lundi 25 mars 2019

Guerre du Kosovo, la trahison française à l'égard de ses amis serbes

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En 1999, la France a bombardé les Serbes, qui refusaient l’islamisation de leur pays
Publié le 25 mars 2019 - par Jacques Guillemain - 5 commentaires

Il y a 20 ans, en mars 1999, Bill Clinton et Tony Blair, prétextant une action humanitaire visant à sauver les Albanais du Kosovo d’un nettoyage ethnique orchestré par les Serbes, décidèrent de frapper les forces serbes en lançant une colossale campagne de bombardements au cœur de l’ex-Yougoslavie, déchirée par la guerre depuis son éclatement en 1991.
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Dans ce conflit entre Serbes chrétiens et Albanais musulmans, l’Occident prit le parti des Albanais, sans connaître le véritable dessous des cartes. Bill Clinton nous promettait déjà une « démocratie pluri-ethnique » !
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Une agression totalement illégale, menée par l’Otan et sans l’aval de l’Onu, au mépris le plus total de toutes les règles internationales.
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Une ignoble violation du droit international décidée au nom du « devoir d’ingérence », qui n’est rien d’autre que l’expression pure et simple de la « loi du plus fort ».
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Car on n’a jamais vu ce devoir d’ingérence s’appliquer contre la Russie annexant la Crimée ou contre la Chine malmenant le Tibet ! L’arrogance des Occidentaux a ses limites… ne visant que les plus faibles.
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D’ailleurs, cette vaste opération ne fut possible que parce que la Russie, grande alliée de la Serbie, était encore très affaiblie après l’éclatement de l’URSS en 1989.
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Nous avons dangereusement humilié la Russie impuissante à l’époque, mais cette agression occidentale serait impensable de nos jours, face à Poutine qui a reconstruit son armée, sans laquelle il n’était rien sur l’échiquier international.
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Sa magistrale reprise en mains de la situation en Syrie l’a prouvé. Accompagné de quelques Sukhoi de dernière génération, Poutine a été sagement écouté… Et Bachar el-Assad, la bête noire que les Occidentaux voulaient chasser du pouvoir, est devenu soudain plus présentable à défaut d’être fréquentable.
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C’est ainsi que le 24 mars 1999, la Serbie se réveillait sous un déluge de bombes, déversées par une armada de 1 100 avions, sous les ordres du général américain Wesley Clark. La campagne de bombardements dura 78 jours, au rythme de 480 missions aériennes quotidiennes !
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Pour ceux que cela intéresse, le détail des opérations figure dans le lien ci-dessous.
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La France, qui fut le deuxième contributeur de la coalition par le nombre d’avions engagés et de missions offensives menées, ne s’est pas grandie en trahissant les Serbes, nos amis et alliés de toujours. De plus, le gouvernement a engagé notre aviation de combat sans vote préalable du Parlement !
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Ce parti-pris des Occidentaux envers les Albanais fut une faute colossale.
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L’évacuation du Kosovo par les forces serbes, après 78 jours de bombardements qui détruisirent les infrastructures du pays et firent de nombreux dégâts collatéraux, mena finalement au dépeçage de la Serbie, avec la déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo en 2008.
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Une indépendance décrétée au mépris du droit international, elle aussi, mais aussitôt reconnue par les États-Unis, l’Allemagne et la France, pour lesquels la morale et le droit sont des notions à géométrie variable. La souveraineté des nations, c’est à la gueule du client !
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Mais pour l’Onu, Belgrade, Moscou, Pékin et bien d’autres pays, le Kosovo reste serbe.
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Cette indépendance décrétée de façon unilatérale fut un camouflet pour Belgrade et une seconde humiliation pour la Russie, Clinton s’étant assis sur les légitimes protestations de Poutine.
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Mais les naïfs Occidentaux n’ont pas eu affaire à un ingrat. En 2014, Poutine, redevenu tout puissant, renvoyait le boomerang du Kosovo et annexait la Crimée en laissant les Occidentaux brailler comme des roquets, mais contraints d’avaler la couleuvre.
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Et aujourd’hui, 20 ans après l’agression occidentale contre Belgrade, quel est le bilan ?
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Au plan économique, c’est une catastrophe.
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Malgré un plan Marshall sans précédent, 30 % de la population kosovare vit sous le seuil de pauvreté, avec un chômage des jeunes de 55 %.
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Pas étonnant que les Albanais du Kosovo se ruent sur l’Eldorado européen.
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Le Kosovo est devenu un État mafieux, créé de toutes pièces par les Occidentaux et mis en coupe réglée par une équipe de prédateurs, spécialistes du crime organisé issus de l’UCK, l’ex-organisation indépendantiste armée albanaise, classée jadis parmi les mouvements terroristes.
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Une sinistre réalité que les apôtres de la bien-pensance s’acharnent à démentir.
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Qu’en pense BHL, notre guerrier en chemise blanche ?
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Au plan humain, c’est pire.
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Oui, il y a bien eu une purification ethnique. Mais pas celle que nous ont vendue Clinton et Blair. Ce sont les Serbes du Kosovo qui sont pourchassés.
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« 200 000 Serbes ont fui le Kosovo. 1 000 ont été assassinés, 150 églises ont été détruites pendant que 700 mosquées ont vu le jour grâce aux pétro-dollars du wahhabisme ».
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C’est le Kosovo qui a fourni le plus de jihadistes à l’État islamique par tête d’habitant.
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Il y a une attaque anti-serbe tous les deux jours.
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« On a bombardé le mauvais camp… » dit l’ex-commandant de la Forpromu en Bosnie-Herzégovine.
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Les Serbes se battaient contre l’islamisation totale du Kosovo, donc de leur pays, ils combattaient l’intolérance religieuse des musulmans kosovars. Les Occidentaux leur ont donné  tort. On voit le résultat.
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L’islamisation totale est en cours. Des 35 % de Serbes dans les années 30, il ne reste que 4 % de chrétiens au Kosovo, qui entendent rester sur leurs terres, malgré les persécutions albanaises.
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De graves accusations ont pesé sur des chefs mafieux albanais. Assassinats de prisonniers serbes, trafic d’organes, trafics d’armes, de drogue et prostitution.
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On ne compte plus les armes venues du Kosovo qui s’entassent dans les caves de nos banlieues, attendant leur heure. Mais qui s’en soucie ?
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Le Kosovo, parfait contre-modèle d’un État de droit démocratique. C’est cela le bilan des bombardements de 1999 !
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Le quotidien des Serbes du Kosovo est un enfer. Selon un rapport américain qui vient de paraître, agressions, cambriolages, destructions de biens, brimades, discriminations, intimidations et menaces sont permanentes.
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Ceux qui, en France, nous vantent sans arrêt la religion de tolérance, de paix et d’amour, peuvent voir ce que devient cette tolérance quand l’islam est en position de force dans un pays. Les juifs chassés du 9-3 en sont la parfaite illustration.
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C’est donc une faute impardonnable que la France a commise envers nos amis serbes, en allant bombarder Belgrade et en reconnaissant l’indépendance du Kosovo.
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Mais à l’occasion du 20e anniversaire de cette sinistre agression occidentale contre la Serbie, c’est surtout le sentiment de trahison que les Serbes ont le plus mal vécu.
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« Ce sont les jours les plus tragiques de notre histoire », a lancé à la foule, éclairée par la lueur des bougies, le patriarche de l’Église orthodoxe serbe Irinej. « Ce qui est encore plus tragique », a-t-il ajouté, « est qu’il s’agissait de nos anciens alliés, de nos anciens amis ».
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Cette trahison de la France restera une tache indélébile dans les relations franco-serbes. Nous avons trahi nos amis et alliés pour donner naissance à un État mafieux qui persécute la minorité serbe.
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On a parfois honte d’être français !
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Jacques Guillemain

https://ripostelaique.com/en-1999-la-france-a-bombarde-les-serbes-qui-refusaient-lislamisation-de-leur-pays.html


BHL et Finkielkraut étaient les ennemis des Serbes antinazis et les amis des Bosniaques islamonazis…


