dimanche 17 septembre 2017

Actualité islamisme et politique 15.09.2017

Irak: le bilan de la double attaque de l'EI monte à 84 morts (15.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 15/09/2017 à 11:33 
  • Publié le 15/09/2017 à 10:11
Au moins 84 personnes, dont des Iraniens, ont été tuées jeudi dans une double attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) près de Nassiriya, dans le sud de l'Irak, selon un nouveau bilan communiqué vendredi. "Le bilan s'élève maintenant à 84 morts après la découverte de dix nouveaux corps sur le site de l'attaque", a indiqué à l'AFP Jassem al-Khalidi, directeur général de la Santé pour la province de Zi Qar, généralement à l'abri des violences.



"Il y a 93 blessés, dont beaucoup sont grièvement atteints", a-t-il ajouté. Un adjoint de M. Khalidi avait fait état jeudi soir de 74 morts, dont sept Iraniens.Cette attaque près de la ville de Nassiriya, à 300 km au sud de Bagdad est la plus meurtrière depuis la reprise aux jihadistes début juillet de Mossoul, la deuxième ville du pays.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé jeudi soir avoir limogé le chef du renseignement de la province de Zi Qar, et ouvert une enquête, notamment au sujet de la compagnie de sécurité qui encadrait des pèlerins dont les bus ont été soufflés par les explosions. L'émissaire de l'ONU en Irak, Jan Kubis, a "condamné dans les termes les plus forts la lâche double attaque des terroristes de l'EI", dénonçant le nombre de victimes civiles, "dont des pèlerins".

Plusieurs hommes armés, déguisés en membres des unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi selon des sources de sécurité, ont ouvert le feu sur un restaurant puis sont montés dans une voiture avant de se faire exploser à un point de contrôle, a rapporté une source au sein des services de sécurité. L'EI a revendiqué l'attaque dans un communiqué diffusé par son organe de propagande Amaq.
L'attaque a eu lieu sur une autoroute régulièrement empruntée par des pèlerins et visiteurs venus de l'Iran voisin, en route vers les villes saintes chiites irakiennes de Najaf et Kerbala, plus au nord.

Agression d'un militaire à Paris : le parquet antiterroriste saisi (15.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 15/09/2017 à 11:36 
  • Publié le 15/09/2017 à 10:29
Le parquet antiterroriste a été saisi de l'enquête sur l'agression d'un militaire de l'opération Sentinelle ce matin dans le métro parisien, qui n'a fait aucun blessé, a annoncé le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner


"Le Président de la République a dès ce matin immédiatement réuni autour de lui l'ensemble des spécialistes mobilisés sur ce sujet pour faire un point. Le parquet antiterroriste a été immédiatement saisi", a déclaré Christophe Castaner lors d'un point-presse sur la signature des lois de moralisation de la vie politique, en présence de la ministre de la Justice Nicole Belloubet.

Bangladesh: 2 journalistes birmans arrêtés pour "espionnage" (15.09.2017)


  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 15/09/2017 à 15:01 
  • Publié le 15/09/2017 à 14:58
Deux photographes birmans couvrant la crise humanitaire des Rohingyas ont été arrêtés au Bangladesh, accusés d'espionnage pour le compte de leur pays, ont annoncé aujourd'hui les autorités bangladaises.


Minzayar Oo et Hkun Lat sont détenus depuis huit jours dans la région de Cox's Bazar, submergée par l'afflux de 389.000 réfugiés rohingyas de Birmanie depuis fin août, mais la nouvelle de leur interpellation n'avait pas été rendue publique jusqu'ici.

Tous deux étaient envoyés par le magazine allemand GEO pour couvrir l'exode des musulmans rohingyas dans le sud du Bangladesh. Le duo est "principalement accusé d'espionnage", a déclaré à l'AFP Ranjit Kumar Barua, le chef de la police de Cox's Bazar. "Ils collectaient des informations sur les Rohingyas pour la Birmanie", a-t-il affirmé.


Dans un communiqué aujourd'hui, GEO et l'agence photographique britannique Panos Pictures se sont dits "extrêmement inquiets" de la détention de leurs journalistes et du rejet de leur demande de liberté sous caution par un tribunal jeudi.

"Minzayar Oo et Hkun Lat ont été envoyés par le magazine GEO en raison de leur professionnalisme et de leur intégrité journalistique", ont déclaré les deux média. Les journalistes sont notamment inculpés pour être entrés début septembre au Bangladesh avec un visa de tourisme, sans faire état de leur qualité de journaliste.

"M. Oo est un photographe primé dont le travail a été publié dans des quotidiens et magazines respectés comme le New York Times, le Guardian et National Geographic", a commenté auprès de l'AFP leur avocat bangladais Jyotirmoy Barua.

À VOIR AUSSI - Rohingyas: Aung San Suu Kyi dans le collimateur de l'ONU


La crise des Rohingyas bouscule Aung Sang Suu Kyi (13.09.2017)

  • Par  Sébastien Falletti 
  • Mis à jour le 14/09/2017 à 14:05 
  • Publié le 13/09/2017 à 17:22
VIDÉO - La Prix Nobel de la paix est accusée de passivité, alors que la minorité musulmane birmane subit « un nettoyage ethnique ».

À Singapour

Les eaux boueuses du Naf charrient des cadavres. Sept nouveaux corps, parfois criblés de balles ont été repêchés mercredi dans ce fleuve traçant la frontière du Bangladesh, et que des foules de Rohingyas épuisés tentent de traverser, pour fuir les violences en Birmanie. Ce décompte macabre mené par Dacca inclut des enfants et vient s'ajouter à la centaine de candidats à l'exil, retrouvés noyés depuis fin août et la résurgence du conflit qui oppose bouddhistes et musulmans dans l'État d'Arakan (Rakhine), dans l'ouest de la Birmanie.

«Un exemple classique de nettoyage ethnique»

Zeid Ra'ad Al Hussein, haut-commissaire de l'ONU aux Droits de l'homme
Plus de 379.000 Rohingyas, dont une majorité d'enfants, ont trouvé refuge au Bangladesh en quelques semaines, selon l'ONU. Cette «marée humaine» sans précédent depuis le début du conflit, pousse l'ONU à tirer la sonnette d'alarme. Mercredi, son secrétaire général, Antonio Guterres, a appelé le pouvoir birman à suspendre les opérations contre le peuple rohingya. Il s'agit d'«un exemple classique de nettoyage ethnique» a dénoncé Zeid Ra'ad Al Hussein, le haut-commissaire de l'ONU aux Droits de l'homme, lundi.

Ces accusations lourdes accroissent encore la pression sur Aung San Suu Kyi, mais la dirigeante birmane vient une nouvelle fois de botter en touche. La Prix Nobel de la Paix a soudainement annulé sa visite à l'Assemblée générale des Nations unies, qui s'ouvre la semaine prochaine à New York, et où la crise des Rohingyas occupera le devant de la scène. «Peut-être a-t-elle des affaires plus urgentes à gérer», a déclaré l'un de ses porte-parole, sans préciser les raisons de cette décision de dernière minute.

The «Lady», comme on la surnomme à Rangoun, icône de la résistance démocratique, est aujourd'hui sous le feu des critiques internationales pour sa prudence, voire sa passivité, face au sort subis par cette minorité musulmane. Après les États-Unis, l'archevêque sud-africain Desmond Tutu, lui aussi lauréat du prix Nobel, a appelé Aung San Suu Kyi à l'action, alors que les États-Unis haussent le ton. Mercredi soir, l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a pour sa part indiqué qu'elle «persécute les musulmans» et a appelé à «remettre en question son prix Nobel». Seule la Chine a volé au secours de l'icône en péril, y voyant une opportunité de regagner à Nay Pyi Taw, une influence amoindrie depuis l'ouverture démocratique du pays.

Leurs habitants fuient la répression orchestrée par l'armée birmane et des milices bouddhistes
Les rumeurs et les fake newscontradictoires circulent depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, semant la confusion sur la situation réelle dans l'État d'Arakan, étroitement contrôlé par l'armée birmane. Depuis l'attaque menée par des insurgés rohingyas contre la police birmane fin août, la répression et les violences ont redoublé, ayant fait plus de 1000 morts, selon l'ONU. Des dizaines de villages musulmans ont été incendiés, poussant leurs habitants sur la route, selon de nombreux témoignages d'ONG. «Les villages sont brûlés les uns après les autres. Je pense que les Rohingyas ont déjà été complètement chassés de Rathedaung», a déclaré Chris Liwa, de l'Arakan Project, évoquant cette région où une dizaine de villages sont partis en fumée ce week-end.

Leurs habitants fuient la répression orchestrée par l'armée birmane et des milices bouddhistes, affirment des témoignages sur place. «Nous avons reçu de multiples rapports et des images satellites montrant des forces de sécurité et des milices locales brûlant des villages rohingyas, et des informations cohérentes faisant état d'exécutions extrajudiciaires, y compris de tirs sur des civils en fuite» a ajouté le haut-commissaire de l'ONU Al Hussein. Des accusations balayées par Aung Sang Suu Kyi et impossible à étayer, alors que Nay Pyi Taw interdit l'accès de la région aux journalistes étrangers et à la commission d'enquête désignée par l'ONU.

