Irak: le bilan de la double attaque de l'EI monte à 84
morts (15.09.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis
à jour le 15/09/2017 à 11:33
- Publié le
15/09/2017 à 10:11
Au moins 84 personnes, dont des Iraniens, ont été tuées jeudi
dans une double attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) près de
Nassiriya, dans le sud de l'Irak, selon un nouveau bilan communiqué vendredi.
"Le bilan s'élève maintenant à 84 morts après la découverte de dix
nouveaux corps sur le site de l'attaque", a indiqué à l'AFP Jassem
al-Khalidi, directeur général de la Santé pour la province de Zi Qar,
généralement à l'abri des violences.
» Lire aussi - Irak : au moins 70 morts dans une double attaque
terroriste
"Il y a 93 blessés, dont beaucoup sont grièvement
atteints", a-t-il ajouté. Un adjoint de M. Khalidi avait fait état jeudi
soir de 74 morts, dont sept Iraniens.Cette attaque près de la ville de
Nassiriya, à 300 km au sud de Bagdad est la plus meurtrière depuis la reprise
aux jihadistes début juillet de Mossoul, la deuxième ville du pays.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé jeudi soir avoir limogé
le chef du renseignement de la province de Zi Qar, et ouvert une enquête,
notamment au sujet de la compagnie de sécurité qui encadrait des pèlerins dont
les bus ont été soufflés par les explosions. L'émissaire de l'ONU en Irak, Jan
Kubis, a "condamné dans les termes les plus forts la lâche double attaque
des terroristes de l'EI", dénonçant le nombre de victimes civiles,
"dont des pèlerins".
Plusieurs hommes armés, déguisés en membres des unités
paramilitaires du Hachd al-Chaabi selon des sources de sécurité, ont ouvert le
feu sur un restaurant puis sont montés dans une voiture avant de se faire
exploser à un point de contrôle, a rapporté une source au sein des services de
sécurité. L'EI a revendiqué l'attaque dans un communiqué diffusé par son organe
de propagande Amaq.
L'attaque a eu lieu sur une autoroute régulièrement
empruntée par des pèlerins et visiteurs venus de l'Iran voisin, en route vers
les villes saintes chiites irakiennes de Najaf et Kerbala, plus au nord.
Agression d'un militaire à Paris : le parquet
antiterroriste saisi (15.09.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis
à jour le 15/09/2017 à 11:36
- Publié le
15/09/2017 à 10:29
Le parquet antiterroriste a été saisi de l'enquête sur l'agression
d'un militaire de l'opération Sentinelle ce matin dans le métro
parisien, qui n'a fait aucun blessé, a annoncé le porte-parole du gouvernement
Christophe Castaner
» Lire aussi - Policiers et militaires, des cibles récurrentes
"Le Président de la République a dès ce matin
immédiatement réuni autour de lui l'ensemble des spécialistes mobilisés sur ce
sujet pour faire un point. Le parquet antiterroriste a été immédiatement
saisi", a déclaré Christophe Castaner lors d'un point-presse sur la
signature des lois de moralisation de la vie politique, en présence de la
ministre de la Justice Nicole Belloubet.
Bangladesh: 2 journalistes birmans arrêtés pour
"espionnage" (15.09.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis
à jour le 15/09/2017 à 15:01
- Publié le
15/09/2017 à 14:58
Deux photographes birmans couvrant la crise humanitaire des
Rohingyas ont été arrêtés au Bangladesh, accusés d'espionnage pour le compte de
leur pays, ont annoncé aujourd'hui les autorités bangladaises.
» Lire aussi - Violences contre les Rohingyas: «Aung San Suu Kyi a
une marge de manœuvre très limitée»
Minzayar Oo et Hkun Lat sont détenus depuis huit jours dans
la région de Cox's Bazar, submergée par l'afflux de 389.000 réfugiés rohingyas
de Birmanie depuis fin août, mais la nouvelle de leur interpellation n'avait
pas été rendue publique jusqu'ici.
Tous deux étaient envoyés par le magazine allemand GEO pour
couvrir l'exode des musulmans rohingyas dans le sud du Bangladesh. Le duo est
"principalement accusé d'espionnage", a déclaré à l'AFP Ranjit Kumar
Barua, le chef de la police de Cox's Bazar. "Ils collectaient des
informations sur les Rohingyas pour la Birmanie", a-t-il affirmé.
» Lire aussi - Rohingyas: l'ONU dénonce un «nettoyage ethnique»
Dans un communiqué aujourd'hui, GEO et l'agence
photographique britannique Panos Pictures se sont dits "extrêmement
inquiets" de la détention de leurs journalistes et du rejet de leur
demande de liberté sous caution par un tribunal jeudi.
"Minzayar Oo et Hkun Lat ont été envoyés par le
magazine GEO en raison de leur professionnalisme et de leur intégrité
journalistique", ont déclaré les deux média. Les journalistes sont
notamment inculpés pour être entrés début septembre au Bangladesh avec un visa
de tourisme, sans faire état de leur qualité de journaliste.
"M. Oo est un photographe primé dont le travail a été
publié dans des quotidiens et magazines respectés comme le New York Times, le
Guardian et National Geographic", a commenté auprès de l'AFP leur avocat
bangladais Jyotirmoy Barua.
À VOIR AUSSI - Rohingyas: Aung San Suu Kyi dans le
collimateur de l'ONU
La crise des Rohingyas bouscule Aung Sang Suu Kyi
(13.09.2017)
- Par Sébastien
Falletti
- Mis
à jour le 14/09/2017 à 14:05
- Publié le
13/09/2017 à 17:22
VIDÉO - La Prix Nobel de la paix est accusée de
passivité, alors que la minorité musulmane birmane subit « un nettoyage
ethnique ».
À Singapour
Les eaux boueuses du Naf charrient des cadavres. Sept
nouveaux corps, parfois criblés de balles ont été repêchés mercredi dans ce
fleuve traçant la frontière du Bangladesh, et que des foules de Rohingyas
épuisés tentent de traverser, pour fuir les violences en Birmanie. Ce décompte
macabre mené par Dacca inclut des enfants et vient s'ajouter à la centaine de
candidats à l'exil, retrouvés noyés depuis fin août et la résurgence du conflit
qui oppose bouddhistes et musulmans dans l'État d'Arakan (Rakhine), dans
l'ouest de la Birmanie.
«Un exemple classique de nettoyage ethnique»
Zeid Ra'ad Al Hussein, haut-commissaire de l'ONU aux Droits
de l'homme
Plus de 379.000 Rohingyas, dont une majorité
d'enfants, ont
trouvé refuge au Bangladesh en quelques semaines, selon l'ONU. Cette
«marée humaine» sans précédent depuis le début du conflit, pousse l'ONU à tirer
la sonnette d'alarme. Mercredi, son secrétaire général, Antonio Guterres, a
appelé le pouvoir birman à suspendre les opérations contre le peuple rohingya.
Il s'agit d'«un exemple classique de nettoyage ethnique» a dénoncé Zeid Ra'ad
Al Hussein, le haut-commissaire de l'ONU aux Droits de l'homme, lundi.
Ces accusations lourdes accroissent encore la pression
sur Aung
San Suu Kyi, mais la dirigeante birmane vient une nouvelle fois de botter
en touche. La Prix Nobel de la Paix a soudainement annulé sa visite à
l'Assemblée générale des Nations unies, qui s'ouvre la semaine prochaine à New
York, et où la crise des Rohingyas occupera le devant de la scène. «Peut-être
a-t-elle des affaires plus urgentes à gérer», a déclaré l'un de ses
porte-parole, sans préciser les raisons de cette décision de dernière minute.
The «Lady», comme on la surnomme à Rangoun, icône de la
résistance démocratique, est aujourd'hui sous le feu des critiques
internationales pour sa prudence, voire sa passivité, face au sort subis par
cette minorité musulmane. Après les États-Unis, l'archevêque sud-africain
Desmond Tutu, lui aussi lauréat du prix Nobel, a appelé Aung San Suu Kyi à
l'action, alors que les États-Unis haussent le ton. Mercredi soir, l'ancien
ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a pour sa part
indiqué qu'elle «persécute les musulmans» et a appelé à «remettre en question
son prix Nobel». Seule la Chine a volé au secours de l'icône en péril, y voyant
une opportunité de regagner à Nay Pyi Taw, une influence amoindrie depuis
l'ouverture démocratique du pays.
Leurs habitants fuient la répression orchestrée par
l'armée birmane et des milices bouddhistes
Les
rumeurs et les fake
newscontradictoires
circulent depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, semant la
confusion sur la situation réelle dans l'État d'Arakan, étroitement contrôlé
par l'armée birmane. Depuis l'attaque menée par des insurgés rohingyas contre
la police birmane fin août, la répression et les violences ont redoublé, ayant
fait plus de 1000 morts, selon l'ONU. Des dizaines de villages musulmans ont
été incendiés, poussant leurs habitants sur la route, selon de nombreux
témoignages d'ONG. «Les villages sont brûlés les uns après les autres. Je pense
que les Rohingyas ont déjà été complètement chassés de Rathedaung», a déclaré
Chris Liwa, de l'Arakan Project, évoquant cette région où une dizaine de
villages sont partis en fumée ce week-end.
Leurs habitants fuient la répression orchestrée par l'armée
birmane et des milices bouddhistes, affirment des témoignages sur place. «Nous
avons reçu de multiples rapports et des images satellites montrant des forces
de sécurité et des milices locales brûlant des villages rohingyas, et des
informations cohérentes faisant état d'exécutions extrajudiciaires, y compris
de tirs sur des civils en fuite» a ajouté le haut-commissaire de l'ONU Al
Hussein. Des accusations balayées par Aung Sang Suu Kyi et impossible à étayer,
alors que Nay Pyi Taw interdit l'accès de la région aux journalistes étrangers
et à la commission d'enquête désignée par l'ONU.
