Les anti-Brexit s'organisent pour obtenir un nouveau référendum
(16.04.2018)
Sortis des griffes des terroristes, d'anciens otages racontent leur vie
d'après (17.04.2018)
Cybercriminalité : des attaques de plus en plus destructrices (17.04.2018)
L'autorité de l'État en échec à Notre-Dame-des-Landes (17.04.2018)
Bruno Retailleau : «C'est une erreur de la part du gouvernement d'avoir
imaginé qu'il pouvait discuter avec les zadistes» (17.04.2018)
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(16.04.2018)
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par Macron (16.04.2018)
«Violence, drogue, sexe»: Tolbiac doit être évacuée en urgence selon son
président (17.04.2018)
A Nanterre, les étudiants votent massivement pour la poursuite du blocage
(17.04.2018)
À Rennes 2, plus de 3 000 personnes votent le blocage jusqu’au début des
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Sahel: la situation alimentaire "en sévère détérioration"
(18.04.2018)
Le parquet allemand refuse d'interdire un "Mein Kampf" théâtral
(18.04.2018)
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Syrie: une équipe de sécurité de l'ONU essuie des tirs à Douma
(18.04.2018)
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victimes (18.04.2018)
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aux zadistes (17.04.2018)
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Lagardère? (18.04.2018)
Pierre Desproges, 30 ans après sa mort, toujours aussi politiquement
incorrect (18.04.2018)
Les anti-Brexit s'organisent pour obtenir un nouveau
référendum (16.04.2018)
Sept organisations unissent leurs
forces, avec des représentants de plusieurs partis politiques pour empêcher la
sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne dans moins d'un an.
Correspondant à Londres
Il leur reste moins de 350 jours.
C'est peu pour tenter de faire dérailler le processus de sortie de l'Union
européenne de la Grande-Bretagne, prévue le 29 mars 2019. Jusqu'à présent en
ordre dispersé, les anti-Brexit unissent leurs forces pour essayer d'obtenir un
nouveau vote sur la question avant le grand saut. Baptisée «The People's Vote»
(le vote populaire), la campagne a été lancée dimanche à Londres.
Elle regroupe des membres du
Parti conservateur au pouvoir, de l'opposition travailliste, du parti libéral
démocrate centriste (proeuropéen) et des Verts. Elle réunit aussi sept
organisations qui luttent à différents niveaux contre le Brexit, comme Open
Britain ou European Movement. Leur campagne est dotée d'environ 1million de
livres (1,15 million d'euros) pour tenter de faire bouger l'opinion.
Depuis le référendum de juin 2016
qui a vu les Britanniques se prononcer à près de 52% pour quitter l'Union
européenne, le sentiment a légèrement évolué sans retournement radical.
Certains sondages reflètent exactement ce résultat, tandis que d'autres
montrent une inversion des proportions.
Vote sur l'accord de sortie
«Le Brexit n'est pas inévitable»,
veut croire James McGrory, directeur d'Open Britain. L'objectif est d'obtenir
un nouveau référendum sur les termes de l'accord de sortie attendu d'ici à
l'automne entre Londres et ses 27 partenaires européens. Le Parlement peut
aussi modifier la trajectoire prévue par le gouvernement de Theresa May au
cours d'une série de votes importants sur les conditions de la sortie
britannique. «Je ne pense pas que ce soit à 650 politiciens de décider pour 65
millions de personnes», estime Chuka Umunna, député travailliste et figure de
proue de la campagne.
Pour le conservateur Bill Cash,
ces militants pro-Europe «défient totalement le peuple britannique qui a pris
une décision». Depuis peu, le soutien du public à un second référendum a
progressé. 44% des Britanniques y seraient favorables, contre 36% qui n'en
veulent pas, selon un sondage YouGov réalisé au début du mois pour l'organisme
pro-Brexit Best for Britain.
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Sortis des griffes des terroristes, d'anciens otages
racontent leur vie d'après (17.04.2018)
TÉMOIGNAGES - Ils se
sont retrouvés enfermés, contraints de ne pas bouger, parfois obligés d'obéir
aux ordres de fanatiques. Comme Julie, cette caissière sauvée par le gendarme
Beltrame, ils ont eu le temps de voir la mort en face et sont aujourd'hui en
vie. Quatre anciens otages témoignent de leur longue reconstruction.
Depuis le 23 mars, jour où elle a
été sauvée par le gendarme Beltrame, Julie V. vit bouleversée et recluse chez elle. «Je lui souhaite
bon courage car je la comprends très bien», réagit Rachid Drabli, ancien otage
de l'Airbus
Alger-Paris en 1994. «Elle est terrorisée et choquée mais elle ne doit
pas rester enfermée, conseille-t-il. Elle doit se faire aider et parler à ses
proches.» À Dammartin-en-Goële, Michel Catalano, ex-otage des frères Kouachi, «pense
beaucoup à elle» car «trois ans après, c'est encore difficile». Comment vivre
quand on a frôlé la mort aux mains de terroristes? Comment se reconstruire? Un
événement traumatisant comme une prise d'otage laisse des traces et s'attaque à
toutes les habitudes de vie. Quatre rescapés ont accepté de nous raconter les
jours, les mois et les années d'après.
Sidération
Certains, comme Julie, ont
d'abord eu besoin de s'enfermer. Rachid Drabli, ex-otage de Marignane, est
resté plusieurs jours chez lui. «Ma famille et mes amis sont venus me voir.
Pendant une semaine, j'ai répété la même chose et puis j'ai fini par aller voir
un médecin». Pour le Dr Nathalie Prieto, psychiatre et référente nationale des
cellules d'urgence médico-psychologique (CUMP), ce genre de réactions est
classique. «L'évitement est généré par la peur de sortir et s'associe souvent à
un mouvement de tristesse. On s'enferme parce qu'on a l'impression que ça va
recommencer», analyse-t-elle.
D'autres, au contraire, ont
cherché à extérioriser. Bruno Poncet, 45 ans, otage pendant une heure et demie
au Bataclan, a très vite parlé. Le matin du 14 novembre, une fois libéré,
«j'étais surexcité, je n'arrivais pas à dormir», se souvient-il. «Arrivé chez
moi, j'ai tout raconté à ma femme, mais avec beaucoup de distance, comme si je
sortais d'une séance de cinéma». Les jours qui suivent, celui qui est alors
gestionnaire de convoi à la SNCF, repart au travail, participe aux élections
professionnelles, rencontre des journalistes de Paris Match, voit
d'autres victimes, dont Edith Seurat, qu'il a aidée à l'intérieur du Bataclan.
Au final, Bruno mettra une semaine avant d'associer des émotions à l'attentat.
«Ça s'appelle la sidération», explique-t-il. Les spécialistes parlent aussi de dissociation, lorsque la
victime est spectatrice de ce qu'elle a vécu.
Edith Seurat est restée une heure
et demie dans le Bataclan avec Bruno Poncet avant d'être évacuée par la BRI le
soir du 13 novembre 2015. - Crédits photo : Caroline Piquet
«Tout le temps en alerte»
Ensuite, les troubles du sommeil
sont souvent les premiers symptômes qui apparaissent. Après la prise d'otage de
Marignane, «je ne dormais plus, je ne mangeais plus. En deux mois, j'avais
perdu 15 kilos», se remémore Rachid Drabli. «Encore aujourd'hui, 24 ans après,
je dors par séquence de 2-3 heures. Parfois, je n'arrive pas à fermer l'œil de
la nuit et les spécialistes n'y peuvent rien», soupire le professionnel du
bâtiment. Il parle aussi de troubles de la mémoire: «C'était un choc brutal.
Mon cerveau a effacé certains événements. Par exemple, je n'ai aucun souvenir
du mariage de mon frère qui avait eu lieu quelques mois avant la prise
d'otages».
Edith Seurat, rescapée du
Bataclan, prolonge la liste: crises de panique, troubles de l'élocution, de la
concentration. «Au début, je prenais des notes de tout ce que j'avais à faire
car ma tête n'imprimait plus». Les ex-otages deviennent aussi hypervigilants.
«Vous regardez les gens de la tête aux pieds, vous vérifiez toutes les sorties
lorsque vous rentrez quelque part», raconte Bruno Poncet. «Là, par exemple,
j'ai entendu que la porte s'était ouverte derrière moi», dit-il sans se
retourner. «J'entends les gens passer, je suis tout le temps en alerte». Trois
ans après, Michel Catalano se reconnaît dans ces «nouvelles habitudes». «Par
exemple, dans un restaurant, je m'assois rarement dos à la porte. Il faut que
je voie la sortie».
«Finalement, j'ai mis 17 ans
avant de pouvoir remonter dans un avion»
Rachid Drabli, ex-otage à bord de
l'avion Alger-Paris en 1994
Avec le temps, apparaissent aussi
de nouvelles craintes comme celle de se retrouver au milieu d'une foule. Depuis qu'il
a passé 54 heures d'angoisse dans l'avion de Marignane, Rachid Drabli
évite les endroits très fréquentés. Sinon, «j'ai l'impression que [les
terroristes] sont derrière moi». Pendant longtemps, ce père de sept enfants n'a
pas pu reprendre l'avion. Installé en Charente, il voyageait en voiture et en
bateau lorsqu'il partait en vacances en Algérie. «Finalement, j'ai mis 17 ans
avant de pouvoir remonter dans un avion», s'étonne-t-il en faisant le décompte.
À chacun ses blocages, ou «évitements», pour reprendre le jargon médical. Un an
après l'attentat de l'Hyper Cacher, Yohann Dorai, otage d'Amedy Coulibaly, ne
pouvait toujours pas mettre les pieds dans un magasin et se faisait livrer ses
courses chez lui, comme le relatait alors Slate.
Curieusement, Bruno Poncet,
aujourd'hui secrétaire fédéral à Sud Rail, a continué à se rendre à des
concerts. Mais pas tout à fait comme avant: «Au début, je me collais au fond de
la salle, près des sorties. Maintenant, ça va mieux». En revanche, il ne se
rendra plus jamais au Bataclan: «Je ne peux pas m'amuser dans un endroit où des
enfants sont morts, ce n'est plus une salle de concert». Exit aussi le cinéma:
«Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu'il fait très noir...» Les
angoisses se nichent parfois dans les détails. Edith Seurat, rescapée du
Bataclan, ne supporte plus les parapluies noirs, que «les gens tiennent le long
du corps» et qui lui font penser à des armes. De même, elle ne mange plus de
viande rosée... trop évocatrice pour elle. «Je ne supporte pas de voir
quelqu'un qui a mal, qui saigne, alors que je n'ai jamais eu ces angoisses-là
avant», ajoute la responsable marketing de 39 ans.
Michel Catalano dans son
imprimerie en janvier 2016. - Crédits photo : Laure Kermanach'
Une vie intime bousculée
Plus sournoises encore, les
séquelles peuvent même s'immiscer dans la vie affective. Pendant deux ans, Bruno
a dû dormir sur le canapé du salon. «Je ne supportais pas qu'on me touche»,
raconte-t-il. Sa psychologue lui a expliqué que c'était normal: «D'une certaine
manière, on avait violé mon intimité et j'avais besoin de me réfugier. Mais ça
m'a choqué de ne pas pouvoir dormir avec ma femme». Aujourd'hui, il a retrouvé
son lit mais continue de «serrer les dents» lorsque quelqu'un le frôle dans les
transports en commun.
Le rapport au désir change aussi.
«Je n'avais plus de libido, confie Edith Seurat. J'avais envie qu'on me laisse
tranquille, je ne voulais pas qu'on envahisse mon espace vital». Ce phénomène
est courant chez les victimes, selon les spécialistes. «Et d'un point de vue
amical ou familial, j'ai fait le ménage», enchaîne la quadragénaire. «J'ai arrêté
de voir les gens que je n'avais pas envie de voir, j'ai arrêté de me forcer. Je
me concentre sur les gens que j'aime, qui m'intéressent, qui me font du bien».
Désormais, elle va «à l'essentiel» et ne s'embarrasse plus des «conventions
sociales»: «C'est bizarre mais quelque part, je préfère la personne que je suis
aujourd'hui».
Le syndrome du survivant
- Crédits photo : Figaro
Difficile en revanche d'échapper
aux médicaments et aux séances de psy. Rachid Drabli a pris des cachets pendant
10 ans pour lutter contre ses accès d'angoisse et son stress. Bruno Poncet,
lui, n'y a pas touché. «J'avais peur de devenir accro et de ne pas supporter la
vie sans en prendre». Il ne manque en revanche jamais son rendez-vous chez sa
psychologue depuis deux ans. «Ça me fait un bien fou alors qu'au début, je
n'avais pas envie d'y aller», commente-t-il.
Le syndrome du survivant hante la
majorité des rescapés. «La culpabilité d'être en vie, alors que d'autres sont
morts à nos places», résume Catherine Bertrand, «survivante du Bataclan» et
auteure d'une bande dessinée sur sa reconstruction*. Il a fallu plusieurs
séances chez le psychologue et beaucoup de temps pour que Michel Catalano
«accepte» le fait d'être en vie. Edith Seurat, elle, se sent coupable de ne pas
avoir été blessée. «Ça m'emmerde d'être considérée comme victime au même titre
que les gens qui ont perdu leurs proches ou ceux qui aujourd'hui ne marchent
plus, sont physiquement blessés». Bruno Poncet parle de «honte» aussi. Malgré
tout, il préfère sa vie d'aujourd'hui. «Ça m'a donné une force, une
détermination, une assise. Je me sens redevable de ceux qui ne s'en sont pas
sortis.» Son engagement dans la vie syndicale n'y est pas étranger: «Aider les
autres, ça a donné du sens à ma vie». Et maintenant, «je me projette dans
l'avenir, je me vois vieillir alors que ce n'était pas le cas avant».
«Je visualisais le Bataclan
mais avec les enfants»
Edith Seurat, rescapée du
Bataclan
Parce qu'ils veulent aller mieux,
certains se lancent des défis. En décembre 2015, Bruno Poncet décide de
remonter l'avenue des Champs-Élysées à pied. «C'était très dur car la foule me
stressait et dès que je voyais un mec de type maghrébin ou une fille voilée, je
me sentais mal, admet-il, gêné. C'était particulièrement terrible pour moi
parce que je suis profondément antiraciste». «Le délit de sale gueule», Edith
Seurat connaît aussi. En janvier 2016, alors qu'elle va chercher sa voiture,
elle remarque la présence d'un homme qui s'attarde un peu trop devant l'école
de sa fille. «J'ai passé 40 minutes à tourner autour de l'école en me demandant
si j'allais au commissariat ou pas. Je visualisais le Bataclan mais avec les
enfants». Quelques mois plus tard, elle montrera à sa fille, à l'occasion d'une
kermesse, l'endroit où elle doit se cacher si jamais son école est attaquée.
Rachid Drabli dans
l'émission Toute une histoire sur France 2, en 2011. -
Crédits photo : France 2
Tous lèvent peu à peu ces
blocages mais tout prend du temps. «Franchement, au bout de deux ans de psy, je
pensais que ça serait réglé, mais en fait, pas du tout. Je suis éberlué d'avoir
encore autant de blocages», réagit Bruno Poncet. «C'est un combat contre
soi-même», complète Michel Catalano. Lui aussi perçoit des progrès. Alors qu'il
était resté «prostré» chez lui le week-end suivant les attentats du
13 novembre, il a trouvé la force de sortir après les attaques de Carcassonne et Trèbes.
Le regard des autres
Pour certains, chaque attentat,
chaque prise d'otage vient raviver de vieilles douleurs et déclenche des
cauchemars. «Dans ces moments-là, tout revient», témoigne Rachid Drabli.
«D'abord, je me mets à leur place, puis je revis mon film à moi.» À Paris,
Bruno Poncet vit les choses différemment. Quand un reportage ou une émission
passe sur les attentats, il détourne la tête: «Moi, j'ai tout cloisonné pour me
protéger». À l'inverse, Edith Seurat regarde les éditions spéciales à chaque
attentat, lit tous les témoignages, se documente sur l'histoire de Daech,
consulte tous les livres et articles sur le sujet. «Une fois, il m'est même
arrivé de lire Dar Al-Islam (le magazine en français de Daech, NDLR),
admet-elle. J'ai besoin de comprendre l'incompréhensible».
Lorsqu'ils parlent de leur
reconstruction, tous évoquent le regard des autres. Bienveillants au départ,
moins avec le temps. Ils parlent de ces petites remarques désagréables, qui
leur donnent l'impression d'être incompris. «Je me suis déjà entendu dire:
“C'est bon, tu peux prendre les transports, ça va faire un an maintenant”»,
rapporte Bruno Poncet. Rachid Drabli a, lui, souvent regretté d'être vu
uniquement comme une victime. «À un moment donné, c'est fatigant. Les gens vous
posent tout le temps des questions et on ne vous parle que de ça. Ça devient
lourd». Certains font même preuve d'une grande maladresse. «On me disait:
“Alors l'otage, comment ça va?” Je me suis fâché avec des gens à cause de ça»,
raconte-t-il. Bruno Poncet décrit aussi ce paradoxe: «D'un côté, j'en ai marre
d'être une victime, mais de l'autre, j'aimerais qu'il y ait écrit “otage” sur
ma tête pour que tout le monde sache». Pour garder une trace et parce qu'il
n'avait pas de blessure physique, il s'est fait tatouer deux hirondelles bien
visibles sur les poignets: «Les premiers oiseaux que les marins croisent
lorsqu'ils rentrent au port».
«Ce tatouage, c'est pour avoir
une trace car je n'ai pas de cicatrice physique», explique Bruno Poncet. -
Crédits photo : Caroline Piquet
* Catherine Bertrand, Les
chroniques d'une survivante. Ma vie après le 13 novembre 2015.
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Cybercriminalité : des attaques de plus en plus destructrices
(17.04.2018)
Dans son bilan annuel dévoilé ce
mardi, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI)
dénombre 794 «incidents» en 2017 et met en place de nouvelles postures de
riposte.
Destinataire de quelque 2435
signalements, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information
(Anssi) chargée de lutter contre les cybermenaces a répertorié, dans son bilan
d'activité 2017 dévoilé ce mardi, «794» incidents qui sont autant de menées
intrusives dans les réseaux du pays.
«Les attaques qui ont émaillé le
calendrier ont montré une dimension nouvelle: plus sophistiquées, mieux
élaborées, plus destructrices, elles touchent désormais toute la société, du
citoyen à la grande entreprise... et même à notre démocratie», considère
Guillaume Poupard, directeur général de l'Agence qui a en outre recensé l'année
dernière «20 incidents majeurs», «12 opérations de cyberdéfense» et «trois
crises».
