samedi 16 décembre 2017

Islamisme et politique 12.12.2017

Magnanville : mise en examen d'un possible complice lié aux assassinats de policiers (11.12.2017)
Jeune fille au pair tuée à Londres : le couple de suspects devant la justice (12.12.2017)
En Chine, le pouvoir renforce son contrôle sur les religions (11.12.2017)
Amnesty dénonce la condamnation à mort d'un universitaire iranien (12.12.2017)
150 à 200 banquiers «occultes» de l'EI identifiés (12.12.2017)
Sud-Soudan: plus de 170 tués en une semaine (12.12.2017)
Marseille: fermeture provisoire d'une mosquée salafiste (12.12.2017)
Paris dit «non» à un «axe iranien» au Moyen-Orient (12.12.2017)
Migrants en Libye: Amnesty accuse l'Europe de «complicité» (12.12.2017)
Gaza: raids israéliens après des tirs de roquette (12.12.2017)
Un ancien cadre de Facebook: «Nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social»
Comment Hollywood essaie d'éviter de se faire avaler par les Gafa
Mathieu Bock-Côté : «Être de droite aux yeux de la gauche» (11.12.2017)


Magnanville : mise en examen d'un possible complice lié aux assassinats de policiers (11.12.2017)

  • Mis à jour le 11/12/2017 à 23:50 

  • Publié le 11/12/2017 à 20:29

L'empreinte génétique d'un «radicalisé» de 24 ans, proche de Larossi Abballa, a été retrouvée sur l'ordinateur des policiers tués.
Larossi Abballa n'était peut-être pas seul quand il a assassiné, le 13 juin 2016, à l'arme blanche le policier Jean-Baptiste Salvaing et sa compagne Jessica Schneiderà leur domicile de Magnanville. C'est en tout cas la surprenante hypothèse qu'explorent les enquêteurs après l'interpellation, lundi matin par la sous-direction antiterroriste (Sdat), de Mohamed Lamine A..
Présenté de source informée comme un «ami» du djihadiste aux côtés duquel il avait été vu «très régulièrement», cet homme de 24 ans a en effet laissé son empreinte ADN sur l'ordinateur des victimes, dont s'est servi Abballa pour revendiquer l'attentat au nom de Daech. «Le rapprochement génétique n'a été effectué que très récemment», concède une autre source sans fournir en l'état de plus amples précisions.
Son frère déjà interrogé dans le dossier
Mohamed n'est autre que le frère cadet de Charaf-Din Aberouz, 30 ans, l'un des deux hommes déjà mis en examen des chefs d'«association de malfaiteurs terroristes» dans le cadre de la tuerie. Vieille connaissance de Larossi Abballa, Charaf, dont la complicité directe n'a jamais été établie, avait déjà été condamné en septembre 2013 dans le cadre d'un dossier de filière djihadiste entre la France et le Pakistan. Présenté comme un «émir» de cette filière d'envoi vers le Waziristan pour rejoindre al-Qaida, il avait été arrêté en janvier 2011 au Pakistan puis renvoyé en France. Ayant écopé de cinq ans d'emprisonnement par le tribunal correctionnel de Paris, celui qui était dépeint comme un «recruteur» de l'islam radical avait été libéré le 12 novembre 2015.
Mohamed, son frère cadet interpellé ce lundi à Mantes-la-Ville (Yvelines), a dû être assez rapidement présenté dans l'après-midi à un juge d'instruction car les policiers ne disposaient plus que de neuf heures pour l'entendre. En effet, comme l'a révélé Le Parisien, il avait été déjà placé en garde à vue en avril dernier en raison de sa proximité avec Abballa et des nombreux contacts qu'il a eus avec lui avant son équipée terroriste. Il avait alors été relâché sans qu'aucune charge ne puisse être retenue contre lui.
Il a finalement été mis en examen ce lundi soir des chefs de «complicité d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, complicité de séquestration sans libération volontaire avant le septième jour d'un mineur âgé de moins de 15 ans pour faciliter la préparation d'un crime en relation avec une entreprise terroriste, et participation à une association de malfaiteur terroriste en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteintes aux personnes». Il a été placé en détention provisoire conformément aux réquisitions du parquet.
Impliqué dans l'affaire des bonbonnes de gaz
S'il ne fait pas l'objet d'une fiche S pour «atteinte à la sécurité de l'État», Mohamed est néanmoins considéré comme «radicalisé» en raison de son implication dans un autre dossier terroriste alors révélé par Le Figaro et qui avait défrayé la chronique à l'automne 2016: il avait alors été mis en examen pour «non-dénonciation de crime» après avoir passé sous silence ce qu'il savait à propos de l'équipée du commando de femmes qui avait projeté de faire exploser des bonbonnes de gaz aux abords de Notre-Dame et de la préfecture de police de Paris.
En dépit de soupçons qui pesaient sur lui, Mohamed Lamine A. avait été libéré en janvier après plus de quatre mois de détention provisoire. Des rapprochements entre cet attentat avorté et les assassinats de Magnanville avaient permis d'esquisser un lien avec Rachid Kassim, propagandiste français soupçonné d'avoir téléguidé depuis sa messagerie cryptée Telegram plusieurs attentats en France. Agissant depuis les zones de combats, ce djihadiste n'a plus donné signe de vie depuis les bombardements de la coalition près de Mossoul en Irak. À la faveur de leurs investigations, les policiers savent qu'Abballa côtoyait des islamistes. Reste à savoir s'il était accompagné quand il a poussé la porte du pavillon de Magnanville.
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Jeune fille au pair tuée à Londres : le couple de suspects devant la justice (12.12.2017)