Al-Qaida menace de frapper le gouvernement birman de
représailles
Le silence de la dirigeante, également ministre des Affaires
étrangères, illustre les limites de son pouvoir face aux militaires dans un
pays mosaïque toujours menacé par les forces centrifuges, malgré son triomphe
électoral en 2015. Dans l'État frontalier d'Arakan, la fille du général
patriote Aung San, doit composer avec le chef de l'armée Min Aung Hlaing, pour
qui les «Rohingyas ne font pas partie de l'histoire du pays». Une opinion
partagée par beaucoup dans cette nation à 90 % bouddhiste, qui n'a jamais
accordé la nationalité à ces immigrés musulmans arrivés pour la plupart depuis
le XIXe siècle et aujourd'hui qualifiés de «terroristes».
Une accusation qui pourrait prendre corps alors qu'al-Qaida
menace de frapper le gouvernement birman de représailles. «Le traitement
barbare infligé à nos frères musulmans ne restera pas impuni», affirme un
communiqué de l'organisation djihadiste, selon le site SITE spécialisé dans la
surveillance des activités en ligne des groupes extrémistes. «Des rumeurs
circulent évoquant des camps d'entraînement pour préparer le retour de
combattants rohingyas en Birmanie, mais rien n'a été prouvé», confie une source
onusienne. L'internationalisation de la crise menace.
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Attentat à Londres : le point à 14 heures (15.09.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis
à jour le 15/09/2017 à 14:04
- Publié le
15/09/2017 à 14:00
• Un attentat s'est produit vendredi matin dans la station de
métro londonien Parsons Green, dans le sud-ouest de la capitale
britannique.
• Neil Basu, un responsable de l'anti-terrorisme, a évoqué
un acte "terroriste".
• Selon les services de santé britanniques, au moins 22
personnes ont été blessées dans cet attentat et sont actuellement traitées à
l'hôpital. Aucun n'est dans un état grave.
• L'attentat a été perpétré à l'aide d'un engin explosif
artisanal, a déclaré le commandant de l'unité antiterroriste de la police
londonienne, Mark Rowley.
• La première ministre Theresa May a adressé "ses
pensées" aux blessés et aux services d'urgence. Elle présidera une réunion
d'urgence de son cabinet dans l'après-midi.
• Le maire de Londres Sadiq Khan a condamné les
"individus ignobles qui tentent d'utiliser le terrorisme pour nous toucher
et détruire notre mode de vie". "Mais nous nous laisserons jamais ni
intimider ni battre par le terrorisme", a-t-il assuré.
• "Autre attaque à Londres par un terroriste raté. Ce
sont des gens malades et déments qui étaient dans la ligne de mire de Scotland
Yard. Il faut être proactif!", a écrit le président américain au petit
matin sur Twitter.
LIRE AUSSI :
Afghanistan: un kamikaze attaque un convoi militaire
étranger (15.09.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis
à jour le 15/09/2017 à 14:56
- Publié le
15/09/2017 à 14:53
Un kamikaze au volant d'une voiture piégée a foncé
aujourd'hui sur un convoi de forces étrangères, faisant plusieurs blessés, dans
le sud de l'Afghanistan, selon des sources concordantes. L'attaque a
"totalement détruit" un véhicule qui transportait des militaires
roumains dans le district de Daman, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la
province de Kandahar, Fazal Bari Baryalai.
» Lire aussi - Afghanistan: fosses communes découvertes
Un porte-parole de la mission de l'Otan a confirmé que
l'attaque avait fait un "petit nombre" de blessés parmi les
militaires. L'attentat a été revendiqué par un porte-parole taliban, Qari
Yousuf Ahmadi, et a fait selon lui sept tués parmi les "forces des
envahisseurs". Le général Abdul Raziq, chef de la police provinciale, a
indiqué à l'AFP que les forces étrangères avaient totalement bouclé l'accès au
lieu de l'explosion.
Depuis le début du mois, les talibans ont revendiqué deux
autres attentats-suicides près de la base aérienne américaine de Bagram, proche
de Kaboul, qui avaient fait plusieurs blessés. L'un d'entre eux a été présenté
comme en "représailles" à la diffusion d'un tract américain jugé
offensant pour l'islam.
LIRE AUSSI :
Attaque au marteau à Chalon-sur-Saône, la piste
psychiatrique privilégiée (15.09.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis
à jour le 15/09/2017 à 14:46
- Publié le
15/09/2017 à 14:45
Deux personnes ont été grièvement blessées à coups de
marteau aujourd'hui dans les rues de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), par un
agresseur que des témoins ont entendu crier "Allah Akbar", selon une
source proche de l'enquête, qui privilégie la piste de l'acte d'un
déséquilibré.
L'homme, qui a pris la fuite, n'avait pas été retrouvé en
début d'après-midi par les forces de police nationale, municipale et de
gendarmerie mobilisées. Un hélicoptère tournait au dessus de la ville pour
tenter de repérer le fuyard.
Les deux victimes, "sérieusement blessées", ont
été secourues par les sapeurs-pompiers et transportées à l'hôpital de
Chalon-sur-Saône, mais leurs jours ne seraient pas en danger, a-t-on appris de
même source.
Ivan
Rioufol : «Dans l'univers manichéen du macronisme» (14.09.2017)
Par Ivan
Rioufol
Publié le 14/09/2017 à 16h04
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Emmanuel Macron donne le sentiment de
n'être à son aise qu'avec lui-même, sa cour, ceux qui le flattent. La
macrocrature montre même des signes d'une attirance vers un despotisme mal
éclairé.
Emmanuel Macron se rêve en héros batailleur. Dans les
décombres de Saint-Martin, l'île antillaise ravagée par le cyclone Irma, le
président en bras de chemise s'est mis au plus près des sinistrés. L'Élysée
a fait savoir que le chef de l'État avait dormi, mardi soir, sur un lit de camp
dans la gendarmerie, avec un seau d'eau pour sa toilette. Cette communication
suffira-t-elle à corriger l'élitisme de son mouvement et sa propre politique
technocratique? En Roumanie, en août, il avait dit des Français confrontés aux
réformes: «C'est un peuple qui déteste ça.»À
Athènes, vendredi, il
avait évoqué les «fainéants»qui
s'opposent à ses projets. Pourtant, mardi, les
manifestations contre le Code du travail se sont réduites, avec la CGT et Sud,
aux vieilles processions mitées d'un syndicalisme minoritaire et sclérosé.
Les directions de FO et de la CFDT avaient pris soin de s'extraire de cette
glaciation idéologique. Le peuple raisonnable a refusé d'entrer dans le jeu
d'un président juvénilement querelleur. Jusqu'à quand?
«Le chef de l'État persiste dans une théâtrocratie
narcissique»
Disparu, le candidat qui parlait de «bienveillance». Quand
ses supporteurs, dans ses meetings électoraux, s'apprêtaient à conspuer les
adversaires, l'homme de cœur les priait d'une voix douce, les mains ouvertes:
«Ne les sifflez pas! Jamais!» Aujourd'hui, le président s'est durci. S'il
s'applique à «dire les choses», c'est contre ceux qui lui résistent. Une
férocité apparaît chez cet ambitieux à l'ego suraigu. Lundi, le chef de l'État
a assuré qu'il
ne «regrettait
absolument pas» d'avoir déclaré: «Je ne céderai rien, ni aux
fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes.» Ce jour-là, il avait aussi tenu à
«assumer» ses propos sur la France irréformable. Précédemment, il s'était fait
les dents sur «ceux qui ne sont rien», mais aussi sur «les forces du monde
ancien» et «les esprits tristes englués dans l'invective permanente» ; il
visait là des intellectuels comme Alain Finkielkraut, ou Michel Onfray.
L'autoritarisme que Macron avait exprimé, en juillet, en
humiliant publiquement le
général Pierre de Villiers («Je suis votre chef») avait jeté le doute
sur la maturité de son caractère: les faibles ont souvent ce besoin d'affirmer
leur pouvoir. Depuis, le chef de l'État persiste dans une théâtrocratie narcissique.
Il donne le sentiment de n'être à son aise qu'avec lui-même, sa cour, ceux qui
le flattent. La macrocrature, cette haute fonction publique qui a repris
l'appareil d'État, montre même des signes d'une attirance vers un despotisme
mal éclairé. C'est le Conseil constitutionnel qui, vendredi dernier, a dénoncé
une «atteinte disproportionnée» à la liberté d'expression dans l'amendement de
la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) qui avait
été inclus par le gouvernement dans l'article 1 de la loi sur la moralisation
de la vie politique. Le texte visait à pénaliser davantage certains délits
d'opinion. L'heureuse suppression de cette disposition a révélé la perméabilité
du pouvoir à la pensée obligée, à ses interdits, à ses inquisitions.
«L'esprit “complexe” qui était censé caractériser le
macronisme montre sa brutalité : le pays est divisé entre les nomades et les
enracinés, les locataires et les propriétaires, les jeunes et vieux»
En fait, l'univers manichéen du macronisme est l'héritier de
quarante ans de conformisme: une idéologie qui entrave les idées aussi
lourdement que le Code du travail entrave l'emploi. Mais c'est bien ce carcan
intellectuel qui a été conforté le 7 mai, avec la fausse victoire d'une
modernité libératrice. Rappelons que le président n'a été élu qu'avec
43,61 % des inscrits. Les 24 % du premier tour ne représentaient que
18,19 % des inscrits. Cela n'enlève rien à sa légitimité. Toutefois, la
France des Oubliés est autrement plus nombreuse que la caste du pouvoir.
L'esprit «complexe» qui était censé caractériser le macronisme montre sa
brutalité: le pays n'est plus seulement divisé entre les in» et les «out», les
«nous» et les «eux». Il l'est entre les ouverts et les fermés, les nomades et
les enracinés, les locataires et les propriétaires, les jeunes et vieux, etc.
