mercredi 18 avril 2018

Islamisme et politique 15.04.2018

Les anti-Brexit s'organisent pour obtenir un nouveau référendum (16.04.2018)
Sortis des griffes des terroristes, d'anciens otages racontent leur vie d'après (17.04.2018)
Cybercriminalité : des attaques de plus en plus destructrices (17.04.2018)
L'autorité de l'État en échec à Notre-Dame-des-Landes (17.04.2018)
Bruno Retailleau : «C'est une erreur de la part du gouvernement d'avoir imaginé qu'il pouvait discuter avec les zadistes» (17.04.2018)
Frappes en Syrie : «La France doit retrouver son ADN stratégique» (16.04.2018)
Immigration : les thèses à rebours de Stephen Smith, l'africaniste cité par Macron (16.04.2018)

«Violence, drogue, sexe»: Tolbiac doit être évacuée en urgence selon son président (17.04.2018)
A Nanterre, les étudiants votent massivement pour la poursuite du blocage (17.04.2018)
À Rennes 2, plus de 3 000 personnes votent le blocage jusqu’au début des examens (17.04.2018)
La police peut-elle déloger les bloqueurs des universités ? (09.04.2018)
Cuba se prépare à tourner la page des Castro (17.04.2018)
Les mesures polémiques du projet de loi asile et immigration (16.04.2018)
Berlin: Merkel dénonce une agression antisémite présumée (18.04.2018)
Sahel: la situation alimentaire "en sévère détérioration" (18.04.2018)
Le parquet allemand refuse d'interdire un "Mein Kampf" théâtral (18.04.2018) 
La mairie de Toulouse renonce au couvre-feu (18.04.2018)
Des migrants africains violés et torturés au Yémen (18.04.2018)
Syrie: une équipe de sécurité de l'ONU essuie des tirs à Douma (18.04.2018)
Syrie/Douma: les casques blancs disent à l'OIAC où sont enterrées les victimes (18.04.2018)
GB: enquête sur «l'impartalité» de RT News (18.04.2018)
OIAC : le Royaume-Uni dénonce le comportement «irresponsable» de la Russie (18.04.2018)
Notre-Dame-des-Landes : les agriculteurs dénoncent les concessions faites aux zadistes (17.04.2018)
Sociologiquement, «il y a tous les éléments pour que le zadisme se poursuive» (17.04.2018)
Turquie : Erdogan convoque des élections anticipées (18.04.2018)
«Niveau catastrophique et bureaucratie : pourquoi j'ai fui l'université française» (18.04.2018)
Guillaume Tabard : «Immigration, la transgression calculée de Wauquiez» (18.04.2018)
Les violences à Toulouse posent à nouveau la question des «zones de non-droit» (18.04.2018)
Chantal Delsol : «Le pragmatisme technocratique a remplacé la politique de convictions» (17.04.2018)
Gafam vs médias : l'urgence démocratique (17.04.2018)
Rohingyas : la Birmanie redoute une possible enquête de la Cour pénale internationale (17.04.2018)
Qui est Czech Media Invest, le repreneur tchèque des magazines de Lagardère? (18.04.2018)
Pierre Desproges, 30 ans après sa mort, toujours aussi politiquement incorrect (18.04.2018)

Les anti-Brexit s'organisent pour obtenir un nouveau référendum (16.04.2018)

Par Florentin Collomp
Publié le 16/04/2018 à 17h16
Sept organisations unissent leurs forces, avec des représentants de plusieurs partis politiques pour empêcher la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne dans moins d'un an.
Correspondant à Londres
Il leur reste moins de 350 jours. C'est peu pour tenter de faire dérailler le processus de sortie de l'Union européenne de la Grande-Bretagne, prévue le 29 mars 2019. Jusqu'à présent en ordre dispersé, les anti-Brexit unissent leurs forces pour essayer d'obtenir un nouveau vote sur la question avant le grand saut. Baptisée «The People's Vote» (le vote populaire), la campagne a été lancée dimanche à Londres.
Elle regroupe des membres du Parti conservateur au pouvoir, de l'opposition travailliste, du parti libéral démocrate centriste (proeuropéen) et des Verts. Elle réunit aussi sept organisations qui luttent à différents niveaux contre le Brexit, comme Open Britain ou European Movement. Leur campagne est dotée d'environ 1million de livres (1,15 million d'euros) pour tenter de faire bouger l'opinion.
Depuis le référendum de juin 2016 qui a vu les Britanniques se prononcer à près de 52% pour quitter l'Union européenne, le sentiment a légèrement évolué sans retournement radical. Certains sondages reflètent exactement ce résultat, tandis que d'autres montrent une inversion des proportions.
Vote sur l'accord de sortie
«Le Brexit n'est pas inévitable», veut croire James McGrory, directeur d'Open Britain. L'objectif est d'obtenir un nouveau référendum sur les termes de l'accord de sortie attendu d'ici à l'automne entre Londres et ses 27 partenaires européens. Le Parlement peut aussi modifier la trajectoire prévue par le gouvernement de Theresa May au cours d'une série de votes importants sur les conditions de la sortie britannique. «Je ne pense pas que ce soit à 650 politiciens de décider pour 65 millions de personnes», estime Chuka Umunna, député travailliste et figure de proue de la campagne.
Pour le conservateur Bill Cash, ces militants pro-Europe «défient totalement le peuple britannique qui a pris une décision». Depuis peu, le soutien du public à un second référendum a progressé. 44% des Britanniques y seraient favorables, contre 36% qui n'en veulent pas, selon un sondage YouGov réalisé au début du mois pour l'organisme pro-Brexit Best for Britain.
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Sortis des griffes des terroristes, d'anciens otages racontent leur vie d'après (17.04.2018)


Par Caroline Piquet
Mis à jour le 17/04/2018 à 16h01 | Publié le 17/04/2018 à 06h00
TÉMOIGNAGES - Ils se sont retrouvés enfermés, contraints de ne pas bouger, parfois obligés d'obéir aux ordres de fanatiques. Comme Julie, cette caissière sauvée par le gendarme Beltrame, ils ont eu le temps de voir la mort en face et sont aujourd'hui en vie. Quatre anciens otages témoignent de leur longue reconstruction.
Depuis le 23 mars, jour où elle a été sauvée par le gendarme Beltrame, Julie V. vit bouleversée et recluse chez elle. «Je lui souhaite bon courage car je la comprends très bien», réagit Rachid Drabli, ancien otage de l'Airbus Alger-Paris en 1994. «Elle est terrorisée et choquée mais elle ne doit pas rester enfermée, conseille-t-il. Elle doit se faire aider et parler à ses proches.» À Dammartin-en-Goële, Michel Catalano, ex-otage des frères Kouachi, «pense beaucoup à elle» car «trois ans après, c'est encore difficile». Comment vivre quand on a frôlé la mort aux mains de terroristes? Comment se reconstruire? Un événement traumatisant comme une prise d'otage laisse des traces et s'attaque à toutes les habitudes de vie. Quatre rescapés ont accepté de nous raconter les jours, les mois et les années d'après.
Sidération
Certains, comme Julie, ont d'abord eu besoin de s'enfermer. Rachid Drabli, ex-otage de Marignane, est resté plusieurs jours chez lui. «Ma famille et mes amis sont venus me voir. Pendant une semaine, j'ai répété la même chose et puis j'ai fini par aller voir un médecin». Pour le Dr Nathalie Prieto, psychiatre et référente nationale des cellules d'urgence médico-psychologique (CUMP), ce genre de réactions est classique. «L'évitement est généré par la peur de sortir et s'associe souvent à un mouvement de tristesse. On s'enferme parce qu'on a l'impression que ça va recommencer», analyse-t-elle.
D'autres, au contraire, ont cherché à extérioriser. Bruno Poncet, 45 ans, otage pendant une heure et demie au Bataclan, a très vite parlé. Le matin du 14 novembre, une fois libéré, «j'étais surexcité, je n'arrivais pas à dormir», se souvient-il. «Arrivé chez moi, j'ai tout raconté à ma femme, mais avec beaucoup de distance, comme si je sortais d'une séance de cinéma». Les jours qui suivent, celui qui est alors gestionnaire de convoi à la SNCF, repart au travail, participe aux élections professionnelles, rencontre des journalistes de Paris Match, voit d'autres victimes, dont Edith Seurat, qu'il a aidée à l'intérieur du Bataclan. Au final, Bruno mettra une semaine avant d'associer des émotions à l'attentat. «Ça s'appelle la sidération», explique-t-il. Les spécialistes parlent aussi de dissociation, lorsque la victime est spectatrice de ce qu'elle a vécu.

Edith Seurat est restée une heure et demie dans le Bataclan avec Bruno Poncet avant d'être évacuée par la BRI le soir du 13 novembre 2015. - Crédits photo : Caroline Piquet
«Tout le temps en alerte»
Ensuite, les troubles du sommeil sont souvent les premiers symptômes qui apparaissent. Après la prise d'otage de Marignane, «je ne dormais plus, je ne mangeais plus. En deux mois, j'avais perdu 15 kilos», se remémore Rachid Drabli. «Encore aujourd'hui, 24 ans après, je dors par séquence de 2-3 heures. Parfois, je n'arrive pas à fermer l'œil de la nuit et les spécialistes n'y peuvent rien», soupire le professionnel du bâtiment. Il parle aussi de troubles de la mémoire: «C'était un choc brutal. Mon cerveau a effacé certains événements. Par exemple, je n'ai aucun souvenir du mariage de mon frère qui avait eu lieu quelques mois avant la prise d'otages».
Edith Seurat, rescapée du Bataclan, prolonge la liste: crises de panique, troubles de l'élocution, de la concentration. «Au début, je prenais des notes de tout ce que j'avais à faire car ma tête n'imprimait plus». Les ex-otages deviennent aussi hypervigilants. «Vous regardez les gens de la tête aux pieds, vous vérifiez toutes les sorties lorsque vous rentrez quelque part», raconte Bruno Poncet. «Là, par exemple, j'ai entendu que la porte s'était ouverte derrière moi», dit-il sans se retourner. «J'entends les gens passer, je suis tout le temps en alerte». Trois ans après, Michel Catalano se reconnaît dans ces «nouvelles habitudes». «Par exemple, dans un restaurant, je m'assois rarement dos à la porte. Il faut que je voie la sortie».
«Finalement, j'ai mis 17 ans avant de pouvoir remonter dans un avion»
Rachid Drabli, ex-otage à bord de l'avion Alger-Paris en 1994
Avec le temps, apparaissent aussi de nouvelles craintes comme celle de se retrouver au milieu d'une foule. Depuis qu'il a passé 54 heures d'angoisse dans l'avion de Marignane, Rachid Drabli évite les endroits très fréquentés. Sinon, «j'ai l'impression que [les terroristes] sont derrière moi». Pendant longtemps, ce père de sept enfants n'a pas pu reprendre l'avion. Installé en Charente, il voyageait en voiture et en bateau lorsqu'il partait en vacances en Algérie. «Finalement, j'ai mis 17 ans avant de pouvoir remonter dans un avion», s'étonne-t-il en faisant le décompte. À chacun ses blocages, ou «évitements», pour reprendre le jargon médical. Un an après l'attentat de l'Hyper Cacher, Yohann Dorai, otage d'Amedy Coulibaly, ne pouvait toujours pas mettre les pieds dans un magasin et se faisait livrer ses courses chez lui, comme le relatait alors Slate.
Curieusement, Bruno Poncet, aujourd'hui secrétaire fédéral à Sud Rail, a continué à se rendre à des concerts. Mais pas tout à fait comme avant: «Au début, je me collais au fond de la salle, près des sorties. Maintenant, ça va mieux». En revanche, il ne se rendra plus jamais au Bataclan: «Je ne peux pas m'amuser dans un endroit où des enfants sont morts, ce n'est plus une salle de concert». Exit aussi le cinéma: «Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu'il fait très noir...» Les angoisses se nichent parfois dans les détails. Edith Seurat, rescapée du Bataclan, ne supporte plus les parapluies noirs, que «les gens tiennent le long du corps» et qui lui font penser à des armes. De même, elle ne mange plus de viande rosée... trop évocatrice pour elle. «Je ne supporte pas de voir quelqu'un qui a mal, qui saigne, alors que je n'ai jamais eu ces angoisses-là avant», ajoute la responsable marketing de 39 ans.

Michel Catalano dans son imprimerie en janvier 2016. - Crédits photo : Laure Kermanach'
Une vie intime bousculée
Plus sournoises encore, les séquelles peuvent même s'immiscer dans la vie affective. Pendant deux ans, Bruno a dû dormir sur le canapé du salon. «Je ne supportais pas qu'on me touche», raconte-t-il. Sa psychologue lui a expliqué que c'était normal: «D'une certaine manière, on avait violé mon intimité et j'avais besoin de me réfugier. Mais ça m'a choqué de ne pas pouvoir dormir avec ma femme». Aujourd'hui, il a retrouvé son lit mais continue de «serrer les dents» lorsque quelqu'un le frôle dans les transports en commun.
Le rapport au désir change aussi. «Je n'avais plus de libido, confie Edith Seurat. J'avais envie qu'on me laisse tranquille, je ne voulais pas qu'on envahisse mon espace vital». Ce phénomène est courant chez les victimes, selon les spécialistes. «Et d'un point de vue amical ou familial, j'ai fait le ménage», enchaîne la quadragénaire. «J'ai arrêté de voir les gens que je n'avais pas envie de voir, j'ai arrêté de me forcer. Je me concentre sur les gens que j'aime, qui m'intéressent, qui me font du bien». Désormais, elle va «à l'essentiel» et ne s'embarrasse plus des «conventions sociales»: «C'est bizarre mais quelque part, je préfère la personne que je suis aujourd'hui».
Le syndrome du survivant

- Crédits photo : Figaro
Difficile en revanche d'échapper aux médicaments et aux séances de psy. Rachid Drabli a pris des cachets pendant 10 ans pour lutter contre ses accès d'angoisse et son stress. Bruno Poncet, lui, n'y a pas touché. «J'avais peur de devenir accro et de ne pas supporter la vie sans en prendre». Il ne manque en revanche jamais son rendez-vous chez sa psychologue depuis deux ans. «Ça me fait un bien fou alors qu'au début, je n'avais pas envie d'y aller», commente-t-il.
Le syndrome du survivant hante la majorité des rescapés. «La culpabilité d'être en vie, alors que d'autres sont morts à nos places», résume Catherine Bertrand, «survivante du Bataclan» et auteure d'une bande dessinée sur sa reconstruction*. Il a fallu plusieurs séances chez le psychologue et beaucoup de temps pour que Michel Catalano «accepte» le fait d'être en vie. Edith Seurat, elle, se sent coupable de ne pas avoir été blessée. «Ça m'emmerde d'être considérée comme victime au même titre que les gens qui ont perdu leurs proches ou ceux qui aujourd'hui ne marchent plus, sont physiquement blessés». Bruno Poncet parle de «honte» aussi. Malgré tout, il préfère sa vie d'aujourd'hui. «Ça m'a donné une force, une détermination, une assise. Je me sens redevable de ceux qui ne s'en sont pas sortis.» Son engagement dans la vie syndicale n'y est pas étranger: «Aider les autres, ça a donné du sens à ma vie». Et maintenant, «je me projette dans l'avenir, je me vois vieillir alors que ce n'était pas le cas avant».
«Je visualisais le Bataclan mais avec les enfants»
Edith Seurat, rescapée du Bataclan
Parce qu'ils veulent aller mieux, certains se lancent des défis. En décembre 2015, Bruno Poncet décide de remonter l'avenue des Champs-Élysées à pied. «C'était très dur car la foule me stressait et dès que je voyais un mec de type maghrébin ou une fille voilée, je me sentais mal, admet-il, gêné. C'était particulièrement terrible pour moi parce que je suis profondément antiraciste». «Le délit de sale gueule», Edith Seurat connaît aussi. En janvier 2016, alors qu'elle va chercher sa voiture, elle remarque la présence d'un homme qui s'attarde un peu trop devant l'école de sa fille. «J'ai passé 40 minutes à tourner autour de l'école en me demandant si j'allais au commissariat ou pas. Je visualisais le Bataclan mais avec les enfants». Quelques mois plus tard, elle montrera à sa fille, à l'occasion d'une kermesse, l'endroit où elle doit se cacher si jamais son école est attaquée.

Rachid Drabli dans l'émission Toute une histoire sur France 2, en 2011. - Crédits photo : France 2
Tous lèvent peu à peu ces blocages mais tout prend du temps. «Franchement, au bout de deux ans de psy, je pensais que ça serait réglé, mais en fait, pas du tout. Je suis éberlué d'avoir encore autant de blocages», réagit Bruno Poncet. «C'est un combat contre soi-même», complète Michel Catalano. Lui aussi perçoit des progrès. Alors qu'il était resté «prostré» chez lui le week-end suivant les attentats du 13 novembre, il a trouvé la force de sortir après les attaques de Carcassonne et Trèbes.
Le regard des autres
Pour certains, chaque attentat, chaque prise d'otage vient raviver de vieilles douleurs et déclenche des cauchemars. «Dans ces moments-là, tout revient», témoigne Rachid Drabli. «D'abord, je me mets à leur place, puis je revis mon film à moi.» À Paris, Bruno Poncet vit les choses différemment. Quand un reportage ou une émission passe sur les attentats, il détourne la tête: «Moi, j'ai tout cloisonné pour me protéger». À l'inverse, Edith Seurat regarde les éditions spéciales à chaque attentat, lit tous les témoignages, se documente sur l'histoire de Daech, consulte tous les livres et articles sur le sujet. «Une fois, il m'est même arrivé de lire Dar Al-Islam (le magazine en français de Daech, NDLR), admet-elle. J'ai besoin de comprendre l'incompréhensible».
Lorsqu'ils parlent de leur reconstruction, tous évoquent le regard des autres. Bienveillants au départ, moins avec le temps. Ils parlent de ces petites remarques désagréables, qui leur donnent l'impression d'être incompris. «Je me suis déjà entendu dire: “C'est bon, tu peux prendre les transports, ça va faire un an maintenant”», rapporte Bruno Poncet. Rachid Drabli a, lui, souvent regretté d'être vu uniquement comme une victime. «À un moment donné, c'est fatigant. Les gens vous posent tout le temps des questions et on ne vous parle que de ça. Ça devient lourd». Certains font même preuve d'une grande maladresse. «On me disait: “Alors l'otage, comment ça va?” Je me suis fâché avec des gens à cause de ça», raconte-t-il. Bruno Poncet décrit aussi ce paradoxe: «D'un côté, j'en ai marre d'être une victime, mais de l'autre, j'aimerais qu'il y ait écrit “otage” sur ma tête pour que tout le monde sache». Pour garder une trace et parce qu'il n'avait pas de blessure physique, il s'est fait tatouer deux hirondelles bien visibles sur les poignets: «Les premiers oiseaux que les marins croisent lorsqu'ils rentrent au port».