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 14:32 

  • Publié le 12/12/2017 à 06:00
Le 20 septembre dernier, le corps de Sophie Lionnet, 21 ans, était retrouvé calciné dans un jardin du sud-ouest de Londres. Ce 12 décembre, les employeurs de cette jeune fille au pair française ont vu les accusations contre eux s'alourdir, à quelques mois de leur procès prévu pour mars 2018.
En ce mardi 12 décembre, les deux employeurs français et principaux suspects du meurtre de Sophie Lionnet, une jeune fille au pair française, étaient convoqués à une audience dite de «plaidoirie et préparation de procès». Les accusés, Ouissem Medouni, 40 ans, et Sabrina Kouider, 34 ans, auraient chacun dû plaider «coupable» ou «non coupable», avant leur procès déjà fixé à mars 2018. Une «étape importante: en droit britannique, la procédure de jugement n'est pas la même selon que l'accusé plaide coupable ou non coupable», explique au Figaro maître Sahand Saber, avocat pénaliste au barreau de Paris.
Rien ne s'est cependant passé comme prévu à la Cour criminelle centrale d'Angleterre et du pays de Galles, plus connue sous le nom d'Old Bailey, «la juridiction compétente pour juger des crimes majeurs commis dans la région de Londres», précise maître Sahand Saber. Ouissem Medouni n'a pas été présenté à la Cour. Sabrina Kouider a quant à elle été auditionnée depuis sa prison via vidéoconférence, mais il ne lui a pas été demandé ce qu'elle souhaitait plaider. En plus de l'inculpation pour meurtre, le couple français est désormais accusé d'avoir tenté d'entraver le travail de la justice en brûlant le corps de leur nounou, selon plusieurs médias britanniques.
Le 20 septembre, la police avait été alertée par des habitants de Southfields, un quartier résidentiel chic et tranquille du sud-ouest de Londres. Les résidents avaient signalé une fumée épaisse et malodorante provenant d'une propriété de Wimbledon Park Road dans laquelle vivaient le couple Medouni-Kouider, deux enfants et Sophie Lionnet. La police y avait découvert un corps calciné, rapidement identifié par les médias comme étant celui de la jeune fille au pair, même si l'identité de la Française n'avait été officiellement confirmée que le 3 octobre.
Les employeurs de Sophie risquent la prison à vie
Une nouvelle audience de «plaidoirie et préparation de procès» - en anglais «plea and trial preparation hearing» - est prévue début 2018. Lors de cette audience, «les chefs d'accusation seront lus à voix haute aux accusés, qui répondront “coupable” ou “non-coupable”. Dans le premier cas, la justice se préparera à une audience de jugement», décrit maître Farrhat Arshad, pénaliste anglaise du cabinet Doughty Street Chambers (où travaille également Amal Clooney). Cette séance «traiterait de la peine à laquelle les accusés doivent être condamnés et les débats porteraient exclusivement sur la peine», précise maître Sahand Saber.
Dans le cas inverse, le plus probable puisque Sabrina Kouider clame son innocence, «les avocats et le juge discuteront ensemble des détails de la préparation du procès», qui débutera le 19 mars 2018. À l'issue du procès, si les suspects sont finalement reconnus coupables par les douze jurés, des citoyens ordinaires guidés par un juge professionnel, ils encourent une peine d'emprisonnement à vie, souligne maître Farrhat Arshad auprès du Figaro.
«Cependant, ils ne resteront pas forcément toute leur vie en prison. Dans la plupart des cas, le juge fixe une période minimum que l'accusé doit passer en détention avant de pouvoir être libéré sur parole. Dans les affaires de meurtre comme celle-ci, cette durée est fixée en fonction de différents facteurs, atténuants ou aggravants, et peut s'établir à 15, 20, 25, 30 ans ou plus», conclut l'avocate anglaise.
«Sophie ne cherchait pas les histoires»
Qui était Sophie Lionnet, la victime? Les réseaux sociaux dressent le portrait d'une passionnée de cinéma, de musique et de danse. Une jeune fille de 21 ans issue d'une famille modeste, discrète dans la vie mais engagée dans de nombreux combats, appelant souvent ses contacts à signer diverses pétitions. En janvier 2016, elle avait choisi de s'installer à Londres pour apprendre l'anglais. Ses messages se faisaient de plus en plus rares, ce qui suscitait l'inquiétude de ses proches.
«Elle ne répondait plus à mes messages depuis mai 2016, je trouvais ça bizarre, mais je ne voulais pas la harceler», confirme Océane auprès du Figaro. La jeune femme a rencontré Sophie au lycée Vauban d'Auxerre. Les deux amies y suivaient respectivement un CAP cuisine et un CAP petite enfance. «C'était une fille timide mais gentille, posée, très mature. Elle ne cherchait pas les histoires. Elle était toujours là pour aider les autres», se souvient Océane.
«J'ai rencontré Sophie en CAP, c'était ma meilleure amie. Souriante, elle avait la joie de vivre: c'était un vrai rayon de soleil», témoigne à son tour Stéphanie*. «Depuis son départ pour l'Angleterre, j'avais eu quelques nouvelles, notamment à Noël 2016. Elle voulait rentrer chez elle mais elle ne l'a pas fait car elle n'avait pas eu sa paie. Aujourd'hui, j'essaye de faire mon deuil, ce n'est pas facile...», raconte au Figaro la jeune fille, bouleversée. Stéphanie n'est d'ailleurs pas seule, dans l'entourage de Sophie Lionnet, à déclarer que cette dernière n'était que très peu payée. Des soupçons de maltraitance ont également fait surface après sa mort.
L'enterrement de la jeune fille originaire de l'Aube devrait avoir lieu en Bourgogne, près de la commune où réside sa mère. Une cagnotte en ligne, destinée à «offrir à Sophie des obsèques dignes de sa personne», a récolté près de 4000 euros, mais le corps de la jeune femme n'a toujours pas été rapatrié. «Je n'aurais jamais pensé que ce serait aussi long. On voudrait pouvoir faire l'enterrement et le deuil. C'est inqualifiable de ne pas pouvoir se recueillir» sur la tombe de Sophie, a déclaré Patrick Lionnet, son père, au micro de RTL.
«Nous aurions tous pu être à la place de Sophie»
Cette affaire a suscité une grande émotion dans le petit monde des “au pair”, ces jeunes gens employés par des familles résidant à l'étranger. «Être “au pair” doit être l'expérience la plus enrichissante possible, c'est un échange culturel et linguistique, dans lequel tu aides, en l'échange de quoi tu es aidé également, tu n'es pas un esclave, tu n'es pas là pour être maltraité, exploité, (...) tu dois te sentir bien et en sécurité avec ta famille d'accueil», souligne Victoria Patillas Navas, la créatrice du groupe Facebook «Tribute to Sophie Lionnet».
Elle-même jeune fille au pair en Angleterre, Victoria a connu une très mauvaise expérience dans sa première famille d'accueil. Elle qui ne connaissait pas Sophie personnellement a donc été très touchée par l'histoire de l'Auboise. «J'ai rapidement constaté que rien n'était organisé, mais que beaucoup d'au pair, comme moi, souhaitaient faire quelque chose. J'ai donc décidé de prendre les choses en main, de créer ce groupe qui compte maintenant un peu plus de 1200 personnes, et d'organiser une marche silencieuse le 8 octobre à Londres.»
Une démarche visant à honorer la mémoire de Sophie Lionnet, mais aussi à «dénoncer les conditions de vie et la vulnérabilité des “au pair” dont certaines familles sont tentées de profiter». «Ce meurtre présumé concerne, selon moi, la communauté entière des filles et garçons au pair du Royaume-Uni. Nous aurions tous pu être à la place de Sophie. Nous aurions tous pu avoir une sœur, une cousine, une amie, une fille, à la place de Sophie», conclut Victoria Patillas Navas.