Quand le Macron atrabilaire confie à son ami écrivain, Philippe Besson: «Les
journalistes ne m'intéressent pas (…) Ils s'intéressent trop à eux-mêmes et pas
assez au pays», on jurerait entendre l'autocritique. Mais elle ne viendra pas.
Projet de civilisation
La détermination que veut mettre le chef de l'État à faire
passer les réformes économiques et sociales, et en particulier celle du Code du
travail ou des emplois aidés, n'est aucunement critiquable. Son programme
présidentiel avait, de surcroît, annoncé sa couleur libérale. Il est d'ailleurs
plaisant d'observer une partie de la gauche, recyclée dans le mouvement En
marche!, défendre mordicus ce qu'elle critiquait hier. Toutefois, contrairement
à ce que veut faire croire le président, la France est plus ouverte aux
réformes qu'il ne le prétend. Cela fait longtemps que, loin de Paris, les
citoyens ont appris à pallier les carences de l'État en inventant de nouvelles
solidarités ou de nouvelles économies de proximité. La posture avantageuse du
président contre un peuple qu'il décrit comme immobile illustre son éloignement
du pays réel. Cette vieille France-là, qu'il croit ringarde et agonisante,
n'entend pas être menée, comme à l'abattoir, sur la pente postnationale,
consumériste et mondialiste d'un macronisme contesté par la révolution
conservatrice qui se poursuit.
«On est en droit de faire l'hypothèse que la nouvelle
gauche-droite, incarnée par le macronisme, reprend l'héritage, avec la
perspective de le faire fructifier: marchandisation accrue de l'existence et
marche plus ou moins assumée vers la société multiculturelle normative et les
politiques de discrimination positive, sous la voûte du politiquement correct
impliquant la diabolisation permanente des opposants», note le philosophe
Pierre-André Taguieff (1). Reste que ce projet de civilisation n'a jamais été
explicitement défendu préalablement par Macron, à la différence de ses réformes
techniques. C'est pourtant lui qui parle désormais d'une «transformation
profonde» du pays. Or son «franco-culpabilisme», dénoncé par le philosophe Paul
Thibaud à propos de la rafle du Vél' d'Hiv ou de la colonisation algérienne,
laisse voir une lassitude de la France. Elle n'est pas admissible chez celui
qui la préside.
Colères françaises
L'urgence commanderait à Macron de calmer les tensions qui
fracturent la nation. Or l'ancien apôtre de la concorde prend le risque, tout
au contraire, d'attiser les colères françaises. Et ce n'est pas l'annonce,
mardi, de l'ouverture
de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes qui
va rassurer ceux qui s'inquiètent de la disparition du père dans la société et
de la marchandisation des corps.
(1) Macron: miracle ou mirage?, Éditions de
l'Observatoire.
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La Russie
lance de vastes manœuvres militaires aux portes de l'Europe (14.09.2017)
- Par Le
figaro.fr AFP agence
- Publié le
14/09/2017 à 14:30
Moscou a annoncé le déploiement, ce jeudi, de 12.700
soldats le long de la frontière avec la Pologne et la Lituanie pendant une
semaine. Les pays baltes et Varsovie, inquiets, ont dénoncé ces exercices et
évoquent la présence de plus de 100.000 militaires russes.
La Russie montre ses muscles aux frontières de l'Union
européenne. Ce jeudi, Moscou a lancé de vastes manœuvres militaires conjointes
avec le Bélarus près de la frontière avec la Lituanie et la Pologne. Face aux
inquiétudes de certains membres de l'Otan, la Russie a assuré que ces
exercices, répondant au nom de code Zapad-2017 («Ouest-2017»), n'étaient
dirigés «contre aucun pays» et qu'ils étaient «purement défensifs».
L'armée russe organise tous les ans à cette période des
exercices d'ampleur dans une région différente de Russie. Selon Moscou, les
manœuvres militaires prévues cette année doivent impliquer près de 12.700
soldats présents pendant une semaine au Bélarus, pays allié, dans l'enclave
russe de Kaliningrad et dans plusieurs régions du nord-ouest de la
Russie. Autrement
dit, près de la Pologne et des pays baltes qui, depuis l'annexion de la Crimée
en 2014 et l'éclatement du conflit dans l'est de l'Ukraine, ont été plus
prompts à dénoncer Moscou comme une menace potentielle à leur souveraineté.
Certains pays, la Lituanie et l'Estonie en tête, doutent
également des chiffres avancés par l'état-major russe pour ses exercices
militaires et évoquent plus de 100.000 soldats mobilisés du 14 au 20 septembre.
Les exercices Zapad-2017 «sont désignés pour nous provoquer, pour tester nos
défenses et c'est pour cela que nous devons être forts», a déclaré dimanche le
ministre britannique de la Défense Michael Fallon, s'inquiétant d'une Russie
«de plus en plus agressive». Plus tempéré, le secrétaire général de l'Otan,
Jens Stoltenberg, a reconnu que les exercices Zapad-2017 ne constituaient pas
une «menace imminente contre un allié» mais regretté un manque de transparence.
L'Otan calme le jeu
«La Russie est capable de manipuler les chiffres avec une
grande aisance, c'est pourquoi elle ne veut pas d'observateurs étrangers. Mais
12.700 soldats annoncés pour des manœuvres stratégiques, c'est ridicule»,
affirme l'expert militaire indépendant Alexandre Golts, selon lequel le
véritable chiffre se situe néanmoins bien en deçà de 100.000 militaires. Selon
le cabinet spécialisé dans les questions de défense IHS Jane's, «les chiffres
réels sont probablement plus élevés» que les chiffres officiels, car les
manœuvres impliquent non seulement des militaires mais aussi des membres des
services de renseignement, de la Garde nationale, des services de secours et
autres, susceptibles de faire monter le nombre de personnes impliquées autour
de «80.000 à 100.000».
«L'Otan ne veut pas d'une nouvelle Guerre froide, ni
d'une nouvelle course aux armements»
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan
La Russie revendique son droit à mener des exercices
militaires sur son territoire et dénonce en retour l'expansion de l'Otan à ses
frontières, l'Alliance disposant désormais de plus de 4000 soldats déployés
dans les pays baltes et en Pologne. Dans un entretien publié ce jeudi, le jour
du lancement des manœuvres Zapad, à l'agence russe Ria-Novosti, Jens
Stoltenberg, s'est montré conciliant: «L'Otan ne veut pas d'une nouvelle Guerre
froide, ni d'une nouvelle course aux armements», a assuré le secrétaire général
de l'Alliance atlantique, promettant de «continuer à s'efforcer d'améliorer les
relations avec la Russie».
L'Otan, «menace fondamentale» pour la Russie
Alimentant le climat de tensions, les exercices russes se
déroulent en outre au même moment que des exercices en Ukraine impliquant
l'armée américaine - dont des soldats avaient déjà défilé en août pour la
première fois à Kiev - et des manœuvres en Suède mobilisant près de 19.000
soldats et simulant une attaque fictive venue d'un «opposant plus grand et
sophistiqué». Le scénario des manœuvres russes implique quant à lui de lutter
contre des «groupes extrémistes» ayant infiltré le Bélarus et Kaliningrad
depuis trois pays imaginaires mais aisément identifiables comme la Lituanie, la
Lettonie et la Pologne.
» Lire aussi - Vers une nouvelle confrontation entre l'Otan et la
Russie?
«Tous les exercices russes travaillent sur le même scénario:
le déploiement rapide de troupes», censé démontrer la détermination de l'armée
à repousser l'ennemi mais sans envisager une attaque initiée par la Russie,
explique Alexandre Golts. Au-delà des exercices Zapad-2017, l'armée russe et
l'Alliance s'accusent mutuellement régulièrement de surenchère et de manœuvres
dangereuses entre leurs navires et leurs avions en Méditerranée et dans la
Baltique. Dès la fin 2014, le président russe Vladimir Poutine avait entériné
une nouvelle doctrine militaire qui faisait figurer l'Otan comme menace
fondamentale pour son pays.
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russe est-elle en pleine renaissance?
Éducation:
«Vouloir sans cesse faciliter la tâche des élèves, c'est les mépriser»
(13.09.2017)
Par Caroline
Beyer
Mis à jour le 13/09/2017 à 18h24 | Publié le 13/09/2017 à 18h15
INTERVIEW - Professeur de lettres classiques à
Roubaix puis Tourcoing, Isabelle Dignocourt vient de publier L'Éducation
nationale, une machine à broyer.
«Simple fille d'ouvriers», Isabelle Dignocourt, 47 ans, est
une amoureuse des langues anciennes. Auteur en 2016 d'une lettre passionnée et
rageuse à Najat Vallaud-Belkacem, ministre porteuse de la réforme du collège,
cette professeur de lettres classiques vient de publier un livre. Loin de la
déploration, L'Éducation nationale, une
machine à broyer (Éditions du Rocher, août 2017) est
avant tout une déclaration d'amour à ses élèves. Elle y décrit un ministère
qui, depuis ses premiers pas dans le métier, tourne en rond, dans un bain
«pédagogiste». Entre la loi Jospin de 1989 et la réforme Vallaud-Belkacem, elle
aura changé 13 fois de «patrons». Adhérente au Snalc,
co-administratrice du groupe Facebook «Défendons
sans maugréer les langues anciennes», créé en réaction à la réforme du
collège, la professeur de latin réfute le qualificatif de «réactionnaire», dont
elle est régulièrement affublée sur les réseaux sociaux. De son 14e ministre, Jean-Michel
Blanquer, qui a promis de «soutenir» les langues anciennes, elle attend des
«actes forts».
LE FIGARO.- Vous êtes professeur de lettres classiques,
mais vous vous dites avant tout «professeur de latin». D'où vous vient cette
passion?
