Les prophètes de malheur sous-estiment la résilience de la 5e économie mondiale
On nous assurait que la victoire du Brexit au référendum ferait chuter le PIB du Royaume-Uni de 3.6 % et provoquerait une hausse du chômage de 500 000 personnes. En réalité, la croissance éco. a accéléré, le taux de chômage a baissé à 4.1 %, le taux le + bas depuis les années 70.
Adam Creighton
Éditorialiste économique
Il est prévu que l’impossible accord avec l’UE de Theresa May, qui devrait laisser le pays sous la coupe des règlements de Bruxelles sans qu’il puisse avoir son mot à dire, affronte la Chambre des Communes après le 14 janvier. Sa fin probable ouvre la voie à une sortie de l’UE sans accord à la fin mars.
Espérons-le.
Vous aussi, vous devez en avoir marre des propos alarmistes des élites économiques libérales au sujet des conséquences prétendument désastreuses d’un Brexit sans accord. Le Royaume-Uni a survécu à l’Invincible Armada, à Napoléon et à Hitler, mais il paraît que s’il quittait une bureaucratie supranationale aux bénéfices douteux, qu’il n’a rejointe qu’en 1973, cela provoquerait la plus grosse récession du siècle.
Qu’importe que les prévisions du ministère des Finances avant le référendum de 2016 se soient révélées fausses de façon sidérante. On nous assurait que la victoire du Brexit au référendum ferait chuter le PIB du Royaume-Uni de – 3.6 % et provoquerait une hausse du chômage d’environ 500 000 personnes. En réalité, la croissance économique a accéléré, et le taux de chômage a baissé à 4.1 %, le taux le plus bas depuis les années 70.
https://www.upr.fr/actualite/france/un-brexit-sans-accord-ne-fait-pas-peur-aux-australiens/
Cela n’empêche nullement la Banque d’Angleterre de revenir maintenant avec des prédictions encore plus terrifiantes, en avançant qu’un Brexit « anarchique » aurait pour résultat un plongeon de – 30 % des prix de l’immobilier et la plus grande récession depuis les années 30.
Les milliers de réfugiés qui sont bloqués à Calais, et qui piaffent d’impatience à l’idée de quitter l’UE pour entrer au Royaume-Uni, ne prêtent pas beaucoup d’attention à ces prophéties.
Les insatisfaits du résultat du référendum de 2016 sur le Brexit – c’est-à-dire, dans leur écrasante majorité, des personnes à hauts revenus employées dans les médias, la finance, les universités et la politique – doivent se ressaisir. La Royaume-Uni est un pays riche, influent, et il forme la 5e plus grosse économie du monde.
Et cela ne changera pas, quoi qu’il arrive après le 29 mars.
Même si quitter l’UE nuit quelque peu à l’économie, le peuple britannique a parlé. La démocratie l’emporte sur la technocratie, ou au moins le devrait. Si quitter l’UE devait finalement écorner d’un petit peu la croissance du PIB britannique, où est le problème ? Si cela devait conduire à réinstaurer quelques contrôles douaniers à la frontière de l’Irlande du Nord jusqu’à ce que de nouveaux arrangements soient mis en place, eh bien qu’il en soit ainsi !
Aucun de ces scénarios ne vaut de contrecarrer le verdict des électeurs britanniques : 52 % ont voté pour la sortie de l’UE.
L’UE est devenue un gouvernement des élites, par les élites, pour les élites.
Ce qui a débuté par quelques accords intergouvernementaux judicieux dans les années 50 s’est transformé en un monstre coûteux, avec très peu de légitimité. Le pourcentage de participation aux élections pour le parlement européen, qui était de 66 % à la fin des années 70, est tombé à 43 % en 2014. Au Royaume-Uni, la participation était de 35 %, ce qui donne à penser que les Britanniques se préoccupent encore moins que les autres d’une organisation qu’ils payent à hauteur d’environ 9 milliards de Livres (16md$AUS) par an.
