La population française est aujourd'hui divisée en trois groupes.
Le premier groupe est une classe dirigeante totalement intégrée à la mondialisation, composée de technocrates, de politiciens, de hauts fonctionnaires, de dirigeants travaillant pour des sociétés multinationales et de journalistes travaillant pour les grands médias. Les membres de cette classe vivent à Paris et dans les principales villes de France.
Le deuxième groupe vit dans les banlieues des grandes villes et dans les zones de non droit (appelées "Zones Urbaines Sensibles"). Il est composé principalement d'immigrants. La classe supérieure française au pouvoir recrute au sein de ce groupe les personnes qui la servent, directement ou indirectement. Ces personnes sont mal payées, mais fortement subventionnés par le gouvernement. Elles vivent de plus en plus en conformité avec leurs propres cultures et leurs propres normes.
Le troisième groupe est numériquement très important: il est constitué par le reste de la population. C'est ce groupe que Guilluy appelle "la France périphérique". Ses membres sont fonctionnaires subalternes, ouvriers et anciens ouvriers, petits employés, artisans, petits entrepreneurs, commerçants, agriculteur, chômeurs.
Pour la classe dirigeante au pouvoir, les membres de ce groupe sont inutiles. Et elle les traite comme un poids mort encombrant. Elle n'attend rien d'eux, sinon le silence et la soumission.
Les membres de la "France périphérique" ont été chassés des banlieues où ils vivaient par l'afflux d'immigrés et l'émergence des zones de non droit. Pour la plupart, ils habitent à 30 kilomètres (ou plus) des grandes villes. Ils voient que la classe dirigeante les rejette. Ils ont souvent du mal à joindre les deux bouts. Ils paient impôts et taxes mais constatent qu'une part croissante de ce qu'ils paient est utilisée pour subventionner ceux-là mêmes qui les ont chassés des banlieues. Lorsque Macron, après avoir baissé les taxes des plus riches, a augmenté les leurs, celles de la "France périphérique", au moyen d'une taxe sur les carburants, cela, s'ajoutant à sa condescendance arrogante, a été perçu par eux comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Dans une récente interview accordée au magazine britannique Spiked, Guilluy a déclaré que le mouvement des "gilets jaunes" est un réveil désespéré de la "France périphérique". Il a prédit que, malgré les efforts de Macron pour ensevelir le problème, le réveil durerait et que ou bien Macron "reconnaîtra l'existence de ces gens, ou il devra opter pour un totalitarisme soft".
Guy Millières.
Textes complets :
France : l'agitation n'en finit pas
-
Le premier groupe : élites dirigeants. Le deuxième groupe : extra-européens de banlieue et grandes villes. Le troisième groupe est numériquement très important: il est constitué par le reste de la population. Pour la classe dirigeante au pouvoir, les membres de ce groupe sont inutiles. Et elle les traite comme un poids mort encombrant. Elle n'attend rien d'eux, sinon le silence et la soumission. Ces gens ont souvent du mal à joindre les deux bouts. Ils paient impôts et taxes mais constatent qu'une part croissante de ce qu'ils paient est utilisée pour subventionner ceux-là mêmes qui les ont chassés des banlieues où ils vivaient.
-
Pour le moment, Macron ne semble pas vouloir reconnaître l'existence de ces gens.
-
Lorsque Macron, après avoir baissé les taxes des plus riches, a augmenté celles de la "France périphérique" au moyen d'une taxe sur les carburants, cela, s'ajoutant à sa condescendance arrogante, a été perçu comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
-
" En 2005, la police était clairement la cible des émeutiers et elle a fait preuve de retenue dans l'utilisation de la force aux fins de faire baisser la violence. Aujourd'hui, la plupart de ceux qui manifestent n'attaquent pas la police. Mais au lieu d'agir pour faire baisser la violence, la police, sur ordre, est incitée à être violente... Je ne blâme pas la police, je blâme ceux qui donnent les ordres." - Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, une ville de la banlieue Est de Paris où les émeutes de 2005 ont été particulièrement destructrices.
La police s'en prend à un manifestant en gilet jaune le 18 décembre 2018 à Biarritz, en France. (Photo de Gari Garaialde / Getty Images)
Samedi 26 janvier 2019. Des manifestations de "gilets jaunes" étaient organisées dans les principales villes de France. La mobilisation ne montrait pas de signes de faiblesse. Le soutien de la population avait légèrement diminué mais restait important (60% à 70%, selon les sondages). Le slogan principal était le même depuis le 17 novembre 2018: "Macron démission". Un autre slogan ajouté en décembre figurait: "Référendum d'initiative citoyenne".
Le gouvernement et le Président Emmanuel Macron ont tout mis en œuvre pour écraser le mouvement. Ils ont utilisé les insultes et la diffamation. Ils ont affirmé que les manifestants étaient des " séditieux" qui voulaient renverser les institutions et des "chemises brunes". Le 31 décembre, Macron les a qualifiés de "foules haineuses". La présence de quelques antisémites parmi eux a conduit le porte-parole du gouvernement à décrire l'ensemble du mouvement comme "antisémite".
Le Ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a ordonné à la police de recourir à une violence sans précédent depuis l'époque de la guerre d'Algérie (1954-1962). Au cours des deux dernières décennies, d'autres émeutes ont eu lieu en France. Et en 2005, par exemple, tout le pays a été n proie au chaos et à des actes criminels pendant des semaines, le nombre de blessés n'en est pas moins resté faible. La violence d'aujourd'hui a des conséquences. Au cours des dernières semaines, plus de 1700 manifestants ont été blessés, parfois gravement. Dix-neuf d'entre eux ont perdu un œil; quatre ont perdu une main. Si les policiers français n'utilisent pas d'armes à feu, ils utilisent des lanceurs de balles de défense et tirent souvent en direction du visage des manifestants, bien que ce soit interdit par les règles en vigueur. La police française est également la seule en Europe à utiliser des grenades explosives.
Macron n'a jamais traité les manifestants comme des personnes ayant des revendications légitimes, et n'a donc jamais prêté attention à leurs revendications. Il a tout juste accepté de suspendre la taxe supplémentaire sur les carburants, qui devait prendre effet en janvier, et d'accorder une légère augmentation du salaire minimum, et il ne l'a fait qu'après trois semaines de manifestations.
Les commentateurs disent que Macron pensait que le mouvement disparaîtraitaprès les fêtes de fin de l'année. que le désespoir et la violence policière inciteraient les manifestants à se résigner à leur sort, et que le soutien de la population envers eux s'effondrerait. Rien de tel ne s'est produit.