Al-Qaida menace de frapper le gouvernement birman de représailles

Le silence de la dirigeante, également ministre des Affaires étrangères, illustre les limites de son pouvoir face aux militaires dans un pays mosaïque toujours menacé par les forces centrifuges, malgré son triomphe électoral en 2015. Dans l'État frontalier d'Arakan, la fille du général patriote Aung San, doit composer avec le chef de l'armée Min Aung Hlaing, pour qui les «Rohingyas ne font pas partie de l'histoire du pays». Une opinion partagée par beaucoup dans cette nation à 90 % bouddhiste, qui n'a jamais accordé la nationalité à ces immigrés musulmans arrivés pour la plupart depuis le XIXe siècle et aujourd'hui qualifiés de «terroristes».

Une accusation qui pourrait prendre corps alors qu'al-Qaida menace de frapper le gouvernement birman de représailles. «Le traitement barbare infligé à nos frères musulmans ne restera pas impuni», affirme un communiqué de l'organisation djihadiste, selon le site SITE spécialisé dans la surveillance des activités en ligne des groupes extrémistes. «Des rumeurs circulent évoquant des camps d'entraînement pour préparer le retour de combattants rohingyas en Birmanie, mais rien n'a été prouvé», confie une source onusienne. L'internationalisation de la crise menace.

La rédaction vous conseille

Attentat à Londres : le point à 14 heures (15.09.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 15/09/2017 à 14:04 
  • Publié le 15/09/2017 à 14:00
• Un attentat s'est produit vendredi matin dans la station de métro londonien Parsons Green, dans le sud-ouest de la capitale britannique. 

• Neil Basu, un responsable de l'anti-terrorisme, a évoqué un acte "terroriste". 

• Selon les services de santé britanniques, au moins 22 personnes ont été blessées dans cet attentat et sont actuellement traitées à l'hôpital. Aucun n'est dans un état grave. 

• L'attentat a été perpétré à l'aide d'un engin explosif artisanal, a déclaré le commandant de l'unité antiterroriste de la police londonienne, Mark Rowley. 

• La première ministre Theresa May a adressé "ses pensées" aux blessés et aux services d'urgence. Elle présidera une réunion d'urgence de son cabinet dans l'après-midi. 

• Le maire de Londres Sadiq Khan a condamné les "individus ignobles qui tentent d'utiliser le terrorisme pour nous toucher et détruire notre mode de vie". "Mais nous nous laisserons jamais ni intimider ni battre par le terrorisme", a-t-il assuré. 

• "Autre attaque à Londres par un terroriste raté. Ce sont des gens malades et déments qui étaient dans la ligne de mire de Scotland Yard. Il faut être proactif!", a écrit le président américain au petit matin sur Twitter.

LIRE AUSSI : 


Afghanistan: un kamikaze attaque un convoi militaire étranger (15.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 15/09/2017 à 14:56 
  • Publié le 15/09/2017 à 14:53
Un kamikaze au volant d'une voiture piégée a foncé aujourd'hui sur un convoi de forces étrangères, faisant plusieurs blessés, dans le sud de l'Afghanistan, selon des sources concordantes. L'attaque a "totalement détruit" un véhicule qui transportait des militaires roumains dans le district de Daman, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la province de Kandahar, Fazal Bari Baryalai.


Un porte-parole de la mission de l'Otan a confirmé que l'attaque avait fait un "petit nombre" de blessés parmi les militaires. L'attentat a été revendiqué par un porte-parole taliban, Qari Yousuf Ahmadi, et a fait selon lui sept tués parmi les "forces des envahisseurs". Le général Abdul Raziq, chef de la police provinciale, a indiqué à l'AFP que les forces étrangères avaient totalement bouclé l'accès au lieu de l'explosion.

Depuis le début du mois, les talibans ont revendiqué deux autres attentats-suicides près de la base aérienne américaine de Bagram, proche de Kaboul, qui avaient fait plusieurs blessés. L'un d'entre eux a été présenté comme en "représailles" à la diffusion d'un tract américain jugé offensant pour l'islam.
LIRE AUSSI : 


Attaque au marteau à Chalon-sur-Saône, la piste psychiatrique privilégiée (15.09.2017)

  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 
  • Mis à jour le 15/09/2017 à 14:46 
  • Publié le 15/09/2017 à 14:45
Deux personnes ont été grièvement blessées à coups de marteau aujourd'hui dans les rues de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), par un agresseur que des témoins ont entendu crier "Allah Akbar", selon une source proche de l'enquête, qui privilégie la piste de l'acte d'un déséquilibré.
L'homme, qui a pris la fuite, n'avait pas été retrouvé en début d'après-midi par les forces de police nationale, municipale et de gendarmerie mobilisées. Un hélicoptère tournait au dessus de la ville pour tenter de repérer le fuyard.

Les deux victimes, "sérieusement blessées", ont été secourues par les sapeurs-pompiers et transportées à l'hôpital de Chalon-sur-Saône, mais leurs jours ne seraient pas en danger, a-t-on appris de même source.

Ivan Rioufol : «Dans l'univers manichéen du macronisme» (14.09.2017)


Par Ivan Rioufol 

Publié le 14/09/2017 à 16h04


FIGAROVOX/CHRONIQUE - Emmanuel Macron donne le sentiment de n'être à son aise qu'avec lui-même, sa cour, ceux qui le flattent. La macrocrature montre même des signes d'une attirance vers un despotisme mal éclairé.

Emmanuel Macron se rêve en héros batailleur. Dans les décombres de Saint-Martin, l'île antillaise ravagée par le cyclone Irma, le président en bras de chemise s'est mis au plus près des sinistrés. L'Élysée a fait savoir que le chef de l'État avait dormi, mardi soir, sur un lit de camp dans la gendarmerie, avec un seau d'eau pour sa toilette. Cette communication suffira-t-elle à corriger l'élitisme de son mouvement et sa propre politique technocratique? En Roumanie, en août, il avait dit des Français confrontés aux réformes: «C'est un peuple qui déteste ça.»À Athènes, vendredi, il avait évoqué les «fainéants»qui s'opposent à ses projets. Pourtant, mardi, les manifestations contre le Code du travail se sont réduites, avec la CGT et Sud, aux vieilles processions mitées d'un syndicalisme minoritaire et sclérosé. Les directions de FO et de la CFDT avaient pris soin de s'extraire de cette glaciation idéologique. Le peuple raisonnable a refusé d'entrer dans le jeu d'un président juvénilement querelleur. Jusqu'à quand?

«Le chef de l'État persiste dans une théâtrocratie narcissique»

Disparu, le candidat qui parlait de «bienveillance». Quand ses supporteurs, dans ses meetings électoraux, s'apprêtaient à conspuer les adversaires, l'homme de cœur les priait d'une voix douce, les mains ouvertes: «Ne les sifflez pas! Jamais!» Aujourd'hui, le président s'est durci. S'il s'applique à «dire les choses», c'est contre ceux qui lui résistent. Une férocité apparaît chez cet ambitieux à l'ego suraigu. Lundi, le chef de l'État a assuré qu'il ne «regrettait absolument pas» d'avoir déclaré: «Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes.» Ce jour-là, il avait aussi tenu à «assumer» ses propos sur la France irréformable. Précédemment, il s'était fait les dents sur «ceux qui ne sont rien», mais aussi sur «les forces du monde ancien» et «les esprits tristes englués dans l'invective permanente» ; il visait là des intellectuels comme Alain Finkielkraut, ou Michel Onfray.
L'autoritarisme que Macron avait exprimé, en juillet, en humiliant publiquement le général Pierre de Villiers («Je suis votre chef») avait jeté le doute sur la maturité de son caractère: les faibles ont souvent ce besoin d'affirmer leur pouvoir. Depuis, le chef de l'État persiste dans une théâtrocratie narcissique. Il donne le sentiment de n'être à son aise qu'avec lui-même, sa cour, ceux qui le flattent. La macrocrature, cette haute fonction publique qui a repris l'appareil d'État, montre même des signes d'une attirance vers un despotisme mal éclairé. C'est le Conseil constitutionnel qui, vendredi dernier, a dénoncé une «atteinte disproportionnée» à la liberté d'expression dans l'amendement de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) qui avait été inclus par le gouvernement dans l'article 1 de la loi sur la moralisation de la vie politique. Le texte visait à pénaliser davantage certains délits d'opinion. L'heureuse suppression de cette disposition a révélé la perméabilité du pouvoir à la pensée obligée, à ses interdits, à ses inquisitions.

«L'esprit “complexe” qui était censé caractériser le macronisme montre sa brutalité : le pays est divisé entre les nomades et les enracinés, les locataires et les propriétaires, les jeunes et vieux»

En fait, l'univers manichéen du macronisme est l'héritier de quarante ans de conformisme: une idéologie qui entrave les idées aussi lourdement que le Code du travail entrave l'emploi. Mais c'est bien ce carcan intellectuel qui a été conforté le 7 mai, avec la fausse victoire d'une modernité libératrice. Rappelons que le président n'a été élu qu'avec 43,61 % des inscrits. Les 24 % du premier tour ne représentaient que 18,19 % des inscrits. Cela n'enlève rien à sa légitimité. Toutefois, la France des Oubliés est autrement plus nombreuse que la caste du pouvoir. L'esprit «complexe» qui était censé caractériser le macronisme montre sa brutalité: le pays n'est plus seulement divisé entre les in» et les «out», les «nous» et les «eux». Il l'est entre les ouverts et les fermés, les nomades et les enracinés, les locataires et les propriétaires, les jeunes et vieux, etc. Quand le Macron atrabilaire confie à son ami écrivain, Philippe Besson: «Les journalistes ne m'intéressent pas (…) Ils s'intéressent trop à eux-mêmes et pas assez au pays», on jurerait entendre l'autocritique. Mais elle ne viendra pas.

