FIGAROVOX/TRIBUNE - Le reporter
Pierre Rehov s'attaque, dans une tribune, à la grille de lecture dominante dans
les médias français des événements actuels à Gaza. Selon lui, la réponse
d'Israël est proportionnée à la menace terroriste que représentent les agissements
du Hamas.
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http://lefigaro.fr/vox/monde/2018/04/20/31002-20180420ARTFIG00271-pierre-rehov-un-autre-regard-sur-gaza.php
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Pierre Rehov est reporter,
écrivain et réalisateur de documentaires, dont le dernier, «Unveiling
Jérusalem», retrace l'histoire de la ville trois fois sainte.
Les organisations islamistes qui
s'attaquent à Israël ont toujours eu le sens du vocabulaire dans leur
communication avec l'Occident. Convaincus à juste titre que peu parmi nous sont
capables, ou même intéressés, de décrypter leurs discours d'origine révélateur
de leurs véritables intentions, ils nous arrosent depuis des décennies de
concepts erronés, tout en puisant à la source de notre propre histoire les
termes qui nous feront réagir dans le sens qui leur sera favorable. C'est ainsi
que sont nés, au fil des ans, des terminologies acceptées par tous, y compris,
il faut le dire, en Israël même.
Prenons par exemple le mot
«occupation». Le Hamas, organisation terroriste qui règne sur la bande de Gaza
depuis qu'Israël a retiré ses troupes et déraciné plus de 10 000 Juifs tout en
laissant les infrastructures qui auraient permis aux Gazaouites de développer
une véritable économie indépendante, continue à se lamenter du «fait» que
l'État Juif occupe des terres appartenant «de toute éternité au Peuple
Palestinien». Il s'agit là, évidemment, d'un faux car les droits éventuels des
Palestiniens ne sauraient être réalisés en niant ceux des Juifs sur leur terre
ancestrale.
Le terme «occupation» étant
associé de triste mémoire à l'Histoire européenne, lorsqu'un lecteur, mal
informé, se le voit asséner à longueur d'année par les médias les ONG et les
politiciens, la première image qui lui vient est évidemment celle de la botte
allemande martelant au pas de l'oie le pavé parisien ou bruxellois.
Cette répétition infligée tout autant
qu'acceptée d'un terme erroné a pour but d'occulter un fait essentiel, gravé
dans l'Histoire: selon la loi internationale, ces territoires dits «occupés» ne
sont que «disputés». Car, afin d'occuper une terre, encore eût-il fallu qu'elle
appartînt à un pays reconnu au moment de sa conquête. La «Palestine», renommée
ainsi par l'Empereur Hadrien en 127 pour humilier les Juifs après leur seconde
révolte contre l'empire romain, n'était qu'une région de l'empire Ottoman
jusqu'à la défaite des Turcs en 1917. Ce sont les pays Arabes dans leur
globalité qui, en rejetant le plan de partition de l'ONU en 1947, ont empêché
la naissance d'une «nation palestinienne» dont on ne retrouve aucune trace dans
l'histoire jusqu'à sa mise au goût du jour, en 1964, par Nasser et le KGB.
Depuis deux semaines le Hamas
et autres organisations terroristes ont repris à leur compte ce qu'ils veulent
faire passer pour un soulèvement populaire « pacifiste ».
Lorsqu'à l'issue d'une guerre
défensive, Israël a «pris» la Cisjordanie et Gaza en 1967, ces deux territoires
avaient déjà été conquis par la Jordanie et l'Égypte. Ce qui nous conduit à
remettre en question une autre révision sémantique. Pourquoi des terres qui,
pendant des siècles, se sont appelées Judée-Samarie deviendraient-elles, tout à
coup, Cisjordanie ou Rive Occidentale, de par la seule volonté du pays qui les
a envahies en 1948 avant d'en expulser tous les Juifs dans l'indifférence
générale? Serait-ce pour effacer le simple fait que la Judée… est le berceau du
judaïsme?
Mais revenons à Gaza.
Depuis deux semaines le Hamas et
autres organisations terroristes ont repris à leur compte ce qu'ils veulent
faire passer pour un soulèvement populaire «pacifiste». Une fois de plus, le
détournement du vocabulaire est habile car ces manifestations à plusieurs
couches - l'une pacifique et bon enfant, servant de couverture aux multiples
tentatives de destruction de la barrière de séparation entre Gaza et Israël, d'enlèvement
de soldats, et d'attentats terroristes heureusement avortés - voudraient
promouvoir un «droit au retour» à l'intérieur d'Israël des descendants de
descendants de «réfugiés».
