mardi 26 décembre 2017

Manifeste des libertés (17.12.2004)

Publié le par Ex-musulmans
Texte de fondation de l’Association du Manifeste des libertés
Nous sommes des femmes et des hommes porteurs des valeurs de la laïcité et du partage dans un monde commun. Liés par nos histoires singulières, et de différentes manières, à l’Islam, ayant pris la mesure des graves crises qui le traversent, nous avons décidé de nous mobiliser pour créer les conditions politiques et intellectuelles d’une culture de la liberté. Espace d’une civilisation hétérogène, irréductible au seul fait religieux et aux seuls musulmans, l’Islam est aujourd’hui, et pour quelque temps encore, un lieu qui cristallise dans le monde globalisé nombre de ses périls : fascisme identitaire et emprise totalitaire, guerres civiles et coloniales, despotismes et dictatures, inégalité et injustice, haine de soi et haine de l’autre, au milieu de violences politiques, religieuses et économiques extrêmes. À ces forces de destruction, dont ce lieu est à la fois la source et la cible, nous voulons nous opposer par une action publique, ouverte à toute personne, sans distinction de naissance ou d’appartenance, qui souscrit aux engagements que nous considérons comme nécessaires, afin d’ouvrir un nouvel horizon à l’espoir.



Si le principe général de ces engagements est que la démocratie est l’institution du politique, nous savons que sa réalisation ne peut se décréter, ni être imposée par des expéditions militaires, mais résulte d’une action transformatrice critique et inventive. Elle doit toucher les structures internes de l’Islam et modifier les rapports à ses bords géopolitiques. D’une manière non exhaustive, nous soutenons que cette action doit viser, en priorité, à libérer la pensée et la politique de la théologie, libération dont l’État laïque est l’expression institutionnelle ; à affirmer l’égalité de droit et de fait des femmes et des hommes, qui, dans la situation actuelle de l’Islam, constitue le passage obligé pour tout processus laïque et démocratique ; à lutter contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme ; à combattre les discriminations qui affectent les minorités identifiées par leur culture, leur religion, ou leur orientation sexuelle.

Dans ce contexte, les migrants et leurs enfants représentent un enjeu de premier plan, en tant qu’ils forment l’élément par lequel s’imbriquent les civilisations et s’incarne la chance d’un avenir démocratique partagé. Se porter à la hauteur de cette responsabilité implique une mobilisation plus résolue contre les processus de relégation, de discrimination et de fragilisation politique dont ils sont l’objet. L’absence d’analyse critique de l’histoire coloniale pèse encore sur leur devenir.

Notre but est de favoriser l’expression des forces de résistance, pour combattre partout l’islamisme totalitaire et les États despotiques qui, conjointement, oppriment les femmes et les hommes dans le monde musulman. Convaincre les gouvernements démocratiques de renoncer à la stratégie du double langage et de la démocratie ajournée en est le corollaire. Leur engagement réel pour la paix dans les zones de conflit et de violence politique est la condition de leur crédibilité. Notre action, à vocation transnationale, vise à développer et à soutenir les expériences de la liberté dans tous les domaines de la pensée, des arts et des savoirs.
Paris, le 17 décembre 2004.
[1] Toute personne qui souhaite adhérer à l’Association du Manifeste des libertés devra souscrire à ce texte, qui en est l’acte de fondation (par l’assemblée générale constitutive du 17 décembre 2004). Cet acte vient dans le prolongement du débat qui a eu lieu depuis la publication du Manifeste des libertés, le 16 février 2004, en tant qu’expression d’une volonté de résistance contre l’entreprise mortifère prétendant, «au nom de l’islam», imposer un ordre totalitaire. Plus de 1700 personnes ont signé le Manifeste des libertés.

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