinaient que ça allait être un petit rassemblement et qu’il n’y aurait probablement pas de personnalités pour une si petite manifestation sur une place qui n’a aucun prestige ni par sa localisation ni par sa taille. D’ailleurs, si les slogans et l’invitation étaient insistants pour attirer un grand nombre de manifestants le vendredi 8 sur cette petite placette, les courageux lève-tôt qui s’y rendirent n’ont vu aucune personnalité de gauche, ni aucun mollah.
D’ailleurs on ne reconnaît aucune personnalité révolutionnaire qui serait morte ce 8 septembre à Téhéran. La Place était un traquenard tendu par l’équipe tactique Khomeiny qui avait choisi cette place pour sa configuration urbaine, petite place, dégagement difficile, un endroit parfait pour tirer les gens comme des lapins et en tuer un maximum.
Le 8 septembre 1978. Sur la Place Jaleh, des coups de feu ont retenti sans aucune raison apparente et des manifestants mortellement touchés sont tombés à terre. On ne sait pas encore aujourd’hui pourquoi les soldats n’ont pas tiré en lair ou fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule …
Quoi qu’il en soit, dans la foulée, la Télévision d’état plutôt à gauche qui était en grève et de ce fait n’aurait pas pu couvrir cette petite manifestation a diffusé dans l’heure un film reconnu depuis comme un montage de séquences montrant « une intervention militaire » sans aucun lien visuel avec l’urbanisme de la Place Jaleh. On y voit beaucoup de fumée, des soldats portants des uniformes kaki inconnus tirants vers des cibles invisibles, d’autres soldats iraniens inactifs, le fusil au pied et souriants. Un film de montage fait avec des petits bouts mêlant différentes images d’archives, aucun élément urbain identifiable. On y voit des coups de feu et surtout on les entend.
Khomeiny et sa bande ont déclaré que l’armée avait ouvert le feu sur les manifestants faisant plus de 4000 morts. Le régime du Chah annonça, dans un premier temps, 64 morts parmi les manifestants et environ 50 parmi les militaires et les gardiens de la paix, affirmant également que l’examen balistique révélait que les douilles trouvées sur place étaient d’origine russe (alors que les fusils iraniens étaient à l’époque made in USA). C’était un scandale, la stupeur : le régime avait tué des milliers de personnes et publiait des chiffres fantaisistes !
L’affaire se corsa quand le Nouvel Observateur affirma que ses journalistes présents sur les lieux confirmaient le nombre très élevé de victimes, les chiffres allaient crescendo et Foucault évoqua même 9000 morts ! Selon les historiens et l’ensemble des observateurs politiques, ce fut un tournant dans les émeutes qui nous menèrent vers la révolution islamique. Là encore Baghi surprend et révèle que les chiffres ont été gonflés, ne réussissant à dénombrer que 64 morts dont 2 femmes et un nombre insignifiant de « non-iraniens ». Ces chiffres sont beaucoup plus proches de ceux qui ont été annoncés par les services de police qui avaient établi un bilan final de 86 morts et 205 blessés, la plupart étant les gardiens de la paix ou les soldats qui devaient garder les abords de la place.
Les mercenaires Fedayins de Yasser Arafat [3] avaient pris place sur les toitures terrasses des immeubles qui bordent la Place Jaleh et certains d’entre eux s’étaient mêlés à la foule, en costumes de ville ou en uniformes contrefaits. Les Fedayins des toitures ont ouvert le feu sur les manifestants Khomeynistes et en même temps sur les soldats et les policiers. Les coups de feu venaient de la foule et des toitures des immeubles d’autres Fedayins invisibles mais terriblement efficaces tiraient sur la foule.
Quant aux policiers et les soldats, ils ont tenté de disperser la foule par des tirs en l’air, ils ont peut-être trouvé le temps de riposter contre les assaillants. Des Fedayins ont été tués peut-être par des tirs amis ou peut-être par les soldats. Quant aux manifestants et journalistes présents, ils ont associé les coups de feu aux seules personnes armées, c’est-à-dire aux porteurs d’uniformes, policiers ou soldats, sans se douter de l’existence des attaques dissimulées des Fedayins postés sur toits et ceux qui étaient en faux uniformes.