Projet de civilisation

La détermination que veut mettre le chef de l'État à faire passer les réformes économiques et sociales, et en particulier celle du Code du travail ou des emplois aidés, n'est aucunement critiquable. Son programme présidentiel avait, de surcroît, annoncé sa couleur libérale. Il est d'ailleurs plaisant d'observer une partie de la gauche, recyclée dans le mouvement En marche!, défendre mordicus ce qu'elle critiquait hier. Toutefois, contrairement à ce que veut faire croire le président, la France est plus ouverte aux réformes qu'il ne le prétend. Cela fait longtemps que, loin de Paris, les citoyens ont appris à pallier les carences de l'État en inventant de nouvelles solidarités ou de nouvelles économies de proximité. La posture avantageuse du président contre un peuple qu'il décrit comme immobile illustre son éloignement du pays réel. Cette vieille France-là, qu'il croit ringarde et agonisante, n'entend pas être menée, comme à l'abattoir, sur la pente postnationale, consumériste et mondialiste d'un macronisme contesté par la révolution conservatrice qui se poursuit.

«On est en droit de faire l'hypothèse que la nouvelle gauche-droite, incarnée par le macronisme, reprend l'héritage, avec la perspective de le faire fructifier: marchandisation accrue de l'existence et marche plus ou moins assumée vers la société multiculturelle normative et les politiques de discrimination positive, sous la voûte du politiquement correct impliquant la diabolisation permanente des opposants», note le philosophe Pierre-André Taguieff (1). Reste que ce projet de civilisation n'a jamais été explicitement défendu préalablement par Macron, à la différence de ses réformes techniques. C'est pourtant lui qui parle désormais d'une «transformation profonde» du pays. Or son «franco-culpabilisme», dénoncé par le philosophe Paul Thibaud à propos de la rafle du Vél' d'Hiv ou de la colonisation algérienne, laisse voir une lassitude de la France. Elle n'est pas admissible chez celui qui la préside.

Colères françaises

L'urgence commanderait à Macron de calmer les tensions qui fracturent la nation. Or l'ancien apôtre de la concorde prend le risque, tout au contraire, d'attiser les colères françaises. Et ce n'est pas l'annonce, mardi, de l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes qui va rassurer ceux qui s'inquiètent de la disparition du père dans la société et de la marchandisation des corps.

(1) Macron: miracle ou mirage?, Éditions de l'Observatoire.

La rédaction vous conseille :


La Russie lance de vastes manœuvres militaires aux portes de l'Europe (14.09.2017)

Moscou a annoncé le déploiement, ce jeudi, de 12.700 soldats le long de la frontière avec la Pologne et la Lituanie pendant une semaine. Les pays baltes et Varsovie, inquiets, ont dénoncé ces exercices et évoquent la présence de plus de 100.000 militaires russes.

La Russie montre ses muscles aux frontières de l'Union européenne. Ce jeudi, Moscou a lancé de vastes manœuvres militaires conjointes avec le Bélarus près de la frontière avec la Lituanie et la Pologne. Face aux inquiétudes de certains membres de l'Otan, la Russie a assuré que ces exercices, répondant au nom de code Zapad-2017 («Ouest-2017»), n'étaient dirigés «contre aucun pays» et qu'ils étaient «purement défensifs».

L'armée russe organise tous les ans à cette période des exercices d'ampleur dans une région différente de Russie. Selon Moscou, les manœuvres militaires prévues cette année doivent impliquer près de 12.700 soldats présents pendant une semaine au Bélarus, pays allié, dans l'enclave russe de Kaliningrad et dans plusieurs régions du nord-ouest de la Russie. Autrement dit, près de la Pologne et des pays baltes qui, depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et l'éclatement du conflit dans l'est de l'Ukraine, ont été plus prompts à dénoncer Moscou comme une menace potentielle à leur souveraineté.

Certains pays, la Lituanie et l'Estonie en tête, doutent également des chiffres avancés par l'état-major russe pour ses exercices militaires et évoquent plus de 100.000 soldats mobilisés du 14 au 20 septembre. Les exercices Zapad-2017 «sont désignés pour nous provoquer, pour tester nos défenses et c'est pour cela que nous devons être forts», a déclaré dimanche le ministre britannique de la Défense Michael Fallon, s'inquiétant d'une Russie «de plus en plus agressive». Plus tempéré, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a reconnu que les exercices Zapad-2017 ne constituaient pas une «menace imminente contre un allié» mais regretté un manque de transparence.

L'Otan calme le jeu

«La Russie est capable de manipuler les chiffres avec une grande aisance, c'est pourquoi elle ne veut pas d'observateurs étrangers. Mais 12.700 soldats annoncés pour des manœuvres stratégiques, c'est ridicule», affirme l'expert militaire indépendant Alexandre Golts, selon lequel le véritable chiffre se situe néanmoins bien en deçà de 100.000 militaires. Selon le cabinet spécialisé dans les questions de défense IHS Jane's, «les chiffres réels sont probablement plus élevés» que les chiffres officiels, car les manœuvres impliquent non seulement des militaires mais aussi des membres des services de renseignement, de la Garde nationale, des services de secours et autres, susceptibles de faire monter le nombre de personnes impliquées autour de «80.000 à 100.000».

«L'Otan ne veut pas d'une nouvelle Guerre froide, ni d'une nouvelle course aux armements»
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan

La Russie revendique son droit à mener des exercices militaires sur son territoire et dénonce en retour l'expansion de l'Otan à ses frontières, l'Alliance disposant désormais de plus de 4000 soldats déployés dans les pays baltes et en Pologne. Dans un entretien publié ce jeudi, le jour du lancement des manœuvres Zapad, à l'agence russe Ria-Novosti, Jens Stoltenberg, s'est montré conciliant: «L'Otan ne veut pas d'une nouvelle Guerre froide, ni d'une nouvelle course aux armements», a assuré le secrétaire général de l'Alliance atlantique, promettant de «continuer à s'efforcer d'améliorer les relations avec la Russie».

L'Otan, «menace fondamentale» pour la Russie

Alimentant le climat de tensions, les exercices russes se déroulent en outre au même moment que des exercices en Ukraine impliquant l'armée américaine - dont des soldats avaient déjà défilé en août pour la première fois à Kiev - et des manœuvres en Suède mobilisant près de 19.000 soldats et simulant une attaque fictive venue d'un «opposant plus grand et sophistiqué». Le scénario des manœuvres russes implique quant à lui de lutter contre des «groupes extrémistes» ayant infiltré le Bélarus et Kaliningrad depuis trois pays imaginaires mais aisément identifiables comme la Lituanie, la Lettonie et la Pologne.


«Tous les exercices russes travaillent sur le même scénario: le déploiement rapide de troupes», censé démontrer la détermination de l'armée à repousser l'ennemi mais sans envisager une attaque initiée par la Russie, explique Alexandre Golts. Au-delà des exercices Zapad-2017, l'armée russe et l'Alliance s'accusent mutuellement régulièrement de surenchère et de manœuvres dangereuses entre leurs navires et leurs avions en Méditerranée et dans la Baltique. Dès la fin 2014, le président russe Vladimir Poutine avait entériné une nouvelle doctrine militaire qui faisait figurer l'Otan comme menace fondamentale pour son pays.

La rédaction vous conseille

Éducation: «Vouloir sans cesse faciliter la tâche des élèves, c'est les mépriser» (13.09.2017)



Mis à jour le 13/09/2017 à 18h24 | Publié le 13/09/2017 à 18h15


INTERVIEW - Professeur de lettres classiques à Roubaix puis Tourcoing, Isabelle Dignocourt vient de publier L'Éducation nationale, une machine à broyer.

«Simple fille d'ouvriers», Isabelle Dignocourt, 47 ans, est une amoureuse des langues anciennes. Auteur en 2016 d'une lettre passionnée et rageuse à Najat Vallaud-Belkacem, ministre porteuse de la réforme du collège, cette professeur de lettres classiques vient de publier un livre. Loin de la déploration, L'Éducation nationale, une machine à broyer (Éditions du Rocher, août 2017) est avant tout une déclaration d'amour à ses élèves. Elle y décrit un ministère qui, depuis ses premiers pas dans le métier, tourne en rond, dans un bain «pédagogiste». Entre la loi Jospin de 1989 et la réforme Vallaud-Belkacem, elle aura changé 13  fois de «patrons». Adhérente au Snalc, co-administratrice du groupe Facebook «Défendons sans maugréer les langues anciennes», créé en réaction à la réforme du collège, la professeur de latin réfute le qualificatif de «réactionnaire», dont elle est régulièrement affublée sur les réseaux sociaux. De son 14e ministre, Jean-Michel Blanquer, qui a promis de «soutenir» les langues anciennes, elle attend des «actes forts».

LE FIGARO.- Vous êtes professeur de lettres classiques, mais vous vous dites avant tout «professeur de latin». D'où vous vient cette passion?

Isabelle DIGNOCOURT. -Avec le recul, je me dis que ma passion pour la langue, les mots, l'étymologie vient du fait que le latin était inaccessible pour moi, issue de milieu modeste. Ces civilisations antiques qui me faisaient rêver, je ne pouvais les découvrir qu'à l'école. Les enfants sont curieux. Vouloir sans cesse leur faciliter la tâche, c'est les mépriser. Lorsque j'ai enseigné dans des quartiers défavorisés de Roubaix et Tourcoing, des parents me disaient leur fierté à voir leurs enfants suivre de tels enseignements. J'ai également constaté les vertus du latin, comme outil de remédiation au français. Ce retour aux racines de la langue française permet des déblocages en orthographe et en grammaire.

