samedi 9 septembre 2017

Actualité islamisme et politique 08.09.2017

Jawad Bendaoud, le logeur des djihadistes du 13 novembre, renvoyé en correctionnelle (08.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 08/09/2017 à 17:47
Jawad Bendaoud, le "logeur" des jihadistes du 13 novembre, a été renvoyé devant le tribunal correctionnel, les juges estimant qu'il savait qu'il hébergeait des auteurs des attentats mais n'avait pas connaissance de leur projet d'attaques futures, a appris aujourd'hui l'AFP de source judiciaire.



Les magistrats instructeurs ont ordonné que Jawad Bendaoud et un de ses proches, Mohamed Soumah, soient jugés pour le délit de "recel de malfaiteurs terroristes". Les deux hommes avaient été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Ce chef est passible de la cour d'assises spéciale, mais le parquet de Paris avait par la suite demandé la requalification des faits.

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Doubs : un gang de mineurs mis en examen (08.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 08/09/2017 à 20:01
Six hommes, dont cinq mineurs âgés de 16 et 17 ans, soupçonnés d'avoir commis une dizaine de cambriolages et de braquages, ont été mis en examen hier à Montbéliard, selon une source policière et judiciaire.

Un des suspects a été placé en détention provisoire, un deuxième dans un centre éducatif fermé et les autres ont été laissés libres sous contrôle judiciaire, a indiqué à l'AFP le parquet de Montbéliard (Doubs).

Ils sont soupçonnés d'avoir participé à deux braquages dans un commerce et chez un particulier, munis d'une arme de poing et d'un couteau, et à une dizaine de cambriolages dans des résidences principales (accompagnés parfois du vol d'un véhicule), ont précisé le parquet et une source policière. Ces faits ont été commis entre avril et août 2017 dans le secteur de Montbéliard.

Le parquet a ouvert une information judiciaire jeudi pour "vols à main armée, tentative de vols et vols", le tout en bande organisée. L'enquête confiée à la sûreté urbaine du commissariat de Montbéliard se poursuit pour déterminer l'implication exacte de chacun des protagonistes, note le parquet.
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Les auteurs des attentats de Catalogne se sont rendus au moins trois fois en France (08.09.2017)

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a révélé jeudi que les islamistes s'étaient pris en photo devant la Tour Eiffel lors de leur passage en France les 11 et 12 août. Arnaud Robin /LE Figaro Magazine

INFO LE FIGARO - On connaissait déjà le voyage des 11 et 12 août en région parisienne de Younes Abouyaaqoub. D'autres investigations permettent d'établir que des membres de la cellule terroriste d'Alcanar seraient venus en France en décembre 2016 et une seconde fois en juillet 2017 à Paris.

Les auteurs des attentats de Catalogne ne se sont pas rendus une seule fois en France. Mais au moins trois fois. On connaissait déjà le voyage des 11 et 12 août en région parisienne de Younes Abouyaaqoub, le chauffeur de la camionnette blanche qui a tué 14 personnes et fait plus de 120 blessés à Barcelone, et d'un de ses complices dans l'Audi qui sera utilisée par les terroristes dans la nuit du 17 au 18 août à Cambrils (Catalogne). Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a révélé jeudi que les islamistes s'étaient même pris en photo devant la Tour Eiffel.

Mais les membres de la cellule de Ripoll, des «primo-terroristes» dont le profil inquiète les services antiterroristes européens, se sont retrouvés dans l'hexagone à deux autres reprises dans des passages très rapides. La première fois, en décembre 2016. La seconde en juillet 2017 à Paris. Ces deux passages, comme le séjour du 11-12 août, posent de nouveau la question des motivations des terroristes.

Une partie des preuves du séjour aoûtien des islamistes a été par ailleurs retrouvée dans les ruines de la maison d'Alcanar (Catalogne) où se trouvait le laboratoire de production d'explosifs. Maison qui a explosé dans la soirée du 16 août en compromettant les plans de massacres aux véhicules piégés. Les terroristes avaient notamment acquis pas moins de 500 litres d'acétone (qui entre dans la composition du TATP, très utilisé par les terroristes islamistes). Dans la maison détruite, les enquêteurs ont retrouvé la facture de l'hôtel de Malakoff, où Abouyaaqoub et son complice ont séjourné. De source espagnole, l'appareil photo acheté à la FNAC et un justificatif d'autoroute française auraient également été retrouvés. À noter que les clichés de la Tour Eiffel auraient été retrouvés dans l'appareil photo. Ce qui peut conduire à une conclusion: les terroristes étaient probablement tenus de justifier leur utilisation des fonds de la cellule terroriste auprès de leur chef.

Le roi du Maroc opéré de l'oeil à Paris (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 21:27
Le roi du Maroc, Mohammed VI, a subi aujourd'hui dans un hôpital parisien une intervention chirurgicale pour une lésion bénigne à l'oeil, a rapporté l'agence de presse MAP (officielle).

Le souverain "présente un ptérygion de l'oeil gauche qui s'étend sur la cornée, et il a été nécessaire de réaliser une exérèse (ablation) complète de celui-ci", indique la MAP. "L'intervention s'est déroulée dans de bonnes conditions" et "le roi se porte bien".

L'opération a eu lieu au centre hospitalier d'Ophtalmologie des Quinze-vingt à Paris, établissement entièrement spécialisé dans la prise en charge des pathologies de l'oeil.

"Un repos d'une durée de 15 jours est nécessaire pour une bonne cicatrisation de l'oeil, en particulier de la cornée", a précisé la MAP, qui cite un communiqué co-signé par le professeur Nordmann, chef de service, et le professeur Abdelaziz Maaouni, médecin personnel du roi.

Le ptérygion est une lésion bénigne sur la membrane superficielle qui tapisse la surface de l'oeil. Il peut nécessiter une intervention chirurgicale s'il obstrue une partie de la vision.

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Villejuif: du TATP découvert dans un appartement (06.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 06/09/2017 à 21:34
Cent grammes de TATP prêt à l'emploi, un explosif artisanal instable, ainsi que du matériel destiné à "conditionner un colis piégé" ont été retrouvés dans un laboratoire clandestin découvert fortuitement mercredi à Villejuif, près de Paris, a-t-on appris de source proche du dossier.

Les enquêteurs ont également retrouvé dix litres de produits chimiques entrant dans la composition de cet explosif artisanal instable, souvent utilisé par l'organisation jihadiste groupe Etat islamique (EI) pour perpétrer des attentats, a ajouté cette même source.

Elle n'a pas précisé quels étaient les "moyens mécaniques et électriques pour conditionner un colis piégé" sur lesquels les policiers ont mis la main. Etaient aussi stockées dans l'appartement des bonbonnes de gaz. La découverte de ce laboratoire a entraîné l'ouverture d'une enquête antiterroriste et l'arrestation de deux hommes.

Les deux hommes âgés de 36 ans et de 47 ans ont été interpellés au Kremlin-Bicêtre, près de Villejuif, vers 14h30, à bord d'un utilitaire, a précisé la source proche du dossier. Dans la camionnette, la police a retrouvé un mortier en bois et une bouteille d'eau oxygénée.

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Bahreïn ne respecte pas ses promesses selon Amnesty (07.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 07/09/2017 à 07:44
Bahreïn n'a pas respecté ses promesses en matière de droits de l'Homme, a affirmé aujourd'hui Amnesty International, accusant ce petit archipel du Golfe d'avoir "considérablement" renforcé au cours de l'année écoulée sa politique répressive contre toute forme d'opposition. "En dépit des promesses répétées des autorités, Bahreïn est au contraire revenu sur les engagements pris en matière de réforme à la suite du soulèvement de 2011", déplore l'ONG dans un rapport.

Amnesty appelle les autorités de Bahreïn à "libérer immédiatement et sans conditions tous les prisonniers de conscience, cesser leurs représailles contre les défenseurs des droits de l'Homme, contre les détracteurs et leurs proches, et revenir sur les décisions" ayant conduit à la dissolution des deux principaux mouvement d'opposition.

Dans le sillage du Printemps arabe, Bahreïn a été le théâtre d'un mouvement de contestation animé par la majorité chiite qui réclame à la dynastie sunnite au pouvoir des réformes politiques et une véritable monarchie constitutionnelle. Le pays est secoué par des manifestations ou accrochages sporadiques depuis lors.

Des centaines de chiites, dont de nombreux opposants, ont été condamnés ces dernières années à de lourdes peines de prison, assorties parfois de déchéances de la nationalité, pour des violences ayant émaillé le mouvement de contestation. Le roi de Bahreïn a approuvé début avril un amendement constitutionnel donnant à la justice militaire la possibilité de juger des civils accusés de "terrorisme".
Amnesty a exhorté les Etats-Unis et le Royaume-Uni, deux grands alliés de Bahreïn, à y condamner la répression. 

Ils transportaient la drogue dans des "torpilles" (07.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 07/09/2017 à 10:50
Aujourd'hui, au tribunal de Nanterre, s'est ouvert le procès d'un réseau de trafiquants de drogue soupçonnés entre autres d'avoir convoyé d'importantes cargaisons de cocaïne, des Antilles jusqu'en métropole, par le biais de "torpilles" arrimées sous la coque de porte-containers. Prévue hier, l'ouverture a été décalée d'une journée suite à une demande de renvoi pour vice de procédure déposée par les avocats des prévenus. Demande rejetée par le tribunal aujourd'hui.
Des mois d'enquêtes policières ont permis de mettre au jour une équipe très organisée, spécialisée dans l'importation de cocaïne et de résine de cannabis. Des heures de filature, de planque, d'innombrables écoutes téléphoniques et des balises GPS placées sur les véhicules de la bande ont permis à la police de faire tomber une organisation bien rodée.

A sa tête, deux hommes: l'un, 32 ans, s'occupait des importations de haschich en provenance du Maroc tandis que l'autre, âgé de 39 ans, assurait l'approvisionnement en cocaïne des Antilles. L'équipe disposait d'importants moyens: faux passeports, téléphones cryptés, véhicules immatriculés par des prête-noms, box et appartements loués dans Paris. Deux membres iront même jusqu'à prendre des cours de pilotage d'hélicoptère, une formation à 80.000 euros réglée en espèce.

La bande ne manquait ni de ressources ni d'imagination. Elle a notamment mis en place un système de transport de cocaïne transatlantique par le biais de "torpilles" fixées à des cargos effectuant la traversée. Les policiers ont vent d'une première opération de ce type en avril 2014. Une écoute lors d'un "go fast" leur révèle qu'une opération est en préparation à Dunkerque pour décrocher une "torpille". Des plongeurs aguerris sont recrutés au prix fort par les trafiquants pour récupérer, à l'aide d'un propulseur sous-marin, la marchandise fixée sous le cargo. Une surveillance est mise en place mais elle est repérée et les policiers ne peuvent intervenir.

En novembre 2014, rebelote. Cette fois-ci la police repère l'équipe de plongeurs en voyage en Guadeloupe. Les enquêteurs identifient rapidement un porte-container en route vers l'Espagne sur lequel ils soupçonnent qu'une torpille a été fixée. Le cargo est dérouté vers Toulon et les policiers découvrent un filet accroché à la coque contenant sept kilos de cocaïne. Déchiré, il s'était vidé de la majeure partie de son contenu.

La véritable saisie interviendra plus tard, en mars 2015 à Dunkerque, au sec cette fois-ci, dans des colis entreposés dans les containers. 120 kilos sont interceptés. Un laboratoire déterminera qu'il s'agit d'un produit similaire à celui saisi à Toulon.

Outre les deux têtes présumées du réseau, onze autres prévenus sont à la barre. Quatre sont en détention provisoires, les neuf autres comparaissent libres. Tous ont jusqu'ici gardé le silence. Six membres du réseau présumé sont toujours en fuite. Le procès doit durer un mois.

Birmanie: l'Iran va aider les Rohingyas (07.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 07/09/2017 à 12:32
Le Croissant-Rouge iranien a déclaré aujourd'hui avoir préparé de l'aide humanitaire pour les musulmans rohingyas ayant fui une campagne de répression des forces de sécurité birmanes, a rapporté un média d'Etat.


"Un programme d'aide d'urgence, de nourriture et d'hygiène a été préparé par le Croissant-Rouge pour être envoyé" en Birmanie, a indiqué le chef de l'organisation Morteza Salimi, dans des propos relayés par l'agence ISNA.

L'aide sera "immédiatement envoyée au peuple opprimé de ce pays si nous obtenons l'autorisation" de la Birmanie, a-t-il ajouté, précisant que cela avait été ordonné par le président iranien Hassan Rohani. Au coeur du conflit, qui a fait plus de 430 morts depuis le 25 août: le sort du million de Rohingyas de Birmanie, dont certains ont pris les armes pour dénoncer le sort fait à cette minorité apatride, sans droits.

Selon l'ONU, plus de 160.000 personnes issues de cette minorité ont depuis fui au Bangladesh voisin. L'ambassadeur d'Iran à l'ONU, Gholam Ali Khoshrou, a fait état de contacts avec plusieurs pays musulmans pour discuter du problème.

"J'ai eu de nombreux contacts avec des ambassadeurs de pays musulmans ces derniers jours et il a été décidé de former un groupe", a-t-il précisé, selon l'agence IRNA. Il a dit espérer que le groupe se rencontre la semaine prochaine à New York à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU.