Si la plupart des agressions,
tentées ou réussies, ne sont pas détaillées pour des raisons liées au secret de
la Défense nationale, la «revue stratégique de cyberdéfense» publiée en février
par Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (Sgdsn) avait
permis de détailler quelques épisodes d'une guerre souterraine, clandestine et
sans règles.
Hausse des attaques par
rançongiciel
Dans son bilan annuel, l'Anssi
confirme ainsi avoir «constaté une recrudescence d'attaques aux effets
destructeurs réalisées à des fins lucratives ou de sabotage». Parmi elles,
l'agence observe «depuis 2014 une hausse constante des attaques par
rançongiciel».
Ainsi,
WannaCry, un «rançongiciel» malveillant ayant contaminé en un week-end plus de
200.000 ordinateurs, avait contraint de mettre à l'arrêt
«préventivement» l'usine Renault de Douai (Nord). L'unité Sandouville
(Seine-Maritime), qui emploie alors 3 400 salariés, a elle aussi été concernée.
«En fait, nous avons été contraints d'isoler chacun de nos sites de production
pour détecter et éviter la contamination», avait alors déclaré au Figaro la
marque au losange. Le 27 juin, le géant des matériaux Saint-Gobain a été visé à
son tour par NotPetya, un virus qui a paralysé de manière fulgurante l'activité
de nombreuses entreprises ayant des intérêts en Ukraine. Pour l'entreprise
française, l'impact financier a été évalué à quelque 250 millions d'euros. «De
virulence variable», rappelle l'Anssi, «ce type de code malveillant séquestre
les données des équipements informatiques infectés jusqu'à ce que la victime
paie la rançon, généralement avec une cryptomonnaie telle que le Bitcoin.»
Au chapitre des «nouvelles
tendances» qui ont marqué l'année dernière, le rapport de l'Anssi relate aussi
qu'en juin 2017 «l'entreprise de VTC Uber et le cabinet de conseil Deloitte ont
annoncé avoir été victimes de cyberattaques faisant état de l'exfiltration des
données personnelles sur leurs clients».
«Pompier informatique»
«2017 a peut-être permis de
mettre en lumière tout le faisceau d'actions que nous menons au quotidien
au-delà de celui, parfois plus visible, de «pompier informatique», considère
Guillaume Poupard avant d'ajouter: «Un pompier intervient quand l'incendie
s'est déclaré; c'est indispensable mais insuffisant dans notre domaine car
notre objectif est bien d'éviter le plus possible les sinistres et surtout de
se faire déborder par un nombre exponentiellement croissant de catastrophes».
Face aux menaces, l'ANSSI a fait
preuve de pédagogie auprès des entreprises, des collectivités territoriales ou
encore des états-majors politiques au lendemain de tentatives de
déstabilisation ayant visé le candidat Macron lors des dernières
présidentielles.
Soucieux de durcir les systèmes
informatiques de l'État et des infrastructures critiques dans le domaine de
l'énergie, de la défense ou encore de la communication, l'Agence mène plusieurs
projets d'envergure, dont un nouveau système de téléphonie fixe sécurisé de
niveau «Confidentiel Défense» baptisé Osiris. «Les premiers déploiements ont
été opérés à partir de mai 2017», note l'Anssi qui révèle qu'«au 31 décembre,
ce sont quelque 384 postes qui ont été installés dans une dizaine de cabinet
ministériels, auxquels il convient d'ajouter ceux du Premier ministre et de la
Présidence de la République».
En plein essor, l'Anssi a reçu
8000 CV de candidatures l'année dernière et effectué 140 recrutements, pour un
effectif global qui s'élève désormais à 570 agents.
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Rédacteur en chef adjoint,
spécialiste sécurité et renseignement
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population
L'autorité de l'État en échec à Notre-Dame-des-Landes
(17.04.2018)
REPORTAGE - Les zadistes sont
déterminés à rester et se préparent de toute évidence à une longue résistance.
En face, les forces de l'ordre ont pour seule consigne d'éviter le retour des
squats.
Envoyée spéciale à
Notre-Dame-des-Landes
La scène est proprement
sidérante. Consternante même. Déployés et immobiles sur toute la largeur d'un
champ pour sécuriser le travail de leurs collègues qui, à l'arrière, déblaient
une route de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, des gendarmes subissent les
pitreries provocatrices des zadistes. Au nez et à la barbe des forces de
l'ordre qui ont reçu l'ordre de ne pas riposter, ces derniers s'amusent à «un,
deux, trois soleil». Sous le ciel bleu azur de ce mardi après-midi, une
zadiste, qui joue aux vamps en agitant un foulard rose, lance même des
confettis sur l'un de ces hommes carapaçonnés. À l'instar de tous les autres,
ce dernier déploie un incroyable sang-froid pour ne pas réagir. L'humiliation
est pourtant bien dans le pré…
Deux jours après les
violences de ce week-end à Nantes et à Notre-Dame-des-Landes et
après l'opération
d'expulsions de la semaine dernière, la ZAD fanfaronne. «On avait déjà
gagné une première manche en empêchant la construction de l'aéroport et on a
une fois de plus gagné. On a montré au gouvernement que l'on restera», lâche
l'un de ses occupants, jean troué et cheveux hirsutes. Pour beaucoup, malgré
les 29 squats détruits et la centaine de blessés dans leurs rangs, la victoire
est dans leur camp. Des centaines de soutiens sont arrivés, l'approvisionnement
en nourriture est toujours assuré et le moral est donc au beau fixe. En
chantant et en sifflotant, tous s'activent en se pliant au même mot d'ordre:
reconstruire ce qui a été détruit.
Pour beaucoup de zadistes,
malgré les 29 squats détruits et la centaine de blessés dans leurs rangs, la
victoire est dans leur camp
Ainsi, depuis la fin des
expulsions, c'est
un «jeu» sans fin auquel se livrent zadistes et forces de l'ordre. Dès
que ces dernières quittent la ZAD en fin de journée, les premiers se
réapproprient les lieux désertés pour transporter une charpente ou redresser un
mur en vue de rebâtir une habitation pulvérisée par les pelleteuses la semaine
dernière. Puis le lendemain matin, reprenant possession des zones où ils
étaient postés la veille, les gendarmes mobiles détruisent «l'œuvre» des
zadistes. Ils s'en tiennent ainsi aux consignes du premier ministre. Vendredi
dernier, Édouard Philippe a indiqué que les lieux saccagés ne devaient pas de
nouveau sortir de terre.
Le respect de cette feuille de
route gouvernementale passe par des affrontements sporadiques, essentiellement
dans la matinée. Les occupants de la ZAD qui défendent leurs réalisations
nocturnes font face aux forces de l'ordre qui ripostent par du gaz lacrymogène.
Sans relâche également, ces dernières déblaient chaque matin les deux routes
principales de la ZAD, la RD281 (la route des chicanes, interdite à la
circulation, NDLR) et la D81, sur lesquelles des barrages ont été dressés dans
la nuit. Ce mardi après-midi, elles étaient ainsi encore en nombre, déployées
le long de cette D81, pendant que leurs collègues, postés dans les champs
voisins, subissaient les provocations des zadistes.
» LIRE AUSSI - Après
Notre-Dame-des-Landes, notre carte des 50 projets d'aménagement ciblés par les
zadistes
Mais derrière cette forme de
résistance «folklorique» où l'on sort volontiers le biniou ou les confettis, se
cache aussi une vraie détermination. Alors que la partie sud-est de la ZAD a
subi les assauts des forces de l'ordre la semaine dernière, le reste de la zone
se barricade. À l'ouest de cette D81, qui traverse du nord au sud les bocages
et qui est désormais également interdite à la circulation, on creuse des
tranchées. En travers d'une route qui s'enfonce dans ce territoire occupé et
qui dessert de nombreux sites habités, un trou béant empêche désormais tout
passage de véhicules. Également, d'autres tranchées sont creusées tout le long
d'un champ derrière lequel des barricades ont été érigées. Ce camp retranché
n'échappe pas aux gendarmes qui envoient drones et hélicoptère pour surveiller
la zone.
«L'État nous met le pistolet
sur la tempe pour négocier. On a jusqu'au 23 avril pour remplir des formulaires
et présenter des projets agricoles. C'est trop peu»
Un zadiste
Ces réalisations en disent long
sur les intentions des zadistes. N'ayant pas l'intention de quitter les lieux,
ils se préparent même de toute évidence à une longue résistance. Mais en même
temps que cette guerre de tranchées se met en place, une délégation accepte de
se rendre ce mercredi à Nantes pour discuter avec la préfète, Nicole Klein.
Débattue et validée lundi soir
lors d'une assemblée sur la ZAD, cette rencontre reste néanmoins diversement
appréciée. «L'État nous met le pistolet sur la tempe pour négocier. On a
jusqu'au 23 avril pour remplir des formulaires et présenter des projets
agricoles. C'est trop peu», peste l'un d'eux. Cette première rencontre qui a
pour but de rétablir le dialogue avec les zadistes pourrait ainsi éviter l'enlisement
possible du dossier. Mais si aucun projet agricole individuel n'est par la
suite présenté, les expulsions pourraient reprendre. Les zadistes semblent
aujourd'hui se préparer à cette éventualité. Dans l'une de leurs salles de
réunion, les centaines de pipettes renfermant du sérum physiologique pour
nettoyer les yeux brûlés par le gaz lacrymogène sont de nouveau prêtes à être
redistribuées en cas de nouveau combat. La ZAD reste sur le pied de guerre.
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Bruno Retailleau : «C'est une erreur de la part du
gouvernement d'avoir imaginé qu'il pouvait discuter avec les zadistes»
(17.04.2018)
INTERVIEW - Ardent défenseur du
projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Bruno Retailleau, président du
groupe LR au Sénat, critique avec force l'exécutif dans sa gestion de la crise.
LE FIGARO. - Que pensez-vous
de la stratégie adoptée par le gouvernement pour gérer ce dossier?
Bruno RETAILLEAU. -
Depuis l'abandon de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le
gouvernement va à l'échec. En renonçant à ce projet confirmé pourtant par 175
décisions de justice, Emmanuel Macron a cru qu'il parviendrait à se débarrasser
du problème de la ZAD. Il a troqué une paix sociale contre l'aéroport.
Cette stratégie a été un bien mauvais calcul et ce qui se passe aujourd'hui
était prévisible. Il n'y a plus d'aéroport et les lieux sont toujours occupés.
La violence a fait reculer l'État de droit.
«L'État avait misé sur
l'essoufflement du mouvement et parié sur des divisions internes. C'est tout le
contraire qui se passe»
Bruno Retailleau
La situation s'est-elle
aggravée?
Force est de constater qu'elle
est de plus en plus compliquée. L'État avait fait de la «route des Chicanes»,
la fameuse RD281, un indicateur du retour à l'État de droit. Non seulement elle
est toujours bloquée mais une autre route l'est aussi. La tension est telle que
les forces de l'ordre bloquent désormais deux axes. Concernant le nombre
d'occupants, l'État avait misé sur l'essoufflement du mouvement et parié sur
des divisions internes. C'est tout le contraire qui se passe. Les zadistes sont
plus nombreux. Ils étaient 250, ils sont presque 800 aujourd'hui. Et leur
détermination à rester sur place ne s'est pas affaiblie.
Mais l'opération d'expulsions
a-t-elle néanmoins été menée correctement?
Il faut saluer le travail des gendarmes
qui ont accompli une mission délicate. Ils ont eu des consignes de ne pas aller
au contact avec les zadistes et, dans ces conditions, ils ont pris davantage de
risques, notamment pour eux. Par ailleurs, si on regarde le secteur des
expulsions, ces dernières se sont concentrées à l'ouest de la «route des
Chicanes», sur un périmètre ciblé au sud de la ZAD. Autrement dit, il est clair
que les forces de l'ordre ont eu pour autre consigne de ne pas s'enfoncer dans
la ZAD, car les mouvements de repli auraient été bien plus difficiles.
En outre, le gouvernement a mis
en avant la trêve hivernale pour ne pas procéder à des expulsions avant le
31 mars. Mais des dispositions permettent aux forces d'agir avant la fin
de cette trêve quand il y a occupation par voie de fait. Ces mêmes dispositions
ont notamment permis l'évacuation de la «jungle» à Calais. On aurait donc pu y
recourir à Notre-Dame-des-Landes. Au lieu de cela, le gouvernement procède à
des expulsions au printemps. Or quand les beaux jours reviennent, la
mobilisation est plus forte. Les soutiens viennent plus nombreux quand ils
peuvent vivre dehors sans le froid et la pluie.
«On crée des inégalités et
c'est ainsi que l'on fait naître la colère dans un pays»
Bruno Retailleau
L'État ne renonce pas à la négociation.
Est-elle encore possible?
Ceux qui occupent illégalement ce
territoire ne proposent pas une société alternative mais sont contre la
société. Ils ne veulent ni payer de charges publiques ni régulariser leur
situation. Ils veulent l'anarchie. C'est une erreur de la part du gouvernement
d'avoir imaginé qu'il pouvait discuter avec les zadistes. Tous ne sont pas, il
est vrai, des ultras, et ceux-là offrent une façade bucolique. Mais
l'arrière-boutique de leur mouvement est violente. Ils s'y appuient nécessairement
pour faire reculer l'État de droit. Le gouvernement est aujourd'hui dans une
impasse.
Malgré des critères assouplis
pour que les zadistes régularisent leur situation?
L'État propose un simple
formulaire à remplir pour que ces occupants sans titre puissent commencer à
régulariser leur situation et puissent exploiter des terres. Mais comment
est-ce possible? Il y a deux poids-deux mesures. D'un côté, il y a des
agriculteurs qui respectent le droit et qui sont soumis à toutes sortes de
tracasseries administratives et contraintes réglementaires. De l'autre, il y a
des centaines de personnes qui vont pouvoir s'installer sur des terres
conquises par voie de fait en remplissant une simple feuille de papier! On crée
des inégalités et c'est ainsi que l'on fait naître la colère dans un pays.
Comment voyez-vous les suites
de ce dossier?
Après une succession d'erreurs,
le gouvernement va tenter de s'en sortir par une mise en scène et un habillage
du recul de l'État de droit. Il va prendre des décisions pour faire croire
qu'il a gardé la main sur le dossier et il y aura de nouveau des ministres qui
descendront sur place pour se féliciter des choix qui ont été pris. Il va
déguiser cette deuxième capitulation avec les zadistes.
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Frappes en Syrie : «La France doit retrouver son ADN
stratégique» (16.04.2018)
TRIBUNE - La présidente du
think-tank Geopragma, Caroline Galactéros, déplore une intervention sans
efficacité stratégique qui nuit à la crédibilité diplomatique de notre pays.
La France a suivi l'Amérique et
frappé la Syrie. Mais elle espère que la négociation politique, sur l'avenir
politique de ce pays en guerre pour recouvrer sa pleine souveraineté
territoriale, va pouvoir «reprendre» et qu'elle en sera l'un des artisans
majeurs. Évincé de toutes les négociations sérieuses depuis des années, Paris
veut croire que la
Russie, qui vient d'être publiquement humiliée au Conseil de sécurité des
Nations unies, mais aussi l'Iran et le régime diabolisé de Damas, lui
feront la place qu'elle revendique dans ce processus qu'ils dominent toujours.
Était-ce là l'objectif véritable de notre association à une opération
américaine sciemment précipitée, hors mandat de l'ONU, en amont de toute
enquête de terrain sérieuse et avec un résultat opérationnel… relatif (deux
tiers des missiles interceptés par les défenses syriennes…)? Désarmante
naïveté, incompréhension des enjeux, confusion entre tactique et stratégie,
temps long et immédiateté, ou simple calcul cynique… et faux? Car si un
dialogue a minima sera évidemment maintenu avec Moscou, croit-on sérieusement
que frapper dans ces conditions suscite respect et confiance, socles de toute
coopération constructive?
» LIRE AUSSI - Frappes
en Syrie: le récit en images et en vidéos
Paris et Washington ont surtout
voulu rééquilibrer un rapport de force trop défavorable au camp atlantique
(après les mains libres laissées à Ankara, allié majeur du flanc sud de l'Otan)
et enrayer le désastre géopolitique né de la percée russo-iranienne et chinoise
en Méditerranée, dont la Syrie est une tête de pont opérationnelle majeure. Ces
frappes sont aussi une opération d'intimidation et de diversion au moment
où le
pouvoir syrien reconquiert la Ghouta orientale et obtient la
reddition du chef de Ahrar al-Cham, dangereux avatar local d'al-Qaida. Des
mauvais esprits soulignent déjà la concomitance de ces frappes avec les
difficultés du président Trump et de la première ministre Theresa May (empêtrés
respectivement dans l'interminable Russiagate et dans le Brexit).
il reste difficile de savoir
qui, des généraux du Pentagone ou du président, veut le plus l'affrontement
avec la Russie et l'Iran, devenu en quelques mois l'ennemi prioritaire du monde
arabe
Il s'agissait encore de permettre
à Donald Trump de débrider son impulsivité belliqueuse tout en limitant
les risques d'escalade avec Moscou. Même s'il reste difficile de savoir
qui, des généraux du Pentagone ou du président, veut le plus l'affrontement
avec la Russie et l'Iran, devenu en quelques mois l'ennemi prioritaire du monde
arabe.
Il faut enfin resituer cette
triste séquence dans le contexte d'une offensive peu commentée dont l'impact
est potentiellement dévastateur pour l'Amérique et ses alliés, priés de faire
bloc et front: l'ouverture à Shanghaï, le 25 mars, de la première Bourse
de transactions pétrolières en yuans. Le «contre-monde» chinois s'avance,
singulier, subtil, tranquille mais déterminé. Il constitue à terme une menace
vitale pour l'imperium américain sur l'économie mondiale. Et Pékin observe
l'échiquier moyen-oriental avec intérêt et patience, en songeant aux mérites du
jeu de go…
Avec ce coup d'éclat, notre
voix, qui ne peut être que celle de l'équilibre, de l'impartialité et du
non-alignement, vient de s'enrouer
Quelles que soient les
motivations de cette intervention, la question pour nous demeure: la France
a-t-elle gagné en crédibilité et en capacité d'action régionale et globale? Le
doute est permis. Paris a certes rassuré les ONG et peut affirmer que le
pouvoir a tenu parole sur le franchissement de la ligne rouge, mais les
djihadistes de tous bords ne manqueront pas d'exploiter nos incohérences sur le
dossier syrien. Avec ce coup d'éclat, notre voix, qui ne peut être que celle de
l'équilibre, de l'impartialité et du non-alignement, vient de s'enrouer. Notre
geste martial est un signal sombre pour tous ceux qui, dans le monde,
comptaient encore sur l'indépendance d'esprit et d'action de notre pays.