* Le prénom a été modifié.
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En Chine, le pouvoir renforce son contrôle sur les religions (11.12.2017)
Par Cyrille Pluyette
Mis à jour le 12/12/2017 à 10h30 | Publié le 11/12/2017 à 20h21
ENQUÊTE - Xi Jinping tente de limiter l'expansion du christianisme et de l'islam, «soumis aux influences étrangères», selon lui, pour favoriser le bouddhisme.
De notre envoyé spécial à Zhengding (province du Hebei)
Des dizaines de touristes chinois avalent leur pique-nique à l'ombre de la majestueuse pagode du temple Linji, lieu de naissance de l'une des plus célèbres branches du bouddhisme. Le monument, en briques grises finement sculptées, renferme les reliques du fondateur de cette école, au IXe siècle, sous la dynastie Tang. Circulant dans les allées bordées de cyprès, de bambous ou de plantes tropicales aux fleurs rouges, les visiteurs longent les dortoirs et le réfectoire puis se recueillent dans une salle de prière devant des bouddhas dorés. Ils pénètrent ensuite dans l'ancien logement converti en musée du vénérable moine Shi Youming, qui dirigea le lieu de culte jusqu'à sa mort en 2010.
Dans les vitrines, sont exposés des objets ayant appartenu au maître Zen, ainsi que de vieilles photos du temple, qui se réduisait au début des années 1980 à sa pagode en ruine. On découvre seulement au détour d'une phrase de présentation que Xi Jinping, qui allait devenir l'homme fort du pays douze ans plus tard, rendit visite en 2005 à Youming. Étonnamment, aucune photo n'illustre cet événement, alors que le visage «d'Oncle Xi» est omniprésent en Chine. Aucune précision non plus sur l'origine du beau matériel de calligraphie laissé par le vieux sage. Notre guide nous apprend, sous le sceau de la confidence, qu'il a été offert par Xi Jinping au chef religieux pour ses 90 ans. Tout semble fait pour cacher la relation étroite qui s'était nouée entre les deux hommes. «Ils étaient amis. Nous gardons des photos où on les voit ensemble, mais on ne peut pas les publier… car elles concernent le dirigeant du Parti communiste», glisse notre accompagnateur, un moine proche de la direction du temple. La diffusion d'un tel document brouillerait la ligne dictée par Xi  Jinping lui-même, qui exige officiellement un «athéisme inflexible» de la part des membres du Parti et qui a accentué la répression sur les religions depuis son arrivée à la tête du pays fin 2012.
Les conseils de Youming à Xi Jinping
Quelques clichés ont échappé à la censure sur Internet: sur l'un d'entre eux, pris sans doute en 2005, le haut responsable communiste, en costume-cravate, donne affectueusement la main à son hôte chétif en robe safran. Leur amitié est née en 1982, lorsque Xi Jinping, fils d'un héros de la révolution communiste, est nommé à 29 ans vice-chef du Parti dans le comté de Zhengding, dont il prendra la tête un an plus tard. Youming, arrivé à la même époque, veut s'atteler à la rénovation du temple. La période est propice à une alliance. Cette même année, le Parti publie un texte appelant à la restauration des temples, des mosquées et des églises massivement détruites sous Mao Tsé-toung, et à la réhabilitation des autorités religieuses.
Le jeune bureaucrate se sent d'autant plus concerné que les travaux de réflexion ont été pilotés par son père, Xi Zhongxun, un héros révolutionnaire revenu au pouvoir après avoir été victime d'une purge maoïste, comme le rappelle Ian Johnson, auteur d'un ouvrage (The Souls of China, éd. Pantheon) sur le retour en Chine de la religion depuis les années 1980. Se rendant régulièrement sur place, Xi Jinping «a été un soutien important pour la rénovation du temple. Il a levé beaucoup d'obstacles bureaucratiques en utilisant ses relations dans le gouvernement central», résume notre guide. Le «prince rouge» a notamment contribué à ce que l'endroit, rouvert au public en 1983, soit reconnu comme un lieu de culte officiel par les autorités de Pékin, avec Youming à sa tête. Il n'a pas échappé au jeune ambitieux que la rénovation du patrimoine culturel de la région accélérerait le développement du tourisme. Mais ce pragmatisme se conjuguait probablement avec une inclination plus personnelle. «À l'époque où il travaillait dans ce comté, Xi Jinping était en train de divorcer d'avec sa première femme. Les conseils de Youming l'ont aidé à bien traverser ce moment difficile», raconte un moine du temple Linji, qui croit savoir que le président est un bouddhiste qui pratique sa religion dans l'intimité.
Même si tous les cultes sont sévèrement encadrés, le bouddhisme chinois et le taoïsme bénéficient d'un traitement de faveur, par rapport au christianisme, à l'islam et au bouddhisme tibétain
Cette assertion est difficile à prouver. Mais selon un ami de jeunesse cité dans une note diplomatique américaine révélée par le site WikiLeaks, le futur président éprouvait un réel attrait pour cette doctrine au début de sa carrière, peu après sa nomination en 1985 dans le Fujian. Il «manifestait une fascination pour les arts martiaux bouddhistes, le qi gong, et d'autres pouvoirs mystiques censés bénéficier à sa santé», ainsi que pour «des sites bouddhistes sacrés», se souvient ce témoin. Devenu professeur, il ignore si Xi «était réellement religieux» mais dit avoir été «extrêmement surpris par l'amplitude de ses connaissances sur le sujet». Cet intérêt ne s'est pas étiolé avec le temps: lorsqu'en 1996, Youming, qui avait été persécuté pendant des décennies, est retourné dans son comté natal revoir le temple où il était entré à 7 ans, Xi Jinping l'a accompagné pour faciliter la restauration, selon une source locale. Devenu secrétaire du Parti dans le Zhejiang, il organise ensuite en 2006 un forum mondial bouddhiste: la première conférence religieuse internationale à se tenir en Chine depuis la fondation de la République populaire.
Aujourd'hui, même si tous les cultes sont sévèrement encadrés, le bouddhisme chinois (la première religion du pays) et le taoïsme bénéficient d'un traitement de faveur, par rapport au christianisme, à l'islam et au bouddhisme tibétain - des religions soumises à une influence étrangère -, constatent les experts. Ils sont en effet compatibles avec le «grand renouveau» de la nation prôné par Xi Jinping. Le bouddhisme local est né en Inde, mais en «fusionnant avec le confucianisme et le taoïsme», il s'est doté de «caractéristiques chinoises», met en avant le numéro un du régime. Lors de sa visite à Paris, en 2014, il n'a pas hésité à vanter l'impact positif de cette école de pensée sur la culture de son pays.
Xi Jinping «a compris que la plupart des Chinois ne croient pas au communisme et souffrent d'un vide spirituel que ne compense pas la course à l'argent. Il pense que des systèmes de croyance s'appuyant sur des racines chinoises profondes, comme le bouddhisme, peuvent être utiles pour répondre à ce besoin de sens», souligne Ian Johnson. Ce faisant, le président cherche non seulement à renforcer la cohésion sociale, menacée par le ralentissement économique, mais aussi à légitimer son pouvoir. Les leaders bouddhistes, «qui ont accepté par le passé l'autorité de l'empereur» continuent «à se soumettre plus que les autres religions à l'emprise du Parti communiste chinois (PCC) et à ses règles», rappelle Yang Fenggang, professeur à l'université de Purdue, aux États-Unis. En érigeant le bouddhisme en exemple, Xi Jinping cherche du même coup à «persuader les chrétiens d'abandonner leur indépendance et de suivre les instructions du PCC», complète Willy Lam, politologue à l'université chinoise de Hongkong.