«Ce tatouage, c'est pour avoir une trace car je n'ai pas de cicatrice physique», explique Bruno Poncet. - Crédits photo : Caroline Piquet
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Cybercriminalité : des attaques de plus en plus destructrices (17.04.2018)

Par Christophe Cornevin
Mis à jour le 17/04/2018 à 11h33 | Publié le 17/04/2018 à 11h00
Dans son bilan annuel dévoilé ce mardi, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) dénombre 794 «incidents» en 2017 et met en place de nouvelles postures de riposte.
Destinataire de quelque 2435 signalements, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) chargée de lutter contre les cybermenaces a répertorié, dans son bilan d'activité 2017 dévoilé ce mardi, «794» incidents qui sont autant de menées intrusives dans les réseaux du pays.
«Les attaques qui ont émaillé le calendrier ont montré une dimension nouvelle: plus sophistiquées, mieux élaborées, plus destructrices, elles touchent désormais toute la société, du citoyen à la grande entreprise... et même à notre démocratie», considère Guillaume Poupard, directeur général de l'Agence qui a en outre recensé l'année dernière «20 incidents majeurs», «12 opérations de cyberdéfense» et «trois crises».
Si la plupart des agressions, tentées ou réussies, ne sont pas détaillées pour des raisons liées au secret de la Défense nationale, la «revue stratégique de cyberdéfense» publiée en février par Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (Sgdsn) avait permis de détailler quelques épisodes d'une guerre souterraine, clandestine et sans règles.
Hausse des attaques par rançongiciel
Dans son bilan annuel, l'Anssi confirme ainsi avoir «constaté une recrudescence d'attaques aux effets destructeurs réalisées à des fins lucratives ou de sabotage». Parmi elles, l'agence observe «depuis 2014 une hausse constante des attaques par rançongiciel».
Ainsi, WannaCry, un «rançongiciel» malveillant ayant contaminé en un week-end plus de 200.000 ordinateurs, avait contraint de mettre à l'arrêt «préventivement» l'usine Renault de Douai (Nord). L'unité Sandouville (Seine-Maritime), qui emploie alors 3 400 salariés, a elle aussi été concernée. «En fait, nous avons été contraints d'isoler chacun de nos sites de production pour détecter et éviter la contamination», avait alors déclaré au Figaro la marque au losange. Le 27 juin, le géant des matériaux Saint-Gobain a été visé à son tour par NotPetya, un virus qui a paralysé de manière fulgurante l'activité de nombreuses entreprises ayant des intérêts en Ukraine. Pour l'entreprise française, l'impact financier a été évalué à quelque 250 millions d'euros. «De virulence variable», rappelle l'Anssi, «ce type de code malveillant séquestre les données des équipements informatiques infectés jusqu'à ce que la victime paie la rançon, généralement avec une cryptomonnaie telle que le Bitcoin.»
Au chapitre des «nouvelles tendances» qui ont marqué l'année dernière, le rapport de l'Anssi relate aussi qu'en juin 2017 «l'entreprise de VTC Uber et le cabinet de conseil Deloitte ont annoncé avoir été victimes de cyberattaques faisant état de l'exfiltration des données personnelles sur leurs clients».
«Pompier informatique»
«2017 a peut-être permis de mettre en lumière tout le faisceau d'actions que nous menons au quotidien au-delà de celui, parfois plus visible, de «pompier informatique», considère Guillaume Poupard avant d'ajouter: «Un pompier intervient quand l'incendie s'est déclaré; c'est indispensable mais insuffisant dans notre domaine car notre objectif est bien d'éviter le plus possible les sinistres et surtout de se faire déborder par un nombre exponentiellement croissant de catastrophes».
Face aux menaces, l'ANSSI a fait preuve de pédagogie auprès des entreprises, des collectivités territoriales ou encore des états-majors politiques au lendemain de tentatives de déstabilisation ayant visé le candidat Macron lors des dernières présidentielles.
Soucieux de durcir les systèmes informatiques de l'État et des infrastructures critiques dans le domaine de l'énergie, de la défense ou encore de la communication, l'Agence mène plusieurs projets d'envergure, dont un nouveau système de téléphonie fixe sécurisé de niveau «Confidentiel Défense» baptisé Osiris. «Les premiers déploiements ont été opérés à partir de mai 2017», note l'Anssi qui révèle qu'«au 31 décembre, ce sont quelque 384 postes qui ont été installés dans une dizaine de cabinet ministériels, auxquels il convient d'ajouter ceux du Premier ministre et de la Présidence de la République».
En plein essor, l'Anssi a reçu 8000 CV de candidatures l'année dernière et effectué 140 recrutements, pour un effectif global qui s'élève désormais à 570 agents.
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Rédacteur en chef adjoint, spécialiste sécurité et renseignement
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L'autorité de l'État en échec à Notre-Dame-des-Landes (17.04.2018)

Par Angélique Négroni
Mis à jour le 18/04/2018 à 11h18 | Publié le 17/04/2018 à 19h17
REPORTAGE - Les zadistes sont déterminés à rester et se préparent de toute évidence à une longue résistance. En face, les forces de l'ordre ont pour seule consigne d'éviter le retour des squats.
Envoyée spéciale à Notre-Dame-des-Landes
La scène est proprement sidérante. Consternante même. Déployés et immobiles sur toute la largeur d'un champ pour sécuriser le travail de leurs collègues qui, à l'arrière, déblaient une route de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, des gendarmes subissent les pitreries provocatrices des zadistes. Au nez et à la barbe des forces de l'ordre qui ont reçu l'ordre de ne pas riposter, ces derniers s'amusent à «un, deux, trois soleil». Sous le ciel bleu azur de ce mardi après-midi, une zadiste, qui joue aux vamps en agitant un foulard rose, lance même des confettis sur l'un de ces hommes carapaçonnés. À l'instar de tous les autres, ce dernier déploie un incroyable sang-froid pour ne pas réagir. L'humiliation est pourtant bien dans le pré…
Deux jours après les violences de ce week-end à Nantes et à Notre-Dame-des-Landes et après l'opération d'expulsions de la semaine dernière, la ZAD fanfaronne. «On avait déjà gagné une première manche en empêchant la construction de l'aéroport et on a une fois de plus gagné. On a montré au gouvernement que l'on restera», lâche l'un de ses occupants, jean troué et cheveux hirsutes. Pour beaucoup, malgré les 29 squats détruits et la centaine de blessés dans leurs rangs, la victoire est dans leur camp. Des centaines de soutiens sont arrivés, l'approvisionnement en nourriture est toujours assuré et le moral est donc au beau fixe. En chantant et en sifflotant, tous s'activent en se pliant au même mot d'ordre: reconstruire ce qui a été détruit.
Pour beaucoup de zadistes, malgré les 29 squats détruits et la centaine de blessés dans leurs rangs, la victoire est dans leur camp
Ainsi, depuis la fin des expulsions, c'est un «jeu» sans fin auquel se livrent zadistes et forces de l'ordre. Dès que ces dernières quittent la ZAD en fin de journée, les premiers se réapproprient les lieux désertés pour transporter une charpente ou redresser un mur en vue de rebâtir une habitation pulvérisée par les pelleteuses la semaine dernière. Puis le lendemain matin, reprenant possession des zones où ils étaient postés la veille, les gendarmes mobiles détruisent «l'œuvre» des zadistes. Ils s'en tiennent ainsi aux consignes du premier ministre. Vendredi dernier, Édouard Philippe a indiqué que les lieux saccagés ne devaient pas de nouveau sortir de terre.
Le respect de cette feuille de route gouvernementale passe par des affrontements sporadiques, essentiellement dans la matinée. Les occupants de la ZAD qui défendent leurs réalisations nocturnes font face aux forces de l'ordre qui ripostent par du gaz lacrymogène. Sans relâche également, ces dernières déblaient chaque matin les deux routes principales de la ZAD, la RD281 (la route des chicanes, interdite à la circulation, NDLR) et la D81, sur lesquelles des barrages ont été dressés dans la nuit. Ce mardi après-midi, elles étaient ainsi encore en nombre, déployées le long de cette D81, pendant que leurs collègues, postés dans les champs voisins, subissaient les provocations des zadistes.
Mais derrière cette forme de résistance «folklorique» où l'on sort volontiers le biniou ou les confettis, se cache aussi une vraie détermination. Alors que la partie sud-est de la ZAD a subi les assauts des forces de l'ordre la semaine dernière, le reste de la zone se barricade. À l'ouest de cette D81, qui traverse du nord au sud les bocages et qui est désormais également interdite à la circulation, on creuse des tranchées. En travers d'une route qui s'enfonce dans ce territoire occupé et qui dessert de nombreux sites habités, un trou béant empêche désormais tout passage de véhicules. Également, d'autres tranchées sont creusées tout le long d'un champ derrière lequel des barricades ont été érigées. Ce camp retranché n'échappe pas aux gendarmes qui envoient drones et hélicoptère pour surveiller la zone.
«L'État nous met le pistolet sur la tempe pour négocier. On a jusqu'au 23 avril pour remplir des formulaires et présenter des projets agricoles. C'est trop peu»
Un zadiste
Ces réalisations en disent long sur les intentions des zadistes. N'ayant pas l'intention de quitter les lieux, ils se préparent même de toute évidence à une longue résistance. Mais en même temps que cette guerre de tranchées se met en place, une délégation accepte de se rendre ce mercredi à Nantes pour discuter avec la préfète, Nicole Klein.
Débattue et validée lundi soir lors d'une assemblée sur la ZAD, cette rencontre reste néanmoins diversement appréciée. «L'État nous met le pistolet sur la tempe pour négocier. On a jusqu'au 23 avril pour remplir des formulaires et présenter des projets agricoles. C'est trop peu», peste l'un d'eux. Cette première rencontre qui a pour but de rétablir le dialogue avec les zadistes pourrait ainsi éviter l'enlisement possible du dossier. Mais si aucun projet agricole individuel n'est par la suite présenté, les expulsions pourraient reprendre. Les zadistes semblent aujourd'hui se préparer à cette éventualité. Dans l'une de leurs salles de réunion, les centaines de pipettes renfermant du sérum physiologique pour nettoyer les yeux brûlés par le gaz lacrymogène sont de nouveau prêtes à être redistribuées en cas de nouveau combat. La ZAD reste sur le pied de guerre.

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journaliste
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Bruno Retailleau : «C'est une erreur de la part du gouvernement d'avoir imaginé qu'il pouvait discuter avec les zadistes» (17.04.2018)

Par Angélique Négroni
Publié le 17/04/2018 à 17h35
INTERVIEW - Ardent défenseur du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, critique avec force l'exécutif dans sa gestion de la crise.
LE FIGARO. - Que pensez-vous de la stratégie adoptée par le gouvernement pour gérer ce dossier?
Bruno RETAILLEAU. - Depuis l'abandon de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement va à l'échec. En renonçant à ce projet confirmé pourtant par 175 décisions de justice, Emmanuel Macron a cru qu'il parviendrait à se débarrasser du problème de la ZAD. Il a troqué une paix sociale contre l'aéroport. Cette stratégie a été un bien mauvais calcul et ce qui se passe aujourd'hui était prévisible. Il n'y a plus d'aéroport et les lieux sont toujours occupés. La violence a fait reculer l'État de droit.
«L'État avait misé sur l'essoufflement du mouvement et parié sur des divisions internes. C'est tout le contraire qui se passe»
Bruno Retailleau
La situation s'est-elle aggravée?
Force est de constater qu'elle est de plus en plus compliquée. L'État avait fait de la «route des Chicanes», la fameuse RD281, un indicateur du retour à l'État de droit. Non seulement elle est toujours bloquée mais une autre route l'est aussi. La tension est telle que les forces de l'ordre bloquent désormais deux axes. Concernant le nombre d'occupants, l'État avait misé sur l'essoufflement du mouvement et parié sur des divisions internes. C'est tout le contraire qui se passe. Les zadistes sont plus nombreux. Ils étaient 250, ils sont presque 800 aujourd'hui. Et leur détermination à rester sur place ne s'est pas affaiblie.
Mais l'opération d'expulsions a-t-elle néanmoins été menée correctement?
Il faut saluer le travail des gendarmes qui ont accompli une mission délicate. Ils ont eu des consignes de ne pas aller au contact avec les zadistes et, dans ces conditions, ils ont pris davantage de risques, notamment pour eux. Par ailleurs, si on regarde le secteur des expulsions, ces dernières se sont concentrées à l'ouest de la «route des Chicanes», sur un périmètre ciblé au sud de la ZAD. Autrement dit, il est clair que les forces de l'ordre ont eu pour autre consigne de ne pas s'enfoncer dans la ZAD, car les mouvements de repli auraient été bien plus difficiles.
En outre, le gouvernement a mis en avant la trêve hivernale pour ne pas procéder à des expulsions avant le 31 mars. Mais des dispositions permettent aux forces d'agir avant la fin de cette trêve quand il y a occupation par voie de fait. Ces mêmes dispositions ont notamment permis l'évacuation de la «jungle» à Calais. On aurait donc pu y recourir à Notre-Dame-des-Landes. Au lieu de cela, le gouvernement procède à des expulsions au printemps. Or quand les beaux jours reviennent, la mobilisation est plus forte. Les soutiens viennent plus nombreux quand ils peuvent vivre dehors sans le froid et la pluie.
«On crée des inégalités et c'est ainsi que l'on fait naître la colère dans un pays»
Bruno Retailleau
L'État ne renonce pas à la négociation. Est-elle encore possible?
Ceux qui occupent illégalement ce territoire ne proposent pas une société alternative mais sont contre la société. Ils ne veulent ni payer de charges publiques ni régulariser leur situation. Ils veulent l'anarchie. C'est une erreur de la part du gouvernement d'avoir imaginé qu'il pouvait discuter avec les zadistes. Tous ne sont pas, il est vrai, des ultras, et ceux-là offrent une façade bucolique. Mais l'arrière-boutique de leur mouvement est violente. Ils s'y appuient nécessairement pour faire reculer l'État de droit. Le gouvernement est aujourd'hui dans une impasse.
Malgré des critères assouplis pour que les zadistes régularisent leur situation?
L'État propose un simple formulaire à remplir pour que ces occupants sans titre puissent commencer à régulariser leur situation et puissent exploiter des terres. Mais comment est-ce possible? Il y a deux poids-deux mesures. D'un côté, il y a des agriculteurs qui respectent le droit et qui sont soumis à toutes sortes de tracasseries administratives et contraintes réglementaires. De l'autre, il y a des centaines de personnes qui vont pouvoir s'installer sur des terres conquises par voie de fait en remplissant une simple feuille de papier! On crée des inégalités et c'est ainsi que l'on fait naître la colère dans un pays.
Comment voyez-vous les suites de ce dossier?
Après une succession d'erreurs, le gouvernement va tenter de s'en sortir par une mise en scène et un habillage du recul de l'État de droit. Il va prendre des décisions pour faire croire qu'il a gardé la main sur le dossier et il y aura de nouveau des ministres qui descendront sur place pour se féliciter des choix qui ont été pris. Il va déguiser cette deuxième capitulation avec les zadistes.

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Frappes en Syrie : «La France doit retrouver son ADN stratégique» (16.04.2018)