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Nouvelle découverte de produits pouvant servir à fabriquer du TATP (07.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 07/09/2017 à 13:06
De nouveaux produits chimiques pouvant servir à fabriquer du TATP ont été retrouvés jeudi lors d'une perquisition dans un box dans le Val-de-Marne, dans l'enquête antiterroriste sur le laboratoire de fabrication d'explosifs découvert à Villejuif, a-t-on appris de source proche du dossier.


Quelques litres de produits qui peuvent entrer dans la composition de cet explosif instable, prisé par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), ont été retrouvés à Thiais dans un box du principal suspect, servant de lieu de stockage, a précisé la même source, confirmant une information de LCI. Le laboratoire de Villejuif avait été découvert aujourd'hui et trois personnes ont été arrêtées.

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Damas accuse Israël d'avoir frappé un site militaire sur son territoire (07.09.2017)

La frappe imputée jeudi matin à l'Etat hébreu intervient alors que son armée mène, depuis trois jours, un exercice de grande ampleur simulant une attaque du Hezbollah contre le nord du pays. JALAA MAREY/AFP

Selon plusieurs médias arabes, le site visé serait impliqué dans la production d'armes chimiques ainsi que de missiles longue portée destinés au régime et au Hezbollah.

Correspondant à Jérusalem

L'armée de l'air israélienne a visé dans la nuit de mercredi à jeudi un centre de recherche et de production d'armements situé près de Mesyaf, dans l'ouest de la Syrie, a affirmé dans la matinée le commandement général de l'armée syrienne. La même source a précisé que ces frappes, conduites à 2h42 depuis l'espace aérien libanais, «ont provoqué des dégâts matériels et la mort de deux employés». Selon Yaakov Amidror, ancien conseiller pour la sécurité nationale du premier ministre israélien, «le site est bien connu pour son rôle dans la fabrication d'armes chimiques ainsi que de divers systèmes d'armement.» Les autorités israéliennes ont dans un premier temps refusé de commenter ces accusations. L'armée syrienne a pour sa part mis en garde contre de «sérieuses répercussions pour la sécurité et la stabilité de la région».

L'opération israélienne, si elle a bien eu lieu, est la première du genre depuis que Moscou et Washington ont annoncé le 8 juillet dernier un accord de cessez-le-feu pour le sud de la Syrie. Ce texte a aussitôt été vivement critiqué par les dirigeants israéliens, qui reprochent à ses auteurs de n'avoir tenu aucun compte de leurs préoccupations pourtant maintes fois réaffirmées. L'État hébreu redoute tout particulièrement de voir l'Iran et le Hezbollah s'implanter durablement sur le sol syrien après la fin des combats. Benyamin Nétanyahou s'est récemment rendu à Sotchi pour dire à Vladimir Poutine que son pays n'accepterait pas de voir sa sécurité ainsi menacée. «Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger la sécurité d'Israël», a-t-il déclaré à la veille de ce déplacement.

Un exercice de grande ampleur simulant une attaque du Hezbollah

La politique israélienne a jusqu'à présent consisté à se tenir à l'écart du conflit tout en faisant respecter quelques lignes rouges clairement définies. Près d'une centaine de convois transportant des armes destinées au Hezbollah ou à d'autres groupes pro-iraniens ont été frappés au cours des cinq dernières années, a récemment précisé le général Amir Eshel, chef de l'armée de l'air israélienne. L'État hébreu est aussi intervenu pour répliquer à des tirs de projectile venus de Syrie, ainsi que pour empêcher le Hezbollah de s'implanter le long de la frontière entre Israël et la Syrie.

La frappe imputée jeudi matin à l'État hébreu intervient alors que son armée mène, depuis trois jours, un exercice de grande ampleur simulant une attaque du Hezbollah contre le nord du pays. Les médias israéliens relèvent par ailleurs qu'elle a été conduite vingt-quatre heures tout juste après que l'ONU a accusé le régime syrien d'être à l'origine d'une attaque au gaz sarin menée en avril dernier à Khan Sheikhoun. Yaakov Amidror, l'ancien conseiller pour la sécurité nationale, relève que l'attaque attribuée à l'État hébreu intervient quelques jours après que Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a révélé s'être récemment rendu à Damas pour y rencontrer Bachar el-Assad. «Peut-être a-t-il été décidé lors de cette rencontre que le site de Mesyaf servirait dorénavant à fabriquer des armes pour le Hezbollah, ajoute-t-il. Si tel est le cas, on peut imaginer qu'Israël a voulu marquer clairement son opposition à un tel scénario.»

Le général de réserve Amos Yadlin, qui dirigea le renseignement militaire israélien avant de prendre la tête de l'Institut d'études pour la sécurité nationale, a affirmé jeudi matin sur son compte Twitter que le site visé par l'attaque produit notamment des «missiles de précision». «Il a aussi été impliqué dans la production d'armes chimiques ainsi que de barils d'explosifs qui ont tué des milliers de civils, a-t-il ajouté. S'il s'agit bien d'une frappe israélienne, elle constitue une réponse morale attendue au massacre du peuple syrien. L'attaque envoie aussi trois messages importants. Un: Israël n'autorisera pas la production d'armes stratégiques en Syrie. Deux: Israël compte bien faire respecter ses lignes rouges même si les grandes puissances les ignorent. Trois: la défense antiaérienne russe n'empêchera pas les frappes attribuées à Israël. Maintenant, la priorité est d'empêcher une escalade et de se préparer à une riposte de l'axe Syrie-Iran-Hezbollah - voire à une opposition russe.»

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Un troisième homme arrêté après la découverte d'explosifs à Villejuif (07.09.2017)

VIDÉO - 100 grammes de TATP ont été retrouvés dans un appartement. Selon l'Intérieur, les suspects sont en lien avec le «théâtre irako-syrien».

L'affaire est inhabituelle et encore mystérieuse mais, en ces temps de menace terroriste, les autorités ont pris l'alerte très au sérieux. Mercredi, la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête en flagrance après la découverte, dans un appartement vide de Villejuif (Val-de-Marne), de 100 grammes d'explosif artisanal TATP prêt à l'emploi. L'enquête a été ouverte des chefs d'«association de malfaiteurs terroriste criminelle» et de «détention, transport et fabrication de substances explosives en relation avec une entreprise terroriste et en bande organisée». La section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont été saisies.

Mercredi, deux individus, dont, selon une source policière, le propriétaire de l'appartement, ont été interpellés et placés en garde à vue. Un troisième suspect de 37 ans a été arrêté dans la nuit de mercredi à jeudi. L'enquête, et notamment l'examen de leurs téléphones, a mis en lumière «des liens avec des zones étrangères (...) le théâtre irako-syrien», selon le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.


Chose peu courante en matière antiterroriste, la découverte des substances suspectes a été fortuite. Le syndic de l'immeuble de Villejuif s'était inquiété d'une fuite d'eau dans l'appartement. Par une fenêtre, un plombier, appelé sur les lieux, est tombé sur un spectacle inquiétant: une grande quantité de récipients, des produits chimiques (notamment de l'acétone, de l'eau oxygénée et de l'acide sulfurique), divers outils et des fils électriques. Tous les ingrédients retrouvés sont nécessaires à la confection du TATP (peroxyde d'azote), très utilisé depuis des années par les terroristes islamistes et par le grand banditisme. Des textes en arabe complètent le tableau. L'artisan donne l'alerte. Le laboratoire central de la préfecture de police est mobilisé pour passer les lieux au crible. Mercredi soir, une source policière tenait à préciser que la piste de droit commun n'était pas écartée.

«Le réflexe citoyen»

Dans le même temps, les policiers s'intéressent aux personnes en lien avec l'appartement. Le nom donné par le syndic permet de remonter à une voiture et un avis de recherche est diffusé. Le propriétaire du véhicule et un autre homme présent dans la voiture sont interpellés par des policiers sur la nationale 7, au Kremlin-Bicêtre, non loin de l'appartement de Villejuif. Il s'agit de deux individus, âgés de 36 et 47 ans, qui ne seraient pas connus des services antiterroristes.

Mercredi, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a salué l'action rapide des forces de l'ordre ainsi que «le réflexe citoyen de l'artisan qui a permis, (mercredi) en fin de matinée, l'information rapide des forces de l'ordre de la découverte de produits pouvant servir à la confection d'explosif». L'alerte de Villejuif intervient alors que, depuis un décret du 31 août dernier, les personnes achetant des produits pouvant entrer dans la composition d'explosifs doivent donner leur identité et expliquer ce qu'ils comptent en faire.

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La violente charge de Macron contre les éditorialistes et les intellectuels (08.09.2017)

Emmanuel Macron, ce jeudi, à Athènes. Yorgos Karahalis/AP

LE SCAN POLITIQUE - Le romancier Philippe Besson a suivi de l'intérieur la campagne d'Emmanuel Macron, qu'il raconte dans son ouvrage Un personnage de roman. Le candidat s'y livre sans filtre, notamment sur sa vision des médias et des intellectuels. Décapant.
On a déjà lu et entendu beaucoup de choses sur Macron et son rapport à la presse et à l'«intelligentsia». Pour comprendre la relation de défiance que le chef de l'État entretient avec ceux qu'il considère comme des vestiges de l'«ancien monde», le mieux est certainement de l'écouter parler. Emmanuel Macron a laissé filtrer une partie de son ressentiment, lundi, en s'en prenant directement aux journalistes qui le suivaient pour la rentrée scolaire à Forbach, en Moselle. Morceaux choisis: «Les journalistes ne m'intéressent pas (...) [Ils] ont un problème. Ils s'intéressent trop à eux-mêmes et pas assez au pays».


Mais il faut lire l'ouvrage du romancier Philippe Besson, qui a suivi de l'intérieur la campagne d'Emmanuel Macron, pour prendre l'ampleur de son mépris. Si l'auteur, proche du chef de l'État, a choisi de titrer son récit - dont L'Obs publie les bonnes feuilles - Un personnage de roman (Julliard), les tacles sont bien réels. Contre les éditorialistes, d'abord, qui n'ont pourtant pas fait montre d'une hostilité débordante à l'égard du candidat Macron, mais ont peut-être été frustrés de ne pas pouvoir entrer dans l'intimité du président, comme ils avaient pu le faire avec François Hollande ou Nicolas Sarkozy. «Ils disent à mon sujet: “Il ne veut pas jouer avec nous.” Eh bien non, je ne veux pas jouer avec eux. Franchement, il y en a qui sont à la déontologie ce que Mère Teresa était aux stups. Ils me donnent des leçons de morale alors qu'ils sont dans le copinage et le coquinage depuis des années.»

«Des esprits tristes englués dans l'invective permanente»
Emmanuel Macron au sujet des intellectuels

C'est dit. Macron n'est pas plus tendre à l'égard des «intellectuels-stars» qui remplissent les colonnes des journaux. Les Michel Onfray, Emmanuel Todd ou autres Alain Finkielkraut. «Ils ne m'intéressent pas tellement. Ils sont dans les vieux schémas. Ils regardent avec les yeux d'hier, le monde d'hier. Ils font du bruit avec de vieux instruments. Pour une large part d'entre eux, ça fait longtemps qu'ils n'ont pas produit quelque chose de renversant. Du reste, ils proposent quoi? Ils sont sur leur Aventin. Ils n'aiment pas l'action politique mais vivent de son commentaire. Ils sont devenus des éditorialistes. Des esprits tristes englués dans l'invective permanente. Ce qu'ils détestent, c'est l'idée même d'une réconciliation. Je leur préfère de vrais penseurs. Jürgen Habermas, par exemple. On se situe à un autre niveau.»

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11 attentats déjoués depuis le début de l'année (08.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 08/09/2017 à 14:35
Onze attentats ont été déjoués depuis le début de l'année en France et la menace perdure, a annoncé aujourd'hui le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, lors de l'installation du nouveau Directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Laurent Nuñez. Selon une source proche du dossier, le dernier projet a été déjoué avec l'arrestation la semaine dernière à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) d'un homme voulant s'attaquer aux forces de l'ordre.

Présenté à un juge antiterroriste hier jeudi, il a été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteinte aux personnes" avant d'être placé en détention provisoire, a ajouté une source judiciaire.

"On voit bien l'importance de la menace et l'équilibre qu'il faut rechercher entre sécurité et liberté", a-t-il ajouté, alors que les opposants au projet de loi antiterroriste, qui y voient "l'instauration d'un état d'urgence permanent", appellent à manifester dimanche. Dans ce projet de loi, destiné à prendre le relais au 1er novembre du régime exceptionnel de l'état d'urgence instauré après les attentats djihadistes du 13 novembre 2015 à Paris, figure notamment "le renforcement du positionnement de la DGSI comme principal coordinateur de la lutte contre le terrorisme islamiste".

"Faire face aux autres formes de menaces"

Le ministre a affirmé qu'il souhaitait voir "aboutir prochainement" les réflexions en cours sur l'évolution du dispositif de coordination interne au ministère de l'Intérieur avec la fusion de l'Uclat (l'unité de coordination de la lutte antiterroriste) et de l'Etat-major opérationnel de prévention du terrorisme (Emopt).

"Dans un contexte d'accroissement significatif des moyens, il vous appartiendra de continuer à adapter le profil de vos agents et de veiller à l'évolution constante de vos moyens technologiques", a ajouté le ministre à l'intention de Nuñez, soulignant que les effectifs auront été augmentés de 1.200 agents entre 2013 et 2018, pour atteindre 4.368 personnes.