BHL et Finkielkraut étaient les ennemis des Serbes antinazis et les amis des  Bosniaques islamonazis…
J’accuse BHL et Finkielkraut d’avoir contribué à l’avancée de l’islam en France
 Aujourd’hui l’on sait, ce qui pour moi ne faisait aucun doute, que la racaille qui a insulté Alain Finkielkraut n’avait aucun rapport avec les patriotes Gilets jaunes originels, Gaulois-Français de souche.
Bien avant que les médias nous « révèlent » l’identité de cette racaille, j’ai dit et écrit qu’il s’agissait d’une horde de panarabistes-islamistes-palestinistes et de leurs affidés gauchos.
Cela dit, il est opportun de rappeler à la mémoire des amnésiques, ce qui s’est passé il y a près de 30 ans, lors du démantèlement de la Yougoslavie, durant le conflit entre Serbes chrétiens et Bosniaques musulmans. Comment le gouvernement français de l’époque en est arrivé jusqu’à soutenir les Bosniaques musulmans, et plus tard (1999) participer aux bombardements de Belgrade et des Serbes kossovars par les forces de l’Otan, agression immonde qui fit des centaines de morts parmi la population civile serbe et serbo-kossovar, sans que personne ne trouve à redire face à cette ignominie.
Il est bon aussi de rappeler qui étaient ceux qui appelèrent alors de leurs vœux cette agression française contre le peuple serbe chrétien, et le soutien inconditionnel aux bosniaques musulmans. J’ai nommé : BHL et Finkielkraut.
Mais tout d’abord, un petit saut dans le passé lointain.
Quiconque veut comprendre la stratégie d’islamisation de l’Europe, se doit de connaître l’histoire du « bogomilisme » et donc de la Bosnie.
Entre Serbes et Bosniaques, il n’y avait aucune différence d’origine ethnique. La seule chose qui les séparait était la manière de pratiquer et de croire au christianisme.
Les Serbes étaient orthodoxes et catholiques. Et les Bosniaques, étaient des « bogomilistes ». Du Xème siècle et jusqu’au XIVème siècle après J.-C – soit durant 400 ans ! -, ces deux frères ennemis se sont déchirés dans des guerres internes suite à leurs divergences en matière de foi et de croyances chrétiennes.
Mais vers la fin du XIVème et avec l’invasion ottomane musulmane de cette contrée d’Europe, on découvre tout à coup que les Bosniaques sont devenus… musulmans !
Comment cela a- t-il pu se passer ?
Pour faire bref, le bogomilisme – fondé au Xème siècle par un pope d’origine bulgare qui se faisait appeler Bogomil -, avait des accointances avec le catharisme : un adhérent bogomile croyait au dualisme, s’opposait aux cultes des icônes, et à la papauté etc…
Ce courant chrétien fut considéré par l’Eglise catholique comme une secte néfaste et une dangereuse hérésie. Les Bogomiles subirent alors moult persécutions de la part des Serbes catholiques et orthodoxes.
Lorsque les Ottomans musulmans entreprirent la conquête de la Serbie et de la Bosnie, ils trouvèrent en Bosnie une population bogomile emplie d’animosité et de ressentiments envers leurs oppresseurs Serbes catholiques et orthodoxes.
C’est alors que les Ottomans musulmans leur tinrent le discours suivant : “Les Serbes catholiques et orthodoxes sont des idolâtres ! Ils ne sont pas de vrais monothéistes comme vous, nobles Bogomiles. Comme vous, nous sommes aussi de véritables monothéistes. Aidez-nous à vaincre les Serbes catholiques et orthodoxes, et alors nous vous aiderons à les convertir tous au bogomilisme.
Abusés, les Bogomiles perçurent ces Ottomans musulmans comme une sorte de secte chrétienne intégriste, un bogomilisme déviant certes, mais très proche d’eux. Ils s’allièrent donc aux Ottomans musulmans et leur ouvrirent généreusement et naïvement leurs frontières. Les Ottomans musulmans pénétrèrent alors en Bosnie, écrasèrent les Serbes catholiques et orthodoxes, et pour “remercier” les Bosniaques bogomiles de leur collaboration zélée, ils les “invitèrent” à se convertir tous à l’islam s’ils ne voulaient pas avoir la gorge tranchée et la tête décapitée.
La suite est connue : En 1465, tous les nobles Bosniaques bogomiles qui “embrassèrent” l’islam formèrent un corps de plus de trente mille janissaires qui aidèrent le Sultan ottoman à islamiser l’Albanie, le Kossovo, et étaient en marche pour envahir-islamiser toute l’Europe ! Tandis que plus de deux cent mille Bosniaques bogomiles du petit peuple qui refusèrent de se convertir à l’islam, furent trucidés ou vendus sur les marchés musulmans comme esclaves et eunuques, les autres – convertis à l’islam-, devinrent parmi les plus farouches dans la diffusion de l’islam, quoiqu’ils demeurèrent – on ne sait par quel miracle – fidèles à leur langue serbe d’origine.
Tel fut le funeste “scénario” qui transforma irrémédiablement le peuple de la Bosnie bogomile chrétienne en musulman. Mais cette conversion ne sonna pas seulement le glas du Bogomilisme chrétien, mais également la fin du sentiment commun des Bosniaques et des Serbes d’appartenir à un même peuple !
Désormais, Bosniaques et Serbes se regardèrent en chiens de faïence. Les Bosniaques s’allièrent même à Hitler contre leurs anciens frères Serbes, et c’est parmi ces Bosniaques islamisés qu’on trouva les pires tortionnaires des camps nazis d’extermination contre les Israélites (« Juifs »).
Et c’est par un des paradoxes que nous réserve l’Histoire que, 50 ans après Hitler, ce furent deux Israélites (BHL et Finkielkraut) qui devinrent à la fois les ennemis des Serbes antinazis et les chantres propagandistes de ces Bosniaques islamonazis !!!
Revenons à présent aux années 1990-1995 du conflit ayant opposé les Serbes et les Bosniaques.
A cette époque les figures de marque de « l’intelligentsia » judaïco diasporique étaient socialistes, antisionistes, et palestinophiles. Des personnages comme Bernard-Henry Lévi et Alain Finkielkraut (mais aussi Bernard Kouchner et Rony Brauman deux autres dhimmis « juifs », surtout Brauman un anti-Israélien viscéral) n’en finissaient pas d’encenser Arafat, de soutenir la création d’un Etat palestiniste, et de mettre au pilori le gouvernement israélien. Ce sont aussi eux qui, par leurs écrits, leurs ouvrages, et leur engagement intellectuel total, prirent fait et cause pour les Bosniaques musulmans. Ils n’eurent de cesse que de faire pression sur Mitterrand puis sur Chirac en vue de d’une ingérence armée française en faveur des Bosniaques musulmans, tout en diabolisant le gouvernement serbe et en présentant Milosevic comme un nouveau Hitler. Et ils parvinrent finalement à leurs buts, avec l’intervention militaire de l’Otan contre les Serbes et les Serbo-kossovars.
BHL fut même l’organisateur attitré du voyage « humanitaire » de Mitterrand à Sarajevo. Voici ce que révèle son biographe à ce sujet :  » BHL pensait ainsi « mouiller Mitterrand et l’entraîner là où il ne voulait surtout pas aller ». Et d’ailleurs, qui ne souvient pas des mises en scènes de BHL visitant « le peuple martyr bosniaque à Sarajevo » ?
Cette « bosniaphilie », tout comme la palestinophilie, ouvrit la voie à la « légitimisation » de l’islam en Europe, et à son auréole victimaire, et tout particulièrement en France, par le biais de ces deux « philosophes », idiots inconscients et utiles de l’islam, qu’étaient BHL et Finkielkraut.
Certes Finkielkraut a depuis fait quelque peu son mea-culpa, et il ne s’affiche plus comme palestinophile, mais l’autre larron, ce philosophe « béachélique » de pacotille qui tout à coup découvre ses « racines juives » et s’engoue pour le judaïsme alors qu’il en est un ignare, continue à se dandiner et faire la morale à Israël qui ne s’enthousiasme guère à la création d’un énième Etat panarabiste-islamique sur son propre territoire ancestral baptisé fallacieusement « Palestine », et qui sera sa tombe.
Ce dandy décadent veut à présent interdire le mouvement des Gilet jaunes, mais ne pipe mot sur la haine antijuive immonde de ses potes panarabistes- musulmans-palestinophiles qui s’y sont infiltrés pour le détruire de l’intérieur et lui faire endosser toutes les exactions commises.
Jusqu’à quand le scénario bogomile se reproduira-t-il ?
Déjà, des émissaires et des propagandistes panarabistes-palestinistes-islamistes sillonnent l’Europe à la rencontre de catholiques, de protestants, d’anglicans, d’orthodoxes, de « Témoins de Jéhovah », d’évangélistes et autres courants chrétiens pour les monter les uns contre les autres, en leur inoculant la haine d’Israël et en leur tenant le même discours sournois et flagorneur qu’ils avaient tenu pour piéger les Bosniaques bogomiles.
Les Ottomans musulmans avaient alors réussi dans leur entreprise de dislocation. Aujourd’hui, d’autres musulmans ont pris le relais dans l’objectif final d’islamisation de l’Europe. A qui le tour ? La France, l’Allemagne, l’Angleterre ? Ou l’Espagne, « Reconquista musulmane » oblige !
Je vous accuse donc, messieurs BHL et Finkielkraut, d’avoir été, et pour BHL de continuer à l’être, responsables en partie du malheur des Français et de l’islamisation de leur patrie.

20 ans après les bombes de l’OTAN, le Kosovo est une catastrophe

La statue de Bill Clinton à Pristina

À la veille de l’attaque illégale de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999, Tony Blair nous avait dit qu’il fallait bombarder pour mettre fin à un « génocide racial » (sic). Bill Clinton, lui, nous avait promis qu’après les bombes il instaurerait une « démocratie multiethnique ». Mais, vingt ans plus tard, qu’en est-il vraiment ?


Politiquement, le Kosovo indépendant est un échec cuisant. Il n’est pas reconnu par cinq septièmes de l’humanité, dont l’Espagne, la Russie, la Chine, l’Argentine, le Vatican… La position de l’ONU n’a pas bougé : le Kosovo reste serbe.

Le Kosovo a reçu, depuis 1999, par tête d’habitant, plus d’aides que l’Europe avec le plan Marshall mais le Kosovo demeure un naufrage économique. 30 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, 10 % sous le seuil d’extrême pauvreté et le chômage des jeunes atteint 55 %. Pour le sociologue albanais Belgzim Kamberi, « après la guerre, les réfugiés voulaient à tout prix rentrer chez eux, même si le pays était dévasté. Aujourd’hui, un seul rêve hante leurs enfants, partir. » La seule réussite kosovare en matière d’exportation, ce sont les migrants. Des Kosovars par milliers quittent la région pour la terre promise de l’Union européenne.