«Il faut maintenant que le ministre de l'Éducation transforme ses paroles en actes forts pour que l'on cesse de tourner en rond»
Dans un arrêté paru en juin dernier, Jean-Michel Blanquer a assoupli la réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem. Peut-on parler d'un retour du latin en cette rentrée?

Ce texte permet effectivement de remettre en place les heures enlevées au latin, aux classes bilangues ou encore aux sections européennes. Mais les chefs d'établissement devront faire un choix entre ces différentes options. Et je crains que ce choix ne se fasse au détriment du latin. Depuis le décret de mai 2015 sur la réforme du collège, le latin n'est plus une matière à part entière. Si M. Blanquer veut vraiment soutenir le latin, il devra abroger ce texte.

Quelles sont vos impressions sur le nouveau ministre?

Je suis sensible aux mots. Et j'ai entendu dans sa bouche des termes qui me rendent plus optimiste qu'à la rentrée 2016. Il préfère le mot «professeur» à celui d'«enseignant», plus fourre-tout. Il se réfère au «bon sens», au «pragmatisme». Il faut maintenant qu'il transforme ses paroles en actes forts pour que l'on cesse de tourner en rond. Aujourd'hui, l'évocation de la méthode syllabique par M. Blanquer suscite les mêmes débats qu'à l'époque de Gilles de Robien en 2005, certains expliquant déjà que la méthode globale n'existait pas. On sait bien que cette méthode n'est pas exclusivement utilisée par certains enseignants, tout comme la méthode syllabique. Le problème tient au juste dosage.

«Nous sommes nombreux à contourner les absurdes directives données par le système. Mais en faisant cela, nous ne sauvons qu'une petite partie des élèves et contribuons à accentuer les inégalités sociales»

Entre la loi Jospin de 1989 et la réforme Vallaud-Belkacem, vous décrivez une «boucle bouclée»…

C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de m'exposer et d'écrire ce livre. J'ai l'impression d'être arrivée au bout d'un système. La loi de 1989 envisageait déjà de faire disparaître l'enseignement du latin au collège. En 2002, Ségolène Royal et Claude Allègre prônaient déjà l'«interdisciplinarité». Cette boucle bouclée, c'est l'approche dite «constructiviste», qui estime que l'enfant est maître de ses savoirs et que l'enseignant l'accompagne simplement dans la construction de ce savoir. Depuis la réforme de Najat Vallaud-Belkacem, j'ai choisi de sortir de ma classe. Nous sommes nombreux à détourner ou contourner les absurdes directives données par le système. Mais en faisant cela, nous ne sauvons qu'une petite partie des élèves et nous contribuons à accentuer les inégalités sociales.

Dans l'apprentissage du français, vous expliquez être rapidement entrée en «clandestinité». Pour quelles raisons?

Les programmes de 1996 ont imposé le «décloisonnement» du français, autrement dit le fait de ne plus faire uniquement de la grammaire ou de l'orthographe, mais de tout relier, systématiquement, à l'étude de la langue, pour «faire sens», pour reprendre l'expression consacrée… Alors jeune enseignante, je me suis dit que les élèves allaient s'habituer, avant d'arriver à la conclusion que cela ne fonctionnait pas. Les élèves ont besoin de repères. L'air de rien, au bout de deux ans, j'ai donc repris les cours d'orthographe et de grammaire à jour fixe et rouvert des cahiers dédiés. J'ai triché. Un inspecteur orienté «pédagogies pédagogistes» peut vous taper sur les doigts! Mais plus je vieillis, moins j'ai peur de l'inspecteur. Depuis deux ans, je ne me cache plus. Avec la réforme du collège, j'ai atteint un point de saturation. Chaque année, le système glisse un peu plus. Les derniers programmes ne nous expliquent-ils pas que l'on doit préférer le «prédicat» aux «COD» et «COI». On perd les élèves et les professeurs. Ces changements sont moins visibles qu'une réforme des rythmes scolaires. Ils ont pourtant de lourdes conséquences sur notre système scolaire.

«J'aimerais que l'on reprenne ce qui fonctionnait, à commencer par les méthodes de lecture»
Le nouveau ministre peut-il rompre avec cela?

La question est de savoir si les instances qui gravitent autour de lui vont lui permettre d'aller jusqu'au bout. À commencer par le Conseil supérieur des programmes (CSP) - qui a rédigé les programmes de 2015 -, une usine à gaz faite de spécialistes qui ont peu, voire jamais, mis les pieds dans une classe. Depuis des années, on ressort les mêmes conseillers, issus de la même caste administrative.

Vous dites être «une fille de l'école d'avant». Qu'entendez-vous par là?

Je n'ai pas la nostalgie de l'école d'avant. Je ne regrette pas les coups de règle sur les doigts pour la bavarde que j'étais et que je suis toujours. Je suis une fille de l'école de l'ascenseur social, de l'école de la République. Aujourd'hui, j'aimerais que l'on reprenne ce qui fonctionnait, à commencer par les méthodes de lecture.

Vous enseignez dans le privé sous contrat. Pourquoi?

En début de carrière, je ne m'imaginais pas enseigner ailleurs que dans le public, où j'ai fait toute ma scolarité. Mais j'ai eu dans le privé l'entretien de motivation que je n'ai pas eu dans le public. L'Éducation nationale est une machine. Nous ne sommes que des dossiers. En 26  ans, je n'ai vu qu'une fois le médecin du travail, en début de carrière. Contrairement à la caporalisation à l'œuvre dans le public, la liberté pédagogique est relativement préservée dans le privé sous contrat. Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir un chef d'établissement sensible à l'enseignement des langues anciennes qui n'a pas réduit mon horaire plus que le décret ne l'y a obligé. Mais notre beau projet d'initiation pour les élèves de 3e au grec, l'autre jambe de notre langue, n'a pas pu être mis en œuvre.

La rédaction vous conseille :

L'émir du Qatar reçu vendredi par Emmanuel Macron (14.09.2017)

  • Par   Georges Malbrunot 
  • Mis à jour le 14/09/2017 à 14:44 
  • Publié le 14/09/2017 à 08:52
INFO LE FIGARO - Le cheikh Tamim al-Thani et le président de la République ont prévu d'échanger vendredi sur la crise qui oppose Doha à ses voisins saoudiens et émiriens.

L'émir du Qatar, cheikh Tamim al-Thani, sera reçu vendredi à l'Élysée par Emmanuel Macron pour discuter de la crise qui oppose Doha à ses voisins saoudiens et émiriens, a confirmé la présidence de la République, après une information publiée par Le Figaro. Pour la première fois depuis le déclenchement de cette crise, l'émir du Qatar effectue un déplacement à l'étranger. Il doit se rendre également ce jeudi en Turquie, son allié, pour rencontrer le président Erdogan.«L'émir du Qatar a décidé de se rendre à Paris avant son déplacement à l'Assemblée générale des Nations unies», qui se tient la semaine prochaine, souligne-t-on à l'Élysée.

Depuis le 5 juin, le Qatar est soumis à un embargo de la part de l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui lui reprochent de soutenir le terrorisme et de s'être rapproché de l'Iran, l'ennemi des monarchies sunnites du Golfe. La crise ne connaît pas de répit. La semaine dernière, cheikh Tamim a appelé le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman. Mais quelques heures après cet appel téléphonique, Riyad a annoncé la suspension de tout contact avec Doha.

Saoudiens et Émiriens ont présenté au Qatar une liste de 13 demandes, parmi lesquelles la fermeture de la chaîne de télévision Al-Jazeera, l'arrestation de responsables islamistes et une prise de distance vis-à-vis de l'Iran. Doha a rejeté ces exigences, estimant qu'elles portaient atteinte à sa souveraineté.

La lutte contre le terrorisme au programme

Depuis le début de la crise, Emmanuel Macron s'est entretenu à plusieurs reprises avec l'émir du Qatar, le prince saoudien Bin Salman et Mohammed Bin Zayed, le prince héritier des Émirats arabes unis. La France, qui soutient la médiation koweïtienne, a nommé la semaine dernière un émissaire dans la crise, le diplomate Bertrand Besancenot. Mais allié avec chacun des trois pays, Paris est embarrassé, et ne veut pas se mettre à dos l'un d'eux. Même si Emmanuel Macron a répété que Doha devait faire des efforts en matière de surveillance de financement du terrorisme.

La rencontre Macron-Tamim sera «l'occasion d'évoquer la question de la lutte contre le financement du terrorisme et de discuter des moyens de renforcer notre coopération en la matière», précise-t-on justement dans l'entourage d'Emmanuel Macron. Particulièrement attaché à cette question sur laquelle l'allié qatarien est également accusé par l'Arabie et les Émirats, Emmanuel Macron, sitôt élu, avait fait attendre pendant plusieurs jours l'émir Tamim qui souhaitait le féliciter, par téléphone, pour sa victoire. Une précédente visite prévue début juillet de l'émir du Qatar avait été finalement reportée, cheikh Tamim ne souhaitant manifestement pas quitter son pays durant cette période sensible, de peur que ses voisins ne fomentent un coup d'État.