On assiste aussi à la persistance
d'un biais cognitif inquiétant: l'ethnocentrisme d'un Occident discrédité dans
son approche cyniquo-moralisatrice du régime change mais qui prétend encore, en
frappant illégalement un État membre des Nations unies, définir et contrôler
son sort, le punissant de survivre, après avoir spectaculairement échoué à le
déstabiliser. Une preuve éclatante que l'essentiel est rarement là où se
concentrent l'attention médiatique et les postures politiques, mais dans le jeu
sans merci des puissances, où certains, comme nos amis allemands ou italiens,
tirent leur épingle du jeu par un discours modéré, tandis que nous prenons le
risque d'un double mépris, de l'Amérique et des victimes de notre allégeance à
contre-emploi. Les Syriens s'en souviendront quand la reconstruction débutera…
Croyant pouvoir être martiale et
«morale» à la fois, la France semble tombée dans un piège tendu pour la pousser
à rentrer dans le rang, elle qui menaçait de devenir la figure de proue d'une
Europe réfléchissant enfin aux contours possibles de sa «souveraineté», en tout
cas à ceux d'une autonomie sécuritaire par rapport à Washington et à l'Otan. La
repolarisation du monde est en cours et vient de se renforcer sensiblement. Il
n'est pas sûr qu'elle aide le peuple syrien martyrisé à recouvrir son
indépendance et sa sécurité. Il est plus urgent que jamais de retrouver notre
ADN stratégique.
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Caroline Galactéros
Immigration : les thèses à rebours de Stephen Smith, l'africaniste
cité par Macron (16.04.2018)
- Mis à jour le 17/04/2018 à 17:07
- Publié le 16/04/2018 à 19:15
DÉCRYPTAGE - Explosion
démographique subsaharienne, «misérabilisme aveugle» à l'égard de l'Afrique :
dans son dernier ouvrage, le professeur cité dimanche soir par Emmanuel Macron
défend plusieurs thèses originales à contre-pied de certains poncifs sur
l'immigration.
«Nous sommes face à un phénomène
migratoire inédit»: ce sont les mots d'Emmanuel Macron, lors de son interview
de dimanche soir face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. «Nous avons un
phénomène migratoire qui est là et qui va durer», a poursuivi le président de
la République. Pour appuyer son propos, il a cité Stephen Smith qui a
«formidablement bien décrit» le phénomène dans son dernier livre, La
ruée vers l'Europe*.
Qui est Stephen Smith, le
journaliste chercheur dont les travaux semblent influencer la vision d'Emmanuel
Macron sur l'immigration? Journaliste américain francophone, il a dirigé la
rubrique Afrique de Libération entre 1988 et 2000, puis celle
du Monde entre 2000 et 2005. Depuis 2007, il est professeur à
l'Université de Duke aux États-Unis où il enseigne les études africaines.
Dans La ruée vers l'Europe, il décrit des transferts
migratoires massifs qui n'en sont qu'à leurs débuts, et veut «dépassionner» le
débat sur l'immigration en défendant plusieurs thèses à rebours des poncifs
habituels.
● La bombe démographique
africaine
Pour Stephen Smith, nous ne
sommes qu'à l'aube des grands mouvements migratoires du XXIe siècle. Il se base
sur des prévisions démographiques implacables: en quelques dizaines d'années,
l'Afrique a connu une explosion démographique sans précédent. De 150 millions
d'habitants dans les années 1930, elle est passée à 1,3 milliard de personnes
aujourd'hui.
» LIRE AUSSI - Les
mesures polémiques du projet de loi asile et immigration
Et en 2050, Stephen Smith
anticipe un nouveau doublement de la population africaine, qui devrait passer à
2,5 milliards de personnes. «Sur un total de 10 milliards d'habitants, 25%
seront des Africains», estime-t-il. «Enfin, en 2100, cette proportion aura de
nouveau doublé: sur un total mondial d'un peu plus de 11 milliards d'habitants,
40% seront africains ; ils seront, pour l'essentiel, la jeunesse du monde.»
À titre de comparaison, si la
population française enregistrait la même progression, «l'Hexagone compterait
dans une trentaine d'années plus de 650 millions d'habitants, la moitié de la
Chine actuelle».
● C'est le relatif
«décollage» de l'Afrique qui favorise les migrations
À cet égard, Stephen Smith décrit
un «misérabilisme aveugle à l'égard de l'Afrique». Le chercheur nuance le
raccourci fréquent selon lequel les migrants forment un bloc monolithique de
«pauvres» qui «fuient» leur pays. «Ne fuit pas qui veut», souligne-t-il. «Les
plus pauvres parmi les pauvres n'ont pas les moyens d'émigrer. ils n'y pensent
même pas. Ils sont occupés à joindre les deux bouts, ce qui ne leur laisse
guère le loisir de se familiariser avec la marche du monde et, encore moins,
d'y participer.»
Pour le chercheur, «deux
conditions majeures doivent être réunies pour déclencher la ‘ruée vers
l'Europe'».
La première, c'est le
franchissement «d'un seuil de prospérité minimale par une masse critique
d'Africains». Stephen Smith estime que la somme minimale nécessaire au départ
se situe entre 1500 et 2500 euros, «soit une ou plusieurs fois le revenu annuel
dans tel ou tel pays subsaharien».
La seconde condition est
«l'existence de communautés diasporiques, qui constituent autant de têtes de
pont sur l'autre rive de la Méditerranée». La diaspora facilite l'installation,
l'orientation du migrant, voire l'obtention de son premier emploi. Stephen
Smith cite la communauté somalienne de Minneapolis-Saint-Paul dans le
Minnesota, la communauté togolaise d'Eschweiler en Allemagne ou les multiples
«China town» aux États-Unis. «Après, c'est une question de point de vue: on
peut se féliciter d'une aide communautaire facilitant beaucoup de choses ou, au
contraire, déplorer des ‘enclaves étrangères' dans le pays d'accueil, qui en
compliquent d'autres», écrit-il.
● L'aide au développement
alimente la migration
C'est l'une des conséquences du
point qui vient d'être évoqué: contrairement à ce qui est régulièrement avancé,
l'aide au développement ne limite pas l'immigration. Au contraire, elle la
favorise, estime Stephen Smith. Selon lui, «les pays riches se tirent une balle
dans le pied. En effet, du moins dans un premier temps, ils versent une prime à
la migration en aidant des pays pauvres à atteindre le seuil de prospérité à
partir duquel leurs habitants disposent des moyens pour partir et s'installer
ailleurs. C'est l'aporie du ‘codéveloppement', qui vise à retenir les pauvres
chez eux alors qu'il finance leur déracinement», écrit-il dans son ouvrage.
Très critique à l'égard du
codéveloppement, il estime que celui-ci n'a pas provoqué de décollage dans les
pays qui en bénéficient, contrairement à d'autres pays comme la Chine ou
l'Inde, dont le dynamisme économique ne doit rien à ces politiques. «Les
cyniques se consoleront à l'idée que l'aide a rarement fait advenir le
développement mais, plus souvent, servi de ‘rente géopolitique' à des alliés
dans l'arrière-cour mondiale» note-t-il.
● La «scène de l'épreuve»
des migrants en route pour l'Europe
Depuis les arrivées massives de
2015, «la Méditerranée est devenue la ‘scène de l'épreuve' par excellence,
estime Stephen Smith. La traversée du Sahara est très peu couverte en raison
des risques que cela ferait courir aux journalistes. Même chose en Libye, où
seuls quelques reportages ont pu montrer le sort réservé aux migrants qui n'ont
plus de sous: enfermés dans des «maisons à crédit», torturés, affamés, parfois
réduits en esclavage. Dans ce contexte, la Méditerranée devient «la focale
médiatique d'un ‘jeu de guerre' (Jeremy Harding) entre migrants, trafiquants,
la police des frontières et les humanitaires sans frontières», explique Smith.
Décrite comme «un
cimetière à ciel ouvert», «la honte de l'Europe» voire le lieu d'un
«génocide silencieux», la Méditerranée par laquelle des centaines de milliers
de migrants ont rejoint le vieux continent recouvre une réalité plus mesurée,
explique Stephen Smith. En 2015, année
de la mort du petit Aylan qui avait bouleversé le monde entier, «le risque
de périr en traversant la Méditerranée dans une embarcation de fortune était de
0,37%», explique-t-il. «La même année, selon les chiffres de la Banque
mondiale, le risque de mourir en couche était de 1,7% pour une femme au Sud
Soudan, pire endroit pour mettre un enfant au monde». Soit un risque quatre
fois et demi plus grand.
Ces calculs, purement
statistiques, ne relativisent en rien le drame de ceux qui perdent la vie
pendant la traversée, souligne-t-il. «Mais il faut se rendre à l'évidence: les
migrants africains prennent un risque calculé, pour arriver en Europe,
semblable aux risques qu'ils prennent habituellement dans la vie qu'ils
cherchent à laisser derrière eux», conclut-il.
● L'immigration ne
comblera pas le déficit d'actifs en Europe
Stephen Smith conteste aussi
l'idée selon laquelle l'«exportation» de main-d'oeuvre africaine puisse
«codévelopper» la jeune Afrique et le Vieux Continent.
En Europe, la
venue de migrants n'enrayera pas le déclin démographique, et ne sauvera pas
le système de retraites et de Sécurité sociale fondé sur la solidarité
intergénérationnelle. «Certes, les migrants adultes intégreraient la population
active et contribueraient, à travers leurs cotisations, à financer le système
des retraites, mais, compte tenu de leurs familles qui sont, en moyenne, plus
nombreuses, le gain auprès des retraités serait compensé par le coût pour
scolariser, former et soigner les enfants», écrit-il.
Parallèlement, Stephen Smith voit
aussi les départs des jeunes Africains comme «une perte nette pour l'Afrique».
En effet, ce sont généralement les jeunes les plus éduqués et les plus
«débrouillards» qui tentent le voyage: «Pour partir, il faut des diplômes, un
petit pactole, un esprit qui permette d'échapper à une vision étriquée. Ce sont
donc les forces vives qui s'en vont», explique Stephen Smith.
● Du plus optimiste au
plus noir, quelques scénarios possibles:
Avec tous ces éléments en main,
Stephen Smith dessine plusieurs scénarios susceptibles d'émerger à l'avenir. Le
plus optimiste -le scénario d'une «Eurafrique»- aboutirait à une Europe
accueillante, multiculturelle, qui «s'accepterait pleinement comme une terre
d'immigration et embrasserait son ‘métissage généralisé'». Mais pour lui,
l'«Eurafrique» signifierait surtout la fin de la sécurité sociale en Europe ;
En effet, «l'État social ne s'accommode pas de portes ouvertes, d'où l'absence
historique d'une sécurité sociale digne de ce nom aux États-Unis, pays modèle
d'immigration.»
Un autre scénario serait celui de
«l'Europe forteresse». Une bataille généralement considérée comme «perdue
d'avance», voire «honteuse», estime-t-il. C'est pourtant celui-ci qui a «ses
raisons et ses chances d'aboutir», selon lui. C'est celui des conventions
bilatérales signées avec les pays de départ ou les pays de transit, comme la
Turquie ou la Libye (par des accords avec les seigneurs de guerre de ce pays
sans appareil étatique fonctionnel). «Soudain, l'été 2017, le flot des migrants
venus de Libye a aussi brusquement baissé que les 6 milliards d'euros octroyés
à la Turquie ont colmaté le flanc sud-est de l'Europe», écrit-il. Mais au
regard de l'ampleur des déplacements migratoires à venir, «toute tentative
purement sécuritaire est vouée à l'échec», conclut-il.
* La
ruée vers l'Europe: La jeune Afrique en route pour le Vieux Continent, fév.
2018, Grasset, 267p.
«Violence, drogue, sexe»: Tolbiac doit être évacuée en
urgence selon son président (17.04.2018)
Par Le Figaro Etudiant • AFP agence • Publié
le 17/04/2018 à 09:22 • Mis à jour le 17/04/2018 à 13:17
VIDÉO - Georges Haddad,
président de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, a de nouveau réclamé mardi
l’intervention des forces de l’ordre sur le site de Tolbiac, transformé selon
lui en «capharnaüm» par les bloqueurs opposés à la réforme de l’université.
«J’ai du mal à le décrire (le
site) tellement je suis consterné par l’état du centre, un vrai capharnaüm. La
violence, la drogue, le sexe même. On me l’a dit, et je crois que c’est vrai,
il se passe des choses qui sont indignes». Georges Haddad, président de
l’université Paris I Panthéon Sorbonne, ne cache plus son inquiétude. Il s’y
tient aussi selon lui «des fêtes, ce qu’on appelle les rave-party: le vendredi
soir, le samedi soir, des centaines de jeunes viennent festoyer au centre
Tolbiac». Ce mardi sur Cnews, il a à nouveau réclamé une intervention policière
pour évacuer les bloqueurs.
Tolbiac, qui fait partie de
Panthéon-Sorbonne (ou Paris-1), est occupé depuis le 26 mars par des étudiants
et des militants. Il est devenu l’un des lieux emblématiques de la mobilisation
contre la loi modifiant l’accès à l’université, qui touche plusieurs sites
universitaires en France.
Qualifiant la situation de
«préinsurrectionnelle» et craignant «le pire», le président a affirmé «attendre
désespérément que le centre soit évacué» par les forces de l’ordre: «J’attends
l’intervention policière (...) Vais-je être obligé de faire directement appel
au ministère de l’Intérieur?»
Des dégâts proches du «million
d’euros»
Le 11 avril, M. Haddad avait
demandé l’intervention de la police pour faire lever le blocage, notamment
après la découverte de cocktails Molotov à Tolbiac. Mais la police a pour
l’heure exclu une opération aussi sensible dans cette tour de 22 étages. Le
président de la République Emmanuel Macron a lui-même confirmé que la
«topographie» du centre universitaire rendait toute intervention policière
dangereuse. Lundi, le syndicat étudiant UNI, classé à droite, a annoncé le
dépôt d’un nouveau recours visant la préfecture de police pour «libérer Tolbiac
et permettre aux étudiants de pouvoir y passer leurs examens dans de bonnes
conditions».
Interrogé sur le montant des
dégâts matériels, M. Haddad a estimé qu’ils approchaient «du million d’euros»
et dit craindre en particulier que «le matériel informatique soit pillé,
dévasté ou détruit». Il y a, selon lui, parmi les occupants «des bandits qui
attendent le moment opportun pour dévaliser le centre». Quant aux partiels,
Georges Haddad a indiqué que sa préférence irait «plutôt» à «un report, pour
qu’on soit dans la sérénité». «Les examens se passeront en bonne et due forme
(...) il est hors de question de donner des diplômes en chocolat aux
étudiants», a-t-il insisté, reprenant l’expression du chef de l’Etat.
A Nanterre, les étudiants votent massivement pour la
poursuite du blocage (17.04.2018)
Devant la fac de Nanterre bloquée,
hier, pour le premier jour des partiels. Crédits photo: Figaro etudiant
À l’issue de trois heures de
débats, plus de 1 200 étudiants sur les 1 700 présents ont voté pour reconduire
le blocage de leur université jusqu’à jeudi. La direction devra organiser un
probable report des partiels prévus à ces dates.
«On est contre cette loi et on se
battra jusqu’au bout»: les étudiants de Nanterre ont massivement voté mardi la
reconduction du blocage pour s’opposer à la réforme de l’université, malgré
l’avis d’étudiants qui réclamaient la «liberté d’étudier» en pleine semaine de
partiels. L’amphithéâtre initialement prévu n’a pas suffi: sous le soleil
printanier, près de 1 700 étudiants remplissent mardi matin l’une des plus
grandes salles de la faculté de Nanterre, 24 heures après le début du
blocage qui a entraîné le report des partiels lundi et mardi.
«Un blocage total de la fac, ce
n’est pas arrivé depuis 2009, je pense qu’on peut s’applaudir», lance en
préambule Hugo, accueilli par un mélange d’applaudissements et de huées donnant
le ton des débats. À la tribune, les grévistes brocardent le projet de loi
porté par le gouvernement, dénonçant un texte «qui transforme un principe
d’exception en principe général», avec une sélection faite de «plein de
critères très discriminants».
Des étudiants opposés au
blocage
Jeudi, ils n’étaient que quelques
centaines à voter le blocage de cette université emblématique de région
parisienne d’où était partie la contestation en mai 68. L’afflux de nouvelles
têtes depuis la dernière AG, salué par un étudiant gréviste comme «la fin d’un
certain entre-soi», change cependant la donne: une pétition contre l’occupation
a recueilli plus de 3 000 signatures.
«Votre liberté de manifester
s’arrête là où commence notre liberté de passer nos examens», lance au micro
Benoît, étudiant en droit. «Qui a la légitimité de décider d’un coup que 30.000
étudiants n’auraient pas le droit de passer leurs partiels?», interroge-t-il.
«Vous muselez des centaines d’étudiants», assène Charlotte, étudiante en droit,
«vous vous mettez à dos des personnes qui partagent votre opinion», renchérit
une autre, suscitant des applaudissements nourris. «Je suis contre la sélection
mais votre mouvement je ne le comprends pas», se désole aussi Thomas, alors
qu’un étudiant l’interpelle dans la foule: «Et tu fais quoi, toi?»
Résistance en chocolat
Dans les rangs, une caisse de
grève pour les postiers des Hauts-de-Seine circule, alors que deux cheminots,
un enseignant en lycée pro et des membres de la CGT énergie interviennent au
micro, appelant à manifester. Une invitation qui agace certains: «Solidarité
cheminots, solidarité Syrie (...). Ça fait un peu cour des miracles, on est là
pour parler du blocage», lance ainsi un étudiant, salué par des
applaudissements.
«Tyrannie, anarchie,
anti-démocratique... comme vous y allez! Vous avez oublié bolchevique», ironise
un autre, pour qui la grève «est le seul moyen de faire entendre notre voix».
«On l’affirme haut et fort: on est contre cette loi, on est contre l’avenir que
le gouvernement nous prépare, de précarité, d’oppression, et c’est pour ça
qu’on se battra jusqu’au bout», lance Victor, militant à l’Unef et au NPA.
«Est-ce qu’on va se poser à réviser ou est-ce qu’on va construire un mouvement
de grève qui fasse reculer le gouvernement?», interroge-t-il.
«Malheureusement, on ne fera
pas reculer le gouvernement en faisant signer des pétitions»Lucas, étudiant en
psychologie
«Cette loi est extrêmement
pernicieuse et il faut s’y opposer maintenant», réplique un professeur au
micro, suscitant une longue salve d’applaudissements avec une partie de la
foule debout. «La fac elle est à nous!», «Balaudé démission», du nom du
président de l’établissement, résonnent parfois dans l’amphithéâtre. Selon
Serkan, étudiant en Histoire de l’art, «l’annulation des partiels» a permis de
«gagner du temps collectivement» pour s’organiser. «Malheureusement, on ne fera
pas reculer le gouvernement en faisant signer des pétitions», estime Lucas,
étudiant en psychologie, qui ironise: «Il n’y aura pas de résistance en
chocolat» en référence à la formule d’Emmanuel Macron sur le refus d’«examens
en chocolat dans la République».