"Si la lutte contre le terrorisme islamiste constitue évidemment notre principale priorité, la DGSI devra rester active pour faire face aux autres formes de menaces", a ajouté Collomb, faisant notamment référence à l'espionnage ou aux cyberattaques. "Nous sommes pleinement mobilisés aux côtés des préfets", a affirmé Nuñez, se disant conscient des "efforts qu'il va falloir mettre en place en terme de management, d'immobilier, de formation et d'acculturation de nos équipes", composées majoritairement de policiers.

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«Déséquilibrés radicalisés» : le cas d'école de l'agresseur de la tour Eiffel (08.09.2017)



Mis à jour le 08/09/2017 à 19h52 | Publié le 08/09/2017 à 18h33


D.M., 18 ans, qui a bousculé un agent de sécurité en août, hurlant « Allah Akbar » et armé d'un couteau, est schizophrène mais aussi incontestablement radicalisé et dangereux.

Survenue au cœur de l'été, l'attaque avortée de la tour Eiffel a vite été oubliée après les attentats de Levallois-Perret et de Catalogne. Mais, ce jour-là, le pire a probablement été évité de justesse. Et le profil de l'assaillant, déclaré irresponsable de ses actes après avoir déclaré vouloir s'en prendre à des militaires et être en contact avec l'État islamique, pose le problème, probablement insoluble, des malades mentaux radicalisés et susceptibles de passer à l'acte.

Quand, le 5 août, il bouscule, hurlant «Allah Akbar» et armé d'un couteau, un agent de sécurité à un portique avant d'être désarmé par des soldats de «Sentinelle», D.M., 18 ans, est connu pour sa pathologie et sa radicalisation. Ayant grandi en Mauritanie, il arrive en France en 2010. Dès l'enfance, des épisodes violents empêchent une scolarisation normale. En juin 2013, alors qu'il n'est pas encore suivi sur le plan psychiatrique, il menace d'un couteau un «mécréant» dans le métro parisien. Un mois plus tard, il récidive gare du Nord. Il est poursuivi pour ces deux faits.

Le 5 août, jour de l'attaque, il était en permission de sortie et a priori « stabilisé » puisque hospitalisé et suivant son traitement.

Son parcours psychiatrique commence en 2014 avec une hospitalisation d'office. Au cours d'une permission de sortie, il braque une supérette à l'arme blanche et est déclaré irresponsable. L'année 2015 est marquée par plusieurs alertes. En juin, déjà à la tour Eiffel, il attaque des militaires en tentant de s'emparer de l'arme d'un des soldats. Il aurait été, là encore, déclaré irresponsable. Le mois suivant, il se retranche armé dans la salle de bains de son domicile d'où la police doit le déloger. Toujours en juillet, il est poursuivi pour apologie du terrorisme et menaces de mort (il sera condamné en 2016 à quatre mois de prison avec deux ans de sursis et mise à l'épreuve par le tribunal des mineurs de Pontoise). Il est ensuite de nouveau interné. En octobre, il attaque une patiente «mécréante». Il est alors transféré dans une unité pour malades difficiles. Sur place, il aurait salué les attentats du 13 novembre 2015 et tenté d'attaquer un patient après avoir volé un couteau. «Stabilisé» par son traitement, il est renvoyé dans un hôpital psychiatrique «classique» en novembre 2016. Le 5 août, jour de l'attaque, il était en permission de sortie et a priori «stabilisé» puisque hospitalisé et suivant son traitement.

Le 18 août, Gérard Collomb expliquait vouloir, avec le ministère de la Santé, «mobiliser l'ensemble des hôpitaux psychiatriques et les psychiatres libéraux de manière à essayer de parer » la menace

Ce parcours pose à la perfection le casse-tête des «déséquilibrés radicalisés». Car il ne fait aucun doute, pour les spécialistes, que D. M., schizophrène, est bien malade. Mais, «délirant» ou «stabilisé», il est aussi incontestablement radicalisé et dangereux. Comme c'est le cas aujourd'hui d'autres malades mentaux attirés par une cause «exaltante» qui leur donne une justification pour passer à l'acte. Le 18 août, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, expliquait vouloir, avec le ministère de la Santé, «mobiliser l'ensemble des hôpitaux psychiatriques et les psychiatres libéraux de manière à essayer de parer» la menace. Il existe déjà des procédures en la matière: les services antiterroristes travaillent avec les agences régionales de santé, et, depuis des années, les praticiens signalent aux procureurs, comme ils y sont autorisés, des individus dangereux. Mais cette demande de vigilance accrue intervient alors que les moyens manquent de plus en plus. Daniel Zagury, l'un des experts auprès des tribunaux les plus respectés, notait récemment dansLe Figaro (nos éditions du 23 août): «La psychiatrie, du fait des politiques de santé de ces dernières décennies, est exsangue.»

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Des membres d'Emmaüs traversent le détroit de Gibraltar en kayak et à la nage pour les migrants (08.09.2017)

Des dizaines de compagnons de l'association Emmaüs ont prévu samedi de rallier le Maroc depuis l'Espagne. Par ce voyage symbolique, ils entendent rappeler que la libre-circulation figure dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Plusieurs d'entre eux ont déjà vécu cette traversée en tant que migrants.

Ce sont 15 kilomètres très symboliques. Samedi matin, un groupe de 43 compagnons d'Emmaüs devait entamer une traversée à la nage ou en kayak du détroit de Gibraltar depuis le sud de l'Espagne. Objectif: le Maroc, pour interpeller l'opinion publique sur les morts de migrants en Méditerranée et défendre le principe de libre-circulation.

L'opération mobilise 35 kayakistes et 8 nageurs, dont le maire de Grande-Synthe, Damien Carême. Elle est baptisée «Article 13», en référence à l'article de la Déclaration universelle des droits de l'Homme selon lequel «toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays». Une préoccupation historique pour Emmaüs et son fondateur, l'abbé Pierre.


L'initiative émane de deux compagnons d'Emmaüs travaillant sur le terrain, au contact de réfugiés. En 2015, tous deux basés à Saint-Étienne, ils décident de réaliser une action concrète. «On accueillait des gens en très grande difficulté, avec des enfants», se souvient Maria Guerra. À ces situations quotidiennes s'ajoute le naufrage en Méditerranée d'un bateau transportant 700 personnes, et un sentiment d'impuissance.

Les deux compagnons décident de mener une action marquante et symbolique en traversant le détroit de Gibraltar, elle en kayak, lui à la nage. «C'est un lieu emblématique, qui relie deux continents. Beaucoup de personnes le traversent, y ont perdu la vie.» Surtout, emprunter cette voie de 15 kilomètres (voir la carte ci-dessous)permet de souligner l'inégalité du droit à franchir une frontière, un sujet qui les tient à cœur. Maria est espagnole, arrivée en France avec ses parents qui fuyaient le régime franquiste. Son collègue, Alain Gomez, est marocain. «On connaît l'exil. On sait ce que c'est que d'être déracinés. En arrivant en France, j'ai vécu dans un bidonville», raconte-t-elle.


Malgré les conditions difficiles et le terrible mal de mer pour la kayakiste, l'opération est un succès. Les deux volontaires ont approché la réalité des traversées clandestines. Le rapport avec les réfugiés en est changé. «Ça a été extraordinaire. Le fait qu'on ait fait ça pour eux, ça a libéré leur parole. Cette expérience nous a rapprochés», se souvient-elle. L'impact de l'initiative dépasse la communauté de Saint-Étienne. «Qu'on s'implique physiquement, ça a interpellé et ça a attisé la curiosité. Tout d'un coup, on traduisait une réalité», raconte Maria Guerra, devenue depuis directrice générale adjointe d'Emmaüs. À tel point que l'année suivante, lors du sommet mondial d'Emmaüs, l'organisation décide de répéter l'initiative en l'élargissant.

Plusieurs réfugiés participent à l'initiative

Un appel à volontaires est lancé. Le succès est au rendez-vous. «On aurait pu partir à 300 ou 400!», assure Maria Guerra, qui coordonne cette nouvelle traversée. Ils ne seront finalement «que» 43, conditions de sécurité oblige. Issus de différentes régions, tous se sont entraînés pendant un an.


Les participants se sont tous retrouvés dans la ville espagnole de Tarifa en début de semaine, et s'entraînent depuis, en attendant une météo favorable. Malgré les conditions dificiles, le départ avait été fixé à 8 heures, samedi, pour une arrivée sur les côtes marocaines prévue six heures plus tard.

Plusieurs autres actions symboliques ont eu lieu. Une porte a notamment été installée sur la plage espagnole. Ouverte, elle symbolise l'accueil des migrants pour lequel les volontaires se mobilisent. Tous les volontaires se sont également rendus au cimetière de Tarifa, où de nombreux migrants anonymes sont enterrés. «C'était important de leur rendre hommage, ainsi que pour les compagnons qui ont vécu cette traversée», relève Thierry, l'un des participants. Parmi les participants figurent en effet plusieurs réfugiés qui ont gagné l'Europe en traversant la Méditerranée, régularisés depuis. L'un d'eux a effectué la traversée trois fois avant d'obtenir un droit de séjour.

«Comprendre un peu mieux ce qu'ils ont pu vivre»

«La cause m'a parue évidente, j'ai tout de suite suivi», explique Sylvie, 46 ans, qui travaille au sein de la communauté de Vannes dans le Morbihan depuis 2012. Peu sportive, elle s'est préparée à prendre la mer en kayak, samedi. «On côtoie ces gens qui viennent de pays en guerre, qui espèrent se reconstruire». Pour elle, cette traversée, «c'est essayer de comprendre un peu mieux, en toute humilité, ce qu'ils ont pu vivre» et illustrer la différence de droit à circuler. «Nous, nous avons des conditions de sécurité, un médecin. Eux fuient la violence et se trouvent face à cette mer, sans autre choix.» La volontaire y voit aussi une façon de porter une autre réalité. «Il faut réincarner ces personnes qu'on appelle “migrants”, éteindre les peurs». Elle entend «transmettre cette expérience» à son retour. «Si j'arrive à mettre le doute dans une seule tête grâce à cette expérience, ma mission sera réussie.»

Les motivations sont similaires pour Thierry, qui vient du Plessis-Trévise dans le Val-de-Marne et devait traverser le détroit à la nage. Impliqué depuis 13 ans dans cette communauté Emmaüs de région parisienne, ce quinquagénaire sportif vit au quotidien la question de l'accueil des migrants, de plus en plus prégnante au fil des ans. «Ce sont des hommes et des femmes qui ont un nom, un prénom. Les migrants ne migrent pas par plaisir», fait-il valoir, agacé de voir qu'«on n'est pas tous égaux dans la libre-circulation». Sa motivation est née de son expérience au Plessis, qui accueille «40 personnes de 14 nationalités différentes»: «Emmaüs montre que le vivre-ensemble est possible.»


Cette traversée se veut le début d'un mouvement plus large autour de l'article 13. «C'est une forme d'exploit physique, donc ça fait parler. Une action forte permet d'attirer l'attention et d'être relayés», estime Thierry. Le nageur, comme la plupart des autres participants, veut croire à un nouvel élan avec cette initiative.

La démarche est relayée par Emmaüs France, qui a diffusé au début de l'été un clip choc dans ce cadre (visible ci-dessous). Un film racontant toute l'opération sera réalisé. Le maire de Grande-Synthe, qui a rencontré son homologue de Tarifa, prépare également l'organisation d'un rassemblement de toutes les personnes concernées par l'accueil de réfugiés. «Les politiques ont les moyens d'action, mais les citoyens ont aussi un grand pouvoir. Il faut qu'il se réveille», conclut Maria Guerra.

Les membres d'Emmaüs doivent se rassembler samedi soir, après la traversée, pour préparer d'autres actions symboliques.

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Une entreprise sur deux touchée par l'illettrisme et tout le monde (ou presque) s'en fout (08.09.2017)


  • Par   Marc Landré 
  • Mis à jour le 09/09/2017 à 10:02 
  • Publié le 08/09/2017 à 18:00
INFO LE FIGARO - Un sondage inédit, réalisé par CSA Research pour le compte de la délégation interministérielle à la langue française pour la cohésion sociale, indique que ce phénomène touchant 1,5 million de personnes en emploi est sous-estimé et que les correctifs font défaut. Un scandale, surtout à l'ère de la révolution numérique.

Un scandale, une honte, un fléau... L'illettrisme, néologisme inventé en 1981 par ATD Quart-Monde pour qualifier les personnes qui ont été scolarisées en France mais n'ont pas une maîtrise suffisante de la lecture, de l'écriture et du calcul pour être autonomes dans la vie, est plus répandu qu'on ne le croit. Et ce, bien que l'illettrisme a été érigé en grande cause nationale en 2013. Les rares chiffres disponibles, qui remontent au début de la décennie et sont tirés de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme, permettent de simplement effleurer l'ampleur du phénomène: 7% des Français de 15 à 65 ans concernés, soit 2,5 millions de personnes dont 1,5 a un emploi; 10% dans l'agroalimentaire, 8% dans l'agriculture et l'industrie, 5% dans le commerce; 9% des hommes, 6% des femmes et 10% des chômeurs; 53% ont plus de 45 ans et 4% entre 18-25 ans; 90% ne vivent pas dans les quartiers ciblés par la politique de la ville mais en zone rurale...