Ces dernières semaines, Riyad et Abou Dhabi ont d'ailleurs propulsé sur le devant de la scène un cousin lointain de l'actuel émir, donnant à penser que l'Arabie saoudite et les Émirats étaient en faveur d'un changement de régime à Doha. Pas de quoi apaiser les tensions entre frères ennemis du Golfe.
La rédaction vous conseille

Aubagne : un adolescent reconnaît être l'instigateur de plusieurs feux (14.09.2017)


  • Mis à jour le 14/09/2017 à 16:57 
  • Publié le 14/09/2017 à 12:50
Un des incendies provoqués par ce jeune homme de 14 ans avait détruit 240 hectares en août, interrompant le trafic ferroviaire dans le Sud-Est. Il doit être présenté dans la journée à un juge d'instruction en vue de sa mise en examen.

Un adolescent de 14 ans a reconnu être à l'origine de plusieurs incendies survenus près de Marseille cet été. Originaire d'Aubagne, il a été surpris en flagrant délit en train d'allumer un foyer mardi soir par la sûreté départementale, après plusieurs semaines d'enquête menées conjointement avec l'Office national des forêts et les pompiers. Selon des informations de la Provence,le jeune homme a avoué sa «fascination pour les pompiers», durant sa garde à vue. Il doit être présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen dans la journée de jeudi.


L'adolescent a reconnu avoir allumé 18 foyers, qui ont brûlé en tout 300 hectares entre fin juin et mi-septembre dans la zone d'Aubagne, dont notamment un incendie qui avait ravagé 240 hectares en août. Cet incendie avait provoqué l'interruption du trafic ferroviaire sur certaines lignes du Sud-Est et bloqué plusieurs milliers de personnes dans les gares en ce week-end de retour de vacances.

Le sinistre avait débuté entre Carnoux-en-Provence et Aubagne le samedi 19 août au soir. Aucune habitation n'a été touchée par cet incendie qui s'était déclaré dans une zone boisée et comportant beaucoup d'habitations individuelles. Mais un centre de vacances de Carnoux avait été évacué.
Plusieurs incendies très violents ont brûlé des milliers d'hectares de forêt dans le sud-est de la France au cours de l'été. Fin août, un homme d'une quarantaine d'années soupçonné d'avoir provoqué 17 incendies entre les 10 et 20 août dans les Bouches-du-Rhône a été mis en examen et écroué.

À VOIR AUSSI - Aubagne: l'incendie bloque 2000 passagers dans les gares
La rédaction vous conseille

Jean-Michel Blanquer s'implique dans les programmes scolaires (14.09.2017)


Par Marie-Estelle Pech et Caroline BeyerMis à jour le 14/09/2017 à 20h21 | Publié le 13/09/2017 à 19h45

VIDÉO - Fin du prédicat, les quatre opérations mathématiques dès le CP/CE1, davantage de chronologie… Le ministre de l'Éducation change de cap.

Le «prédicat», ce concept grammatical introduit dans les nouveaux programmes scolaires de 2015, est de retour! Ou plutôt, il serait sur le départ… C'est la volonté du ministre de l'Éducation, qui, dans une interview le 13 septembre à L'Express, y voit une «notion inutilement complexe», ayant «vocation à disparaître». Un détail? Une querelle de spécialistes? Le prédicat - ce groupe verbal qui appelle à mettre de côté les notions de compléments d'objet lors des premiers apprentissages - avait suscité une belle polémiqueen janvier 2017. Il oppose ceux qui voient la grammaire comme une base de la langue et ceux qui la considèrent comme un outil. Un détail qui n'en est pas un et rappelle le débat autour des méthodes de lecture.

En maths, le ministre est adepte de la méthode de Singapour, qui a pour principe d'aller du simple au complexe, de la manipulation à l'abstraction.

Pour asseoir sa vision, Jean-Michel Blanquer ne s'interdit pas de revoir «à la marge» les programmes rédigés sous Najat Vallaud-Belkacem. Pas question pour autant de les réécrire, affirme-t-il. Un message rassurant à l'adresse des enseignants qui, du CP à la troisième, se sont tant bien que mal approprié ces nouveaux textes, entrés en vigueur il y a tout juste un an. Pourtant, le ministre prévoit plus qu'un simple toilettage. Ce féru de neurosciences, adepte, en mathématiques, de la méthode de Singapour - qui a pour principe d'aller du simple au complexe, de la manipulation à l'abstraction -, évoque la maîtrise des quatre opérations dès le CP et le CE1, afin, explique-t-il, d'«acquérir ces automatismes cognitifs très jeunes».

À ce jour, la multiplication apparaît au CE2 et la division, l'année suivante. «Il faut que l'enfant soit mûr», oppose le SNUipp, principal syndicat du primaire, qui s'inquiète des déclarations du ministre. Trop tôt? La fameuse méthode de Singapour considère que l'addition et la soustraction, opérations qui se comprennent l'une par rapport à l'autre, doivent être abordées simultanément. De même pour la multiplication et la division. Elle les met au programme du CP et du CE1.

«Je m'étonne de ne pas avoir été prévenu de ces changements»
Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes

Le ministre entend aussi remettre de l'ordre en histoire et en littérature, en introduisant davantage de chronologie. «La façon dont on aborde aujourd'hui notre patrimoine littéraire au collège, par grandes idées un peu conceptuelles et non plus par courants et époques spécifiques, doit être repensée», explique-t-il.

Président toujours en poste du Conseil supérieur des programmes (CSP), mis en place sous la précédente majorité, Michel Lussault «(s)'étonne de ne pas avoir été prévenu de ces changement», estimant que «les déclarations du ministre participent d'une remise en question préoccupante des nouveaux programmes». C'est dit…

«Ce qu'il veut insuffler, c'est un état d'esprit, une démarche de liberté.»
Une source dans l'entourage de Jean-Michel Blanquer

Comment Jean-Michel Blanquer va-t-il orchestrer le changement? Par des circulaires? Par des «documents d'accompagnement» aux programmes? «Je crains qu'il ne multiplie ces documents d'accompagnement, qui viendraient alors se substituer aux programmes, l'air de rien», alerte Stéphane Crochet, à l'Unsa. Comme le SNUipp, l'organisation syndicale, lassée de parler au ministre par média interposé, entend le rencontrer «rapidement», pour parler du cap.

Dans l'entourage du ministre de l'Éducation, on se veut pour le moment très prudent. Sans doute se souvient-on, rue de Grenelle, que la seule proposition d'introduire la maîtrise de la division en CE1 avait, en 2008, suscité la bronca unanime des syndicats d'enseignants, qui la jugeaient irréaliste. Le ministre Xavier Darcos, avec qui travaillait Jean-Michel Blanquer, avait dû reculer. «Le ministre encourage simplement les enseignants à se détacher parfois des programmes, tempère-t-on dans son entourage. Ce qu'il veut insuffler, c'est un état d'esprit, une démarche de liberté. 

La rédaction vous conseille :

Migrants : pourquoi le Pape a-t-il corrigé ses propos ? (14.09.2017)


Publié le 14/09/2017 à 16h29

ANALYSE - En nuançant ses déclarations du 21 août sur la protection des migrants, le Pape a voulu calmer l'emoi déclenché par celles-ci au sein de milieux qui lui sont acquis.
Que pense en définitive le pape François du phénomène migratoire? En l'espace d'un mois il semble avoir soufflé le chaud et le froid. Le «chaud», ce fut le 21 août. Il publiait un message annuel pour la Journée mondiale des migrants où il demandait des mesures concrètes visant à protéger juridiquement les migrants, avant leur départ, pendant leur trajet, à leur arrivée, en leur garantissant une protection sociale, une scolarité pour les plus jeunes, une retraite pour les plus anciens. Sans limite aucune. Comme si toutes les frontières étaient abolies.

Le «froid», ce fut dimanche soir, le 10 septembre, à son retour de Colombie. Il a nettement corrigé ses propos en légitimant sans aucune ambiguïté une limitation des flux d'entrées des migrants. Les «gouvernements» a affirmé le Pape, doivent réguler avec «prudence» les accueils, selon leur capacité à «intégrer» de nouvelles populations. «Il ne suffit pas d'ouvrir son cœur», a-t-il lancé, mais un gouvernement doit se dire: «Je ne peux pas accepter un nombre plus important car il y a danger de la non-intégration.» À son retour de Suède en novembre 2016, il avait déjà justifié le principe d'une régulation.

Seconde idée, développée de façon inédite par François sur ce vol de retour d'Amérique latine: l'Occident a la responsabilité «d'investir» en «Afrique» pour que ses habitants puissent vivre sur un continent en «croissance». Ce qui revient à traiter, à la source, l'une des causes de l'immigration économique. C'est un des fondamentaux de l'enseignement social de l'Église. Mais François ne l'avait encore quasiment jamais utilisé, accusant plutôt l'Europe d'égoïsme.

Le principe radical exprimé en toutes lettres de « toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale » - la sécurité personnelle des migrants n'est pas passé. Cela a créé en Occident, tant en Europe qu'aux États-Unis, une incompréhension majeure

Que s'est-il passé entre le 21 août et le 10 septembre pour que le Pape ajuste à ce point sa vision des choses? En réalité sa lettre du mois d'août a profondément choqué l'opinion, y compris modérée. Le principe radical exprimé en toutes lettres de «toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale» - la sécurité personnelle des migrants - n'est pas passé. Cela a créé en Occident, tant en Europe qu'aux États-Unis, une incompréhension majeure.

L'émoi occidental fut d'autant plus vif que derrière les mesures techniques contenues dans son message se dessinait la perspective d'un pape catholique qui pour la première fois de l'histoire, semblait abandonner une politique vaticane de défense de «l'identité» de l'Europe. Le Pape ne demandait-il pas explicitement d'intégrer mais «sans supprimer», chez les migrants, leur «identité culturelle»?