Il est clair que Macron ne veut pas satisfaire les principales exigences des manifestants. Il ne démissionnera pas et il refusera d'accepter la tenue de référendums d'initiative citoyenne. Il discerne à l'évidence que s'il dissolvait l'Assemblée nationale et appelait à des élections législatives pour mettre fin à la crise (ce qu'avait fait le Président Charles de Gaulle pour mettre fin au soulèvement de mai 1968, et ce que permet la Constitution française), il subirait une défaite cinglante. Il sait qu'une majorité écrasante de Français le rejette. Il a donc cherché une autre issue.
Il a appelé à un "grand débat national" censé être destiné à résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté. Il est néanmoins vite apparu que le "grand débat" en question serait pour le moins étrange.
Macron a écrit une lettre à tous les Français pour les inviter à "participer", mais expliquait explicitement dans sa lettre que le "débat" ne changerait rien, que le gouvernement continuerait à avancer dans la même direction ("Je n'ai pas oublié que j'ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle"), et que tout ce que le gouvernement a fait depuis juin 2017 resterait inchangé ("Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises").
Il a confié l'organisation du "débat" et la présentation des conclusions qui en seront tirées à deux membres du gouvernement, et demandé que des "cahiers de doléances" soient mis à la disposition du public dans toutes les mairies.
Il a ensuite lancé le "débat" en rencontrant les maires de nombreuses municipalités, sans qu'il s'agisse de réunions publiques. Il n'ignore pas que s'il organisait des réunions publiques, il serait immédiatement chassé par la foule.
Les deux premières réunions ont eu lieu dans des petites villes (2000 à 3000 habitants) et avec des maires que les organisateurs – qu'il a choisis - ont autorisé à venir. Les organisateurs ont également sélectionné les questions à poser, puis les ont envoyées à l'avance à Macron qui a pu preparer les réponses données pendant les réunions.
La veille de chaque réunion, la ville où la réunion a eu lieu a été placée sous l'administration de la police. Toutes les voies d'accès à la ville ont été fermées, et quiconque portait un gilet jaune ou en avait un dans sa voiture a été passible d'une amende. Toute manifestation dans la ville a été catégoriquement interdite. La police a veillé à ce que la route empruntée par le convoi de Macron en direction de la ville soit vide de toute présence humaine plusieurs heures à l'avance.
Les chaînes d'information continue ont été invitées à retransmettre l'intégralité des réunions, qui ont duré six à sept heures. Seuls quelques journalistes, eux-mêmes sélectionnés par Macron, ont été autorisés à assister.
Plusieurs commentateurs ont souligné que prétendre "débattre" ainsi était un non-sens, et que confier l'organisation du "débat" et la présentation de ses conclusions à des membres du gouvernement montrait, tout comme l'organisation des réunions elle-même, que tout cela était un simulacre.
Certains d'entre eux ont rappelé que le terme "cahiers de doléances" n'avait pas été utilisé depuis l'époque de la monarchie absolue, que les maires ont été traités comme de simples figurants, et que placer les villes où Macron s'est rendu en état de siège était indigne d'une démocratie.
Un économiste français, Nicolas Lecaussin, qui a grandi en Roumanie, a écrit que ces réunions lui rappelaient celles de la Roumanie à la fin du communisme.
L'essayiste Éric Zemmour a dit que Macron essayait désespérément de sauver sa présidence, mais qu'il pensait que la tentative serait vaine:
"Macron a perdu toute légitimité. Sa présidence est morte ... Pendant trois mois, le pays s'est arrêté économiquement; et Emmanuel Macron, pour tenter de sauver sa présidence, inflige au pays deux mois de stagnation économique supplémentaire et deux mois de manifestations de plus. Quand la population comprendra qu'elle a été trompée, la colère pourrait augmenter ... La France est déjà un pays qui va mal. "
L'économie française est, de fait, très sclérosée. L'Indice de liberté économiqueétabli chaque année par la Heritage Foundation et le Wall Street Journal classe la France au 71ème rang mondial (et la place en 35ème position sur les 44 pays de la région Europe). Les auteurs notent que "les dépenses publiques représentent plus de la moitié du produit intérieur brut". Ils soulignent que "le budget est en déficit de manière chronique"; que "la corruption reste un problème" et que" le marché du travail est alourdi par des réglementations trop strictes ", ce qui entraîne un taux de chômage élevé.
La France a perdu presque toutes ses usines (les emplois industriels ne représentent aujourd'hui que 9,6% de l'emploi total). Son agriculture est en ruine malgré les énormes subventions européennes: 30% des agriculteurs français gagnent moins de 350 euros par mois, et des dizaines d'entre eux se suicidentchaque année. La France est pour l'essentiel absente du secteur des hautes technologies.
Une fuite des cerveaux s'opère et se poursuit.
En parallèle, chaque année, 200.000 immigrants arrivent d'Afrique ou du monde arabe, souvent sans qualification. La plupart sont musulmans et contribuent à l'islamisation du pays.
Quand, voici peu, un animateur d'émission radiophonique a demandé à Zemmour pourquoi Macron ne plaçait pas l'intérêt du pays en position prioritaire et ne tenait pas compte de la réalité concrète, Zemmour a répondu:
"Macron est un technocrate. Il pense avoir toujours raison. Il a été programmé pour faire ce qu'il fait. Pour lui, la France et les Français ne comptent pas. Il est au service de la technocrastructure. Il fera exactement ce que souhaite les technocrates et une classe supérieure totalement déconnectée de la population du pays ... Ceux qui veulent comprendre doivent lire Christophe Guilluy. "
Guilluy, un géographe, a publié plusieurs ouvrages remarqués, dont La France périphérique en 2014 et, quelques semaines avant le début du soulèvement, No society. La fin de la classe moyenne occidentale. Il y explique que la population française est aujourd'hui divisée en trois groupes.
Le premier groupe est une classe dirigeante totalement intégrée à la mondialisation, composée de technocrates, de politiciens, de hauts fonctionnaires, de dirigeants travaillant pour des sociétés multinationales et de journalistes travaillant pour les grands médias. Les membres de cette classe vivent à Paris et dans les principales villes de France.
Le deuxième groupe vit dans les banlieues des grandes villes et dans les zones de non droit (appelées "Zones Urbaines Sensibles"). Il est composé principalement d'immigrants. La classe supérieure française au pouvoir recrute au sein de ce groupe les personnes qui la servent, directement ou indirectement. Ces personnes sont mal payées, mais fortement subventionnés par le gouvernement. Elles vivent de plus en plus en conformité avec leurs propres cultures et leurs propres normes.
Le troisième groupe est numériquement très important: il est constitué par le reste de la population. C'est ce groupe que Guilluy appelle "la France périphérique". Ses membres sont fonctionnaires subalternes, ouvriers et anciens ouvriers, petits employés, artisans, petits entrepreneurs, commerçants, agriculteur, chômeurs.