Par Caroline Galactéros
Publié le 16/04/2018 à 18h27
TRIBUNE - La présidente du think-tank Geopragma, Caroline Galactéros, déplore une intervention sans efficacité stratégique qui nuit à la crédibilité diplomatique de notre pays.
La France a suivi l'Amérique et frappé la Syrie. Mais elle espère que la négociation politique, sur l'avenir politique de ce pays en guerre pour recouvrer sa pleine souveraineté territoriale, va pouvoir «reprendre» et qu'elle en sera l'un des artisans majeurs. Évincé de toutes les négociations sérieuses depuis des années, Paris veut croire que la Russie, qui vient d'être publiquement humiliée au Conseil de sécurité des Nations unies, mais aussi l'Iran et le régime diabolisé de Damas, lui feront la place qu'elle revendique dans ce processus qu'ils dominent toujours. Était-ce là l'objectif véritable de notre association à une opération américaine sciemment précipitée, hors mandat de l'ONU, en amont de toute enquête de terrain sérieuse et avec un résultat opérationnel… relatif (deux tiers des missiles interceptés par les défenses syriennes…)? Désarmante naïveté, incompréhension des enjeux, confusion entre tactique et stratégie, temps long et immédiateté, ou simple calcul cynique… et faux? Car si un dialogue a minima sera évidemment maintenu avec Moscou, croit-on sérieusement que frapper dans ces conditions suscite respect et confiance, socles de toute coopération constructive?
Paris et Washington ont surtout voulu rééquilibrer un rapport de force trop défavorable au camp atlantique (après les mains libres laissées à Ankara, allié majeur du flanc sud de l'Otan) et enrayer le désastre géopolitique né de la percée russo-iranienne et chinoise en Méditerranée, dont la Syrie est une tête de pont opérationnelle majeure. Ces frappes sont aussi une opération d'intimidation et de diversion au moment où le pouvoir syrien reconquiert la Ghouta orientale et obtient la reddition du chef de Ahrar al-Cham, dangereux avatar local d'al-Qaida. Des mauvais esprits soulignent déjà la concomitance de ces frappes avec les difficultés du président Trump et de la première ministre Theresa May (empêtrés respectivement dans l'interminable Russiagate et dans le Brexit).
il reste difficile de savoir qui, des généraux du Pentagone ou du président, veut le plus l'affrontement avec la Russie et l'Iran, devenu en quelques mois l'ennemi prioritaire du monde arabe
Il s'agissait encore de permettre à Donald Trump de débrider son impulsivité belliqueuse tout en limitant les risques d'escalade avec Moscou. Même s'il reste difficile de savoir qui, des généraux du Pentagone ou du président, veut le plus l'affrontement avec la Russie et l'Iran, devenu en quelques mois l'ennemi prioritaire du monde arabe.
Il faut enfin resituer cette triste séquence dans le contexte d'une offensive peu commentée dont l'impact est potentiellement dévastateur pour l'Amérique et ses alliés, priés de faire bloc et front: l'ouverture à Shanghaï, le 25 mars, de la première Bourse de transactions pétrolières en yuans. Le «contre-monde» chinois s'avance, singulier, subtil, tranquille mais déterminé. Il constitue à terme une menace vitale pour l'imperium américain sur l'économie mondiale. Et Pékin observe l'échiquier moyen-oriental avec intérêt et patience, en songeant aux mérites du jeu de go…
Avec ce coup d'éclat, notre voix, qui ne peut être que celle de l'équilibre, de l'impartialité et du non-alignement, vient de s'enrouer
Quelles que soient les motivations de cette intervention, la question pour nous demeure: la France a-t-elle gagné en crédibilité et en capacité d'action régionale et globale? Le doute est permis. Paris a certes rassuré les ONG et peut affirmer que le pouvoir a tenu parole sur le franchissement de la ligne rouge, mais les djihadistes de tous bords ne manqueront pas d'exploiter nos incohérences sur le dossier syrien. Avec ce coup d'éclat, notre voix, qui ne peut être que celle de l'équilibre, de l'impartialité et du non-alignement, vient de s'enrouer. Notre geste martial est un signal sombre pour tous ceux qui, dans le monde, comptaient encore sur l'indépendance d'esprit et d'action de notre pays.
On assiste aussi à la persistance d'un biais cognitif inquiétant: l'ethnocentrisme d'un Occident discrédité dans son approche cyniquo-moralisatrice du régime change mais qui prétend encore, en frappant illégalement un État membre des Nations unies, définir et contrôler son sort, le punissant de survivre, après avoir spectaculairement échoué à le déstabiliser. Une preuve éclatante que l'essentiel est rarement là où se concentrent l'attention médiatique et les postures politiques, mais dans le jeu sans merci des puissances, où certains, comme nos amis allemands ou italiens, tirent leur épingle du jeu par un discours modéré, tandis que nous prenons le risque d'un double mépris, de l'Amérique et des victimes de notre allégeance à contre-emploi. Les Syriens s'en souviendront quand la reconstruction débutera…
Croyant pouvoir être martiale et «morale» à la fois, la France semble tombée dans un piège tendu pour la pousser à rentrer dans le rang, elle qui menaçait de devenir la figure de proue d'une Europe réfléchissant enfin aux contours possibles de sa «souveraineté», en tout cas à ceux d'une autonomie sécuritaire par rapport à Washington et à l'Otan. La repolarisation du monde est en cours et vient de se renforcer sensiblement. Il n'est pas sûr qu'elle aide le peuple syrien martyrisé à recouvrir son indépendance et sa sécurité. Il est plus urgent que jamais de retrouver notre ADN stratégique.

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Caroline Galactéros


Immigration : les thèses à rebours de Stephen Smith, l'africaniste cité par Macron (16.04.2018)

  • Mis à jour le 17/04/2018 à 17:07 

  • Publié le 16/04/2018 à 19:15
DÉCRYPTAGE - Explosion démographique subsaharienne, «misérabilisme aveugle» à l'égard de l'Afrique : dans son dernier ouvrage, le professeur cité dimanche soir par Emmanuel Macron défend plusieurs thèses originales à contre-pied de certains poncifs sur l'immigration.
«Nous sommes face à un phénomène migratoire inédit»: ce sont les mots d'Emmanuel Macron, lors de son interview de dimanche soir face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. «Nous avons un phénomène migratoire qui est là et qui va durer», a poursuivi le président de la République. Pour appuyer son propos, il a cité Stephen Smith qui a «formidablement bien décrit» le phénomène dans son dernier livre, La ruée vers l'Europe*.
Qui est Stephen Smith, le journaliste chercheur dont les travaux semblent influencer la vision d'Emmanuel Macron sur l'immigration? Journaliste américain francophone, il a dirigé la rubrique Afrique de Libération entre 1988 et 2000, puis celle du Monde entre 2000 et 2005. Depuis 2007, il est professeur à l'Université de Duke aux États-Unis où il enseigne les études africaines. Dans La ruée vers l'Europe, il décrit des transferts migratoires massifs qui n'en sont qu'à leurs débuts, et veut «dépassionner» le débat sur l'immigration en défendant plusieurs thèses à rebours des poncifs habituels.
● La bombe démographique africaine
Pour Stephen Smith, nous ne sommes qu'à l'aube des grands mouvements migratoires du XXIe siècle. Il se base sur des prévisions démographiques implacables: en quelques dizaines d'années, l'Afrique a connu une explosion démographique sans précédent. De 150 millions d'habitants dans les années 1930, elle est passée à 1,3 milliard de personnes aujourd'hui.
Et en 2050, Stephen Smith anticipe un nouveau doublement de la population africaine, qui devrait passer à 2,5 milliards de personnes. «Sur un total de 10 milliards d'habitants, 25% seront des Africains», estime-t-il. «Enfin, en 2100, cette proportion aura de nouveau doublé: sur un total mondial d'un peu plus de 11 milliards d'habitants, 40% seront africains ; ils seront, pour l'essentiel, la jeunesse du monde.»
À titre de comparaison, si la population française enregistrait la même progression, «l'Hexagone compterait dans une trentaine d'années plus de 650 millions d'habitants, la moitié de la Chine actuelle».
● C'est le relatif «décollage» de l'Afrique qui favorise les migrations
À cet égard, Stephen Smith décrit un «misérabilisme aveugle à l'égard de l'Afrique». Le chercheur nuance le raccourci fréquent selon lequel les migrants forment un bloc monolithique de «pauvres» qui «fuient» leur pays. «Ne fuit pas qui veut», souligne-t-il. «Les plus pauvres parmi les pauvres n'ont pas les moyens d'émigrer. ils n'y pensent même pas. Ils sont occupés à joindre les deux bouts, ce qui ne leur laisse guère le loisir de se familiariser avec la marche du monde et, encore moins, d'y participer.»
Pour le chercheur, «deux conditions majeures doivent être réunies pour déclencher la ‘ruée vers l'Europe'».
La première, c'est le franchissement «d'un seuil de prospérité minimale par une masse critique d'Africains». Stephen Smith estime que la somme minimale nécessaire au départ se situe entre 1500 et 2500 euros, «soit une ou plusieurs fois le revenu annuel dans tel ou tel pays subsaharien».
La seconde condition est «l'existence de communautés diasporiques, qui constituent autant de têtes de pont sur l'autre rive de la Méditerranée». La diaspora facilite l'installation, l'orientation du migrant, voire l'obtention de son premier emploi. Stephen Smith cite la communauté somalienne de Minneapolis-Saint-Paul dans le Minnesota, la communauté togolaise d'Eschweiler en Allemagne ou les multiples «China town» aux États-Unis. «Après, c'est une question de point de vue: on peut se féliciter d'une aide communautaire facilitant beaucoup de choses ou, au contraire, déplorer des ‘enclaves étrangères' dans le pays d'accueil, qui en compliquent d'autres», écrit-il.
● L'aide au développement alimente la migration
C'est l'une des conséquences du point qui vient d'être évoqué: contrairement à ce qui est régulièrement avancé, l'aide au développement ne limite pas l'immigration. Au contraire, elle la favorise, estime Stephen Smith. Selon lui, «les pays riches se tirent une balle dans le pied. En effet, du moins dans un premier temps, ils versent une prime à la migration en aidant des pays pauvres à atteindre le seuil de prospérité à partir duquel leurs habitants disposent des moyens pour partir et s'installer ailleurs. C'est l'aporie du ‘codéveloppement', qui vise à retenir les pauvres chez eux alors qu'il finance leur déracinement», écrit-il dans son ouvrage.
Très critique à l'égard du codéveloppement, il estime que celui-ci n'a pas provoqué de décollage dans les pays qui en bénéficient, contrairement à d'autres pays comme la Chine ou l'Inde, dont le dynamisme économique ne doit rien à ces politiques. «Les cyniques se consoleront à l'idée que l'aide a rarement fait advenir le développement mais, plus souvent, servi de ‘rente géopolitique' à des alliés dans l'arrière-cour mondiale» note-t-il.
● La «scène de l'épreuve» des migrants en route pour l'Europe
Depuis les arrivées massives de 2015, «la Méditerranée est devenue la ‘scène de l'épreuve' par excellence, estime Stephen Smith. La traversée du Sahara est très peu couverte en raison des risques que cela ferait courir aux journalistes. Même chose en Libye, où seuls quelques reportages ont pu montrer le sort réservé aux migrants qui n'ont plus de sous: enfermés dans des «maisons à crédit», torturés, affamés, parfois réduits en esclavage. Dans ce contexte, la Méditerranée devient «la focale médiatique d'un ‘jeu de guerre' (Jeremy Harding) entre migrants, trafiquants, la police des frontières et les humanitaires sans frontières», explique Smith.
Décrite comme «un cimetière à ciel ouvert», «la honte de l'Europe» voire le lieu d'un «génocide silencieux», la Méditerranée par laquelle des centaines de milliers de migrants ont rejoint le vieux continent recouvre une réalité plus mesurée, explique Stephen Smith. En 2015, année de la mort du petit Aylan qui avait bouleversé le monde entier, «le risque de périr en traversant la Méditerranée dans une embarcation de fortune était de 0,37%», explique-t-il. «La même année, selon les chiffres de la Banque mondiale, le risque de mourir en couche était de 1,7% pour une femme au Sud Soudan, pire endroit pour mettre un enfant au monde». Soit un risque quatre fois et demi plus grand.
Ces calculs, purement statistiques, ne relativisent en rien le drame de ceux qui perdent la vie pendant la traversée, souligne-t-il. «Mais il faut se rendre à l'évidence: les migrants africains prennent un risque calculé, pour arriver en Europe, semblable aux risques qu'ils prennent habituellement dans la vie qu'ils cherchent à laisser derrière eux», conclut-il.
● L'immigration ne comblera pas le déficit d'actifs en Europe
Stephen Smith conteste aussi l'idée selon laquelle l'«exportation» de main-d'oeuvre africaine puisse «codévelopper» la jeune Afrique et le Vieux Continent.
En Europe, la venue de migrants n'enrayera pas le déclin démographique, et ne sauvera pas le système de retraites et de Sécurité sociale fondé sur la solidarité intergénérationnelle. «Certes, les migrants adultes intégreraient la population active et contribueraient, à travers leurs cotisations, à financer le système des retraites, mais, compte tenu de leurs familles qui sont, en moyenne, plus nombreuses, le gain auprès des retraités serait compensé par le coût pour scolariser, former et soigner les enfants», écrit-il.
Parallèlement, Stephen Smith voit aussi les départs des jeunes Africains comme «une perte nette pour l'Afrique». En effet, ce sont généralement les jeunes les plus éduqués et les plus «débrouillards» qui tentent le voyage: «Pour partir, il faut des diplômes, un petit pactole, un esprit qui permette d'échapper à une vision étriquée. Ce sont donc les forces vives qui s'en vont», explique Stephen Smith.
● Du plus optimiste au plus noir, quelques scénarios possibles:
Avec tous ces éléments en main, Stephen Smith dessine plusieurs scénarios susceptibles d'émerger à l'avenir. Le plus optimiste -le scénario d'une «Eurafrique»- aboutirait à une Europe accueillante, multiculturelle, qui «s'accepterait pleinement comme une terre d'immigration et embrasserait son ‘métissage généralisé'». Mais pour lui, l'«Eurafrique» signifierait surtout la fin de la sécurité sociale en Europe ; En effet, «l'État social ne s'accommode pas de portes ouvertes, d'où l'absence historique d'une sécurité sociale digne de ce nom aux États-Unis, pays modèle d'immigration.»
Un autre scénario serait celui de «l'Europe forteresse». Une bataille généralement considérée comme «perdue d'avance», voire «honteuse», estime-t-il. C'est pourtant celui-ci qui a «ses raisons et ses chances d'aboutir», selon lui. C'est celui des conventions bilatérales signées avec les pays de départ ou les pays de transit, comme la Turquie ou la Libye (par des accords avec les seigneurs de guerre de ce pays sans appareil étatique fonctionnel). «Soudain, l'été 2017, le flot des migrants venus de Libye a aussi brusquement baissé que les 6 milliards d'euros octroyés à la Turquie ont colmaté le flanc sud-est de l'Europe», écrit-il. Mais au regard de l'ampleur des déplacements migratoires à venir, «toute tentative purement sécuritaire est vouée à l'échec», conclut-il.


«Violence, drogue, sexe»: Tolbiac doit être évacuée en urgence selon son président (17.04.2018)
Par Le Figaro Etudiant • AFP agence • Publié le 17/04/2018 à 09:22 • Mis à jour le 17/04/2018 à 13:17
VIDÉO - Georges Haddad, président de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, a de nouveau réclamé mardi l’intervention des forces de l’ordre sur le site de Tolbiac, transformé selon lui en «capharnaüm» par les bloqueurs opposés à la réforme de l’université.
«J’ai du mal à le décrire (le site) tellement je suis consterné par l’état du centre, un vrai capharnaüm. La violence, la drogue, le sexe même. On me l’a dit, et je crois que c’est vrai, il se passe des choses qui sont indignes». Georges Haddad, président de l’université Paris I Panthéon Sorbonne, ne cache plus son inquiétude. Il s’y tient aussi selon lui «des fêtes, ce qu’on appelle les rave-party: le vendredi soir, le samedi soir, des centaines de jeunes viennent festoyer au centre Tolbiac». Ce mardi sur Cnews, il a à nouveau réclamé une intervention policière pour évacuer les bloqueurs.
Tolbiac, qui fait partie de Panthéon-Sorbonne (ou Paris-1), est occupé depuis le 26 mars par des étudiants et des militants. Il est devenu l’un des lieux emblématiques de la mobilisation contre la loi modifiant l’accès à l’université, qui touche plusieurs sites universitaires en France.
Qualifiant la situation de «préinsurrectionnelle» et craignant «le pire», le président a affirmé «attendre désespérément que le centre soit évacué» par les forces de l’ordre: «J’attends l’intervention policière (...) Vais-je être obligé de faire directement appel au ministère de l’Intérieur?»
Des dégâts proches du «million d’euros»
Le 11 avril, M. Haddad avait demandé l’intervention de la police pour faire lever le blocage, notamment après la découverte de cocktails Molotov à Tolbiac. Mais la police a pour l’heure exclu une opération aussi sensible dans cette tour de 22 étages. Le président de la République Emmanuel Macron a lui-même confirmé que la «topographie» du centre universitaire rendait toute intervention policière dangereuse. Lundi, le syndicat étudiant UNI, classé à droite, a annoncé le dépôt d’un nouveau recours visant la préfecture de police pour «libérer Tolbiac et permettre aux étudiants de pouvoir y passer leurs examens dans de bonnes conditions».
Interrogé sur le montant des dégâts matériels, M. Haddad a estimé qu’ils approchaient «du million d’euros» et dit craindre en particulier que «le matériel informatique soit pillé, dévasté ou détruit». Il y a, selon lui, parmi les occupants «des bandits qui attendent le moment opportun pour dévaliser le centre». Quant aux partiels, Georges Haddad a indiqué que sa préférence irait «plutôt» à «un report, pour qu’on soit dans la sérénité». «Les examens se passeront en bonne et due forme (...) il est hors de question de donner des diplômes en chocolat aux étudiants», a-t-il insisté, reprenant l’expression du chef de l’Etat.

A Nanterre, les étudiants votent massivement pour la poursuite du blocage (17.04.2018)
Par Le Figaro Etudiant • AFP agence • Publié le 17/04/2018 à 18:13
Devant la fac de Nanterre bloquée, hier, pour le premier jour des partiels. Crédits photo: Figaro etudiant

À l’issue de trois heures de débats, plus de 1 200 étudiants sur les 1 700 présents ont voté pour reconduire le blocage de leur université jusqu’à jeudi. La direction devra organiser un probable report des partiels prévus à ces dates.
«On est contre cette loi et on se battra jusqu’au bout»: les étudiants de Nanterre ont massivement voté mardi la reconduction du blocage pour s’opposer à la réforme de l’université, malgré l’avis d’étudiants qui réclamaient la «liberté d’étudier» en pleine semaine de partiels. L’amphithéâtre initialement prévu n’a pas suffi: sous le soleil printanier, près de 1 700 étudiants remplissent mardi matin l’une des plus grandes salles de la faculté de Nanterre, 24 heures après le début du blocage qui a entraîné le report des partiels lundi et mardi.
«Un blocage total de la fac, ce n’est pas arrivé depuis 2009, je pense qu’on peut s’applaudir», lance en préambule Hugo, accueilli par un mélange d’applaudissements et de huées donnant le ton des débats. À la tribune, les grévistes brocardent le projet de loi porté par le gouvernement, dénonçant un texte «qui transforme un principe d’exception en principe général», avec une sélection faite de «plein de critères très discriminants».
Des étudiants opposés au blocage
Jeudi, ils n’étaient que quelques centaines à voter le blocage de cette université emblématique de région parisienne d’où était partie la contestation en mai 68. L’afflux de nouvelles têtes depuis la dernière AG, salué par un étudiant gréviste comme «la fin d’un certain entre-soi», change cependant la donne: une pétition contre l’occupation a recueilli plus de 3 000 signatures.
«Votre liberté de manifester s’arrête là où commence notre liberté de passer nos examens», lance au micro Benoît, étudiant en droit. «Qui a la légitimité de décider d’un coup que 30.000 étudiants n’auraient pas le droit de passer leurs partiels?», interroge-t-il. «Vous muselez des centaines d’étudiants», assène Charlotte, étudiante en droit, «vous vous mettez à dos des personnes qui partagent votre opinion», renchérit une autre, suscitant des applaudissements nourris. «Je suis contre la sélection mais votre mouvement je ne le comprends pas», se désole aussi Thomas, alors qu’un étudiant l’interpelle dans la foule: «Et tu fais quoi, toi?»
Résistance en chocolat
Dans les rangs, une caisse de grève pour les postiers des Hauts-de-Seine circule, alors que deux cheminots, un enseignant en lycée pro et des membres de la CGT énergie interviennent au micro, appelant à manifester. Une invitation qui agace certains: «Solidarité cheminots, solidarité Syrie (...). Ça fait un peu cour des miracles, on est là pour parler du blocage», lance ainsi un étudiant, salué par des applaudissements.
«Tyrannie, anarchie, anti-démocratique... comme vous y allez! Vous avez oublié bolchevique», ironise un autre, pour qui la grève «est le seul moyen de faire entendre notre voix». «On l’affirme haut et fort: on est contre cette loi, on est contre l’avenir que le gouvernement nous prépare, de précarité, d’oppression, et c’est pour ça qu’on se battra jusqu’au bout», lance Victor, militant à l’Unef et au NPA. «Est-ce qu’on va se poser à réviser ou est-ce qu’on va construire un mouvement de grève qui fasse reculer le gouvernement?», interroge-t-il.
«Malheureusement, on ne fera pas reculer le gouvernement en faisant signer des pétitions»Lucas, étudiant en psychologie
«Cette loi est extrêmement pernicieuse et il faut s’y opposer maintenant», réplique un professeur au micro, suscitant une longue salve d’applaudissements avec une partie de la foule debout. «La fac elle est à nous!», «Balaudé démission», du nom du président de l’établissement, résonnent parfois dans l’amphithéâtre. Selon Serkan, étudiant en Histoire de l’art, «l’annulation des partiels» a permis de «gagner du temps collectivement» pour s’organiser. «Malheureusement, on ne fera pas reculer le gouvernement en faisant signer des pétitions», estime Lucas, étudiant en psychologie, qui ironise: «Il n’y aura pas de résistance en chocolat» en référence à la formule d’Emmanuel Macron sur le refus d’«examens en chocolat dans la République».
À l’issue de trois heures de débats, une poignée d’étudiants «compteurs» montent sur les tables en différents points de l’amphi, dénombrent les bras levés: 1.272 voix pour, 336 contre et 40 abstentions. Blocage reconduit jusqu’à jeudi avec, selon l’université, un probable report des partiels organisés sur ces dates.
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À Rennes 2, plus de 3 000 personnes votent le blocage jusqu’au début des examens (17.04.2018)
Par Le Figaro Etudiant • Publié le 17/04/2018 à 10:51
Olivier David, le président de l’université, se dit très pessimiste pour la bonne tenue des partiels. Crédits photo: Electzik — CC BY-SA 3.0