La question, dérangeante et cruciale, du poids de l'illettrisme en entreprise n'avait jusqu'alors jamais été vraiment posée. En tout cas jusqu'à ce que Thierry Lepaon, l'ex-secrétaire général de la CGT nommé à l'automne 2016 par Manuel Valls délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale, engagé depuis plus de 20 ans dans la lutte contre l'illettrisme, commande une étude au pôle Society de CSA Research pour tenter de mesurer «la perception de l'illettrisme dans le monde du travail». Et ses résultats, que Le Figaro dévoile en exclusivité, font littéralement froid dans le dos et démontrent que l'objectif public de diviser par deux le taux d'illettrisme en France (soit 3,5% en 2025) est loin d'être gagné. «Le phénomène de l'illettrisme a longtemps été ignoré ou occulté», explique dans un entretien au Figaro Thierry Lepaon. Voici les 15 chiffres les plus marquants de la première enquête réalisée sur l'illettrisme dans le travail.

» 51% des organisations interrogées ont déjà été confrontées à des salariés ou des agents qui avaient des difficultés à lire et écrire. Soit la moitié des entreprises et administrations publiques en France! Le taux grimpe même à 68% dans les organisations de 50 employés ou plus, et 67% dans le secteur de l'entretien et nettoyage.

» 57% des répondants jugent que ces difficultés à lire et écrire constituent un risque professionnel pour la santé physique des salariés (68% dans le BTP) et 69% pour leur santé psychologique (82% dans les administrations publiques).

» 27% des organisations sondées jugent que l'absence de compréhension des consignes écrites (23% pour les consignes orales) en français pose régulièrement un problème pour le bon fonctionnement de l'entreprise ou de l'administration.

» 25% des entreprises et administrations publiques jugent que l'utilisation des outils numériques (navigation sur internet, usage de logiciels de base comme le traitement de texte...), de plus en plus régulière et fréquente, y compris pour des métiers peu ou pas qualifiés, pose aussi un problème pour leurs salariés et agents illettrés. Ce taux grimpe même à 48% pour les administrations publiques et 38% dans les seuls Services à la personne.

» Seules 14% des organisations répondantes ont toutefois mis en place des actions de repérage pour détecter les personnes ayant des difficultés à lire et écrire. Sans surprise, le secteur de l'Entretien et du nettoyage est à la pointe de la prévention (45%) et les entreprises de plus de 50 personnes (27%). Pour que les organisations se mobilisent, il faut que les situations se multiplient: 39% des entreprises et administrations publiques concernées à plusieurs reprises ont déployé un processus de repérage en interne.

» Et lorsque des actions de repérage sont lancées, elles le sont dans 83% des cas décidées par la direction de l'entreprise ou de l'administration, la DRH (60%) ou les managers (58%).

» Face à l'ampleur du phénomène, pas moins de 91% des entreprises et administrations considèrent que la lutte contre l'illettrisme est un enjeu important (39% qu'elle doit constituer une priorité à l'avenir et 52% que le sujet est important sans pour autant être une priorité).

» Pourtant, leurs décideurs ne sont que 38% à avoir été sensibilisés à la question de l'illettrisme, avec un gros déficit d'information pour les secteurs de l'agriculture et de l'hôtellerie/restauration (31% et 34%), comme pour les entreprises de moins de 10 salariés (29%). À l'inverse, les plus sensibilisés ont été les dirigeants des entreprises de plus de 50 personnes (58%) et du secteur de l'entretien/nettoyage (53%).

» Seuls 26% des décideurs de ces organisations sont toutefois capables de mesurer à peu près correctement l'ampleur de l'illettrisme dans le monde du travail, en estimant que le phénomène touche plus d'un million de personnes en France. 29%jugent qu'il concerne «quelques milliers» de salariés et agents, et 4% que «c'est marginal».

» Enfin pour 44% des répondants, ce sont les services de ressources humaines, devant les directions d'entreprise ou d'administration (32%) et la médecine du travail (27%), qui devraient intervenir prioritairement pour s'occuper des personnes ayant des difficultés à lire ou à écrire dans leur organisation.

Ces chiffres, inédits et dramatiques, démontrent qu'il reste encore beaucoup de pédagogie à faire et que l'État devrait sans doute mettre un peu plus que 110 millions d'euros par an de crédits pour lutter contre le cancer de l'illettrisme dans le pays, et plus particulièrement dans le monde du travail.

Méthodologie: questionnaire administré par téléphone entre le 21 août et le 1er septembre, auprès d'un échantillon de 600 entreprises privées et administrations publiques (dirigeants, responsable RH, secrétaire de CHSCT et élus) représentatives des secteurs identifiés représentant près de la moitié des personnes actives (Agriculture, Industrie, BTP/Construction, Hôtellerie et restauration, Entretien et nettoyage, Services à la personne, Fonctions publiques territoriale et hospitalière).

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Égypte : le grand sommeil des islamistes (08.09.2017)


Un procès de membres présumés des Frères musulmans se tient dans un amphithéâtre de l'école de police du Caire en mai 2016. - Crédits photo : Mustafa El-Shemy/Anadolu Agency


Mis à jour le 08/09/2017 à 21h04


REPORTAGE - La puissante confrèrie des Frères musulmans est frappée depuis quatre ans par la brutale répression  qui a suivi la chute du président Morsi. Ses adeptes attendent des jours meilleurs pour refaire surface.

Le Caire

Après trois années de séparation, Latifa et Hassan se sont réinstallés ensemble dans la banlieue du Caire*. Ils s'étaient rencontrés en 2010: elle, étudiante européenne venue parfaire sa connaissance de la langue arabe, lui, professeur. «Je ne pouvais plus vivre loin de lui», assure la jeune femme, qui berce sa fille de 8 mois.

À l'été 2013, jeune mariée et un ventre qui s'arrondit de son premier enfant, Latifa quittait pourtant l'Égypte alors que l'armée venait de disperser le sit-in des supporteurs du président déchu Mohamed Morsi à la suite d'un coup d'État mené par Abdel Fattah al-Sissi. «C'était devenu trop dangereux», explique-t-elle. Hassan, membre des Frères musulmans, venait d'échapper à la mort dans ce qu'on considère aujourd'hui comme l'une des plus importantes tueries de l'histoire contemporaine: le massacre de Rabaa. Au moins 817 morts et des dizaines de disparus selon Human Rights Watch.

Une fois la Confrérie devenue la proie de l'homme fort du pays, le couple a été déchiré par la situation politique. Hassan espérait rejoindre sa femme de l'autre côté de la Méditerranée, mais sa demande de visa étant systématiquement refusée, il retrouve Latifa dans de rares lieux de paix de la région, à Amman ou à Tunis, pour garder la flamme de leur union et déclarer les enfants qui naissent de leurs rendez-vous secrets. «On espérait que le coup d'État avorterait. Ça devait durer quelques mois, confie-t-elle mais mon aîné a vu son père trois fois depuis sa naissance, alors, malgré le risque, j'ai décidé de revenir.»

«Les opérations antiterroristes visant les Frères musulmans sont quotidiennes»
Mohamed Ahmed, observateur pour Amnesty International

Dans le quartier excentré où ils ont élu domicile, les époux ne vivent pas reclus comme le mythe voudrait le faire croire mais ont un cercle social restreint. «On a peur évidemment! Ici, personne ne sait qui je suis», explique Hassan. Lui figure sur la liste des responsables de la tentative d'assassinat de l'ancien ministre de l'Intérieur, Mohammed Ibrahim: «Une affaire montée de toutes pièces», assure-t-il. Hassan a été condamné à mort par contumace. «Le jour où on me trouve, c'est fini, dit-il, mais notre situation est la moins mauvaise de toutes, nous sommes chanceux.»

Les organisations de défense des droits de l'homme estiment le nombre de détenus politiques à 60. 000 en Égypte, dont une large majorité de sympathisants de la Confrérie. Parmi eux, «3000 ont des profils importants, le reste, ce sont de simples sympathisants», explique Mohamed Ahmed, observateur pour Amnesty International. Il admet toutefois que son organisation a perdu le fil: «Nous n'avons plus de statistiques sur l'importance de la répression anti-Frères depuis fin 2015.»

Le durcissement des représailles est pourtant visible: «Les opérations antiterroristes visant les Frères musulmans sont quotidiennes. En 2013, cela a commencé par des arrestations de masse et des procès mis en scène avec des accusations très lourdes. Dès 2015, le régime a pratiqué un nouveau type de violences: les disparitions forcées ; et depuis peu émerge un autre phénomène: les exécutions.»

Enlèvements et mises à mort

Amnesty International estime que depuis 2015, plus de 1 700 personnes auraient été enlevées par les forces de sécurité. «Entre mai et juillet, on compte plus de 90 exécutions extrajudiciaires, 61 rien que le mois passé», note aussi l'ECRF, ONG égyptienne spécialisée dans le suivi de ces violations.

Dans un appartement huppé de Zamalek, Abdul Khouddous, la soixante-dizaine tremblotante, nous reçoit dans un séjour plongé dans la pénombre. C'est l'une des seules figures de la Confrérie encore en liberté dans le pays. «Je suis Frère musulman, je l'assume, lâche-t-il. Je peux être arrêté à n'importe quel moment. Si je suis encore en liberté, c'est que je bénéficie d'une certaine protection.» L'homme est membre du Conseil des droits de l'homme mais aussi connu pour ses positions libérales. Petit-fils d'Ihsan Abdul Khouddous et Rosalie Youssef, grands noms de la littérature égyptienne contemporaine et du libéralisme, il a pris ses distances avec l'organisation après l'élection de Morsi. «Le régime utilise tout l'arsenal de répression disponible contre les Frères», s'inquiète-t-il pourtant. Fondateur d'une association de défense de victimes, il évoque l'existence d'un dossier dans lequel il a consigné les photos des personnes exécutées par les forces de sécurité. «Un album de photos de morts, ça sonne bizarre, non? Près de 500 ces quatre dernières années», assure-t-il.

«Tous les jours, le ministère de l'Intérieur publie des communiqués annonçant la mort de supposés éléments violents, les accusant d'avoir attaqué la police ou de préparer des attentats»
L'ECRF

«Je n'ai plus rien à perdre», dit Sara Sabry, l'une des rares à insister pour que son nom soit cité. En mai dernier, son père, Sabry Mohamed Khalil, 56 ans, se volatilisait sur la route entre Le Caire et Alexandrie. Après des jours de silence, il assurait sur WhatsApp «que tout (allait) bien» et demandait à un ami de le rejoindre. Les deux hommes sont apparus sur une liste de personnes tuées dans des affrontements deux jours plus tard. «Tous les jours, le ministère de l'Intérieur publie des communiqués annonçant la mort de supposés éléments violents, les accusant d'avoir attaqué la police ou de préparer des attentats», explique l'ECRF. Si Mohamed était un membre actif de la Confrérie, il n'y avait aucune responsabilité. «C'est une victime banale, ça peut arriver à n'importe qui», assure sa fille.

Face à cette vie intenable, certains ont réussi à s'exiler, la plupart en utilisant les services de passeurs vers le Soudan. Ils sont un nombre notable dans les pays du Golfe et en Europe sans que l'on sache combien ont effectivement quitté le pays. En Turquie, on recense entre 4.000 et 10. 000 Frères. Quelques dizaines de milliers tout au plus sont partis, laissant la très large majorité des 900. 000 membres et 2 millions de sympathisants au total sous le coup de la répression. Des sources bien informées indiquent que certaines figures seraient d'ailleurs sur le point d'obtenir l'asile en Europe.

«Attendez et laissez Allah décider!»

Les grands leaders emprisonnés ou tués, les rescapés en fuite ; sans tête pensante à l'intérieur du pays, ceux qui restent ont adopté une stratégie de repli. Ce que les spécialistes appellent «la mise en veille».«Les Frères musulmans fonctionnaient déjà comme ça sous Moubarak, explique Stéphane Lacroix, chercheur au Centre de recherches internationales et spécialiste de l'islam politique. Il y a toujours eu une culture du secret. Avant 2011, les Frères se préservaient déjà grâce à leurs techniques de clandestinité.»

Aujourd'hui, les Frères musulmans sont complètement désorganisés politiquement, «il n'y a plus de structure de commandement au niveau local, c'est un poulet sans tête», selon le spécialiste, pour qui le mouvement peut continuer à exister malgré la mise en sommeil de sa cellule politique. Difficile à détruire, la culture «frériste» perdure. «Les gens se fréquentent, se marient, se voient pour étudier le Coran. N'importe quelle occasion est potentiellement une réunion des Frères. Il est compliqué pour l'État de contrôler les liens sociaux.»

«Nous n'avons plus aucun contact avec les leaders, ils sont partis et ne nous donnent plus aucune directive, confirme Atamad Fathy Zaghloul, personnalité de la Confrérie et ancienne élue au Parlement. La seule chose qu'on nous dit, c'est “Attendez, laissez Allah décider.”» Certaines des personnes rencontrées reconnaissent d'ailleurs à demi-mot une rancœur contre les dirigeants de la Confrérie, mais aussi contre tous les Égyptiens qui laissent cette répression se dérouler sans broncher. Mais tous ont cette conviction: les Frères ne mourront jamais. «L'Égypte est un pays profondément religieux qui a besoin d'un courant d'islam modéré. Si nous ne prenons pas cette place, quelqu'un d'autre le fera, prophétise Abdul Khouddous. Notre retour est inévitable.»

Pour préserver la sécurité des personnes rencontrées, les noms, pays d'origine et localisation de la majeure partie d'entre eux ont été modifiés.