Ceci étant aucun journaliste n’a trouvé la mort ou n’a été blessé, les mercenaires visaient les soldats qui ont dû vite comprendre le subterfuge et surtout les civils pour faire un maximum de victimes. On le sait, ils en ont tué 86 et blessé 205. Très étrangement, les journalistes présents n’ont pas rapporté les faits et n’ont pas cité qu’il y avait parmi les blessés et les morts de nombreux soldats et gardiens de la paix. Etaient-ils vraiment présents sur place le 8 septembre 1978 ?
Si oui comment ont-ils pu confondre une centaine de morts avec 4000 ou 9000 morts ? Aujourd’hui encore, aucun d’entre eux ne remet en cause son récit, ou ne peut expliquer comment 4000 personnes peuvent mourir sur une place qui ne peut en contenir 700 ? Et s’il y avait eu combat héroïque, pourquoi ont-ils omis de citer les morts parmi les militaires ?… Nous ne sommes pas à une contradiction près. Aujourd’hui encore, ils se taisent pour ne pas remettre en cause leur engagement politique qui a sacrifié un peuple et jeté dans la gueule de Khomeiny. Aujourd’hui encore aucun d’entre eux ne cite Baghi et ses travaux.
Il y a là de nombreuses raisons, mais nous iraniens n’en n’avons cure. Peu nous importe la mémoire de Yasser Arafat, la justesse de la cause palestinienne, la fascination de la gauche française pour les mouvements révolutionnaires et les guérilleros hirsutes coupables d’attentats immondes. Peu nous importe Michel Foucault ou Jean Daniel, il faut rétablir la vérité sur la Tuerie de la Place Jaleh. Rétablir la vérité sur les mensonges du Nouvel Obs. Rétablir la vérité sur l’Iran du Chah et l’Iran de Khomeiny.
Ce sont les « crimes » présumés du Chah qui justifieraient le discours selon lequel les Iraniens ne regrettent rien et assument l’héritage de la révolution. Ce sont les mensonges sur la tuerie impardonnable de la Place Jaleh qui alimente encore le débat. Malgré la publication du rapport de Baghi, la presse occidentale continue sa campagne de désinformation sur le régime déchu afin de justifier son aide à la révolution de Khomeiny et sa passivité quand les mollahs passaient par les armes les auteurs présumés de crimes qui n’ont jamais existé.
Le peuple iranien veut effacer cette révolution et il ne peut y parvenir sans l’aide de l’opinion internationale, or l’opinion n’est pas informée et ne peut admettre que les Iraniens pardonnent au Chah. C’est illogique pour les Européens.
Ce sont les chiffres sur le nombre des opposants tués dans le jihad contre le régime du Chah, ce sont la régression de la société iranienne et la vérité sur les évènements de la Place Jaleh qui ont modifié le jugement des Iraniens. Ils l’admettent et veulent tourner la page en assumant leur part de responsabilité. Des journalistes qui ont publié des mensonges refusent d’admettrent leur part de responsabilité et maintiennent notre peuple à l’écart d’un soutien vital, le soutien des Français.
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Le 7 février 1984, Général Gholam-Ali Oveyssi [4], commandant militaire de Téhéran au moment des faits, a été abattu à Paris, rue de Passy. Le soir même la Télévision Française diffusait un documentaire sur le boucher de Téhéran en utilisant le film de montage du massacre du 8 septembre. Nous rendons hommage au Général Gholam-Ali Oveyssi, qui consacra sa vie à défendre l’Iran. Il avait été accusé à tort de cette tuerie montée et réalisée par Khomeiny et ces acolytes (avec l’assistance du Nouvel Observateur).