Pour la classe dirigeante au pouvoir, les membres de ce groupe sont inutiles. Et elle les traite comme un poids mort encombrant. Elle n'attend rien d'eux, sinon le silence et la soumission.
Les membres de la "France périphérique" ont été chassés des banlieues où ils vivaient par l'afflux d'immigrés et l'émergence des zones de non droit. Pour la plupart, ils habitent à 30 kilomètres (ou plus) des grandes villes. Ils voient que la classe dirigeante les rejette. Ils ont souvent du mal à joindre les deux bouts. Ils paient impôts et taxes mais constatent qu'une part croissante de ce qu'ils paient est utilisée pour subventionner ceux-là mêmes qui les ont chassés des banlieues. Lorsque Macron, après avoir baissé les taxes des plus riches, a augmenté les leurs, celles de la "France périphérique", au moyen d'une taxe sur les carburants, cela, s'ajoutant à sa condescendance arrogante, a été perçu par eux comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Dans une récente interview accordée au magazine britannique Spiked, Guilluy a déclaré que le mouvement des "gilets jaunes" est un réveil désespéré de la "France périphérique". Il a prédit que, malgré les efforts de Macron pour ensevelir le problème, le réveil durerait et que ou bien Macron "reconnaîtra l'existence de ces gens, ou il devra opter pour un totalitarisme soft".
Pour le moment, Macron ne semble pas vouloir reconnaître l'existence de ces gens.
Selon François Martin, qui écrit pour le mensuel Causeur, Macron s'est placé dans une impasse:
"Il doit prendre des décisions et il ne peut plus décider sans aggraver la situation ... Il devrait accepter de partir mais ne le fera pas. Il préférera aller jusqu'au bout, dans le mur ... Les trois ans qui vont suivre seront un enfer pour les gilets jaunes... et pour les Français ".
À la fin des manifestations à Paris le 26 janvier, des milliers de "gilets jaunes" avaient prévu de se rassembler pacifiquement sur l'une des places principales de la ville, la place de la République, pour tenir un débat et apporter des réponses au "débat" organisé par Macron. La police a reçu l'ordre de les disperser brutalement et a une fois encore utilisé des lanceurs de balle de défense et des grenades explosives.
Jérôme Rodrigues, l'un des leaders du mouvement des "gilets jaunes", a été touchéau visage alors qu'il filmait des policiers sur une place proche, la place de la Bastille. Il a perdu un œil et a été hospitalisé pendant deux jours. D'autres manifestants ont été blessés.
Au printemps 2016, des gauchistes avaient organisé des débats place de la République et avaient été autorisés à y rester pendant trois mois sans intervention majeure de la police.
Dans un article décrivant les événements du 26 janvier, le chroniqueur Ivan Rioufol a écrit dans Le Figaro: " La répression ne peut être l'unique argument de la caste face à une protestation d'envergure qui ne faiblira pas".
Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, une ville de la banlieue Est de Paris où les émeutes de 2005 ont été particulièrement destructrices, a expliqué pourquoi ce qui se passe aujourd'hui est particulièrement hideux:
"En 2005, la police était clairement la cible des émeutiers et elle a fait preuve de retenue dans l'utilisation de la force aux fins de faire baisser la violence. Aujourd'hui, la plupart de ceux qui manifestent n'attaquent pas la police. Mais au lieu d'agir pour faire baisser la violence, la police, sur ordre, est incitée à être violente... Je ne blâme pas la police, je blâme ceux qui donnent les ordres ".
Le dimanche 27 janvier, une manifestation était organisée par les partisans de Macron, qui ont choisi de s'appeler "les foulards rouges". La manifestation était censée montrer qu'un nombre impressionnant de gens soutenaient Macron. Les organisateurs ont dit que dix mille personnes sont venues. Les vidéos disponibles montrent tque le nombre était beaucoup plus faible.
Articles récents par Guy Millière
- La France en chute libre, 2019-01-13
- La France en ébullition, la morgue de Macron, 2018-12-21
- Le sinistre coût de la « guerre d'Oslo », 2018-10-02
- France: l'ascension et la chute d'Emmanuel Macron, 2018-08-27
- La France: bientôt sans Juifs?, 2018-04-30
recevoir le plus récent par courriel : s'inscrire gratuitement à la liste de diffusion de gatestone institute
.
- Le premier groupe : élites dirigeants. Le deuxième groupe : extra-européens de banlieue et grandes villes. Le troisième groupe est numériquement très important: il est constitué par le reste de la population. Pour la classe dirigeante au pouvoir, les membres de ce groupe sont inutiles. Et elle les traite comme un poids mort encombrant. Elle n'attend rien d'eux, sinon le silence et la soumission. Ces gens ont souvent du mal à joindre les deux bouts. Ils paient impôts et taxes mais constatent qu'une part croissante de ce qu'ils paient est utilisée pour subventionner ceux-là mêmes qui les ont chassés des banlieues où ils vivaient.
- Pour le moment, Macron ne semble pas vouloir reconnaître l'existence de ces gens.
- Lorsque Macron, après avoir baissé les taxes des plus riches, a augmenté celles de la "France périphérique" au moyen d'une taxe sur les carburants, cela, s'ajoutant à sa condescendance arrogante, a été perçu comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
- " En 2005, la police était clairement la cible des émeutiers et elle a fait preuve de retenue dans l'utilisation de la force aux fins de faire baisser la violence. Aujourd'hui, la plupart de ceux qui manifestent n'attaquent pas la police. Mais au lieu d'agir pour faire baisser la violence, la police, sur ordre, est incitée à être violente... Je ne blâme pas la police, je blâme ceux qui donnent les ordres." - Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, une ville de la banlieue Est de Paris où les émeutes de 2005 ont été particulièrement destructrices.
La police s'en prend à un manifestant en gilet jaune le 18 décembre 2018 à Biarritz, en France. (Photo de Gari Garaialde / Getty Images)
|
Samedi 26 janvier 2019. Des manifestations de "gilets jaunes" étaient organisées dans les principales villes de France. La mobilisation ne montrait pas de signes de faiblesse. Le soutien de la population avait légèrement diminué mais restait important (60% à 70%, selon les sondages). Le slogan principal était le même depuis le 17 novembre 2018: "Macron démission". Un autre slogan ajouté en décembre figurait: "Référendum d'initiative citoyenne".
Le gouvernement et le Président Emmanuel Macron ont tout mis en œuvre pour écraser le mouvement. Ils ont utilisé les insultes et la diffamation. Ils ont affirmé que les manifestants étaient des " séditieux" qui voulaient renverser les institutions et des "chemises brunes". Le 31 décembre, Macron les a qualifiés de "foules haineuses". La présence de quelques antisémites parmi eux a conduit le porte-parole du gouvernement à décrire l'ensemble du mouvement comme "antisémite".