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Natacha Polony : «Logement, l'insupportable gâchis» (08.09.2017)


Natacha Polony. - Crédits photo : François BOUCHON/Le Figaro


Publié le 08/09/2017 à 15h54


FIGAROVOX/CHRONIQUE - Le libéralisme d'Emmanuel Macron, qui suppose que le marché s'équilibre de lui-même, est pour le moins paradoxal.

«Mesdames et Messieurs les propriétaires, serait-ce un effet de votre bonté que de bien vouloir baisser vos loyers que 5 euros?» La scène n'a pas fini d'attiser les railleries. Pourtant, sur le fond, qui pourrait nier que la politique française du logement est un naufrage? Un naufrage à 40 milliards par an. Il faut n'avoir jamais été étudiant pour ne pas savoir que les bailleurs adaptent leur loyer aux APL, et que les subventions généreusement accordées par l'État nourrissent une bulle immobilière dont la France entière paie les conséquences.

«Nous dépensons beaucoup plus que nos voisins pour une politique totalement inefficace»

Parmi les raisons du marasme français, le coût du logement, qui augmente beaucoup plus vite que les salaires, et grève de plus en plus le budget des ménages. Certains, d'ailleurs, contestent les chiffres de l'Insee, qui évalue les dépenses de logement à 22 % du budget des ménages, estimant que l'Insee masque la perte de pouvoir d'achat des Français provoquée par l'augmentation continue des dépenses contraintes, logement, eau, électricité. L'enjeu est donc crucial. Nous dépensons beaucoup plus que nos voisins pour une politique totalement inefficace.

On peut mettre en avant certaines causes. Une en particulier: la raréfaction des bailleurs institutionnels, ces compagnies d'assurances, par exemple, dont le patrimoine immobilier ancien permettait des loyers modérés. La financiarisation des années 2000, qui a modifié les règles de calcul du bilan de ces entités, les a incitées à vendre leur patrimoine à la découpe, amplifiant la bulle financière. C'est une des explications de la situation ubuesque de l'immobilier français. Mais il en est d'autres dont la déclaration présidentielle prouve à quel point elles n'effleurent pas les grands théoriciens de la «révolution schumpéterienne» et de la «destruction créatrice».

C'est d'ailleurs tout le paradoxe du libéralisme - à la fois économique et philosophique - porté par Emmanuel Macron. Il transparaît dans ce domaine qui, plus que tout autre, touche à l'organisation de la vie humaine. Au cœur de notre rapport à la pierre, à la maison, se trouve une vision du monde. Peut-on «en même temps» rêver de faire baisser les loyers, de désengorger ce marché de l'immobilier et vanter sans cesse l'investissement dans les start-up, la mobilité, le nomadisme? Une société de propriétaires est une société enracinée, attachée à la mémoire que porte la pierre. C'est ce «monde ancien» dont notre président estime à longueur d'interviews qu'il doit s'effacer pour laisser place à la modernité.

Le paradoxe va plus loin encore. Quand on estime, en bon libéral, que le marché s'équilibre de lui-même, et qu'il est, par nature, efficient, parce que la somme des intérêts égoïstes d'individus rationnels conduit à cette efficience (ce qui est la définition même de libéralisme économique), il est pour le moins étrange de prendre soudain conscience que la poursuite de ces intérêts égoïstes conduit les propriétaires à profiter de la moindre faille pour augmenter les loyers, et de les appeler à la décence et à la responsabilité en leur demandant de baisser leurs prix pour contribuer à l'effort collectif.

«Il existe des endroits en France où des logements sont vacants, pendant que l'on bétonne ailleurs avec ferveur en couvrant les paysages de pavillons aux vertus architecturales plus que douteuses»

D'autant que tout cela semble oublier diverses données. Le raisonnement politique qui consiste à déplorer toujours plus l'augmentation des prix de l'immobilier, et à réclamer toujours plus de constructions pour répondre à la demande et faire baisser les prix, laisse de côté un point essentiel: il existe des endroits en France où des logements sont vacants, où le désert gagne, pendant que l'on bétonne ailleurs avec ferveur en couvrant les paysages de pavillons aux vertus architecturales plus que douteuses. Pourquoi? Parce que la question du logement est corrélée à celle de l'aménagement du territoire, et plus largement au modèle économique que nous avons adopté. Les métropoles et les «villes-monde», dont se gargarise Anne Hidalgo, qui concentrent toujours davantage la richesse et les emplois, attirent des populations qu'on oblige donc à se loger aux périphéries, à la fois trop loin du centre pour éviter la voiture mais suffisamment près pour que cet entassement fasse monter les prix. Ajoutons à cela la fragilisation des familles, qui multiplie les foyers monoparentaux, et donc les besoins en logement, et nous avons toute l'équation du problème actuel.

Le libre-échange généralisé, imposé à partir des années 1970 et 1980, a détruit toutes ces petites industries qui, autrefois, faisaient vivre les villes de province et irriguaient les territoires ruraux. Sans une régulation pour rétablir une concurrence non faussée, impossible de relocaliser l'économie, c'est-à-dire de reconstituer des bassins de vie et d'emploi dans des zones où, pourtant, existe un patrimoine immobilier qui fait toute la beauté de la France. Sans une véritable politique d'aménagement du territoire visant à compenser les déséquilibres provoqués par la division mondiale du travail (dont seules profitent des multinationales adeptes du dumping social et fiscal), nous continuerons cette course folle à la concentration, ces constructions accompagnées de leur laideur urbaine, de leurs zones commerciales et de leurs parkings, de leurs gares de banlieue déversant leur flot de salariés écrasés par le poids de leur loyer ou de l'emprunt à rembourser.

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Une maladie du sang pourrait être à l’origine de la légende du vampire (08.09.2017)

Des chercheurs ont identifié l’une des mutations génétiques à l’origine d’une maladie du sang évoquant le vampirisme.

Avoir besoin de sang, ne sortir que la nuit, craindre la lumière… ce sont les caractéristiques du vampire (avant que la saga Twilight ne les fasse scintiller). Mais pas que: ces symptômes évoquent une maladie existante, la protoporphyrie érythropoïétique (PPE). Une équipe franco-américaine a identifié une mutation génétique impliquée dans cette maladie, dans une étude publiée dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

Teint blanc, besoin de sang, sensibilité à la lumière… tout y est

Les porphyries constituent un groupe de huit maladies héréditaires du sang, qui se présentent sous des formes différentes. Elles ont en commun d’être des défauts du processus de fabrication de l’heme, qui permet de fixer le fer dans l’hémoglobine (la protéine qui transporte l’oxygène). C’est la liaison entre l’heme et le fer qui donne au sang sa couleur écarlate.

L’une de ces porphyries pourrait être responsable du mythe du vampire: la protoporphyrie érythropoïétique (PPE). Cette maladie est la porphyrie la plus courante, commençant durant l’enfance. «Les personnes atteintes de PPE ont une anémie chronique, ce qui les rend très fatigués et très pâles», commente le Dr Barry Paw, l’un des auteurs principaux.

La peau des malades devient très sensible à la lumière. Pas au point de les transformer en tas de cendres, mais tout de même: «Même un jour nuageux, il y a suffisamment d’UV pour provoquer chez les malades des cloques et une défiguration des parties exposées, comme le nez et les oreilles.»

«Même un jour nuageux, il y a suffisamment d’UV pour provoquer chez les malades des cloques et une défiguration des parties exposées.»
Dr Barry Paw, de la division hématologie/oncologie du Boston Children’s Hospital

Les recommandations? Rester à l’intérieur pendant la journée, et recevoir des transfusions sanguines riches en heme, pour limiter les symptômes. Il est possible qu’à une époque, boire du sang animal et sortir uniquement la nuit aient servi de traitement à cette maladie et auraient pu participer à la légende des vampires.

Mécanisme de la maladie: comment devient-on un vampire?

L’heme est le fruit d’un processus qui a lieu principalement dans le foie et la moelle osseuse. Durant celui-ci, des composants appelés protoporphyrines vont être transformés en heme. Des causes génétiques peuvent rendre ce processus défectueux dans plusieurs de ses points clefs, provoquant l’accumulation de ces protoporphyrines. Dans le cas de la PPE, c’est la protoporphyrine IX s’accumule dans le sang, et parfois le foie.

Or, quand la protoporphyrine IX est exposée à la lumière, elle produit des composés chimiques qui endommagent les cellules environnantes. La conséquence: des gonflements, des douleurs très fortes, une rougeur de la peau, voire des cloques après exposition au soleil, même protégé derrière la vitre d’une fenêtre.

Si certaines causes génétiques avaient d’ores et déjà été découvertes, certains cas de PPE restaient inexpliqués. Grâce à un séquençage génétique de membres d’une famille du nord de la France avec une PPE de ce type, l’équipe de Paw a découvert la cause: une mutation d’un gène appelé CLPX.
Les chercheurs espèrent que la découverte de la mutation permettra peut-être de trouver des moyens de la corriger.

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Licenciés pour leur barbe, ils saisissent les prud'hommes (07.09.2017)


Quatre ex-agents de sûreté d'Orly contestaient jeudi, devant le conseil des prud'hommes de Bobigny, leur licenciement. - Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro


Mis à jour le 07/09/2017 à 21h21


Attaquée par quatre de ses agents de sûreté qui travaillaient à Orly, la société Securitas se défend de toute islamophobie.

Peut-on être licencié pour une barbe jugée trop longue? Quatre ex-agents de sûreté d'Orly, employés par l'entreprise Securitas, contestaient jeudi, devant le conseil des prud'hommes de Bobigny, leur licenciement. Leur «faute grave»? Avoir refusé de se raser, parce que «cela portait atteinte à leur liberté religieuse». Un cinquième, licencié pour «inaptitude physique», s'était joint à eux.

«Leur comportement n'a pas changé d'un pouce : c'est la société qui a changé, le regard sur eux. Mais ce n'est pas un motif de licenciement !»
Éric Moutet, avocat des demandeurs

«Le dossier commence moins d'une semaine après les attentats du 13 novembre 2015», explique à l'audience Me Éric Moutet, avocat des demandeurs. L'entreprise de sécurité convoque une vingtaine d'agents de l'aéroport, pour leur demander de raccourcir leur barbe. Certains se plient à l'injonction. Les quatre agents, tous en poste depuis une dizaine d'années, refusent. Ils «n'avaient jamais essuyé la moindre réflexion liée à leur pilosité jusqu'à cet épisode, souligne l'avocat. Leur barbe n'a pourtant pas poussé en une nuit!» Chargés de contrôler les passagers, tous bénéficiaient d'un double agrément délivré par le préfet et par le procureur de la République pour travailler en «zone réservée». «L'autorisation qui leur a été délivrée n'a jamais été remise en cause, martèle Me Moutet. Leur comportement n'a pas changé d'un pouce: c'est la société qui a changé, le regard sur eux. Mais ce n'est pas un motif de licenciement!»

«On a fait des efforts, mais cela n'a jamais suffi!»

Après l'audience, les cinq salariés licenciés confirment: «Suite aux convocations, on a fait des efforts, on a taillé notre barbe, mais cela n'a jamais suffi!, déplore l'un d'eux. Est-ce qu'elle est longue, ma barbe? Elle fait maximum 6 cm, et elle était plus courte en 2015.» Aucun n'a retrouvé de «travail fixe». Sauf l'un d'eux, trentenaire au court collier de barbe, agent de piste en CDD, à qui sa nouvelle entreprise a dit, jure-t-il, qu'il «pouvait avoir la barbe longue jusqu'au bide s'(il) le voulait».

« La société a toujours disposé d'un référentiel vestimentaire mentionnant l'apparence physique.Tatouages et piercings, par exemple, sont interdits.»
Me Benoît Dubessay

Securitas, «entreprise privée qui réalise une mission de service public», précise son conseil Me Benoît Dubessay, se défend de toute discrimination. «La société a toujours disposé d'un référentiel vestimentaire mentionnant l'apparence physique, assure-t-il. Tatouages et piercings, par exemple, sont interdits. Le but est que les employés dégagent une image de rigueur, la plus neutre possible. Mais ce sont les salariés, pas l'entreprise, qui ont fait le lien entre le port d'une barbe et leur confession musulmane…»

Me Moutet réplique: «Quand vous convoquez vingt barbus au lendemain du 13 novembre 2015, c'est bien le lien que vous faites!» Si Me Dubessay rappelle que l'un des salariés avait déjà fait l'objet d'une mise en demeure en 2013 à propos de sa barbe - à laquelle il s'était «conformé sans la moindre discussion» -, son contradicteur affirme que c'est après les attentats que le référentiel vestimentaire a été modifié. Les barbes et boucs, qui auparavant devaient être «taillés et soignés», doivent désormais être «courts». Et même «les éminents juristes que vous êtes ne pourront pas me dire ce qu'est une barbe courte!» s'exclame Me Moutet. La décision sera rendue le 14 décembre.

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La délicate traque de la «mère de Satan», explosif prisé des djihadistes (27.04.2017)


La police inspecte un appartement bruxellois dans lequel ont été découverts quinze kilos d'explosif de type TATP confectionnés par les auteurs des attentats du 22 mars 2016. - Crédits photo : ABACA
France | Mis à jour le 27/04/2017 à 22h18

Les ingrédients du TATP se trouvent facilement. Et sa recette circule sur Internet.

Les attaques terroristes perpétrées avec des moyens rudimentaires comme à Nice le 14 juillet dernier, à l'aéroport d'Orly ou sur les Champs-Élysées ne sauraient masquer la volonté des djihadistes de monter en puissance pour commettre un attentat majeur sur le territoire national. Les apprentis sorciers sont embusqués, dotés de toute une panoplie explosive au cœur de laquelle se trouve le TATP (peroxyde de triacétone).