Isabelle DIGNOCOURT. -Avec le recul, je me dis que ma
passion pour la langue, les mots, l'étymologie vient du fait que le latin était
inaccessible pour moi, issue de milieu modeste. Ces civilisations antiques qui
me faisaient rêver, je ne pouvais les découvrir qu'à l'école. Les enfants sont
curieux. Vouloir sans cesse leur faciliter la tâche, c'est les mépriser.
Lorsque j'ai enseigné dans des quartiers défavorisés de Roubaix et Tourcoing,
des parents me disaient leur fierté à voir leurs enfants suivre de tels
enseignements. J'ai également constaté les vertus du latin, comme outil de
remédiation au français. Ce retour aux racines de la langue française permet
des déblocages en orthographe et en grammaire.
«Il faut maintenant que le ministre de l'Éducation
transforme ses paroles en actes forts pour que l'on cesse de tourner en rond»
Dans un arrêté paru en juin dernier, Jean-Michel Blanquer
a assoupli la réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem. Peut-on parler d'un
retour du latin en cette rentrée?
Ce texte permet effectivement de remettre en place les
heures enlevées au latin, aux classes bilangues ou encore aux sections
européennes. Mais les chefs d'établissement devront faire un choix entre ces
différentes options. Et je crains que ce choix ne se fasse au détriment du latin.
Depuis le décret de mai 2015 sur la réforme du collège, le latin n'est
plus une matière à part entière. Si M. Blanquer veut vraiment soutenir le
latin, il devra abroger ce texte.
Quelles sont vos impressions sur le nouveau ministre?
Je suis sensible aux mots. Et j'ai entendu dans sa bouche
des termes qui me rendent plus optimiste qu'à la rentrée 2016. Il préfère le
mot «professeur» à celui d'«enseignant», plus fourre-tout. Il se réfère au «bon
sens», au «pragmatisme». Il faut maintenant qu'il transforme ses paroles en
actes forts pour que l'on cesse de tourner en rond. Aujourd'hui, l'évocation
de la méthode syllabique par M. Blanquer suscite les mêmes débats qu'à l'époque
de Gilles de Robien en 2005, certains expliquant déjà que la méthode
globale n'existait pas. On sait bien que cette méthode n'est pas exclusivement
utilisée par certains enseignants, tout comme la méthode syllabique. Le
problème tient au juste dosage.
«Nous sommes nombreux à contourner les absurdes
directives données par le système. Mais en faisant cela, nous ne sauvons qu'une
petite partie des élèves et contribuons à accentuer les inégalités sociales»
Entre la loi Jospin de 1989 et la réforme
Vallaud-Belkacem, vous décrivez une «boucle bouclée»…
C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de m'exposer et
d'écrire ce livre. J'ai l'impression d'être arrivée au bout d'un système. La
loi de 1989 envisageait déjà de faire disparaître l'enseignement du latin au
collège. En 2002, Ségolène Royal et Claude Allègre prônaient déjà
l'«interdisciplinarité». Cette boucle bouclée, c'est l'approche dite
«constructiviste», qui estime que l'enfant est maître de ses savoirs et que
l'enseignant l'accompagne simplement dans la construction de ce savoir. Depuis
la réforme de Najat Vallaud-Belkacem, j'ai choisi de sortir de ma classe. Nous
sommes nombreux à détourner ou contourner les absurdes directives données par
le système. Mais en faisant cela, nous ne sauvons qu'une petite partie des
élèves et nous contribuons à accentuer les inégalités sociales.
Dans l'apprentissage du français, vous expliquez être
rapidement entrée en «clandestinité». Pour quelles raisons?
Les programmes de 1996 ont imposé le «décloisonnement» du
français, autrement dit le fait de ne plus faire uniquement de la grammaire ou
de l'orthographe, mais de tout relier, systématiquement, à l'étude de la
langue, pour «faire sens», pour reprendre l'expression consacrée… Alors jeune
enseignante, je me suis dit que les élèves allaient s'habituer, avant d'arriver
à la conclusion que cela ne fonctionnait pas. Les élèves ont besoin de repères.
L'air de rien, au bout de deux ans, j'ai donc repris les cours d'orthographe et
de grammaire à jour fixe et rouvert des cahiers dédiés. J'ai triché. Un
inspecteur orienté «pédagogies pédagogistes» peut vous taper sur les doigts!
Mais plus je vieillis, moins j'ai peur de l'inspecteur. Depuis deux ans, je ne me
cache plus. Avec la réforme du collège, j'ai atteint un point de saturation.
Chaque année, le système glisse un peu plus. Les derniers programmes ne nous
expliquent-ils pas que l'on doit préférer le
«prédicat» aux «COD» et «COI». On perd les élèves et les professeurs.
Ces changements sont moins visibles qu'une réforme des rythmes scolaires. Ils
ont pourtant de lourdes conséquences sur notre système scolaire.
«J'aimerais que l'on reprenne ce qui fonctionnait, à
commencer par les méthodes de lecture»
Le nouveau ministre peut-il rompre avec cela?
La question est de savoir si les instances qui gravitent
autour de lui vont lui permettre d'aller jusqu'au bout. À commencer par le
Conseil supérieur des programmes (CSP) - qui a rédigé les programmes de 2015 -,
une usine à gaz faite de spécialistes qui ont peu, voire jamais, mis les pieds
dans une classe. Depuis des années, on ressort les mêmes conseillers, issus de
la même caste administrative.
Vous dites être «une fille de l'école d'avant».
Qu'entendez-vous par là?
Je n'ai pas la nostalgie de l'école d'avant. Je ne regrette
pas les coups de règle sur les doigts pour la bavarde que j'étais et que je
suis toujours. Je suis une fille de l'école de l'ascenseur social, de l'école
de la République. Aujourd'hui, j'aimerais que l'on reprenne ce qui
fonctionnait, à commencer par les méthodes de lecture.
Vous enseignez dans le privé sous contrat. Pourquoi?
En début de carrière, je ne m'imaginais pas enseigner
ailleurs que dans le public, où j'ai fait toute ma scolarité. Mais j'ai eu dans
le privé l'entretien de motivation que je n'ai pas eu dans le public.
L'Éducation nationale est une machine. Nous ne sommes que des dossiers. En
26 ans, je n'ai vu qu'une fois le médecin du travail, en début de
carrière. Contrairement à la caporalisation à l'œuvre dans le public, la
liberté pédagogique est relativement préservée dans le privé sous contrat.
Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir un chef d'établissement sensible à
l'enseignement des langues anciennes qui n'a pas réduit mon horaire plus que le
décret ne l'y a obligé. Mais notre beau projet d'initiation pour les élèves de
3e au grec, l'autre jambe de notre langue, n'a pas pu être mis en œuvre.
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L'émir du Qatar reçu vendredi par Emmanuel Macron
(14.09.2017)
- Par Georges
Malbrunot
- Mis
à jour le 14/09/2017 à 14:44
- Publié le 14/09/2017 à 08:52
INFO LE FIGARO - Le cheikh Tamim al-Thani et le président
de la République ont prévu d'échanger vendredi sur la crise qui oppose Doha à
ses voisins saoudiens et émiriens.
L'émir du Qatar, cheikh Tamim al-Thani, sera reçu vendredi à
l'Élysée par Emmanuel Macron pour discuter de la crise qui oppose Doha à ses
voisins saoudiens et émiriens, a confirmé la présidence de la République, après
une information publiée par Le Figaro. Pour la première fois depuis
le déclenchement de cette crise, l'émir du Qatar effectue un déplacement à
l'étranger. Il doit se rendre également
ce jeudi en Turquie, son allié, pour rencontrer le
président Erdogan.«L'émir du Qatar a décidé de se rendre à Paris avant son
déplacement à l'Assemblée générale des Nations unies», qui se tient la semaine
prochaine, souligne-t-on à l'Élysée.
Depuis le 5 juin, le
Qatar est soumis à un embargo de la part de l'Arabie saoudite et les Émirats
arabes unis qui lui reprochent de soutenir le terrorisme et de s'être
rapproché de l'Iran, l'ennemi des monarchies sunnites du Golfe. La crise ne
connaît pas de répit. La semaine dernière, cheikh Tamim a appelé le prince
héritier saoudien Mohammed Bin Salman. Mais quelques heures après cet appel
téléphonique, Riyad a annoncé la suspension de tout contact avec Doha.
Saoudiens et Émiriens ont présenté au Qatar une liste de 13
demandes, parmi lesquelles la fermeture de la chaîne de télévision Al-Jazeera,
l'arrestation de responsables islamistes et une prise de distance vis-à-vis de
l'Iran. Doha a rejeté ces exigences, estimant qu'elles portaient atteinte à sa
souveraineté.
La lutte contre le terrorisme au programme
Depuis le début de la crise, Emmanuel Macron s'est entretenu
à plusieurs reprises avec l'émir du Qatar, le prince saoudien Bin Salman et
Mohammed Bin Zayed, le prince héritier des Émirats arabes unis. La France, qui
soutient la médiation koweïtienne, a
nommé la semaine dernière un émissaire dans la crise, le diplomate Bertrand
Besancenot. Mais allié avec chacun des trois pays, Paris est
embarrassé, et ne veut pas se mettre à dos l'un d'eux. Même si Emmanuel Macron
a répété que Doha devait faire des efforts en matière de surveillance de
financement du terrorisme.
La rencontre Macron-Tamim sera «l'occasion d'évoquer la question
de la lutte contre le financement du terrorisme et de discuter des moyens de
renforcer notre coopération en la matière», précise-t-on justement dans
l'entourage d'Emmanuel Macron. Particulièrement attaché à cette question sur
laquelle l'allié qatarien est également accusé par l'Arabie et les Émirats,
Emmanuel Macron, sitôt élu, avait fait attendre pendant plusieurs jours l'émir
Tamim qui souhaitait le féliciter, par téléphone, pour sa victoire. Une
précédente visite prévue début juillet de l'émir du Qatar avait été finalement
reportée, cheikh Tamim ne souhaitant manifestement pas quitter son pays durant
cette période sensible, de peur que ses voisins ne fomentent un coup d'État.