Des prêtres taoïstes avant une session de l'Assemblée nationale populaire, à Pékin. - Crédits photo : Ng Han Guan/AP
Préoccupée par les Ouïgours
L'an dernier, le dirigeant le plus puissant depuis Mao a martelé qu'il fallait résister aux «forces étrangères qui utilisent les religions pour infiltrer la société». D'où sa volonté de «siniser» les croyances répandues sur le territoire. Lors du 19e Congrès du Parti, en octobre dernier, Xi Jinping a insisté sur la nécessité qu'elles «se conforment mieux» aux «réalités chinoises» et à «la société socialiste». Bien décidé à combattre tout ce qui pourrait saper l'autorité du régime et à préserver la «sécurité nationale», il compte aussi «réprimer fermement» les «activités religieuses extrémistes».
«Le Parti fait preuve d'une grande paranoïa face aux chrétiens qui pourraient dépasser les 90 millions de croyants en moins de dix ans»
Willy Lam, politologue
Preuve d'un durcissement supplémentaire, le PCC, qui ne tolère les religions que dans la mesure où elles se soumettent à sa tutelle, a publié en septembre dernier de nouvelles règles encadrant la liberté de culte. Ces directives, qui entreront en vigueur en février 2018, interdisent par exemple d'accepter des dons venant de l'étranger et prévoient de lourdes amendes en cas d'organisation d'événements non autorisés. La Chine se dit particulièrement préoccupée par la situation de la province du Xinjiang, où vivent quelque 10 millions de Ouïgours, de confession musulmane. Alors que la région a connu des violences ces dernières années, les autorités, inquiètes des liens supposés entre «séparatistes» et groupes djihadistes internationaux, ont déployé des dispositifs ultrasécuritaires et multiplient les restrictions: depuis cette année, le voile intégral et les barbes jugées «anormales» sont bannies. Le régime surveille par ailleurs en permanence les moines tibétains et intimide les prêtres catholiques «clandestins» qui refusent de lui faire allégeance. Signe extrême de cette défiance, dans le Zhejiang, plus d'un millier de croix surmontant des églises, essentiellement protestantes, ont été décrochées ces dernières années par le gouvernement local, qui les jugeait trop voyantes. «Le Parti fait preuve d'une grande paranoïa face aux chrétiens, une communauté bien organisée, qui pourrait dépasser les 90 millions de croyants - presque le nombre actuel de membres du PCC - en moins de dix ans», observe Willy Lam, politologue. Au vu de la croissance actuelle du nombre de fidèles, il est «même presque certain que la Chine deviendra le plus grand pays chrétien de la planète d'ici à 2030», devant les États-Unis, selon Yang Fenggang.
Le Parti veille toutefois à ne pas se montrer trop laxiste avec le bouddhisme. Avant le récent congrès du PCC, un événement à fort enjeu politique, la presse d'État a ainsi dénoncé les responsables qui «se rendent parfois dans des monastères, prient Dieu et adorent Bouddha». Mais rien n'interdit à la population de pratiquer son culte, pourvu qu'elle reste fidèle au régime et à Xi Jinping…

La rédaction vous conseille :
Amnesty dénonce la condamnation à mort d'un universitaire iranien (12.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 17:04 