Inventée par un chimiste allemand à la fin du XIXe, cette substance est très prisée par les terroristes islamistes qui l'ont surnommée «mère de Satan». Le «laboratoire» des deux djihadistes interpellés le 18 avril à Marseille en témoigne. Outre des tenues de chimistes, de l'eau oxygénée, de l'acétone, de l'acide sulfurique, des seringues ou des masques, trois kilos de cristaux de TATP était en train de sécher à des stades différents sur trois étagères de la cuisine. Une «partie était d'ores et déjà prête à l'emploi», a révélé le procureur de Paris, François Molins, évoquant un «passage à l'acte imminent».

«Toutes les dispositions légales ont été prises pour interdire la vente en France du type d'eau oxygénée entrant dans la composition du TATP»
Le ministère de l'Intérieur

Un attirail analogue ainsi qu'un livre sobrement intitulé Le Laboratoire moderne avaient été retrouvés fin mars 2016 dans l'officine clandestine de Reda Kriket à Argenteuil (Val-d'Oise). Il n'était pas sans rappeler aussi le matériel et les gilets explosifs découverts à Schaerbeek en Belgique lors de la traque de Salah Abdeslam, seul rescapé parmi les tueurs du 13 novembre 2015. Les kamikazes avaient fabriqué du TATP pour commettre cette vague sanglante (130 morts), tout comme celle qui a endeuillé Bruxelles quatre mois plus tard (32 morts).

Face à ces inquiétantes découvertes, les services antiterroristes fourbissent une difficile riposte tant les composants du TATP se trouvent avec une facilité déconcertante. «Il suffit de faire le tour des pharmacies, drogueries et magasins de bricolage», siffle un spécialiste. Depuis le printemps dernier, les autorités belges obligent les commerçants à signaler tout achat suspect. Les contrevenants encourent jusqu'à 600.000 euros d'amende et cinq ans d'emprisonnement. Se fondant sur un règlement de la Commission européenne visant dès janvier 2013 à encadrer la «commercialisation et l'utilisation des précurseurs d'explosifs», en particulier l'eau oxygénée.

Des Cocottes-Minute chargées de poudre noire et de clous

Une source du ministère de l'Intérieur jointe jeudi par Le Figaro assure que «toutes les dispositions légales ont été prises pour interdire la vente en France du type d'eau oxygénée entrant dans la composition du TATP.» La plus extrême vigilance est de mise pour éviter que les terroristes ne puissent s'engouffrer dans ce genre de brèches. La traque est d'autant plus malaisée qu'ils détaillent les recettes sur les réseaux de propagande même si, comme l'a affirmé un ancien officier français spécialiste des explosifs, «contrairement à ce qu'on dit parfois, regarder un tutoriel sur Internet ne suffit pas». Lancés dans une cyber-traque, les services spécialisés débusquent les sites et font fermer les comptes avant que de nouvelles adresses ne refleurissent sur la Toile…

Cette course du glaive et du bouclier ne date pas d'hier en matière terroriste. D'autres ingrédients en vente libre, d'autres méthodes de confection d'engins explosifs, posent les mêmes problèmes que le TATP. Les auteurs des attentats de 1995 n'ont ainsi pas eu recours au peroxyde d'azote. Mais à des Cocottes-Minute chargées, entre autres éléments, de poudre noire et de clous. «L'investissement avait été très très limité pour ces islamistes», se souvient un ancien enquêteur. La présence de poudre noire, vendue par des armuriers aux chasseurs voulant remplir tout seuls leurs cartouches, avait alerté les policiers. Par la suite, et la législation est encore en vigueur aujourd'hui, la quantité de poudre pouvant être détenue par un particulier a été limitée à deux kilogrammes.

Autre produit anodin mais très précieux pour de potentiels terroristes: le nitrate d'ammonium. Un engrais extrêmement précieux. Mais une composante d'engins de mort redoutables comme ceux confectionnés par des islamistes de la Jemaah Islamiyah à Bali. L'attentat, le 12 octobre 2002, avait fait 202 morts. En France, le produit a surtout eu les faveurs des terroristes corses ou basques mais, comme le prouve le précédent de Bali, leur utilisation par des islamistes n'est pas à écarter. Ancien patron, de 2007 à 2012, de la Direction de la surveillance du territoire puis de la Direction centrale de la sécurité intérieure et numéro deux des Renseignements généraux de 1993 à 2004, Bernard Squarcini explique que, à la demande des policiers de terrain, «le ministère de l'Industrie avait été sollicité pour que les industriels réduisent la capacité explosive de leur produit. Une traçabilité et un contrôle des ventes avaient également été mis en place. De quoi entraver les projets terroristes mais pas les neutraliser totalement».

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Ces encombrants cadavres de djihadistes français restés en Syrie (08.09.2017)


Plusieurs centaines de corps de ressortissants français, le plus souvent binationaux, ont été identifiés par Damas. - Crédits photo : Khalil Ashawi/REUTERS


Mis à jour le 08/09/2017 à 17h40


ENQUÊTE - Damas a conservé les corps de Français morts depuis le début de la révolte, en 2011, contre Bachar el-Assad. Les services secrets aimeraient avoir cette liste de djihadistes. Mais l'Élysée, qui a pourtant fait de la lutte antiterroriste sa priorité, se refuse pour l'instant à toute reprise de la coopération avec les renseignements syriens.

De notre envoyé spécial à Damas

Certains sont enterrés. D'autres conservés dans des frigidaires. En plus de six ans de guerre contre ses opposants, le régime de Damas a collecté de nombreux cadavres de combattants étrangers, venus en Syrie dans l'espoir de renverser la «dictature Assad». Parmi eux, des Français et des binationaux, dont les noms ont été le plus souvent consignés. «Il y a des Franco-Français, dévoile un proche du pouvoir, mais surtout des Franco-Algériens, des Franco-Marocains et des Franco-Tunisiens qui avaient utilisé le passeport de leur pays d'origine au Maghreb pour arriver jusqu'en Syrie.»

Selon nos informations, les cadavres de Franco-Français ne seraient qu'une dizaine. Ironie de l'histoire: l'un d'eux, un chrétien converti, était déjà suivi par les services de renseignements français du temps où ceux-ci coopéraient avec leurs homologues syriens, avant 2011 et la révolte contre Bachar el-Assad. Les cadavres de binationaux se compteraient, en revanche, par centaines.

« Si nous étions aussi vicieux qu'on le dit, nous publierions les noms des cadavres que nous avons dans des frigos»
Une source

À partir de 2012, bénéficiant d'un libre passage via la Turquie, des Français djihadistes ont, sous couvert le plus souvent de «travail humanitaire», afflué en Syrie, encouragés par le discours, dominant à l'époque, sur la nécessité de faire tomber «ce monsieur(Assad, NDLR) qui ne mérite pas d'être sur terre» (Laurent Fabius). Pendant les années qui suivirent, le régime, obnubilé par sa survie, se préoccupa peu de monnayer cette carte. Avec la nouvelle donne induite par l'élection d'Emmanuel Macron, les choses pourraient changer. La lutte antiterroriste est la «priorité» du président de la République, qui ne fait plus du départ d'Assad un «préalable» dans son approche du dossier syrien.

Des espions européens à Damas

«Si nous étions aussi vicieux qu'on le dit, ajoute notre source, nous publierions les noms des cadavres que nous avons dans des frigos. Comme c'est très mal vu en islam de ne pas enterrer immédiatement les morts, leurs familles exerceraient probablement des pressions sur vos autorités pour les récupérer.» Mais Damas préfère utiliser cette carotte à d'autres fins. En 2013, le pouvoir disposait déjà d'une longue liste de cadavres internationaux. Des Belges, des Allemands, mais aussi des Français binationaux. Le régime n'aurait en revanche que très peu de prisonniers français en vie dans ses geôles.

Partenaire historique des services syriens, la DGSI a pu avoir brièvement connaissance des noms de la dizaine de Franco-Français enterrés ou placés dans des chambres funéraires. Mais elle aurait souhaité en savoir plus. En échange, dès 2013, une liste de quelque 80 Français portés disparus en Syrie avait été dressée par la DGSI, pour être remise aux Syriens. Mais aussi bien Manuel Valls, ministre de l'Intérieur de l'époque, que Laurent Fabius aux Affaires étrangères s'y sont farouchement opposés.

«Toute reprise de contacts, même entre services, prend du temps.»
Bernard Squarcini, ancien patron de la DGSI

Confrontés à la même menace terroriste, d'autres pays n'ont pas eu ces réticences. Jusqu'à aujourd'hui, les Espagnols ont un diplomate proche des services en permanence dans un hôtel de Damas. Les Belges, et surtout les Allemands du BND, n'ont pas, non plus, rompu avec les renseignements syriens. Sans parler des Égyptiens, voire récemment des Jordaniens. Quant aux renseignements italiens, ils ont joué les intermédiaires entre la CIA et les services syriens, en organisant à l'été 2016 la venue à Rome de Dib Zaitoun, haut responsable de la sécurité de Damas, pour parler de la détention d'Austin Tice, un ressortissant américain très vraisemblablement emprisonné par Damas depuis 2012. Au printemps dernier, le nouveau patron de la CIA, Mike Pompeo, a lui-même téléphoné à Ali Mamlouk, le tout-puissant patron de la galaxie sécuritaire syrienne, pour parler de Tice et sans doute d'autres Américains que le pouvoir détiendrait. Au fur et à mesure que le régime, grâce à ses alliés russe et iranien, regagne du terrain, la coopération entre services redevient un sujet d'actualité, au nom de la sacro-sainte lutte contre les djihadistes.

Très discrètement, et dans les interstices que les politiques lui concédaient, la DGSI a bien tenté, via différents canaux, d'avoir des informations. «Jusqu'à récemment, révèle un ancien agent français, les services belges et allemands obtenaient quelques informations sur les djihadistes français. Mais les Syriens se sont rendu compte que Bruxelles et Berlin les transmettaient ensuite aux Français, ils ont arrêté d'en livrer.»

Aujourd'hui comme hier, l'échange d'informations suppose une reprise de la coopération entre services syriens et français, voire une réouverture de l'ambassade de France, fermée en février 2012 par Nicolas Sarkozy. C'était le sens du message que lespremiers parlementaires français à rendre visite à Assad en février 2015 avaient reçu de leur hôte. À l'issue de leur entretien avec le président syrien, celui-ci autorisa Dib Zaitoun à échanger avec Jean-Pierre Vial, Jacques Myard et François Zocchetto. «Faites un geste et on pourra vous aider a été le message qu'on nous avait transmis», confie un des participants à cette rencontre restée secrète. «Pas question de renouer d'une manière ou d'une autre avec Damas tant qu'Assad sera au pouvoir», a alors répondu Paris aux parlementaires. «À quoi bon coopérer avec les services syriens? Ils n'ont plus de renseignements sur des individus qui sont dans des zones rebelles qui échappent au contrôle du gouvernement syrien», faisait-on alors valoir à l'Élysée ou au Quai d'Orsay. «Les Syriens ont toujours eu des infos sur les djihadistes, répond Bernard Squarcini, ancien patron de la DGSI. Leurs services ont une capacité redoutable pour infiltrer des groupes ennemis. C'est nous qui ne voulions pas de leurs infos», regrette-t-il. «N'oublions pas tout le matériel d'écoutes que nous avons vendu aux services syriens depuis Alcatel, il y a vingt ans, jusqu'à d'autres sociétés à la fin des années 1990, lorsque les services syriens arrêtaient et nous livraient des djihadistes», renchérit un autre familier de la relation.

Qu'en sera-t-il avec Emmanuel Macron? Au Quai d'Orsay, l'un des cadres, pourtant farouchement hostile à Damas, estime qu'une telle coopération peut aujourd'hui valoir le coup. «Maintenant, les Syriens ont des informations sur les djihadistes, car ils les combattent.» Comme à Deir ez-Zor, cette ville du désert que Daech contrôle en grande partie où des Français ont longtemps trouvé refuge. Que se passerait-il si, dans une éventuelle reconquête de Deir ez-Zor, l'armée syrienne épaulée par l'aviation russe et ses alliés du Hezbollah faisait prisonniers des Français?

À l'Élysée, en revanche, c'est niet. «Si on renoue avec les services syriens, il y a un risque d'instrumentalisation par Damas. C'est prématuré tant que les vraies négociations n'auront pas commencé (sur une transition)», rappelle-t-on dans l'entourage du chef de l'État, où l'on est opposé à toute reprise des relations diplomatiques avec Damas. «Il ne faut pas aller trop loin pour que ça n'apparaisse pas comme une victoire du régime. On doit au contraire continuer d'exercer des pressions.»

Pas de réouverture de l'ambassade

À Damas, paradoxalement, le sommet du pouvoir ne souhaite pas, non plus, normaliser ses relations avec Paris. Pas tout de suite, en tout cas. «Ils ne sont pas encore prêts, confie un homme d'affaires. Car cela voudrait dire des pressions. Or on a déjà les Russes qui nous mettent la pression.» Assad, en revanche, pousse pour que des parlementaires syriens soient officiellement invités par certains de leurs collègues à l'Assemblée nationale. «C'est même une directive du président», croit savoir un intermédiaire qui œuvre au rapprochement.