À l’issue de trois heures de
débats, une poignée d’étudiants «compteurs» montent sur les tables en
différents points de l’amphi, dénombrent les bras levés: 1.272 voix pour, 336
contre et 40 abstentions. Blocage reconduit jusqu’à jeudi avec, selon
l’université, un probable report des partiels organisés sur ces dates.
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À Rennes 2, plus de 3 000 personnes votent le blocage
jusqu’au début des examens (17.04.2018)
Par Le Figaro Etudiant •
Publié le 17/04/2018 à 10:51
Olivier David, le président de
l’université, se dit très pessimiste pour la bonne tenue des partiels. Crédits
photo: Electzik — CC BY-SA 3.0
Une assemblée générale
gigantesque s’est conclue hier à l’université Rennes 2 par le vote de la
reconduction du blocage de la fac jusqu’au 30 avril, premier jour des examens.
C’est une véritable marée humaine
qui a déferlé hier sur le campus de l’université Rennes 2. Les étudiants
mobilisés contre la loi ORE, qui modifient les modalités d’accès à
l’université, organisaient une assemblée générale pour décider de la suite à
donner à leur mouvement. En tout, plus de 3 000 personnes se sont rassemblées
devant le hall B de l’université, selon Ouest France. Aux termes de débats nourris, les étudiants
présents ont voté pour reconduire le blocage de leur université jusqu’au lundi
30 avril, date du premier jour des examens.
L'Assemblée générale de Rennes 2
débute devant le Hall B.
Ces partiels étaient au coeur de
la discussion. Faut-il réclamer leur annulation? Leur report? Une chose est
sûre, peu de personnes ont osé prendre la parole contre le blocage, raconte le
quotidien régional. Les étudiants ont voté à une large majorité pour
l’obtention d’un «10 améliorable» aux examens pour tous les étudiants. Les
étudiants rennais reprennent le modèle de l’université de Nanterre. Hier,
l’université francilienne a été bloquée par des jeunes manifestants aidés de
cheminots pour le premier jour des examens de ses étudiants.
Olivier David, le président de
l’université, se dit très pessimiste pour la bonne tenue des partiels. «Si le
blocage persiste, nous aurons évidemment des difficultés pour tenir les
calendriers d’examens» explique-t-il à Ouest France, car «reprogrammer et relocaliser les
épreuves suppose une logistique très lourde et, encore une fois, l’accès à nos
locaux». Il s’est également prononcé contre le «10 améliorable». «Délivrer des
diplômes reconnus est une condition indispensable à nos yeux. Nous organiserons
donc les examens avec le risque d’un report dans la programmation» assure-t-il.
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La police peut-elle déloger les bloqueurs des universités ?
(09.04.2018)
Par Jean-Marc De Jaeger •
Publié le 09/04/2018 à 12:10 • Mis à jour le 17/04/2018 à 10:47
L’université Paris 8, à
Saint-Denis, fait partie de la dizaine d’établissements bloqués. Crédits
photo: LUDOVIC MARIN/AFP
INTERVIEW - Maître Valérie
Piau, avocate en droit de l’éducation, rappelle que les forces de l’ordre ne
peuvent entrer dans une université que sur décision de son président et du
préfet.
Rennes 2, Paul Valéry à Montpellier, Tolbiac à Paris... Depuis le début du mois, une dizaine de campus universitaires sont bloqués par
des étudiants opposés à la sélection à l’université. Ce lundi, une dizaine
d’étudiants ont bloqué l’accès à l’université de Nanterre, empêchant des
centaines d’étudiants en droit de passer leurs partiels. Les examens d’hier
sont reportés. Les étudiants ont-ils le droit d’occuper des amphithéâtres et
d’empêcher d’autres étudiants de se rendre en cours ou en examen? Les forces de
l’ordre peuvent-elles entrer dans les établissements? Maître Valérie Piau,
avocate experte en droit de l’éducation et auteur du «Guide Piau: les droits
des élèves et des parents d’élèves», nous rappelle les règles de droit.
«Les forces de l’ordre peuvent
intervenir dans les universités mais seulement à la demande du président
d’université et avec l’accord du préfet»Maître Piau, avocate spécialisée dans
le droit de l’éducation
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- Conférences, tri sélectif et soirées techno: bienvenue dans la ZAD de
Tolbiac.
Le Figaro Étudiant - Les
étudiants ont-ils le droit de bloquer leur université et de faire grève?
Valérie Piau - Le
terme de grève étant propre aux travailleurs et au droit du travail, il ne
s’applique pas aux étudiants. Ceci dit, les étudiants peuvent décider de ne
plus aller en cours. Ils peuvent «occuper» une salle ou un amphithéâtre de leur
université dans le but d’y débattre, comme le précise l’article 811-1 du Code de l’éducation: les étudiants
«disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes
politiques, économiques, sociaux et culturels. Ils exercent cette liberté à
titre individuel et collectif, dans des conditions qui ne portent pas atteinte
aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre
public». Autrement dit, les étudiants n’ont pas le droit d’empêcher d’autres
étudiants de se rendre en cours ou en examen. Ce qui constitue une «entrave à la liberté
d’aller et venir dans un lieu public»
Valérie Piau est avocate en droit
de l’éducation.
Que risquent les étudiants
bloqueurs?
Les étudiants bénéficiaires d’une
bourse sur critères sociaux sont soumis à une obligation d’assiduité. En s’absentant des cours, le Crous
peut supprimer leur bourse voire demander le remboursement des certaines
mensualités. Les bénéficiaires d’une bourse au mérite, qui se sont engagés à
être assidus aux cours, peuvent aussi se voir retirer leur aide. Le manque
d’assiduité peut en effet se traduire par une mauvaise note aux examens voire à
un redoublement. À noter que les présidents d’université peuvent suspendre
cette obligation d’assiduité lors des blocages pour ne pas pénaliser les
boursiers. En cas d’agression ou de dégradation, l’agresseur peut faire l’objet
d’une sanction disciplinaire et peut, en plus, être poursuivi au pénal.
La police peut-elle intervenir
dans les universités pour déloger les bloqueurs?
Les forces de l’ordre peuvent
intervenir dans les bâtiments des universités mais seulement à la demande du
président d’université. Ils ne peuvent pas entrer dans l’enceinte de
l’université sur un simple appel d’étudiant. Le président doit être avisé au préalable.
Celui-ci «est responsable du maintien de l’ordre et peut faire appel à la force
publique dans des conditions fixées par décret en Conseil d’État», comme
l’indique l’article 712-2 du Code de l’éducation. Il doit au
préalable demander l’autorisation du préfet. En cas de refus, le président
sollicite le juge administratif des référés. En revanche, la loi interdit aux
milices privées (agents de sécurité, groupes d’étudiants, etc.) d’intervenir. À
Montpellier, le doyen de la faculté de droit avait demandé l’intervention de la
police, laquelle a été refusée par le préfet. Même refus à l’université
Paris-1. Le 11 avril, son président, Georges Haddad, avait sollicité une évacuation des occupants du site de Tolbiac après la
découverte de cocktails molotov. Le préfet de police de Paris n’avait pas donné
suite à cette demande.
«Un président d’université
peut fermer l’établissement pour une durée maximale de 30 jours si le risque de
troubles est trop important».Maître Valérie Piau, avocate en droit de
l’éducation
L’intervention de la police doit
avoir un but préventif. Elle devient illégale dès lors que le trouble à l’ordre
public a disparu, mais elle peut mettre fin à un trouble déjà réalisé. L’université
est responsable si l’inaction du président cause un dommage. Le recteur et/ou
le ministre peut se substituer au président en cas d’inaction de sa part. En
outre, le président d’université peut fermer l’établissement pour une durée
maximale de 30 jours s’il estime que la sécurité des personnels et étudiants
n’est pas assurée. Le cas de la faculté de droit de Montpellier est une
bonne illustration: l’irruption d’un groupe d’hommes cagoulés lors d’une
assemblée générale entraîne la fermeture de la faculté puis sa réouverture dix
jours plus tard sous le contrôle des forces de l’ordre.
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Cuba se prépare à tourner la page des Castro (17.04.2018)
REPORTAGE - Raul Castro doit
quitter la présidence cubaine ce mercredi, mettant fin à six décennies de
pouvoir sans partage de la fratrie sur l'île. Il gardera toutefois la main sur
les leviers du pouvoir de la dictature.
À La Havane
Au crépuscule de la présidence de
Raul Castro, l'heure n'est pas à la fièvre électorale. Dans le quartier
populeux havanais du Cerro, quelques anciens d'Angola, venus acheter la Granma,
le quotidien officiel du Parti communiste cubain, ne décolèrent pas. Leurs
préoccupations? La Syrie. «Ces gens, Trump (prononcé «Troumpe», NDLR), Emmanuel
Macron et celle d'Angleterre, sont des cochons. Il faut envoyer un missile sur
Washington», vocifère Abelardo, ancien artilleur dans l'enclave de Cabinda, en
Angola, lors de la guerre que les Cubains y ont menée entre 1975 et 1989.
Son acolyte, un colosse édenté,
en est sûr: «Les armes chimiques? Ce sont des mensonges. Les Américains ont
tout inventé, comme en Irak.» Après avoir dénoncé l'Occident à qui mieux mieux,
la tension retombe un temps et Nelson, 80 ans, longtemps technicien d'une
fabrique de tabac, donne ses pronostics pour la succession annoncée de Raul
Castro: «J'ai deux candidats en tête. Le premier est Bruno Rodriguez (ministre
des Affaires étrangères, NDLR) et le second Miguel Diaz-Canel (numéro deux du
gouvernement, NDLR). Rodriguez est quelqu'un d'intelligent qui maîtrise tous
les dossiers, internationaux ou pas. Diaz-Canel en maîtrise moins et il manque
un peu de profondeur», estime le vieil homme.
Aux yeux des 11,2 millions
d'insulaires, nés pour leur immense majorité après la révolution, la situation
politique semble figée
Yanelys, propriétaire d'un
paladar (restaurant privé) dans le Vedado, est plus nuancée. «Ici rien n'est
jamais sûr, si ce n'est qu'au fond, rien ne change. Alors je ne parierais pas
sur la nomination de Diaz-Canel.» Après tout, le départ de Raul Castro a été différé plusieurs fois.
Il devait initialement avoir lieu le 25 février. Le président cubain,
prétextant la nécessité de régler les dégâts causés dans l'île par l'ouragan
Irma, l'a reporté au 19 avril. Puis le 16 avril, nouveau coup de
théâtre: le frère de feu Fidel partira finalement ce 18 avril. Comme bien
des cuentapropistas (entrepreneurs privés), qui représentent désormais
12 % de la population active, Yanelys apprécie peu la bureaucratie
socialiste et les contraintes croissantes que lui impose le gouvernement. Mais
comme presque tous les Cubains, elle est incapable de dire à quoi pourrait
ressembler un autre Cuba.
» LIRE AUSSI - Cuba: qu'ont changé les dix ans de pouvoir de Raul Castro?
Aux yeux des 11,2 millions
d'insulaires, nés pour leur immense majorité après la révolution, la situation
politique semble figée. «No hay futuro (il n'y a pas de futur, NDLR)»,
disent-ils souvent. D'autant plus que la dissidence, muselée par le régime, n'a
pas su toucher le cœur du peuple. Seule certitude, l'opposition est interdite
et plus affaiblie que jamais. Elle a été terrassée lors des élections du 11 mars,
le gouvernement cubain lui interdisant de présenter des candidats. Lors du
huitième Sommet des Amériques, qui s'est tenu à Lima le week-end dernier, la
dictature cubaine, représentée par une forte délégation des Jeunesses
communistes s'en est pris aux jeunes opposants cubains, les accusant, non sans
raison, d'être financés par les États-Unis. Oubliées les chances d'une
démocratie à la cubaine!
Castro, un vrai-faux départ
Ce 18 avril marquera
toutefois l'histoire, puisque pour la première fois depuis presque soixante
ans, le pays ne sera pas dirigé par un Castro. En apparence seulement, car Raul
Castro restera au poste en coulisses. S'il semble acquis que le frère de Fidel
quittera bien la présidence, il gardera la main sur les leviers du pouvoir. Le
vieux général devrait rester premier secrétaire du Parti communiste cubain
jusqu'en 2021 et par-là même le maître de l'armée.
» LIRE AUSSI - Raul Castro: un départ en trompe l'œil
Cette situation où un Castro
tirera les ficelles n'est pas inédite. Si le successeur le plus probable de
Raul semble être Miguel Diaz-Canel, un civil de 57 ans et pur produit du Parti,
il pourrait n'être qu'un président sans grands pouvoirs. À l'instar de ce qui
s'est passé dans l'île jusqu'en 1976. Le premier ministre d'alors s'appelait
Fidel Castro. Mais qui se souvient du président Osvaldo Dorticos, une
marionnette à qui Fidel succéda la même année, en changeant la Constitution
cubaine?
«Je me souviens qu'avant 1959,
quelqu'un qui travaillait, mangeait sans problème. Ce qui n'est plus le cas.
Les salaires ne permettent plus de se payer quoi que ce soit»
Nelson, 80 ans
Si la parole était totalement
bridée jusqu'en 2006 pendant la présidence de Fidel Castro, les Cubains ont eu
moins peur de parler par la suite. Non de politique, trop dangereux, mais
d'économie, une façon détournée d'aborder la politique. Et à les croire, le bilan de Raul Castro est mauvais. Les retraités
et les travailleurs du public se plaignent de salaires indécents pour vivre.
Nelson, qui vend des journaux
pour compléter sa retraite, précise: «Avoir supprimé les commerces privés, dès
le début de la révolution, fut une erreur. L'État ne peut pas tout gérer. Je
travaillais dans un commerce de détail. Mon chef en possédait quatre, mais il y
avait de la concurrence et le commerce qui ne travaillait pas bien était
éliminé», avant d'ajouter: «J'avais 20 ans au moment du triomphe de la
révolution (expression consacrée à Cuba, NDLR). Je me souviens qu'avant 1959, quelqu'un
qui travaillait, mangeait sans problème. Ce qui n'est plus le cas. Les salaires
ne permettent plus de se payer quoi que ce soit. Je ne sais pas ce que je
mangerai demain. C'est pourquoi les rues sont remplies de gens désœuvrés qui
refusent de travailler pour une misère.»
Une île changée
En une décennie, Raul Castro a
pourtant radicalement changé l'île communiste. D'une part, les Cubains ont eu
le droit de sortir du pays, d'accéder progressivement à la propriété privée ou
encore de posséder un téléphone portable. Des droits pour certains théoriques,
tant le pouvoir d'achat est bas, mais qui ont représenté une véritable
révolution dans l'île. D'autre part, le président sortant a mis en place dès
2010 un capitalisme à la cubaine. Si les
600.000 cuentapropistas se plaignent des charges, de la bureaucratie
omniprésente et de la corruption, leur apparition massive a changé
le visage de l'île. Enfin, le rapprochement de Cuba avec les États-Unis en
décembre 2014, sous les auspices du Vatican et du Canada, a créé un
véritable espoir de développement économique. C'était avant l'arrivée
catastrophique de Donald Trump.
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Les mesures polémiques du projet de loi asile et immigration
(16.04.2018)
VIDÉO - Le texte controversé
présenté par le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, est débattu toute
cette semaine à l'Assemblée nationale.
Droit dans ses bottes. Le
ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, n'a pas infléchi son texte. Son
objectif est double: faciliter les contrôles des personnes interpellées sans
papiers et accélérer la procédure de l'asile pour augmenter le nombre des
reconduites aux frontières. En veillant à rendre ces dernières effectives. Par
ailleurs, le texte propose une meilleure protection des mineurs et des
personnes obtenant l'asile.
● Du temps pour les
forces de l'ordre
Ces dernières disposaient
jusque-là de 16 heures pour vérifier l'identité des personnes dépourvues
de papiers lors de leur interpellation. Ce délai sera porté à 24 heures
afin d'éviter les libérations intempestives d'individus dangereux.
● Accélérer les
procédures d'asile (articles 5, 6 et 8)
C'est ce qui fait bondir les
associations et les professionnels de l'asile. Tous les délais de procédure ont
été diminués de manière drastique: les demandeurs d'asile n'auront plus que 90
jours au lieu de 120 pour déposer leur dossier à l'Office français de
protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). De même, ils n'auront que 15
jours pour faire appel devant la Cour nationale du droit d'asile. Un temps jugé
trop court pour des personnes vulnérables souvent dépourvues de domicile fixe.
Par ailleurs, pour décourager les demandeurs déboutés de faire appel, les
décisions concernant les ressortissants des pays sûrs seront exécutoires sans
attendre l'appel.
● Augmenter le temps de
rétention administrative (article 16)
C'est l'un des principaux points
de friction entre
le gouvernement et sa majorité. Pour donner plus de chances aux
expulsions d'être effectives, les délais de rétention sont rallongés. Ils
passent de 45 à 90 jours. Le but est en effet de laisser le temps aux pays de
retour de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires à l'expulsion des
personnes sans risquer des libérations impromptues, faute de respect des
délais.
● Protéger les mineurs
(article 3)
Les mineurs isolés qui
obtiendront l'asile pourront demander la «réunification familiale». Cette
dernière ne concernera pas seulement les parents mais aussi les fratries. De
même, les enfants - fille comme garçon - menacés de mutilations sexuelles
bénéficieront de l'asile ainsi que leurs parents. De quoi faire craindre à la
droite l'ouverture de nouvelles filières de passeurs.
● Faciliter le séjour
légal (articles 1 et 2)
Le titre de séjour qui sera
accordé aux demandeurs d'asile sera valable 4 ans et non plus une seule petite
année. De quoi éviter les tracasseries administratives. Les députés de la
majorité souhaitent que les demandeurs d'asile puissent avoir l'autorisation de
travailler au bout de 6 mois et non plus au bout de 9 comme actuellement.
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Berlin: Merkel dénonce une agression antisémite présumée
(18.04.2018)
Angela Merkel a vivement dénoncé
aujourd'hui une agression antisémite présumée à coups de ceinture survenue dans
la rue à Berlin sur fond de crainte de résurgence de l'antisémitisme en
Allemagne. L'une des deux victimes, Adam, 21 ans, a cependant indiqué dans une
interview à la chaîne de télévision publique allemande Deutsche Welle ne pas
être juif mais un Arabe israélien et qu'il "s'agissait de la première
fois" qu'il portait une kippa.