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Le Chah et la Révolution Islamique
« A l'automne de 1978, il ne lui était plus possible de se servir de l'opposition. S'il devait survivre, ce ne serait qu'en utilisant la force pour rétablir l'ordre dans le pays. Mais il en était devenu incapable et ne prendrait jamais plus d'initiative. À un moment donné, à l'été ou à l'automne de 1978, Mohammad Reza s'est désengagé du conflit, il a décidé qu'il ne permettrait aucune grande effusion de sang ; que, quoi qu'il arrivât, il ne figurerait pas dans l'Histoire comme l'auteur d'un conflit qui pourrait dégénérer en guerre civile. Et il a attendu l'inévitable dénouement. Au début de novembre, lorsque Arnaud de Borchgrave, le correspondant de Newsweek, lui affirma que certains pays le soutiendraient s'il recourait à la force, il se mit à pleurer. Il y avait déjà eu trop de violence, dit-il; il ne serait pas celui qui ferait répandre encore plus de sang. » [5]
Les hésitations du Chah : « Quand la crise iranienne atteignit à la fin de 1978 le point de non-retour, Zbigniew Brzezinski, conseiller de la Sécurité nationale américaine, prit l'habitude de faire à ses associés des exposés sur l'anatomie de la révolution. L'un de ses thèmes fondamentaux était le rapport existant entre la force croissante de la marée révolutionnaire et la fermeté des classes dirigeantes. S'inspirant des travaux d'un historien de Harvard, William Langer, Brzezinski observait qu'au XIXe siècle, les mouvements révolutionnaires européens avaient réussi dans les pays où les dirigeants faisaient concession sur concession et ne tenaient jamais bon contre leurs ennemis. Là où les dirigeants ont agi pour abattre l’opposition révolutionnaire, la révolution a échoué. Il suggérait donc d'utiliser les mêmes méthodes en Iran ». [6]
« Le Chah s'est comporté comme les dirigeants balayés par les révolutions européennes. Au lieu d'affirmer son autorité et d'exiger obéissance de la part de ses sujets, il a reculé, tergiversé, faisant alterner les concessions et les déclarations vigoureuses mais qu'aucun acte ne venait jamais confirmer. Voilà ce qui a été fatal, particulièrement parce que les troubles des dernières années du règne ont été directement causés par le programme de réformes. Par exemple, l'énorme afflux d'argent qui a suivi l'augmentation du prix du pétrole a encouragé Mohammad Reza à entreprendre un programme ambitieux de distribution des richesses. En 1976, l'Iran se dota de logements bon marché, les commerçants du bazar se virent offrir des prêts à intérêt réduit ainsi que les industriels, toute une politique de subsides prit son essor. Ce programme échoua quand le taux de l'inflation dépassa celui des subsides ; le Chah, en 1977, changea à la fois de programme et de Premier ministre, et prit des mesures rigoureuses contre l'inflation. Mais un an plus tard, il fit une nouvelle volte-face avec un nouveau gouvernement, celui de Charif-Emani : une fois de plus, on fit des dépenses somptuaires dans le secteur public, on éleva les salaires, on arrosa de subsides l'industrie alimentaire », écrivent Ledeen et Lewis (Débâcle - page 48).
En effet, l’Iran était le pays idéal pour lancer à grande échelle le projet de la Ceinture Verte de Brzezinski. Si ce dernier avait commencé par la Turquie, les militaires n’auraient fait qu’une bouchée des islamistes. Brzezinski avait conçu ce projet autour du régime du Chah et cherchait à faire d’une pierre deux coups. Le second coup étant la balkanisation de l’Iran pour isoler les zones pétrolières et les régions riches en minerais afin de transformer ce vieux pays en d’immenses territoires servant de réserves aux USA. Et le Chah le gênait en tant que symbole de l’ancienneté historique de ce pays et clef de voûte de son intégrité territoriale.