L’OTAN a eu jusqu’à 40.000 soldats sur place, mais cela n’a pas empêché le crime organisé de se développer, bien au contraire. Pour l’eurodéputé socialiste Giuseppe Arlacchi, expert de la lutte antimafia, « le Kosovo a été notre plus grave erreur […]. Nous avons créé un État mafieux et ne nous soucions que de dissimuler la vérité. » Belgzim Kamberi est cinglant : « Le chômage et les inégalités sociales n’ont fait que se renforcer, tout comme le clientélisme, la corruption et le crime organisé au sein des institutions du nouvel État. »

Il faut reconnaître une chose : il y a bel et bien eu une purification ethnique au Kosovo, mais pas celle que l’on croit. Depuis la fin de la guerre, 200.000 Serbes ont fui le Kosovo, 1.000 Serbes ont été assassinés. 150 églises ont été détruites pendant que 700 mosquées poussaient comme des champignons grâce, entre autres, à des pétrodollars wahhabites.

Le Kosovo est la région d’Europe qui fournit le plus de djihadistes, par tête d’habitant, à l’État islamique. Dans le dernier rapport sur la situation des droits de l’homme du ministère des Affaires étrangères américain, il est admis qu’il y a une attaque antiserbe tous les deux jours au Kosovo. L’ex-commandant de la FORPRONU en Bosnie-Herzégovine, Lewis MacKenzie, reconnaît : « On a bombardé le mauvais camp […]. Les Albanais nous ont joué comme un Stradivarius. » C’est honorable de l’avouer, mais le mal est déjà fait.

Loin d’avoir apaisé la région, l’OTAN (comme en Afghanistan ou en Libye) a transformé le Kosovo en un pandémonium de pauvreté où seuls prospèrent les mafieux et djihadistes qui empoisonnent les Balkans et le reste de l’Europe. On vous a menti dans les années 1990 au sujet des Serbes. Les maux contre lesquels ils se battaient s’abattent maintenant sur l’Occident. Leur seul crime est d’avoir eu raison trop tôt.

Sauvegarde de 





Qui se soucie des Serbes du Kosovo qui endurent vexations et violences ?


En complément de la vidéo de Pierre :

ANALYSE – Vingt ans après l’intervention d’une coalition menée par les États-Unis, la minorité serbe (5 % de la population) vivant au Kosovo endure vexations et violences.
Par Jean-Christophe Buisson
Publié le 24/03/2019 à 17h23
Il y a vingt ans, le 24 mars 1999, à la tête d’une coalition de plusieurs pays de l’Otan, les États-Unis bombardaient le territoire serbe de ce qui restait de la Yougoslavie depuis les accords de Dayton (1995).
Une intervention militaire lancée sans accord de l’ONU, en dehors du cadre défini par le droit international garantissant notamment les souverainetés des nations, mais justifiée par le «droit d’ingérence humanitaire».
Il s’agissait officiellement de sauver les populations civiles fuyant la région serbe du Kosovo où l’armée yougoslave avait lancé des opérations d’envergure destinées à rétablir l’ordre menacé par des sécessionnistes albanais locaux.
Malgré l’article 35 de la Constitution de la Ve République qui oblige son gouvernement à faire voter le Parlement lorsqu’il engage ses troupes dans un conflit, la France elle-même participa à «Allied Force».
Pour mener cette guerre excluant toute intervention de troupes au sol, on fit appel à l’organisation indépendantiste armée albanaise UCK.
Jusqu’alors classée parmi les mouvements terroristes et accusée de collusion avec le crime organisé, l’UCK était soudain parée de toutes les vertus.
Au bout de 78 jours de bombardements qui firent des centaines de victimes (Serbes, Albanais, civils, soldats, hommes, femmes et enfants), y compris dans les mois suivants en raison des dégâts écologiques provoqués par la destruction de certains sites industriels polluants, Slobodan Milosevic, le dirigeant yougoslave, céda et retira ses troupes du Kosovo le 20 juin.
Un gouvernorat aux allures de protectorat international avec, à sa tête, Bernard Kouchner, fut établi sur la région, détachée de fait de la mère patrie yougoslave.
Quinze jours plus tard, les Américains bâtissaient une gigantesque base militaire de plusieurs milliers d’hommes («Bondsteel») près de la capitale, Pristina.

Assassinats de prisonniers serbes et de trafic d’organes

Les chefs des organisations militaro-mafieuse albanaises étaient, eux, érigés en héros nationaux malgré les graves accusations de crimes pesant sur eux – notamment une affaire d’assassinats de prisonniers serbes et de trafic d’organes prélevés sur les dits prisonniers, que révéleront en 2008 l’ancienne procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie Carla Del Ponte dans son autobiographie et, en 2010, le rapporteur d’une commission d’enquête du Conseil de l’Europe, le sénateur suisse Dick Marty.
Celui-ci a mis en cause nommément le premier ministre kosovar, Hashim Thaçi, devenu aujourd’hui président.
En 2008, le Kosovo déclarait unilatéralement son indépendance.
Paris, Berlin et Washington s’empressèrent de le reconnaître, au contraire de Moscou, Pékin et plusieurs pays de l’Union européenne comme l’Espagne ou la Grèce (il en est toujours ainsi aujourd’hui).
Le nouvel État, dirigé par d’anciens chefs de l’UCK, était désormais jugé capable de gouverner seul ses deux millions de citoyens et de garantir leur sécurité, leur bien-être, leur liberté.


Est-ce le cas en 2019? Non.
Peu suspect d’hostilité de principe à l’égard du gouvernement du Kosovo, le département d’État américain vient de publier un rapport édifiant de plusieurs dizaines de pages sur la situation locale. Agressions, cambriolages, dommages sur leurs biens ; entraves à leurs démarches judiciaires ; «discriminations institutionnelles concernant l’emploi, les services sociaux» et même, le croira-t-on? menaçant «la liberté de mouvement, le droit de vivre chez eux» ; intimidations visant à leur interdire de pratiquer leur foi chrétienne: tel est le quotidien des 100.000 à 120.000 membres de la minorité serbe (5 % de la population) vivant au Kosovo.
Dans certains villages, entourés de barbelés pour protéger leurs habitants d’agressions des Albanais, il n’y a parfois qu’un enfant.
Obligé de grandir seul, sans camarade, sans école.
Tout cela se déroule en pleine Europe, dans un pays qui se situe géographiquement entre la Hongrie et la Grèce.
Comment peut-on tolérer près de nous ce qui relève d’une forme d’apartheid?
Voire, de facto, de l’épuration ethnique: les milliers de réfugiés serbes ayant quitté le Kosovo en 1999 ou en 2004, lors de terribles pogroms (10 morts, 35 églises et 700 maisons brûlées) sont empêchés de revenir dans leurs foyers.
Pire: l’Église orthodoxe et les associations humanitaires qui viennent en aide aux derniers Serbes vivant sur cette terre sainte pour eux (elle est le foyer de naissance au Moyen Âge de l’orthodoxie serbe, ce qui lui vaut le surnom de «Jérusalem serbe») sont régulièrement soumises à des contrôles ou des actes visant à les décourager voire à leur interdire leur activité.
Ainsi en septembre dernier, le président de l’association Solidarité Kosovo, le Français Arnaud Gouillon, a-t-il été interdit de séjour au Kosovo où il œuvre depuis plus de quinze ans.
Un scandale parmi d’autres dans un pays né pour mettre fin à une injustice et à laquelle il en aura substitué une autre.
Avec la bénédiction coupable de l’Occident.
Note d’Antiislam
Oui, l’Occident est gravement coupable de ce crime
Cette agression contre la Serbie marque le début du bourrage de crâne mondial en faveur de l’islam.
Des intégristes catholiques pro-croates aux Gauchistes fanatiquement pro-musulmans (en ex-Yougoslavie « musulman » était d’ailleurs une nationalité): tous se sont ligués contre les Serbes.
Seuls quelques courageux se sont élevés contre cette manipulation médiatique de très grande ampleur : Elisabeth Lévy, Régis Debray, Jean-Pierre Chevènement, mais aussi de rares gauchistes, par pacifisme, comme Serge Halimi.
Cette terre du Kosovo était chrétienne : elle a été livrée à ce qui    a constitué l’islam, depuis toujours,  depuis Mahomet,  un mélange de crime organisé et de fanatisme intolérant :
Et les  « élites » qui nous gouvernent, qui sont complices et héritières  de ces crimes,  ont la tartuferie de s’indigner, en 2019, d’une  tête de cochon devant une mosquée :

Colonel Hogard : « L’État du Kosovo est un État fantoche qui n’a aucune capacité à vivre en autonomie ! »

Il y a vingt ans, le 20 mars 1999, la Serbie et le Kosovo étaient bombardés par l’OTAN. Pour Boulevard Voltaire, le colonel Hogard revient sur cet événement qui a abouti à la naissance de l’État du Kosovo. L’occasion d’évoquer avec lui la situation de la Serbie au sein de l’Europe.
Le 20 mars 1999, le Kosovo est bombardé par l’OTAN. Pouvez-vous nous rappeler le contexte qui a amené ces frappes aériennes ?
Il y a exactement vingt ans, l’OTAN a attaqué la Serbie à l’issue de négociations qui avaient duré de février à mars. Ces négociations ont échoué. Je pense que l’OTAN le voulait ainsi et souhaitait la guerre. Ce n’est pas moi qui le dis, mais Henri Kissinger et des personnalités allemandes de l’époque.
Voilà le contexte dans lequel démarrent ces bombardements, qui ont duré 78 jours sur la Serbie et le Kosovo.