Damas a apprécié les propos d'Emmanuel Macron, surtout quand il a parlé de «président légitime»«Il a colmaté les brèches des erreurs passées», se réjouit un proche d'Assad. Fidèle à la patience qui le caractérise, le pouvoir syrien veut tester «la sincérité» de Macron et attend désormais d'autres «pas» avant «une normalisation dans un an ou deux». L'un de ces pas serait l'acceptation de renouveler son consul à Paris, après l'échec d'une précédente demande l'an dernier, via l'ambassade de France à Beyrouth. «Si les Français acceptent qu'un nouveau diplomate soit envoyé, ce sera un signe positif», souligne un diplomate syrien à Damas. Mais là encore, l'Élysée dit non. «On veut éviter tout ce qui peut être interprété comme une reprise de contacts avec Damas. Tant que le groupe de contact que nous cherchons à établir ne sera pas créé et tant que nous n'aurons pas de garanties russes sur de vraies négociations, il n'y aura pas de gestes français.» Rien à attendre donc à court terme. Mais après? «Toute reprise de contacts, même entre services, prend du temps», prévient Bernard Squarcini. Et à l'Élysée, on ne nie pas que pour qu'avance l'idée du président de réunir l'an prochain à Beyrouth une conférence internationale sur les réfugiés syriens il faudra bien, forcément, y inviter des représentants d'un régime, pour l'instant encore, infréquentable.

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Brexit : Londres prône la préférence nationale en matière d'immigration (06.09.2017)


Manifestation anti-Brexit, mardi, à Bruxelles. - Crédits photo : EMMANUEL DUNAND/AFP


Mis à jour le 06/09/2017 à 19h03


Le gouvernement veut mettre fin à la liberté de mouvement européenne dès 2019 et limiter l'immigration peu qualifiée.

De notre correspondant à Londres

Londres envisage de mettre en place une politique d'immigration très stricte à l'égard des Européens après le Brexit. Visas de deux ans maximum pour les travailleurs non qualifiés, trois à cinq ans pour les diplômés, plancher de revenus exigés, quotas, limitation du regroupement familial, impossibilité de venir sans emploi… Le Guardian a publié mardi un document confidentiel de 82 pages, estampillé «projet officiel sensible», élaboré au mois d'août par le ministère de l'Intérieur. Il revient grosso modo à traiter les candidats européens à l'immigration dans le pays à peu près comme ceux provenant du reste du monde.

Dans l'esprit, le texte établit la volonté claire d'instaurer une préférence nationale à l'embauche. «Les employeurs britanniques doivent chercher à pourvoir leurs besoins en main-d'œuvre dans la population active locale», est-il mentionné. «Les entreprises britanniques devront former des employés britanniques», a confirmé le ministre de la Défense, Michael Fallon, lors d'interviews, mercredi. Il y a un an, la ministre de l'Intérieur, Amber Rudd, avait évoqué l'idée d'exiger des entreprises la liste de leurs employés étrangers.

«Étrangler l'économie»

La fuite suscite de vives réactions. Sadiq Khan, le maire travailliste de la capitale, dénonce «un plan pour étrangler l'économie de Londres». Le document ne vise pourtant qu'à mettre en place l'un des objectifs au cœur du vote pour le Brexit: «reprendre le contrôle» des frontières.

«Ce que les gens veulent, c'est un contrôle de l'immigration résultant de notre sortie de l'Union européenne», a déclaré Theresa May au Parlement, soulignant «l'impact particulier en termes de pression sur les revenus des gens en bas de l'échelle salariale». Le gouvernement conservateur a toutefois refusé de commenter un texte qui n'est qu'une ébauche et n'a pas encore été discuté en Conseil des ministres. La version dévoilée serait déjà caduque. La future politique d'immigration post-Brexit sera présentée à l'automne. Mais personne au gouvernement n'en réfute l'esprit. Et, hormis Sadiq Khan, l'opposition travailliste est restée plutôt silencieuse sur le sujet, consciente de la priorité accordée par une grande partie de l'électorat à une réduction de l'immigration, en particulier dans ses circonscriptions industrielles du nord de l'Angleterre.

Reste que, même non validées, de telles propositions risquent d'envenimer un peu plus des négociations déjà acrimonieuses entre Londres et Bruxelles sur le Brexit

Reste que, même non validées, de telles propositions risquent d'envenimer un peu plus des négociations déjà acrimonieuses entre Londres et Bruxelles sur le Brexit. Le Home Office plaide en effet pour la fin de la liberté de mouvement des citoyens européens dès la sortie de l'Union, en mars 2019. Or le gouvernement britannique semble s'être mis d'accord cet été sur la nécessité d'une période de transition pendant laquelle il resterait membre du marché unique. Difficile d'imaginer que les Vingt-Sept accepteraient d'accorder à Londres les avantages de continuer à commercer librement, sans les contraintes liées à la reconnaissance de la liberté de mouvement de la main-d'œuvre.

Le milieu des affaires britanniques s'inquiète vivement des conséquences sur l'économie des projets gouvernementaux. Dans la restauration, les trois quarts des serveurs sont des ressortissants européens, selon la British Hospitality Association. «Le chômage est sous les 5 % et on peut se demander d'où les gens vont venir si on réduit rapidement le nombre de ceux venant de l'UE», s'interroge Edwin Morgan, de l'association patronale Institute for Directors.

Ces derniers n'ont pas attendu. Entre avril 2016 et mars 2017, 122.000 citoyens européens ont quitté le Royaume-Uni, tandis que l'immigration en provenance de l'UE a baissé de 7 %. Ce désamour est nourri par l'attitude des autorités britanniques. Le ministère de l'Intérieur a envoyé cet été par erreur une centaine de lettres menaçant d'expulsion des Européens installés au Royaume-Uni, avant de s'excuser individuellement auprès de chacun d'eux.

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Philippe annonce une hausse sans précédent du budget de la Défense (08.09.2017)


Après la polémique de cet été, le premier ministre a défendu un budget des armées pour 2018 en hausse de plus de 1,6 milliard d'euros. Un chiffre un peu inférieur à la somme de 1,8 milliard d'euros avancée par le président de la République.

Deux mois après la polémique sur des coupes dans les finances des armées pour 2017, le premier ministre a assuré que le budget de la Défense augmentera de plus d'1,6 milliard d'euros en 2018. C'est une hausse «sans précédent au cours des dix dernières années», a défendu Édouard Philippe interrogé sur BFM TV jeudi soir. «Nous allons l'année prochaine augmenter, dans le budget que je présenterai, le budget des Armées de plus de 1,6 milliard (d'euros). Cet effort sera poursuivi en 2019 puis en 2020 parce que le monde dans lequel nous vivons est dangereux», a-t-il assené.

Cette annonce concrétise la promesse d'Emmanuel Macron et de l'exécutif d'augmenter significativement le budget de la Défense, afin d'atteindre 2% du PIB en 2025. Le chiffre diverge toutefois légèrement avec la hausse évoquée jusque-là par le chef de l'État et la ministre des Armées, qui avaient fait état d'une hausse de 1,8 milliard. «Dès 2018, nous entamerons cette remontée du budget du ministère des Armées dont les crédits budgétaires seront portés à 34,2 milliards d'euros (contre 32,4 milliards en 2017, NDLR) dont 650 millions d'euros de provisions pour les opérations extérieures», avait dit le chef de l'État le 13 juillet. Un chiffre confirmé mardi dernier par la ministre des Armées, Florence Parly, lors de l'université d'été de la Défense à Toulon. Elle avait alors salué «l'inflexion majeure» que constituait la hausse du budget en 2018. «De 2016 sur 2017, le budget avait augmenté de 600 millions d'euros, effort appréciable. 1,8 milliard en 2018, c'est trois fois plus», avait-elle souligné.

Budget sur fond de polémique

Le budget de la Défense avait été au cœur de la polémique au début de l'été. Pour tenir l'objectif de 3% de déficit en 2017, l'exécutif a décidé de procéder à une coupe de 850 millions d'euros dans les programmes d'équipements des armées, sur fond d'effort budgétaire global. Cette décision a conduit à une crise avec le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, et à sa démission en juillet. En déplacement sur la base aérienne d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône, le président de la République avait assuré qu'il voulait que l'armée ait les moyens de ses missions et assuré qu'«aucun budget autre que celui des armées ne sera augmenté» en 2018. La droite avait cependant fortement critiqué le coup de rabot sur le budget de 2017.


Quelques jours plus tard, la ministre des Armées avait annoncé dans la presse avoir obtenu par anticipation le dégel de 1,2 milliard d'euros de crédits sur les 1,9 milliard gelés pour le budget de la Défense de 2017. «Plutôt que de multiplier les déclarations, sans doute martiales mais finalement assez vaines, nous préférons œuvrer sur le terrain, et sérieusement», a affirmé Édouard Philippe jeudi soir.

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Mark Zuckerberg : le patron de Facebook sera-t-il le prochain président des États-Unis ? (08.09.2017)


Par Vincent Jolly et Service InfographieMis à jour le 08/09/2017 à 15h55 | Publié le 08/09/2017 à 09h01

À 33 ans, le fondateur et PDG de Facebook est l'un des milliardaires les plus influents et puissants de la planète. Depuis quelques mois, et à raison, beaucoup lui prêtent une ambition présidentielle aux Etats-Unis. Portrait d'un homme connecté à deux milliards d'êtres humains.

Nous sommes le 17 juillet 2017. Mark Zuckerberg rend visite à la tribu indienne des Blackfeet, dans le Montana. Et comme chacun des deux milliards d'utilisateurs de Facebook, le plus grand réseau social mondial dont il est le fondateur et PDG, Mark Zuckerberg poste les photos de sa rencontre avec les membres de la tribu des Blackfeet sur son mur. Il y décrit, entre autres, la vie quotidienne sur la réserve, précise la complexité des problématiques liées à la juridiction particulière dont elle dispose, évoque les affres de l'alcool et de la drogue au sein de la tribu… Quelques jours plus tôt, le 12 juillet, Zuck - pour les intimes - nous contait ses péripéties et ses analyses du monde rural depuis une ferme d'élevage du Dakota du Sud. Cette fois-ci, avec des photos de lui au milieu des vaches. Pourquoi Mark Zuckerberg, l'un des hommes les plus puissants et les plus influents de la planète, à la tête d'une fortune personnelle de 71,5 milliards de dollars, PDG d'un empire technologico-médiatique pouvant s'adresser d'un clic à la moitié du globe, prendrait-il la peine de se rendre dans une réserve indienne, une ferme d'élevage, ou une caserne de pompiers pour s'adresser à une petite vingtaine de personnes, ou pour voir des vaches?

Il se pourrait bien que le plus jeune milliardaire de l'Histoire - Zuckerberg a gagné son premier milliard à 23 ans, huit ans avant Bill Gates - ne limite pas ses ambitions à l'interconnexion de l'humanité tout entière. Mais se verrait bien en président des Etats-Unis d'Amérique.

Le jeune génie de l'informatique est reçu et écouté par les plus grands de ce monde, notamment le Pape en 2016. - Crédits photo : Prensa Internacional/ZUMA/REA

Tout début 2017, Mark Zuckerberg annonçait ses bonnes résolutions dans une lettre ouverte à sa communauté - comme tous les ans. Mais si, les autres années, celles-ci se limitaient à apprendre le mandarin ou lire 25 livres en un an, le défi de cette année allait mettre la puce à l'oreille de certains journalistes: visiter chacun des 50 Etats avant 2018. D'où l'explication «officielle» de sa présence dans ce fameux Dakota du Sud. Depuis cette annonce et sa lettre ouverte du 16 février, Mark Zuckerberg n'a cessé de multiplier les indices laissant entendre une possible candidature à la présidence lors de l'élection de 2020. Derniers en date? Les recrutements successifs au sein de sa fondation philanthropique Chan Zuckerberg Initiative de Joel Benenson, ancien conseiller de Barack Obama et stratège de la campagne d'Hillary Clinton en 2016 ; de David Plouffe, l'un des architectes de la campagne de Barack Obama en 2008 ; de Ken Mehlman, directeur de la seconde campagne de George W. Bush en 2004 ; de Charles Ommanney, ancien photographe de campagne d'Obama et de Bush… Autant de signes qui tendent à lever le voile sur sa possible candidature. Remarquons également qu'en janvier dernier, cet ancien athée assumé a avoué, après avoir rencontré le pape et fait les éloges du bouddhisme, que «la religion (était) très importante».

Pourtant, l'intéressé nie farouchement toute ambition présidentielle. «Beaucoup me demandent si ces visites des 50 Etats signifient que je compte me présenter à une fonction officielle: ce n'est pas le cas. Je le fais simplement pour avoir une meilleure idée et perspective de notre pays, pour mieux servir notre communauté de presque 2 milliards de personnes […].»