Une assemblée générale gigantesque s’est conclue hier à l’université Rennes 2 par le vote de la reconduction du blocage de la fac jusqu’au 30 avril, premier jour des examens.
C’est une véritable marée humaine qui a déferlé hier sur le campus de l’université Rennes 2. Les étudiants mobilisés contre la loi ORE, qui modifient les modalités d’accès à l’université, organisaient une assemblée générale pour décider de la suite à donner à leur mouvement. En tout, plus de 3 000 personnes se sont rassemblées devant le hall B de l’université, selon Ouest France. Aux termes de débats nourris, les étudiants présents ont voté pour reconduire le blocage de leur université jusqu’au lundi 30 avril, date du premier jour des examens.

L'Assemblée générale de Rennes 2 débute devant le Hall B.
Ces partiels étaient au coeur de la discussion. Faut-il réclamer leur annulation? Leur report? Une chose est sûre, peu de personnes ont osé prendre la parole contre le blocage, raconte le quotidien régional. Les étudiants ont voté à une large majorité pour l’obtention d’un «10 améliorable» aux examens pour tous les étudiants. Les étudiants rennais reprennent le modèle de l’université de Nanterre. Hier, l’université francilienne a été bloquée par des jeunes manifestants aidés de cheminots pour le premier jour des examens de ses étudiants.
Olivier David, le président de l’université, se dit très pessimiste pour la bonne tenue des partiels. «Si le blocage persiste, nous aurons évidemment des difficultés pour tenir les calendriers d’examens» explique-t-il à Ouest France, car «reprogrammer et relocaliser les épreuves suppose une logistique très lourde et, encore une fois, l’accès à nos locaux». Il s’est également prononcé contre le «10 améliorable». «Délivrer des diplômes reconnus est une condition indispensable à nos yeux. Nous organiserons donc les examens avec le risque d’un report dans la programmation» assure-t-il.
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La police peut-elle déloger les bloqueurs des universités ? (09.04.2018)
Par Jean-Marc De Jaeger • Publié le 09/04/2018 à 12:10 • Mis à jour le 17/04/2018 à 10:47
L’université Paris 8, à Saint-Denis, fait partie de la dizaine d’établissements bloqués. Crédits photo: LUDOVIC MARIN/AFP

INTERVIEW - Maître Valérie Piau, avocate en droit de l’éducation, rappelle que les forces de l’ordre ne peuvent entrer dans une université que sur décision de son président et du préfet.
Rennes 2, Paul Valéry à MontpellierTolbiac à Paris... Depuis le début du mois, une dizaine de campus universitaires sont bloqués par des étudiants opposés à la sélection à l’université. Ce lundi, une dizaine d’étudiants ont bloqué l’accès à l’université de Nanterre, empêchant des centaines d’étudiants en droit de passer leurs partiels. Les examens d’hier sont reportés. Les étudiants ont-ils le droit d’occuper des amphithéâtres et d’empêcher d’autres étudiants de se rendre en cours ou en examen? Les forces de l’ordre peuvent-elles entrer dans les établissements? Maître Valérie Piau, avocate experte en droit de l’éducation et auteur du «Guide Piau: les droits des élèves et des parents d’élèves», nous rappelle les règles de droit.
«Les forces de l’ordre peuvent intervenir dans les universités mais seulement à la demande du président d’université et avec l’accord du préfet»Maître Piau, avocate spécialisée dans le droit de l’éducation
Le Figaro Étudiant - Les étudiants ont-ils le droit de bloquer leur université et de faire grève?
Valérie Piau - Le terme de grève étant propre aux travailleurs et au droit du travail, il ne s’applique pas aux étudiants. Ceci dit, les étudiants peuvent décider de ne plus aller en cours. Ils peuvent «occuper» une salle ou un amphithéâtre de leur université dans le but d’y débattre, comme le précise l’article 811-1 du Code de l’éducation: les étudiants «disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels. Ils exercent cette liberté à titre individuel et collectif, dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre public». Autrement dit, les étudiants n’ont pas le droit d’empêcher d’autres étudiants de se rendre en cours ou en examen. Ce qui constitue une «entrave à la liberté d’aller et venir dans un lieu public»
Valérie Piau est avocate en droit de l’éducation.
Que risquent les étudiants bloqueurs?
Les étudiants bénéficiaires d’une bourse sur critères sociaux sont soumis à une obligation d’assiduité. En s’absentant des cours, le Crous peut supprimer leur bourse voire demander le remboursement des certaines mensualités. Les bénéficiaires d’une bourse au mérite, qui se sont engagés à être assidus aux cours, peuvent aussi se voir retirer leur aide. Le manque d’assiduité peut en effet se traduire par une mauvaise note aux examens voire à un redoublement. À noter que les présidents d’université peuvent suspendre cette obligation d’assiduité lors des blocages pour ne pas pénaliser les boursiers. En cas d’agression ou de dégradation, l’agresseur peut faire l’objet d’une sanction disciplinaire et peut, en plus, être poursuivi au pénal.
La police peut-elle intervenir dans les universités pour déloger les bloqueurs?
Les forces de l’ordre peuvent intervenir dans les bâtiments des universités mais seulement à la demande du président d’université. Ils ne peuvent pas entrer dans l’enceinte de l’université sur un simple appel d’étudiant. Le président doit être avisé au préalable. Celui-ci «est responsable du maintien de l’ordre et peut faire appel à la force publique dans des conditions fixées par décret en Conseil d’État», comme l’indique l’article 712-2 du Code de l’éducation. Il doit au préalable demander l’autorisation du préfet. En cas de refus, le président sollicite le juge administratif des référés. En revanche, la loi interdit aux milices privées (agents de sécurité, groupes d’étudiants, etc.) d’intervenir. À Montpellier, le doyen de la faculté de droit avait demandé l’intervention de la police, laquelle a été refusée par le préfet. Même refus à l’université Paris-1. Le 11 avril, son président, Georges Haddad, avait sollicité une évacuation des occupants du site de Tolbiac après la découverte de cocktails molotov. Le préfet de police de Paris n’avait pas donné suite à cette demande.
«Un président d’université peut fermer l’établissement pour une durée maximale de 30 jours si le risque de troubles est trop important».Maître Valérie Piau, avocate en droit de l’éducation
L’intervention de la police doit avoir un but préventif. Elle devient illégale dès lors que le trouble à l’ordre public a disparu, mais elle peut mettre fin à un trouble déjà réalisé. L’université est responsable si l’inaction du président cause un dommage. Le recteur et/ou le ministre peut se substituer au président en cas d’inaction de sa part. En outre, le président d’université peut fermer l’établissement pour une durée maximale de 30 jours s’il estime que la sécurité des personnels et étudiants n’est pas assurée. Le cas de la faculté de droit de Montpellier est une bonne illustration: l’irruption d’un groupe d’hommes cagoulés lors d’une assemblée générale entraîne la fermeture de la faculté puis sa réouverture dix jours plus tard sous le contrôle des forces de l’ordre.
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Cuba se prépare à tourner la page des Castro (17.04.2018)

Par Hector Lemieux
Mis à jour le 17/04/2018 à 21h55 | Publié le 17/04/2018 à 16h40
REPORTAGE - Raul Castro doit quitter la présidence cubaine ce mercredi, mettant fin à six décennies de pouvoir sans partage de la fratrie sur l'île. Il gardera toutefois la main sur les leviers du pouvoir de la dictature.
À La Havane
Au crépuscule de la présidence de Raul Castro, l'heure n'est pas à la fièvre électorale. Dans le quartier populeux havanais du Cerro, quelques anciens d'Angola, venus acheter la Granma, le quotidien officiel du Parti communiste cubain, ne décolèrent pas. Leurs préoccupations? La Syrie. «Ces gens, Trump (prononcé «Troumpe», NDLR), Emmanuel Macron et celle d'Angleterre, sont des cochons. Il faut envoyer un missile sur Washington», vocifère Abelardo, ancien artilleur dans l'enclave de Cabinda, en Angola, lors de la guerre que les Cubains y ont menée entre 1975 et 1989.
Son acolyte, un colosse édenté, en est sûr: «Les armes chimiques? Ce sont des mensonges. Les Américains ont tout inventé, comme en Irak.» Après avoir dénoncé l'Occident à qui mieux mieux, la tension retombe un temps et Nelson, 80 ans, longtemps technicien d'une fabrique de tabac, donne ses pronostics pour la succession annoncée de Raul Castro: «J'ai deux candidats en tête. Le premier est Bruno Rodriguez (ministre des Affaires étrangères, NDLR) et le second Miguel Diaz-Canel (numéro deux du gouvernement, NDLR). Rodriguez est quelqu'un d'intelligent qui maîtrise tous les dossiers, internationaux ou pas. Diaz-Canel en maîtrise moins et il manque un peu de profondeur», estime le vieil homme.
Aux yeux des 11,2 millions d'insulaires, nés pour leur immense majorité après la révolution, la situation politique semble figée
Yanelys, propriétaire d'un paladar (restaurant privé) dans le Vedado, est plus nuancée. «Ici rien n'est jamais sûr, si ce n'est qu'au fond, rien ne change. Alors je ne parierais pas sur la nomination de Diaz-Canel.» Après tout, le départ de Raul Castro a été différé plusieurs fois. Il devait initialement avoir lieu le 25 février. Le président cubain, prétextant la nécessité de régler les dégâts causés dans l'île par l'ouragan Irma, l'a reporté au 19 avril. Puis le 16 avril, nouveau coup de théâtre: le frère de feu Fidel partira finalement ce 18 avril. Comme bien des cuentapropistas (entrepreneurs privés), qui représentent désormais 12 % de la population active, Yanelys apprécie peu la bureaucratie socialiste et les contraintes croissantes que lui impose le gouvernement. Mais comme presque tous les Cubains, elle est incapable de dire à quoi pourrait ressembler un autre Cuba.
Aux yeux des 11,2 millions d'insulaires, nés pour leur immense majorité après la révolution, la situation politique semble figée. «No hay futuro (il n'y a pas de futur, NDLR)», disent-ils souvent. D'autant plus que la dissidence, muselée par le régime, n'a pas su toucher le cœur du peuple. Seule certitude, l'opposition est interdite et plus affaiblie que jamais. Elle a été terrassée lors des élections du 11 mars, le gouvernement cubain lui interdisant de présenter des candidats. Lors du huitième Sommet des Amériques, qui s'est tenu à Lima le week-end dernier, la dictature cubaine, représentée par une forte délégation des Jeunesses communistes s'en est pris aux jeunes opposants cubains, les accusant, non sans raison, d'être financés par les États-Unis. Oubliées les chances d'une démocratie à la cubaine!
Castro, un vrai-faux départ
Ce 18 avril marquera toutefois l'histoire, puisque pour la première fois depuis presque soixante ans, le pays ne sera pas dirigé par un Castro. En apparence seulement, car Raul Castro restera au poste en coulisses. S'il semble acquis que le frère de Fidel quittera bien la présidence, il gardera la main sur les leviers du pouvoir. Le vieux général devrait rester premier secrétaire du Parti communiste cubain jusqu'en 2021 et par-là même le maître de l'armée.
Cette situation où un Castro tirera les ficelles n'est pas inédite. Si le successeur le plus probable de Raul semble être Miguel Diaz-Canel, un civil de 57 ans et pur produit du Parti, il pourrait n'être qu'un président sans grands pouvoirs. À l'instar de ce qui s'est passé dans l'île jusqu'en 1976. Le premier ministre d'alors s'appelait Fidel Castro. Mais qui se souvient du président Osvaldo Dorticos, une marionnette à qui Fidel succéda la même année, en changeant la Constitution cubaine?
«Je me souviens qu'avant 1959, quelqu'un qui travaillait, mangeait sans problème. Ce qui n'est plus le cas. Les salaires ne permettent plus de se payer quoi que ce soit»
Nelson, 80 ans
Si la parole était totalement bridée jusqu'en 2006 pendant la présidence de Fidel Castro, les Cubains ont eu moins peur de parler par la suite. Non de politique, trop dangereux, mais d'économie, une façon détournée d'aborder la politique. Et à les croire, le bilan de Raul Castro est mauvais. Les retraités et les travailleurs du public se plaignent de salaires indécents pour vivre.
Nelson, qui vend des journaux pour compléter sa retraite, précise: «Avoir supprimé les commerces privés, dès le début de la révolution, fut une erreur. L'État ne peut pas tout gérer. Je travaillais dans un commerce de détail. Mon chef en possédait quatre, mais il y avait de la concurrence et le commerce qui ne travaillait pas bien était éliminé», avant d'ajouter: «J'avais 20 ans au moment du triomphe de la révolution (expression consacrée à Cuba, NDLR). Je me souviens qu'avant 1959, quelqu'un qui travaillait, mangeait sans problème. Ce qui n'est plus le cas. Les salaires ne permettent plus de se payer quoi que ce soit. Je ne sais pas ce que je mangerai demain. C'est pourquoi les rues sont remplies de gens désœuvrés qui refusent de travailler pour une misère.»
Une île changée
En une décennie, Raul Castro a pourtant radicalement changé l'île communiste. D'une part, les Cubains ont eu le droit de sortir du pays, d'accéder progressivement à la propriété privée ou encore de posséder un téléphone portable. Des droits pour certains théoriques, tant le pouvoir d'achat est bas, mais qui ont représenté une véritable révolution dans l'île. D'autre part, le président sortant a mis en place dès 2010 un capitalisme à la cubaine. Si les 600.000 cuentapropistas se plaignent des charges, de la bureaucratie omniprésente et de la corruption, leur apparition massive a changé le visage de l'île. Enfin, le rapprochement de Cuba avec les États-Unis en décembre 2014, sous les auspices du Vatican et du Canada, a créé un véritable espoir de développement économique. C'était avant l'arrivée catastrophique de Donald Trump.

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Les mesures polémiques du projet de loi asile et immigration (16.04.2018)

Par Paule Gonzalès
Mis à jour le 16/04/2018 à 18h46 | Publié le 16/04/2018 à 18h37
VIDÉO - Le texte controversé présenté par le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, est débattu toute cette semaine à l'Assemblée nationale.
Droit dans ses bottes. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, n'a pas infléchi son texte. Son objectif est double: faciliter les contrôles des personnes interpellées sans papiers et accélérer la procédure de l'asile pour augmenter le nombre des reconduites aux frontières. En veillant à rendre ces dernières effectives. Par ailleurs, le texte propose une meilleure protection des mineurs et des personnes obtenant l'asile.
● Du temps pour les forces de l'ordre
Ces dernières disposaient jusque-là de 16 heures pour vérifier l'identité des personnes dépourvues de papiers lors de leur interpellation. Ce délai sera porté à 24 heures afin d'éviter les libérations intempestives d'individus dangereux.
● Accélérer les procédures d'asile (articles 5, 6 et 8)
C'est ce qui fait bondir les associations et les professionnels de l'asile. Tous les délais de procédure ont été diminués de manière drastique: les demandeurs d'asile n'auront plus que 90 jours au lieu de 120 pour déposer leur dossier à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). De même, ils n'auront que 15 jours pour faire appel devant la Cour nationale du droit d'asile. Un temps jugé trop court pour des personnes vulnérables souvent dépourvues de domicile fixe. Par ailleurs, pour décourager les demandeurs déboutés de faire appel, les décisions concernant les ressortissants des pays sûrs seront exécutoires sans attendre l'appel.
● Augmenter le temps de rétention administrative (article 16)
C'est l'un des principaux points de friction entre le gouvernement et sa majorité. Pour donner plus de chances aux expulsions d'être effectives, les délais de rétention sont rallongés. Ils passent de 45 à 90 jours. Le but est en effet de laisser le temps aux pays de retour de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires à l'expulsion des personnes sans risquer des libérations impromptues, faute de respect des délais.
● Protéger les mineurs (article 3)
Les mineurs isolés qui obtiendront l'asile pourront demander la «réunification familiale». Cette dernière ne concernera pas seulement les parents mais aussi les fratries. De même, les enfants - fille comme garçon - menacés de mutilations sexuelles bénéficieront de l'asile ainsi que leurs parents. De quoi faire craindre à la droite l'ouverture de nouvelles filières de passeurs.
● Faciliter le séjour légal (articles 1 et 2)
Le titre de séjour qui sera accordé aux demandeurs d'asile sera valable 4 ans et non plus une seule petite année. De quoi éviter les tracasseries administratives. Les députés de la majorité souhaitent que les demandeurs d'asile puissent avoir l'autorisation de travailler au bout de 6 mois et non plus au bout de 9 comme actuellement.