Ces bombardements et l’intervention internationale ont donné naissance à l’État indépendant du Kosovo. Cet État largement critiqué, notamment par son système assez mafieux, a-t-il des chances de vivre ?
C’est un État fantoche. Il n’est pas reconnu par l’ONU, puisque la résolution 1244 stipulait, à l’époque, que le Kosovo appartient à la Serbie.
Aujourd’hui, pour une centaine d’États qui reconnaissent le Kosovo, une cinquantaine d’autres, et non des moindres, ne reconnaissent pas cette république fantoche.
On voit bien, aujourd’hui, que c’est un échec total. Cet État fantoche n’a aucune capacité à vivre en autonomie et de manière normale.

Le président serbe a récemment appelé son peuple à pardonner à la coalition internationale, sans l’oublier, d’avoir bombardé la Serbie. L’histoire de la Serbie vis-à-vis de l’Europe n’explique-t-elle pas en partie son isolement ?
La Serbie d’aujourd’hui est une Serbie divisée, amputée et environnée d’États qui ont tous adhéré à l’OTAN. Or, l’OTAN est quand même la puissance qui a bombardé la Serbie en 1999 et qui a tué des civils en grand nombre. Il est vrai que la Serbie peut se sentir isolée aujourd’hui.
La Serbie a besoin d’alliés, des alliés puissants. Elle se tourne donc logiquement, aujourd’hui, vers la Russie qui est, en quelque sorte, sa grande sœur, à défaut de la France qui a oublié l’amitié séculaire qui était la sienne pour la Serbie.



Une année après, le bilan militaire de la guerre du Kosovo montre que le "tout aérien" relève plus du mythe que de la révolution
24 mars 2000


F/A-18C sur l'USS Roosevelt, 1.4.1999
Le 24 mars 1999, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord lançait ses premiers raids aériens sur l'ex-Yougoslavie: l'opération Allied Force, décrite comme une campagne plus qu'une guerre, allait nécessiter 78 jours pour amener le régime de Belgrade à résipiscence.
Douze mois plus tard, et avec la publication de plusieurs rapports par les institutions concernées ou par des organisations non-gouvernementales, le voile se lève sur certains aspects peu mis en évidence durant les opérations. De sorte que, sur la base des seules sources ouvertes, un bilan militaire précis peut être tiré.





1. La stratégie de l'OTAN
Il ne s'agit pas ici de se livrer à une analyse détaillée des décisions politiques qui ont précédé le conflit, ni d'énumérer les démarches diplomatiques qui ont probablement précipité la fin de l'opération. De même, les raisons pour lesquelles le président Milosevic a finalement accepté de retirer ses Forces armées du Kosovo ne seront pas abordées; nous nous bornerons à rappeler les conditions générales de l'engagement de l'OTAN: objectifs, moyens et contingences.

Les objectifs généraux de l'OTAN avant le conflit
La radicalisation évidente des incidents au Kosovo et leur dégénérescence en guerre civile, en février 1998, ont renforcé la probabilité d'une intervention militaire de l'Alliance, alors même qu'elle fournissait depuis 1995 l'essentiel des 30'000 hommes de la SFOR en Bosnie. Une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord, le 28 mai 1998, fixait deux objectifs majeurs pour l'OTAN:
  • Appuyer la gestation d'un règlement pacifique de la crise en contribuant à la réponse de la communauté internationale;


  • Promouvoir la stabilité et la sécurité dans les pays voisins, avec une emphase particulière sur l'Albanie et l'ex-république yougoslave de Macédoine.

A partir de juin 1998, le commandement de l'Alliance étudie les possibilités d'intervention et prépare pas moins de 40 concepts à cette fin. Un éventail de cibles militaires est également dressé. En octobre 1998, suite à l'acceptation par le régime de Belgrade de l'envoi d'une force d'observateurs non armés de l'OSCE, le spectre de l'intervention s'éloigne. Il revient toutefois d'actualité avec la poursuite des exactions au Kosovo et le nombre croissant à la fois de soldats serbes et de réfugiés kosovars.

Véhicule blindé de la police serbe détruit au Kosovo par l'UCK, janvier 1999
"Stratégie" occidentale et missions militaires
L'échec des pourparlers de Rambouillet, en février et mars 1999, a précipité l'issue militaire de la crise. Le déclenchement de l'opération Allied Force devait ainsi contraindre le président Milosevic à entreprendre 5 démarches connexes:
  1. Mettre un terme, de façon vérifiable, à toute action militaire et mettre fin immédiatement à la violence et à la répression;


  2. Retirer les forces militaires, forces de police et forces paramilitaires du Kosovo;


  3. Accepter une présence militaire internationale au Kosovo;


  4. Accepter le retour, sans conditions et dans un climat de sécurité, de tous les réfugiés et personnes déplacées, et permettre aux organisations d'aide humanitaire d'accéder sans entraves à ces personnes;


  5. Donner des assurances crédibles de sa volonté d'œuvrer, sur la base des Accords de Rambouillet, à l'établissement d'un accord-cadre politique sur le Kosovo en conformité avec le droit internationale et la Charte des Nations Unies.

Ces démarches ne visent donc pas à atteindre des objectifs clairement définis, mais à empêcher Milosevic d'atteindre les siens en le contraignant à renoncer à son action: la "stratégie" occidentale n'en est pas une. Pour amener le régime de Belgrade à agir de la sorte, le Commandant suprême des forces alliées en Europe, le général Wesley Clark, a pour sa part reçu les missions suivantes:
  • Démontrer le sérieux de l'opposition de l'OTAN à l'agression de Belgrade dans les Balkans;


  • Dissuader Milosevic de poursuivre et d'augmenter ses attaques sur des civils sans défense et créer les conditions pour inverser son nettoyage ethnique;


  • Endommager la capacité de la Serbie à mener la guerre au Kosovo dans le futur et étendre la guerre aux voisins en diminuant ou en dégradant sa capacité à mener des opérations militaires.


Bombardier lourd B-52 de l'OTAN sur la base de la RAF de Fairford
Incidences politiques sur la stratégie de l'OTAN
La marge de manœuvre importante que comportent ces missions a été toutefois sérieusement limitée par deux servitudes politiques: la nécessité d'engager l'adversaire de manière progressive et le refus de toute intervention terrestre. Ces deux servitudes s'expliquent par la volonté de maintenir l'unité de l'Alliance atlantique, alors même que plusieurs membres sont réticents à user de la force, et de sauvegarder l'appui des opinions publiques nationales en évitant le choc qu'engendrerait des pertes nécessairement médiatisées.
De fait, les dirigeants politiques occidentaux ont jeté l'essentiel de leurs cartes sur table, avant même le début de la confrontation armée, alors que le maître de Belgrade conservait plusieurs atouts dans son jeu. Cette intrusion flagrante des impératifs politiques dans la stratégie militaire eut notamment pour conséquence le choix d'un plan comprenant 5 phases:



0. Déploiement des moyens aériens sur le théâtre européen;
1. Etablissement de la supériorité aérienne sur le Kosovo et dégradation des moyens de commandement et contrôle dans toute l'ex-Yougoslavie;
2. Attaque des cibles militaires au Kosovo et des Forces yougoslaves au sud du 44e parallèle;
3. Extension des opérations aériennes contre un large éventail de cibles de haute valeur militaire et de Forces armées dans toute l'ex-Yougoslavie;
4. Redéploiement des moyens aériens.


Inadéquation des moyens aux missions
Mais les moyens mis à disposition du général Clark par les pays membres, entre septembre 1998 et février 1999, se sont rapidement révélés insuffisants et ont nécessité un renforcement drastique: de 350 avions alliés le 24 mars, on est ainsi passé à 550 le 13 avril, 700 le 27 avril et près de 1100 au 10 juin. Pour faire face à la surcharge des aérodromes italiens et pour multiplier les possibilités tactiques, des avions de combat ont de plus dû être positionnés en Hongrie et en Turquie.
De toute évidence, du côté de l'Alliance, nul n'était préparé à mener un conflit de longue durée: à l'insuffisance des moyens initiaux, principalement de suppression des défenses aériennes ennemies et de ravitaillement en vol, a en effet succédé l'épuisement de certaines munitions dites "intelligentes".
Les Etats-Unis, déjà clairement affaiblis en ce domaine depuis l'opération Desert Fox de décembre 1998, ont par exemple tiré presque tous leurs missiles de croisière CALCM embarqués sur B-52 et tous leurs Tomahawk Block III, alors que leur production en bombes guidées JDAM a dû passer de 200 par mois en février à 500 en août. La France, premier contributeur après les USA en nombre d'avions comme de missions offensives, a dû acheter de toute urgence des bombes guidées au laser pour 203 millions de francs.
  
F-117 atterrissant à Aviano, 21.2.1999
Incidences politiques sur la conduite de l'action
L'utilisation même de ces munitions a d'ailleurs suscité de sérieuses dissensions entre les alliés. Plusieurs pays engagés dans l'opération ont ainsi fait usage d'un droit de veto, parfois à l'ultime instant, entraînant le rappel d'avions en cours de mission. Globalement, alors que les USA, l'Allemagne et la Grande-Bretagne plaidaient pour un élargissement des cibles et une radicalisation de l'action, la France et l'Italie ont fait de la résistance.
Un cas flagrant d'intervention politique a été constitué par l'engagement de bombes CBU-94 au graphite, capables de court-circuiter les installations électriques. Alors que le bombardement avec les CBU-94 étaient prévus pour la première semaine d'Allied Force, la France n'a accepté leur emploi ponctuel que le 3 mai, et un engagement plus massif trois semaines plus tard seulement.
Le bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade par un avion furtif B-2, le 7 mai, a par ailleurs provoqué une modification du processus de désignation des objectifs, afin de tenir davantage compte de leurs aspects politiques. Du coup, les frappes sur la capitale même ont pratiquement cessé.
Enfin, la conduite de l'action a été largement influencée par le choix des Etats-Unis de conserver sous leur autorité directe certains moyens clés: les bombardiers furtifs F-117 et B-2, les bombardiers lourds B-52, les appareils de reconnaissance U-2 et les missiles de croisière Tomahawk. Les navires alliés opérant en Méditerranée n'étaient par exemple que rarement avertis des lancements de missiles de croisière.
  