Ces dernières semaines, Riyad et Abou Dhabi ont d'ailleurs
propulsé sur le devant de la scène un cousin lointain de l'actuel émir, donnant
à penser que l'Arabie saoudite et les Émirats étaient en faveur d'un changement
de régime à Doha. Pas de quoi apaiser les tensions entre frères ennemis du
Golfe.
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Aubagne : un adolescent reconnaît être l'instigateur de
plusieurs feux (14.09.2017)
- Mis à jour le 14/09/2017 à 16:57
- Publié le 14/09/2017 à 12:50
Un des incendies provoqués par ce jeune homme de 14 ans
avait détruit 240 hectares en août, interrompant le trafic ferroviaire dans le
Sud-Est. Il doit être présenté dans la journée à un juge d'instruction en vue
de sa mise en examen.
Un adolescent de 14 ans a reconnu être à l'origine de
plusieurs incendies survenus près de Marseille cet été. Originaire d'Aubagne,
il a été surpris en flagrant délit en train d'allumer un foyer mardi soir par
la sûreté départementale, après plusieurs semaines d'enquête menées
conjointement avec l'Office national des forêts et les pompiers. Selon des
informations de la Provence,le
jeune homme a avoué sa «fascination pour les pompiers», durant sa garde à vue.
Il doit être présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen dans la
journée de jeudi.
L'adolescent a reconnu avoir allumé 18 foyers, qui ont brûlé
en tout 300 hectares entre fin juin et mi-septembre dans la zone d'Aubagne,
dont notamment un incendie qui avait ravagé 240 hectares en août. Cet incendie
avait provoqué l'interruption du trafic ferroviaire sur certaines lignes du
Sud-Est et
bloqué plusieurs milliers de personnes dans les gares en ce week-end de retour
de vacances.
Le sinistre avait débuté entre Carnoux-en-Provence et
Aubagne le samedi 19 août au soir. Aucune habitation n'a été touchée par cet
incendie qui s'était déclaré dans une zone boisée et comportant beaucoup
d'habitations individuelles. Mais un centre de vacances de Carnoux avait été
évacué.
Plusieurs incendies très violents ont brûlé des milliers
d'hectares de forêt dans le sud-est de la France au cours de l'été. Fin août,
un homme d'une quarantaine d'années soupçonné d'avoir provoqué 17 incendies
entre les 10 et 20 août dans les Bouches-du-Rhône a été mis en examen et
écroué.
À VOIR AUSSI - Aubagne: l'incendie bloque 2000 passagers
dans les gares
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près de 4000 hectares détruits dans le Sud-Est et
Jean-Michel Blanquer s'implique dans les programmes
scolaires (14.09.2017)
Par Marie-Estelle
Pech et Caroline
BeyerMis à jour le 14/09/2017 à 20h21 | Publié le 13/09/2017 à 19h45
VIDÉO - Fin du prédicat, les quatre opérations mathématiques
dès le CP/CE1, davantage de chronologie… Le ministre de l'Éducation change de
cap.
Le «prédicat», ce concept grammatical introduit dans les nouveaux
programmes scolaires de 2015, est de retour! Ou plutôt, il serait sur le
départ… C'est la volonté du ministre de l'Éducation, qui, dans une interview le
13 septembre à L'Express, y voit une «notion inutilement
complexe», ayant «vocation à disparaître». Un détail? Une querelle de
spécialistes? Le prédicat - ce groupe verbal qui appelle à mettre de côté
les notions de compléments d'objet lors des premiers
apprentissages - avait
suscité une belle polémiqueen janvier 2017. Il oppose ceux qui voient la
grammaire comme une base de la langue et ceux qui la considèrent comme un
outil. Un détail qui n'en est pas un et rappelle le débat autour des méthodes
de lecture.
En maths, le ministre est adepte de la méthode de
Singapour, qui a pour principe d'aller du simple au complexe, de la
manipulation à l'abstraction.
Pour asseoir sa vision, Jean-Michel Blanquer ne s'interdit
pas de revoir «à la marge» les programmes rédigés sous Najat
Vallaud-Belkacem. Pas question pour autant de les réécrire, affirme-t-il. Un
message rassurant à l'adresse des enseignants qui, du CP à la troisième, se
sont tant bien que mal approprié ces nouveaux textes, entrés en vigueur il y a
tout juste un an. Pourtant, le ministre prévoit plus qu'un simple toilettage.
Ce féru de neurosciences, adepte, en mathématiques, de la
méthode de Singapour - qui a pour principe d'aller du simple au
complexe, de la manipulation à l'abstraction -, évoque la maîtrise des
quatre opérations dès le CP et le CE1, afin, explique-t-il, d'«acquérir ces
automatismes cognitifs très jeunes».
À ce jour, la multiplication apparaît au CE2 et la division,
l'année suivante. «Il faut que l'enfant soit mûr», oppose le SNUipp, principal
syndicat du primaire, qui s'inquiète des déclarations du ministre. Trop tôt? La
fameuse méthode de Singapour considère que l'addition et la soustraction,
opérations qui se comprennent l'une par rapport à l'autre, doivent être
abordées simultanément. De même pour la multiplication et la division. Elle les
met au programme du CP et du CE1.
«Je m'étonne de ne pas avoir été prévenu de ces
changements»
Michel Lussault, président du Conseil supérieur des
programmes
Le ministre entend aussi remettre de l'ordre en histoire et
en littérature, en introduisant davantage de chronologie. «La façon dont on
aborde aujourd'hui notre patrimoine littéraire au collège, par grandes idées un
peu conceptuelles et non plus par courants et époques spécifiques, doit être
repensée», explique-t-il.
Président toujours en poste du Conseil supérieur des
programmes (CSP), mis en place sous la précédente majorité, Michel Lussault
«(s)'étonne de ne pas avoir été prévenu de ces changement», estimant que «les
déclarations du ministre participent d'une remise en question préoccupante des
nouveaux programmes». C'est dit…
«Ce qu'il veut insuffler, c'est un état d'esprit, une
démarche de liberté.»
Une source dans l'entourage de Jean-Michel Blanquer
Comment Jean-Michel Blanquer va-t-il orchestrer le
changement? Par des circulaires? Par des «documents d'accompagnement» aux
programmes? «Je crains qu'il ne multiplie ces documents d'accompagnement, qui
viendraient alors se substituer aux programmes, l'air de rien», alerte Stéphane
Crochet, à l'Unsa. Comme le SNUipp, l'organisation syndicale, lassée de parler
au ministre par média interposé, entend le rencontrer «rapidement», pour parler
du cap.
Dans l'entourage du ministre de l'Éducation, on se veut pour
le moment très prudent. Sans doute se souvient-on, rue de Grenelle, que la
seule proposition d'introduire la maîtrise de la division en CE1 avait, en
2008, suscité la bronca unanime des syndicats d'enseignants, qui la jugeaient
irréaliste. Le ministre Xavier Darcos, avec qui travaillait Jean-Michel
Blanquer, avait dû reculer. «Le ministre encourage simplement les enseignants à
se détacher parfois des programmes, tempère-t-on dans son entourage. Ce qu'il
veut insuffler, c'est un état d'esprit, une démarche de liberté.
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Migrants : pourquoi le Pape a-t-il corrigé ses
propos ? (14.09.2017)
Publié le 14/09/2017 à 16h29
ANALYSE - En nuançant ses déclarations du 21
août sur la protection des migrants, le Pape a voulu calmer l'emoi déclenché
par celles-ci au sein de milieux qui lui sont acquis.
Que pense en définitive le pape François du phénomène
migratoire? En l'espace d'un mois il semble avoir soufflé le chaud et le froid. Le
«chaud», ce fut le 21 août. Il publiait un message annuel pour la Journée
mondiale des migrants où il demandait des mesures concrètes visant à protéger
juridiquement les migrants, avant leur départ, pendant leur trajet, à leur
arrivée, en leur garantissant une protection sociale, une scolarité pour les
plus jeunes, une retraite pour les plus anciens. Sans limite aucune. Comme si
toutes les frontières étaient abolies.
Le
«froid», ce fut dimanche soir, le 10 septembre, à son retour de Colombie.
Il a nettement corrigé ses propos en légitimant sans aucune ambiguïté une
limitation des flux d'entrées des migrants. Les «gouvernements» a
affirmé le Pape, doivent réguler avec «prudence» les accueils, selon leur capacité
à «intégrer» de nouvelles populations. «Il ne suffit pas d'ouvrir son cœur»,
a-t-il lancé, mais un gouvernement doit se dire: «Je ne peux pas accepter un
nombre plus important car il y a danger de la non-intégration.» À son retour de
Suède en novembre 2016, il avait déjà justifié le principe d'une
régulation.
Seconde idée, développée de façon inédite par François sur
ce vol de retour d'Amérique latine: l'Occident a la responsabilité «d'investir»
en «Afrique» pour que ses habitants puissent vivre sur un continent en
«croissance». Ce qui revient à traiter, à la source, l'une des causes de
l'immigration économique. C'est un des fondamentaux de l'enseignement social de
l'Église. Mais François ne l'avait encore quasiment jamais utilisé, accusant
plutôt l'Europe d'égoïsme.
Le principe radical exprimé en toutes lettres de
« toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale » -
la sécurité personnelle des migrants n'est pas passé. Cela a créé en Occident,
tant en Europe qu'aux États-Unis, une incompréhension majeure
Que s'est-il passé entre le 21 août et le
10 septembre pour que le Pape ajuste à ce point sa vision des choses? En
réalité sa lettre du mois d'août a profondément choqué l'opinion, y compris
modérée. Le principe radical exprimé en toutes lettres de «toujours faire
passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale» - la sécurité
personnelle des migrants - n'est pas passé. Cela
a créé en Occident, tant en Europe qu'aux États-Unis, une incompréhension
majeure.