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Berlin: Merkel dénonce une agression antisémite présumée (18.04.2018)

Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 18/04/2018 à 19h12 | Publié le 18/04/2018 à 19h11
Angela Merkel a vivement dénoncé aujourd'hui une agression antisémite présumée à coups de ceinture survenue dans la rue à Berlin sur fond de crainte de résurgence de l'antisémitisme en Allemagne. L'une des deux victimes, Adam, 21 ans, a cependant indiqué dans une interview à la chaîne de télévision publique allemande Deutsche Welle ne pas être juif mais un Arabe israélien et qu'il "s'agissait de la première fois" qu'il portait une kippa.
Il a expliqué avoir reçu la calotte religieuse en cadeau d'un ami et être parti du principe, avant l'agression, que cela ne posait pas de problème de la porter dans la rue dans la capitale allemande. La police berlinoise a indiqué dans un communiqué enquêter sur cette "agression antisémite" contre Adam et un autre jeune de 24 ans et rechercher les auteurs. "C'est bien sûr un incident terrible et nous allons réagir", a commenté la chancelière Angela Merkel au cours d'une conférence de presse à Bad Schmiedeberg, à l'issue d'une rencontre avec des chefs de gouvernement d'Etats régionaux allemands. "Ce combat contre de tels actes antisémites doit être gagné, il en va de la réputation de notre Etat, et nous nous engageons de toutes nos forces", a-t-elle ajouté.
La ministre de la Justice Katarina Barley a dénoncé une "honte pour la démocratie". Et le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a parlé d'une attaque "insupportable", rappelant "la responsabilité" particulière de l'Allemagne à l'égard des Juifs. "Cet acte doit être puni le plus sévèrement possible", a indiqué le président du Conseil central des Juifs d'Allemagne, Josef Schuster. La victime prénommée Adam a indiqué avoir été agressée mardi soir avec son ami alors que tous deux portaient une kippa et marchaient dans un quartier huppé de Berlin.
Les agresseurs étaient trois jeunes, dont l'un au moins parlait arabe, a-t-il dit, affirmant que le principal agresseur parlait "un dialecte syrien". Il a témoigné avoir été soudain hélé et insulté par le groupe et avoir décidé à ce moment-là de filmer la scène. Les images montrent son agresseur en train de le fouetter avec sa ceinture en criant "yahoud", juif en arabe et "trou du cul". En filmant son agression, il voulait avoir "une preuve pour la police, les Allemands mais aussi le monde entier pour montrer combien c'est difficile pour un Juif de se promener de nos jours à Berlin", a-t-il expliqué à Deutsche Welle.
Il a aussi critiqué la passivité de la cinquantaine de personnes se trouvant selon lui dans les environs au moment de l'altercation. Seule une femme s'est interposée et a crié en direction de l'agresseur, a-t-il témoigné. La lutte contre l'antisémitisme a une importance particulière pour le gouvernement allemand toujours hanté par le passé nazi. Ces derniers mois, du fait de l'essor de l'extrême droite et des inquiétudes dues à l'afflux de réfugiés arabes, un débat s'est fait jour sur la résurgence en Allemagne de la haine à l'égard des Juifs. Plusieurs responsables du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont ainsi tenu des propos haineux sur l'Holocauste et le devoir de mémoire allemand. La chancelière a par ailleurs décidé de créer un poste de commissaire à l'antisémitisme à la suite de l'émoi suscité par des images de drapeaux israéliens brûlés au cours d'une manifestation à Berlin contre la décision américaine de reconnaître Jérusalem capitale de l'Etat hébreu.
Enfin, depuis plusieurs jours, une controverse agite le monde politique et culturel national après que deux rappeurs ont reçu un prix musical malgré des textes accusés de contenir des "provocations antisémites".

Sahel: la situation alimentaire "en sévère détérioration" (18.04.2018)
Mis à jour le 18/04/2018 à 18h58 | Publié le 18/04/2018 à 18h53
La sécheresse et les violences occasionnées par des "conflits pastoraux" créent une situation alimentaire "en sévère détérioration" dans plusieurs zones du Sahel, a averti aujourd'hui le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA), réuni au siège de l'OCDE à Paris. "Si des mesures vigoureuses ne sont pas mises en oeuvre", le nombre de personnes en besoin d'assistance alimentaire "pourrait atteindre 10,6 millions" d'ici à l'été, a averti le RPCA qui réunit les Etats africains de la zone sahélienne et les bailleurs de fonds internationaux (Onu, UE, Banque Mondiale, agences de développement, ONG..).
Actuellement, "environ 7,1 millions de personnes sont en besoin d'assistance alimentaire, dont 3,7 millions dans le nord-est du Nigeria", en majorité des familles d'éleveurs, a précisé le réseau dans son communiqué final.
Dans la région du Sahel, les récoltes céréalières ont légèrement progressé de façon globale durant la campagne 2017-18, à 67,7 millions de tonnes (+2,5% par rapport à 2016-17), mais des baisses sensibles sont enregistrées dans plusieurs pays et les prix des denrées locales, céréales et tubercules restent "plus élevés que la moyenne des cinq dernières années", s'est inquiété le réseau.
Ceci entraîne une précocité des transhumances transfrontalières habituelles "dans un contexte sécuritaire difficile", faisant craindre "de nombreux conflits entre pasteurs et agriculteurs dans les zones de transit et les pays d'accueil", souligne le réseau.
La situation alimentaire "critique" dans plusieurs zones de la bande sahélienne (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) affecte surtout des ménages de "pasteurs" (bergers ou éleveurs). Elle est aggravée "par l'insécurité persistante dans le bassin du lac Tchad et la zone du Liptako-Gouma", située à cheval sur le Mali, le Burkina Faso et le Niger, indique le communiqué.

Le parquet allemand refuse d'interdire un "Mein Kampf" théâtral (18.04.2018)

Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 18/04/2018 à 17h05 | Publié le 18/04/2018 à 17h00
Le parquet de Constance en Allemagne a refusé aujourd'hui au nom de la liberté artistique d'interdire une représentation théâtrale satirique de "Mein Kampf" lors de laquelle une distribution de croix gammées et d'étoiles jaunes est prévue. Le parquet a ainsi rejeté, selon l'agence allemande dpa, plusieurs plaintes qui avaient été déposées après que le théâtre de Constance eut promis une entrée gratuite à qui acceptera de porter des brassards frappés d'une croix gammée lors de la première de la pièce vendredi 20 avril, date de naissance d'Hitler.
A ceux qui achèteraient leur billet, "nous (...) proposons de porter une étoile de David dans l'enceinte du théâtre en signe de solidarité avec les victimes de la barbarie nationale-socialiste (nazie)", écrivent les responsables du théâtre sur leur site internet. Les symboles nazis sont prohibés en Allemagne. Le théâtre dit vouloir ainsi démontrer à quel point il est facile de corrompre.
La pièce "Mein Kampf", une farce noire et grinçante du Hongrois George Tabori (1914-2007) datant de 1987, fait référence au pamphlet programmatique rédigé par Adolf Hitler lorsqu'il était en prison avant de prendre le pouvoir, en 1924-25.
La Société germano-israélienne dans la région du Lac de Constance et la Société pour la coopération judéo-chrétienne ont appelé au boycott de la pièce. Cette polémique intervient alors que les autorités allemandes s'inquiètent de la montée de l'antisémitisme. Mercredi, le gouvernement a d'ailleurs dénoncé une agression présumée contre deux Juifs filmée par une des victimes à Berlin.

La mairie de Toulouse renonce au couvre-feu (18.04.2018)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 18/04/2018 à 16h37 | Publié le 18/04/2018 à 16h34
La mairie de Toulouse ne prendra finalement pas un arrêté de couvre-feu pour mineurs dans les quartiers qui sont depuis trois nuits le théâtre d'échauffourées entre jeunes et policiers car la "situation est sous contrôle", a indiqué à l'AFP le maire LR Jean-Luc Moudenc.
"Les évènements de la nuit passée sont sans commune mesure avec ceux des deux nuits précédentes. Les parents ont compris que les enfants n'ont rien à faire dehors la nuit dans ce contexte de violence urbaine", a-t-il ajouté dans une déclaration écrite. "Après avoir échangé avec la préfecture, il semble que la situation est sous contrôle grâce au professionnalisme des forces de l'ordre. Pour ces raisons, je ne prendrai pas ce soir un arrêté interdisant la circulation de mineurs la nuit", a poursuivi M. Moudenc.

Des migrants africains violés et torturés au Yémen (18.04.2018)

Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 18/04/2018 à 15h54 | Publié le 18/04/2018 à 15h39
Des hommes, femmes et enfants fuyant la corne de l'Afrique ont été victimes de torture et de violences sexuelles aux mains de fonctionnaires yéménites, a rapporté aujourd'hui l'organisation Human Rights Watch (HRW).
L'ONG de défense des droits de l'Homme a interrogé huit migrants ayant été détenus dans un centre du quartier de Buraika, à Aden (sud), ainsi que des responsables gouvernementaux yéménites. En 2017, plus de 87 000 personnes sont arrivées au Yémen depuis la corne de l'Afrique en 2017, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui a demandé un "accès sans entraves" aux détenus.
Des migrants étant passés par le centre de détention de Buraika ont été battus par des geôliers armés de barres métalliques, agressés sexuellement, et ont enduré de terribles conditions sanitaires, a indiqué HRW. Certains détenus, notamment de jeunes garçons, ont été violés par des geôliers, d'après le rapport.
"Chaque nuit, ils en prenaient un, pour le violer, a confié un ex-détenu. Pas tous. Les plus petits. Je connais sept garçons qui ont été agressés sexuellement." Au moins deux détenus ont été tués par balle, selon des témoins, a ajouté HRW. Un ressortissant éthiopien qui a réussit à s'évader cette année a dit à l'ONG qu'il y avait seulement "deux façons" de quitter le centre de Buraika, en payant des passeurs ou en étant déporté par voie maritime vers Djibouti.
L'ONG appelle le gouvernement yéménite, exilé à Aden, à faire respecter les normes internationales de l'ONU dans les centres de détention, faire en sorte d'avoir des gardiennes dans les locaux pour femmes, et mettre fin à la détention d'enfants. Elle lui demande également de s'assurer que les détenus ont le droit de déposer une demande d'asile et de contester leur déportation.
Le Yémen est entré fin mars dans sa quatrième année d'une guerre meurtrière entre les rebelles Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa, et une coalition militaire sous commandement saoudien soutenant les forces du gouvernement internationalement reconnu. Le conflit a fait quelque 10.000 morts, dont de nombreux civils, et a provoqué la "pire catastrophe humanitaire actuelle au monde", selon l'ONU.

Syrie: une équipe de sécurité de l'ONU essuie des tirs à Douma (18.04.2018)

Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 18/04/2018 à 15h04 | Publié le 18/04/2018 à 14h22
Une équipe de sécurité de l'ONU a essuyé des tirs hier dans la ville syrienne de Douma alors qu'elle effectuait une mission de reconnaissance pour préparer le déploiement d'experts chargés d'enquêter sur une attaque chimique présumée, a rapporté aujourd'hui un responsable de l'ONU.
"Une équipe de sécurité de l'ONU a essuyé des tirs hier alors qu'elle était en reconnaissance à Douma", a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat. "Ils n'ont pas été blessés et sont retournés à Damas", a-t-il ajouté.
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Syrie/Douma: les casques blancs disent à l'OIAC où sont enterrées les victimes (18.04.2018)

Par Le Figaro.fr avec Reuters
Mis à jour le 18/04/2018 à 14h13 | Publié le 18/04/2018 à 14h10
Les "casques blancs" de la défense civile syrienne ont indiqué aujourd'hui aux inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) où étaient enterrées les victimes de l'attaque à l'arme chimique du 7 avril à Douma, imputée au régime syrien.
"Nous avons fourni aux membres de la mission d'observation de l'OIAC toutes les informations que nous avions sur l'attaque chimique, dont la localisation exacte des tombes des victimes", a dit à Reuters Raed Saleh, le dirigeant de l'organisation de secouristes. Les inspecteurs sont arrivés à Damas le week-end dernier mais ils n'ont, pour l'instant, toujours pas pu se rendre à Douma ni sur le site présumé de l'attaque. Ces derniers ont dû reporter leur visite mercredi pour des raisons de sécurité, faisant état de tirs sur le lieu prévu de leur déploiement, a-t-on appris auprès de spécialistes du dossier.
Les Etats-Unis ont accusé la Russie lundi d'empêcher les inspecteurs d'atteindre le site de l'attaque présumée et ont déclaré que les Russes ou les Syriens avaient peut-être tenté de faire disparaître des preuves sur le terrain. Le gouvernement et ses alliés russes affirment que l'attaque de Douma a été inventée pour justifier les frappes militaires menées samedi par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France.
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GB: enquête sur «l'impartalité» de RT News (18.04.2018)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 18/04/2018 à 13h26 | Publié le 18/04/2018 à 13h11
L'Ofcom, le régulateur britannique des médias, a annoncé aujourd'hui lancer plusieurs enquêtes sur "l'impartialité" de la chaîne russe RT News, suite au traitement par ce média de l'affaire de l'empoisonnement d'un ex-espion russe dans le sud-ouest de l'Angleterre.
"Depuis les évènements de Salisbury, nous avons observé une augmentation significative du nombre de programmes sur la chaîne RT qui méritent une enquête sur de possibles violations du code de radiodiffusion de l'Ofcom", a annoncé l'organisation dans un communiqué. En conséquence, l'"Ofcom a ouvert aujourd'hui sept nouvelles enquêtes sur l'impartialité des programmes d'information de la chaine RT News".
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OIAC : le Royaume-Uni dénonce le comportement «irresponsable» de la Russie (18.04.2018)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 18/04/2018 à 12h48 | Publié le 18/04/2018 à 12h15
Le Royaume-Uni a dénoncé le comportement "irresponsable" de la Russie aujourd'hui lors d'une réunion hautement confidentielle au siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye pour parler de l'affaire Skripal, un ex-espion russe empoisonné en Angleterre avec sa fille.
"Le comportement irresponsable de la Russie viole l'interdiction mondiale des armes chimiques" et "menace la sécurité mondiale", a déclaré l'ambassade britannique auprès de l'OIAC dans un tweet, désignant à nouveau la Russie comme "le seul" responsable de l'empoisonnement.
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Notre-Dame-des-Landes : les agriculteurs dénoncent les concessions faites aux zadistes (17.04.2018)

Par Eric de La Chesnais
Mis à jour le 17/04/2018 à 20h47 | Publié le 17/04/2018 à 20h10
La Direction départementale des territoires de Loire-Atlantique a édité un formulaire pour permettre aux zadistes de déclarer leur projet agricole à l'administration, d'ici le 23 avril.
Les représentants des agriculteurs de Loire-Atlantique sont sur leur garde. Ils craignent que le formulaire édité vendredi dernier par la Direction départementale des territoires de Loire-Atlantique, à destination des zadistes pour qu'ils déclarent leur projet agricole à l'administration, ne soit en fait un passe-droit par rapport à la législation actuelle. «Ce document très sommaire a été concocté par les services de l'État sans que nous soyons prévenus, déplore Jacques Lemaître, président de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique. Nous avons obtenu des garanties comme quoi ce n'était pas un formulaire qui permettrait à des personnes qui n'ont pas le statut d'agriculteur d'outrepasser le code rural, mais juste à les identifier.»
Dans le détail, ce questionnaire intitulé «Projet agricole de Notre-Dame-des-Landes, déclaration d'intention» tient sur une page. Il comprend trois parties. La première est relative à l'identité du porteur du projet et son expérience professionnelle, notamment agricole.
Dans la deuxième, le rédacteur doit présenter succinctement les productions agricoles envisagées et leurs modes de commercialisation. Enfin, dans un tableau, il doit être indiqué les références cadastrales et les surfaces correspondantes. En revanche, il n'est nullement demandé au porteur du projet de signer ce document qu'il doit remettre avant le lundi 23 avril.
«Pour être agriculteur, la personne doit être en possession d'un diplôme reconnu par la profession»
Axel Gayraud, consultant foncier et aménagement du territoire, à la chambre d'agriculture régionale des Pays de la Loire
Pour l'instant, les candidats officiels à l'installation, parmi les zadistes, se comptent sur les doigts d'une main. «Ce formulaire a été mis en place à la va-vite pour essayer de calmer tout le monde, notamment les occupants de la ferme des “100 noms”, ajoute Jacques Lemaître. Ces derniers ne veulent pas s'identifier de manière individuelle car ils ont un projet collectif.» Toutefois, on ne naît pas agriculteur, «certaines personnes veulent s'en affranchir mais elles doivent respecter un minimum d'étapes», rappelle la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique. Et cela prend du temps, plusieurs mois, voire plusieurs années.
«Pour être agriculteur, la personne doit être en possession d'un diplôme reconnu par la profession. Elle doit être enregistrée au centre de formalité des entreprises à la chambre d'agriculture, être affiliée à la Mutualité sociale agricole (régime de Sécurité sociale des agriculteurs, NDLR), avoir obtenu l'autorisation administrative d'exploiter et avoir passé un bail à ferme sur les terres dont elle va avoir la jouissance», énumère Axel Gayraud, consultant foncier et aménagement du territoire, à la chambre d'agriculture régionale des Pays de la Loire. Une fois toutes ces conditions remplies, le futur agriculteur pourra demander à bénéficier d'aides européennes au titre de la PAC (politique agricole commune).
Reste que les terres agricoles de la ZAD sont exploitées jusqu'à maintenant par une quarantaine d'agriculteurs qui comptent bien continuer à le faire.