Un succès malgré tout
Pour de multiples raisons, les Forces armées de l'Alliance ont donc été engagées dans un conflit sans stratégie clairement définie, avec des moyens inadaptés aux missions et sans véritable marge de manœuvre. Contrairement aux principes militaires de base, elles n'ont pas d'emblée frappé de toutes leurs forces le centre de gravité adverse. "Se battre en acceptant d'avance l'idée de compromis, c'est se conduire en victime d'un perpétuel chantage", écrivait le général Douglas MacArthur dans ses Mémoires à propos de la Corée.
Et pourtant, la volonté de l'OTAN a prévalu. En se limitant à une action aérienne entravée par des précautions de taille, l'Alliance est parvenue à faire plier Milosevic et le contraindre à retirer ses forces militaires et paramilitaires du Kosovo, et ainsi permettre le retour de près d'un million de réfugiés. Le tout sans aucune perte dans ses rangs. Comment expliquer ce succès sans précédent? Examinons les opérations de l'OTAN dans trois domaines: le contrôle de l'espace aérien, l'efficacité des bombardements et la guerre de l'information.


2. Le contrôle de l'espace aérien
La phase 1 de l'opération Allied Force avait notamment pour but de désorganiser les moyens de défense antiaérienne yougoslaves et de supprimer la menace constituée par les avions de combat adverses. En 1995, les frappes de l'OTAN au-dessus de la Bosnie avaient entraîné la perte de 6 avions de combat alliés. En 1999, le commandant des Forces aériennes alliées (JFACC), le lieutenant-général Michael Short, redoutait des pertes quotidiennes de 3 à 5 avions durant les premiers jours du conflit.
En fait, les pertes alliées au combat se sont limitées à 2 appareils (1 F-117 probablement abattu par un SA-3 après une défectuosité due à des impacts de 30 mm, 1 F-16 touché par un SA-6), alors que 3 autres ont été perdus lors d'entraînements (2 AH-64A Apache en Albanie et 1 AV-8B Harrier en Méditerranée). Du coup, le pourcentage de pertes par rapport au nombre de sorties s'est limité à 0,03, soit un tiers de celui de la guerre de Golfe et moins d'un vingtième de celui du Vietnam.

Tirs de DCA au-dessus de Belgrade, mars 1999
Les moyens de défense antiaérienne yougoslaves
Intégralement équipées en matériel provenant de l'ex-Pacte de Varsovie, les Forces armées yougoslaves alignaient au 24 mars 1999 près de 1850 canons antiaériens et 1000 lanceurs de missiles sol-air. Ces moyens s'articulaient approximativement de la sorte:
  • 24 unités de feu fixes SA-2 Guideline;
  • 16 lanceurs mobiles SA-3 Goa;
  • 60-80 lanceurs mobiles SA-6 Gainful;
  • 113 lanceurs mobiles SA-9 Gaskin;
  • 17 lanceurs mobiles SA-13 Gopher;
  • 500 lanceurs portables SA-7 Grail;
  • 300 lanceurs portables SA-16 Gimlet et SA-18 Grouse;
  • 54 canons autopropulsés ZSU-57-2 de 57 mm;
  • 266 canons autopropulsés ou tractés ZSU-30-2 de 30 mm;
  • 350 canons M53/59 de 30 mm;
  • plus de 1000 canons de 20 mm de divers types.
L'ampleur de ces moyens, répartis sur un secteur de 102'350 kilomètres carrés, rappellent par leur densité ceux mis en œuvre au Vietnam. En fait, l'interconnexion des systèmes de détection et de feu ainsi que la modernité de certains de ses éléments rendaient la DCA yougoslave particulièrement redoutable. Les capacités de ces différents missiles sont les suivantes:


Désignation

Senseur

Portée

Altitude

Vitesse

Année

SA-2 Guideline

Radar

7-50 km

40'000 m

Mach 4,5

1959

SA-3 Goa

Radar, IR passif

6-25 km

100-25'000 m

Mach 3+

1961

SA-6 Gainful

Radar, visuel

3,7-24 km

50-14'000 m

Mach 2,8

1968

SA-7 Grail

IR passif

0,5-5,5 km

18-4500 m

Mach 1,6

1972

SA-9 Gaskin

IR passif

0,5-8 km

10-6100 m

Mach 1,8

1974

SA-13 Gopher

IR passif

0,6-5 km

10-3500 m

Mach 1,5

1974

SA-16 Gimlet

IR passif / UV

0,5-5 km

3500 m

Mach 2+

1986

SA-18 Grouse

IR passif

3,5 km

10-3500 m

Mach 1,6

1983

Ces missiles d'âges et de types divers représentent des dangers inégaux. Les plus redoutables étaient sans conteste les SA-6, mobiles, dotés d'une grande portée, pouvant fonctionner sans radar et récemment modernisés, ainsi que les portables SA-7, 16 et 18, autonomes grâce à leur autodirecteur infrarouge.
  
Les avions de l'OTAN face à la menace
En raison de cette menace DCA, le commandement de l'OTAN a imposé une altitude minimum à ses avions de combat durant la première phase de l'opération. Il serait toutefois faux de croire à cette image, volontiers colportée par une bonne partie des médias, d'avions survolant l'ex-Yougoslavie à 10'000 mètres et déversant en toute quiétude leurs munitions guidées.
Au 24 mars, l'altitude fixée par le lieutenant-général Short était de 4500 mètres, au niveau du plafond des missiles portables et au-delà de celui des canons. Dès le 4 avril, cette limite a été abaissée à 3000 mètres afin de renforcer la probabilité de frappes sur les troupes serbes au Kosovo. Vers la fin du mois d'avril, enfin, les avions alliés avaient l'autorisation de descendre jusqu'à 2000 mètres. Mais l'altitude n'a que peu de rapport avec la précision des frappes (voir ci-dessous).
De fait, du premier au dernier jour, les pilotes de l'Alliance ont constamment été menacés. Une année après les faits, le black-out se lève peu à peu et les langues se délient: les récits de missiles lancés par rafales, explosant parfois à proximité des réacteurs, se multiplient. Si les pertes de l'OTAN au combat sont connues, le nombre d'avions endommagés n'a jamais été précisément communiqué. Tout au plus certaines déclarations et incidents marquants - comme l'atterrissage en catastrophe en Macédoine d'un A-10 touché par un missile portable - donnent des indices indiscutables de ce que fut la guerre du Kosovo: un duel permanent, dominé par un protagoniste incapable d'obtenir la décision.
  
EA-6B Prowler à l'atterrissage à Aviano
La suppression des défenses antiaériennes
De manière à fournir une protection suffisante à ses avions d'attaque sans cesse plus nombreux, l'OTAN a dû renforcer massivement ses moyens de "suppression of enemy air defense" (SEAD). Le 24 mars, les alliés alignaient 69 appareils: 10 Tornados allemands, 6 Tornados italiens, 45 F-16C/J Fighting Falcon et 8 EA-6B Prowlers américains; le 10 juin, 150 avions remplissaient cette mission (16 Tornados, 102 F-16C/J et 36 EA-6B), alors que 30 F-16C/J déployés en Turquie étaient sur le point d'être engagés et que l'entraînement sur ce type d'avion, faute d'exemplaire disponible, cessait aux Etats-Unis. Par ailleurs, les 5 engins de renseignement électronique RC-135 Rivet Joint déployés ont été prioritairement engagés contre la DCA.
L'engagement des avions SEAD s'est révélé majeur, puisque qu'ils représentaient 30% des avions de chaque "strike package". Le comportement de la DCA serbe, consistant à n'allumer que furtivement ses radars et à engager de manière imprévisible d'importantes quantités de missiles et de feu, a nécessité une protection permanente. Les 10 Tornados allemands ont ainsi lancé pas moins de 244 missiles antiradars AGM-88 Harm; les 24 F-16C/J du 78th Expeditionary Fighter Squadron, également actifs durant les 78 jours de l'opération ont tiré pour leur part 100 Harm; les 6 Tornados ECR italiens ont pour leur part tiré 115 Harm. Ce qui n'a pas empêché la DCA adverse de lancer environ 700 missiles sol-air sur les avions de l'Alliance.
L'insuccès marquant de la DCA serbe s'explique par plusieurs facteurs:
  • La dissuasion constituée par les avions SEAD, dont les missiles Harm - au demeurant responsables de plusieurs dommages collatéraux - sont capables de toucher leur cible même lorsque le radar adverse cesse d'émettre;
  • L'engagement des missiles principalement par autodirecteur passif (visuel / infrarouge) sur des cibles fuyantes;
  • Les brouillages et destructions des systèmes de commandement et contrôle, annihilant toute coordination et par là même la possibilité d'une action d'ensemble;
  • Le maintien d'une part des avions de l'OTAN au-delà du plafond de la majorité des armes antiaériennes;
  • Enfin, la capacité des pilotes à éviter les missiles tirés sur leurs avions, par le biais de contre-mesures électroniques et de manœuvres d'évitement particulièrement efficaces.