L'émoi occidental fut d'autant plus vif que derrière les
mesures techniques contenues dans son message se dessinait la perspective d'un
pape catholique qui pour la première fois de l'histoire, semblait abandonner
une politique vaticane de défense de «l'identité» de l'Europe. Le Pape ne
demandait-il pas explicitement d'intégrer mais «sans supprimer», chez les migrants,
leur «identité culturelle»?
Exemplaires de générosité dans leur gestion humanitaire
des vagues de migrants en Méditerranée, les Italiens se sentent saturés par ce
phénomène et donc dépassés
Même la très catholique Italie ne l'a pas admis. Exemplaires
de générosité dans leur gestion humanitaire des vagues de migrants en
Méditerranée, les Italiens se sentent saturés par ce phénomène et donc
dépassés. Beaucoup d'entre eux - et pas seulement dans des milieux d'ordinaire
opposés à l'immigration - se sont dit que François allait trop loin.
L'écho de ce débat - parce qu'il était italo-italien et
qu'il émanait des couches modérées de l'opinion - est arrivé, cette fois,
jusqu'aux oreilles du pape François. Car il ne faut pas sous-estimer les
acouphènes qui se forment dans les entourages des puissants… Ils amortissent
beaucoup de mauvaises nouvelles! Le Pape lit peu la presse mais il parcourt une
certaine presse italienne. Il a donc vu par lui-même se dresser une opposition
à la fin de l'été, issue de milieux qui lui sont pourtant acquis. C'est l'une
des clés de ce revirement. En se rendant en Colombie le 6 septembre,
François avait donc en tête de profiter de la traditionnelle conférence de
presse du retour, pour ajuster son discours.
Quant à l'absolu des propos de François au mois d'août, ils
visaient à faire pression - par un choc sur les consciences qu'il aime
pratiquer - sur la communauté internationale afin qu'elle adopte, d'ici à la
fin de l'année 2018, les promesses du sommet de l'ONU de septembre 2016 concernant
deux accords internationaux contraignants pour les États quant à la gestion des
réfugiés et des migrants. Ces accords semblaient en bonne voie, mais la
nouvelle politique américaine de l'Administration Trump change la donne.
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Jean Druel : "En France, on est en panique face au
phénomène religieux » (15.09.2017)
CULTURE VENDREDI 15 SEPTEMBRE 2017
Avec ses polos d’étudiant et ses phrases chocs, Jean
Druel détonne dans le paysage religieux. Ce prêtre parfaitement arabophone,
directeur de l’Institut dominicain d’études orientales au Caire (IDEO) depuis
2014, vient de publier Je crois en Dieu, moi non plus – Introduction
aux principes du dialogue interreligieux. Un essai sous forme de boîte à
outils pour nous aider à sortir des débats stériles. Interview.
Le Bondy Blog : En tant que directeur de l’IDEO, votre
mission principale est de mener différents dialogues interreligieux avec des
étudiants et chercheurs musulmans mais également avec les cheikhs d’Al Azhar,
l’institution de référence de l’islam sunnite. Quel est le but de ces
échanges ?
Jean Druel : Le dialogue auquel on
participe entre le Vatican et Al Azhar est très différent de celui qu’on mène
avec les chercheurs et étudiants, musulmans et chrétiens, fréquentant
l’Institut. Avec le Vatican et Al Azhar, on participe à des réunions très
courtes où on essaye d’aborder des questions qui fâchent. Par exemple on a eu
une séance sur la question de la violence : pourquoi Al Azhar a
l’impression qu’on est obsédé par la question et pourquoi nous, les catholiques,
on a l’impression qu’ils fuient la question ? On voit les causes
religieuses de la violence musulmane alors que les cheikhs ne voient pas le
rapport avec la religion. C’était très intéressant de comprendre pourquoi on ne
se comprend pas, comprendre quels sont nos points de vue respectifs. Mais on
garde les détails de ces discussions pour nous, pour la recherche car c’est
compliqué à communiquer au grand public sur des questions d’épistémologie
[étude de la connaissance scientifique, des postulats et méthodes
scientifiques, ndlr]. Ce qui sort dans les médias après ces réunions, ce sont
des déclarations communes pour dire qu’on est contre la violence. Ça n’apporte
rien au débat intellectuel mais ce qui est important, c’est que les gens de la
rue vont voir une photo, un titre. Symboliquement c’est très puissant.
Le Bondy Blog : Est-ce que le dialogue interreligieux
peut lutter contre le terrorisme perpétré au nom de la religion ?
Jean Druel : Le dialogue interreligieux
n’est pas une arme contre le terrorisme. C’est naïf de vouloir
l’instrumentaliser pour détruire le terrorisme et on risque d’être vite déçu.
Il faut des moyens armés et bien plus. On a dépassé un tel seuil qu’on ne peut
pas se retrouver autour de la table comme ça… Prenez l’ETA [groupe terroriste
indépendantiste basque, ndlr], ça a pris des années pour en sortir. En
revanche, le dialogue interreligieux a des effets tangibles sur ceux qui le
pratiquent : ils vivent mieux ! On a moins peur des autres et de la
diversité. On ne se sent pas en permanence agressé par ce qui se passe. Je le
fais pour vivre en paix avec les gens autour de moi, pas pour combattre les
terroristes.
Le Bondy Blog : Diriez-vous qu’il y a plus de dialogue
entre chrétiens et musulmans aujourd’hui qu’hier ?
Jean Druel : Oui car on est condamné à
dialoguer. La situation est tellement explosive qu’on ne peut plus vivre dans
un état de nature où on était tous copains. On entend beaucoup en Égypte la
phrase : “c’est plus ce que c’était, avant, on vivait tous ensemble
dans les mêmes immeubles, les mêmes écoles et on ne se posait même pas la
question de qui était chrétien, musulman ou juif !” Le contexte a
changé, les choses sont beaucoup plus polarisées aujourd’hui donc forcément il
y a plus de dialogue formel.
Le Bondy Blog : La religion est devenue omniprésente dans
l’actualité, particulièrement en France. Et pourtant ces débats semblent
souvent tourner en rond et n’aboutir qu’à des prises de positions de plus en
plus antagonistes. Comment en sortir ?
Jean Druel : On tourne rond parce que
personne n’est prêt à changer. Or le dialogue interreligieux ne mène à rien si
personne n’est prêt à bouger. Le contexte de ces débats est souvent polémique
et oppose souvent une majorité face à une minorité. Résultat : chacun se
réfugie dans des positions identitaires. Une fois qu’on a dit : “le
voile ne fait pas partie de la culture française”, bon bah super et donc on
fait quoi ? A-t-on le droit d’interroger ce qu’est la culture
française ? Il faudrait qu’on accepte de faire de la place. Oui, la société
française est multiculturelle et multi-religieuse, c’est un fait et il y a
plusieurs façons d’être français.
Quand, en face, on a le discours suivant : “le voile fait
partie des obligations musulmanes”, on tombe aussi dans un discours
identitaire, car c’est faux. Le voile est tout à fait négociable. C’est tout
l’enjeu du fiqh [la jurisprudence en islam, ndlr]. Il y a quatorze siècles de
jurisprudence pour adapter la charia au contexte. Ça n’a pas de sens de vouloir
importer un islam “tout prêt” au sens de prescriptions gravées dans le marbre.
Le Bondy Blog : Vous nous incitez à questionner la
religion, à la désacraliser, mais parfois la frontière est mince entre la
critique de la religion et celle des croyants. Où placer le curseur ?
Jean Druel : Pour moi, ce n’est pas une
question de curseur mais de domaine. Ce n’est pas parce que je critique le
discours du pape que je te critique. Si je dis que dans ma culture, le voile
signifie l’oppression, je ne suis pas en train de dire que je n’aime pas
l’islam ou que je ne t’aime pas comme musulmane. Je dis juste que dans ma
culture, d’un point de vue objectif, le voile est rapidement assimilé à un
symbole d’oppression machiste. Or beaucoup de personnes n’ont pas l’habitude de
distinguer les différents niveaux d’énonciations : ce qui ressort du
culturel, de l’historique, de mon sentiment. Quand on dialogue, il faut prendre
le temps de distinguer ce que dit l’autre : est-il en train de m’agresser
personnellement ou est-ce qu’il est en train de dire une vérité objectivement
mesurable ?
Le Bondy Blog : Vous distinguez en effet dans votre livre
quatre types d’énoncés : le scientifique (“Jésus et Mahomet sont des
personnages historiques”*), le dogmatique (“Dieu existe”*), le
symbolique (“Le Coran est présence de Dieu”*), le sentimental (“La
messe m’ennuie”*). Vous nous dites qu’avant de se lancer dans un débat sur
la religion, il faut avoir des connaissances solides en théologie. Finalement,
vous nous incitez plus à nous taire qu’à dialoguer ?
Jean Druel : Je ne suis pas élitiste mais
exigeant. Ce que je propose, c’est une éthique de la parole. Si vous vous
embarquez dans une discussion théologique, ça ne suffit pas d’arriver avec ses
bons sentiments. Il faut une formation théologique. Idem si la discussion porte
sur l’histoire de la religion. On ne peut pas juste balancer des trucs sur ce
qu’on ressent. Il faut dialoguer au même niveau, soit théologique, soit
scientifique, soit sentimental, soit symbolique et ne pas tout mélanger. Alors
oui, pour moi le dialogue, c’est 80% de temps d’écoute. Il y a une aussi une
très grosse partie de digestion. Après le dialogue, quand je suis seul, je me
dis “tiens cette réponse m’a fait réagir, pourquoi ça m’a choqué,
qu’est-ce ça a fait bouger chez moi ?” C’est à ce moment que le
dialogue produit ses effets.