La libre circulation des personnes au sein de l’UE a rendu la vie plus facile aux Britanniques aisés, qui peuvent papillonner aisément sur le continent. Mais les autres ? En juin dernier, la moyenne réelle des revenus hebdomadaires au Royaume-Uni (490 Livres par semaine, selon le Bureau National des Statistiques) était encore plus basse qu’il y a 12 ans. Et c’est la moyenne, qui est tirée vers le haut par les hauts salaires du secteur des services financiers qui a été renfloué. Pas étonnant que les chiffres de la croissance médiane des salaires soient difficiles à trouver sur le site du gouvernement.
Dans les analyses tendancieuses de la Banque d’Angleterre, aucun des coûts liés au fait de rester dans l’UE n’est jamais pris en compte.
C’était peut-être une belle idée, mais l’UE est en train d’échouer. « L’Union continue d’être minée par une profonde crise existentielle et son avenir est extrêmement incertain », écrit Dani Rodrick, un éminent spécialiste de l’économie des échanges à Harvard, dans son livre Straight talk on Trade (Parlons franchement du commerce, 2017). « Les symptômes sont partout : Brexit, niveaux écrasants du chômage des jeunes en Grèce et en Espagne, dette et stagnation en Italie, montée des mouvements populistes et réaction de rejet de l’immigration et de l’euro ». Rodrick devrait maintenant ajouter une France en ébullition, secouée par les émeutes les plus destructrices et les plus répandues nationalement depuis les années 60, qui visent un président fortement associé à l’UE.
L’idée selon laquelle l’UE serait populaire dans les pays-membres autres que le Royaume-Uni est également discutable. En 2005, presque 55 % des Français ont rejeté un traité constitutionnel qui aurait resserré les liens entre la France et Bruxelles. Le gouvernement français ne s’est pas risqué à poser des questions similaires depuis.
« Les historiens prendront un jour du recul et considèreront l’UE comme une curieuse folie, comparable à l’Union soviétique qui avait été forcée de faire face à la réalité en dispersant les pouvoirs parmi des États séparés… Certains en Europe ont voulu créer un nouvel État artificiel en s’emparant des pouvoirs des États nationaux et en les concentrant au milieu » a déclaré Margaret Thatcher en 1994. Une remarque qui paraît de plus en plus visionnaire.
L’accès libre au marché de l’UE n’est pas tout. Et la part des exportations britanniques destinées à l’UE s’est de toute façon réduite, de 55 % en 2006 à 44 % en 2017, selon la Bibliothèque parlementaire britannique. Ce n’est pas beaucoup plus que les 33 % d’exportations que la Chine achète à l’Australie.
En dehors de l’UE, le Royaume-Uni sera libre de négocier ses propres accords avec des économies à la croissance plus rapide, un avantage que la Banque d’Angleterre et le ministère des Finances ont minimisé.
Quant à l’UE, elle ne pourra pas exercer de discrimination contre le Royaume-Uni, en application des règlements de l’Organisation mondiale du commerce. Elle pourra imposer des droits de douane sur les produits et les services britanniques, mais pas plus qu’elle ne le fait pour d’autres nations, comme pour les États-Unis.
Le Canada a négocié un accord avec l’UE, qui va plus loin que les règlements de l’Organisation mondiale du commerce. Le Royaume-Uni pourrait faire la même chose. En tout cas, il est peu probable que les entreprises européennes qui possèdent des pans entiers de l’industrie automobile britannique veuillent torpiller leurs propres investissements. Le secteur automobile est à lui tout seul le plus gros exportateur du Royaume-Uni à l’Europe.
En 1846, le Royaume-Uni s’est rendu célèbre en abrogeant les Corn Laws, sabrant les prix de l’alimentation pour les gens du commun, et il a prospéré. Peut-être devrait-il faire de nouveau la même chose, réduire drastiquement le prix des produits et services.
[Une telle mesure] aurait davantage de chance de relever les salaires réels que les taxer pour renforcer une bureaucratie bruxelloise.
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