Au terme de l'opération Allied Force, l'OTAN a annoncé avoir détruit 66% des SA-2, 70% des SA-3 et 10% des SA-6; c'est-à-dire infligé des dégâts considérables à l'infrastructure DCA fixe et laissé la DCA mobile partiellement opérationnelle.
  
MiG-29 serbe abattu au-dessus de la Bosnie, mars 99
La supériorité aérienne dans l'opération
Les alliés n'en ont pas moins acquis le contrôle de l'espace aérien grâce à leur supériorité écrasante dans les airs. Aux 350 appareils de l'OTAN - dont 230 chasseurs-bombardiers - prêts à bondir au soir du 23 mars 1999, la Yougoslavie n'avait à opposer que la flotte suivante:
  • 16 MiG-29 Fulcrum, chasseurs-bombardiers modernes;
  • 64 MiG-21 Fishbed et 18 MiG-21R de reconnaissance, ne constituant qu'une menace marginale;
  • 30 J-22 Orao, 25 G-4 Super Galeb et 50 Galeb, chasseurs-bombardiers de production locale complètement dépassés;
  • 250 hélicoptères de types divers, principalement non armés.

Quelques tentatives de combat aérien, dans les premières semaines de la guerre, ont rapidement tourné court: repérés dès leur envol par les Awacs alliés, les quelques MiG-29 et 21 ayant osé s'approcher ont constamment été mis en fuite ou abattus en vol. Avec les destructions effectuées au sol, mais sur lesquelles des doutes planent (voir ci-dessous), l'OTAN a annoncé avoir mis hors de combat 14 MiG-29 et 35 MiG-21. A partir de la mi-avril, suite aux dégâts majeurs subis par les aérodromes, les capacités offensives serbes ont été virtuellement nulles.
Cette supériorité aérienne n'a toutefois pas empêché l'aviation yougoslave d'engager périodiquement quelques avions d'attaque, pour appuyer les opérations terrestres contre l'UCK, ni surtout de procéder régulièrement à des transports principalement héliportés sur de courtes distances. Ces mouvements n'ont certes pas échappé aux alliés; ils n'avaient simplement pas les moyens d'intervenir à temps.


3. L'efficacité des bombardements

Le recul de Milosevic et l'acceptation des conditions de l'OTAN, le 10 juin 1999, ne doit pas masquer la surprise mêlée de soulagement alors éprouvée par les alliés. Malgré un engagement croissant de moyens parmi les plus perfectionnés, 78 jours de bombardement n'ont pas suffi à infliger des dommages irrémédiables aux Forces armées serbes: leur retraite en bon ordre du Kosovo en a constitué la preuve.
Au-delà de certaines allégations ridicules, comme la prétention de 99,6% de touchés lors de ses missions émise un temps par l'Alliance ou la proclamation de 47 avions de l'OTAN abattus faite par le chef de la 3e Armée yougoslave, l'efficacité des bombardements reste délicate à appréhender.
  
Bombardier furtif B-2 durant le ravitaillement
Conditions météorologiques et opérations aériennes
Sur l'ensemble de l'opération, le nombre de sorties effectuées s'est élevé à 37'465, dont 14'006 missions de bombardement ou de suppression des défenses antiaériennes. La moyenne des sorties s'est établie ainsi: 370 par jour pendant les 4 premières semaines, 522 par jour pendant les 4 semaines suivantes et 585 par jour pendant les 3 dernières semaines. Parallèlement, le nombre de missions offensives est passé de 100 à 300 par jour de mars à juin.
Ces augmentations ne traduisent toutefois pas l'effet des conditions météorologiques sur les opérations aériennes. En raison de l'importante couverture nuageuse fréquente au printemps sur la Yougoslavie, la moitié des missions planifiées ont dû être annulées 39 jours sur 78, alors que seuls 20 jours n'ont opposé aucune entrave aux opérations.
Les effets des nuages sur les reconnaissances et les raids avec munitions guidées par laser ont largement diminué la précision de certains systèmes d'armes; en raison des règles d'engagements strictes destinées à limiter les risques de dommages collatéraux, les systèmes capables de s'affranchir des conditions météorologiques ont donc été mis en évidence. Cinq d'entre eux ont été notablement utilisés:
  • Les missiles de croisière, dont 329 ont été tirés par la flotte américaine et britannique ainsi que par les B-52, et qui possèdent un guidage inertiel, couplé avec un GPS pour les Tomahawk Block III;
  • Les bombes guidées par GPS de type JDAM, qui constituent une sorte de kit peu coûteux (20'000-25'000$) applicable à des bombes classiques, et dont l'engagement s'est fait au rythme des arrivages;
  • Les systèmes de navigation et de largage embarqués ultraprécis comme celui du Mirage 2000D, capable de tirer une bombe conventionnelle avec une précision de 30 m à une altitude de 7500 m, ce qui reste suffisant pour certaines cibles;
  • Les systèmes de guidage à basse altitude comme le drone américain Predator, capable d'illuminer une cible avec un rayon laser;
  • Enfin, les informations provenant d'éléments terrestres, unités de l'UCK ou forces spéciales occidentales, dont l'engagement au Kosovo a été annoncé par plusieurs médias sans confirmation officielle.

Il convient toutefois de souligner que les nations possédant l'un ou l'autre de ces moyens se limitent principalement aux Etats-Unis, et de manière marginale à la France et à la Grande-Bretagne.
  
Bombe guidée au laser sous l'aile d'un Harrier GR7
Munitions intelligentes contre "bombes stupides"
L'évolution positive des conditions météorologiques et la désorganisation des moyens DCA serbes ont permis d'utiliser un large éventail de munitions. Contrairement à certaines idées reçues, les munitions intelligentes n'ont pas été majoritaires au Kosovo; elles ont progressivement fait place aux "bombes stupides", larguées sur des cibles telles que raffineries de pétrole, citernes de carburant et concentrations de troupes, ou sur des objectifs ne valant tout simplement pas le coût du projectile. Toutefois, sur les quelque 23'000 bombes et missiles lancés sur la Yougoslavie, 35% étaient guidés, soit 4 fois plus que les 8% de la guerre du Golfe.
La précision et l'efficacité des bombardements n'en restent pas moins sujettes à caution. Aux premières déclarations triomphales de l'Alliance ont succédé la prudence, puis une surprise mal dissimulée face aux résultats des raids, même avec des munitions intelligentes. Selon les chiffres fournis par l'OTAN, durant les 20 premiers jours, 102 objectifs ont été attaqués avec 90% de bombes et missiles guidés (sans missiles de croisière); 56% d'entre eux n'ont subi que des dommages modérés, 24% ont été sévèrement endommagés et 20% détruits. Des chiffres qui ne sont pas particulièrement flatteurs.
Toutes les données ne sont pas disponibles. Les Forces armées canadiennes ont cependant annoncé que les 379 bombes guidées par laser larguées par leur 18 CF-18 durant les raids ont eu une précision oscillant entre 65 et 70%, affirmant par là même une équivalence avec les résultats de leurs alliés. Les 650 JDAM larguées par les B-2 ont eu une précision de 89%, selon l'US Air Force. Quant aux missiles de croisière, si l'US Navy s'est refusée à toute précision, une estimation de l'efficacité des CALCM indique une précision au but inférieure à 50%, avec seulement 75% de succès au lancement; à l'issue de la guerre du Golfe, l'US Navy avait annoncé que 50% de ses Tomahawk avaient touché leur cible.
  
Les moyens de reconnaissance alliés
Les effets initialement réduits des bombardements n'ont cependant par pour seules explications l'efficacité insuffisante des munitions guidées, l'insuffisance des avions d'attaque ou les réticences de certains pays membres: ils sont également dus à des insuffisances dans le processus d'assignation des objectifs. Un jour avant le déclenchement des frappes, l'OTAN avait établi une liste de 169 objectifs; au terme de l'opération, les données sur les cibles remplissaient six volumes épais. De toute évidence, la planification d'une action à moyen terme n'avait pas été menée à bien.
De fait, l'Alliance a engagé une panoplie impressionnante de moyens de reconnaissance:
  • Près de 10 satellites d'observation, dont notamment les KH-12 américains et le seul exemplaire alors en orbite de Hélios, dans le domaine visible, ainsi que les Lacrosse américains pour les images radar;
  • Environ 20 appareils de reconnaissance, en particulier U-2 américains, Tornados allemands et Mirages français;
  • 16 appareils de surveillance aérienne (11 E-3 Awacs et 5 E-2C Hawkeye);
  • 2 appareils de surveillance terrestre E-8 JSTARS;
  • 6 appareils de reconnaissance électronique (5 RC-135 Rivet Joint et 1 C-160 Gabriel);
  • Au moins 40 drones de type divers (principalement Predator et Hunter américains, CL-289 français), dont cependant au moins 14 auraient été abattus par la DCA serbe.

Moyens auxquels il convient d'ajouter les renseignements fournis régulièrement par les unités de l'UCK, ainsi que ceux - probables - de forces spéciales occidentales présentes au Kosovo.
  