Des paysans craignent d'être dépossédés
Les 36 agriculteurs qui exploitaient une partie des terres de la ZAD, sans toutefois y résider, entendent bien continuer à le faire. Il y a un mois, ils se sont regroupés en association pour faire respecter leurs droits et ne pas se faire dépasser par les projets des zadistes. «Notre association compte 31 fermes exploitant 650 hectares sur la ZAD. Nous voulons continuer à en avoir la jouissance à long terme», souligne Michaël Mary, président de l'Association pour le maintien des exploitations légales sur l'ancienne zone aéroportuaire (Amelaza). Depuis le 9 février 2008, date de déclaration d'utilité publique du projet d'aéroport de NDDL, les agriculteurs étaient liés avec l'État par une convention d'occupation précaire des terres qu'ils devaient renouveler chaque année.
«Nous voulons revenir à la situation d'avant 2008 et exploiter ces terres dans des conditions normales, à travers un bail à ferme classique de 18 ans, explique Michaël Mary, lui-même éleveur laitier à Treillières, une commune voisine. C'est important pour l'équilibre économique de nos fermes. Nous percevions des subventions européennes sur ces terres». Elles s'élevaient à environ 275 euros par hectare pour une location de 70 euros par hectare. Un point de vue qui ne fait pas l'unanimité au sein du milieu agricole. «Il faut favoriser l'installation et légitimer les actuels occupants qui ont lutté contre l'aéroport: les zadistes avec un projet agricole, insiste Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Il y a suffisamment de terres pour satisfaire beaucoup de monde».
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Sociologiquement, «il y a tous les éléments pour que le zadisme se poursuive» (17.04.2018)

Par Stéphane Kovacs
Mis à jour le 18/04/2018 à 12h06 | Publié le 17/04/2018 à 20h02
VIDÉO - Le politologue Eddy Fougier pointe une «erreur d'interprétation» du gouvernement à Notre-Dame-des-Landes, liée à une «mauvaise connaissance du mouvement».
Le zadisme est-il un phénomène appelé à durer? Selon le politologue Eddy Fougier, auteur de deux notes sur «Les Zadistes» pour la Fondapol, «le gouvernement a commis une erreur d'interprétation sur la détermination des zadistes: il est parti de l'hypothèse qu'ils s'en iraient très vite dès l'annonce du renoncement à l'aéroport». Or leur objectif est désormais de «mettre en place une alternative dans ces zones qu'ils considèrent comme “libérées”». Sociologiquement, «il y a tous les éléments pour que cela se poursuive».
À Notre-Dame-des-Landes, «ce n'est pas uniquement le rejet de l'aéroport qui était en jeu, c'est aussi l'idée de créer ces communautés autonomes basées sur les principes décroissants, sur une logique libertaire, décrypte Eddy Fougier. C'est la raison pour laquelle les zadistes ne veulent pas quitter les lieux». Ils sont même de plus en plus nombreux. «Ce qui, à mon avis, a péché, précise le politologue, c'est cette mauvaise connaissance du mouvement qui n'est pas qu'un mouvement de blocage, de sabotage, mais qui rassemble aussi un certain nombre de personnes ayant décidé de rompre avec la société - pour les plus radicaux, avec le travail - dans une logique un peu anarchiste.»
Même problématique à Bure
Qui sont ces jeunes zadistes? «Ils ont souvent un certain nombre de qualifications, viennent des classes moyennes et sont souvent dans des situations un peu précaires, répond-il. Ce sont les mêmes - sociologiquement, en tout cas - que l'on retrouvait sur les places publiques dans le cadre du mouvement Nuit debout, au printemps 2016. Ces populations qui sont à la fois qualifiées et qui ne trouvent pas leur place dans la société sont relativement nombreuses.»
«J'en ai rencontré un, raconte-t-il, diplômé de Sciences Po, qui avait travaillé dans un cabinet ministériel. Il parlait de désertion et m'expliquait que pas mal de camarades de sa promotion suivaient le même cheminement…»
«Si Notre-Dame-des-Landes disparaît, il y aura d'autres projets contestés et même s'ils n'auront pas l'appellation “ZAD”, l'esprit sera le même»
Eddy Fougier
Au-delà, «il y a la tentation de sortir du système: les cabanes dans les arbres, les yourtes et les toilettes sèches, on en voit de plus en plus, souligne Eddy Fougier. On a exactement la même problématique à Bure, dans la Meuse. Croire qu'ils sont là uniquement pour bloquer le projet d'enfouissement des déchets nucléaires, c'est sous-estimer leur force. Ils rachètent des maisons et s'installent pour créer des bars, des lieux culturels ou faire de la permaculture. Donc il y a cette tentation de ne plus jouer le jeu d'une société de consommation». Le contexte est favorable, les idées décroissantes font leur chemin dans la société française: «Il y a eu un salon du survivalisme à Paris en mars, note l'expert. Ces craintes de la grande catastrophe, quelle qu'elle soit - climatique, géopolitique, une pandémie, un effondrement du système de protection sociale - peuvent effectivement inciter des gens à sortir du système et créer leur propre communauté, comme les hippies des années 70.»
Mais «si Notre-Dame-des-Landes disparaît, il y aura d'autres projets contestés et même s'ils n'auront pas l'appellation “ZAD”, l'esprit sera le même, insiste-t-il. Certains commentateurs voient à Notre-Dame-des-Landes une sorte de pépinière de projets alternatifs! Le fait de considérer ces zones comme des laboratoires d'un monde différent est un facteur qui peut les amener à perdurer d'une manière ou d'une autre, dans un cadre plus légal». Ce n'est d'ailleurs pas qu'un phénomène français: «en Grande-Bretagne, par exemple, le projet d'extension de l'aéroport d'Heathrow a fait l'objet d'une même contestation, précise le politologue. Aujourd'hui, quand on a 20 ans et qu'on a envie de changer le monde, on ne va pas lire les publications d'Attac, on va directement sur une ZAD!».

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Grand reporter, chargée des questions de société
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Thématique : Notre-Dame-des-Landes  
France


Turquie : Erdogan convoque des élections anticipées (18.04.2018)

Par Delphine Minoui
Mis à jour le 18/04/2018 à 19h20 | Publié le 18/04/2018 à 18h46
VIDÉO - Prenant l'opposition par surprise, le chef de l'État turc, dont les pouvoirs ont été renforcés par une réforme constitutionnelle,a annoncé mercredi que les élections législatives et la présidentielle se tiendront le 24 juin prochain, un an et demi avant la date prévue.
La rumeur courait depuis plusieurs semaines. Ce mercredi 18 avril, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a fini par la confirmer en personne: des élections présidentielle et législatives anticipées se tiendront le 24 juin prochain, soit un an et demi avant la date prévue. «Nous avons décidé de tenir ces élections le dimanche 24 juin 2018», a déclaré à Ankara le chef de l'État turc devant un parterre de journalistes. Mardi, la veille, le chef du Parti nationaliste MHP avait déjà créé la surprise en appelant à un scrutin anticipé le 26 août. Vieux routier de la politique turque et nouvel allié de circonstance de l'AKP (le parti au pouvoir), Devlet Bahçeli s'était ensuite entretenu pendant une demi-heure, ce mercredi au palais présidentiel d'Ankara, avant qu'Erdogan ne fasse sa sortie publique. Les deux hommes, autrefois rivaux politiques, ont récemment conclu un accord électoral en vue des prochains scrutins. Initialement prévues pour le 3 novembre 2019, ces élections marqueront le passage au système présidentiel, et donc au renforcement des prérogatives du chef de l'État, adopté lors du référendum sur la nouvelle Constitution en avril 2017.
Les opposants sous le choc
«Nous sommes prêts pour les élections. La déclaration d'Erdogan prouve qu'il va perdre. La nation turque n'en peut plus. 2018 sera l'année de la démocratie»
Kemal Kiliçdaroglu, chef du parti républicain d'opposition CHP
De toute évidence, le président turc entend surfer sur l'affaiblissement de l'opposition mais aussi sur la «victoire» de son armée à Afrine, en Syrie, pour capitaliser un maximum de voix. Les experts voient également dans la précipitation du scrutin la volonté d'augmenter au plus vite les taux d'intérêt pour relancer l'économie - une mesure peu populaire.
Les opposants sont sous le choc. «Je n'en reviens pas!», murmure une journaliste qui préfère garder l'anonymat. Pour elle, pas de doute: «C'est une accélération flagrante de la dérive autoritaire du pays.» Cette annonce s'inscrit dans la continuité d'une dégradation de la libre expression: journalistes arrêtés, professeurs d'université poursuivis en justice, dissidence prokurde muselée… Le tout dans un contexte d'état d'urgence, régulièrement prolongé depuis la tentative de coup d'État raté de juillet 2016. La nouvelle prend également de cours le nouveau parti d'opposition, le Parti Iyi, dont la leader, Meral Aksener, entend faire campagne contre Erdogan. «Beaucoup, en Turquie, pensent que la date a été soigneusement choisie pour exclure le nouveau parti Iyi des urnes - sa période légale de six mois de formation se terminant le 28 juin!», observe sur son compte Twitter l'écrivain turc Mustafa Akyol.
L'intéressée refuse de se laisser démonter. «Ils ont peur. Je sais que ces Frères ont peur et ne s'attendaient pas à un tel niveau de peur. Je concourrai comme candidate en juin. Les lâches meurent plusieurs fois avant leur mort. Nous l'emporterons le 24 juin», a aussitôt prévenu Meral Aksener dans une intervention publiée par le quotidien Cumhuriyet. Cité par le journal Hürriyet, le chef du parti républicain d'opposition CHP, Kemal Kiliçdaroglu, tient tête, lui aussi: «Nous sommes prêts pour les élections. La déclaration d'Erdogan prouve qu'il va perdre. La nation turque n'en peut plus. 2018 sera l'année de la démocratie».

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«Niveau catastrophique et bureaucratie : pourquoi j'ai fui l'université française» (18.04.2018)

Par Gaspard Koenig
Publié le 18/04/2018 à 18h47
OPINION - Notre système universitaire est à bout de souffle et ce ne sont pas davantage d'État et d'égalitarisme qui le sauveront, analyse dans une tribune l'essayiste libéral Gaspard Koenig, qui invite les étudiants à ne pas se tromper de combat.
J'aurais volontiers passé ma vie dans les doux pâturages de la carrière académique. Cette existence faite de lectures, d'écriture, de conférences et de contact avec des esprits en éveil me convenait parfaitement. Après avoir passé les concours nécessaires, j'ai commencé à enseigner la philosophie en tant que chargé de cours, comme de nombreux thésards. C'est là que j'ai découvert l'université française. Au bout d'un an, j'ai fui. Depuis, je suis un fervent partisan de la sélection, qui se retrouve un peu par hasard dans le débat public, quarante ans après l'échec tragique de la loi Devaquet. Voici donc un retour d'expérience, certes limité à une seule fac, mais notre jacobinisme administratif a ceci de commode qu'elles se ressemblent toutes.
Peu importent au fond les locaux dégradés, les toilettes qui ne ferment pas, les cantines universitaires qui font regretter les épinards. Peu importent les faibles salaires, inférieurs à ceux des cheminots (2 200 euros brut pour un maître de conférences, poussivement augmenté à l'ancienneté). Peu importe la bureaucratie omniprésente (je me rappelle encore les formulaires à remplir pour faire des photocopies). Peu importe ce no man's land pédagogique où, dans le labyrinthe des amphis et des TD, il est impossible de suivre individuellement les étudiants. Peu importent les groupuscules d'extrême gauche qui, avec l'arrivée du printemps, tiennent leur AG sur l'esplanade centrale. L'essentiel n'est-il pas de pouvoir enseigner? De transmettre le savoir? L'absence de moyens matériels est une contrepartie de la gratuité. Même si cela nous laisse bien démunis en comparaison des puissantes universités anglo-saxonnes, une telle austérité peut se défendre. Pourquoi ne pas faire de la philosophie dans une forme de dépouillement stoïcien?
«Comment étudier Kant quand on ne sait pas accorder les verbes au pluriel ou mettre des points à la fin des phrases ? Les communiqués de l'Unef truffés de fautes d'orthographe et de grammaire amusent la Toile mais reflètent la réalité des études supérieures»
Gaspard Koenig
Mais ce qui vous brise l'âme, c'est de corriger toutes ces copies des premières années où les fondamentaux de la langue française ne sont clairement pas acquis. Comment étudier Kant quand on ne sait pas accorder les verbes au pluriel ou mettre des points à la fin des phrases? Les communiqués de l'Unef truffés de fautes d'orthographe et de grammaire amusent la Toile mais reflètent la réalité des études supérieures.
Le baccalauréat a été conçu par Napoléon comme le premier grade universitaire précisément pour éviter ces erreurs de parcours. Au cours du XIXe siècle, le nombre de bacheliers se comptait par centaines. La massification de l'enseignement, dont il faut se réjouir, a rendu ce système obsolète. Il serait donc logique de reporter le processus de la sélection sur les universités elles-mêmes, comme partout dans le monde. Ainsi pourrait naître une saine diversité de cursus et d'approches. Rien n'empêcherait certains établissements de maintenir leurs portes ouvertes: il faut des Vincennes, des lieux de contre-culture et de savoir alternatif, mais ils ne peuvent représenter un modèle universel.
La cruauté n'est pas là où l'on croit. La cruauté, c'est de laisser des jeunes retaper indéfiniment leur licence de sociologie, psychologie, philosophie et lettres modernes: moins d'un tiers des étudiants obtiennent leur licence en trois ans, proportion qui tombe sous les 10 % pour les bacheliers issus des filières technologique et professionnelle. La vingtaine bien entamée, ils se retrouvent sur le marché du travail sans diplôme valable. Il y a aujourd'hui un demi-million d'étudiants en sciences humaines (hors droit et économie): quel est leur avenir?
Le conservatisme n'est pas là où l'on croit. L'éducationnaliste américain E.D. Hirsch a montré, dans son livre Cultural Literacy, l'exceptionnel niveau intellectuel (et orthographique!) des textes des Black Panthers. Les vrais révolutionnaires sont des lettrés, charriant avec eux une culture qu'ils rejettent pour mieux la transformer. Il n'y a pas de critique sans rumination. Les révoltés de Mai 68, dont mes parents faisaient partie, lisaient Marcuse et Kerouac. Ceux d'avril 2018 répètent les slogans de mamie-papi et réclament encore plus d'État, sans voir que la contestation prend aujourd'hui d'autres formes, depuis les cryptomonnaies jusqu'aux îles autogérées (seasteading) imaginées par les libertariens.
Enfin, la justice sociale n'est pas non plus là où l'on croit. Aujourd'hui, l'élite fait tout pour éviter à ses rejetons le purgatoire de la fac. Elle les envoie en prépas, à l'étranger ou dans des établissements privés. Ce système à deux vitesses, hypersélectif d'un côté et hyperégalitaire de l'autre, entretient la reproduction sociale et détruit l'idéal méritocratique. Si tout le monde a 10/20 à ses partiels, devinez qui va décrocher le job?
Il est difficile de ne pas éprouver de sympathie pour un jeune qui lève le poing. Je me permets simplement de lui faire remarquer que ce poing, il est aujourd'hui en train de se l'envoyer dans la figure.
Gaspard Koenig est l'auteur de: «Voyages d'un philosophe aux pays des libertés», Éditions de l'Observatoire, 2018.

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Gaspard Koenig

Guillaume Tabard : «Immigration, la transgression calculée de Wauquiez» (18.04.2018)

Par Guillaume Tabard
Publié le 18/04/2018 à 18h48
CONTRE-POINT - En remettant en cause le droit du sol, le patron de LR assume une stratégie réfléchie : être montré du doigt prouve à son électorat qu'il se moque des injonctions du «politiquement correct».
Confronté à la séduction exercée par Emmanuel Macron sur l'électorat LR et à la résistance de Marine Le Pen, Laurent Wauquiez contre-attaque sur le terrain de l'immigration. En brandissant deux étendards symboliques: sur le fond, la remise en cause du droit du sol ; sur la forme, le recours au référendum.
Droit du sol. Il a suffi que le président des Républicains mette la question sur la table pour que plusieurs députés de La République en marche l'accusent de parler comme le Front national. Destinée à embarrasser Wauquiez, cette attaque pourrait au contraire l'aider à retenir l'attention de l'opinion.
D'abord parce que la polémique permet de créer du clivage avec le gouvernement. Le projet de loi de Gérard Collomb suscite l'ire de la gauche «morale» et des milieux associatifs ainsi que des doutes au sein de la majorité. Comme sur Notre-Dame-des-Landes, les facs ou la SNCF, le gouvernement apparaît donc du côté de la fermeté. Avec le droit du sol, Wauquiez déplace le curseur et montre que la position macronienne est loin d'être la plus ferme possible sur la question de l'immigration.
Wauquiez est convaincu qu'il a plus à perdre à donner des gages d'incompatibilité avec le FN qu'à assumer son positionnement
La comparaison avec le Front national peut ensuite avoir un effet autre que celui recherché par les adversaires de Wauquiez. Car là encore, les porte-parole de la majorité macroniste ne font que reprendre l'argument dont la gauche a usé et abusé pour «diaboliser» la droite et la contraindre à brider son discours sur l'immigration. C'est un des marqueurs voulu par le président des Républicains: être montré du doigt prouve à son électorat qu'il se moque des injonctions du «politiquement correct». Le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes est convaincu qu'il a plus à perdre à donner des gages d'incompatibilité avec le FN qu'à assumer son positionnement. Ce pari est d'autant plus fondé que l'immigration est le sujet sur lequel l'écart est le plus large entre les exigences de l'opinion et les réticences des politiques.
Il y aurait un danger pour Wauquiez à aller sur cette question du droit du sol si elle risquait d'accroître les divisions au sein des Républicains et de justifier un divorce définitif entre les «deux droites» théorisées par Valérie Pécresse au lendemain de l'élection du nouveau président du parti. Or, sur l'immigration, la démarche de la patronne de la région Île-de-France a surtout consisté à être la première à s'exprimer et à réclamer des mesures plus fortes pour «reprendre le contrôle des flux migratoires».
En remettant le sujet du droit du sol sur le tapis, Wauquiez ne lève pas un tabou car cela fait longtemps que ce tabou n'existe plus dans l'opinion
Même sur le droit du sol, Pécresse veut instaurer des conditions, lesquelles avaient été déjà formulées par le si peu droitier Alain Juppé lors de la primaire de la droite. Si fracture il y a chez Les Républicains, ce ne sera donc pas sur ce terrain. Inversement, la demande d'un référendum rejoint celle de Nicolas Dupont-Aignan, ce qui peut aider Laurent Wauquiez à retenir un électorat tenté par d'autres formes d'expression ou d'organisation à droite.
En fait, en remettant le sujet du droit du sol sur le tapis, Wauquiez ne lève pas un tabou car cela fait longtemps que ce tabou n'existe plus dans l'opinion. L'histoire elle-même rappelle qu'instauré en 1851 pour gonfler les effectifs de l'armée, ce «droit» n'est pas congénital à la République. Ou qu'en 1993 - il y a un quart de siècle! -, le gouvernement Balladur l'avait déjà assorti de conditions, supprimées ensuite par Lionel Jospin. Le vrai risque pour le président des Républicains n'est donc pas de choquer par son audace, mais d'être interrogé sur sa détermination à passer aux actes le moment venu.