  • Publié le 12/12/2017 à 16:09
L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty international a fait état aujourd'hui de la confirmation de la condamnation à mort d'un universitaire iranien.Les avocats de l'accusé, Ahmadreza Djalali, ont appris samedi 9 décembre que la Cour suprême iranienne avait confirmé sa condamnation à mort, écrit l'ONG dans un communiqué.
M.Djalali, spécialiste de la médecine d'urgence résidant en Suède et qui a enseigné en Belgique, avait été arrêté en avril 2016 lors d'une visite en Iran, selon elle.Amnesty international avait révélé fin octobre la condamnation de M. Djalali à la peine capitale pour intelligence avec le Mossad, le service du renseignement extérieur israélien, à l'issue d'un procès qu'elle avait qualifié de "manifestement inique".
Cette fois-ci, l'ONG estime que la Cour suprême iranienne a "bafoué les règles de l'État de droit en confirmant la condamnation à mort [...] à l'issue d'une procédure secrète et précipitée n'ayant autorisé aucun exposé des arguments de la défense".
Elle appelle les autorités de Téhéran à "annuler immédiatement la condamnation à mort d'Ahmadreza Djalali et à lui reconnaître le droit à contester sa condamnation par le biais d'un recours légal sérieux".
Après les révélations d'Amnesty International sur M. Djalili, la presse iranienne avait fait état de la condamnation à mort d'un Iranien, ayant obtenu "un permis de résidence en Suède" après avoir "transmis" à des agents du Mossad "des informations concernant des sites militaires, l'Organisation de l'énergie atomique (iranienne) et d'autres informations sensibles".

150 à 200 banquiers «occultes» de l'EI identifiés (12.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 13:54 

  • Publié le 12/12/2017 à 13:24
La France a identifié 150 à 200 "banquiers occultes" de l'Etat islamique (EI) principalement au Liban et en Turquie, a indiqué mardi Tracfin, le service de Bercy chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent et contre le financement du terrorisme. "Nous avons travaillé sur l'identification de 150 à 200 de ces collecteurs, localisés principalement au Liban et en Turquie", a affirmé le directeur de Tracfin, Bruno Dalles, lors de la présentation à la presse du rapport de son service sur les "risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme" pour l'année 2016.
"Ces banquiers occultes de Daech reçoivent des fonds qui sont clairement destinés à lui permettre de continuer à fonctionner", a-t-il précisé, soulignant que l'enjeu pour Tracfin était désormais de localiser les nouveaux collecteurs de fonds de l'EI, qui dépend de plus en plus du financement extérieur. "Il y a un vrai enjeu stratégique avec l'éclatement de Daech pour essayer de savoir où se trouvent localisés les prochains collecteurs pour essayer de tracer les futures métastases de Daech", a ajouté Bruno Dalles.
Au fur et à mesure que les jihadistes cèdent du terrain en Irak et en Syrie, ils sont aussi privés "de leur première source de financement", comme "les butins de guerre" ou "l'extorsion des populations", et tentent de "compenser partiellement ces pertes de revenus par un recours toujours soutenu aux financements extérieurs", indique le rapport de Tracfin qui surveille aussi le "soutien plus traditionnel" à l'Etat islamique "comme les institutions humanitaires et culturelles afin d'éviter l'utilisation de ces structures pour le financement du terrorisme", a expliqué le directeur de Tracfin. 
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Sud-Soudan: plus de 170 tués en une semaine (12.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 13:17 

  • Publié le 12/12/2017 à 13:16
Plus de 170 personnes ont été tuées en une semaine de combats entre clans rivaux qui s'affrontent à coups de mitrailleuses et lance-grenades pour du bétail dans le centre du Soudan du Sud, ont indiqué aujourd'hui des responsables locaux.
Le nombre de blessés atteint "presque 200", a ajouté Dharuai Mabor Teny, membre du parlement de la région des Western Lakes, à 250 km au nord-ouest de la capitale sud-soudanaise Juba, alors qu'un précédent bilan avait fait état vendredi de 60 tués.

Marseille: fermeture provisoire d'une mosquée salafiste (12.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 12:05 

  • Publié le 12/12/2017 à 12:02
La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a ordonné la fermeture pour six mois d'une importante mosquée du centre-ville de Marseille, en raison des prêches radicaux qui y sont tenus par un imam salafiste.
La mosquée "As Sounna" est dirigée par un imam, El Hadi Doudi, qui "s'inscrit dans la mouvance islamiste radicale" et est devenu "une référence du salafisme", affirme le préfet de police dans un arrêté publié lundi et consulté mardi par l'AFP. L'imam avait pour ambition de faire de la mosquée, située boulevard National, dans le centre de la cité phocéenne, "le plus grand lieu de culte musulman de Marseille en effectuant des acquisitions immobilières", poursuit la préfecture.
"En dépit d'une condamnation des attentats survenus en France", les prêches tenus au sein de cette mosquée et parfois diffusés sur internet "légitiment le djihad armé et la mise à mort des auteurs d'adultère et des apostats", ajoute le préfet Olivier de Mazières.
Certains discours "appellent à la défaite et à la destruction des mécréants", "incitent à l'application de la loi du Talion à l'encontre de ceux qui combattent Dieu et son prophète et à l'égard desquels la sentence de Dieu est la mort ou la crucifixion" ou "présentent les Juifs comme des 'impurs', 'les frères des singes et des porcs' et incitent à prononcer la formule 'Allah akbar' dans les lieux publics pour 'effrayer les mécréants'", poursuit-il notamment. L'imam, qui a été reçu début décembre à la préfecture, a reconnu "avoir produit des écrits qui ont pu inciter à la haine" et que "son discours n'a pas changé depuis 2015", malgré les attentats qui ont frappé la France.
La préfecture souligne par ailleurs également que plusieurs fidèles de la mosquée se sont réclamés ces dernières années d'Al Qaïda ou ont rejoint l'Irak et la Syrie, et que des "messages de haine et de discrimination" tenus dans la mosquée sont relayés dans le quartier et dans ses établissements scolaires. L'arrêté épingle par ailleurs le financement des acquisitions immobilières de la mosquée, "facilitées financièrement par une association salafiste niçoise", et pour lesquels l'imam "n'hésite pas à user de pressions pour collecter d'importantes sommes d'argent, notamment en appelant ses fidèles aux dons en précisant qu'il accepterait de +l'argent sale+".