Exemplaires de générosité dans leur gestion humanitaire des vagues de migrants en Méditerranée, les Italiens se sentent saturés par ce phénomène et donc dépassés

Même la très catholique Italie ne l'a pas admis. Exemplaires de générosité dans leur gestion humanitaire des vagues de migrants en Méditerranée, les Italiens se sentent saturés par ce phénomène et donc dépassés. Beaucoup d'entre eux - et pas seulement dans des milieux d'ordinaire opposés à l'immigration - se sont dit que François allait trop loin.

L'écho de ce débat - parce qu'il était italo-italien et qu'il émanait des couches modérées de l'opinion - est arrivé, cette fois, jusqu'aux oreilles du pape François. Car il ne faut pas sous-estimer les acouphènes qui se forment dans les entourages des puissants… Ils amortissent beaucoup de mauvaises nouvelles! Le Pape lit peu la presse mais il parcourt une certaine presse italienne. Il a donc vu par lui-même se dresser une opposition à la fin de l'été, issue de milieux qui lui sont pourtant acquis. C'est l'une des clés de ce revirement. En se rendant en Colombie le 6 septembre, François avait donc en tête de profiter de la traditionnelle conférence de presse du retour, pour ajuster son discours.

Quant à l'absolu des propos de François au mois d'août, ils visaient à faire pression - par un choc sur les consciences qu'il aime pratiquer - sur la communauté internationale afin qu'elle adopte, d'ici à la fin de l'année 2018, les promesses du sommet de l'ONU de septembre 2016 concernant deux accords internationaux contraignants pour les États quant à la gestion des réfugiés et des migrants. Ces accords semblaient en bonne voie, mais la nouvelle politique américaine de l'Administration Trump change la donne.

La rédaction vous conseille :
Jean Druel : "En France, on est en panique face au phénomène religieux » (15.09.2017)


CULTURE VENDREDI 15 SEPTEMBRE 2017


Avec ses polos d’étudiant et ses phrases chocs, Jean Druel détonne dans le paysage religieux. Ce prêtre parfaitement arabophone, directeur de l’Institut dominicain d’études orientales au Caire (IDEO) depuis 2014, vient de publier Je crois en Dieu, moi non plus – Introduction aux principes du dialogue interreligieux. Un essai sous forme de boîte à outils pour nous aider à sortir des débats stériles. Interview.

Le Bondy Blog : En tant que directeur de l’IDEO, votre mission principale est de mener différents dialogues interreligieux avec des étudiants et chercheurs musulmans mais également avec les cheikhs d’Al Azhar, l’institution de référence de l’islam sunnite. Quel est le but de ces échanges ?

Jean Druel : Le dialogue auquel on participe entre le Vatican et Al Azhar est très différent de celui qu’on mène avec les chercheurs et étudiants, musulmans et chrétiens, fréquentant l’Institut. Avec le Vatican et Al Azhar, on participe à des réunions très courtes où on essaye d’aborder des questions qui fâchent. Par exemple on a eu une séance sur la question de la violence : pourquoi Al Azhar a l’impression qu’on est obsédé par la question et pourquoi nous, les catholiques, on a l’impression qu’ils fuient la question ? On voit les causes religieuses de la violence musulmane alors que les cheikhs ne voient pas le rapport avec la religion. C’était très intéressant de comprendre pourquoi on ne se comprend pas, comprendre quels sont nos points de vue respectifs. Mais on garde les détails de ces discussions pour nous, pour la recherche car c’est compliqué à communiquer au grand public sur des questions d’épistémologie [étude de la connaissance scientifique, des postulats et méthodes scientifiques, ndlr]. Ce qui sort dans les médias après ces réunions, ce sont des déclarations communes pour dire qu’on est contre la violence. Ça n’apporte rien au débat intellectuel mais ce qui est important, c’est que les gens de la rue vont voir une photo, un titre. Symboliquement c’est très puissant.

Le Bondy Blog : Est-ce que le dialogue interreligieux peut lutter contre le terrorisme perpétré au nom de la religion ?

Jean Druel : Le dialogue interreligieux n’est pas une arme contre le terrorisme. C’est naïf de vouloir l’instrumentaliser pour détruire le terrorisme et on risque d’être vite déçu. Il faut des moyens armés et bien plus. On a dépassé un tel seuil qu’on ne peut pas se retrouver autour de la table comme ça… Prenez l’ETA [groupe terroriste indépendantiste basque, ndlr], ça a pris des années pour en sortir. En revanche, le dialogue interreligieux a des effets tangibles sur ceux qui le pratiquent : ils vivent mieux ! On a moins peur des autres et de la diversité. On ne se sent pas en permanence agressé par ce qui se passe. Je le fais pour vivre en paix avec les gens autour de moi, pas pour combattre les terroristes.

Le Bondy Blog : Diriez-vous qu’il y a plus de dialogue entre chrétiens et musulmans aujourd’hui qu’hier ?

Jean Druel : Oui car on est condamné à dialoguer. La situation est tellement explosive qu’on ne peut plus vivre dans un état de nature où on était tous copains. On entend beaucoup en Égypte la phrase : “c’est plus ce que c’était, avant, on vivait tous ensemble dans les mêmes immeubles, les mêmes écoles et on ne se posait même pas la question de qui était chrétien, musulman ou juif !” Le contexte a changé, les choses sont beaucoup plus polarisées aujourd’hui donc forcément il y a plus de dialogue formel.

Le Bondy Blog : La religion est devenue omniprésente dans l’actualité, particulièrement en France. Et pourtant ces débats semblent souvent tourner en rond et n’aboutir qu’à des prises de positions de plus en plus antagonistes. Comment en sortir ?

Jean Druel : On tourne rond parce que personne n’est prêt à changer. Or le dialogue interreligieux ne mène à rien si personne n’est prêt à bouger. Le contexte de ces débats est souvent polémique et oppose souvent une majorité face à une minorité. Résultat : chacun se réfugie dans des positions identitaires. Une fois qu’on a dit : “le voile ne fait pas partie de la culture française”, bon bah super et donc on fait quoi ? A-t-on le droit d’interroger ce qu’est la culture française ? Il faudrait qu’on accepte de faire de la place. Oui, la société française est multiculturelle et multi-religieuse, c’est un fait et il y a plusieurs façons d’être français.

Quand, en face, on a le discours suivant : “le voile fait partie des obligations musulmanes”, on tombe aussi dans un discours identitaire, car c’est faux. Le voile est tout à fait négociable. C’est tout l’enjeu du fiqh [la jurisprudence en islam, ndlr]. Il y a quatorze siècles de jurisprudence pour adapter la charia au contexte. Ça n’a pas de sens de vouloir importer un islam “tout prêt” au sens de prescriptions gravées dans le marbre.

Le Bondy Blog : Vous nous incitez à questionner la religion, à la désacraliser, mais parfois la frontière est mince entre la critique de la religion et celle des croyants. Où placer le curseur ?

Jean Druel : Pour moi, ce n’est pas une question de curseur mais de domaine. Ce n’est pas parce que je critique le discours du pape que je te critique. Si je dis que dans ma culture, le voile signifie l’oppression, je ne suis pas en train de dire que je n’aime pas l’islam ou que je ne t’aime pas comme musulmane. Je dis juste que dans ma culture, d’un point de vue objectif, le voile est rapidement assimilé à un symbole d’oppression machiste. Or beaucoup de personnes n’ont pas l’habitude de distinguer les différents niveaux d’énonciations : ce qui ressort du culturel, de l’historique, de mon sentiment. Quand on dialogue, il faut prendre le temps de distinguer ce que dit l’autre : est-il en train de m’agresser personnellement ou est-ce qu’il est en train de dire une vérité objectivement mesurable ?

Le Bondy Blog : Vous distinguez en effet dans votre livre quatre types d’énoncés : le scientifique (“Jésus et Mahomet sont des personnages historiques”*), le dogmatique (“Dieu existe”*), le symbolique (“Le Coran est présence de Dieu”*), le sentimental (“La messe m’ennuie”*). Vous nous dites qu’avant de se lancer dans un débat sur la religion, il faut avoir des connaissances solides en théologie. Finalement, vous nous incitez plus à nous taire qu’à dialoguer ?

Jean Druel : Je ne suis pas élitiste mais exigeant. Ce que je propose, c’est une éthique de la parole. Si vous vous embarquez dans une discussion théologique, ça ne suffit pas d’arriver avec ses bons sentiments. Il faut une formation théologique. Idem si la discussion porte sur l’histoire de la religion. On ne peut pas juste balancer des trucs sur ce qu’on ressent. Il faut dialoguer au même niveau, soit théologique, soit scientifique, soit sentimental, soit symbolique et ne pas tout mélanger. Alors oui, pour moi le dialogue, c’est 80% de temps d’écoute. Il y a une aussi une très grosse partie de digestion. Après le dialogue, quand je suis seul, je me dis “tiens cette réponse m’a fait réagir, pourquoi ça m’a choqué, qu’est-ce ça a fait bouger chez moi ?” C’est à ce moment que le dialogue produit ses effets.

Le Bondy Blog : Est-ce qu’en France notre culture universaliste et laïque nous empêche de rentrer dans cette éthique du dialogue interreligieux ? 