Le Ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a ordonné à la police de recourir à une violence sans précédent depuis l'époque de la guerre d'Algérie (1954-1962). Au cours des deux dernières décennies, d'autres émeutes ont eu lieu en France. Et en 2005, par exemple, tout le pays a été n proie au chaos et à des actes criminels pendant des semaines, le nombre de blessés n'en est pas moins resté faible. La violence d'aujourd'hui a des conséquences. Au cours des dernières semaines, plus de 1700 manifestants ont été blessés, parfois gravement. Dix-neuf d'entre eux ont perdu un œil; quatre ont perdu une main. Si les policiers français n'utilisent pas d'armes à feu, ils utilisent des lanceurs de balles de défense et tirent souvent en direction du visage des manifestants, bien que ce soit interdit par les règles en vigueur. La police française est également la seule en Europe à utiliser des grenades explosives.
Macron n'a jamais traité les manifestants comme des personnes ayant des revendications légitimes, et n'a donc jamais prêté attention à leurs revendications. Il a tout juste accepté de suspendre la taxe supplémentaire sur les carburants, qui devait prendre effet en janvier, et d'accorder une légère augmentation du salaire minimum, et il ne l'a fait qu'après trois semaines de manifestations.
Les commentateurs disent que Macron pensait que le mouvement disparaîtraitaprès les fêtes de fin de l'année. que le désespoir et la violence policière inciteraient les manifestants à se résigner à leur sort, et que le soutien de la population envers eux s'effondrerait. Rien de tel ne s'est produit.
Il est clair que Macron ne veut pas satisfaire les principales exigences des manifestants. Il ne démissionnera pas et il refusera d'accepter la tenue de référendums d'initiative citoyenne. Il discerne à l'évidence que s'il dissolvait l'Assemblée nationale et appelait à des élections législatives pour mettre fin à la crise (ce qu'avait fait le Président Charles de Gaulle pour mettre fin au soulèvement de mai 1968, et ce que permet la Constitution française), il subirait une défaite cinglante. Il sait qu'une majorité écrasante de Français le rejette. Il a donc cherché une autre issue.
Il a appelé à un "grand débat national" censé être destiné à résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté. Il est néanmoins vite apparu que le "grand débat" en question serait pour le moins étrange.
Macron a écrit une lettre à tous les Français pour les inviter à "participer", mais expliquait explicitement dans sa lettre que le "débat" ne changerait rien, que le gouvernement continuerait à avancer dans la même direction ("Je n'ai pas oublié que j'ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle"), et que tout ce que le gouvernement a fait depuis juin 2017 resterait inchangé ("Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises").
Il a confié l'organisation du "débat" et la présentation des conclusions qui en seront tirées à deux membres du gouvernement, et demandé que des "cahiers de doléances" soient mis à la disposition du public dans toutes les mairies.
Il a ensuite lancé le "débat" en rencontrant les maires de nombreuses municipalités, sans qu'il s'agisse de réunions publiques. Il n'ignore pas que s'il organisait des réunions publiques, il serait immédiatement chassé par la foule.
Les deux premières réunions ont eu lieu dans des petites villes (2000 à 3000 habitants) et avec des maires que les organisateurs – qu'il a choisis - ont autorisé à venir. Les organisateurs ont également sélectionné les questions à poser, puis les ont envoyées à l'avance à Macron qui a pu preparer les réponses données pendant les réunions.
La veille de chaque réunion, la ville où la réunion a eu lieu a été placée sous l'administration de la police. Toutes les voies d'accès à la ville ont été fermées, et quiconque portait un gilet jaune ou en avait un dans sa voiture a été passible d'une amende. Toute manifestation dans la ville a été catégoriquement interdite. La police a veillé à ce que la route empruntée par le convoi de Macron en direction de la ville soit vide de toute présence humaine plusieurs heures à l'avance.
Les chaînes d'information continue ont été invitées à retransmettre l'intégralité des réunions, qui ont duré six à sept heures. Seuls quelques journalistes, eux-mêmes sélectionnés par Macron, ont été autorisés à assister.
Plusieurs commentateurs ont souligné que prétendre "débattre" ainsi était un non-sens, et que confier l'organisation du "débat" et la présentation de ses conclusions à des membres du gouvernement montrait, tout comme l'organisation des réunions elle-même, que tout cela était un simulacre.
Certains d'entre eux ont rappelé que le terme "cahiers de doléances" n'avait pas été utilisé depuis l'époque de la monarchie absolue, que les maires ont été traités comme de simples figurants, et que placer les villes où Macron s'est rendu en état de siège était indigne d'une démocratie.
Un économiste français, Nicolas Lecaussin, qui a grandi en Roumanie, a écrit que ces réunions lui rappelaient celles de la Roumanie à la fin du communisme.
L'essayiste Éric Zemmour a dit que Macron essayait désespérément de sauver sa présidence, mais qu'il pensait que la tentative serait vaine:
"Macron a perdu toute légitimité. Sa présidence est morte ... Pendant trois mois, le pays s'est arrêté économiquement; et Emmanuel Macron, pour tenter de sauver sa présidence, inflige au pays deux mois de stagnation économique supplémentaire et deux mois de manifestations de plus. Quand la population comprendra qu'elle a été trompée, la colère pourrait augmenter ... La France est déjà un pays qui va mal. "L'économie française est, de fait, très sclérosée. L'Indice de liberté économiqueétabli chaque année par la Heritage Foundation et le Wall Street Journal classe la France au 71ème rang mondial (et la place en 35ème position sur les 44 pays de la région Europe). Les auteurs notent que "les dépenses publiques représentent plus de la moitié du produit intérieur brut". Ils soulignent que "le budget est en déficit de manière chronique"; que "la corruption reste un problème" et que" le marché du travail est alourdi par des réglementations trop strictes ", ce qui entraîne un taux de chômage élevé.
La France a perdu presque toutes ses usines (les emplois industriels ne représentent aujourd'hui que 9,6% de l'emploi total). Son agriculture est en ruine malgré les énormes subventions européennes: 30% des agriculteurs français gagnent moins de 350 euros par mois, et des dizaines d'entre eux se suicidentchaque année. La France est pour l'essentiel absente du secteur des hautes technologies.
Une fuite des cerveaux s'opère et se poursuit.
En parallèle, chaque année, 200.000 immigrants arrivent d'Afrique ou du monde arabe, souvent sans qualification. La plupart sont musulmans et contribuent à l'islamisation du pays.