Paris dit «non» à un «axe iranien» au Moyen-Orient (12.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 08:55 

  • Publié le 12/12/2017 à 08:52
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a rejeté mardi tout "axe" iranien de la "Méditerranée à Téhéran" et demandé le départ des milices iraniennes présentes en Syrie. "La présence iranienne et la volonté iranienne de faire un axe de la Méditerranée à Téhéran, non !", a-t-il martelé dans une émission spéciale sur la Syrie de Bachar al-Assad qui sera diffusée ce soir sur la chaîne France 2.
Dans ce pays, "l'Iran apporte ses milices, soutient le Hezbollah (mouvement chiite libanais)", a-t-il rappelé. Le régime de Damas bénéficie aussi de l'appui militaire des Russes qui ont annoncé hier le retrait d'une "partie significative" de leurs forces en Syrie.En novembre, le chef de la diplomatie française s'était déjà attiré les foudres de Téhéran en dénonçant une "tentation hégémonique" iranienne au Moyen-Orient, du Liban au Yémen en passant par la Syrie et l'Irak.
La Syrie doit redevenir un "État souverain, c'est-à-dire indépendant des pressions, des présences d'autres pays", a insisté Jean-Yves Le Drian. La montée en puissance de l'Iran chiite suscite de fortes tensions avec ses voisins sunnites et les interrogations de l'Occident. A la différence des États-Unis, qui menacent de remettre en cause l'accord sur le nucléaire iranien, les Européens, France en tête, réclament son maintien mais demandent à Téhéran de revoir son programme balistique et d'avoir une stratégie régionale moins "agressive".
Jean-Yves Le Drian a par ailleurs pointé la responsabilité de Moscou et Téhéran dans le processus de paix en Syrie. "L'essentiel des acteurs dans cette affaire ce sont quand même la Russie et l'Iran. Il faut qu'elles mettent leur poids pour aboutir à une solution politique avec les autres membres du Conseil de sécurité" (États-Unis, Chine, France et Grande-Bretagne), a-t-il dit. La Russie doit aussi faire pression sur le président Bachar al-Assad pour qu'il desserre l'étau autour de la Ghouta orientale, près de Damas, où des bombardements du régime ont tué près de 200 civils en novembre.
"Si on peut convoquer Bachar al-Assad à Sotchi (Russie), on peut aussi lui dire d'arrêter (de bombarder) et de permettre que l'aide humanitaire puisse être accessible à tous", a lancé Jean-Yves Le Drian. Bachar-al Assad n'est "pas la solution" même si les Occidentaux ne font plus de son départ un préalable à toute négociation de paix, a-t-il enfin réaffirmé. "On dit on va attendre qu'il s'en aille mais il est là, il est soutenu ! C'est un barbare mais il est là", a souligné le ministre.

Migrants en Libye: Amnesty accuse l'Europe de «complicité» (12.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 07:41 

  • Publié le 12/12/2017 à 07:29
Amnesty International a accusé ce mardi les gouvernements européens de complicité dans la détention des migrants dans des conditions épouvantables en Libye, leur reprochant notamment leur aide aux garde-côtes libyens impliqués, selon l'organisation, dans le trafic d'êtres humains.
"Complice de ces abus"
"Les gouvernements européens sont sciemment complices de la torture et des abus endurés par des dizaines de milliers de réfugiés et de migrants détenus par les autorités libyennes de l'immigration dans des conditions épouvantables en Libye", a indiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme dans un rapport. Amnesty accuse les Européens de soutenir "un système sophistiqué d'abus et d'exploitation des réfugiés et des migrants" de la part des garde-côtes, des responsables des centres de détention et des trafiquants, avec pour seul souci d'empêcher les migrants de traverser la Méditerranée.
"Des dizaines de milliers de personnes sont détenues indéfiniment dans des centres de détention surpeuplés où elles subissent des sévices systématiques", a déclaré John Dalhuisen, directeur d'AI pour l'Europe. "Les gouvernements européens ne sont pas seulement pleinement au courant de ces abus, mais (...) ils en sont complices", a ajouté M. Dalhuisen.
Pour l'UE, fermer la route migratoire
"Les gouvernements européens doivent repenser leur coopération avec la Libye en matière d'immigration et permettre aux personnes de se rendre en Europe par les voies légales, notamment en réinstallant des dizaines de milliers de réfugiés", a-t-il dit. Ils "doivent insister pour que les autorités libyennes mettent fin (...) aux arrestations arbitraires et à la détention de réfugiés et de migrants", a ajouté M. Dalhuisen, appelant à la libération "immédiate" de tous les ressortissants étrangers détenus dans les centres de détention en Libye.
"Depuis fin 2016, les États membres de l'UE - notamment l'Italie - ont mis en oeuvre une série de mesures visant à fermer la route migratoire via la Libye et la Méditerranée centrale, sans se soucier des conséquences pour les personnes bloquées" en Libye.
Selon AI, les gouvernements européens ont fourni notamment à la Libye leur assistance au Département de lutte contre l'immigration clandestine qui gère les centres de détention en Libye, et ont formé et fourni des équipements aux garde-côtes libyens pour qu'ils interceptent les migrants en mer. "Les réfugiés et les migrants interceptés par les garde-côtes libyens sont envoyés dans des centres de détention où ils subissent des traitements horribles". "Jusqu'à présent, 20.000 personnes restent confinées dans ces centres de détention surpeuplés et insalubres", selon Amnesty.
Torture et chantage
Après le scandale international né de la diffusion d'images de marchés aux esclaves en Libye, l'Union africaine (UA) a annoncé la semaine dernière son intention de rapatrier dans leur pays d'origine ces 20.000 migrants, dans les six prochaines semaines. Ces centres sont officieusement sous le contrôle du gouvernement d'union nationale (GNA) appuyé par la communauté internationale. Des milliers d'autres migrants sont détenus dans d'autres centres tenus par des milices en dehors de tout contrôle.
AI dit avoir interrogé des dizaines de migrants et réfugiés qui se sont exprimés sur les "abus dont ils ont été victimes ou dont ils ont été témoins", citant notamment, la détention arbitraire, la torture et le travail forcé". Selon ces témoignages, les migrants disent être torturés par les gardes dans les centres de détention, pour leur extorquer de l'argent. "S'ils peuvent payer, ils sont libérés et ils peuvent également être remis aux trafiquants qui se chargent de leur départ de la Libye".
AI accuse également des garde-côtes d'implication dans le trafic en collaborant avec les trafiquants. Un migrant de Gambie ayant été détenu pendant trois mois a raconté à AI comment il était affamé et battu dans un centre de détention. "Ils m'ont frappé avec un tuyau en caoutchouc, parce qu'ils veulent de l'argent pour me libérer. Ils appellent la famille en te frappant pour que celle-ci envoie de l'argent", a raconté ce migrant.
L'organisation accuse aussi les garde-côtes libyens de mettre en danger des vies des migrants, et d'intimider les ONG qui opèrent en Méditerranée pour le sauvetage des migrants. AI rappelle l'incident ayant opposé le 6 novembre, les garde-côtes libyens et l'ONG allemande Sea-Watch, dans lequel au moins 5 migrants ont trouvé la mort.
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Gaza: raids israéliens après des tirs de roquette (12.12.2017)
  • Par  Le Figaro.fr avec AFP 