Il a expliqué avoir reçu la
calotte religieuse en cadeau d'un ami et être parti du principe, avant
l'agression, que cela ne posait pas de problème de la porter dans la rue dans
la capitale allemande. La police berlinoise a indiqué dans un communiqué
enquêter sur cette "agression antisémite" contre Adam et un autre
jeune de 24 ans et rechercher les auteurs. "C'est bien sûr un incident
terrible et nous allons réagir", a commenté la chancelière Angela Merkel
au cours d'une conférence de presse à Bad Schmiedeberg, à l'issue d'une
rencontre avec des chefs de gouvernement d'Etats régionaux allemands. "Ce
combat contre de tels actes antisémites doit être gagné, il en va de la
réputation de notre Etat, et nous nous engageons de toutes nos forces",
a-t-elle ajouté.
La ministre de la Justice
Katarina Barley a dénoncé une "honte pour la démocratie". Et le chef
de la diplomatie allemande Heiko Maas a parlé d'une attaque
"insupportable", rappelant "la responsabilité" particulière
de l'Allemagne à l'égard des Juifs. "Cet acte doit être puni le plus
sévèrement possible", a indiqué le président du Conseil central des
Juifs d'Allemagne, Josef Schuster. La victime prénommée Adam a indiqué avoir
été agressée mardi soir avec son ami alors que tous deux portaient une kippa et
marchaient dans un quartier huppé de Berlin.
Les agresseurs étaient trois
jeunes, dont l'un au moins parlait arabe, a-t-il dit, affirmant que le
principal agresseur parlait "un dialecte syrien". Il a témoigné avoir
été soudain hélé et insulté par le groupe et avoir décidé à ce moment-là de filmer
la scène. Les images montrent son agresseur en train de le fouetter avec sa
ceinture en criant "yahoud", juif en arabe et "trou du
cul". En filmant son agression, il voulait avoir "une preuve pour la
police, les Allemands mais aussi le monde entier pour montrer combien c'est
difficile pour un Juif de se promener de nos jours à Berlin", a-t-il
expliqué à Deutsche Welle.
Il a aussi critiqué la passivité
de la cinquantaine de personnes se trouvant selon lui dans les environs au
moment de l'altercation. Seule une femme s'est interposée et a crié en
direction de l'agresseur, a-t-il témoigné. La lutte contre l'antisémitisme a
une importance particulière pour le gouvernement allemand toujours hanté par le
passé nazi. Ces derniers mois, du fait de l'essor de l'extrême droite et des
inquiétudes dues à l'afflux de réfugiés arabes, un débat s'est fait jour sur la
résurgence en Allemagne de la haine à l'égard des Juifs. Plusieurs responsables
du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont ainsi tenu des propos haineux
sur l'Holocauste et le devoir de mémoire allemand. La chancelière a par
ailleurs décidé de créer un poste de commissaire à l'antisémitisme à la suite
de l'émoi suscité par des images de drapeaux israéliens brûlés au cours d'une
manifestation à Berlin contre la décision américaine de reconnaître Jérusalem
capitale de l'Etat hébreu.
Enfin, depuis plusieurs jours,
une controverse agite le monde politique et culturel national après que deux
rappeurs ont reçu un prix musical malgré des textes accusés de contenir des
"provocations antisémites".
Sahel: la situation alimentaire "en sévère
détérioration" (18.04.2018)
Mis à jour le 18/04/2018 à
18h58 | Publié le 18/04/2018 à 18h53
La sécheresse et les violences
occasionnées par des "conflits pastoraux" créent une situation
alimentaire "en sévère détérioration" dans plusieurs zones du Sahel,
a averti aujourd'hui le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA),
réuni au siège de l'OCDE à Paris. "Si des mesures vigoureuses ne sont pas
mises en oeuvre", le nombre de personnes en besoin d'assistance
alimentaire "pourrait atteindre 10,6 millions" d'ici à l'été, a
averti le RPCA qui réunit les Etats africains de la zone sahélienne et les
bailleurs de fonds internationaux (Onu, UE, Banque Mondiale, agences de développement,
ONG..).
Actuellement, "environ 7,1
millions de personnes sont en besoin d'assistance alimentaire, dont 3,7
millions dans le nord-est du Nigeria", en majorité des familles
d'éleveurs, a précisé le réseau dans son communiqué final.
» LIRE AUSSI : La
sécheresse et les conflits font progresser les famines
Dans la région du Sahel, les
récoltes céréalières ont légèrement progressé de façon globale durant la
campagne 2017-18, à 67,7 millions de tonnes (+2,5% par rapport à 2016-17), mais
des baisses sensibles sont enregistrées dans plusieurs pays et les prix des
denrées locales, céréales et tubercules restent "plus élevés que la
moyenne des cinq dernières années", s'est inquiété le réseau.
Ceci entraîne une précocité des
transhumances transfrontalières habituelles "dans un contexte sécuritaire
difficile", faisant craindre "de nombreux conflits entre pasteurs et
agriculteurs dans les zones de transit et les pays d'accueil", souligne le
réseau.
La situation alimentaire
"critique" dans plusieurs zones de la bande sahélienne (Burkina Faso,
Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) affecte surtout des ménages de
"pasteurs" (bergers ou éleveurs). Elle est aggravée "par
l'insécurité persistante dans le bassin du lac Tchad et la zone du
Liptako-Gouma", située à cheval sur le Mali, le Burkina Faso et le Niger,
indique le communiqué.
Le parquet allemand refuse d'interdire un "Mein
Kampf" théâtral (18.04.2018)
Le parquet de Constance en
Allemagne a refusé aujourd'hui au nom de la liberté artistique d'interdire une
représentation théâtrale satirique de "Mein Kampf" lors de laquelle
une distribution de croix gammées et d'étoiles jaunes est prévue. Le parquet a
ainsi rejeté, selon l'agence allemande dpa, plusieurs
plaintes qui avaient été déposées après que le théâtre de
Constance eut promis une entrée gratuite à qui acceptera de porter des
brassards frappés d'une croix gammée lors de la première de la pièce vendredi
20 avril, date de naissance d'Hitler.
A ceux qui achèteraient leur
billet, "nous (...) proposons de porter une étoile de David dans
l'enceinte du théâtre en signe de solidarité avec les victimes de la barbarie
nationale-socialiste (nazie)", écrivent les responsables du théâtre sur
leur site internet. Les symboles nazis sont prohibés en Allemagne. Le théâtre
dit vouloir ainsi démontrer à quel point il est facile de corrompre.
La pièce "Mein Kampf",
une farce noire et grinçante du Hongrois George Tabori (1914-2007) datant de
1987, fait référence au pamphlet programmatique rédigé par Adolf Hitler
lorsqu'il était en prison avant de prendre le pouvoir, en 1924-25.
La Société germano-israélienne
dans la région du Lac de Constance et la Société pour la coopération
judéo-chrétienne ont appelé au boycott de la pièce. Cette polémique intervient
alors que les autorités allemandes s'inquiètent de la montée de
l'antisémitisme. Mercredi, le gouvernement a d'ailleurs dénoncé une agression
présumée contre deux Juifs filmée par une des victimes à Berlin.
» LIRE AUSSI - Brundibar, l‘opéra sur la Shoah interprété par des enfants
La mairie de Toulouse renonce au couvre-feu (18.04.2018)
La mairie de Toulouse ne prendra
finalement pas un arrêté de couvre-feu pour mineurs dans les quartiers qui sont
depuis trois nuits le théâtre d'échauffourées entre jeunes et policiers car la
"situation est sous contrôle", a indiqué à l'AFP le maire LR Jean-Luc
Moudenc.
"Les évènements de la nuit
passée sont sans commune mesure avec ceux des deux nuits précédentes. Les
parents ont compris que les enfants n'ont rien à faire dehors la nuit dans ce
contexte de violence urbaine", a-t-il ajouté dans une déclaration écrite.
"Après avoir échangé avec la préfecture, il semble que la situation est
sous contrôle grâce au professionnalisme des forces de l'ordre. Pour ces
raisons, je ne prendrai pas ce soir un arrêté interdisant la circulation de
mineurs la nuit", a poursuivi M. Moudenc.
» LIRE AUSSI : Toulouse
: après une nouvelle nuit de violence, les forces de l'ordre restent mobilisées
Des migrants africains violés et torturés au Yémen
(18.04.2018)
Des hommes, femmes et enfants
fuyant la corne de l'Afrique ont été victimes de torture et de violences
sexuelles aux mains de fonctionnaires yéménites, a rapporté aujourd'hui
l'organisation Human Rights Watch (HRW).
L'ONG de défense des droits de
l'Homme a interrogé huit migrants ayant été détenus dans un centre du quartier
de Buraika, à Aden (sud), ainsi que des responsables gouvernementaux yéménites.
En 2017, plus de 87 000 personnes sont arrivées au Yémen depuis la corne de
l'Afrique en 2017, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les
réfugiés (HCR), qui a demandé un "accès sans entraves" aux détenus.
Des migrants étant passés par le
centre de détention de Buraika ont été battus par des geôliers armés de barres
métalliques, agressés sexuellement, et ont enduré de terribles conditions
sanitaires, a indiqué HRW. Certains détenus, notamment de jeunes garçons, ont
été violés par des geôliers, d'après le rapport.
"Chaque nuit, ils en
prenaient un, pour le violer, a confié un ex-détenu. Pas tous. Les plus petits.
Je connais sept garçons qui ont été agressés sexuellement." Au moins deux
détenus ont été tués par balle, selon des témoins, a ajouté HRW. Un
ressortissant éthiopien qui a réussit à s'évader cette année a dit à l'ONG
qu'il y avait seulement "deux façons" de quitter le centre de
Buraika, en payant des passeurs ou en étant déporté par voie maritime vers
Djibouti.
» LIRE AUSSI : Le
Yémen face à la «pire crise humanitaire de la planète»
L'ONG appelle le gouvernement
yéménite, exilé à Aden, à faire respecter les normes internationales de l'ONU
dans les centres de détention, faire en sorte d'avoir des gardiennes dans les
locaux pour femmes, et mettre fin à la détention d'enfants. Elle lui demande également
de s'assurer que les détenus ont le droit de déposer une demande d'asile et de
contester leur déportation.
Le Yémen est entré fin mars dans
sa quatrième année d'une guerre meurtrière entre les rebelles Houthis, qui
contrôlent la capitale Sanaa, et une coalition militaire sous commandement
saoudien soutenant les forces du gouvernement internationalement reconnu. Le
conflit a fait quelque 10.000 morts, dont de nombreux civils, et a provoqué la
"pire catastrophe humanitaire actuelle au monde", selon l'ONU.
Syrie: une équipe de sécurité de l'ONU essuie des tirs à
Douma (18.04.2018)
Une équipe de sécurité de l'ONU a
essuyé des tirs hier dans la ville syrienne de Douma alors qu'elle
effectuait une mission de reconnaissance pour préparer le déploiement d'experts
chargés d'enquêter sur une attaque chimique présumée, a rapporté aujourd'hui un
responsable de l'ONU.
"Une équipe de sécurité de
l'ONU a essuyé des tirs hier alors qu'elle était en reconnaissance à
Douma", a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat. "Ils n'ont
pas été blessés et sont retournés à Damas", a-t-il ajouté.
LIRE AUSSI :
Syrie/Douma: les casques blancs disent à l'OIAC où sont
enterrées les victimes (18.04.2018)
Les "casques blancs" de
la défense civile syrienne ont indiqué aujourd'hui aux inspecteurs de l'Organisation
pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) où étaient
enterrées les victimes de l'attaque à l'arme chimique du 7 avril à Douma,
imputée au régime syrien.
"Nous avons fourni aux
membres de la mission d'observation de l'OIAC toutes les informations que nous
avions sur l'attaque chimique, dont la localisation exacte des tombes des
victimes", a dit à Reuters Raed Saleh, le dirigeant de l'organisation de
secouristes. Les inspecteurs sont arrivés à Damas le week-end dernier mais ils
n'ont, pour l'instant, toujours pas pu se rendre à Douma ni sur le site présumé
de l'attaque. Ces derniers ont dû reporter leur visite mercredi pour des
raisons de sécurité, faisant état de tirs sur le lieu prévu de leur
déploiement, a-t-on appris auprès de spécialistes du dossier.
Les Etats-Unis ont accusé la
Russie lundi d'empêcher les inspecteurs d'atteindre le site de l'attaque
présumée et ont déclaré que les Russes ou les Syriens avaient peut-être tenté
de faire disparaître des preuves sur le terrain. Le gouvernement et ses alliés
russes affirment que l'attaque de Douma a été inventée pour justifier les
frappes militaires menées samedi par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la
France.
LIRE AUSSI :
GB: enquête sur «l'impartalité» de RT News (18.04.2018)
L'Ofcom, le régulateur
britannique des médias, a annoncé aujourd'hui lancer plusieurs enquêtes sur
"l'impartialité" de la chaîne russe RT News, suite au traitement par
ce média de l'affaire de l'empoisonnement d'un ex-espion russe dans le
sud-ouest de l'Angleterre.
"Depuis les évènements de
Salisbury, nous avons observé une augmentation significative du nombre de
programmes sur la chaîne RT qui méritent une enquête sur de possibles
violations du code de radiodiffusion de l'Ofcom", a annoncé l'organisation
dans un communiqué. En conséquence, l'"Ofcom a ouvert aujourd'hui sept
nouvelles enquêtes sur l'impartialité des programmes d'information de la chaine
RT News".
LIRE AUSSI :
OIAC : le Royaume-Uni dénonce le comportement «irresponsable»
de la Russie (18.04.2018)
Le Royaume-Uni a dénoncé le
comportement "irresponsable" de la Russie aujourd'hui lors d'une
réunion hautement confidentielle au siège de l'Organisation pour l'interdiction
des armes chimiques (OIAC) à La Haye pour parler de l'affaire Skripal, un
ex-espion russe empoisonné en Angleterre avec sa fille.
"Le comportement
irresponsable de la Russie viole l'interdiction mondiale des armes
chimiques" et "menace la sécurité mondiale", a déclaré
l'ambassade britannique auprès de l'OIAC dans un tweet, désignant à nouveau la
Russie comme "le seul" responsable de l'empoisonnement.
LIRE AUSSI :
Notre-Dame-des-Landes : les agriculteurs dénoncent les
concessions faites aux zadistes (17.04.2018)
La Direction départementale des
territoires de Loire-Atlantique a édité un formulaire pour permettre aux zadistes
de déclarer leur projet agricole à l'administration, d'ici le 23 avril.
Les représentants des
agriculteurs de Loire-Atlantique sont sur leur garde. Ils craignent que le formulaire édité vendredi dernier par la Direction
départementale des territoires de Loire-Atlantique, à destination des
zadistes pour qu'ils déclarent leur projet agricole à l'administration, ne soit
en fait un passe-droit par rapport à la législation actuelle. «Ce document très
sommaire a été concocté par les services de l'État sans que nous soyons
prévenus, déplore Jacques Lemaître, président de la chambre d'agriculture de
Loire-Atlantique. Nous avons obtenu des garanties comme quoi ce n'était pas un
formulaire qui permettrait à des personnes qui n'ont pas le statut
d'agriculteur d'outrepasser le code rural, mais juste à les identifier.»
Dans le détail, ce questionnaire
intitulé «Projet agricole de Notre-Dame-des-Landes, déclaration d'intention»
tient sur une page. Il comprend trois parties. La première est relative à
l'identité du porteur du projet et son expérience professionnelle, notamment
agricole.
Dans la deuxième, le rédacteur
doit présenter succinctement les productions agricoles envisagées et leurs
modes de commercialisation. Enfin, dans un tableau, il doit être indiqué les
références cadastrales et les surfaces correspondantes. En revanche, il n'est
nullement demandé au porteur du projet de signer ce document qu'il doit
remettre avant le lundi 23 avril.
«Pour être agriculteur, la
personne doit être en possession d'un diplôme reconnu par la profession»
Axel Gayraud, consultant foncier
et aménagement du territoire, à la chambre d'agriculture régionale des Pays de
la Loire
Pour l'instant, les candidats
officiels à l'installation, parmi les zadistes, se comptent sur les doigts
d'une main. «Ce formulaire a été mis en place à la va-vite pour essayer de
calmer tout le monde, notamment les occupants de la ferme des “100 noms”,
ajoute Jacques Lemaître. Ces derniers ne veulent pas s'identifier de manière
individuelle car ils ont un projet collectif.» Toutefois, on ne naît pas
agriculteur, «certaines personnes veulent s'en affranchir mais elles doivent
respecter un minimum d'étapes», rappelle la chambre d'agriculture de
Loire-Atlantique. Et cela prend du temps, plusieurs mois, voire plusieurs
années.
«Pour être agriculteur, la
personne doit être en possession d'un diplôme reconnu par la profession. Elle
doit être enregistrée au centre de formalité des entreprises à la chambre
d'agriculture, être affiliée à la Mutualité sociale agricole (régime de
Sécurité sociale des agriculteurs, NDLR), avoir obtenu l'autorisation
administrative d'exploiter et avoir passé un bail à ferme sur les terres dont
elle va avoir la jouissance», énumère Axel Gayraud, consultant foncier et
aménagement du territoire, à la chambre d'agriculture régionale des Pays de la
Loire. Une fois toutes ces conditions remplies, le futur agriculteur pourra
demander à bénéficier d'aides européennes au titre de la PAC (politique
agricole commune).
Reste que les terres agricoles de
la ZAD sont exploitées jusqu'à maintenant par une quarantaine d'agriculteurs
qui comptent bien continuer à le faire.
Des paysans craignent d'être
dépossédés
Les 36 agriculteurs qui
exploitaient une partie des terres de la ZAD, sans toutefois y résider,
entendent bien continuer à le faire. Il y a un mois, ils se sont regroupés en
association pour faire respecter leurs droits et ne pas se faire dépasser par
les projets des zadistes. «Notre association compte 31 fermes exploitant 650
hectares sur la ZAD. Nous voulons continuer à en avoir la jouissance à long
terme», souligne Michaël Mary, président de l'Association pour le maintien des
exploitations légales sur l'ancienne zone aéroportuaire (Amelaza). Depuis le
9 février 2008, date de déclaration d'utilité publique du projet
d'aéroport de NDDL, les agriculteurs étaient liés avec l'État par une
convention d'occupation précaire des terres qu'ils devaient renouveler chaque
année.