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Les violences à Toulouse posent à nouveau la question des «zones de non-droit» (18.04.2018)

Par Paul Sugy
Mis à jour le 18/04/2018 à 15h01 | Publié le 18/04/2018 à 12h20
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Plusieurs quartiers de Toulouse sont en proie depuis dimanche soir à des émeutes urbaines. Pour Guillaume Jeanson, ces violences révèlent que les politiques de sécurité n'ont toujours pas restauré l'ordre républicain dans ces «territoires perdus».

Guillaume Jeanson est avocat au Barreau de Paris et porte-parole de l'Institut pour la Justice.

RAPPEL DES FAITS. À Toulouse, depuis dimanche soir, les quartiers «chauds» de la ville sont le théâtre de violences d'une rare intensité. Chaque nuit des véhicules sont incendiés par dizaines par de jeunes émeutiers qui tendent aux forces de l'ordre des guets-apens: ils prennent ensuite la police ou les pompiers à partie, allant jusqu'à leur jeter des projectiles ou leur tirer dessus au mortier. Le commissariat du quartier du Mirail a également été la cible d'un caillassage.
FIGAROVOX.- Les violences urbaines qui ont lieu à Toulouse depuis dimanche soir ressemblent à un «jeu du chat et de la souris» avec les policiers. Que cherchent les jeunes émeutiers?
Guillaume JEANSON.- La face immédiatement visible des violences urbaines survenues trois soirs de suite à Toulouse depuis dimanche est celle qui oppose des policiers aux jeunes émeutiers. Suivant une grille de lecture bien connue, certains ne manqueront pas d'analyser ces émeutes comme les derniers remous d'une inimitié profonde opposant ces jeunes «stigmatisés» à une police dont ils exècrent légitimement les bavures réelles ou supposées. Suivant un tel prisme, ces actions s'inscriraient dans une logique de «résistance» face à une «oppression» de l'État.
L'enjeu ici est de soustraire certaines zones aux lois de la République pour les soumettre à d'autres lois.
Sans nier le fait que bon nombre des jeunes émeutiers vivent probablement leur combat ainsi, il est essentiel de ne pas occulter une autre réalité. Une réalité déjà bien connue des criminologues et des acteurs de terrain, que l'on retrouve systématiquement à l'œuvre dans la dynamique conduisant à ce qu'il est désormais convenu d'appeler «zones de non-droit». L'enjeu ici est le contrôle d'un territoire. L'enjeu ici est de soustraire certaines zones aux lois de la République pour les soumettre à d'autres lois. Les jeunes émeutiers cherchent donc surtout, par des méthodes proches parfois de la guérilla urbaine, à chasser toute émanation de l'État. C'est ce qui explique pourquoi, au-delà des policiers, dans les «territoires perdus de la République», des pompiers, des postiers et des médecins sont aussi pris pour cible. La population, elle, se retrouve prise en otage. Pourquoi un tel contrôle est-il recherché? Mon confrère Thibault de Montbrial l'a récemment écrit dans vos colonnes: «pour deux raisons: continuer de faire prospérer (les) trafics, et maintenir une logique communautaire dictée par un islam radical.»
Certaines sources citent comme cause du déclenchement des violences le contrôle d'une femme en niqab, qui aurait dégénéré. Ce vêtement n'est-il pas interdit par la loi? Est-il encore beaucoup porté?
D'autres sources citent également comme cause de ce déclenchement la rumeur suivant laquelle des surveillants pénitentiaires seraient à l'origine de la mort ce week-end d'un jeune détenu toulousain. Malgré la confirmation du parquet du suicide par pendaison de ce dernier au quartier disciplinaire, de nombreux incidents sont survenus. Avant-hier, 200 détenus ont refusé de réintégrer leurs cellules, hier encore 90 d'entre eux opéraient un blocage. Les ERIS, les équipes régionales d'intervention et de sécurité, ont même dû intervenir dans la prison. Compte tenu des proportions qu'a pris ce drame, il est vraisemblable qu'il ait également eu un fort retentissement au Mirail.
Pour revenir au niqab sur lequel vous m'interrogez, rappelons qu'il s'agit d'un voile intégral qui couvre le visage à l'exception des yeux - point qui le différencie d'ailleurs de la burqa. Il apparaît ainsi pour beaucoup comme le double signe d'un islam radical et de la soumission de la femme. Ces dernières années, de nombreux pays l'ont interdit. L'année dernière, le Maroc en a par exemple interdit la fabrication et la vente, alors que l'Allemagne en a interdit partiellement le port. En France, il faut remonter à 2010: une résolution a d'abord été adoptée par l'Assemblée nationale le 11 mai pour considérer «que les pratiques radicales attentatoires à la dignité et à l'égalité entre les hommes et les femmes, parmi lesquelles le port d'un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la République». Une loi a ensuite été promulguée le 11 octobre suivant, pour interdire la dissimulation du visage dans l'espace public. Cette loi a été abondamment critiquée et son application n'a donc été que sporadique. Tout le monde garde en mémoire les «coups d'éclat» médiatiques de Rachid Nekkaz, cet homme d'affaires algérien qui payait ostensiblement les amendes auxquelles étaient condamnées les femmes violant cette nouvelle loi.
Pourquoi le port du voile intégral cristallise-t-il encore autant de tensions?
En France, le port du niqab dans l'espace public exacerbe les tensions car il est un exemple visible de l'opposition frontale entre certaines obligations religieuses - défendues par une conception particulièrement rigoriste de l'islam - et un interdit républicain. Il est donc d'un côté perçu comme un mépris de l'autorité de l'État, signe d'un repli communautaire inquiétant, et de l'autre, comme un prétexte de stigmatisation et de harcèlement islamophobe.
Lorsque les policiers font respecter la loi, cela peut constituer une agression aux yeux de la population.
En janvier 2017, France 2 diffusait un reportage de François Chilowicz sur le quartier du Mirail intitulé «quartier impopulaire». Après avoir expliqué posément et face caméra pourquoi «il n'était pas Charlie», l'un des habitants interrogés poursuivait en ces termes: «Moi je trouve qu'ils nous bloquent, ils nous bloquent en parlant du voile, oui faut pas faire ci, faut pas mettre ça, non c'est mal vu ci, les barbes et les barbus, cela devient stigmatisant…» La voix off reprenait: «Autant s'y habituer, toute discussion dans le quartier finit souvent par une référence à l'islam, ça marche comme ça ici, la religion vient remplir les vides et soulager l'existence». Un peu plus loin, au sujet d'un rappeur avertissant que «sans l'islam, Reynerie serait Chicago (…) car il y a l'islam et il y a quand même des armes qui circulent…», la voix off explicitait: il «est le premier qui m'a fait sentir combien les habitants du Mirail dressaient l'islam autour d'eux comme une barrière de sécurité, une faille sensible qui les touche en plein cœur et qu'il ne faut pas agresser.» «L'agression» semble avoir pris ici la forme du contrôle de cette femme en niqab. Si tel devait être le cas, il serait alors extrêmement préoccupant d'observer que désormais le seul fait pour la police de faire respecter les lois de la République sur l'ensemble du territoire pourrait constituer, en lui-même, une «agression» aux yeux d'une partie de la population.
Le quartier du Mirail, à Toulouse, a été classé «ZSP», zone de sécurité prioritaire, par François Hollande. La paix n'y semble toujours pas revenue… Est-ce une exception, ou est-ce à l'image de nombreux autres quartiers?
Les ZSP sont un dispositif créé en 2012-2013 par le gouvernement Ayrault. Il s'est déroulé en trois vagues successives, délimitant d'abord quinze, puis quarante-neuf et enfin seize zones, toutes considérées par les pouvoirs publics comme «souffr(ant) plus que d'autres d'une insécurité quotidienne et d'une délinquance enracinée» ou «connai(ssant) depuis quelques années une dégradation importante de ses conditions de sécurité».
Pour le dire rapidement, l'idée était de doter ces zones d'un nombre plus important de policiers et de gendarmes. Les ZSP sont donc nombreuses et émaillent l'ensemble du territoire national. En ce sens on peut dire que le Mirail n'est pas une exception.
Est-ce que ces ZSP sont une réussite? Hélas non, comme les événements du Mirail nous le démontrent et comme l'illustrent également d'autres exemples. La toute première ZSP, celle de Barbès-Château-Rouge à Paris, qui comprend notamment en son sein le quartier de la rue Dejean, a par exemple été un lieu d'âpre résistance de la part des riverains, premières victimes de cette délinquance installée. Mobilisés en association, «la vie Dejean», ces riverains n'ont cessé, devant l'inertie des autorités et l'inefficacité des actions menées par la police, de mener avec courage toutes sortes de mobilisations, allant même jusqu'à saisir la justice. En 2016, le tribunal administratif de Paris a ainsi reconnu la faute de la préfecture et de la mairie pour l'insécurité et l'insalubrité du quartier. L'année suivante, la Cour administrative d'appel de Paris a confirmé cette décision. Et, plutôt que d'y apporter de vraies réponses sur le terrain, les autorités ont préféré poursuivre cette procédure en saisissant le Conseil d'État.
Le défi que posent ces quartiers est à la fois politique, juridique et culturel.
Comment se fait-il que l'État soit impuissant à y maintenir l'ordre républicain?
Les ZSP ont été, on le voit, une réponse largement insuffisante face à l'ampleur du problème. Nous ne pouvons qu'espérer de la part de la nouvelle police de sécurité du quotidien une plus grande efficacité face à ce fléau. Mais le défi est grand. Il est aussi juridique et politique que culturel. Interrogé récemment par l'Institut pour la Justice au sujet de cette nouvelle police, Patrice Ribeiro, commandant de police et secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers, le questionnait: «Comment des policiers peuvent-ils être crédibles et incarner l'autorité quand, à leur simple vue, les caïds du quartier, forts de leur sentiment d'impunité, les insultent et les agressent physiquement tout en revenant pérorer et bomber le torse le lendemain? Ce sont eux l'incarnation de l'autorité dans les cités. Nous le redeviendrons uniquement si toute la chaîne pénale fonctionne et que les magistrats cessent de simplement «dire le droit» sans s'imprégner des réalités locales. Il suffit souvent d'emprisonner les éléments les plus violents pour apaiser un quartier. C'est une dimension qui échappe trop souvent lors d'un jugement.»
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Chantal Delsol : «Le pragmatisme technocratique a remplacé la politique de convictions» (17.04.2018)

Par Chantal Delsol
Publié le 17/04/2018 à 18h58
TRIBUNE - Pour la philosophe, les interventions médiatiques d'Emmanuel Macron confortent une vision du pouvoir exclusivement pragmatique. Politique du «bon sens» et gouvernement des experts ont remplacé le débat entre visions du monde antagonistes.
La communication intensive d'Emmanuel Macron ces derniers jours laisse mieux apparaître la forme d'un pouvoir nouveau - une technocratie pragmatique, servie par une rhétorique froide. C'est une rupture avec la politique de convictions qui caractérise la démocratie. Tous les partis anciens brisés et confondus, la France s'est donné un gouvernement transversal aux partis, «en même temps» à droite et à gauche, ni libéral ni socialiste et en même temps les deux, en un mot, qui se revendique «pragmatique». L'action gouvernementale ne se légitime pas par des principes, des convictions, mais par l'évidence scientifique et le bon sens de Descartes.
Il y a dans l'esprit postmoderne une revendication de désinvolture, qui fait qu'on ne s'engage plus
Tout se passe comme s'il était devenu obscène de revendiquer des convictions pour asseoir les projets politiques. Les socialistes justifiaient leur action par leur croyance en la supériorité de l'égalité, et les libéraux par leur croyance en la supériorité de la liberté. D'ailleurs,la démocratie elle-même est fondée sur ce débat entre croyances, et jusque-là il était très mauvais pour un politique d'être dit «sans conviction» - il fallait alors qu'il en inventât sur-le-champ, faute d'apparaître comme un cynique. On dirait que ce débat entre croyances est à présent obsolète: peut-être déconsidéré par sa propension à la malhonnêteté intellectuelle, voire au fanatisme, et aux luttes pas toujours propres. Il y a dans l'esprit postmoderne une revendication de désinvolture, qui fait qu'on ne s'engage plus: «Une cause! On n'est pas province à ce point!» disait un personnage de Simone de Beauvoir. Défendre des convictions, c'est dépassé. Macron n'a pas de cause. Alors, au nom de quoi agit-il? Il fait ceci ou cela parce que c'est utile et nécessaire, parce que c'est efficace. Efficace pour aller où? Vers les finalités basiques du pragmatisme: le bien-être du peuple, en accord avec ses us et coutumes. Nous avons devant nous, essentiellement, une politique du bon sens.
Il s'avère que le chemin du bon sens est bienvenu et tout tracé, quand le pays s'est embourbé, gauche et droite confondues, dans l'économie administrée,dans la protection tous azimuts, dans l'indulgence et le relâchement de tout, depuis si longtemps que n'importe quel individu sensé voudra répondre à nos problèmes en allant, peu ou prou, en direction contraire. Il suffit d'un peu de bon sens pour voir que des entrepreneurs écrasés d'impôts vont embaucher hors de France et que la prospérité des Français passe par un allégement de leurs charges (ce que M. Plenel appelle en idéologue «un cadeau fait aux riches»).Il suffit d'un peu de bon sens pour savoir que l'apprentissage en classe primaire du lire-écrire-compter, et non pas les logorrhées savantes et prétentieuses, façonne l'avenir entier d'un enfant. Le bon sens suffit pour comprendre qu'un pays s'enfonce irrémédiablement dans la faillite en finançant des statuts hérités du socialisme ; ou bien encore qu'une société se défait si elle regarde des occupations de ZAD ou d'universités comme d'amusantes blagues. Le bon sens du pouvoir est bienvenu pour s'employer à nous libérer de la vieille idéologie socialiste dont nous ne nous sommes pas encore dépris. Ce que la droite n'a pas réussi à faire au nom de ses convictions,le président le fait au nom du pragmatisme. Il est devenu inconvenant de réformer en faisant appel aux grands principes, mais on peut réformer parce que «ça marche». Le président apparaît comme un grand libéral parce que,dans la France administrée, le moindre bon sens, à moins de mettre bientôt la clé sous la porte, réclame la liberté. Mais il ne croit qu'à l'efficace.
La société française n'a jamais réussi à devenir suffisamment adulte pour qu'on puisse s'y débarrasser de la hantise du chef
Et, probablement, il en ira ainsi au sujet de ce que l'on appelle le sociétal. Sauf qu'ici, l'efficacité signifie autre chose. L'histoire personnelle du président est une transgression postmoderne, c'est-à-dire légitimée et glorieuse. Cela fait-il de lui un défenseur de l'anarchie morale? C'est peu probable. En sa qualité de César pragmatiste, il a grand souci des croyances et des traditions diverses de son peuple. Le discours au Collège des Bernardins le montre abondamment. Il comprend bien le christianisme et respecte sa place, comme il marque ou marquera aussi bien la place des Juifs, des musulmans, des francs-maçons,des LGBT et des adorateurs de baleines. Il veillera à ne choquer personne,ce qui n'est pas difficile quand soi-même on est neutre.
C'est dire que le président,qui ne gouverne pas au nom d'un courant ou de convictions défendues pendant la campagne et victorieuses au scrutin,ne gouverne que pour les Français et leur bien-être. C'est là l'éternelle tentation française: se doter d'un chef qui, au-delà des partis, visera le bien commun loin de toutes les chapelles. Tentation monarchique et plus tard gaulliste. On n'en sort pas. La France adore. Nous voulons César. Nous admirons son intelligence et son charisme. Il dépasse les autres de cent coudées, et les deux journalistes en face de lui paraissent de minables idéologues demeurés en arrière (on n'est pas province à ce point!), juste placés là pour faire détester définitivement les convictions obsolètes. Lui déploie une rhétorique froide et souveraine, un brin condescendante, avec, si on le contredit, dans les yeux un éclat de colère qui n'augure rien de bon pour l'avenir. César est un père et les citoyens ses enfants. La société française n'a jamais réussi à devenir suffisamment adulte pour qu'on puisse s'y débarrasser de la hantise du chef.
Exclure du champ de vision les convictions et les courants de pensée, c'est exclure la véritable démocratie,qui ne se nourrit que de débats entre les diverses visions du monde
Exclure du champ de vision les convictions et les courants de pensée, c'est exclure la véritable démocratie,qui ne se nourrit que de débats entre les diverses visions du monde. On ne débat guère autour du bon sens, surtout quand il a été si malmené que les réponses s'imposent d'elles-mêmes. On est alors dans le Tina («There is no alternative»). Et, tout naturellement, César déploie la démocratie participative, qui se définit par la tenue de réunions multiples où inlassablement on entend le peuple sans l'écouter. Ce n'est pas là,comme le croient certains, une forme hypermoderne et supérieure de démocratie. C'est au contraire un retour à l'ancienne palabre,qui correspond - et ce ne peut être autrement- avec une autocratie. Car la palabre ne décide pas,elle entretient le besoin d'expression et cherche le consensus, au-delà duquel décide le chef unique, entouré de ses techniciens et de ses amis. Macron, qui s'est doté d'une majorité législative à sa dévotion,et de ministres techniciens, gouverne seul au-dessus de la mer des palabres.
Il s'agit bien là du gouvernement des experts, dit technocratie, qui laisse penser qu'il n'existe qu'une seule réponse, à la foi scientifique et de bon sens, aux questions politiques. Le président est un fils de la méritocratie française, et à la méritocratie(système que nous avons emprunté à la Chine) conviennent le pragmatisme et l'autocratie. Est-ce la fin des politiques de convictions, et donc de la démocratie comme débat entre les visions du monde?Ou bien une parenthèse qui nous permettra au moins,par des chemins inattendus, de nous libérer des vieux démons marxistes et de nettoyer les écuries d'Augias?