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 07:26 

  • Publié le 12/12/2017 à 07:22
L'armée israélienne a mené lundi des frappes et des bombardements contre des positions du mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza, après des tirs de roquette en provenance de l'enclave palestinienne. Au moins deux roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza, la seconde a été interceptée par le système israélien de défense anti-missile Iron Dome, a déclaré l'armée.
"En réponse à un tir de roquette, un char et des appareils de l'armée de l'air ont visé des positions du Hamas dans le sud de la bande de Gaza", avait indiqué, à l'issue du premier tir, l'armée dans un communiqué. Elle n'avait pas précisé où la roquette était tombée et si elle avait fait des victimes. Après l'interception de la seconde roquette, des chars et des avions de l'armée israélienne ont pris pour cible des postes militaires du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, a affirmé l'armée. Aucune victime n'avait été signalée en fin de soirée.
Il s'agissait des premiers tirs de roquettes palestiniens depuis vendredi soir. L'armée israélienne avait riposté par des raids aériens israéliens sur Gaza qui avaient tué samedi deux Palestiniens membres de la branche armée du Hamas. L'armée israélienne a accusé le Hamas d'être responsable de ces attaques provenant du territoire sous son contrôle.
Les tirs de roquettes étaient intervenus après la décision mercredi du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Depuis, des milliers de Palestiniens à Jérusalem, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza ont manifesté leur colère affrontant des soldats et des policiers israéliens. Au total, quatre palestiniens ont été tués et des centaines d'autres blessés dans ces affrontements.
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Un ancien cadre de Facebook: «Nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social»

  • Mis à jour le 12/12/2017 à 17:17 

  • Publié le 12/12/2017 à 12:46
Chamath Palihapitiya, ancien vice-président en charge de la croissance de l'audience du réseau social, dit ressentir une «immense culpabilité» pour ce qu'il a aidé à construire. Plusieurs anciens salariés sont très critiques.
Les ex-cadres de Facebook sont rarement tendres avec leur ancienne entreprise. Ex-vice-président en charge de la croissance de l'audience du groupe, Chamath Palihapitya s'est montré particulièrement amer lors d'un débat organisé en novembre à la Stanford Graduate School of Business, comme l'a repéré The Verge. «Je pense que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social», a-t-il jugé, en faisant part de «son immense culpabilité». S'il indique ne détenir aucune solution à l'heure actuelle, il préconise une «vraie pause» avec le réseau social, qu'il impose à ses propres enfants.
Chamath Palihapitiya s'attaque plus largement à l'écosystème des réseaux sociaux et sur l'addiction qu'ils suscitent. En ligne de mire, les boutons «J'aime», les cœurs, commentaires et autres recommandations personnalisées, lesquelles créent «des boucles fonctionnant sur la dopamine». Autant d'outils qui, selon lui, «sapent les fondamentaux des interactions entre les gens».
«Chamath a quitté Facebook il y a plus de six ans», se défend l'entreprise dans un communiqué. «À l'époque, Facebook était une entreprise bien différente. En grandissant, nous avons réalisé que nos responsabilités avaient elles aussi gagné en importance. Nous prenons notre rôle très au sérieux et travaillons dur pour nous améliorer».
«Vous ne le réalisez peut-être pas, mais vous êtes programmés»
«Vous devez décider de votre indépendance intellectuelle», a avancé l'ancien cadre de Facebook devant le parterre d'étudiants, estimant qu'ils étaient «programmés», qu'ils le réalisent ou non. Chamath Palihapitiya est loin d'être le premier ancien salarié du réseau social à se montrer aussi critique. Le créateur du bouton «J'aime» de Facebook, Justin Rosenstein, avait confié au Guardian sa volonté de bouder les réseaux sociaux Reddit et Snapchat et d'installer un filtre parental sur son propre téléphone, pour l'empêcher de télécharger toujours plus d'applications. «Il est révélateur que beaucoup de ces jeunes experts n'utilisent plus leurs propres produits», soulignait alors le quotidien britannique, «en envoyant leurs enfants dans les écoles élites de la Silicon Valley où les iPhones, les iPads et même les ordinateurs portables sont interdits.»
Ancien président du groupe, Sean Parker a expliqué début novembre à Axios que Facebook exploitait les vulnérabilités psychologiques humaines pour pousser les utilisateurs à publier toujours plus de contenus et obtenir, en récompense, des réponses et des mentions «J'aime». «Dieu seul sait ce qu'ils font aux cerveaux de nos enfants», s'était-il alors alarmé.
Les stratégies de persuasion déployées par les entreprises de la Silicon Valley pour retenir l'attention des internautes sont régulièrement pointées du doigt. Elles sont le fruit de la réflexion de neuroscientifiques, designers et développeurs et font l'objet de cours de «persuasion technologique» dans les plus grandes universités américaines. En mai 2016, un ancien ingénieur informatique de Google, Tristan Harris, a initié une prise de conscience sur le sujet. Dans un article Medium particulièrement relayé, il avait estimé que Google «piratait» l'esprit des gens, pour accroître leur engagement. Les effets d'une telle addiction sont encore méconnus.
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Mathieu Bock-Côté : «Être de droite aux yeux de la gauche» (11.12.2017)