Jean Druel : En France, on a évacué la théologie de l’université car beaucoup pensent que c’est du catéchisme. Ça n’a pourtant aucun rapport. La conséquence, c’est qu’aujourd’hui beaucoup de chercheurs sont démunis pour penser le fait religieux. Ils l’étudient de manière sociologique, politique, économique, psychologique, mais ils sont totalement démunis pour penser la foi. On ne peut pas étudier les phénomènes de croyances uniquement sous l’angle culturel ou sociologique. La foi est au croisement de mon sentiment, de l’histoire, des connaissances. À la limite, on pourrait être un chercheur athée et un excellent théologien, c’est un champ disciplinaire à part entière.

Cette lacune française explique qu’on est un peu en panique face au phénomène religieux. On va d’un extrême à l’autre. D’un côté, le discours “le terrorisme islamiste n’a rien avoir avec la religion” signifie qu’on prend les djihadistes pour des débiles mentaux. On justifie leurs actes par le chômage, le fait qu’ils soient déboussolés en France. C’est extrêmement dédaigneux de nier ce qu’ils disent eux-mêmes de leurs motivations religieuses. À l’autre extrême, on trouve le discours “islam= terrorisme”, malheureusement assez présent dans les milieux catholiques. Or il y a quatorze siècles de tradition musulmane derrière nous. Si l’islam était terroriste par essence, ça se saurait et on n’aurait aucun répit ! La théologie n’explique pas tout du terrorisme, mais elle n’est pas totalement inutile non plus.

Le Bondy Blog : Au-delà de votre livre, quels conseils pouvez-vous nous donner pour nous aider à comprendre et parler de religion ?

Jean Druel : Il y a beaucoup de livres savants et de thèses sur la question. Mon livre est à prendre comme un couteau suisse pour le grand public, pour ceux qui n’ont pas l’habitude de parler religion mais qui aiment ça ou sont attirés par ce sujet. C’est une invitation à rencontrer des gens. Plus que des livres, je conseillerai de sortir de chez soi, de parler de foi avec d’autres.

Essayez de voir le monde comme d’autres le voient. Par exemple une amie avait fait l’expérience de porter le voile et de se balader une journée au Pays-Bas et d’en parler ensuite avec ses amies musulmanes. Ce n’est pas de l’hypocrisie mais un test socio-culturel. Tu vois ce qui se passe et tu nous racontes. Ça permet de voir le monde autrement.

Rentrez dans une mosquée ! Pareil avec une synagogue ou un temple protestant. Très peu de catholiques ont assisté à un culte protestant le dimanche, c’est délirant ! Allez-y, vous verrez le monde autrement et réaliserez que la réalité est plus complexe parce que nos sens nous trompent. On a l’impression qu’on voit la réalité telle qu’elle est. En fait, on ne la regarde qu’à travers notre propre prisme. Mon but est d’inciter les gens à sortir et d’enfiler d’autres lunettes.

Propos recueillis par Ariane LAVRILLEUX

*Extraits de Je crois en Dieu, moi non plus  Jean Druel, Editions du Cerf.

Pour le psychiatre, le meurtre de Sarah Halimi est «un acte délirant et antisémite»


Par Clarisse Martin — 14 septembre 2017 à 20:27

Marche blanche, le 9 avril, à Paris, organisée à la mémoire de Sarah Halimi, en présence de la famille.Photo Plume Heters Tannenbaum.

Dans son rapport d'expertise, le médecin ouvre la voie à une possible requalification des faits par la justice.

Pour le psychiatre, le meurtre de Sarah Halimi est «un acte délirant et antisémite»

Dans la nuit du 4 avril 2017, Sarah Halimi était rouée de coups et défenestrée depuis le balcon de son appartement, dans le XIarrondissement parisien. Son bourreau a-t-il perpétré ce crime parce qu’elle était juive ? Pour l’heure, l’antisémitisme n’a pas été retenu comme circonstance aggravante par les juges d’instruction. Néanmoins, le rapport d’expertise psychiatrique, que Libération a pu consulter dans son intégralité, donne des éléments pouvant étayer ce mobile.

«Kobili T. est accessible à une sanction pénale», écrit Daniel Zagury; le psychiatre, concluant à une altération et non à une abolition de son discernement au moment des faits. S’il n’est pas du ressort du médecin de se prononcer sur la qualification du crime, l’expert donne des éléments pour éclairer les magistrats, «en restant strictement circonscrit au champ psychiatrique».

Daniel Zagury a eu l’occasion de rencontrer Kobili T. à trois reprises : le 20 mai, le 23 juin et le 15 juillet. Lors de ces entretiens, l’expert a confronté le jeune homme de 27 ans aux faits qu’il a commis pendant cette nuit d’avril. Cette nuit au cours de laquelle il «se sentait comme posséd黫oppressé par une force extérieure […] démoniaque», a-t-il déclaré aux enquêteurs lors de son interrogatoire de première comparution, dont le procès-verbal a pu être consulté par Libération.

Chandelier

Aux enquêteurs comme au psychiatre, il déclare ne pas avoir su qui habitait dans l’appartement de Sarah Halimi avant de s’y introduire. Selon ses dires, il aurait compris qu’il s’agissait d’un appartement occupé par une personne de confession juive en remarquant un chandelier et une bougie. «Ça aurait pu être n’importe qui, une hindoue, peut-être même une musulmane», a-t-il déclaré à un médecin du service dans lequel il était interné.

Dans son expertise, Daniel Zagury reste prudent. «Il ne paraît pas possible d’affirmer que Mme Lucie Attal [le nom de jeune fille de Sarah Halimi, ndlr] a été délibérément recherchée pour être massacrée parce qu’elle était juive. Par contre, le fait qu’elle soit juive l’a immédiatement diabolisée et a amplifié le vécu délirant.» Si le psychiatre a conclu à «une bouffée délirante aiguë» au moment des faits, il ne considère pas cette démence comme seule responsable. «Le crime de Kobili T. est un acte délirant et antisémite. Mme Lucie Attal n’a peut-être pas été recherchée et tuée parce que juive, mais le fait qu’elle le soit a facilité la déflagration de destructivité de Kobili T.» Le médecin s’interroge : «Si cet appartement voisin avait été occupé par une autre personne, Kobili T. se serait-il comporté de façon identique ?»

Propos, écrits ou actes

Pour les avocats des parties civiles, l’antisémitisme est la donnée manquante dans la qualification des faits. Depuis la mise en examen de Kobili T., ils réclament la reconnaissance de cette circonstance aggravante. «Il était animé par un antisémitisme viscéral», estime Jean-Alex Buchinger, l’avocat des enfants de la défunte. MGoldnadel, avocat du frère et de la sœur de Sarah Halimi, juge pour sa part qu’il n’y a eu «aucun coup de folie», seulement de l’antisémitisme.

Pour que l’infraction soit aggravée par l’antisémitisme, les magistrats instructeurs devront désormais s’attacher à déterminer si Kobili T. a tué Sarah Halimi en raison de sa judéité. Ce qui peut être étayé par des propos, des écrits ou encore des actes qui ont accompagné le meurtre. Contacté par Libération, MBidnic, assurant la défense du suspect, n’a pas souhaité s’exprimer pour le moment.

Birmanie : «Nos villages sont incendiés les uns après les autres» (14.09.2017)


Par Laurence Defranoux — 14 septembre 2017 à 17:51

Dans le village de Gawdu Tharya, près de Maungdaw, dans l'Etat Rakhine, en Birmanie le 7 septembre. Photo AFP

Depuis la Birmanie, un jeune professeur rohingya raconte à «Libération» sa vie depuis l'opération de représailles menée par les forces de l'ordre contre la minorité musulmane.
 Birmanie : «Nos villages sont incendiés les uns après les autres»

Le 25 août, des militants de la minorité musulmane de l’Etat Rakhine [appelé aussi Arakan, une des divisions administratives de la Birmanie, ndlr] ont attaqué une trentaine de postes de police. Depuis, l’armée et les milices mènent une violente opération de représailles contre la population, poussant près de 400 000 personnes, sur environ 1,1 million, à fuir au Bangladesh voisin. Les Rohingyas sont considérés comme des parias dans un pays majoritairement bouddhiste où les conflits ethniques sont légion. Mercredi soir, le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé à la Birmanie des «mesures immédiates» pour faire cesser «un recours excessif à la force». Nous avons recueilli par téléphone le témoignage de Fisel, 29 ans, qui vit dans le district de Maungdaw et dont le village a été incendié. La région étant interdite aux journalistes, son récit est impossible à vérifier, mais il concorde avec les informations recueillies par la presse et les humanitaires auprès des réfugiés au Bangladesh. 

«Je viens du village de Myo Thu Gyi, qui compte un millier de maisons et 7000 habitants. Le soir du 27 août, on a entendu des cris et des coups de feu. J’ai vu des soldats et le BGP [les gardes-frontières, ndlr] arriver en camion. Ils étaient environ une centaine. Ils avaient des fusils, de l’essence, des briquets. Ils ont tiré partout dans le village, aveuglément. Avec ma mère et mes cinq frères et sœurs, on est sortis en courant. Une fois que tout le monde s’est enfui, ils ont commencé à mettre le feu aux maisons, l’une après l’autre. On s’est d’abord réfugiés dans un village à 2 km. Un ami m’a envoyé une vidéo où on voit Myo Thu Gyi brûler encore le lendemain, ils sont revenus mettre le feu aux maisons qui restaient. Depuis, les villages sont incendiés les uns après les autres. Ce matin [jeudi 14 septembre, ndlr], c’est Baggona qui a brûlé. Il ne reste plus que quelques villages indemnes, sur une centaine dans le district. 