Quand, voici peu, un animateur d'émission radiophonique a demandé à Zemmour pourquoi Macron ne plaçait pas l'intérêt du pays en position prioritaire et ne tenait pas compte de la réalité concrète, Zemmour a répondu:
"Macron est un technocrate. Il pense avoir toujours raison. Il a été programmé pour faire ce qu'il fait. Pour lui, la France et les Français ne comptent pas. Il est au service de la technocrastructure. Il fera exactement ce que souhaite les technocrates et une classe supérieure totalement déconnectée de la population du pays ... Ceux qui veulent comprendre doivent lire Christophe Guilluy. "Guilluy, un géographe, a publié plusieurs ouvrages remarqués, dont La France périphérique en 2014 et, quelques semaines avant le début du soulèvement, No society. La fin de la classe moyenne occidentale. Il y explique que la population française est aujourd'hui divisée en trois groupes.
Le premier groupe est une classe dirigeante totalement intégrée à la mondialisation, composée de technocrates, de politiciens, de hauts fonctionnaires, de dirigeants travaillant pour des sociétés multinationales et de journalistes travaillant pour les grands médias. Les membres de cette classe vivent à Paris et dans les principales villes de France.
Le deuxième groupe vit dans les banlieues des grandes villes et dans les zones de non droit (appelées "Zones Urbaines Sensibles"). Il est composé principalement d'immigrants. La classe supérieure française au pouvoir recrute au sein de ce groupe les personnes qui la servent, directement ou indirectement. Ces personnes sont mal payées, mais fortement subventionnés par le gouvernement. Elles vivent de plus en plus en conformité avec leurs propres cultures et leurs propres normes.
Le troisième groupe est numériquement très important: il est constitué par le reste de la population. C'est ce groupe que Guilluy appelle "la France périphérique". Ses membres sont fonctionnaires subalternes, ouvriers et anciens ouvriers, petits employés, artisans, petits entrepreneurs, commerçants, agriculteur, chômeurs.
Pour la classe dirigeante au pouvoir, les membres de ce groupe sont inutiles. Et elle les traite comme un poids mort encombrant. Elle n'attend rien d'eux, sinon le silence et la soumission.
Les membres de la "France périphérique" ont été chassés des banlieues où ils vivaient par l'afflux d'immigrés et l'émergence des zones de non droit. Pour la plupart, ils habitent à 30 kilomètres (ou plus) des grandes villes. Ils voient que la classe dirigeante les rejette. Ils ont souvent du mal à joindre les deux bouts. Ils paient impôts et taxes mais constatent qu'une part croissante de ce qu'ils paient est utilisée pour subventionner ceux-là mêmes qui les ont chassés des banlieues. Lorsque Macron, après avoir baissé les taxes des plus riches, a augmenté les leurs, celles de la "France périphérique", au moyen d'une taxe sur les carburants, cela, s'ajoutant à sa condescendance arrogante, a été perçu par eux comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Dans une récente interview accordée au magazine britannique Spiked, Guilluy a déclaré que le mouvement des "gilets jaunes" est un réveil désespéré de la "France périphérique". Il a prédit que, malgré les efforts de Macron pour ensevelir le problème, le réveil durerait et que ou bien Macron "reconnaîtra l'existence de ces gens, ou il devra opter pour un totalitarisme soft".
Pour le moment, Macron ne semble pas vouloir reconnaître l'existence de ces gens.
Selon François Martin, qui écrit pour le mensuel Causeur, Macron s'est placé dans une impasse:
"Il doit prendre des décisions et il ne peut plus décider sans aggraver la situation ... Il devrait accepter de partir mais ne le fera pas. Il préférera aller jusqu'au bout, dans le mur ... Les trois ans qui vont suivre seront un enfer pour les gilets jaunes... et pour les Français ".À la fin des manifestations à Paris le 26 janvier, des milliers de "gilets jaunes" avaient prévu de se rassembler pacifiquement sur l'une des places principales de la ville, la place de la République, pour tenir un débat et apporter des réponses au "débat" organisé par Macron. La police a reçu l'ordre de les disperser brutalement et a une fois encore utilisé des lanceurs de balle de défense et des grenades explosives.
Jérôme Rodrigues, l'un des leaders du mouvement des "gilets jaunes", a été touchéau visage alors qu'il filmait des policiers sur une place proche, la place de la Bastille. Il a perdu un œil et a été hospitalisé pendant deux jours. D'autres manifestants ont été blessés.
Au printemps 2016, des gauchistes avaient organisé des débats place de la République et avaient été autorisés à y rester pendant trois mois sans intervention majeure de la police.
Dans un article décrivant les événements du 26 janvier, le chroniqueur Ivan Rioufol a écrit dans Le Figaro: " La répression ne peut être l'unique argument de la caste face à une protestation d'envergure qui ne faiblira pas".
Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, une ville de la banlieue Est de Paris où les émeutes de 2005 ont été particulièrement destructrices, a expliqué pourquoi ce qui se passe aujourd'hui est particulièrement hideux:
"En 2005, la police était clairement la cible des émeutiers et elle a fait preuve de retenue dans l'utilisation de la force aux fins de faire baisser la violence. Aujourd'hui, la plupart de ceux qui manifestent n'attaquent pas la police. Mais au lieu d'agir pour faire baisser la violence, la police, sur ordre, est incitée à être violente... Je ne blâme pas la police, je blâme ceux qui donnent les ordres ".Le dimanche 27 janvier, une manifestation était organisée par les partisans de Macron, qui ont choisi de s'appeler "les foulards rouges". La manifestation était censée montrer qu'un nombre impressionnant de gens soutenaient Macron. Les organisateurs ont dit que dix mille personnes sont venues. Les vidéos disponibles montrent tque le nombre était beaucoup plus faible.
Articles récents par Guy Millière
- La France en chute libre, 2019-01-13
- La France en ébullition, la morgue de Macron, 2018-12-21
- Le sinistre coût de la « guerre d'Oslo », 2018-10-02
- France: l'ascension et la chute d'Emmanuel Macron, 2018-08-27
- La France: bientôt sans Juifs?, 2018-04-30
.
La France en chute libre
- Les responsables français savent, bien sûr, que les terroristes sont engagés dans une longue guerre et qu'il sera difficile de les empêcher de nuire; ils semblent avoir cédé. Ils sont conscients que les jeunes Musulmans français se radicalisent en nombre croissant. Leur réponse consiste à vouloir renforcer les institutions musulmanes en France.
- Au moment où le président Macron parlait, l'un de ses émissaires était au Maroc pour signer le Pacte mondial des Nations Unies pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières, qui définit l'immigration comme "bénéfique" pour les pays hôtes. Dans ce cadre, les États signataires s'engagent à "renforcer les systèmes de prestation de services accessibles aux migrants".
- Un groupe de généraux à la retraite a publié une lettre ouverte dans laquelle ils déclaraient que la signature du Pacte mondial était un pas supplémentaire vers "l'abandon de la souveraineté nationale", et notaient que "80% de la population française pense que l'immigration doit être stoppée, ou réglementée de manière drastique".