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Incendie du Cinéma Rex
Un mois avant la Tuerie de la Place Jaleh : Au mois d’août, avec le début du Ramadan, la violence a atteint une nouvelle intensité. Le 10 et le 11, il y eut à Ispahan des chocs brutaux entre les manifestants et les forces de l’ordre au domicile même d’un mollah proche de Khomeiny, après un appel qu’il avait lancé en faveur du renversement de la dynastie Pahlavi et de la création d’un État islamique. Le gouvernement y répondit en faisant entrer ses chars dans la ville et en déclarant l’état de siège, mais ces mesures ont poussé à bout les révolutionnaires et des émeutes intégristes ont éclaté dans tout le pays. Or, l’état de siège à Ispahan (et un jour plus tard dans trois autres villes) n’a été appliqué qu’à contrecœur, ce qui était typique du caractère du Chah, et le 16 le gouverneur militaire d’Ispahan a retiré ses chars. Puis, le 18 août, des incendiaires ont mis le feu au cinéma Rex à Abadan, la ville des ouvriers et cadres du pétrole. 400 cents personnes trouvèrent la mort dans cette incendie criminelle dont on sait aujourd’hui qu’elle a été coordonnée et exécutée par l’actuel Guide suprême, Khamenei. Les mollahs s’emparèrent des prêches pour affirmer que l’incendie était l’œuvre de la Savak afin de briser les liens entre les ouvriers du pétrole qui étaient parmi les plus payés et la monarchie. Ce fut un pas de plus vers la fin de la monarchie. Le pays était en ébullition, et non pas seulement à cause de l’essor croissant de la violence. La situation économique s’aggravait quotidiennement d’une façon qu’on aurait dite calculée pour faire de la population modeste des villes une masse révolutionnaire.
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La Révolution Blanche 1963 & la Révolution Islamique '79
Le 26 Janvier 1963, le Chah décide de faire approuver ses réformes par un référendum populaire, car le Parlement où dominait les seigneurs féodaux et les politiciens à leurs bottes ou proches du clergé ne l’auraient jamais voté. Les réformes allaient trancher les tentacules d’un système qui excluait toute réforme. Ce référendum, le Chah l’appela la Révolution Blanche, une révolution aux accents sociaux sans effusion de sang.
1) Abolition des rapports qui liaient le serf au propriétaire terrien,
2) Nationalisation des forêts dans l'ensemble du pays, 3) Vente des établissements industriels de l'État pour compenser les pertes que la réforme causerait aux propriétaires, 4) Amendement des lois électorales pour permettre l'affranchissement des femmes, 5) Approbation de la participation des travailleurs aux profits des entreprises, 6) la formation d'un corps d'instituteurs pour renforcer l'effort fait en faveur de l'instruction obligatoire des masses. La jeunesse instruite allait remplacer le mollah dans les villages et essayer de couper la superstition et l’obscurantisme à la racine. Des mesures simples et efficaces qui ont mis le feu à la poudre, l’été 1963 sous le commandement d’un obscure prêtre de 63 ans, Khomeiny.
En 1978, les partisans de Khomeiny ont gagné une première étape de la révolution islamique en arrêtant le train des « Réformes du Chah d’Iran » afin d’effacer les acquis de sa « Révolution Blanche » : la guerre contre l’islamisme a commencé en Iran en 1963 et non au lendemain du 11 septembre. Cette guerre a fait 3164 morts parmi l’avant-poste des Talibans et des milliers de morts parmi les partisans anonymes de l’occident et de l’émancipation du joug de l’Islam. Des écrivains iraniens ont été poignardés en plein cœur, des journalistes ont été tués : des militaires sont morts dans l’indifférence de l’occident. L’occident s’est intéressé à nous en 1978 pour appuyer ses propres ennemis.
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[2] Extraits de Débâcle par M. Ledeen & W. Lewis – Albin Michel 1981- Chapitre V – page 163
[3] document en persan.
[5] Extraits de Débâcle par M. Ledeen & W. Lewis – Albin Michel 1981- Chapitre V – page 165
[6] Extraits de Débâcle par M. Ledeen & W. Lewis – Albin Michel 1981- Chapitre V – page 48
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