Le Bondy Blog : Est-ce qu’en France notre culture
universaliste et laïque nous empêche de rentrer dans cette éthique du dialogue
interreligieux ?
Jean Druel : En France, on a évacué la
théologie de l’université car beaucoup pensent que c’est du catéchisme. Ça n’a
pourtant aucun rapport. La conséquence, c’est qu’aujourd’hui beaucoup de
chercheurs sont démunis pour penser le fait religieux. Ils l’étudient de
manière sociologique, politique, économique, psychologique, mais ils sont totalement
démunis pour penser la foi. On ne peut pas étudier les phénomènes de croyances
uniquement sous l’angle culturel ou sociologique. La foi est au croisement de
mon sentiment, de l’histoire, des connaissances. À la limite, on pourrait être
un chercheur athée et un excellent théologien, c’est un champ disciplinaire à
part entière.
Cette lacune française explique qu’on est un peu en panique
face au phénomène religieux. On va d’un extrême à l’autre. D’un côté, le
discours “le terrorisme islamiste n’a rien avoir avec la religion” signifie
qu’on prend les djihadistes pour des débiles mentaux. On justifie leurs actes
par le chômage, le fait qu’ils soient déboussolés en France. C’est extrêmement
dédaigneux de nier ce qu’ils disent eux-mêmes de leurs motivations religieuses.
À l’autre extrême, on trouve le discours “islam= terrorisme”,
malheureusement assez présent dans les milieux catholiques. Or il y a quatorze
siècles de tradition musulmane derrière nous. Si l’islam était terroriste par
essence, ça se saurait et on n’aurait aucun répit ! La théologie
n’explique pas tout du terrorisme, mais elle n’est pas totalement inutile non
plus.
Le Bondy Blog : Au-delà de votre livre, quels conseils
pouvez-vous nous donner pour nous aider à comprendre et parler de
religion ?
Jean Druel : Il y a beaucoup de livres
savants et de thèses sur la question. Mon livre est à prendre comme un couteau
suisse pour le grand public, pour ceux qui n’ont pas l’habitude de parler
religion mais qui aiment ça ou sont attirés par ce sujet. C’est une invitation
à rencontrer des gens. Plus que des livres, je conseillerai de sortir de chez
soi, de parler de foi avec d’autres.
Essayez de voir le monde comme d’autres le voient. Par
exemple une amie avait fait l’expérience de porter le voile et de se balader
une journée au Pays-Bas et d’en parler ensuite avec ses amies musulmanes. Ce
n’est pas de l’hypocrisie mais un test socio-culturel. Tu vois ce qui se passe
et tu nous racontes. Ça permet de voir le monde autrement.
Rentrez dans une mosquée ! Pareil avec une synagogue ou
un temple protestant. Très peu de catholiques ont assisté à un culte protestant
le dimanche, c’est délirant ! Allez-y, vous verrez le monde autrement et
réaliserez que la réalité est plus complexe parce que nos sens nous trompent.
On a l’impression qu’on voit la réalité telle qu’elle est. En fait, on ne la
regarde qu’à travers notre propre prisme. Mon but est d’inciter les gens à
sortir et d’enfiler d’autres lunettes.
Propos recueillis par Ariane LAVRILLEUX
*Extraits de Je crois en Dieu, moi non plus Jean
Druel, Editions du Cerf.
Pour le psychiatre, le meurtre de Sarah Halimi est «un
acte délirant et antisémite»
Par Clarisse Martin — 14
septembre 2017 à 20:27
Marche blanche, le 9 avril, à Paris, organisée à la mémoire
de Sarah Halimi, en présence de la famille.Photo Plume Heters Tannenbaum.
Dans son rapport d'expertise, le médecin ouvre la voie à
une possible requalification des faits par la justice.
Pour le psychiatre, le meurtre de Sarah Halimi est «un
acte délirant et antisémite»
Dans la nuit du 4 avril 2017, Sarah Halimi était rouée de
coups et défenestrée depuis le balcon de son appartement, dans le XIe arrondissement
parisien. Son bourreau a-t-il perpétré ce crime parce qu’elle était juive ?
Pour l’heure, l’antisémitisme n’a pas été retenu comme circonstance aggravante
par les juges d’instruction. Néanmoins, le rapport d’expertise psychiatrique,
que Libération a pu consulter dans son intégralité, donne des
éléments pouvant étayer ce mobile.
«Kobili T. est accessible à une sanction pénale»,
écrit Daniel Zagury; le psychiatre, concluant à une altération et non à une abolition de son
discernement au moment des faits. S’il n’est pas du ressort du médecin
de se prononcer sur la qualification du crime, l’expert donne des éléments pour
éclairer les magistrats, «en restant strictement circonscrit au champ
psychiatrique».
Daniel Zagury a eu l’occasion de rencontrer Kobili T. à
trois reprises : le 20 mai, le 23 juin et le 15 juillet. Lors de ces
entretiens, l’expert a confronté le jeune homme de 27 ans aux faits qu’il a
commis pendant cette nuit d’avril. Cette nuit au cours de laquelle il «se
sentait comme possédé», «oppressé par une force extérieure […]
démoniaque», a-t-il déclaré aux enquêteurs lors de son interrogatoire de
première comparution, dont le procès-verbal a pu être consulté par Libération.
Chandelier
Aux enquêteurs comme au psychiatre, il déclare ne pas avoir
su qui habitait dans l’appartement de Sarah Halimi avant de s’y introduire.
Selon ses dires, il aurait compris qu’il s’agissait d’un appartement occupé par
une personne de confession juive en remarquant un chandelier et une
bougie. «Ça aurait pu être n’importe qui, une hindoue, peut-être même
une musulmane», a-t-il déclaré à un médecin du service dans lequel il était
interné.
Dans son expertise, Daniel Zagury reste prudent. «Il
ne paraît pas possible d’affirmer que Mme Lucie Attal [le
nom de jeune fille de Sarah Halimi, ndlr] a été délibérément recherchée
pour être massacrée parce qu’elle était juive. Par contre, le fait qu’elle soit
juive l’a immédiatement diabolisée et a amplifié le vécu délirant.» Si
le psychiatre a conclu à «une bouffée délirante aiguë» au moment
des faits, il ne considère pas cette démence comme seule responsable. «Le
crime de Kobili T. est un acte délirant et antisémite. Mme Lucie
Attal n’a peut-être pas été recherchée et tuée parce que juive, mais le fait
qu’elle le soit a facilité la déflagration de destructivité de Kobili T.» Le
médecin s’interroge : «Si cet appartement voisin avait été occupé
par une autre personne, Kobili T. se serait-il comporté de façon
identique ?»
Propos, écrits ou actes
Pour les avocats des parties civiles, l’antisémitisme est la
donnée manquante dans la qualification des faits. Depuis la mise en examen de
Kobili T., ils réclament la reconnaissance de cette circonstance aggravante. «Il
était animé par un antisémitisme viscéral», estime Jean-Alex Buchinger,
l’avocat des enfants de la défunte. Me Goldnadel, avocat du
frère et de la sœur de Sarah Halimi, juge pour sa part qu’il n’y a eu «aucun
coup de folie», seulement de l’antisémitisme.
Pour que l’infraction soit aggravée par l’antisémitisme, les
magistrats instructeurs devront désormais s’attacher à déterminer si Kobili T.
a tué Sarah Halimi en raison de sa judéité. Ce qui peut être étayé par des
propos, des écrits ou encore des actes qui ont accompagné le meurtre. Contacté
par Libération, Me Bidnic, assurant la défense
du suspect, n’a pas souhaité s’exprimer pour le moment.
Birmanie : «Nos villages sont incendiés les uns
après les autres» (14.09.2017)
Par Laurence
Defranoux — 14 septembre 2017 à 17:51
Dans le village de Gawdu Tharya, près de Maungdaw, dans
l'Etat Rakhine, en Birmanie le 7 septembre. Photo AFP
Depuis la Birmanie, un jeune professeur rohingya raconte
à «Libération» sa vie depuis l'opération de représailles menée par les forces
de l'ordre contre la minorité musulmane.
Birmanie : «Nos villages sont incendiés les uns
après les autres»
Le 25 août, des militants de la minorité musulmane de l’Etat
Rakhine [appelé aussi Arakan, une des divisions administratives de la
Birmanie, ndlr] ont attaqué une trentaine de postes de police. Depuis,
l’armée et les milices mènent une violente opération de représailles contre la
population, poussant près de 400 000 personnes, sur environ 1,1 million, à fuir
au Bangladesh voisin. Les Rohingyas sont considérés comme des parias dans un
pays majoritairement bouddhiste où les conflits ethniques sont légion. Mercredi
soir, le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé à la Birmanie des «mesures
immédiates» pour faire cesser «un recours excessif à la force». Nous
avons recueilli par téléphone le témoignage de Fisel, 29 ans, qui vit dans le
district de Maungdaw et dont le village a été incendié. La région étant
interdite aux journalistes, son récit est impossible à vérifier, mais il
concorde avec les informations recueillies par la presse et les humanitaires
auprès des réfugiés au Bangladesh.
«Je viens du village de Myo Thu Gyi, qui compte un millier
de maisons et 7000 habitants. Le soir du 27 août, on a entendu des cris et
des coups de feu. J’ai vu des soldats et le BGP [les gardes-frontières,
ndlr] arriver en camion. Ils étaient environ une centaine. Ils avaient
des fusils, de l’essence, des briquets. Ils ont tiré partout dans le village,
aveuglément. Avec ma mère et mes cinq frères et sœurs, on est sortis en
courant. Une fois que tout le monde s’est enfui, ils ont commencé à mettre le
feu aux maisons, l’une après l’autre. On s’est d’abord réfugiés dans un village
à 2 km. Un ami m’a envoyé une vidéo où on voit Myo Thu Gyi brûler encore le
lendemain, ils sont revenus mettre le feu aux maisons qui restaient. Depuis,
les villages sont incendiés les uns après les autres. Ce matin [jeudi
14 septembre, ndlr], c’est Baggona qui a brûlé. Il ne reste plus
que quelques villages indemnes, sur une centaine dans le district.