J'ai déjà abondamment écrit, y
compris dans ces pages, sur cette aberration tragique perpétuée au profit de
l'UNWRA, une agence onusienne empêchant, dans sa forme actuelle,
l'établissement et le développement des Arabes de Palestine sur leurs terres
d'accueil. Je n'y reviendrai que par une phrase. Pourquoi un enfant, né à côté
de Ramallah ou à Gaza, de parents nés au même endroit, ou pire encore, né à
Brooklyn ou à Stockholm de parents immigrés, serait-il considéré comme
«réfugié» - comme c'est le cas dans les statistiques de l'UNRWA - si un enfant
Juif né à Tel Aviv, de parents nés à Bagdad, Damas ou Tripoli, et chassés entre
1948 et 1974 n'a jamais bénéficié du même statut?
Mais voici que des bus affrétés
par le Hamas et la Jihad Islamique, et décorés de clés géantes et de noms
enluminés de villages disparus censés symboliser ce «droit au retour» au sein
d'un pays honni, viennent cueillir chaque vendredi devant les mosquées et les
écoles de Gaza une population manipulée, prête aux derniers sacrifices afin de
répondre à des mots d'ordre cyniques ou désuets.
Voici que des milliers de civils,
hommes, femmes, enfants, se massent à proximité des zones tampons établies en
bordure de la barrière de sécurité israélienne, dans une ambiance de kermesse
destinée à nous faire croire qu'il s'agit là de manifestations au sens
démocratique du terme.
Voici, également, que des
milliers de pneus sont enflammés, dégageant une fumée noirâtre visible depuis
les satellites, dans le but d'aveugler les forces de sécurité israéliennes qui
ont pourtant prévenu: aucun franchissement sauvage de la barrière-frontière ne
sera toléré. Toute tentative sera stoppée par des tirs à balle réelle - ce qui,
n'en déplaise à beaucoup, est absolument légal dans toute buffer
zone entre entités ennemies.
À cette annonce, les dirigeants
du Hamas ont dû jubiler! Eux qui jouent gagnant-gagnant dans une stratégie
impliquant l'utilisation de leurs civils comme boucliers humains, puisqu'il
s'agit surtout d'une guerre d'influence, n'en espéraient pas autant. Dès lors
ils allaient enfin pouvoir de nouveau compter leurs morts comme autant de
victoires médiatiques. Et cela - au grand dam des Israéliens - s'est déroulé
exactement comme prévu. Au moment où paraissent ces lignes, Gaza pleure plus de
trente morts et les hôpitaux sont débordés par le nombre de blessés - même si
les chiffres sont sujets à caution puisque seulement fournis par le Hamas.
En menaçant d'avoir recours à
des mesures extrêmes, Israël ne fait que dissuader et empêcher le développement
d'un cauchemar humanitaire.
Pour une fois, cependant, le
Hamas s'est piégé lui-même, en publiant avec fierté l'identité de la majorité
des victimes qui, de toute évidence appartiennent à ses troupes. C'est le cas
du journaliste Yasser Mourtaja dont le double rôle de correspondant de presse
et d'officier salarié du Hamas a également été dévoilé .
Mais aurait-il été possible pour
Israël d'avoir recours à d'autres moyens? L'alignement de snipers parallèlement
à l'utilisation de procédés antiémeutes, était-il vraiment indispensable?
Imaginons, un instant, que, dans
les semaines à venir, comme annoncé par le dirigeant de l'organisation
terroriste, Yahya Sinwar, la «marche du retour» permette à ses militants de
détruire les barrières, tandis que des milliers de manifestants, femmes et
enfants poussés en première ligne, se ruent à l'intérieur d'Israël, bravant non
plus les tirs ciblés des soldats entraînés mais la riposte massive d'un peuple
paniqué?
En menaçant d'avoir recours à des
mesures extrêmes, et en tenant cet engagement, Israël ne fait que dissuader et
empêcher le développement d'un cauchemar humanitaire dont les dirigeants du
Hamas, acculés économiquement et politiquement, pourraient se régaler.
