29 novembre 2018 13 h 30 min·
Entretien avec Bernard Margueritte, correspondant en Pologne du Monde de 1966 à 1971, du Figaro de 1977 à 1987, de La Cinq de 1987 à 1992, d’Europe 1, de Radio suisse romande, d’Ouest-France, de Politique étrangère et du Monde diplomatique jusque dans les années 2000.
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Avec Olivier Bault, correspondant à Varsovie de Réinformation TV
L’entretien s’est déroulée le vendredi 9 novembre au domicile de Bernard Margueritte près de Varsovie. Dans le contexte des commémorations du centenaire de l’indépendance recouvrée de la Pologne, celui qui a longtemps été LE correspondant des médias français en Pologne et qui a été un témoin direct des événements ayant conduit la Pologne du communisme à l’économie de marché explique les origines des clivages politiques actuels entre les sociaux-conservateurs du PiS et les libéraux-libertaires favorables à Bruxelles.
Les origines historiques des clivages actuels : social-conservatisme contre libéralisme libertaire, fierté nationale contre déni de soi
L’influence de Jean-Paul II sur les idéaux du syndicat Solidarność : justice sociale et fermeté sur les principes moraux et les valeurs spirituelles.
Comment la transition démocratique a été le fruit d’un accord entre « modérés » du pouvoir communiste et « modérés » du syndicat Solidarité, et comment une majorité de Polonais ont été les grands perdants des réformes ultra-libérales du début des années 90. La politique du PiS est un retour aux idéaux de Solidarność et à l’enseignement du pape Jean-Paul II, nous explique l’ancien correspondant du Monde et du Figaro.
Un plus grand pluralisme médiatique en Pologne qu’en France, avec une majorité de médias qui attaquent ouvertement le gouvernement.
Si le PiS a pris le contrôle des médias publics, ceux-ci n’atteignent que 15 % des Polonais. Les médias privés, eux, appartiennent à 80 % au capital étranger et ils font ce qu’ils veulent. La plupart sont hostiles au gouvernement.
Une réforme de la justice nécessaire
Les juges issus du régime communiste se montraient particulièrement faibles vis-à-vis des mafias et il fallait enfin des réformes structurelles. Il est bien dommage que le président Macron soit aussi mal informé à ce sujet, regrette Bernard Margueritte.
« L’élan moral et spirituel dont l’Europe a besoin est maintenant dans les pays d’Europe centrale, et notamment en Pologne. »
Jean-Paul II avait raison, et s’il doit y avoir un renouveau de l’Europe, il passera d’abord par un renouveau de l’Europe centrale. « Si M. Macron cherche la dignité de la personne humaine, qu’il vienne en Pologne, il la trouvera. »
Le problème de fond, c’est que Bruxelles veut une politique néo-libérale, « c’est Robin-des-Bois à l’envers ».
La politique de Bruxelles n’a rien à voir avec l’enseignement de Jean-Paul II et avec les idéaux de Solidarność, ce qui explique en partie les tensions actuelles entre Bruxelles et Varsovie, qui revient à ces idéaux-là.
Dans ce contexte, la couverture biaisée de la Pologne par les médias français aujourd’hui est la conséquence de la concentration de ces médias entre les mains de quelques grands groupes sans liens avec le journalisme mais avec des intérêts économiques précis.
L’antisémitisme polonais, fiction ou réalité ?
Les événements de 1968, auquel Bernard Margueritte a assisté et dont on a reparlé cette année à l’occasion de la polémique sur la loi mémorielle polonaise, ont été le résultat de la politique soviétique et non pas d’un fond antisémite de la nation polonaise. En réalité, on ne peut comprendre la Pologne sans référence à la présence juive qui a duré mille ans, comme on ne peut comprendre Israël aujourd’hui sans se référer à la Pologne, estime Bernard Margueritte.
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