«Une dizaine de corps»
«Nous avons ensuite été hébergés chez des proches, près du
bourg de Maungdown, où la situation est calme, mais on doit déménager dans un
autre village aujourd’hui. Nous n’avons pas assez à manger, mais nous sommes
habitués, et notre situation n’est pas si difficile par rapport à tous ceux qui
doivent dormir dans la rue. Mais on a peur, très peur. On passe la nuit à
attendre, à nous demander s’ils vont venir ou pas. Un de mes voisins a pu
retourner au village, il dit qu’il a vu une dizaine de corps, surtout des
enfants. On n’est plus que quelques-uns à rester ici, presque tout le monde a
fui au Bangladesh. Là-bas, au moins, on a la vie sauve. Ici, les femmes
enceintes ou les vieux ne peuvent recevoir aucune aide.
«Ma famille est installée depuis des générations dans le
village, le grand-père de mon grand-père vivait déjà ici. Nous avions de bonnes
relations avec les bouddhistes, on travaillait ensemble, on étudiait ensemble.
Depuis 2012, c’est le gouvernement qui nous sépare. La propagande dit "n’achetez
pas dans les magasins kalars" ["kalar" étant le terme
péjoratif désignant les Rohingyas, ndlr], "ne parlez pas aux
kalars". J’ai beaucoup d’amis rakhines [bouddhistes,
ndlr], je leur ai téléphoné. Certains me parlent mal, il y a désormais
tant de haine dans tout le pays, tant de discours répétant "les
musulmans sont des terroristes". D’autres me disent "on
est désolés pour toi, pour votre situation". Mais ils ne peuvent
pas m’aider, c’est devenu impossible de vivre ensemble. Ils n’ont pas le droit
de venir, et depuis longtemps, les Rohingyas n’ont plus l’autorisation de se
déplacer. Les routes sont bloquées, il y a des check-points, la police, les
militaires. Nous appelons l’Arakan "notre prison à ciel
ouvert".
C’est plus facile d’aller au Bangladesh qu’à la ville
voisine. La frontière est à 3 km, on traverse la rivière sur des petits
bateaux de pêche. Mais les passeurs, qu’ils soient bangladais ou Rohingyas, ont
augmenté les prix, ils demandent 100 000 kyats (environ 62 euros) par
personne, sauf pour les enfants de moins de 12 ans. C’est très cher, car ici il
n’y a pas de travail. Moi je gagne 200 000 à 300 000 kyats par mois
comme professeur. Même avant la mort de mon père, il y a deux ans, c’est moi
qui faisais vivre toute la famille.
«On écrit sous des faux noms»
«On est en colère contre ceux qui ont attaqué les postes de
police. Déjà, en 2012, il y avait eu des violences. Le gouvernement avait
arrêté près de 1000 Rohingyas, et en avait mis à peu près autant sur liste
noire. Ils ne pouvaient ni vivre dans leur pays, ni partir. Qu’ont-ils fait?
Ils ont formé un groupe alors qu’ils n’ont que des épées, des lance-pierres,
des bâtons et quelques armes volées dans un poste de police en octobre dernier.
Ils savaient qu’ils allaient perdre et être tués. On a subi tant de
restrictions, on a perdu tant de droits, on n'a plus d'espoir. Moi j’ai eu mon
bac en 2008 et je suis allé étudier à Sittwe (la capitale du Rakhine). Mais
depuis 2012, on n’a plus le droit d’aller à l’université.
Je n’ai plus de papiers, les cartes d’identité temporaires
ont été supprimées. Je peux être arrêté ou tué juste pour avoir un smartphone.
On nous reproche d’utiliser Internet pour parler à des étrangers, de répandre
la haine. Un de mes amis proches a passé trois ans en prison juste pour avoir
utilisé Facebook. On écrit sous des faux noms, on ne met pas de photos. Mais
vous pouvez écrire mon prénom, car moi aussi je vais quitter le pays cette
semaine.
«Je sais que c’est difficile au Bangladesh. Mais nous
ne pouvons plus vivre ici. Des gens sont déjà morts, les villages ont brûlé,
les familles sont ruinées. Que pouvons-nous faire sans aide face à la cruauté
de notre gouvernement? Si rien ne se passe, d’autres vies vont être perdues. Je
crois que c’est ce que cherche le gouvernement, qu’il pense "partez, ce
n’est pas votre place, ce n’est pas votre pays". Mais je reviendrai.
J’aime tant mon pays.»
La France joue la carte du pragmatisme en Turquie
(14.09.2017)
Par Quentin
Raverdy , correspondant à Istanbul — 14 septembre 2017 à
16:57
Jean-Yves Le Drian à Paris, le 31 août. Photo Bertrand
Guay. AFP
La visite ce jeudi à Ankara du ministre des Affaires
étrangères, Jean-Yves Le Drian, a pour but d'éviter toute «rupture», malgré les
récentes tensions entre l'UE et Erdogan.
La France joue la carte du pragmatisme en Turquie
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le
Drian, entame aujourd’hui une visite diplomatique de deux jours à Ankara, sur
l’invitation de son homologue turc Mevlut Cavusoglu. Un déplacement au cours
duquel il s’entretiendra avec le chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan ainsi
qu’avec le leader de l’opposition, Kemal Kilicdaroglu. Une rencontre
diplomatique importante à l’heure où les relations entre la Turquie et ses
partenaires européens sont plus que tendues. Les chancelleries de l’Union
s’inquiètent en effet des nombreuses atteintes aux droits de l’homme dans le
pays depuis la mise en place de l’état d’urgence, au lendemain de la tentative
de coup d’Etat contre Erdogan le 15 juillet 2016. Depuis lors,
environ 50 000 personnes ont été arrêtées et plus de
100 000 ont été licenciées, suspectées d’être liées au mouvement de
l’imam en exil Fethullah Gulen – accusé par Ankara d’être le cerveau du
putsch manqué.
Partenaire
Alors que la chancelière allemande Angela Merkel – dont
le pays accueille la plus grande diaspora turque au monde avec 3 millions
de personnes et entretient d’importants liens économiques avec Ankara –
cherche le soutien de ses homologues européens pour mettre un terme aux
négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, la France, elle, a voulu faire
dans le pragmatisme. En effet, dans une interview à un quotidien grec, le
7 septembre, le président Emmanuel Macron a dit vouloir «éviter
les ruptures» avec la République turque, «un partenaire
essentiel dans de nombreuses crises que nous affrontons ensemble, je pense au
défi migratoire ou à la menace terroriste notamment». Le chef de
l’Etat a cependant condamné des «dérives préoccupantes». Une
discordance dans le couple franco-allemand largement reprise par les médias
turcs.
Ainsi, du côté de la diplomatie française, on semble vouloir
garder les canaux de communication bien ouverts avec un partenaire, certes
compliqué, mais incontournable dans la région. Au programme des discussions,
selon une source diplomatique turque : coopération antiterroriste,
développements régionaux, migration, énergie et relations avec l’UE. Et
parmi les sujets chauds qui seront abordés : le dossier syrien. Le
président Macron a en effet demandé à Jean-Yves Le Drian d’échafauder un «groupe
de contact international» capable de trouver des solutions au
conflit en Syrie. La Turquie, soutien des opposants modérés à Bachar Al-Assad
et garant – avec la Russie et l’Iran, deux alliés du régime syrien –
du cessez-le-feu de décembre 2016, est donc un interlocuteur de premier
ordre.
Sujet qui fâche
Pragmatisme toujours : alors que les alliés d’Ankara au
sein de l’Otan s’inquiètent des alignements stratégiques d’Ankara, qui
officialisait mardi l’achat à Moscou de missiles de défense S-400, Paris, elle,
croit encore au partenariat franco-turc. Au cours de sa visite, Le Drian
devrait ainsi évoquer avec son partenaire l’ambitieux projet – un accord a
été trouvé en juillet – de développement d’un système de défense
antiaérienne entre des entreprises européennes (dont Thalès et MBDA) et
turques.
Impossible cependant d’éviter lors de cette visite
diplomatique le sujet qui fâche : le sort du journaliste Loup Bureau,
incarcéré depuis plus d’un mois dans le sud-est de la Turquie. Malgré les
réguliers appels d’Emmanuel Macron au président Erdogan et la mobilisation de
ses proches, la justice turque a rejeté la libération du jeune homme,
suspecté «d’appartenance à une organisation terroriste», après que des
photos le montrant en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG
(considérés comme une organisation terroriste par Ankara) ont été trouvées sur
lui. La famille de Loup Bureau attend donc plus que quiconque la venue du
ministre français en Turquie.
Facebook a indiqué qu'il allait supprimer des filtres
permettant à des annonceurs et toute autre organisation d'adresser des
publicités ou messages directement à des personnes présentant des sympathies
antisémites sur le réseau social. Cette décision intervient au lendemain d'un
article paru sur
le site d'investigation américain ProPublica affirmant que des
filtres et des catégories donnant l'opportunité à des annonceurs de cibler
directement des utilisateurs antisémites étaient disponibles sur Facebook.
Sur la plateforme publicitaire automatisée du réseau social,
on pouvait trouver des champs tels que «haine du juif» («jew hater») ou des
catégories regroupant des internautes ayant exprimé un intérêt pour des sujets
comme «Comment brûler les juifs» («how to burn jews») ou «Comment les juifs ont
ruiné le monde» («History of how jews ruined the world»), a découvert ProPublica.
Alerté par des sources anonymes, ProPublica indique s'être
connecté à la plateforme publicitaire et découvert par exemple que «haine du
juif» était une catégorie comprenant environ 2.274 personnes. Le site
d'investigation a alors informé Facebook de ses découvertes.