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Chantal Delsol

Gafam vs médias : l'urgence démocratique (17.04.2018)

Par COLLECTIF COLLECTIF
Mis à jour le 18/04/2018 à 10h56 | Publié le 17/04/2018 à 19h13
TRIBUNE - Le député Patrick Mignola et ses collègues du groupe MoDem* présenteront bientôt à l'Assemblée un projet de loi pour créer des «droits voisins» au profit des éditeurs de presse en ligne.
La société a déjà changé en profondeur. Internet, ses moteurs de recherche, ses réseaux sociaux et ses nouveaux circuits de distribution ont modifié nos modes de vie et de consommation. La révolution numérique s'est déroulée sans violence, et même sans résistance, puisque l'aspiration unanime des individus et des territoires au réseau mondial fait du très haut débit un cinquième élément inattendu: l'eau, l'air, la terre, le feu, le Wi-Fi.
Disposer de produits et services à l'échelle mondiale et être livré en 24 heures n'est pas nécessairement un progrès humain mais c'est une évolution inéluctable, devenue quasiment un droit aux yeux de nos concitoyens. Accéder à l'information et à la connaissance, immédiatement et gratuitement, est en revanche une opportunité formidable dans l'édification intellectuelle des acteurs sociaux et l'ouverture au monde des citoyens. Des esprits toujours plus éclairés sont autant d'armes pacifiques de la démocratie.
Mais aussi positive soit-elle, toute puissance nouvelle porte en elle-même les risques de sa toute-puissance. Et les Gafam (Google, Apple, Facebook, ) n'y échappent pas. Leur évolution fulgurante et supranationale les a placés au-dessus des règles fiscales et ils paient trop peu d'impôts ; elle les a exonérés de responsabilité juridique et ils diffusent des fake news ou la propagande djihadiste ; elle les a dotés d'un modèle économique singulier et ils peuvent entraîner la mort sans intention de la donner à des millions d'agriculteurs ou de PME concurrencés par des importations à bas coût, d'hôteliers ou de propriétaires immobiliers supplantés par des sites de location temporaire, de transporteurs publics ou privés bousculés par des services de chauffeurs privés. Et ils peuvent étouffer la presse, son indépendance financière et son pluralisme en captant la majeure partie de ses recettes publicitaires.
C'est une chance démocratique que la numérisation de la presse ait conduit à doubler son lectorat. Mais c'est un risque létal que les mégaréseaux préemptent 80 % du marché des annonceurs. Car la forte progression du numérique ne compense pas la baisse régulière du papier. Il y a donc urgence démocratique. Au regard de la chaîne de valeurs, il est déjà absurde que l'on paie plus cher le tuyau que son contenu. Économiquement, il est clair que la presse a besoin des réseaux pour élargir son public et que les réseaux tirent leur attractivité de diffusions qualitatives. Mais financièrement, le risque de disparition par suffocation des éditeurs de presse nationale, régionale, spécialisée, devient certain. Et dans son sillage, ce sont tous les journalistes, leur travail, leur exigence déontologique et leur indépendance qui sont menacés.
Si la liberté de la presse n'a pas de prix, elle a un coût
Nous savons que les médias ne sont pas restés inactifs pour obtenir une plus juste répartition des recettes. Mais ils ont toujours échoué devant les tribunaux à faire reconnaître que, si la liberté de la presse n'a pas de prix, elle a un coût. Et ils n'ont jamais pu amortir les investissements pourtant substantiels - plusieurs dizaines de millions d'euros - réalisés pour leur transition numérique. L'affrontement TF1/Orange/Canal+ a d'ailleurs relancé de façon aussi spectaculaire qu'insatisfaisante le sujet de la valorisation des contenus.
De même que le gouvernement se prépare à légiférer sur la responsabilité fiscale et pénale des moteurs de recherche et des réseaux sociaux, il convient donc que le Parlement complète ce dispositif par de nouveaux droits octroyés au monde de la presse, consacrant la propriété intellectuelle de son travail et sa capacité à en négocier la valeur.
Il ne faudrait pas attendre que les médias soient irréversiblement abîmés pour légiférer sur leur avenir
Concrètement, il s'agit de créer des «droits voisins» du droit d'auteur, sur le modèle de ceux existant pour les labels avec la Sacem, ou les clubs de sport avec les droits TV. Il est d'ailleurs saugrenu qu'on reconnaisse une valeur au journalisme plus tardivement qu'au football. Et il convient surtout de permettre une négociation et une gestion collectives de ces droits pour renforcer médias et journalistes face aux géants d'Internet.
Ce débat - dont la technicité apparente explique sans doute la procrastination - avait été ouvert en 2012 à l'Assemblée nationale, puis en 2016 au Sénat, sans suite concrète. Pourtant, c'est du financement de la presse et du travail journalistique dont il s'agit! Il ne faudrait pas attendre que les médias soient irréversiblement abîmés pour légiférer sur leur avenir.
Nous faisons le pari que les Gafam sont prêts à assumer leur rôle et leur responsabilité dans un monde démocratique qu'ils doivent, dans leur intérêt, préserver dans la mesure où il les nourrit.
Une loi nouvelle sera donc présentée le 17 mai prochain dans la fenêtre parlementaire du MoDem. Inscrit dans la majorité présidentielle, il est symbolique qu'il revienne au mouvement que François Bayrou avait appelé démocrate il y a dix ans, de porter un texte qui consoliderait l'avenir de la presse. Tant il conditionne celui de la démocratie.
* Signataires: M. Erwan Balanant ; Mme Géraldine Bannier ; M. Jean-Noël Barrot ; Mme Justine Benin ; M. Philippe Berta ; M. Philippe Bolo ; M. Jean-Louis Bourlanges ; M. Vincent Bru ; M. Jean-Pierre Cubertafon ; Mme Marielle de Sarnez ; Mme Michèle de Vaucouleurs ; Mme Marguerite Deprez-Audebert ; M. Bruno Duvergé ; Mme Sarah El Haïry ; Mme Nathalie Elimas ; Mme Nadia Essayan ; M. Michel Fanget ; M. Marc Fesneau ; Mme Isabelle Florennes ; M. Bruno Fuchs ; Mme Patricia Gallerneau ; M. Laurent Garcia ; M. Brahim Hammouche ; M. Cyrille Isaac-Sibille ; Mme Élodie Jacquier-Laforge ; M. Bruno Joncour ; M. Jean-Luc Lagleize ; M. Fabien Lainé ; M. Mohamed Laqhila ; Mme Florence Lasserre-David ; M. Philippe Latombe ; Mme Aude Luquet ; M. Max Mathiasin ; M. Jean-Paul Mattei ; Mme Sophie Mette ; M. Philippe Michel-Kleisbauer ; M. Patrick Mignola ; M. Bruno Millienne ; M. Jimmy Pahun ; M. Frédéric Petit ; Mme Maud Petit ; Mme Josy Poueyto ; M. Richard Ramos ; M. Thierry Robert ; M. Nicolas Turquois ; Mme Laurence Vichnievsky ; M. Sylvain Waserman.

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Rohingyas : la Birmanie redoute une possible enquête de la Cour pénale internationale (17.04.2018)

Par Emilie Lopes
Mis à jour le 17/04/2018 à 19h12 | Publié le 17/04/2018 à 19h02
VIDÉO - La procureur de la Cour pénale internationale a demandé aux juges de statuer sur les compétences de sa juridiction à propos du transfert forcé des membres de la minorité musulmane au Bangladesh.
C'est une requête qui pourrait changer le cours de l'histoire des Rohingyas. Le 9 avril, Fatou Bensouda, procureur à la Cour pénale internationale, a demandé aux juges de statuer sur les compétences de sa juridiction concernant la déportation et le transfert forcé des Rohingyas au Bangladesh. Bien que la Birmanie ne soit pas partie au statut de Rome, traité fondateur du tribunal pénal international, le Bangladesh l'est, et c'est au titre des crimes commis sur son territoire que la CPI ouvrirait une enquête. Depuis le 25 août, près de 700.000 Rohingyas ont quitté la Birmanie, fuyant les persécutions des militaires.
«La procureur considère que la déportation de la population du fait des autorités birmanes entraîne les Rohingyas à être transférés au Bangladesh contre leur volonté. Ce transfert est forcé. Pour elle, il y a là deux crimes: la déportation et le transfert. Et ce dernier a lieu au Bangladesh», analyse Céline Bardet, juriste spécialisée dans les questions de crimes de guerre, justice pénale internationale, criminalité transfrontalière et violences sexuelles dans les conflits. «En outre, Fatou Bensouda cite les nombreux rapports qui font état de preuves de génocide dans sa requête», ajoute-t-elle.
Trois possibilités
Il existe trois possibilités pour saisir la CPI, soit par le biais d'un État membre, soit via une décision du Conseil de sécurité de l'ONU, soit par une autosaisine. Dans le cas des Rohingyas, l'ONU est confronté au droit de veto des Russes et des Chinois, qui soutiennent ouvertement le gouvernement birman. Si les juges de la CPI valident donc la demande de la procureur, celle-ci pourrait s'autosaisir et ouvrir une enquête ou bien être saisie par le Bangladesh pour crimes commis sur son territoire. C'est la première fois qu'une telle requête est faite. «C'est une demande très forte. Le précédent juridique serait énorme. Ça pourrait servir pour les migrants, par exemple», assure Céline Bardet.
«Aujourd'hui, on peut dire qu'Aung San Suu Kyi est complice des militaires et donc du génocide. C'est indéniable»
Alicia de la Cour, avocate et criminologue
De son côté, le gouvernement birman n'a pas tardé à réagir en exprimant dans un communiqué daté du 13 avril sa profonde «préoccupation». «Nulle part dans la charte de la CPI, il n'est dit que la Cour est compétente concernant des pays qui n'ont pas accepté sa juridiction», a-t-il déclaré. Et d'ajouter: «De plus, la convention de Vienne de 1969 sur les traités internationaux stipule qu'aucun traité ne peut être imposé à un pays qui ne l'a pas ratifié.»
«Cette dernière remarque sur la convention de Vienne est très juste juridiquement mais le gouvernement birman occulte le fait que Fatou Bensouda se base sur des crimes qui relèvent du droit international pénal. Or les traités entre pays dépendent du droit international public. En somme, elle ne poursuit pas un État, mais elle poursuit des gens. Et on pourrait même penser qu'elle serait en mesure de poursuivre Aung San Suu Kyi, puisqu'il n'y a aucune impunité», argue Céline Bardet.
«Pouvoir moral»
Pour Alicia de la Cour, avocate et criminologue de l'International State Crime Initiative de l'Université de Londres, la réaction de Rangoun n'est pas une surprise. «Aung San Suu Kyi nie les persécutions à l'encontre des Rohingyas depuis longtemps. Aujourd'hui, on peut même dire qu'elle est complice des militaires, et donc du génocide. C'est indéniable. Elle est l'unique personne en Birmanie à pouvoir changer les mentalités. Les gens l'adorent, c'est une icône, ils l'écoutent. Elle n'a certes pas le pouvoir politique pour changer les choses, mais elle a le pouvoir moral. Et elle a participé à la déshumanisation des Rohingyas en ne disant rien», estime l'avocate.
«Le plus important pour nous est que les massacres s'arrêtent et que nous retrouvions la paix, la sécurité»
Mayyu Ali, un jeune activiste rohingya
Selon Matthew Wells, conseiller principal en matière de crise à Amnesty International, «la demande de la CPI est une bonne nouvelle pour garantir la justice face aux crimes horribles que l'armée birmane a commis contre la population rohingya, y compris les assassinats généralisés, les violences sexuelles et les incendies de villages». L'ONG fait partie des nombreuses associations qui ont écrit des rapports dénonçant les crimes contre l'humanité commis par les Birmans. «La communauté internationale devrait explorer toutes les voies de responsabilité, y compris un renvoi de la situation devant la CPI par le Conseil de sécurité de l'ONU, étant donné que les crimes commis atteignent clairement le niveau de crimes contre l'humanité», estime-t-il.
Dans les camps du Bangladesh, si beaucoup de Rohingyas tentent de récolter les preuves de génocide, la nouvelle a été accueillie avec prudence. «La CPI aurait dû être saisie depuis longtemps pour éviter le génocide de notre peuple, se désole Mayyu Ali, un jeune activiste. Bien sûr, nous gardons espoir et nous voulons que la Birmanie soit condamnée pour ce qu'elle a fait. Mais le plus important pour nous est que les massacres s'arrêtent et que nous retrouvions la paix, la sécurité. Nous voulons que nos droits soient garantis pour pouvoir retourner dans notre pays.»

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Qui est Czech Media Invest, le repreneur tchèque des magazines de Lagardère? (18.04.2018)

Par Chloé Woitier
Mis à jour le 18/04/2018 à 15h07 | Publié le 18/04/2018 à 14h45
Inconnue en France, cette holding détient le plus important groupe de presse en République Tchèque. Elle est détenue par un milliardaire ayant fait fortune dans le secteur de l'énergie.
Le groupe Lagardère a annoncé mercredi matin être entré en négociations exclusives pour céder l'essentiel de ses activités dans la presse magazine en France, soit les titres Elle France, Version Femina, Télé 7 Jours, France Dimanche, Ici Paris, Public et Art et Décoration. Alors que l'on imaginait un repreneur français ou issu d'un pays frontalier comme l'Italie, l'heureux élu est la holding Czech Media Invest. Opérant en République Tchèque, elle est peu connue en dehors de ses frontières.
Dans son pays, Czech Media Invest est le propriétaire d'un des plus gros groupes de presse. La holding détient en effet Czech News Center, qui revendique un lectorat de 3,5 millions de lecteurs et 7 millions de visiteurs uniques par mois sur ses sites web. Il édite le quotidien populaire Blesk, un tabloïd reprenant les codes du Bild allemand. Blesk est décliné en féminin, en programme télé, en magazine cuisine, santé, loisirs... Czech News Center édite également le tabloïd people Aha!, le newsmagazine Reflex, et des magazines auto-moto. Le groupe détient par ailleurs le site internet d'actualité Info.cz, et est leader national de l'édition de livres et de la distribution de la presse tchèque.
Outre les magazines français de Lagardère, la holding a également noué un accord pour racheter toutes les radios du groupe présentes en République Tchèque, Pologne, Slovaquie et Roumanie pour 73 millions d'euros. Le groupe tchèque mettrait ainsi en branle une stratégie d'expansion en Europe et «souhaite faire de la France un pilier de sa stratégie», affirme le groupe Lagardère.
Un groupe de presse bâti par le suisse Ringier
Le groupe de presse Czech News Center a été bâti après la chute du bloc soviétique par le groupe de presse suisse Ringier. Ce dernier s'est allié au géant allemand des médias Axel Springer en 2010 pour toutes ses activités en Europe Centrale et de l'Est, avant de se retirer de ces pays en 2014. Czech News Center a été revendu à un milliardaire tchèque, Daniel Křetínský. Ce quadragénaire a fait fortune dans le secteur de l'énergie et détient EP Industries, leader en Europe centrale sur ces marchés. Il est également copropriétaire du club de football Sparta Prague. Son nom a été épinglé dans l'enquête dite des Panama Papers pour la possession d'une société basée dans les îles Vierges britanniques.
Longtemps détenue par des groupes étrangers, la presse tchèque est depuis quelques années entre les mains d'hommes d'affaires locaux. Le groupe média MAFRA, éditeur de deux des quotidiens les plus influents du pays (Lidové noviny -le Quotidien du Peuple - et Mlada Fronta Dnes -Front de la jeunesse d'aujourd'hui) est ainsi détenu par le milliardaire Andrej Babis, qui a bâti sa fortune dans l'agroalimentaire. Andrej Babis a créé le parti politique populiste ANO (Action des citoyens mécontents) et a été élu en décembre premier ministre de la République Tchèque.
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Pierre Desproges, 30 ans après sa mort, toujours aussi politiquement incorrect (18.04.2018)
Par Bertrand Guyard
Mis à jour le 18/04/2018 à 19h27 | Publié le 18/04/2018 à 12h40
VIDÉO - L'humoriste, prince du second degré, nous quittait le 18 avril 1988. Il a laissé à la postérité une flopée de bons mots qui heurteraient, peut-être, la bien-pensance de ce début de XXIe siècle. Le Figaro a concocté un florilège de ses saillies où une apparente méchanceté cache une profonde tendresse.
Aurait-il encore le droit de dire ça?: «Depuis que le port de l'étoile jaune est passé de mode, il n'est pas évident de distinguer un enfant juif d'un enfant antisémite». La saillie, (très) politiquement incorrecte mais toujours à prendre au second degré, était la marque de Pierre Desproges, prince sans rire anticonformiste, qui nous a quittés trop tôt il y a trente ans, le 18 avril 1988. Le cancer, qui on le sait manque singulièrement d'humour, ne lui avait laissé que 49 ans de vie.
Cet homme, qui s'amusait de tout, affichait le sourire timide d'un enfant. Et comme un enfant, il ne s'interdisait rien. Puis cette liberté, plume à la main, mi-sourire à la lippe, il s'évertuait avec un rare talent à la transformer en un succulent bon mot. Les idées et les expressions bannies par la bien-pensance étaient sa tasse de thé: les juifs, les nègres, les Arabes, les musulmans, les blancs, Dieu, les femmes... Chocking! Non, non, rien ne l'arrêtait.
Afin de célébrer le cynisme drolatique et anticonformisme de Pierre Desproges, exhumé aussi il y a quelques jours par la retranscription des Réquisitoires du tribunal des flagrants délires par le Seuil - les procès de Jean d'Ormesson, Jean-Marie Le Pen et de Régine Desforges sont des petits bijoux - , Le Figaro a choisi quelques-uns de ses contre-pieds les plus dérangeants. Adeptes du politiquement correct, prière de s'abstenir de les lire...
● L'éloge d'un grand sportif
«Ce qui me frappe dans la personne de Yannick Noah, me disait tout à l'heure mon ami Ralbol, ce n'est pas le tennisman, c'est le nègre»
● Un dilemme...
«Il faut toujours faire un choix, comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour aller visiter la Hollande, on ne peut-être à la fois au four et au moulin»
● Un féministe convaincu...
«Dépourvue d'âme, la femme est dans l'incapacité de s'élever vers Dieu. En revanche, elle est en général pourvue d'un escabeau qui lui permet de s'élever vers le plafond pour faire les carreaux. C'est tout ce qu'on lui demande.»
● VIDÉO - Tribunal des flagrants délires: réquisitoire contre Jean Marie Le Pen
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