Par Mathieu Bock-Côté
Mis à jour le 11/12/2017 à 16h49 | Publié le 11/12/2017 à 16h06
FIGAROVOX/CHRONIQUE - L'essayiste s'interroge sur la diabolisation médiatique de Laurent Wauquiez dont le bonapartisme conservateur est placé en dehors du champ républicain.
La victoire massive de Laurent Wauquiez n'a surpris personne: elle était annoncée et prend même la forme d'un plébiscite d'acclamation. L'homme s'est présenté comme le seul capable de marquer une opposition franche au macronisme et promet d'amener la droite à renouer avec son propre imaginaire. Wauquiez prétendait incarner une droite ne se contentant pas de désaccords gestionnaires avec le macronisme mais lui opposant une autre philosophie politique.
Au fil de sa campagne, il s'est surtout démarqué par son désir d'incarner une forme de bonapartisme conservateur qui rappelle l'ancien RPR, notamment en assumant sans gêne la question identitaire. À plusieurs reprises, il a résumé sa vision ainsi: il ne faut pas que la France change de nature. La vocation de la droite serait justement de défendre le droit de la France de persévérer dans son être historique contre ceux qui ne voudraient y voir qu'un espace administratif neutre traversé par un flux insaisissable régulé exclusivement par les droits de l'homme.
Et c'est justement ce que lui reprochent les médias et, plus particulièrement, les journalistes de gauche, qui sont souvent de gauche avant d'être journalistes. Bien souvent, ils décrivent moins la réalité qu'ils ne décrient ceux dont ils parlent tellement le vocabulaire qu'ils utilisent pour analyser leur politique est chargée. Ils révèlent ainsi le dispositif idéologique qui inhibe souvent la droite française en la poussant à se penser dans des catégories faites pour la neutraliser.
La droitisation en procès
C'est ainsi que Wauquiez a été présenté comme le représentant inquiétant d'une droite décomplexée, sans qu'on ne se rende compte de la portée de cette expression. En creux, on comprend que la seule droite légitime est celle qui serait complexée et qui consentirait à se placer sous la surveillance idéologique de la gauche, pour éviter de succomber à ses pires travers. Laissée à elle-même, la droite canaliserait les pulsions que la civilisation travaillerait à refouler. Tel est le sens de la fameuse méfiance à propos de la droitisation.
La gauche médiatique trace le cercle de la respectabilité républicaine
Si la gauche médiatique conserve un pouvoir immense, c'est bien celui de déterminer les critères de respectabilité pour ceux qui veulent évoluer dans l'espace public: c'est elle qui distingue entre la droite humaniste et la droite dure, entre le conservatisme et l'ultraconservatisme, entre ceux qui sont fréquentables et ceux qui ne le sont pas. Ces catégories ne sont pas là pour décrire le réel mais pour décrier les opposants. C'est la stratégie de l'étiquetage idéologique et, souvent, elle fonctionne. Une bonne partie de la droite a intériorisé ces critères et s'y plie avec zèle.
Le primat de l'économique, le rejet de l'identité
Pour se faire bien voir du camp d'en face, elle ne cessera de s'inquiéter des dérives de son propre camp: le système médiatique lui accordera le privilège de la conscience morale, elle sera la gardienne de l'âme de la droite. C'est la gauche médiatique qui décidera à quelle condition la droite est légitime et à quel moment elle ne l'est plus. Elle trace le cercle de la respectabilité républicaine et se donne ensuite le droit de décréter qui en sort ou pas. Naturellement, c'est elle aussi qui décrète ce qui fera scandale ou non en distinguant ce qui relève de l'audace et du dérapage.
La droite a abandonné progressivement la question identitaire et la question civilisationnelle au populisme
C'est dans cet esprit, aussi, que la médiasphère progressiste distinguera entre les thèmes politiques respectables et ceux qui seraient sulfureux et dangereux. La droite, pour demeurer médiatiquement admissible, devrait s'en tenir aux premiers et désavouer les seconds.
Concrètement, elle devrait consentir au primat de l'économique et à une forme de pensée gestionnaire assez rudimentaire et rejeter la question identitaire, réservée à l'extrême droite et à ceux qui seraient tentés par elle. Mais cette répartition des thèmes et des rôles est piégée et insensée. C'est justement parce que la droite a abandonné progressivement la question identitaire et la question civilisationnelle au populisme que ce dernier est parvenu à croître, en se présentant comme le principal vecteur des angoisses populaires devant la décomposition de la communauté politique et du lien social sous la pression du multiculturalisme et de la mondialisation.
Être autre chose qu'une non-gauche
Une étrange logique est à l'œuvre. À partir du moment où le Front national s'est emparé de ces thèmes, ils lui appartiendraient à jamais. La droite n'est plus autorisée à récupérer le territoire idéologique et politique qu'elle aura d'abord concédé à la fois par peur et par bêtise: il appartiendrait pour toujours à la droite populiste et qui s'y aventurera se soumettrait à sa domination idéologique. Il ne sera plus permis, pour les partis de gouvernement, de s'inquiéter pour les fondements historiques et identitaires du pays et de parler d'identité ou d'immigration. C'est ainsi qu'on disqualifie moralement des besoins fondamentaux de l'âme humaine comme l'enracinement et l'aspiration à la continuité historique. On les présente comme autant de symptômes d'une pathologie régressive, celle du repli sur soi qui pousserait à la crispation identitaire.
Quoi qu'on pense de la sincérité de Laurent Wauquiez, c'est ce dispositif médiatique qui a cherché à présenter sa campagne de manière plus qu'inquiétante et qui l'inscrit sous le signe du procès permanent. La droite, à moins de se contenter d'être un non-gauche, doit sans cesse se justifier d'exister et faire la preuve de sa compatibilité avec la démocratie et la République. Elle doit s'en tenir au petit espace comptable qu'on lui réserve et donner des gages de respectabilité à répétition, en espérant se faire décerner un certificat d'humanisme.
Si elle joue le rôle pénitentiel qu'on lui réserve dans ce dispositif médiatique, elle est condamnée à perdre. On comprend dès lors que Wauquiez soit traité comme un voyou par la médiasphère progressiste: il transgresse tous les codes sur lesquels repose son hégémonie. Reste à voir s'il ne s'agissait que de la transgression d'une saison.

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