Drone CL-289 allemand abattu par la DCA Serbe
Le processus d'assignation des objectifs
La fusion de tous les renseignements obtenus s'est effectuée au US Joint Analysis Center basé à Molesworth en Grande-Bretagne, avec pour but de transmettre les objectifs assignés à l'US European Command de Stuttgart et à l'Air Operational Centre de l'OTAN à Vincenza en Italie. La mainmise américaine sur l'intégration des données fournies par les senseurs s'explique autant par l'insuffisance des moyens européens, par l'inexistence d'une structure alliée adaptée, que par l'usage d'un nouveau système de désignation des cibles, nommé Joint Targeting Workstation et développé pour les Etats-Unis par Marconi Integrated Systems.
En théorie, ce système devait être capable d'intégrer toutes les données et de fournir des objectifs en temps réel aux avions d'attaques dotés de capacités de traitement, comme certains F-18C Hornet et F-15E Strike Eagle. Les bombardiers furtifs B-2, capables de recevoir de nouveaux ordres et de transmettre en vol les données aux bombes JDAM, auraient également pu bénéficier de ce système.
Dans la pratique, la quantité énorme de données a surchargé le système, et le contrôle destiné à minimiser les dommages collatéraux a fréquemment nécessité la collaboration de neuf personnes différentes, travaillant à des endroits séparés, pour examiner un seul objectif. Si le nombre de civils pouvant dans le pire des cas être tués dépassait 20, une seconde évaluation était en outre effectuée.
Malgré cela, le nombre de nouveaux objectifs générés par jour est passé de 5 fin mars à 25 début mai. Mais le délai du processus "senseur-tireur", dans le meilleur des cas, s'est établi à 1 heure - à l'exception notable des avions de combat en patrouille offensive au Kosovo et autorisés à attaquer des éléments clairement identifiés comme appartenant aux Forces armées serbes.
  
Baignade dans le Danube près d'un pont détruit à Novi Sad, 4.7.1999
Les destructions revendiquées par l'OTAN
Ces dernières ont-elles subi des dégâts considérables durant les 78 jours de l'opération? Selon le chef de la 3e Armée serbe, ses troupes n'auraient perdu que 13 chars de combat, 6 transporteurs de troupe blindé et 27 pièces d'artillerie, l'OTAN ayant été abusée par plus de 500 leurres. Plus sérieusement, la retraite serbe du Kosovo a permis de dénombrer au moins 250 chars de combat, 450 autres véhicules et 600 pièces d'artillerie et mortiers lourds.
Entre juin et septembre, l'OTAN s'est de ce fait livré a une minutieuse évaluation des dommages, en examinant aussi bien ses données avant, pendant et après les frappes, que les traces et épaves laissées au Kosovo. Cette évaluation a effectivement permis d'identifier un certain nombre de leurres et de frappes multiples, et a conclu aux destructions purement militaires suivantes:
  • 93 chars de combat (19 frappes multiples et 9 leurres détruits);
  • 153 transporteurs de troupe blindés (26 frappes multiples et 5 leurres détruits);
  • 389 pièces d'artillerie et mortiers lourds (45 frappes multiples et 6 leurres détruits);
  • 339 autres véhicules militaires (37 frappes multiples et 9 leurres détruits).

Ces résultats d'une ampleur certaine restent toutefois inférieurs aux effets des bombardements stratégiques. Les Serbes ont ainsi annoncé que les raids alliés ont endommagé ou détruit 24 ponts, 12 gares, 36 usines, 7 aérodromes, 16 raffineries et dépôts de carburant, 17 émetteurs TV et plusieurs installations électriques.
Pour sa part, l'OTAN a fourni le bilan suivant des destructions et dommages stratégiques majeurs:
  • 100% des capacités de raffinage;
  • 70% des installations d'assemblage et de réparation d'avions;
  • 65% de la production de munitions;
  • 50% de la production d'explosifs;
  • 40% de la production et réparation de véhicules blindés;
  • 35% des installations électriques (sauf celles, intactes, du Kosovo);
  • 70% des ponts routiers et 50% des ponts ferroviaires sur le Danube;
  • 100% des voies ferroviaires et 50% des voies routières Serbie-Kosovo;
  • 100% des voies ferroviaires et une partie des voies routières Serbie-Montenegro;
  • 45% des émetteurs TV;
  • 30% des relais civilo-militaires.


Leurre en bois de MiG-29, Serbie, avril 1999
La réponse serbe: leurres, camouflage et perfidie
Si le bilan de l'OTAN quant aux bombardements stratégiques est incontestable, celui des raids tactiques comporte certaines zones d'ombres. L'engagement massif de leurres, du côté serbe, est une réalité: préparés depuis parfois plusieurs mois, des avions, chars et pièces d'artillerie factices ont été répandus au Kosovo, et rapidement presque tous frappés par les bombes alliées. Aucun chiffre issu d'une source indépendante n'est disponible, mais les carcasses retrouvées par la KFOR à son entrée dans la province indique l'incontestable succès de leurres rudimentaires, face à des senseurs travaillant aussi bien dans le domaine visible et infrarouge que par ondes radar.
Le camouflage des unités serbes s'est lui aussi révélé plutôt efficace, quoique au prix d'un arrêt total des manœuvres d'envergure. Cet autre succès est dû au relief tourmenté du Kosovo, à ses forêts et villages, à l'absence d'offensive terrestre alliée bien sûr, mais aussi à l'utilisation - confirmée par des témoignages de réfugiés - de boucliers humains, autant comme protection que comme arme médiatique. En fait, seule l'offensive de l'UCK, la dernière semaine de mai, a permis à l'OTAN de frapper avec force les troupes serbes: l'Alliance a revendiqué dans les 2 dernières semaines de l'opération la destruction de 650 chars, véhicules blindés et pièces d'artillerie, contre 150 pour les 9 premières semaines. Des chiffres édifiants.
Ce d'autant plus que le contrôle de l'espace aérien par la flotte alliée n'a pas empêché Belgrade de faire parvenir des renforts à sa 3e Armée, en prévision aussi bien des offensives de l'UCK que d'une possible intervention terrestre, tout en envoyant au Kosovo de nombreuses unités paramilitaires. Le 24 mars, l'OTAN faisait l'estimation suivante des éléments serbes au Kosovo: 16'000 militaires, 14'000 policiers et 2000 paramilitaires; le 27 avril, l'Alliance reconnaissait un net accroissement des effectifs, avec 20'000 militaires, 20'000 policiers et 8000 paramilitaires. Soit une augmentation de 50%.
Cette capacité à transférer en un mois 16'000 hommes armés, dont au moins 10'000 équipés de véhicules blindés, alors même que le gros des forces reste localement actif et peu vulnérable aux frappes de l'OTAN, s'explique en partie par les mauvaises conditions météorologiques et par l'absence de système d'assignation d'objectifs en temps réel, mais aussi par l'incontestable perfidie des troupes serbes: camouflage des véhicules militaires en véhicules civils, dissémination de petits détachements dans le flot des réfugiés et utilisation en phase statique de boucliers humains. Avec, en cas de bombardement, la possibilité d'utiliser ses effets médiatiques.

  
4. La guerre de l'information

L'esthétique de la guerre de Kosovo est restée typique des opérations menées par les Forces armées occidentales dans les années 90: d'un côté, les images embarquées monochromes égrenant sans fin les trajectoires parfaites des munitions guidées, et fournissant l'illusion d'une guerre propre, chirurgicale, presque virtuelle; de l'autre côté, le visage impitoyable de la réalité, avec ses immeubles éventrés, ses carcasses calcinées et parfois ses restes humains savamment mis en scène par la nation bombardée.
  
Civils tués et blessés lors d'une frappe sur un pont, Leskova, 12.4.1999
Le problème des dommages collatéraux
L'image des frappes ultraprécises donnée par l'OTAN au début de l'opération a ainsi été détruite dès le 4 avril par les premières annonces serbes de pertes civiles. L'expression "dommages collatéraux", rapidement traduite par "bavure", s'est ensuite imposée durant le reste des 78 jours de bombardements. L'imprécision des munitions guidées et l'engagement croissant de munitions à dispersion (532 des 1011 bombes larguées par les Harriers et Tornados britanniques étaient par exemple des projectiles à sous-munitions) rendent pourtant par définition une "guerre parfaite" impossible.
Sur l'ensemble des bombardements de civils dénoncés par le régime de Belgrade et ses médias télécommandés, une douzaine ont été admis par l'OTAN, sans que l'évaluation serbes des pertes civiles - 5000 morts - soit vraiment réaliste. En fait, d'après un rapport réalisé par l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch, quelque 500 civils serbes et kosovars seraient décédés du fait des raids de l'Alliance, au cours de 90 incidents distincts. 62 incidents sont survenus lors d'attaque sur des objectifs militaires clairement identifiés par HRW; 32 se sont produits au Kosovo, la plupart lors de frappes sur des éléments armés mobiles, tout en entraînant la moitié des pertes civiles.
Les causes de ces dommages collatéraux se répartissent en 4 catégories:
  • Le fonctionnement défectueux des systèmes d'armes et des munitions guidées, en raison de perturbations météorologiques, électroniques ou de pannes (exemple: la destruction de plusieurs demeures privées par des bombes guidées au laser, à plusieurs centaines de mètres d'une caserne, le 7 avril à Aleksinac - 12 morts);
  • L'assignation incorrecte des objectifs et les frappes de cibles neutres (exemple: la destruction de l'ambassade de Chine par 4 JDAM larguées d'un B-2, le 7 mai à Belgrade - 3 morts);
  • La malchance pure et simple (exemple: l'impact d'une bombe guidée au laser sur un pont pris pour cible à l'instant même où un train s'y engage, le 12 avril près de Leskova - 10 morts);
  • L'utilisation par les unités militaires et paramilitaires serbes de boucliers humains (exemple: l'attaque de véhicules blindés et de pièces d'artillerie entourés de réfugiés à l'aide de 2 bombes guidées au laser et 6 à sous-munitions, le 14 mai à Korisa - 50 morts).
Si l'on tient pour incorrect le chiffre de 600 soldats tués par l'OTAN fourni par les Serbes et que l'on admet des pertes en belligérants oscillant entre 1000 et 1500 hommes, il s'agit de souligner que les pertes civiles représentent entre 33% et 50% des pertes militaires.
  