- L'auteur Éric Zemmour a décrit la révolte des "gilets jaunes" comme le résultat du "désespoir des gens qui se sentent humiliés, oubliés, dépossédés de leur pays par les décisions d'une caste méprisante".
Le président français Emmanuel Macron semble espérer que la fatigue conduira les "gilets jaunes" à baisser les bras, mais rien ne semble montrer que cela se produira. Les "gilets jaunes" semblent bien décidés à continuer et à le faire tomber. Sur la photo: des "gilets jaunes", le 15 décembre 2018 à Paris, en France. (Photo de Veronique de Viguerie / Getty Images)
|
Strasbourg, France. Marché de Noël. 11 décembre, 20h. Un homme criant "Allahu Akbar" ("Allah est le plus grand") tire sur les passants, puis en blesse plusieurs avec un couteau. Trois personnes sont tuées sur le coup, une douzaine d'autres sont blessées, parfois gravement. Deux d'entre elles succomberont à leurs blessures. Le meurtrier s'enfuit. Deux jours plus tard, la police l'abat.
Le meurtrier était connu des services de police. Des membres de la Direction générale de la sécurité intérieure et des gendarmes s'étaient rendu chez lui quelques heures plus tôt, il leur avait échappé. Quand bien même ils savaient que c'était un islamiste dangereux, prêt à agir et que le marché de Noël était une cible possible, aucune surveillance particulière n'a été mise en place.
Le meurtrier, Cherif Chekatt, aurait dû être dans une position où il n'aurait pas du pouvoir nuire. Il avait 29 ans, son nom figurait dans le Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), et il avait déjà été condamné pour 27 crimes. Il était néanmoins libre, et non surveillé.
Son cas est semblable à celui de nombreux terroristes djihadistes qui ont agi en France au cours de la dernière décennie. Mohamed Merah, l'assassin d'enfants juifs à Toulouse en 2012; Cherif et Said Kouachi, les assassins de plusieurs membres du magazine satirique Charlie Hebdo en 2015, et Amedy Coulibaly, l'assassin de clients et employés d'un supermarché casher quelques jours plus tard.
Les gouvernements qui se sont succédé n'ont quasiment rien fait pour remédier à la situation. Ils se sont limités à prononcer des discours et a déployer des soldatsdans les rues. "Les jeunes Français doivent s'habituer à vivre durablement avec la menace d' attentats", a déclaré en 2015 le Premier ministre Manuel Valls. Deux ans plus tard, juste avant le premier tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron, encore candidat, a utilisé quasiment les mêmes mots. Le terrorisme, a-t-il dit, est un "impondérable" et constitue une "menace qui fera partie de la vie quotidienne des Français dans les années à venir".
Les lois françaises sont extrêmement laxistes. Même les tueurs en série et les terroristes ne sont pas condamnés à de lourdes peines. La plupart des prisons sont devenues des lieux de recrutement djihadiste. Plus de 600 zones de non droit sont sous le contrôle d'imams et de gangs musulmans. Les islamistes "prêts à agir" se comptent par milliers. La police n'a tout pas les moyens matériels et humains pour remplir pleinement sa mission.
Les dirigeants politiques qui ont proposé des lois plus strictes contre le terrorisme, ou qui ont déclaré que des mesures exceptionnelles étaient nécessaires pour contrer une menace croissante - par exemple, un recours plus large aux bracelets électroniques -, appartiennent à de partis de droite. Les principaux médias les ont immédiatement qualifié d'"extrémistes", et leurs propositions ont été rejetées.
Macron et son gouvernement continuent une triste tradition de soumission au politiquement correct. Il semble clair qu'ils préfèrent apaiser les extrémistes plutôt que les affronter.
Ils sont sans aucun doute conscients que de nouvelles émeutes de grande ampleur pourraient avoir lieu. En 2016, Patrick Calvar, chef de la Direction générale de la sécurité intérieure française, a évoqué le risque élevé d'"affrontements entre communautés", voire de guerre civile.
Ils savent que les terroristes sont engagés dans une longue guerre et qu'il sera difficile de les empêcher de nuire; ils semblent avoir cédé. Ils sont conscients que les jeunes Musulmans français se radicalisent en nombre croissant. Leur réponse consiste à vouloir renforcer les institutions musulmanes en France.
Bien qu'ils n'ignorent pas que l'immigration musulmane en France se poursuit et que la présence de centaines de milliers de migrants musulmans illégaux crée des problèmes de sécurité graves, ils ne font rien pour inverser la tendance. Le nombre d'expulsions est en augmentation, mais reste assez faible: un peu plus de 26.000personnes ont été expulsées en 2017. Plus de 150 000 immigrants illégaux viventen Seine-Saint-Denis, dans la banlieue de Paris. Depuis qu'il est Président, Macron a répété plusieurs fois que ceux qui l'incitaient à expulser les immigrants illégaux étaient "xénophobes".
En réalité, Macron et son gouvernement persistent à encourager l'immigration: tous les immigrants illégaux en France peuvent recevoir une aide financière s'ils le demandent, et bénéficient de soins de santé gratuits; et ils ne risquent guère d'être déportés.
Chaque année, plus de 200 000 titres de séjour sont délivrés (262 000 en 2017), et des immigrants clandestins font partie du lot. Nombre des bénéficiaires n'ont aucune compétence cleur permettant de trouver un emploi, certains perçoivent pendant des décennies, une fois régularisés, le revenu minimum versé aux personnes sans ressources.
L'aide aux immigrants, qu'ils soient légaux ou non, accroit le coût d'un système de protection sociale d'ores et déja très coûteux. La France est aujourd'hui le pays le plus lourdement imposé du monde développé: les prélèvements obligatoires représentent plus de 45% du PIB. Le chômage est élevé et se situe à 9,1%. Les salaires sont en général bas, et stagnants. Un professeur des écoles débutant gagne 1 794 euros par mois (2 052 dollars). Un officier de police au bout d'un an d'ancienneté gagne moins encore: 1 666 euros par mois (1 906 dollars).
Lors de son élection à la présidence, Macron avait promis de stimuler la croissance et d'améliorer le pouvoir d'achat. Pour encourager les grandes entreprises multinationales à investir en France, il a réduit leurs impôts et supprimé un impôtsur la fortune. Ne souhaitant pas augmenter le déficit budgétaire français (2,6% en 2017), il a, en parallèle, créé de nouvelles taxes et augmenté quelques-unes des taxes payées par l'ensemble de la population, dont les taxes sur les carburants.
C'est dans ce contexte qu'est apparu le mouvement des "gilets jaunes", en effervescence dans toute la France depuis huit semaines, et qui dure jusqu'à ce jour.