«Je pense qu'il est difficile d'adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain. Je suis simplement pour une économie du savoir»
Mark Zuckerberg en 2016

Peut-être le temps de faire accepter par l'opinion américaine l'idée qu'un PDG tel que lui, sans aucune expérience politique, soit investi par le Parti démocrate. Après l'investiture de Donald Trump, Mark Zuckerberg publia le 16 février 2017 un long manifeste sur Facebook à l'adresse de ses 96 millions de followers, repris dans la presse internationale qui comparait cette lettre à un des State of the Union d'un président des Etats-Unis. Intitulé «Building Global Community», le texte énonce cette question solennelle: «Sommes-nous en train de construire le monde que nous voulons tous?» Ceux qui ne connaissaient pas bien l'homme derrière Facebook ont ainsi pu découvrir l'une de ses nombreuses facettes: Mark Zuckerberg a une vision précise du monde qui l'entoure et de l'état de nos sociétés modernes. «Depuis son plus jeune âge, Mark Zuckerberg est un garçon particulier, raconte David Kirkpatrick, journaliste et auteur d'un livre très fouillé sur la genèse de Facebook. Il est tenace, toujours cohérent et possède de vraies convictions.» Dont celle qui l'anime depuis les bancs de l'université: connecter les êtres humains entre eux pour rendre le monde meilleur, plus ouvert et plus libre. Le milliardaire a déjà contribué à la campagne de politiciens issus des deux grands partis du pays, refusant de croire à un manichéisme politique. «Je pense qu'il est difficile d'adhérer uniquement au Parti démocrate ou au Parti républicain, a affirmé en 2016 le jeune milliardaire. Je suis simplement pour une économie du savoir.» Zuckerberg avait par exemple rencontré le sénateur républicain de Floride et malheureux adversaire de Donald Trump, Marco Rubio, pour discuter d'une réforme bipartisane sur l'immigration, persuadé que les immigrants «sont la clé de l'économie et du savoir».

Si la question est d'abord de savoir s'il se présentera bel et bien en 2020 (ou en 2024), et si oui, sous quelle égide politique, celle - évidente - que tout le monde se pose est: peut-il gagner? Ce n'est pas impossible: un institut de sondage indiquait cet été que dans l'hypothèse d'un duel Trump-Zuckerberg en 2020, les deux candidats arriveraient au coude-à-coude. Cette même étude indique que 24 % des Américains seraient favorables à sa candidature, contre 29 % non favorables et 47 % d'indécis. En somme, en 2017, le peuple américain semble vouloir en savoir plus sur l'homme derrière cette société qui régit une grande partie de son quotidien, à travers Facebook mais aussi WhatsApp, Instagram et Messenger. Quatre des 10 applications smartphone les plus utilisées dans le monde.

Plus que d'une simple fortune, Zuckerberg est à la tête d'une entreprise tentaculaire qui fait de lui le «rédacteur en chef» le plus puissant du monde: Facebook est une vitrine virtuelle de toutes les unes des journaux du monde entier et peu de médias peuvent se targuer de disposer d'un lectorat ou d'une audience de 2 milliards de personnes. Et, comme un journal, le réseau a sa propre ligne éditoriale: des photographies historiques, notamment une sur la guerre du Vietnam, et des images de toiles de maîtres ont déjà été supprimées (temporairement) par le site car violant les conditions d'utilisation de Facebook. Un véritable empire dont il a posé la première pierre un soir d'hiver 2003, dans sa chambre de Kirkland, sur le campus d'Harvard où il était étudiant.

Alors que les réseaux sociaux n'en étaient qu'à leurs balbutiements, Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d'un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile

Lors de ses premiers mois à la prestigieuse université, après avoir refusé plusieurs propositions d'embauche de grandes sociétés, il inventa deux logiciels très populaires, CourseMatch et Facemash. Le premier permettait aux étudiants de voir à quels cours s'étaient inscrits leurs camarades et le second classait, par un système de vote, l'apparence et le physique des élèves. Bien avant Facebook donc, ce fils d'une psychiatre et d'un dentiste élevé dans l'Etat de New York démontrait une capacité sans pareille à créer des concepts de logiciels que les internautes aimaient utiliser. Pourquoi? Car à cette époque, où les réseaux sociaux n'en étaient qu'à leurs balbutiements (Friendster et Myspace ne fonctionnaient pas très bien et croulaient sous des annonces publicitaires encombrant des interfaces déjà chargées), Zuckerberg avait su sentir ce qui composait le tissu social d'un milieu universitaire et a réussi à le transposer sur la toile. Facebook fut mis en ligne le 4 février 2004. Quatre jours plus tard, 650 utilisateurs avaient déjà créé leur compte. Puis, à l'instar d'un stratège militaire et aidé par ses camarades Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo Saverin et Andrew McCollum, Zuckerberg entreprit d'étendre TheFacebook à d'autres universités: Yale, Columbia, Stanford… En un mois, 10.000 élèves dans le pays possédaient un compte Facebook. Treize ans plus tard et cinq ans après son introduction en Bourse, le réseau social est disponible dans plus de 140 langues et emploie plus de 20.000 personnes à travers le monde. Et, avec 2 milliards d'utilisateurs actifs par mois, il est - et de loin - le réseau social le plus important au monde.

Mark Zuckerberg en 2005 avec ses parents et deux de ses trois sœurs. - Crédits photo : SHERRY TESLER/NYT-REDUX-REA

Important, et influent: car Facebook a déjà révélé être capable d'agir directement sur le moral des gens en changeant l'ordre des informations présentes sur leur page personnelle. En analysant vos données, Facebook (mais également la plupart des autres grandes plates-formes internet) peut cibler les publicités que vous verrez s'afficher sur votre page. Si l'on sait ce que vous voulez acheter, on peut également déterminer (en changeant la manière dont sont compilées les données) votre candidat préféré aux prochaines élections et vos convictions politiques.

En 2014, dans une étude menée en collaboration avec les universités de Cornell et de Californie (UCLA) sur un échantillon de près de 700.000 personnes, Facebook démontrait qu'il était tout à fait possible d'altérer les humeurs des gens. Qu'il était tout à fait possible, en somme, de créer à l'aide d'algorithmes une «contagion affective à grande échelle».

L'étude avait évidemment provoqué un tollé et n'avait pas manqué d'affoler politiques et observateurs du monde digital. «Est-ce que la CIA pourrait inciter à une révolution au Soudan en faisant pression sur Facebook pour qu'il mette en avant des messages de mécontentement? Est-ce que ça doit être légal?», s'interrogeait alors un spécialiste avant de poursuivre, précurseur: «Est-ce que Zuckerberg pourrait rafler une élection en faisant la promotion de tel ou tel site internet?» Pour ne rien arranger, Facebook avait conduit cette expérience sans que les personnes sélectionnées dans l'échantillon aient été préalablement prévenues.

Barack Obama se félicitait d'être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales. - Crédits photo : Jim Young/REUTERS

C'est là que le bât blesse: dans 1984, George Orwell prédisait un futur où la vie privée ne serait plus qu'une relique du passé. L'un des seuls détails que l'auteur visionnaire n'avait pas prévu est au cœur de la réussite même de Facebook: Zuckerberg n'a jamais volé une information à qui que ce soit. Nous lui avons tout donné, et gratuitement. Un fait qu'il mentionnait déjà à Harvard en 2004, quelques semaines après le lancement de Facebook, dans un échange d'e-mails publié quelques années plus tard dans la presse: «Si tu veux des informations sur quelqu'un de l'université, tu me demandes. J'ai environ 4000 adresses mails, des photos, des coordonnées…» - «Comment t'as fait ça?!» - «Les gens les ont juste envoyées. Je ne sais pas pourquoi. Ils me font confiance. Bande d'abrutis.» Notons qu'à l'époque, Zuckerberg n'était encore qu'un jeune étudiant, au caractère bien éloigné du PDG qu'il est aujourd'hui. Un PDG qui, grâce aux informations que mettent en ligne ses utilisateurs, sait tout (ou presque) d'eux: 230 des 360 millions d'habitants aux Etats-Unis sont sur Facebook. S'il le souhaitait, Mark Zuckerberg pourrait aisément utiliser la masse de données dont il dispose pour analyser les opinions du pays, d'une région, d'un Etat, d'un district, d'une ville… et adapter ainsi une éventuelle stratégie électorale. Et si certains de ses détracteurs ne manquent pas de souligner son manque de charisme naturel - élément crucial à l'heure de la prédominance de la communication et de l'image dans la vie politique -, Zuckerberg est loin de la caricature du simple geek ayant eu une bonne idée au fin fond de son garage ou de sa chambre. «Il s'est révélé être quelqu'un d'aussi visionnaire que Steve Jobs et d'aussi influent que Bill Gates», témoigne un journaliste du New Yorker. Discret dans les médias «traditionnels», Zuckerberg partage son quotidien le plus intime sur sa page Facebook. Il ne va pas arpenter les couloirs du Capitole à Washington mais a facilement accès aux plus hautes sphères du pouvoir: Barack Obama pendant ses mandats (le président américain se félicitait d'être celui qui avait réussi à faire mettre une veste et des chaussures à Mark Zuckerberg, connu pour ne porter que des tee-shirts et des sandales), Angela Merkel, le pape François… Mais, en revanche, il décline les invitations de Donald Trump à participer aux réunions entre la Maison-Blanche et les autres géants de la tech américaine.

Demeure une question: pourquoi se présenterait-il? Après tout, Mark Zuckerberg dispose déjà d'une immense fortune, d'une immense influence… d'un immense pouvoir. En tant que PDG, il pourrait parfaitement continuer à étendre l'emprise de Facebook à travers le monde: le soleil se lève et se couche d'ores et déjà sur Facebook mais reste à conquérir l'Afrique, et également l'Asie, où l'Inde et la Chine résistent à l'arrivée du réseau social sur leur territoire. Se lancer dans une campagne présidentielle, dans le monde tumultueux de la politique, c'est risquer d'y perdre des plumes, d'y perdre du temps, de fouler le sol d'un monde dont les Américains se méfient beaucoup plus, à tort ou à raison, que celui idyllique et optimiste des nouvelles technologies.

C'est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de «fake news», qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité

Mais peut-être Mark Zuckerberg a-t-il pris conscience de son influence politique avec l'élection de Donald Trump? Après tout, et ce n'est plus à démontrer, ce sont en grande partie des plates-formes comme Facebook et Twitter qui ont été l'un des théâtres de l'élection du nouveau Président. C'est son royaume, son empire, qui a donné naissance au concept même de «fake news», qui a vu la promotion de sites internet colportant des informations haineuses faisant fi de la réalité. Avant l'élection de Trump, Zuckerberg arguait de vouloir rester neutre. Depuis son investiture en janvier dernier, Facebook a installé une nouvelle fonctionnalité pour faciliter les échanges entre les citoyens américains et leurs élus. Au XXIe siècle, Mark Zuckerberg n'a pas besoin du Bureau ovale pour devenir le maître du monde. S'il se présente, c'est que son ambition est nourrie par d'autres motifs. Peut-être celui de vouloir donner à ses deux filles, Maxima, née en novembre 2015, et August, née le 28 août dernier, un monde meilleur. Un monde avec «une meilleure éducation, moins de maladies, des communautés soudées et plus d'égalité», comme il l'écrit dans une lettre adressée à sa benjamine. Car si le candidat Donald Trump était sans aucun doute l'un des visages de l'Amérique, Mark Zuckerberg, lui, en est un autre: celui de la démesure, de la réussite, de l'optimisme, de la mondialisation à outrance et de l'universalité… du progrès aussi. Lui et sa femme Priscilla Chan, une fille d'immigrés vietnamiens diplômée d'Harvard Med School en pédiatrie et très impliquée dans l'éducation, multiplient les actes caritatifs - ils ont récemment donné 3 milliards de dollars à la recherche médicale - et se sont engagés à reverser 99 % de leur fortune personnelle. Peut-être un nouveau chapitre de la saga politique du pays et un exemple de ces storytellings dont les électeurs américains raffolent.

Marié à Priscilla Chan, Mark Zuckerberg met en scène sa vie privée sur Facebook. Le 28 août dernier, il a partagé une photo pour la naissance de sa deuxième fille, August. - Crédits photo : Charles Ommanney/AP/SIPA

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Birmanie : ouverture de camps pour les Rohingyas (09.09.2017)


  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 09/09/2017 à 09:37 
  • Publié le 09/09/2017 à 09:22
La Birmanie va mettre en place dans le nord-ouest du pays des camps pour accueillir les musulmans rohingyas déplacés à cause des troubles, ont annoncé samedi les médias officiels, une première depuis le début de la crise il y a 15 jours.

Vendredi, l'ONU a tiré la sonnette d'alarme et enjoint à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi à "se mobiliser": le nombre de musulmans rohingyas ayant fui au Bangladesh ces deux dernières semaines s'élève désormais à 270.000.

Et des milliers d'entre eux seraient toujours en fuite, sur les routes ou parfois réfugiés sur des collines loin de la frontière, sans eau ni nourriture.

Le gouvernement birman a promis la mise en place de trois camps dans le nord, le sud et le centre de Maungdaw - épicentre des violences depuis deux semaines.

"Les personnes déplacées qui sont actuellement éparpillées pourront recevoir une aide humanitaire et des soins médicaux", organisés par la Croix-Rouge locale, a indiqué samedi le quotidien Global New Light of Myanmar.

Les civils rohingyas fuient les violences dans leur région depuis que l'armée a lancé une vaste opération à la suite d'attaques fin août contre des postes de police par les rebelles de l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui dit vouloir défendre les droits bafoués de cette minorité musulmane.

Le Bangladesh a exhorté la Birmanie à endiguer l'exode. Environ 27.000 bouddhistes et hindous ont également fui leurs villages. Ils ont pour la plupart trouvé refuge dans les monastères et les écoles un peu plus au sud de la région.

Au total, on estime qu'entre les violences d'octobre qui avaient poussées 87.000 personnes à fuir et les troubles actuels, près du tiers des Rohingyas de Birmanie (estimés à un million) sont désormais au Bangladesh.


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