Tracteurs calcinés dans le village kosovar de Korisa, lors d'un raid que l'OTAN sur une cible entourée de boucliers humains
L'utilisation des erreurs de l'OTAN
Avec 90 incidents et dommages collatéraux sur plus de 14'000 missions d'attaque, l'opération Allied Force a atteint un standard incroyablement élevé de précision et de restriction dans l'usage de la force. Pour mémoire, il convient de rappeler que les bombardements anglo-américains "amis" sur l'Europe occupée, durant la Seconde guerre mondiale, faisaient fréquemment plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de morts dans la population civile. Ce qui n'a pas empêché les "bavures" de l'Alliance de faire l'objet d'une couverture médiatique au moins aussi importante que ses résultats.
Il s'agit de reconnaître que le régime de Belgrade a gagné la guerre de l'information. Contre les images de gravats et de cratères, de civils terrés dans des abris ou pleurant la perte d'un proche, et parfois de cadavres sanglants ou carbonisés, les porte-parole sémillants ou sévères de l'Alliance, leurs graphiques estampillés Excel/PowerPoint et leurs vidéos embarquées n'avaient aucune chance. Que les militaires l'acceptent ou non, l'information de masse est aujourd'hui diffusée sur un marché concurrentiel où l'émotion prime.
Les Serbes ont habilement exploité les erreurs de l'OTAN. L'étude des bandes non éditées réalisées par les médias d'Etat, dans ce pays où le contrôle de l'information n'était rien d'autre que dictatorial, a confirmé qu'une part importante des "bavures" dénoncées ont fait l'objet de manipulations: véhicules et objets militaires éloignés des scènes pour accroire des attaques de civils, interviews de "témoins" et "victimes" soigneusement préparés, voire mise en scène pure et simple.
Human Rights Watch a ainsi enquêté sur le bombardement de la prison de Dubrava au Kosovo, le 21 mai, à l'issue duquel Belgrade a dénoncé "95 civils tués"; en fait, alors que les missiles de l'OTAN ont effectivement fait 19 morts, au moins 76 prisonniers - principalement membres de l'UCK - ont été exécutés sommairement à l'issue du raid. Autre exemple: d'après les médias, un missile aurait touché un bus près d'un pont au nord de Pristina, le 1er mai, et ainsi entraîné la mort de 40 civils. Mais aucun impact n'a pu être repéré aux alentours et expliquer la carcasse calcinée du bus.
  
L'inconséquence des médias occidentaux
Ces manipulations sont passées complètement inaperçues de la majorité des médias occidentaux. Cibles principales de la propagande serbe, les télévisions ont diffusé chaque jour les images fournies par Belgrade - les seules disponibles en Yougoslavie - sans nécessairement mentionner leur origine, qu'il s'agisse des rassemblements "spontanés" de la foule sur les ponts dans les villes du pays, ou des bandes vidéos prises sur les lieux des prétendus dommages collatéraux de l'OTAN.
Les journalistes, qui ne pouvaient travailler sans d'énormes restrictions de mouvement et de parole, ont par ailleurs été emmenés et escortés à réitérées reprises sur ces mêmes lieux, afin de constater de visu les "crimes contre l'humanité" dont Belgrade n'a cessé d'agonir l'Alliance. Ces visites guidées, qui rappellent fort celles pratiquées à Bagdad en 1991, n'ont pas empêché certains reporters de dénoncer vigoureusement les frappes et de traiter "d'affabulations" les déclarations des porte-parole alliés au sujet de boucliers humains.
La vérité reste la première victime d'une guerre. En l'absence d'une étude exhaustive de la couverture du conflit, il est néanmoins possible d'identifier trois travers qui furent fréquents dans les médias occidentaux, audiovisuels, électroniques ou écrits:
  • L'absence de remise en question systématique des informations reçues, y compris celles d'envoyés spéciaux témoignant à vif sur le terrain (il est frappant de remarquer que, si les déclarations de l'Alliance ont en principe été estampillées comme telles, souvenir probable de la guerre du Golfe, les images serbes ont souvent été diffusées sans pareille mention, alors que le contrôle de Belgrade sur les médias était connu);


  • La méconnaissance profonde de la chose militaire, des conditions de la guerre aérienne moderne et des armements engagés (cette lacune est particulièrement criante dans la presse suisse en général et romande en particulier);


  • Enfin, l'absence de remise des faits dans leur contexte, et donc l'extraction de détails pour en tirer des conclusions générales éloignées de la réalité (la médiatisation des dommages collatéraux illustre de manière marquante ce travers propre surtout aux médias audiovisuels).
L'efficacité de la propagande serbe et l'inconséquence des médias occidentaux ont incontestablement porté atteinte à la crédibilité de l'OTAN, et donc au soutien de l'opinion publique, à laquelle les gouvernements portaient une attention particulière. Mais ces effets s'explique aussi par la faiblesse de l'Alliance dans le domaine de l'information.

Tract de l'OTAN
Les offensives médiatiques de l'OTAN
Les effets de ces opérations restent difficiles à appréhender. La population civile n'avait d'autre choix que se terrer dans les abris; sans pour autant porter unanimement Milosevic dans leur cœur, les Serbes ont fait preuve d'une abnégation remarquable et n'ont apparemment accueilli la communication alliée qu'avec curiosité, dédain ou rage.
Leurs soldats - et notamment les appelés des unités régulières - ont sans doute été nettement plus réceptifs, notamment avec le pilonnage intensif des deux dernières semaines. Si l'annonce alliée de 13'000 déserteurs relève bien plus de la propagande que de la réalité, il est toutefois probable que l'engagement de moyens à proprement parler terrifiants - comme les tapis de bombes des B-52 - sur les concentrations serbes auraient eu des effets majeurs si l'opération s'était poursuivie.

La véritable défaite de l'Alliance
Mais la grande faiblesse de l'OTAN dans l'information aux médias occidentaux a eu des effets autrement plus importants. Dotée de moyens humains insuffisants, souvent réduite à des spéculations en l'absence de données récentes, et écartelée entre Mons, Washington, Londres et Paris, la communication de l'Alliance a accumulé imprécisions, contradictions et dénégations erronées.
Il est certes vrai qu'une Task Force menant plusieurs centaines de missions offensives par jour, et dont les éléments proviennent de 13 nations différentes, est a priori peu capable de contrer les offensives médiatiques d'une seule nation soumise à un contrôle strict de l'information. Toutefois, malgré certains succès - et notamment celui d'avoir réussi à évincer l'idée, propagée par certains cercles pacifistes, que les bombardements sont responsables de l'exode des réfugiés -, trois éléments montrent que l'Alliance a perdu sa guerre de l'information:
  • Les images de l'OTAN n'ont jamais pu détrôner celles de la propagande serbe dans les titres (les "b-roll" en anglais) des journaux télévisés occidentaux;


  • Le système de commandement comme celui de l'évaluation des frappes n'a pas pris en compte, dans sa planification, la nécessité de démentir les accusations adverses de raids menés contre des objectifs civils;


  • Les chiffres et bilans fournis lors des briefings quotidiens comprenaient fréquemment des contradictions, notamment entre l'OTAN et le Pentagone.

De fait, la communication alliée a été globalement mise sur pied d'égalité avec celle d'un régime inculpé de crimes contre l'humanité. Une défaite pour les nations occidentales, mais aussi pour leurs médias, qui tendent à se prétendre indépendants et citoyens alors qu'ils ne sont souvent qu'émotionnels et commerciaux. Il est probable que la prolongation du conflit aurait entraîné un effritement du soutien de l'opinion publique, et par là même de la résolution des alliés.



5. Conclusions

Les éléments qui précédent sont riches d'enseignements dans des domaines divers. Nous nous bornerons ici à tirer quelques conclusions dans les domaines militaire et stratégique:
  • L'OTAN n'était pas prête à mener une guerre, mais seulement une opération aérienne, sorte de baroud d'honneur destinée à faire office d'atout dans une future négociation;


  • Les missions reçues par le commandement de l'OTAN - démontrer, dissuader, endommager - étaient incompatibles avec les moyens attribués et les restrictions politiques imposées;


  • La supériorité aérienne complète de l'OTAN n'a ni supprimé la menace de la DCA, ni empêché un renforcement significatif des forces serbes au Kosovo, ni interdit l'utilisation locale d'avions d'attaque au sol et d'hélicoptères;


  • Le choix d'une opération exclusivement aérienne a permis d'infliger des dommages considérables à l'infrastructure industrielle de la Yougoslavie, mais pas à son appareil militaire, tout en entraînant d'importantes pertes civiles;


  • Seule l'offensive de l'UCK fin mai a permis de débusquer les Forces terrestres serbes et de leur infliger des pertes significatives, relativisant par là même le succès du "tout aérien";


  • Enfin, la guerre de l'information ne peut par définition pas être gagnée avec une offensive aérienne, même s'il reste sans doute possible de ne pas la perdre avec une humanisation et une émotionalisation des opérations.






Plt Ludovic Monnerat    









Sources
Center for Strategic and International Studies, The Lessons and Non-Lessons of the Air and Missile Campaign in Kosovo, 1999; Lord Robertson, Kosovo: Un An Après, 2000; Ministère français de la Défense, Enseignements du Kosovo, 1999; US Department of Defense, Kosovo After Action Review, 1999; Human Rights Watch, Civilian Deaths in the Nato Air Campaign, 1999; nombreux articles Libération, Le Monde, The Times, The Telegraph, The Herald Tribune, Washington Post, The Halifax Herald; dépêches AP, AFP et Reuters.

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