Les nouvelles taxes et l'augmentation des taxes existantes ont plongé de nombreuses personnes dans une situation financière difficile. Nombre d'entre elles ont pensé que la baisse des impôts sur les grandes entreprises et la suppression d'un impôt sur la fortune, étaient en ce contexte scandaleusement injustes. Nombre d'entre elles constatent aussi que l'insécurité s'accroit, que l'immigration explose et que le gouvernement n'assure pas vraiment ses fonctions essentielles.
Les remarques de Macron, telles que la comparaison entre "ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien" - ou son affirmation selon laquelle "la vie d'un entrepreneur est beaucoup plus dure que celle d'un employé" - lui ont donné l'image d'un arriviste arrogant qui méprise les pauvres et ne sait rien des problèmes auxquels ils sont confrontés. Certaines de ses autres phrases, telles celle disant qu'"il n'y a pas de culture française" ou celle suggérant que les Français sont des Gaulois"réfractaires au changement" - ont amené beaucoup de gens à penser qu'il n'avait pas de respect pour la France et pour les Français.
La prolifération de radars de contrôle de vitesse sur les routes et l'abaissement de la limite de vitesse à 80 km/h sur de nombreuses routes, et l' augmentation notable du nombre de contraventions pour excès de vitesse qui a suivi, n'ont pas contribué aà renforcer sa popularité.
Une augmentation supplémentaire des taxes sur les carburants a déclenché la révolte.
La première manifestation des "gilets jaunes" a eu lieu le 17 novembre, et a spontanément rassemblé des centaines de milliers de personnes dans tout le pays. Elle a bénéficié du soutien de plus de 80% de la population.
Plutôt que réagir rapidement et dire qu'il comprenait les difficultés de millions de Français, Macron a attendu 10 jours et une deuxième manifestation, plus importante que la première, pour répondre. Et il a prononcé un discours portant sur l'environnement dans lequel il soulignait que des taxes sur les carburants étaient nécessaires pour lutter contre le "changement climatique".
Ses propos ont semblé totalement déconnectés de la réalité et de la détresse économique ressentie par la population.
Quatre jours plus tard, le 1er décembre, une troisième manifestation a attiré encore plus de monde que la deuxième. Les manifestants en colère ont agité des drapeaux français et ont chanté l'hymne national. Les manifestants qui ont pu s'exprimer à la télévision ont déclaré que Macron s'était moqué d'eux et lui ont rappelé ses promesses initiales. Les manifestants globalement ont exigé sa démission, de nouvelles élections et un retour à la souveraineté au peuple.
Des gangs de banlieue ont pillé des magasins et détruit des biens. La police a été particulièrement brutale envers les manifestants, mais n'a pas empêché le pillage et la destruction.
Macron est resté silencieux.
Le 8 décembre, jour de la quatrième manifestation, Paris a semblé en état de siège. Des véhicules blindés ont été déployés le long des principales avenues. Des milliers de policiers ont fermé l'accès au quartier du palais de l'Élysée. Un hélicoptère etait posé dans la cour du palais, pour le cas où Macron devrait être évacué. Le pillage et la destruction ont recommencé.
Macron a décidé de parler à nouveau le 10 décembre. Il a annoncé une légère augmentation du salaire minimum et la suppression de certaines taxes. Il a promis d'ouvrir un "débat national" et a annoncé la nécessité de parler de l'immigration. Au moment où il parlait, l'un de ses émissaires était au Maroc au nom de la France pour signer le Pacte mondial des Nations Unies pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières, qui définit l'immigration comme "bénéfique" pour les pays hôtes. Dans ce cadre, les États signataires s'engagent à "renforcer les systèmes de prestation de services accessibles aux migrants". Le lendemain, l'attentat terroriste au marché de Noël de Strasbourg a été commis.
La colère populaire n'est pas retombée. Les "gilets jaunes" qui ont parlé à la télévision au cours des jours suivants ont déclaré que Macron n'avait manifestement pas pris la mesure de la situation. Certains ont déclaré que vouloir parler d'immigration et signer en même temps le Pacte mondial - sans prendre en compte l'opinion de la population - montrait que Macron était un menteur.
Un groupe de généraux à la retraite a publié une lettre ouverte dans laquelle ils déclaraient que la signature du Pacte mondial était un pas supplémentaire vers "l'abandon de la souveraineté nationale", et notaient que "80% de la population française pense que l'immigration doit être stoppée, ou réglementée de manière drastique".
"En décidant seul de signer ce pacte", continuait la lettre, vous vous rendez "coupable d'un déni de démocratie, voire de trahison à l'égard de la nation".
La Ministre de la Défense, Florence Parly, a déclaré que la lettre était "inadmissible et indigne", mais n'a pas contesté les arguments qu'elle énonçait.
Macron n'a rien dit.
Le 22 décembre, lors de la cinquième manifestation, les "gilets jaunes" étaient moins nombreux mais leur colère semblait plus vive encore. Les appels à la démission de Macron étaient omniprésents. Une marionnette représentant Macron a été symboliquement décapitée sur un simulacre de guillotine. Une sculpture représentant une main jaune d'apparence proche du logo de SOS Racisme, une ds principales organisations luttant contre le "racisme" et "l'islamophobie" en France, a été brûlée.
Des antisémites ont saisi l'opportunité pour se livrer à leurs provocationshabituelles, mais ils ont été marginaux. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, n'en a pas moins utilisé leurs propos pour attaquer les "gilets jaunes" dans leur ensemble. Il a publié un tweet disant que les "gilets jaunes" avaient un "visage, lâche, raciste, antisémite, putschiste". Il avait dit un peu plus tôt que quoi qu'il arrive, Macron ne "changerait pas de cap".
Macron semble espérer que la fatigue conduira les "gilets jaunes" à baisser les bras, mais rien ne semble montrer que cela se produira. Les "gilets jaunes" semblent bien décidés à continuer et à le faire tomber. Ceux qu'on peut entendre dans des reportages disent qu'ils sont déterminés à se battre "jusqu'au bout". Les dégats économiques sont considérables. Les premières estimations s'élèvent, pour l'heure, à des centaines de millions d'euros.
Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro, a récemment écrit que "la macronie aurait tort de se croire tirée d'affaire, au prétexte que le mouvement des "gilets jaunes" marque le pas et qu'il respectera probablement la trêve des confiseurs".
L'essayiste Éric Zemmour a décrit la révolte des "gilets jaunes" comme le résultat du "désespoir des gens qui se sentent humiliés, oubliés, dépossédés de leur pays par les décisions d'une caste méprisante". Il a conclu qu'il pensait que Macron avait perdu toute légitimité et que sa présidence était morte.
Le commentateur Jean-Michel Aphatie, a déclaré, lui, que la présidence et le gouvernement " ne tenaient qu'à un fil", et que la lettre publiée par les généraux était un signe fort montrant que les institutions françaises sont profondément ébranlées. "Si la police faiblit", at-il souligné, "la France pourrait rapidement sombrer dans le chaos".