«Une dizaine de corps»

«Nous avons ensuite été hébergés chez des proches, près du bourg de Maungdown, où la situation est calme, mais on doit déménager dans un autre village aujourd’hui. Nous n’avons pas assez à manger, mais nous sommes habitués, et notre situation n’est pas si difficile par rapport à tous ceux qui doivent dormir dans la rue. Mais on a peur, très peur. On passe la nuit à attendre, à nous demander s’ils vont venir ou pas. Un de mes voisins a pu retourner au village, il dit qu’il a vu une dizaine de corps, surtout des enfants. On n’est plus que quelques-uns à rester ici, presque tout le monde a fui au Bangladesh. Là-bas, au moins, on a la vie sauve. Ici, les femmes enceintes ou les vieux ne peuvent recevoir aucune aide. 

«Ma famille est installée depuis des générations dans le village, le grand-père de mon grand-père vivait déjà ici. Nous avions de bonnes relations avec les bouddhistes, on travaillait ensemble, on étudiait ensemble. Depuis 2012, c’est le gouvernement qui nous sépare. La propagande dit "n’achetez pas dans les magasins kalars" ["kalar" étant le terme péjoratif désignant les Rohingyas, ndlr], "ne parlez pas aux kalars". J’ai beaucoup d’amis rakhines [bouddhistes, ndlr], je leur ai téléphoné. Certains me parlent mal, il y a désormais tant de haine dans tout le pays, tant de discours répétant "les musulmans sont des terroristes". D’autres me disent "on est désolés pour toi, pour votre situation". Mais ils ne peuvent pas m’aider, c’est devenu impossible de vivre ensemble. Ils n’ont pas le droit de venir, et depuis longtemps, les Rohingyas n’ont plus l’autorisation de se déplacer. Les routes sont bloquées, il y a des check-points, la police, les militaires. Nous appelons l’Arakan "notre prison à ciel ouvert".

C’est plus facile d’aller au Bangladesh qu’à la ville voisine. La frontière est à 3 km, on traverse la rivière sur des petits bateaux de pêche. Mais les passeurs, qu’ils soient bangladais ou Rohingyas, ont augmenté les prix, ils demandent 100 000 kyats (environ 62 euros) par personne, sauf pour les enfants de moins de 12 ans. C’est très cher, car ici il n’y a pas de travail. Moi je gagne 200 000 à 300 000 kyats par mois comme professeur. Même avant la mort de mon père, il y a deux ans, c’est moi qui faisais vivre toute la famille.

«On écrit sous des faux noms»

«On est en colère contre ceux qui ont attaqué les postes de police. Déjà, en 2012, il y avait eu des violences. Le gouvernement avait arrêté près de 1000 Rohingyas, et en avait mis à peu près autant sur liste noire. Ils ne pouvaient ni vivre dans leur pays, ni partir. Qu’ont-ils fait? Ils ont formé un groupe alors qu’ils n’ont que des épées, des lance-pierres, des bâtons et quelques armes volées dans un poste de police en octobre dernier. Ils savaient qu’ils allaient perdre et être tués. On a subi tant de restrictions, on a perdu tant de droits, on n'a plus d'espoir. Moi j’ai eu mon bac en 2008 et je suis allé étudier à Sittwe (la capitale du Rakhine). Mais depuis 2012, on n’a plus le droit d’aller à l’université.
Je n’ai plus de papiers, les cartes d’identité temporaires ont été supprimées. Je peux être arrêté ou tué juste pour avoir un smartphone. On nous reproche d’utiliser Internet pour parler à des étrangers, de répandre la haine. Un de mes amis proches a passé trois ans en prison juste pour avoir utilisé Facebook. On écrit sous des faux noms, on ne met pas de photos. Mais vous pouvez écrire mon prénom, car moi aussi je vais quitter le pays cette semaine. 

«Je sais que c’est difficile au Bangladesh. Mais nous ne pouvons plus vivre ici. Des gens sont déjà morts, les villages ont brûlé, les familles sont ruinées. Que pouvons-nous faire sans aide face à la cruauté de notre gouvernement? Si rien ne se passe, d’autres vies vont être perdues. Je crois que c’est ce que cherche le gouvernement, qu’il pense "partez, ce n’est pas votre place, ce n’est pas votre pays". Mais je reviendrai. J’aime tant mon pays.»

La France joue la carte du pragmatisme en Turquie (14.09.2017)


Par Quentin Raverdy , correspondant à Istanbul — 14 septembre 2017 à 16:57
Jean-Yves Le Drian à Paris, le 31 août. Photo Bertrand Guay. AFP

La visite ce jeudi à Ankara du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a pour but d'éviter toute «rupture», malgré les récentes tensions entre l'UE et Erdogan.

 La France joue la carte du pragmatisme en Turquie

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, entame aujourd’hui une visite diplomatique de deux jours à Ankara, sur l’invitation de son homologue turc Mevlut Cavusoglu. Un déplacement au cours duquel il s’entretiendra avec le chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan ainsi qu’avec le leader de l’opposition, Kemal Kilicdaroglu. Une rencontre diplomatique importante à l’heure où les relations entre la Turquie et ses partenaires européens sont plus que tendues. Les chancelleries de l’Union s’inquiètent en effet des nombreuses atteintes aux droits de l’homme dans le pays depuis la mise en place de l’état d’urgence, au lendemain de la tentative de coup d’Etat contre Erdogan le 15 juillet 2016. Depuis lors, environ 50 000 personnes ont été arrêtées et plus de 100 000 ont été licenciées, suspectées d’être liées au mouvement de l’imam en exil Fethullah Gulen – accusé par Ankara d’être le cerveau du putsch manqué.

Partenaire

Alors que la chancelière allemande Angela Merkel – dont le pays accueille la plus grande diaspora turque au monde avec 3 millions de personnes et entretient d’importants liens économiques avec Ankara – cherche le soutien de ses homologues européens pour mettre un terme aux négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, la France, elle, a voulu faire dans le pragmatisme. En effet, dans une interview à un quotidien grec, le 7 septembre, le président Emmanuel Macron a dit vouloir «éviter les ruptures» avec la République turque, «un partenaire essentiel dans de nombreuses crises que nous affrontons ensemble, je pense au défi migratoire ou à la menace terroriste notamment». Le chef de l’Etat a cependant condamné des «dérives préoccupantes». Une discordance dans le couple franco-allemand largement reprise par les médias turcs.

Ainsi, du côté de la diplomatie française, on semble vouloir garder les canaux de communication bien ouverts avec un partenaire, certes compliqué, mais incontournable dans la région. Au programme des discussions, selon une source diplomatique turque : coopération antiterroriste, développements régionaux, migration, énergie et relations avec l’UE. Et parmi les sujets chauds qui seront abordés : le dossier syrien. Le président Macron a en effet demandé à Jean-Yves Le Drian d’échafauder un «groupe de contact international» capable de trouver des solutions au conflit en Syrie. La Turquie, soutien des opposants modérés à Bachar Al-Assad et garant – avec la Russie et l’Iran, deux alliés du régime syrien – du cessez-le-feu de décembre 2016, est donc un interlocuteur de premier ordre.

Sujet qui fâche

Pragmatisme toujours : alors que les alliés d’Ankara au sein de l’Otan s’inquiètent des alignements stratégiques d’Ankara, qui officialisait mardi l’achat à Moscou de missiles de défense S-400, Paris, elle, croit encore au partenariat franco-turc. Au cours de sa visite, Le Drian devrait ainsi évoquer avec son partenaire l’ambitieux projet – un accord a été trouvé en juillet – de développement d’un système de défense antiaérienne entre des entreprises européennes (dont Thalès et MBDA) et turques.

Impossible cependant d’éviter lors de cette visite diplomatique le sujet qui fâche : le sort du journaliste Loup Bureau, incarcéré depuis plus d’un mois dans le sud-est de la Turquie. Malgré les réguliers appels d’Emmanuel Macron au président Erdogan et la mobilisation de ses proches, la justice turque a rejeté la libération du jeune homme, suspecté «d’appartenance à une organisation terroriste», après que des photos le montrant en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG (considérés comme une organisation terroriste par Ankara) ont été trouvées sur lui. La famille de Loup Bureau attend donc plus que quiconque la venue du ministre français en Turquie.





Facebook a indiqué qu'il allait supprimer des filtres permettant à des annonceurs et toute autre organisation d'adresser des publicités ou messages directement à des personnes présentant des sympathies antisémites sur le réseau social. Cette décision intervient au lendemain d'un article paru sur le site d'investigation américain ProPublica affirmant que des filtres et des catégories donnant l'opportunité à des annonceurs de cibler directement des utilisateurs antisémites étaient disponibles sur Facebook.

Sur la plateforme publicitaire automatisée du réseau social, on pouvait trouver des champs tels que «haine du juif» («jew hater») ou des catégories regroupant des internautes ayant exprimé un intérêt pour des sujets comme «Comment brûler les juifs» («how to burn jews») ou «Comment les juifs ont ruiné le monde» («History of how jews ruined the world»), a découvert ProPublica.

Alerté par des sources anonymes, ProPublica indique s'être connecté à la plateforme publicitaire et découvert par exemple que «haine du juif» était une catégorie comprenant environ 2.274 personnes. Le site d'investigation a alors informé Facebook de ses découvertes.


sauvergarder sitamnesty

https://web.archive.org/web/20190507024549/https://sitamnesty.wordpress.com/europe-2083/ https://web.archive.org/web/20190828001705/https...