«Nous voulons revenir à la
situation d'avant 2008 et exploiter ces terres dans des conditions normales, à
travers un bail à ferme classique de 18 ans, explique Michaël Mary, lui-même
éleveur laitier à Treillières, une commune voisine. C'est important pour
l'équilibre économique de nos fermes. Nous percevions des subventions
européennes sur ces terres». Elles s'élevaient à environ 275 euros par
hectare pour une location de 70 euros par hectare. Un point de vue qui ne
fait pas l'unanimité au sein du milieu agricole. «Il faut favoriser
l'installation et légitimer les actuels occupants qui ont lutté contre
l'aéroport: les zadistes avec un projet agricole, insiste Laurent Pinatel,
porte-parole de la Confédération paysanne. Il y a suffisamment de terres pour
satisfaire beaucoup de monde».
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Sociologiquement, «il y a tous les éléments pour que le
zadisme se poursuive» (17.04.2018)
VIDÉO - Le politologue Eddy
Fougier pointe une «erreur d'interprétation» du gouvernement à
Notre-Dame-des-Landes, liée à une «mauvaise connaissance du mouvement».
Le zadisme est-il un phénomène
appelé à durer? Selon le politologue Eddy Fougier, auteur de deux notes sur
«Les Zadistes» pour la Fondapol, «le gouvernement a commis une erreur
d'interprétation sur la détermination des zadistes: il est parti de l'hypothèse
qu'ils s'en iraient très vite dès l'annonce du renoncement à l'aéroport». Or
leur objectif est désormais de «mettre
en place une alternative dans ces zones qu'ils considèrent comme “libérées”».
Sociologiquement, «il y a tous les éléments pour que cela se poursuive».
À Notre-Dame-des-Landes, «ce
n'est pas uniquement le rejet de l'aéroport qui était en jeu, c'est aussi l'idée
de créer ces communautés autonomes basées sur les principes décroissants, sur
une logique libertaire, décrypte Eddy Fougier. C'est la raison pour laquelle
les zadistes ne veulent pas quitter les lieux». Ils sont même de plus en plus
nombreux. «Ce qui, à mon avis, a péché, précise le politologue, c'est
cette mauvaise connaissance du mouvement qui n'est pas qu'un
mouvement de blocage, de sabotage, mais qui rassemble aussi un certain nombre
de personnes ayant décidé de rompre avec la société - pour les plus radicaux,
avec le travail - dans une logique un peu anarchiste.»
Même problématique à Bure
Qui sont ces jeunes zadistes?
«Ils ont souvent un certain nombre de qualifications, viennent des classes
moyennes et sont souvent dans des situations un peu précaires, répond-il. Ce
sont les mêmes - sociologiquement, en tout cas - que l'on retrouvait sur les places
publiques dans le cadre du mouvement Nuit debout, au printemps 2016. Ces
populations qui sont à la fois qualifiées et qui ne trouvent pas leur place
dans la société sont relativement nombreuses.»
«J'en ai rencontré un,
raconte-t-il, diplômé de Sciences Po, qui avait travaillé dans un cabinet
ministériel. Il parlait de désertion et m'expliquait que pas mal de camarades
de sa promotion suivaient le même cheminement…»
«Si Notre-Dame-des-Landes
disparaît, il y aura d'autres projets contestés et même s'ils n'auront pas
l'appellation “ZAD”, l'esprit sera le même»
Eddy Fougier
Au-delà, «il y a la tentation de
sortir du système: les cabanes dans les arbres, les yourtes et les toilettes
sèches, on en voit de plus en plus, souligne Eddy Fougier. On a exactement la
même problématique à Bure, dans la Meuse. Croire qu'ils sont là uniquement pour
bloquer le projet d'enfouissement des déchets nucléaires, c'est sous-estimer
leur force. Ils rachètent des maisons et s'installent pour créer des bars, des
lieux culturels ou faire de la permaculture. Donc il y a cette tentation de ne
plus jouer le jeu d'une société de consommation». Le contexte est favorable,
les idées décroissantes font leur chemin dans la société française: «Il y a eu
un salon du survivalisme à Paris en mars, note l'expert. Ces craintes de la
grande catastrophe, quelle qu'elle soit - climatique, géopolitique, une
pandémie, un effondrement du système de protection sociale - peuvent
effectivement inciter des gens à sortir du système et créer leur propre communauté,
comme les hippies des années 70.»
Mais «si Notre-Dame-des-Landes
disparaît, il y aura d'autres projets contestés et même s'ils n'auront pas
l'appellation “ZAD”, l'esprit sera le même, insiste-t-il. Certains
commentateurs voient à Notre-Dame-des-Landes une sorte de pépinière de projets
alternatifs! Le fait de considérer ces zones comme des laboratoires d'un monde
différent est un facteur qui peut les amener à perdurer d'une manière ou d'une
autre, dans un cadre plus légal». Ce n'est d'ailleurs pas qu'un phénomène
français: «en Grande-Bretagne, par exemple, le projet d'extension de l'aéroport
d'Heathrow a fait l'objet d'une même contestation, précise le politologue.
Aujourd'hui, quand on a 20 ans et qu'on a envie de changer le monde, on ne va
pas lire les publications d'Attac, on va directement sur une ZAD!».
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Thématique : Notre-Dame-des-Landes
France
Turquie : Erdogan convoque des élections anticipées (18.04.2018)
VIDÉO - Prenant l'opposition par
surprise, le chef de l'État turc, dont les pouvoirs ont été renforcés par une
réforme constitutionnelle,a annoncé mercredi que les élections législatives et
la présidentielle se tiendront le 24 juin prochain, un an et demi avant la
date prévue.
La rumeur courait depuis
plusieurs semaines. Ce mercredi 18 avril, le président turc, Recep Tayyip Erdogan,
a fini par la confirmer en personne: des élections présidentielle et
législatives anticipées se tiendront le 24 juin prochain, soit un an et
demi avant la date prévue. «Nous avons décidé de tenir ces élections le
dimanche 24 juin 2018», a déclaré à Ankara le chef de l'État turc devant
un parterre de journalistes. Mardi, la veille, le chef du Parti nationaliste
MHP avait déjà créé la surprise en appelant à un scrutin anticipé le
26 août. Vieux routier de la politique turque et nouvel allié de
circonstance de l'AKP (le parti au pouvoir), Devlet Bahçeli s'était ensuite
entretenu pendant une demi-heure, ce mercredi au
palais présidentiel d'Ankara, avant qu'Erdogan ne fasse sa sortie
publique. Les deux hommes, autrefois rivaux politiques, ont récemment conclu un
accord électoral en vue des prochains scrutins. Initialement prévues pour le
3 novembre 2019, ces élections marqueront le passage au système
présidentiel, et donc au renforcement des prérogatives du chef de l'État,
adopté lors du référendum sur la nouvelle Constitution en avril 2017.
Les opposants sous le choc
«Nous sommes prêts pour les
élections. La déclaration d'Erdogan prouve qu'il va perdre. La nation turque n'en
peut plus. 2018 sera l'année de la démocratie»
Kemal Kiliçdaroglu, chef du parti
républicain d'opposition CHP
De toute évidence, le président
turc entend surfer sur l'affaiblissement de l'opposition mais aussi sur la
«victoire» de son armée à Afrine, en Syrie, pour capitaliser un maximum de
voix. Les experts voient également dans la précipitation du scrutin la volonté
d'augmenter au plus vite les taux d'intérêt pour relancer l'économie - une
mesure peu populaire.
» LIRE AUSSI - Turquie:
Erdogan, président tout-puissant
Les opposants sont sous le choc.
«Je n'en reviens pas!», murmure une journaliste qui préfère garder l'anonymat.
Pour elle, pas de doute: «C'est une accélération flagrante de la dérive
autoritaire du pays.» Cette annonce s'inscrit dans la continuité d'une
dégradation de la libre expression: journalistes arrêtés, professeurs
d'université poursuivis en justice, dissidence prokurde muselée… Le tout dans
un contexte d'état d'urgence, régulièrement prolongé depuis la tentative de
coup d'État raté de juillet 2016. La nouvelle prend également de cours le
nouveau parti d'opposition, le Parti Iyi, dont la leader, Meral Aksener, entend
faire campagne contre Erdogan. «Beaucoup, en Turquie, pensent que la date a été
soigneusement choisie pour exclure le nouveau parti Iyi des urnes - sa période
légale de six mois de formation se terminant le 28 juin!», observe sur son
compte Twitter l'écrivain turc Mustafa Akyol.
L'intéressée refuse de se laisser
démonter. «Ils ont peur. Je sais que ces Frères ont peur et ne s'attendaient
pas à un tel niveau de peur. Je concourrai comme candidate en juin. Les lâches
meurent plusieurs fois avant leur mort. Nous l'emporterons le 24 juin», a
aussitôt prévenu Meral Aksener dans une intervention publiée par le quotidien
Cumhuriyet. Cité par le journal Hürriyet, le chef du parti
républicain d'opposition CHP, Kemal Kiliçdaroglu, tient tête, lui aussi: «Nous
sommes prêts pour les élections. La déclaration d'Erdogan prouve qu'il va
perdre. La nation turque n'en peut plus. 2018 sera l'année de la démocratie».
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«Niveau catastrophique et bureaucratie : pourquoi j'ai
fui l'université française» (18.04.2018)
OPINION - Notre système
universitaire est à bout de souffle et ce ne sont pas davantage d'État et
d'égalitarisme qui le sauveront, analyse dans une tribune l'essayiste libéral
Gaspard Koenig, qui invite les étudiants à ne pas se tromper de combat.
J'aurais volontiers passé ma vie
dans les doux pâturages de la carrière académique. Cette existence faite de
lectures, d'écriture, de conférences et de contact avec des esprits en éveil me
convenait parfaitement. Après avoir passé les concours nécessaires, j'ai
commencé à enseigner la philosophie en tant que chargé de cours, comme de
nombreux thésards. C'est là que j'ai découvert l'université française. Au bout
d'un an, j'ai fui. Depuis, je suis un fervent partisan de la sélection, qui se
retrouve un peu par hasard dans le débat public, quarante ans après l'échec
tragique de la loi Devaquet. Voici donc un retour d'expérience, certes limité à
une seule fac, mais notre jacobinisme administratif a ceci de commode qu'elles
se ressemblent toutes.
Peu importent au fond les locaux
dégradés, les toilettes qui ne ferment pas, les cantines universitaires qui
font regretter les épinards. Peu importent les faibles salaires, inférieurs à
ceux des cheminots (2 200 euros brut pour un maître de conférences,
poussivement augmenté à l'ancienneté). Peu importe la bureaucratie omniprésente
(je me rappelle encore les formulaires à remplir pour faire des photocopies).
Peu importe ce no man's land pédagogique où, dans le labyrinthe des amphis et
des TD, il est impossible de suivre individuellement les étudiants. Peu
importent les groupuscules d'extrême gauche qui, avec l'arrivée du printemps,
tiennent leur AG sur l'esplanade centrale. L'essentiel n'est-il pas de pouvoir
enseigner? De transmettre le savoir? L'absence de moyens matériels est une
contrepartie de la gratuité. Même si cela nous laisse bien démunis en
comparaison des puissantes universités anglo-saxonnes, une telle austérité peut
se défendre. Pourquoi ne pas faire de la philosophie dans une forme de
dépouillement stoïcien?
«Comment étudier Kant quand on
ne sait pas accorder les verbes au pluriel ou mettre des points à la fin des
phrases ? Les communiqués de l'Unef truffés de fautes d'orthographe et de
grammaire amusent la Toile mais reflètent la réalité des études supérieures»
Gaspard Koenig
Mais ce qui vous brise l'âme,
c'est de corriger toutes ces copies des premières années où les fondamentaux de
la langue française ne sont clairement pas acquis. Comment étudier Kant quand
on ne sait pas accorder les verbes au pluriel ou mettre des points à la fin des
phrases? Les communiqués de l'Unef truffés de fautes d'orthographe et de
grammaire amusent la Toile mais reflètent la réalité des études supérieures.
Le baccalauréat a été conçu par
Napoléon comme le premier grade universitaire précisément pour éviter ces
erreurs de parcours. Au cours du XIXe siècle, le nombre de bacheliers se
comptait par centaines. La massification de l'enseignement, dont il faut se
réjouir, a rendu ce système obsolète. Il serait donc logique de reporter le
processus de la sélection sur les universités elles-mêmes, comme partout dans
le monde. Ainsi pourrait naître une saine diversité de cursus et d'approches.
Rien n'empêcherait certains établissements de maintenir leurs portes ouvertes:
il faut des Vincennes, des lieux de contre-culture et de savoir alternatif,
mais ils ne peuvent représenter un modèle universel.
La cruauté n'est pas là où l'on
croit. La cruauté, c'est de laisser des jeunes retaper indéfiniment leur
licence de sociologie, psychologie, philosophie et lettres modernes: moins d'un
tiers des étudiants obtiennent leur licence en trois ans, proportion qui tombe
sous les 10 % pour les bacheliers issus des filières technologique et
professionnelle. La vingtaine bien entamée, ils se retrouvent sur le marché du
travail sans diplôme valable. Il y a aujourd'hui un demi-million d'étudiants en
sciences humaines (hors droit et économie): quel est leur avenir?
Le conservatisme n'est pas là où
l'on croit. L'éducationnaliste américain E.D. Hirsch a montré, dans son
livre Cultural Literacy, l'exceptionnel niveau intellectuel (et
orthographique!) des textes des Black Panthers. Les vrais révolutionnaires sont
des lettrés, charriant avec eux une culture qu'ils rejettent pour mieux la
transformer. Il n'y a pas de critique sans rumination. Les révoltés de Mai 68,
dont mes parents faisaient partie, lisaient Marcuse et Kerouac. Ceux d'avril
2018 répètent les slogans de mamie-papi et réclament encore plus d'État, sans
voir que la contestation prend aujourd'hui d'autres formes, depuis les
cryptomonnaies jusqu'aux îles autogérées (seasteading) imaginées par les
libertariens.
Enfin, la justice sociale n'est
pas non plus là où l'on croit. Aujourd'hui, l'élite fait tout pour éviter à ses
rejetons le purgatoire de la fac. Elle les envoie en prépas, à l'étranger ou
dans des établissements privés. Ce système à deux vitesses, hypersélectif d'un
côté et hyperégalitaire de l'autre, entretient la reproduction sociale et
détruit l'idéal méritocratique. Si tout le monde a 10/20 à ses partiels,
devinez qui va décrocher le job?
Il est difficile de ne pas
éprouver de sympathie pour un jeune qui lève le poing. Je me permets simplement
de lui faire remarquer que ce poing, il est aujourd'hui en train de se
l'envoyer dans la figure.
Gaspard Koenig est l'auteur
de: «Voyages d'un philosophe aux pays des libertés», Éditions de
l'Observatoire, 2018.
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Guillaume Tabard : «Immigration, la transgression calculée de
Wauquiez» (18.04.2018)
CONTRE-POINT - En remettant en
cause le droit du sol, le patron de LR assume une stratégie réfléchie : être
montré du doigt prouve à son électorat qu'il se moque des injonctions du
«politiquement correct».
Confronté à la séduction exercée
par Emmanuel Macron sur l'électorat LR et à la résistance de Marine Le Pen,
Laurent Wauquiez contre-attaque sur le terrain de l'immigration. En brandissant
deux étendards symboliques: sur le fond, la remise en cause du droit du
sol ; sur la forme, le recours au référendum.
» LIRE AUSSI - Wauquiez propose un référendum sur l'immigration
Droit du sol. Il a suffi que le
président des Républicains mette la question sur la table pour que plusieurs
députés de La République en marche l'accusent de parler comme le Front
national. Destinée à embarrasser Wauquiez, cette attaque pourrait au contraire
l'aider à retenir l'attention de l'opinion.
D'abord parce que la polémique
permet de créer du clivage avec le gouvernement. Le projet de loi de Gérard Collomb suscite
l'ire de la gauche «morale» et des milieux associatifs ainsi que des doutes au
sein de la majorité. Comme sur Notre-Dame-des-Landes, les facs ou la SNCF, le
gouvernement apparaît donc du côté de la fermeté. Avec le droit du sol,
Wauquiez déplace le curseur et montre que la position macronienne est loin
d'être la plus ferme possible sur la question de l'immigration.
Wauquiez est convaincu qu'il a
plus à perdre à donner des gages d'incompatibilité avec le FN qu'à assumer son
positionnement
La comparaison avec le Front
national peut ensuite avoir un effet autre que celui recherché par les
adversaires de Wauquiez. Car là encore, les porte-parole de la majorité
macroniste ne font que reprendre l'argument dont la gauche a usé et abusé pour
«diaboliser» la droite et la contraindre à brider son discours sur
l'immigration. C'est un des marqueurs voulu par le président des Républicains:
être montré du doigt prouve à son électorat qu'il se moque des injonctions du
«politiquement correct». Le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes est
convaincu qu'il a plus à perdre à donner des gages d'incompatibilité avec le FN
qu'à assumer son positionnement. Ce pari est d'autant plus fondé que
l'immigration est le sujet sur lequel l'écart est le plus large entre les
exigences de l'opinion et les réticences des politiques.
Il y aurait un danger pour
Wauquiez à aller sur cette question du droit du sol si elle risquait
d'accroître les divisions au sein des Républicains et de justifier un divorce
définitif entre les «deux droites» théorisées par Valérie Pécresse au lendemain
de l'élection du nouveau président du parti. Or, sur l'immigration, la démarche
de la patronne de la région Île-de-France a surtout consisté à être la première
à s'exprimer et à réclamer des mesures plus fortes pour «reprendre le contrôle
des flux migratoires».
» LIRE AUSSI - Valérie Pécresse explique son contre-projet pour «reprendre le
contrôle des flux migratoires»
En remettant le sujet du droit
du sol sur le tapis, Wauquiez ne lève pas un tabou car cela fait longtemps que
ce tabou n'existe plus dans l'opinion
Même sur le droit du sol,
Pécresse veut instaurer des conditions, lesquelles avaient été déjà formulées
par le si peu droitier Alain Juppé lors de la primaire de la droite. Si
fracture il y a chez Les Républicains, ce ne sera donc pas sur ce terrain.
Inversement, la demande d'un référendum rejoint celle de Nicolas Dupont-Aignan,
ce qui peut aider Laurent Wauquiez à retenir un électorat tenté par d'autres
formes d'expression ou d'organisation à droite.
En fait, en remettant le sujet du
droit du sol sur le tapis, Wauquiez ne lève pas un tabou car cela fait
longtemps que ce tabou n'existe plus dans l'opinion. L'histoire elle-même
rappelle qu'instauré en 1851 pour gonfler les effectifs de l'armée, ce «droit»
n'est pas congénital à la République. Ou qu'en 1993 - il y a un quart de
siècle! -, le gouvernement Balladur l'avait déjà assorti de conditions,
supprimées ensuite par Lionel Jospin. Le vrai risque pour le président des
Républicains n'est donc pas de choquer par son audace, mais d'être interrogé
sur sa détermination à passer aux actes le moment venu.
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Les violences à Toulouse posent à nouveau la question des
«zones de non-droit» (18.04.2018)
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Plusieurs
quartiers de Toulouse sont en proie depuis dimanche soir à des émeutes
urbaines. Pour Guillaume Jeanson, ces violences révèlent que les politiques de
sécurité n'ont toujours pas restauré l'ordre républicain dans ces «territoires
perdus».
Guillaume Jeanson est avocat
au Barreau de Paris et porte-parole de l'Institut pour la Justice.
RAPPEL DES FAITS. À Toulouse,
depuis dimanche soir, les quartiers «chauds» de la ville sont le théâtre de
violences d'une rare intensité. Chaque nuit des véhicules sont incendiés par
dizaines par de jeunes émeutiers qui tendent aux forces de l'ordre des
guets-apens: ils prennent ensuite la police ou les pompiers à partie, allant
jusqu'à leur jeter des projectiles ou leur tirer dessus au mortier. Le
commissariat du quartier du Mirail a également été la cible d'un caillassage.
» LIRE AUSSI - Violences
urbaines à Toulouse: «On se croirait en guerre»
FIGAROVOX.- Les violences
urbaines qui ont lieu à Toulouse depuis dimanche soir ressemblent à un «jeu du
chat et de la souris» avec les policiers. Que cherchent les jeunes émeutiers?
Guillaume JEANSON.- La
face immédiatement visible des violences urbaines survenues trois soirs de
suite à Toulouse depuis dimanche est celle qui oppose des policiers aux jeunes
émeutiers. Suivant une grille de lecture bien connue, certains ne manqueront
pas d'analyser ces émeutes comme les derniers remous d'une inimitié profonde
opposant ces jeunes «stigmatisés» à une police dont ils exècrent légitimement
les bavures réelles ou supposées. Suivant un tel prisme, ces actions
s'inscriraient dans une logique de «résistance» face à une «oppression» de
l'État.
L'enjeu ici est de soustraire
certaines zones aux lois de la République pour les soumettre à d'autres lois.
Sans nier le fait que bon nombre
des jeunes émeutiers vivent probablement leur combat ainsi, il est essentiel de
ne pas occulter une autre réalité. Une réalité déjà bien connue des
criminologues et des acteurs de terrain, que l'on retrouve systématiquement à
l'œuvre dans la dynamique conduisant à ce qu'il est désormais convenu d'appeler
«zones de non-droit». L'enjeu ici est le contrôle d'un territoire. L'enjeu ici
est de soustraire certaines zones aux lois de la République pour les soumettre
à d'autres lois. Les jeunes émeutiers cherchent donc surtout, par des méthodes
proches parfois de la guérilla urbaine, à chasser toute émanation de l'État.
C'est ce qui explique pourquoi, au-delà des policiers, dans les «territoires
perdus de la République», des pompiers, des postiers et des médecins sont aussi
pris pour cible. La population, elle, se retrouve prise en otage. Pourquoi un
tel contrôle est-il recherché? Mon confrère Thibault de Montbrial l'a récemment
écrit dans vos colonnes: «pour deux raisons: continuer de faire
prospérer (les) trafics, et maintenir une logique communautaire dictée par un
islam radical.»
Certaines sources citent comme
cause du déclenchement des violences le contrôle d'une femme en niqab, qui
aurait dégénéré. Ce vêtement n'est-il pas interdit par la loi? Est-il encore
beaucoup porté?
D'autres sources citent également
comme cause de ce déclenchement la rumeur suivant laquelle des surveillants
pénitentiaires seraient à l'origine de la mort ce week-end d'un jeune détenu
toulousain. Malgré la confirmation du parquet du suicide par pendaison de ce
dernier au quartier disciplinaire, de nombreux incidents sont survenus.
Avant-hier, 200 détenus ont refusé de réintégrer leurs cellules, hier encore 90
d'entre eux opéraient un blocage. Les ERIS, les équipes régionales
d'intervention et de sécurité, ont même dû intervenir dans la prison. Compte
tenu des proportions qu'a pris ce drame, il est vraisemblable qu'il ait
également eu un fort retentissement au Mirail.
Pour revenir au niqab sur lequel
vous m'interrogez, rappelons qu'il s'agit d'un voile intégral qui couvre le
visage à l'exception des yeux - point qui le différencie d'ailleurs de la
burqa. Il apparaît ainsi pour beaucoup comme le double signe d'un islam radical
et de la soumission de la femme. Ces dernières années, de nombreux pays l'ont
interdit. L'année dernière, le Maroc en a par exemple interdit la fabrication
et la vente, alors que l'Allemagne en a interdit partiellement le port. En
France, il faut remonter à 2010: une résolution a d'abord été adoptée par
l'Assemblée nationale le 11 mai pour considérer «que les pratiques radicales
attentatoires à la dignité et à l'égalité entre les hommes et les femmes, parmi
lesquelles le port d'un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la
République». Une loi a ensuite été promulguée le 11 octobre suivant, pour
interdire la dissimulation du visage dans l'espace public. Cette loi a été
abondamment critiquée et son application n'a donc été que sporadique. Tout le
monde garde en mémoire les «coups d'éclat» médiatiques de Rachid Nekkaz, cet
homme d'affaires algérien qui payait ostensiblement les amendes auxquelles
étaient condamnées les femmes violant cette nouvelle loi.
Pourquoi le port du voile
intégral cristallise-t-il encore autant de tensions?
En France, le port du niqab dans
l'espace public exacerbe les tensions car il est un exemple visible de
l'opposition frontale entre certaines obligations religieuses - défendues par
une conception particulièrement rigoriste de l'islam - et un interdit
républicain. Il est donc d'un côté perçu comme un mépris de l'autorité de
l'État, signe d'un repli communautaire inquiétant, et de l'autre, comme un
prétexte de stigmatisation et de harcèlement islamophobe.
Lorsque les policiers font
respecter la loi, cela peut constituer une agression aux yeux de la population.
En janvier 2017, France 2
diffusait un reportage de François Chilowicz sur le quartier du Mirail intitulé
«quartier impopulaire». Après avoir expliqué posément et face caméra pourquoi
«il n'était pas Charlie», l'un des habitants interrogés poursuivait en ces termes: «Moi
je trouve qu'ils nous bloquent, ils nous bloquent en parlant du voile, oui faut
pas faire ci, faut pas mettre ça, non c'est mal vu ci, les barbes et les
barbus, cela devient stigmatisant…» La voix off reprenait: «Autant
s'y habituer, toute discussion dans le quartier finit souvent par une référence
à l'islam, ça marche comme ça ici, la religion vient remplir les vides et
soulager l'existence». Un peu plus loin, au sujet d'un rappeur
avertissant que «sans l'islam, Reynerie serait Chicago (…) car il y a
l'islam et il y a quand même des armes qui circulent…», la voix off
explicitait: il «est le premier qui m'a fait sentir combien les
habitants du Mirail dressaient l'islam autour d'eux comme une barrière de
sécurité, une faille sensible qui les touche en plein cœur et qu'il ne faut pas
agresser.» «L'agression» semble avoir pris ici la forme du contrôle de
cette femme en niqab. Si tel devait être le cas, il serait alors extrêmement
préoccupant d'observer que désormais le seul fait pour la police de faire
respecter les lois de la République sur l'ensemble du territoire pourrait
constituer, en lui-même, une «agression» aux yeux d'une partie de la
population.
Le quartier du Mirail, à
Toulouse, a été classé «ZSP», zone de sécurité prioritaire, par François
Hollande. La paix n'y semble toujours pas revenue… Est-ce une exception, ou
est-ce à l'image de nombreux autres quartiers?
Les ZSP sont un dispositif créé
en 2012-2013 par le gouvernement Ayrault. Il s'est déroulé en trois vagues
successives, délimitant d'abord quinze, puis quarante-neuf et enfin seize
zones, toutes considérées par les pouvoirs publics comme «souffr(ant)
plus que d'autres d'une insécurité quotidienne et d'une délinquance enracinée» ou «connai(ssant)
depuis quelques années une dégradation importante de ses conditions de
sécurité».
Pour le dire rapidement, l'idée
était de doter ces zones d'un nombre plus important de policiers et de
gendarmes. Les ZSP sont donc nombreuses et émaillent l'ensemble du territoire
national. En ce sens on peut dire que le Mirail n'est pas une exception.
Est-ce que ces ZSP sont une
réussite? Hélas non, comme les événements du Mirail nous le démontrent et comme
l'illustrent également d'autres exemples. La toute première ZSP, celle de
Barbès-Château-Rouge à Paris, qui comprend notamment en son sein le quartier de
la rue Dejean, a par exemple été un lieu d'âpre résistance de la part des
riverains, premières victimes de cette délinquance installée. Mobilisés en
association, «la vie Dejean», ces riverains n'ont cessé, devant l'inertie des
autorités et l'inefficacité des actions menées par la police, de mener avec
courage toutes sortes de mobilisations, allant même jusqu'à saisir la justice.
En 2016, le tribunal administratif de Paris a ainsi reconnu la faute de la
préfecture et de la mairie pour l'insécurité et l'insalubrité du quartier.
L'année suivante, la Cour administrative d'appel de Paris a confirmé cette
décision. Et, plutôt que d'y apporter de vraies réponses sur le terrain, les
autorités ont préféré poursuivre cette procédure en saisissant le Conseil
d'État.
Le défi que posent ces
quartiers est à la fois politique, juridique et culturel.
Comment se fait-il que l'État
soit impuissant à y maintenir l'ordre républicain?
Les ZSP ont été, on le voit, une
réponse largement insuffisante face à l'ampleur du problème. Nous ne pouvons
qu'espérer de la part de la nouvelle police de sécurité du quotidien une plus
grande efficacité face à ce fléau. Mais le défi est grand. Il est aussi
juridique et politique que culturel. Interrogé récemment par l'Institut pour la
Justice au sujet de cette nouvelle police, Patrice Ribeiro, commandant de
police et secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers, le
questionnait: «Comment des policiers peuvent-ils être crédibles et
incarner l'autorité quand, à leur simple vue, les caïds du quartier, forts de
leur sentiment d'impunité, les insultent et les agressent physiquement tout en
revenant pérorer et bomber le torse le lendemain? Ce sont eux l'incarnation de
l'autorité dans les cités. Nous le redeviendrons uniquement si toute la chaîne
pénale fonctionne et que les magistrats cessent de simplement «dire le droit»
sans s'imprégner des réalités locales. Il suffit souvent d'emprisonner les
éléments les plus violents pour apaiser un quartier. C'est une dimension qui
échappe trop souvent lors d'un jugement.»
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Chantal Delsol : «Le pragmatisme technocratique a remplacé la
politique de convictions» (17.04.2018)
TRIBUNE - Pour la philosophe, les
interventions médiatiques d'Emmanuel Macron confortent une vision du pouvoir
exclusivement pragmatique. Politique du «bon sens» et gouvernement des experts
ont remplacé le débat entre visions du monde antagonistes.
La communication intensive
d'Emmanuel Macron ces derniers jours laisse mieux apparaître la forme d'un
pouvoir nouveau - une technocratie pragmatique, servie par une rhétorique
froide. C'est une rupture avec la politique de convictions qui caractérise la
démocratie. Tous les partis anciens brisés et confondus, la France s'est donné
un gouvernement transversal aux partis, «en même temps» à droite et à gauche,
ni libéral ni socialiste et en même temps les deux, en un mot, qui se
revendique «pragmatique». L'action gouvernementale ne se légitime pas par des
principes, des convictions, mais par l'évidence scientifique et le bon sens de
Descartes.
Il y a dans l'esprit
postmoderne une revendication de désinvolture, qui fait qu'on ne s'engage plus
Tout se passe comme s'il était
devenu obscène de revendiquer des convictions pour asseoir les projets
politiques. Les socialistes justifiaient leur action par leur croyance en la
supériorité de l'égalité, et les libéraux par leur croyance en la supériorité
de la liberté. D'ailleurs,la démocratie elle-même est fondée sur ce débat entre
croyances, et jusque-là il était très mauvais pour un politique d'être dit
«sans conviction» - il fallait alors qu'il en inventât sur-le-champ, faute
d'apparaître comme un cynique. On dirait que ce débat entre croyances est à
présent obsolète: peut-être déconsidéré par sa propension à la malhonnêteté
intellectuelle, voire au fanatisme, et aux luttes pas toujours propres. Il y a
dans l'esprit postmoderne une revendication de désinvolture, qui fait qu'on ne
s'engage plus: «Une cause! On n'est pas province à ce point!» disait un
personnage de Simone de Beauvoir. Défendre des convictions, c'est dépassé.
Macron n'a pas de cause. Alors, au nom de quoi agit-il? Il fait ceci ou cela
parce que c'est utile et nécessaire, parce que c'est efficace. Efficace pour
aller où? Vers les finalités basiques du pragmatisme: le bien-être du peuple,
en accord avec ses us et coutumes. Nous avons devant nous, essentiellement, une
politique du bon sens.
Il s'avère que le chemin du bon
sens est bienvenu et tout tracé, quand le pays s'est embourbé, gauche et droite
confondues, dans l'économie administrée,dans la protection tous azimuts, dans
l'indulgence et le relâchement de tout, depuis si longtemps que n'importe quel
individu sensé voudra répondre à nos problèmes en allant, peu ou prou, en
direction contraire. Il suffit d'un peu de bon sens pour voir que des
entrepreneurs écrasés d'impôts vont embaucher hors de France et que la
prospérité des Français passe par un allégement de leurs charges (ce que
M. Plenel appelle en idéologue «un cadeau fait aux riches»).Il suffit d'un
peu de bon sens pour savoir que l'apprentissage en classe primaire du
lire-écrire-compter, et non pas les logorrhées savantes et prétentieuses,
façonne l'avenir entier d'un enfant. Le bon sens suffit pour comprendre qu'un
pays s'enfonce irrémédiablement dans la faillite en finançant des statuts
hérités du socialisme ; ou bien encore qu'une société se défait si elle
regarde des occupations de ZAD ou d'universités comme d'amusantes blagues. Le
bon sens du pouvoir est bienvenu pour s'employer à nous libérer de la vieille
idéologie socialiste dont nous ne nous sommes pas encore dépris. Ce que la droite
n'a pas réussi à faire au nom de ses convictions,le président le fait au nom du
pragmatisme. Il est devenu inconvenant de réformer en faisant appel aux grands
principes, mais on peut réformer parce que «ça marche». Le président apparaît
comme un grand libéral parce que,dans la France administrée, le moindre bon
sens, à moins de mettre bientôt la clé sous la porte, réclame la liberté. Mais
il ne croit qu'à l'efficace.
La société française n'a
jamais réussi à devenir suffisamment adulte pour qu'on puisse s'y débarrasser
de la hantise du chef
Et, probablement, il en ira ainsi
au sujet de ce que l'on appelle le sociétal. Sauf qu'ici, l'efficacité signifie
autre chose. L'histoire personnelle du président est une transgression
postmoderne, c'est-à-dire légitimée et glorieuse. Cela fait-il de lui un
défenseur de l'anarchie morale? C'est peu probable. En sa qualité de César
pragmatiste, il a grand souci des croyances et des traditions diverses de son
peuple. Le discours au Collège des Bernardins le montre abondamment. Il
comprend bien le christianisme et respecte sa place, comme il marque ou
marquera aussi bien la place des Juifs, des musulmans, des francs-maçons,des
LGBT et des adorateurs de baleines. Il veillera à ne choquer personne,ce qui
n'est pas difficile quand soi-même on est neutre.
C'est dire que le président,qui
ne gouverne pas au nom d'un courant ou de convictions défendues pendant la
campagne et victorieuses au scrutin,ne gouverne que pour les Français et leur
bien-être. C'est là l'éternelle tentation française: se doter d'un chef qui,
au-delà des partis, visera le bien commun loin de toutes les chapelles.
Tentation monarchique et plus tard gaulliste. On n'en sort pas. La France
adore. Nous voulons César. Nous admirons son intelligence et son charisme. Il dépasse
les autres de cent coudées, et les deux journalistes en face de lui paraissent
de minables idéologues demeurés en arrière (on n'est pas province à ce point!),
juste placés là pour faire détester définitivement les convictions obsolètes.
Lui déploie une rhétorique froide et souveraine, un brin condescendante, avec,
si on le contredit, dans les yeux un éclat de colère qui n'augure rien de bon
pour l'avenir. César est un père et les citoyens ses enfants. La société
française n'a jamais réussi à devenir suffisamment adulte pour qu'on puisse s'y
débarrasser de la hantise du chef.
Exclure du champ de vision les
convictions et les courants de pensée, c'est exclure la véritable
démocratie,qui ne se nourrit que de débats entre les diverses visions du monde
Exclure du champ de vision les
convictions et les courants de pensée, c'est exclure la véritable
démocratie,qui ne se nourrit que de débats entre les diverses visions du monde.
On ne débat guère autour du bon sens, surtout quand il a été si malmené que les
réponses s'imposent d'elles-mêmes. On est alors dans le Tina («There is no
alternative»). Et, tout naturellement, César déploie la démocratie
participative, qui se définit par la tenue de réunions multiples où
inlassablement on entend le peuple sans l'écouter. Ce n'est pas là,comme le
croient certains, une forme hypermoderne et supérieure de démocratie. C'est au
contraire un retour à l'ancienne palabre,qui correspond - et ce ne peut être
autrement- avec une autocratie. Car la palabre ne décide pas,elle entretient le
besoin d'expression et cherche le consensus, au-delà duquel décide le chef
unique, entouré de ses techniciens et de ses amis. Macron, qui s'est doté d'une
majorité législative à sa dévotion,et de ministres techniciens, gouverne seul
au-dessus de la mer des palabres.
Il s'agit bien là du gouvernement
des experts, dit technocratie, qui laisse penser qu'il n'existe qu'une seule
réponse, à la foi scientifique et de bon sens, aux questions politiques. Le
président est un fils de la méritocratie française, et à la
méritocratie(système que nous avons emprunté à la Chine) conviennent le
pragmatisme et l'autocratie. Est-ce la fin des politiques de convictions, et
donc de la démocratie comme débat entre les visions du monde?Ou bien une
parenthèse qui nous permettra au moins,par des chemins inattendus, de nous
libérer des vieux démons marxistes et de nettoyer les écuries d'Augias?
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Chantal Delsol
Gafam vs médias : l'urgence démocratique (17.04.2018)
TRIBUNE - Le député Patrick
Mignola et ses collègues du groupe MoDem* présenteront bientôt à l'Assemblée un
projet de loi pour créer des «droits voisins» au profit des éditeurs de presse
en ligne.
La société a déjà changé en
profondeur. Internet, ses moteurs de recherche, ses réseaux sociaux et ses
nouveaux circuits de distribution ont modifié nos modes de vie et de
consommation. La révolution numérique s'est déroulée sans violence, et même
sans résistance, puisque l'aspiration unanime des individus et des territoires
au réseau mondial fait du très
haut débit un cinquième élément inattendu: l'eau, l'air, la terre,
le feu, le Wi-Fi.
Disposer de produits et services
à l'échelle mondiale et être livré en 24 heures n'est pas nécessairement un
progrès humain mais c'est une évolution inéluctable, devenue quasiment un droit
aux yeux de nos concitoyens. Accéder à l'information et à la connaissance,
immédiatement et gratuitement, est en revanche une opportunité formidable dans
l'édification intellectuelle des acteurs sociaux et l'ouverture au monde des
citoyens. Des esprits toujours plus éclairés sont autant d'armes pacifiques de
la démocratie.
Mais aussi positive soit-elle,
toute puissance nouvelle porte en elle-même les risques de sa toute-puissance.
Et les Gafam (Google, Apple, Facebook, ) n'y échappent pas. Leur évolution
fulgurante et supranationale les a placés au-dessus des règles fiscales et ils
paient trop peu d'impôts ; elle les a exonérés de responsabilité juridique
et ils
diffusent des fake news ou la propagande djihadiste ; elle
les a dotés d'un modèle économique singulier et ils peuvent entraîner la mort
sans intention de la donner à des millions d'agriculteurs ou de PME
concurrencés par des importations à bas coût, d'hôteliers ou de propriétaires
immobiliers supplantés par des sites de location temporaire, de transporteurs
publics ou privés bousculés par des services de chauffeurs privés. Et ils
peuvent étouffer la presse, son indépendance financière et son pluralisme en
captant la majeure partie de ses recettes publicitaires.
» LIRE AUSSI - Pour
contrer les Gafa, les médias unissent leurs forces
C'est une chance démocratique que
la numérisation de la presse ait conduit à doubler son lectorat. Mais c'est un
risque létal que les mégaréseaux préemptent 80 % du marché des annonceurs.
Car la forte progression du numérique ne compense pas la baisse régulière du papier.
Il y a donc urgence démocratique. Au regard de la chaîne de valeurs, il est
déjà absurde que l'on paie plus cher le tuyau que son contenu. Économiquement,
il est clair que la presse a besoin des réseaux pour élargir son public et que
les réseaux tirent leur attractivité de diffusions qualitatives. Mais
financièrement, le risque de disparition par suffocation des éditeurs de presse
nationale, régionale, spécialisée, devient certain. Et dans son sillage, ce
sont tous les journalistes, leur travail, leur exigence déontologique et leur
indépendance qui sont menacés.
Si la liberté de la presse n'a
pas de prix, elle a un coût
Nous savons que les médias ne
sont pas restés inactifs pour obtenir une plus juste répartition des recettes.
Mais ils ont toujours échoué devant les tribunaux à faire reconnaître que, si
la liberté de la presse n'a pas de prix, elle a un coût. Et ils n'ont jamais pu
amortir les investissements pourtant substantiels - plusieurs dizaines de
millions d'euros - réalisés pour leur transition numérique. L'affrontement
TF1/Orange/Canal+ a d'ailleurs relancé de façon aussi spectaculaire
qu'insatisfaisante le sujet de la valorisation des contenus.
De même que le gouvernement se
prépare à légiférer sur la responsabilité fiscale et pénale des moteurs de
recherche et des réseaux sociaux, il convient donc que le Parlement complète ce
dispositif par de nouveaux droits octroyés au monde de la presse, consacrant la
propriété intellectuelle de son travail et sa capacité à en négocier la valeur.
Il ne faudrait pas attendre
que les médias soient irréversiblement abîmés pour légiférer sur leur avenir
Concrètement, il s'agit de créer
des «droits voisins» du droit d'auteur, sur le modèle de ceux existant pour les
labels avec la Sacem, ou les clubs de sport avec les droits TV. Il est
d'ailleurs saugrenu qu'on reconnaisse une valeur au journalisme plus tardivement
qu'au football. Et il convient surtout de permettre une négociation et une
gestion collectives de ces droits pour renforcer médias et journalistes face
aux géants d'Internet.
Ce débat - dont la technicité
apparente explique sans doute la procrastination - avait été ouvert en 2012 à
l'Assemblée nationale, puis en 2016 au Sénat, sans suite concrète. Pourtant,
c'est du financement de la presse et du travail journalistique dont il s'agit!
Il ne faudrait pas attendre que les médias soient irréversiblement abîmés pour
légiférer sur leur avenir.
Nous faisons le pari que les
Gafam sont prêts à assumer leur rôle et leur responsabilité dans un monde
démocratique qu'ils doivent, dans leur intérêt, préserver dans la mesure où il
les nourrit.
Une loi nouvelle sera donc
présentée le 17 mai prochain dans la fenêtre parlementaire du MoDem. Inscrit
dans la majorité présidentielle, il est symbolique qu'il revienne au mouvement
que François Bayrou avait appelé démocrate il y a dix ans, de porter un texte
qui consoliderait l'avenir de la presse. Tant il conditionne celui de la
démocratie.
* Signataires: M. Erwan
Balanant ; Mme Géraldine Bannier ; M. Jean-Noël Barrot ; Mme
Justine Benin ; M. Philippe Berta ; M. Philippe Bolo ; M.
Jean-Louis Bourlanges ; M. Vincent Bru ; M. Jean-Pierre Cubertafon ;
Mme Marielle de Sarnez ; Mme Michèle de Vaucouleurs ; Mme Marguerite
Deprez-Audebert ; M. Bruno Duvergé ; Mme Sarah El Haïry ; Mme
Nathalie Elimas ; Mme Nadia Essayan ; M. Michel Fanget ; M. Marc
Fesneau ; Mme Isabelle Florennes ; M. Bruno Fuchs ; Mme Patricia
Gallerneau ; M. Laurent Garcia ; M. Brahim Hammouche ; M.
Cyrille Isaac-Sibille ; Mme Élodie Jacquier-Laforge ; M. Bruno
Joncour ; M. Jean-Luc Lagleize ; M. Fabien Lainé ; M. Mohamed
Laqhila ; Mme Florence Lasserre-David ; M. Philippe Latombe ;
Mme Aude Luquet ; M. Max Mathiasin ; M. Jean-Paul Mattei ; Mme
Sophie Mette ; M. Philippe Michel-Kleisbauer ; M. Patrick
Mignola ; M. Bruno Millienne ; M. Jimmy Pahun ; M. Frédéric
Petit ; Mme Maud Petit ; Mme Josy Poueyto ; M. Richard Ramos ;
M. Thierry Robert ; M. Nicolas Turquois ; Mme Laurence
Vichnievsky ; M. Sylvain Waserman.
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duopole Google-Facebook conforte sa domination dans la publicité en ligne
Rohingyas : la Birmanie redoute une possible enquête de la
Cour pénale internationale (17.04.2018)
VIDÉO - La procureur de la Cour
pénale internationale a demandé aux juges de statuer sur les compétences de sa
juridiction à propos du transfert forcé des membres de la minorité musulmane au
Bangladesh.
C'est une requête qui pourrait
changer le cours de l'histoire des Rohingyas. Le 9 avril, Fatou Bensouda,
procureur à la Cour pénale internationale, a demandé aux juges de statuer sur
les compétences de sa juridiction concernant la déportation et le transfert
forcé des Rohingyas au Bangladesh. Bien que la Birmanie ne soit pas partie au
statut de Rome, traité fondateur du tribunal pénal international, le Bangladesh
l'est, et c'est au titre des crimes commis sur son territoire que la CPI
ouvrirait une enquête. Depuis
le 25 août, près de 700.000 Rohingyas ont quitté la Birmanie, fuyant les
persécutions des militaires.
«La procureur considère que la
déportation de la population du fait des autorités birmanes entraîne les
Rohingyas à être transférés au Bangladesh contre leur volonté. Ce transfert est
forcé. Pour elle, il y a là deux crimes: la déportation et le transfert. Et ce
dernier a lieu au Bangladesh», analyse Céline Bardet, juriste spécialisée dans
les questions de crimes de guerre, justice pénale internationale, criminalité
transfrontalière et violences sexuelles dans les conflits. «En outre, Fatou
Bensouda cite les nombreux rapports qui font état de preuves de génocide dans
sa requête», ajoute-t-elle.
Trois possibilités
Il existe trois possibilités pour
saisir la CPI, soit par le biais d'un État membre, soit via une décision du
Conseil de sécurité de l'ONU, soit par une autosaisine. Dans le cas des
Rohingyas, l'ONU est confronté au droit de veto des Russes et des Chinois, qui soutiennent
ouvertement le gouvernement birman. Si les juges de la CPI valident donc la
demande de la procureur, celle-ci pourrait s'autosaisir et ouvrir une enquête
ou bien être saisie par le Bangladesh pour crimes commis sur son territoire.
C'est la première fois qu'une telle requête est faite. «C'est une demande très
forte. Le précédent juridique serait énorme. Ça pourrait servir pour les
migrants, par exemple», assure Céline Bardet.
«Aujourd'hui, on peut dire
qu'Aung San Suu Kyi est complice des militaires et donc du génocide. C'est
indéniable»
Alicia de la Cour, avocate et
criminologue
De son côté, le gouvernement
birman n'a pas tardé à réagir en exprimant dans un communiqué daté du
13 avril sa profonde «préoccupation». «Nulle part dans la charte de la CPI,
il n'est dit que la Cour est compétente concernant des pays qui n'ont pas
accepté sa juridiction», a-t-il déclaré. Et d'ajouter: «De plus, la convention
de Vienne de 1969 sur les traités internationaux stipule qu'aucun traité ne
peut être imposé à un pays qui ne l'a pas ratifié.»
«Cette dernière remarque sur la
convention de Vienne est très juste juridiquement mais le gouvernement birman
occulte le fait que Fatou Bensouda se base sur des crimes qui relèvent du droit
international pénal. Or les traités entre pays dépendent du droit international
public. En somme, elle ne poursuit pas un État, mais elle poursuit des gens. Et on
pourrait même penser qu'elle serait en mesure de poursuivre Aung San Suu Kyi, puisqu'il
n'y a aucune impunité», argue Céline Bardet.
«Pouvoir moral»
Pour Alicia de la Cour, avocate
et criminologue de l'International State Crime Initiative de l'Université de
Londres, la réaction de Rangoun n'est pas une surprise. «Aung San Suu Kyi nie
les persécutions à l'encontre des Rohingyas depuis longtemps. Aujourd'hui, on
peut même dire qu'elle est complice des militaires, et donc du génocide. C'est
indéniable. Elle est l'unique personne en Birmanie à pouvoir changer les
mentalités. Les gens l'adorent, c'est une icône, ils l'écoutent. Elle n'a
certes pas le pouvoir politique pour changer les choses, mais elle a le pouvoir
moral. Et elle a participé à la déshumanisation des Rohingyas en ne disant
rien», estime l'avocate.
«Le plus important pour nous
est que les massacres s'arrêtent et que nous retrouvions la paix, la sécurité»
Mayyu Ali, un jeune activiste
rohingya
Selon Matthew Wells, conseiller
principal en matière de crise à Amnesty International, «la demande de la CPI
est une bonne nouvelle pour garantir la justice face aux crimes horribles que
l'armée birmane a commis contre la population rohingya, y compris les
assassinats généralisés, les violences sexuelles et les incendies de villages».
L'ONG fait partie des nombreuses associations qui ont écrit des rapports
dénonçant les crimes contre l'humanité commis par les Birmans. «La communauté
internationale devrait explorer toutes les voies de responsabilité, y compris
un renvoi de la situation devant la CPI par le Conseil de sécurité de l'ONU,
étant donné que les crimes commis atteignent clairement le niveau de crimes
contre l'humanité», estime-t-il.
Dans les camps du Bangladesh, si
beaucoup de Rohingyas tentent de récolter les preuves de génocide, la nouvelle
a été accueillie avec prudence. «La CPI aurait dû être saisie depuis longtemps
pour éviter le génocide de notre peuple, se désole Mayyu Ali, un jeune
activiste. Bien sûr, nous gardons espoir et nous voulons que la Birmanie soit
condamnée pour ce qu'elle a fait. Mais le plus important pour nous est que les
massacres s'arrêtent et que nous retrouvions la paix, la sécurité. Nous voulons
que nos droits soient garantis pour pouvoir retourner dans notre pays.»
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Qui est Czech Media Invest, le repreneur tchèque des
magazines de Lagardère? (18.04.2018)
Inconnue en France, cette holding
détient le plus important groupe de presse en République Tchèque. Elle est
détenue par un milliardaire ayant fait fortune dans le secteur de l'énergie.
Le groupe Lagardère a annoncé
mercredi matin être
entré en négociations exclusives pour céder l'essentiel de ses activités dans
la presse magazine en France, soit les titres Elle France, Version
Femina, Télé 7 Jours, France Dimanche, Ici Paris, Public et Art
et Décoration. Alors que l'on imaginait un repreneur français ou issu d'un
pays frontalier comme l'Italie, l'heureux élu est la holding Czech Media
Invest. Opérant en République Tchèque, elle est peu connue en dehors de ses
frontières.
Dans son pays, Czech Media Invest
est le propriétaire d'un des plus gros groupes de presse. La holding détient en
effet Czech News Center, qui revendique un lectorat de 3,5 millions de lecteurs
et 7 millions de visiteurs uniques par mois sur ses sites web. Il édite le
quotidien populaire Blesk, un
tabloïd reprenant les codes du Bild allemand. Blesk est
décliné en féminin, en programme télé, en magazine cuisine, santé, loisirs...
Czech News Center édite également le tabloïd people Aha!, le
newsmagazine Reflex, et des magazines auto-moto. Le groupe détient
par ailleurs le site internet d'actualité Info.cz, et est leader national de
l'édition de livres et de la distribution de la presse tchèque.
Outre les magazines français de
Lagardère, la holding a également noué un accord pour racheter toutes les
radios du groupe présentes en République Tchèque, Pologne, Slovaquie et
Roumanie pour 73 millions d'euros. Le groupe tchèque mettrait ainsi en branle
une stratégie d'expansion en Europe et «souhaite faire de la France un pilier
de sa stratégie», affirme le groupe Lagardère.
Un groupe de presse bâti par
le suisse Ringier
Le groupe de presse Czech News
Center a été bâti après la chute du bloc soviétique par le groupe de presse
suisse Ringier.
Ce dernier s'est allié au géant allemand des médias Axel Springer en
2010 pour toutes ses activités en Europe Centrale et de l'Est, avant de se
retirer de ces pays en 2014. Czech News Center a été revendu à un milliardaire
tchèque, Daniel Křetínský. Ce quadragénaire a fait fortune dans le secteur de
l'énergie et détient EP Industries, leader en Europe centrale sur ces marchés.
Il est également copropriétaire du club de football Sparta Prague. Son nom a
été épinglé dans l'enquête dite des Panama Papers pour
la possession d'une société basée dans les îles Vierges britanniques.
Longtemps détenue par des groupes
étrangers, la presse tchèque est depuis quelques années entre les mains
d'hommes d'affaires locaux. Le groupe média MAFRA, éditeur de deux des
quotidiens les plus influents du pays (Lidové noviny -le Quotidien
du Peuple - et Mlada Fronta Dnes -Front de la jeunesse
d'aujourd'hui) est ainsi détenu par le milliardaire Andrej Babis, qui a bâti sa
fortune dans l'agroalimentaire. Andrej
Babis a créé le parti politique populiste ANO (Action des citoyens
mécontents) et a été élu en décembre premier ministre de la République Tchèque.
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en passe de vendre ses magazines en France, dont "Elle" à Czech
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Pierre Desproges, 30 ans après sa mort, toujours aussi
politiquement incorrect (18.04.2018)
VIDÉO - L'humoriste, prince du
second degré, nous quittait le 18 avril 1988. Il a laissé à la postérité une
flopée de bons mots qui heurteraient, peut-être, la bien-pensance de ce début
de XXIe siècle. Le Figaro a concocté un florilège de ses
saillies où une apparente méchanceté cache une profonde tendresse.
Aurait-il encore le droit de dire
ça?: «Depuis que le port de l'étoile jaune est passé de mode, il n'est pas
évident de distinguer un enfant juif d'un enfant antisémite». La saillie,
(très) politiquement incorrecte mais toujours à prendre au second degré, était
la marque de Pierre
Desproges, prince sans rire anticonformiste, qui nous a quittés trop
tôt il y a trente ans, le 18 avril 1988. Le cancer, qui on le sait manque
singulièrement d'humour, ne lui avait laissé que 49 ans de vie.
Cet homme, qui s'amusait de tout,
affichait le sourire timide d'un enfant. Et comme un enfant, il ne
s'interdisait rien. Puis cette liberté, plume à la main, mi-sourire à la lippe,
il s'évertuait avec un rare talent à la transformer en un succulent bon mot.
Les idées et les expressions bannies par la bien-pensance étaient sa tasse de
thé: les juifs, les nègres, les Arabes, les musulmans, les blancs, Dieu, les
femmes... Chocking! Non, non, rien ne l'arrêtait.
Afin de célébrer le cynisme
drolatique et anticonformisme de Pierre Desproges, exhumé aussi il y a quelques
jours par la retranscription des Réquisitoires du tribunal des flagrants délires par le Seuil -
les procès de Jean d'Ormesson, Jean-Marie Le Pen et de Régine Desforges sont
des petits bijoux - , Le Figaro a choisi quelques-uns de ses
contre-pieds les plus dérangeants. Adeptes du politiquement correct, prière de
s'abstenir de les lire...
● L'éloge d'un grand
sportif
«Ce qui me frappe dans la
personne de Yannick Noah, me disait tout à l'heure mon ami Ralbol, ce n'est pas
le tennisman, c'est le nègre»
● Un dilemme...
«Il faut toujours faire un choix,
comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour aller visiter la Hollande, on
ne peut-être à la fois au four et au moulin»
● Un féministe
convaincu...
«Dépourvue d'âme, la femme est
dans l'incapacité de s'élever vers Dieu. En revanche, elle est en général
pourvue d'un escabeau qui lui permet de s'élever vers le plafond pour faire les
carreaux. C'est tout ce qu'on lui demande.»
● VIDÉO - Tribunal des
flagrants délires: réquisitoire contre Jean Marie Le Pen
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conseille :
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qui te fait rire, je te dirai qui tu es
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moments culte de la télé: Pierre Desproges au festival du film X
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le scalpel de Pierre Desproges
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