Contrairement aux images promues
par d'autres abus du vocabulaire, Gaza n'est pas une «prison à ciel ouvert»
mais une bande de 360 km² relativement surpeuplée, où vivent également nombre
de millionnaires dans des villas fastueuses côtoyant des quartiers miséreux.
Chaque jour, environ 1 500 à 2
500 tonnes d'aide humanitaire et de biens de consommation sont autorisés à
passer la frontière par le gouvernement israélien. Plusieurs programmes
permettent aux habitants de Gaza de se faire soigner dans les hôpitaux de Tel
Aviv et de Haïfa.
Un projet d'île portuaire
sécurisée est à l'étude à Jérusalem, et des tonnes de fruits et légumes sont
régulièrement achetés aux paysans gazaouis par les réseaux de distribution
alimentaires israéliens.
L'Égypte contrôle toute la partie
sud et fait souvent montre de beaucoup plus de rigueur qu'Israël pour protéger
sa frontière, sachant que le Hamas est issu des Frères Musulmans, organisation
interdite par le gouvernement de Abdel Fatah Al Sissi.
Mais Gaza souffre, en effet, et
même terriblement!
Gaza souffre du fait que le Hamas
détourne la majorité des fonds destinés à sa population pour creuser des
tunnels et se construire une armée dont le seul but, ouvertement déclaré dans
sa charte, est d'oblitérer Israël et d'exterminer ses habitants.
Gaza souffre des promesses d'aide
financière non tenues par les pays Arabes et qui se chiffrent en milliards de
dollars.
Gaza souffre de n'avoir que trois
heures d'électricité par jour, car les terroristes du Hamas ont envoyé une
roquette sur la principale centrale pendant le dernier conflit et l'Autorité
Palestinienne, de son côté, refuse de payer les factures correspondant à son
alimentation, espérant de la sorte provoquer une crise qui conduira à la perte
de pouvoir de son concurrent.
Gaza souffre d'un taux de chômage
de plus de 50 %, après que ses habitants, dans l'euphorie du départ des Juifs,
aient saccagé et détruit les serres à légumes et les manufactures construites
par Israël et donc jugées «impures» selon les théories islamistes qui les ont
conduits, ne l'oublions pas non plus, à voter massivement pour le Hamas.
Israël ne peut faire la paix
avec une organisation terroriste vouée à sa disparition.
Gaza souffre enfin de ces
détournements du vocabulaire, de ces concepts esthétiques manichéens conçus au
détriment des êtres, qui empêchent les hommes de conscience de comprendre le
cœur du problème et sont forcés de penser qu'Israël est l'unique cause du
malheur de ses habitants.
C'est pour cela qu'il faut, une
fois de plus, clamer quelques faits incontournables.
Israël ne peut faire la paix avec
une organisation terroriste vouée à sa disparition.
Les habitants de Gaza seraient
libres de circuler et de se construire un avenir à l'instant même où ils
renonceraient à la disparition de leur voisin.
Le Hamas et autres organisations
terroristes savent qu'ils peuvent compter sur la sympathie des Nations unies et
de nombre d'ONG à prétention humanitaire et ne se privent donc pas d'exploiter
la population qu'ils détiennent en otage puisqu'ils savent qu'Israël sera
systématiquement condamné à leur place.
J'en veux, pour exemple, une
anecdote affligeante.
En septembre 2017, une
organisation regroupant des femmes arabes et israéliennes a organisé une marche
en Cisjordanie (Judée-Samarie). Aucun parent n'aurait pu être indifférent aux
images de ces mères juives et arabes qui avouent leur quête d'un avenir
meilleur pour leurs enfants. Durant la marche, aucun pneu brûlé, pas de
lancement de pierres ou de cocktails Molotov, aucune tentative d'envahir
Israël, aucun propos haineux. Tout le contraire. C'était une authentique
manifestation pacifique.
Seulement, le Hamas a
immédiatement condamné la marche en déclarant que «la normalisation est une
arme israélienne».
L'ONU, de son côté, n'a pas cru
bon promouvoir l'initiative. Pourquoi l'aurait-elle fait?
Il est davantage dans sa
tradition, et certainement plus politiquement correct de condamner Israël pour
ses «excès» en matière défensive tandis que le Moyen Orient, faute d'une vision
honnête, bascule progressivement dans un conflit généralisé.
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