Le 20 décembre, deux jours avant la cinquième manifestation des "gilets jaunes", des policiers avaient organisé une manifestation devant le palais de l'Élysée. Le vice-président d'une organisation de membres de la police a déclaré que de nombre de membres de son organisation étaient épuisés, avaient de la sympathie pour la révolte et étaient prêts à la rejoindre.
Le lendemain, le gouvernement a augmenté les salaires des policiers et a promis de leur payer des millions d'heures supplémentaires, impayées depuis des mois.
"Les autorités ont vraiment peur que la police leur fasse défaut", a commentéJean-Michel Aphatie. "C'est difficile à imaginer. C'est là où nous sommes en France, aujourd'hui".
La popularité de Macron est en chute libre; il est tombé voici peu à 18%. Aucun Président français n'a vu sa popularité tomber si bas, si rapidement. Flore Santisteban, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, a cité des enquêtes montrant que Macron cristallise désormais "une haine intense et peut-être plus que de la haine: de la rage".
De nombreux commentateurs s'interrogent pour savoir comment Macron fera pour gouverner encore dans les semaines à venir et se demandent s'il ne sera pas contraint de démissionner, et d'appeler à des élections présidentielles anticipées.
Plusieurs analystes ont dit que cette fois-ci, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, pourrait être élue présidente. Les thèmes de la campagne présidentielle de celle-ci en 2017 étaient proches des revendications des "gilets jaunes".
Macron se tait. Il ne se montre pas. Ses seules déclarations publiques récentes ont été faites dans des pays étrangers: la Belgique et le Tchad. Sa dernière apparition publique en France a eu lieu le 4 décembre, dans le Massif Central, tard dans la soirée. Il était allé constater les dégâts causés à un bâtiment officiel par un incendie volontaire. Bien que sa visite n'ait pas été annoncée, des dizaines de "gilets jaunes" l'ont apprise, sont venus, l'ont insulté et il est rapidement parti.
Les sondages montrent que le Rassemblement national de Marine Le Pen pourrait remporter les élections au Parlement européen de mai 2019 avec 24% à 25% des voix. Un parti nationaliste de droite, Debout la France! , dirigé par le député Nicolas Dupont-Aignan et allié du Rassemblement National, pourrait obtenir 8%. Le total représenterait 32% à 33% des voix. La République en Marche! le parti créé par Macron il y a deux ans, n'obtiendrait que 18% des suffrages.
L'élection au Parlement européen n'a pas d'impact direct sur la vie politique française. Un tel résultat constituerait néanmoins un désaveu cinglant pour Macron - s'il parvient à se maintenir au pouvoir jusqu'à ce moment.
Il y a quelques mois, Macron s'était présenté comme le champion d'une Europe ouverte, "progressiste" et multiculturelle et avait décrit les défenseurs de la souveraineté nationale et tous ceux qui sont hostiles à l'immigration et au multiculturalisme, comme des "lépreux" et des partisans du "nationalismebelliqueux" et du "rejet de l'autre ". Il prétendait pouvoir aisément les vaincre.
En juillet 2017, il avait laissé entendre qu'il gouvernerait comme le dieu romain Jupiter. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'il tombe de son piédestal.
Le soir du 31 décembre, Macron a présenté aux Français ses voeux pour l'année 2019. Il ne s'est pas excusé pour quoi que ce soit. Il a ignoré les griefs des "gilets jaunes" et de ceux qui les soutiennent. Il a simplement évoqué une "colère qui vient de loin" et dit que "l'ordre sera assuré sans complaisance". Il a décrit en termes positifs tout ce qu'il a fait depuis son accession à la présidence. Il a ajoutéqu'il "avancerait" dans la même direction sans rien changer et continuerait à "suivre la ligne" qu'il a tracée depuis le premier jour" de son mandat. Il a décrit ses opposants politiques comme des "extrémistes", des "démagogues" et des "porte-voix d'une foule haineuse". Il a répété que la "lutte contre le réchauffement climatique" était une priorité absolue.
Un grand nombre des "gilets jaunes", interviewés à la télévision se sont montrés irrités; certains ont dit qu'ils n'avaient pas même voulu écouter le discours. Les opposants politiques de Macron l'ont critiqué sévèrement. Nicolas Dupont-Aignan a écrit dans un communiqué:
"Ce soir, les Français ont eu la confirmation qu'Emmanuel Macron n'avait rien compris , rien appris des événements de 2018. Alors que sa politique réunit plus de 75% des Français contre lui, il est apparu complètement exalté, inquiétant et décidé à poursuivre au mépris de la démocratie."
Laurence Saillet, du parti de droite modérée, Les républicains, a déclaré:
"J'ai l'impression que pendant que les" gilets jaunes "protestaient, il était sur une autre planète ... Il n'a pas pris la mesure de la colère du pays. Il ne fait pas de mea culpa, il a même évalué positivement ses actions, alors qu'elles sont ce qui est rejeté par le français."
Marine Le Pen a tweeté: "Ce Président est un imposteur. Et un pyromane."
Le 3 janvier, Eric Drouet, l'une des principales figures du mouvement des "gilets jaunes", a été arrêté par une dizaine de policiers alors qu'il se rendait place de la Concorde, dans le centre de Paris, pour allumer des bougies aux fins de rendre hommage aux "gilets jaunes" blessés ou tués depuis le début des manifestations. Il marchait paisiblement sur le trottoir avec 15 à 20 de ses amis. Aucun d'entre eux ne criait et ne portait de banderole ou de gilet jaune. Drouet a été mis en examenpour avoir organisé une "manifestation illégale". Les opposants politiques de Macron ont déclaré que Macron mettait de l'huile sur le feu.
Le 4 janvier, après la première réunion de son cabinet pour l'année 2019, Macron a demandé au porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, de dire que "ceux qui continuent à protester ... sont des agitateurs qui veulent renverser le gouvernement", et que le Président veut "aller plus loin, plus fort, plus radicalement ".
Samedi 5 janvier, des dizaines de milliers de "gilets jaunes" ont à nouveau manifesté, et réclamé la démission de Macron. Certains ont enfoncé les portes du ministère de Griveaux, qui a pris la fuite. Le soir, les rues de Paris et d'autres villes ressemblaient à nouveau à des champs de bataille.
S'INSCIRE À LA LISTE DE DIFFUSION
Articles récents par Guy Millière
- France : l'agitation n'en finit pas, 2019-02-06
- La France en ébullition, la morgue de Macron, 2018-12-21
- Le sinistre coût de la « guerre d'Oslo », 2018-10-02
- France: l'ascension et la chute d'Emmanuel Macron, 2018-08-27
- La France: bientôt sans Juifs?, 2018-04-30
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire